Chapitre 17:
Altraz
Ce fut très rapidement après la confrontation avec les Volturi que les Cullen ramenèrent Nathaniel à son lit. Il s'était mis à trembler dans les bras de Carlisle sur le retour, grimaçant douloureusement. Aussi, le médecin de tarda pas à le ramener à sa chambre, sachant qu'il n'aurait jamais dû avoir à faire cela dans son état. Le jeune homme n'était plus qu'à demi conscient et prit de fièvre lorsqu'ils l'installèrent sous sa couette après lui avoir passé un pyjama confortable, toute la famille réunie dans sa chambre, inquiète pour lui. Carlisle fit le tour de son état, le faisant boire et prendre quelques médicaments avant de s'asseoir près de lui. On l'avait débarrassé de cette splendide épée que Caïus lui avait donné, l'arme reposant sur l'armoire près de lui. Et tous l'entouraient maintenant, angoissés pour lui et ce fut sans doute pour cela qu'il leur offrit un petit sourire forcé qui se voulait rassurant:
- Ça va, bredouilla-t-il.
- C'était très dangereux de venir là bas Nathaniel, remarqua Carlisle la voix pourtant douce en tenant sa main.
- Ça ne l'était pas si Caïus était là, murmura-t-il en réponse, et Severus ne m'aurait pas amené s'il n'avait pas été là.
- Tu le connais? s'étonna Emmet.
- Oui, approuva-t-il les yeux mi-clos. Caïus est... un ami précieux, dit-il en les surprenant. Je savais qu'il accepterait de m'écouter. Je ne voulais pas que vous ayez des problèmes à cause de moi.
- Merci Nathaniel, sourit le médecin.
Ce fut là dessus que l'on entendit Caïus et Severus revenir. Le vampire sorcier ayant eu le temps de donner plus de détails au seigneur sur Nathaniel. Il lui avait rapidement dépeint ce qui lui était arrivé, son état, ses yeux, sa magie, son état d'esprit, ce qu'il avait caché aux Cullen... tout ce qu'il devait savoir. Puis ils n'avaient pas tardé à gagner la maison et la chambre du jeune. Carlisle se releva et toute la famille se redressa à l'entrée du roi qui lui ne regardait que Nathaniel allongé dans son lit. Ignorant royalement les autres, il vint s'asseoir près de lui pour prendre sa main avec délicatesse, étonnant la famille ne le croyant pas capable de tels égards pour un humain.
- Vous nous avez donné pas mal de soucis Altraz, remarqua-t-il.
- Nous? releva Nathaniel.
- Lyniam et Nevone vous cherchent partout en ce moment même. Aucun de nous trois n'a cru à votre mort bien sûr. Ils ne cessent de vous chercher. Nous devrions les prévenir sur le champs que vous êtes ici. Je ne peux pas le faire parce que je suis roi mais eux seraient tout disposés à venir vous aider et veiller sur vous. Nevone aura peut-être même une solution à votre état.
- Vous n'avez plus la moindre obligation envers moi, murmura le jeune homme.
- Plus d'obligation certes mais ne disiez vous pas vous même que nous étions amis? releva-t-il en le faisant sourire. Je les préviens, posa-t-il en sortant son téléphone pour envoyer un message.
Nathaniel ne protesta pas et la chose fut vite faite avant que Caïus ne reporte son attention sur lui.
- Vos frères... ne diront rien n'est-ce pas? demanda-t-il anxieusement.
- Ils ne diront rien, assura le vampire, tranquillisez vous. Il faut vous reposer maintenant, nous discuterons plus tard. En attendant, je vais parler aux Cullen.
- Vous ne me laisserez pas le choix n'est-ce pas? ironisa-t-il faiblement.
- Il n'y a même pas de choix à faire. Vous n'avez pas à vous cacher et vous n'avez à avoir honte de rien du tout. Leur cacher la vérité ne fait du mal qu'à vous et aucun bien. C'est assez maintenant ne croyez vous pas? Si nous attendions que vous vous décidiez, vous ne direz jamais rien et vous en souffrirez toujours. Je vous connais assez bien pour le savoir. J'ai toujours détesté ce côté de votre personne. Mais ce temps est fini alors s'il le faut, je le ferai pour vous. Dormez maintenant Altraz, nous nous retrouverons tout à l'heure.
Nathaniel acquiesça doucement et il ne fallut pas longtemps pour qu'il tombe dans le sommeil contre lequel il luttait depuis un moment. Le silence tomba et ce ne fut qu'une fois certain qu'il dormait bien que le roi se leva sortant de la chambre en ordonnant à tous de le suivre d'un geste. Bientôt, ils furent réunis dans le salon, Caïus prenant place dans un fauteuil comme s'il s'agissait de sa maison et tous s'installèrent autour de lui:
- Parce que vous lui êtes venu en aide, vous n'aurez pas de problème pour cette histoire avec Isabella, annonça le roi.
Les Cullen restèrent ébahis, ne s'attendant guère à s'en sortir si facilement.
- Ne me regardez pas comme ça, s'amusa-t-il froidement. Vous avez aidé Altraz et si je ne me montrais pas magnanime en échange, il m'en voudrait.
- Vous avez beaucoup d'amitié et de respect pour lui, nota Jasper.
Il savait qu'Edward n'était pas allé lire les pensées des rois. Ceci auraient été capables de lui arracher la tête sur place en sentant sa présence dans leurs esprits. Il savait que dans pareille situation, il ne fallait pas tenter le diable et c'était encore plus vrai avec le Seigneur Caïus. Mais lui même, il pouvait se permettre de lire les émotions sans parler qu'il n'avait pas le même contrôle qu'Edward sur son don.
- Et cela est réciproque, ajouta-t-il. Il vous fait confiance.
- Bien sûr, acquiesça simplement Caïus. Vous n'avez aucune idée de qui dort dans votre chambre en ce moment. Altraz n'est pas n'importe qui.
- Altraz? Est-ce son véritable nom? demanda Carlisle.
- Non, répondit Caïus. Altraz est un surnom que nous ne sommes que trois à utiliser. Dans un très ancien dialecte magique, Altraz signifie « Guerrier d'or ».
- Guerrier d'or? releva Rosalie stupéfaite que l'on puisse donner un tel surnom à Nathaniel.
- Oui, approuva-t-il. Altraz, Nathaniel ou Harry de son véritable prénom, n'est pas un simple humain. Il était sorcier autrefois, mais pas un sorcier comme les autres. Je préfère l'appeler mage. Mais il était aussi un guerrier, un grand guerrier. C'est à la guerre que j'ai fait sa connaissance et je me suis battu à ses côtés.
- La guerre? releva Jasper aussi ahuris que les autres. Nathaniel a fait la guerre?
- Une guerre magique oui, approuva-t-il, mais Severus vous racontera mieux que moi l'histoire de cette guerre, dit-il en se tournant vers le vampire sorcier qui lui répondit d'un signe de tête.
- Il y a quelques décennies de cela, un sorcier du nom de Tom Riddle s'est mis à semer la terreur dans le monde magique anglais, commença-t-il.
Il se mit alors à raconter toute l'histoire de la dernière guerre, parlant de Voldemort, des mangemorts, de Dumbledore, de l'Ordre, du Ministère, des idées et des projets des uns et des autres... Il détailla tout jusqu'à expliquer rapidement son propre rôle, celui des parents de Nathaniel jusqu'à en arriver à cette Prophétie et ce fameux soir d'Halloween alors que toute la famille était pendue à ses lèvres.
- Ce soir là, Voldemort a tué ses parents et ce soir là, le sacrifice de Lily a éveillé une puissante magie qui a protégé Nathaniel du Seigneur des Ténèbres et qui l'a quasiment anéanti. Seulement, ce n'est pas ce qui fut dit au monde. Dumbledore savait alors que Voldemort n'avait pas complètement disparu, qu'il reviendrait. Alors il a décidé de se servir de Nathaniel et de sa grande puissance magique. Cette nuit là, sans le vouloir, Voldemort a raccroché un morceau de son âme à Nathaniel et cela a créé un lien entre eux, un lien dont Dumbledore voulait se servir. Il voulait faire de Nathaniel son arme pour pouvoir vaincre Voldemort lorsqu'il reviendrait avec lui alors qu'il se savait lui même incapable de le faire, comme tout les autres. Il a servi au monde l'histoire que c'était Nathaniel lui même qui avait vaincu Voldemort. Il est devenu un héros, une légende. Celui-qui-a-survécu. Celui qui, à un an à peine avait vaincu le plus grand mage noir que l'on ai jamais vu. Tout le monde connaissait le nom de Harry Potter. Et dans l'ombre, Dumbledore a tout fait pour le manipuler à sa guise afin d'en faire ce qu'il voulait. Nathaniel fut caché au monde magique sois-disant pour sa protection et placé dans la seule famille qui lui restait: sa tante maternelle. Seulement, Pétunia Dursley, la sœur de Lily, haïssait tout ce qui était attrait à la magie, haïssait sa sœur et son mari, comme son propre époux. Ils ont fait vivre un enfer à Nathaniel dans son enfance.
- Il avait sous-entendu, lors de de l'une de nos conversations du début, qu'il n'avait pas été traité correctement chez eux, se souvint Esmée.
- Et avec les cicatrices qu'il porte, j'ai supposé qu'il avait été battu, ajouta Carlisle en horrifiant ses enfants qui ne savaient rien de cela.
- Battu est encore un mot trop faible, répondit Severus. C'était de la torture. Lorsqu'il ne leur servait pas de domestique, il vivait enfermé dans un placard sous un escalier, précisa-t-il en les choquant un peu plus. Dumbledore, en faisant cela, voulait le briser, le rendre manipulable et faible mentalement. Il savait parfaitement comment il était traité et il s'en satisfaisait.
Severus poursuivit en expliquant comment il avait vécu, comment il n'avait rien su de la vérité, de ce qu'il était vraiment, de la magie... Jusqu'à son entrée à Poudlard où Dumbledore avait pu se placer en gentil mentor et papy attentionné. Il parla de la vie à Poudlard du jeune homme, du Quidditch, de ses soit disant amis en révélant que c'était Dumbledore qui avait soigneusement construit son entourage pour le surveiller et le diriger à sa guise, l'influencer. Puis il parla du premier retour de Voldemort et de la pierre philosophale.
- Nathaniel n'avait que onze ans, il connaissait à peine le monde sorcier, ne maîtrisait que quelques sorts de bases et ne savait pas se battre pourtant, il était déjà prêt à risquer sa vie pour l'empêcher de revenir et protéger les autres, dit-il.
Il continua en racontant comment cela c'était passé, expliquant aussi que c'était Dumbledore qui avait fait en sorte de provoquer ça pour que Nathaniel se sente responsable et concerné par ce combat. Il passa ensuite à un nouvel été de torture chez les Dursley puis à la seconde année, à la seconde tentative de Voldemort, au basilic, de comment il avait été rejeté par toute le monde et suspecté à cause du fourchelang, parlant des horcruxes, de l'épée de Gryffondor qu'il avait brandi pour la première fois. Puis un autre été à Privet Drive et la troisième année, Lupin, Black et Pettigrow entrant en scène. Encore un été et le Tournois des Trois Sorciers dans lequel on l'avait poussé sans ménagement. Il révéla comment il avait eu une nouvelle fois droit au rejet général, dépeignant les épreuves jusqu'à la finale, à la mort de Cédric et au retour de Voldemort. Puis il parla de la tentative de Nathaniel de prévenir tout le monde et comment à la place, il avait été considéré comme un traître voulant faire tomber le Ministère.
- Et puis on l'a encore renvoyé chez les Dursley pour l'été sans plus de protection que cela, soupira-t-il. Sauf que cet été là, ce fut différent. Voldemort avait trouvé et approché sa famille et les Dursley l'ont simplement vendu au Seigneur des Ténèbres pour une somme dérisoire. Il aurait pu simplement les tuer, il l'a fait plus tard, et enlever Nathaniel mais il voulait le toucher moralement pour lui montrer à quel point il ne comptait pour personne. Et ça a marché surtout lorsque Nathaniel a réalisé, quelques temps plus tard, que personne ne s'était jamais aperçu de sa disparition et que personne ne venait à son secours. Voldemort l'a gardé enfermé trois semaines je crois. Il voulait le tuer mais il voulait le faire lentement pour se venger. Il l'a sauvagement torturé tout ce temps et personne ne venait à son secours. Le Seigneur des Ténèbres l'a caché à tout le monde pour s'amuser personnellement et moi même, je n'ai su que le jour où Nathaniel a réussi à s'échapper, tout seul.
- C'est ce jour là que j'ai fait sa connaissance, intervint Caïus. Voldemort cherchait à rallier le plus de monde possible et il voulait le soutient des vampires. Il a demandé à nous rencontrer, j'y suis allé au nom des Volturi. Mais nous ne voulions pas nous impliquer parce que nous savions que Voldemort n'aurait pas hésité à nous éradiquer dés qu'il n'aurait plus besoin de nous malgré ses belles paroles. Nous étions puissants, nous pouvions nous permettre de lui dire non. Mais s'il venait à gagner sa guerre alors nous aurions eu de gros problèmes avec lui pour avoir refusé. Je me suis montré évasif et j'ai prétendu vouloir rentrer en Italie pour en discuter avec Marcus et Aro pour prendre une décision. Je n'étais pas le seul chef de créature magique présent ce jour là, nous étions nombreux et tous étaient visiblement sur la même idée que moi. Nous ne voulions pas de Voldemort, ni de personne d'autre, mais nous pesions aussi le risque que ce refus représentait. Nous avons tous demandé un délai de réflexion. Mais Voldemort n'était pas un homme patient alors il a voulu nous motiver un peu, nous montrer ce qu'il faisait à ses opposants. Il a fait amener Nathaniel devant nous, et il l'a torturé sous nos yeux, raconta-t-il platement. Il était dans un état lamentable et pourtant, il continuait à défier son tortionnaire du regard sans jamais rien céder ni crier ni lui laisser la moindre satisfaction dont-il pouvait le priver. Jamais je n'avais vu ni ne verrais plus un être, quelque soit sa nature, résister de la sorte à un tel enfer. Si certains pensent les Volturi cruels, ce sorcier nous dépassait de très très loin.
Autour de lui, tous écoutaient l'histoire, choqués, s'étant laissé tomber dans les canapés, n'en revenant pas que leur petit protéger ait vécu pareille abomination.
- Comble du comble ce jour là, il s'est enfui sous nos yeux à tous et sous le nez de Voldemort et des mangemort malgré son état, reprit-il. Sa magie avait été bloqué et restreinte mais il avait tout de même, avec un peu de temps, réussi à en accumuler assez pour transplaner et se sauver.
- Il est arrivé dans un état lamentable au QG de l'Ordre, reprit Severus. Et là, tout le monde, sauf Sirius, s'est plus inquiété de savoir où il vivrait maintenant l'été que de le soigner, dit-il en les horrifiant. C'est Black qui s'est occupé de lui et c'est à partir de là je pense, qu'il a commencé à douter de son entourage. Mais il n'a pas eu le temps de s'en soucier ou de tirer ça au clair. La guerre reprenait, les combats reprenaient et comme il était le Survivant, l'Élu, il était évident pour tout le monde que c'était à lui d'aller se battre. Dumbledore a commencé à l'envoyer sur chaque attaque, chaque combat. On l'a jeté en première ligne, on s'est caché derrière lui, on s'en ait servi comme d'une arme et d'un bouclier. Il n'était pas entraîné, il savait à peine se battre mais il a été avec juste son courage et sa volonté pour arme. Il voulait, protéger les autres, mettre fin à la guerre.
- Il a toujours été trop gentil, trop protecteur, trop généreux et trop plein d'abnégation, remarqua Caïus. Je déteste les gens de ce genre en général.
- Alors comment êtes vous devenus amis? demanda Esmée.
- Et bien il n'est pas que cela, sourit le roi. Cet été là, une fois remis, il s'est mis en secret à la recherche de tout les chefs qu'il avait vu ce jour là chez Voldemort. Il voulait nous convaincre de l'aider dans cette guerre ou au pire, de rester neutre. Il m'a trouvé, j'ai ri de lui mais j'étais aussi intrigué par la force que je lui avais vu chez Voldemort. Comme tout mes homologues présents ce jour là, j'avais déjà inconsciemment deviné que s'il y en avait un capable de vaincre Voldemort, c'était lui. Alors quand il m'a demandé de l'aider, j'ai voulu voir s'il était vraiment ce que j'avais entre aperçu. Je lui ai lancé un défi, s'il réussissait, il aurait mon aide, uniquement mon aide pas celle des vampires, s'il échouait, je le tuais. Il a réussi au delà de toute espérance possible.
- Qu'a-t-il du faire? demanda Alice.
- Me vaincre, comme un simple humain, dit-il en les surprenant. Sans sa magie. Il m'a vaincu et je n'en n'ai pas honte. Il n'avait qu'une expérience du combat minime, il savait à peine tenir une épée. Mais il avait bien plus que tout ça. Il avait une volonté, une détermination féroce, aucune hésitation. Il n'avait pas peur de mourir et il semblait que même la mort ne pourrait l'arrêter. J'étais intrigué et j'avais fait une promesse alors, je l'ai aidé. Je ne pouvais l'accompagner constamment, l'Ordre et Dumbledore le surveillaient de très prêt et ils n'avaient ni envie qu'il se fasse des alliés, ni qu'il s'entoure de créatures qu'ils jugeaient comme moins que rien. Nathaniel n'a jamais été comme les autres sorciers. Il considère tout les êtres quels qu'ils soient comme ses égaux, avec respect et il était autant prêt à risquer sa vie pour un vampire que pour n'importe lequel de ses semblables. C'est pourquoi il a le respect des créatures magiques et qu'aucune d'entre elle ne le considère vraiment comme un sorcier. Si ce n'était par le don de la magie, il n'a jamais été comme eux. Il m'a donc convaincu ce jour là, les autres chefs ne lui ont concédé qu'un moment de neutralité pour qu'il prouve qu'il était capable de mettre fin à la guerre. Ils ne l'ont pas aidé, ils se sont contentés de ne pas être contre lui. Moi, je le rejoignais au combat pour l'aider dés que j'avais vent de l'un d'entre eux. Et rarement, nous arrivions à nous rencontrer en dehors, à faire connaissance. Je ne l'ai alors jamais connu en pleine forme, il était toujours blessé, traces des combats qu'il menait à n'en plus finir. Cet été là, une autre personne l'a rejoint pour l'aider, Lyniam, puis un autre, Nevonne. Chacun pour ses raisons, chacun parce qu'il avait vu en lui, ce qu'il était vraiment. Nous étions trois autour de lui, les trois à l'appeler Altraz. C'est Nevone qui lui a donné ce nom parce qu'il détestait celui qu'il portait alors comme tout les surnoms dont-on l'avait affublé. Nous l'avons aidé, nous l'avons entraîné comme nous pouvions et nous avons été au combat avec lui. Personne ne savait pour nous. C'était notre secret.
- Nathaniel était inlassablement envoyé au combat, continua Severus, même lorsque l'école a repris. Je le surveillais de loin comme je pouvais mais j'avais un rôle à tenir pour préserver sa vie au mieux. Voldemort voulait sa tête plus que jamais, tout les mangemort étaient après lui. On le jetait au combat et lorsqu'il rentrait parfois très gravement blessé, il n'y avait personne pour le soigner. Il se débrouillait tout seul en général. Il a commencé à s'éloigner de tout le monde, il sentait la trahison arriver comme il sentait que ses amis n'en n'étaient pas. Il s'est mis à douter de Dumbledore mais il avait déjà tellement à faire qu'il n'avait pas le temps de s'en soucier vraiment. Et... il n'en n'avait pas la force. Il se surmenait au combat, il en revenait blessé et couvert de sang, il s'épuisait moralement, physiquement et magiquement. Il faisait tout ce qu'il pouvait. Il ne mangeait presque pas, écœuré par les combats. Le pire était que toute la population était contre lui, l'accusant de laisser traîner cette guerre, de ne pas tuer Voldemort volontairement, d'avoir l'intention de trahir et tout un tas d'accusations en tout genre.
- Ces rats n'ont jamais été qu'une bande d'hypocrites, gronda Caïus. Ils l'envoyaient se battre seul, il se sacrifiait pour eux et eux ne trouvaient qu'à cracher sur son dos. Nous voulions le persuader d'arrêter ça et de partir loin, de les laisser à leur sort. Mais il était trop droit et noble pour ça. Je lui ai proposé de le transformer et de l'accueillir à Voltera comme un prince, il a refusé, comme il a refusé de fuir. Lyniam et Nevone ont aussi tenté de le convaincre mais il a refusé. Chacun de nous trois lui doit la vie à maintes reprises. Il veillait toujours sur nous lorsque nous nous battions avec lui et il nous a protégé bien des fois. J'ignore moi même combien de fois je lui dois la vie. Il était déterminé à mettre fin à la guerre et en y réfléchissant, il n'avait pas trop le choix. Voldemort ne l'aurait jamais laissé en paix et il était le seul à avoir le cran pour l'affronter. Dumbledore et l'Ordre, le monde sorcier entier aurait été après lui pour fuite et trahison. Il n'avait nul part où aller et il refusait de nous mettre tout trois en danger en acceptant le refuge que nous lui offrions chez nous. Alors il n'y avait pas d'autre choix. Il s'est battu, encore et encore sans faiblir. Mais les champs de bataille n'étaient pas sa seule torture.
- Par le lien qu'il avait avec lui, Voldemort envoyait des visions à Nathaniel, poursuivit Severus. Des visions de gens qu'il torturait, lui imposant ce spectacle pour le briser. Il lui montrait, il lui faisait ressentir leur douleur, chaque nuit et même parfois lorsqu'il était éveillé. Nathaniel a probablement vu les pires horreurs imaginables. Mais il a résisté, il s'est battu encore et toujours.
- Il avait une telle force alors, remarqua Caïus. Rien ne l'arrêtait. Il était prêt à tout, à faire tout ce qu'il fallait. Il a tué, il a torturé, il n'a jamais rechigné à faire ce qui était nécessaire mais jamais, jamais il n'a touché un innocent, donnant son sang pour tous même ceux qui crachaient sur son nom. Dîtes moi monsieur Witlock, vous qui avait fait la guerre, vous savez ce que cela fait de se retrouver face à une armée toute entière n'est-ce pas? demanda-t-il alors que l'empathe acquiesçait. Qu'auriez vous fait si pour une raison ou une autre, vous vous seriez retrouver seul face à une armée?
- Je me serais enfuis bien sûr, répondit-il, comme tout le monde. Un soldat contre une armée c'est du suicide quel que soit la guerre.
- Et bien Nathaniel lui, s'est plus d'une fois retrouvé seul devant des armées et lui, il ne s'enfuyait pas. Il empoignait son épée, il déployait tout ses pouvoirs et il fonçait dans le tas, dit-il en les ahurissant. Il y allait parce qu'en général, il y avait du monde à protéger dans son dos. Personne pour l'aider mais bien d'autres pour le supplier de les protéger. Malgré qu'aucun ne le mérite, il les a défendu.
- Je vous l'ai dit, comme sa mère, il refusait de s'écarter, posa Severus. Il a sauvé des dizaines, des centaines, des milliers voir des centaines de fois plus de vies si on prend en compte ce qui aurait pu arriver sans lui.
Il raconta ensuite comment il avait été attiré dans un piège via l'image de Sirius, comment il s'était précipité pour le sauver et comment cela avait conduit à la mort de Black pour son filleul, la douleur que cela avait été pour lui. Puis ce fut le récit de bien d'autres combats, de la chasse aux horcruxes menée seul encore une fois par Nathaniel.
- J'ai fait tout ce que j'ai pu pour l'aider dans tout cela. Voldemort a fini par comprendre et il a tenté de me tuer. Le Seigneur Caïus m'a transformé. Il m'avait repéré autour de Nathaniel et il m'a confondu. Je lui ai expliqué et c'est par lui que sont passées les informations que je donnais. Il ne restait alors qu'un horcruxe à trouver et Voldemort à abattre. Voldemort a acculé Poudlard. Il a lancé un ultimatum à Nathaniel. Soit il se rendait, soit il tuait tout les élèves de l'école un par un. Nathaniel n'a pas réfléchi, d'autant plus qu'il savait qu'il était lui même le dernier horcruxe, dit-il en les choquant. Il l'était devenu le soir de la mort de ses parents.
- Cette bataille à Poudlard est arrivée à l'improviste, précisa Caïus. J'étais rentré en Italie avec Severus qui venait juste de mourir si l'on peut dire et Lyniam et Nevone étaient partis en négociation avec les créatures magiques pour obtenir leur aide. Aucun de nous n'étaient là pour lui ce jour là.
- Il s'est rendu évidemment, poursuivit Severus. Il est allé faire face à Voldemort seul et désarmé comme exigé. Tout le monde a entendu l'ultimatum mais personne n'a cherché à le retenir. Voldemort l'a torturé puis il a voulu l'abattre. Mais lorsqu'il l'a fait, ce n'est pas Nathaniel qu'il a détruit mais son propre morceau d'âme en lui. Nathaniel l'a senti, il a survécu et il a tout de suite comprit qu'il ne restait alors plus que Voldemort. Il n'a pas hésité et il s'est jeté sur lui, cela a déclenché la dernière grande bataille. Elle fut longue et terrible peu se battaient vraiment, cherchant plus à se sauver qu'autre chose et Nathaniel a affronté Voldemort. Je ne sais pas combien de temps cela a pris, longtemps. Nathaniel avait modifié son apparence quelques jours avant, tout en portant une illusion montrant son physique de naissance pour garder un effet de surprise. Il a changé son apparence dans un moment où il a pu se cacher dans ce chaos pour tromper son adversaire et ça a marché puisqu'il a pu très vite lui mettre des dégâts et se débarrasser de nombreux mangemort. Mais Voldemort était un sorcier redoutable et prendre l'ascendant était compliqué. Et puis le Seigneur des Ténèbres lui a lancé un sort d'Ether, le sort qui lui a pris ses yeux. Il savait qu'il allait perdre la vue dans la minute. Il a cru qu'il avait gagné. Il a baissé sa garde et Nathaniel n'a pas manqué l'occasion. La dernière chose qu'il a vu a été la mort de Tom Riddle. Il a mis fin à la guerre ainsi. Mais le prix fut lourd. Il a perdu ses yeux et presque immédiatement après sa victoire, il a perdu sa magie. On ne sait pas trop ce qui provoque ce phénomène mais la plus grande possibilité est que le surmenage intensif de son corps et de sa magie que Nathaniel a subi dans cette guerre a fini par lui faire perdre sa magie. Cela lui a infligé une douleur atroce en plus des blessures qu'il avait encaissé et le sort d'Ether qui rongeait ses yeux.
Il continua détaillant les conséquences de ces deux pertes et en racontant ce qu'il s'était passé alors, la trahison de tout son entourage, comment ils l'avaient laissé pour mort, agonisant sous la pluie. Il détailla la trahison au complet, expliquant comment les Gobelins lui étaient venus en aide pour continuer sur toute la descente et les mensonges dont-il avait été l'objet. Comment on l'avait fait passer pour un monstre infâme. Comment on lui avait tout pris. Il en vint à comment les Gobelins l'avaient évacué vers Forks et pourquoi. Puis il en vint à son propre réveil et à ce qu'il avait découvert alors, ce qu'il se passait en Angleterre et comment tout le monde croyait le jeune homme mort.
- Severus l'a cherché comme Lyniam et Nevone et je faisais ce que je pouvais pour les aider, renseigna Caïus. Nous ne pouvions croire qu'il était vraiment mort. Nous voulions le retrouver, nous assurer qu'il était en sécurité. Tout le monde lui doit beaucoup pour avoir mis fin à cette guerre qui était sur le point de devenir internationale mais cela, il n'y a que les créatures magiques qui l'ont admis. C'est aussi pour cela de Aro et Marcus ne feront rien contre lui. Nous avons tous une dette envers lui et la moindre des choses est de lui assurer la paix qu'il mérite maintenant.
- Carlisle, la première fois que vous l'avez rencontré, c'était deux jours à peine après cette grande bataille, renseigna Severus. Cette bataille et la fin de la guerre ont fini de le mettre à terre et il a lâché prise. Normal. Il est déjà extraordinaire qu'il ait tenu si longtemps. À sa place, n'importe qui d'autre n'aurait même pas survécu ou résisté au delà de ses quinze ans. Perdre ses yeux et sa magie fut le coup qui l'a achevé et ce qui l'a mis dans cet état. Pour un sorcier aussi puissant que lui, perdre sa magie aurait dû le tuer. Elle était sa vie et il doit ressentir un vide atroce en plus de la douleur et de la faiblesse constante que cela lui impose. Sa magie était la seule chose qui lui était vraiment précieuse en dehors des gens qu'il aime. Cette guerre l'a détruit complètement comme tout ce qu'il a eu à y subir sans parler de cette gentille trahison de son entourage. Maintenant, vous savez tout. S'il avait peur de vous dire, c'est parce qu'il est perdu et que tout ce qu'il a enduré lui a fait perdre de vue le fait qu'il est un héros et non un monstre comme tout le monde s'est amusé à lui enfoncer dans le crâne tout ce temps. Ils l'ont détruit.
Il se tut ensuite, observant les mines horrifiées et profondément choquées de toute la famille qui comprenait soudain tout ce qu'ils avaient vu chez Nathaniel, entendu de sa bouche. Mais c'était une histoire atroce à entendre. Comment pouvait-on endurer tant de souffrance ainsi?
- Je vous épargnerai parce que vous lui avez inconsciemment donné ce dont-il rêvait et ce qu'il mérite, reprit Caïus. Vous lui avez donné une famille. Vous le voyez pour lui, vous le protégez, vous vous occupez de lui sans rien lui demander. Il n'a jamais eu cela. Lyniam et Nevone ne vont pas tarder, ils veilleront eux aussi.
Il laissa le silence se réinstaller et il ne fallut plus très longtemps pour que Rosalie s'en aille, filant vers la chambre de leur petit protégé, vite suivie de sa mère. Si elles avaient pu pleurer, nul doute qu'elles l'auraient fait. Elles rejoignirent bien vite Nathaniel qui dormait lourdement, sa respiration sifflant un peu alors qu'il était bien pâle, transpirant de fièvre. Elles s'allongèrent près de lui, chacune d'un côté pour ensuite se mettre à le cajoler. Il ne fallut que peu de temps pour que toute la famille rapplique. Ils s'installèrent un peu partout dans la chambre, près du lit et la porte fut refermée bien que cela soit inutile. Caïus et Severus étaient restés au salon et chacun tentait de se remettre de ces révélations en observant Nathaniel.
- Tu parles qu'il soit dans cet état et qu'il n'ait plus envie de vivre, murmura finalement Emmet que l'on n'avait jamais vu aussi abattu.
- Je comprend maintenant pourquoi il avait si peur de nous parler, remarqua Carlisle. Comment aurait-il seulement pu réussir à nous raconter une telle histoire si peu de temps après?
- Peut-on seulement un jour se remettre de ce genre de vie? demanda Alice la voix aussi tremblante que si elle était en larme.
- Ce sont des monstres, bredouilla Rosalie dans le même état. Comment on-t-il pu lui faire ça?
- Je savais qu'il avait dû vivre des choses terribles pour être dans cet état, bredouilla Jasper, mais de là à imaginer ça...
- Personne n'aurait pu imaginer ça, remarqua Edward.
- Ça explique tout. Son état. Son moral. Cette image qu'il a de lui. Cette souffrance. Ses cauchemars..., murmura Carlisle. Il faudra certainement bien des années avant qu'il ne commence à sortir de tout ça. Comment ont-ils osé? demanda-t-il douloureusement en regardant son protégé.
Tous jetèrent un coup d'œil au père qui n'avait jamais eu un tel ton devant eux, prouvant qu'il était profondément touché. Comme toute la famille d'ailleurs. Cela faisait longtemps qu'ils voulaient savoir ce que cachait le passé de Nathaniel mais l'apprendre était plus terrible qu'aucun ne l'aurait jamais imaginé. Cependant pour eux, cela ne changeait rien vis à vis du jeune homme qui n'était que plus admirable à leurs yeux.
- On va s'occuper de lui, remarqua Esmée déterminée. Plus rien ne le touchera, plus rien ne le blessera, se jura-t-elle. Il n'aura à se soucier de rien. Il sera heureux. Il sera heureux, dit-elle doucement en venant déposer un baiser doux dans les cheveux de celui qu'elle considérait comme son plus jeune fils.
Autour, tous acquiescèrent alors qu'il cela était l'évidence même pour toute la famille. Ils restèrent là un moment à veiller, s'attristant de voir l'adolescent se mettre à cauchemarder rapidement à tel point qu'ils furent obligé de le réveiller. Ce fut en sursaut que Nathaniel sortit de son sommeil, se redressant sur un coude avec précipitation, portant une main à sa tête en grimaçant. Rosalie qui était prêt de lui le soutint sur le champs, se déplaçant pour pouvoir le caler contre elle, Esmée l'aidant à l'asseoir correctement alors que tous s'étaient approchés. Carlisle le rejoignit, inquiet, s'installant à ses côtés alors que l'adolescent était appuyé sur les deux dames.
- Nathaniel? appela-t-il doucement.
Il fallut un moment pour qu'il reprenne suffisamment ses esprits pour répondre, l'air vaseux.
- Carlisle? bredouilla-t-il encore un peu perdu.
- C'est moi, on est tous là, dit-il pour lui signaler les présences qu'il ne pouvait voir. Tu as mal à la tête?
- Un peu, murmura-t-il avec une grimace.
Et par cette réponse, la famille comprit « beaucoup », désormais habituée à le voir tout minimiser sans même faire attention. Maintenant qu'ils savaient ce qu'il avait vécu, ils savaient qu'il avait tellement souffert dans sa vie sans considération de personne qu'il ne devait même pas se rendre compte que l'intensité véritable de ses douleurs était bien au delà des mots sortant de sa bouche. On lui avait toujours interdit de se plaindre, on n'avait jamais prêté attention à son état aussi grave qu'il puisse être. Alors aussi tragique que cela leur paraissait, c'était la normalité pour le jeune homme bien qu'ils aient espoir de changer ça avec le temps. Le médecin s'empressa de lui donner quelque chose pour la douleur, Nathaniel le remerciant comme toujours avec une immense gratitude. Et là encore, ils pouvaient enfin comprendre pourquoi il avait toujours cette gratitude semblant démesurée pour des petites choses: parce que jamais personne ne l'avait aidé ou ne lui avait prêté attention ainsi et que cela était donc exceptionnel pour lui et nouveau.
- Caïus... Caïus et Severus vous ont tout dit n'est-ce pas? demanda-t-il finalement d'une petite voix très tendue.
Il l'était lui même, son corps crispé alors qu'il avait les poings serrés et la tête rentrée dans les épaules. Ce fut Carlisle qui s'occupa de la réponse, prenant doucement ses mains dans les siennes:
- Oui, ils nous ont tout raconté, toute ton histoire, dit-il en le stressant un peu plus. Mais ça ne change strictement rien pour nous Nathaniel, dit-il immédiatement pour le soulager. La seule différence est certainement que tu n'as que plus de valeur à nos yeux pour l'héroïsme, le courage et la volonté dont tu as fait preuve. Mais ça ne change rien pour nous. Tu restes le même avec la même place dans nos cœurs. Rien n'a changé. En revanche, nous allons tous te faire une promesse, dit-il. Tu ne seras plus jamais seul, plus jamais Nathaniel. Nous serons tous là pour toi. Nous ferons tout ce que nous pourrons pour que tu n'aies plus à souffrir, pour que tu n'aies à te soucier de rien. Tu n'auras plus à te battre, tu ne seras plus forcé de faire ce que tu ne veux pas. Tu vivras pour toi même avant tout et tu feras ce qu'il te plaira comme il te plaira. À partir de maintenant, la guerre, les combats et le reste, c'est fini. Il est plus que temps que tu découvres la paix, la liberté, la tranquillité et le bonheur. Nous nous chargeons de te donner cela. Tu n'as rien d'autre à faire que de profiter et de te reposer. Si tu veux quoi que ce soit, tu n'as qu'à demander. Si quelque chose ne vas pas, même minuscule, n'hésite pas à nous le dire.
Au fil de son discours, Nathaniel s'était détendu, la surprise prenant place alors que tous pouvaient le sentir.
- Je sais que cela t'étonne, remarqua le père. Tu n'as jamais eu de vraie famille mais cela a changé. Tu en as une maintenant et nous t'aimons. Tout cela est plus que normal dans une famille. Je comprend que tu ne puisses pas le savoir et que tu découvres tout ça. Laisse nous te montrer et accepte le simplement. Tu le mérites des milliers de fois. Tu le mérites, tu y as plus que droit et jamais personne n'aurait dû t'en priver. D'accord?
Pour tous, il était alors évident que Nathaniel était bouleversé alors qu'il tremblait d'émotion, comme prêt à éclater en sanglot. Il ne sembla d'ailleurs pas capable de parler et tout ce qu'il fit fut alors de passer ses bras autour de son père d'adoption pour aller se blottir contre lui faiblement. Carlisle lui rendit immédiatement son étreinte avec douceur, se mettant à caresser ses cheveux. L'adolescent se tassa contre lui autant qu'il le put, les sanglots agitant bientôt ses épaules. Carlisle le cajola sous les sourires de tous, Jasper leur murmurant tout bas qu'il était infiniment soulagé, profondément touché et que pour une fois, il était simplement heureux, les réjouissant. Esmée passa une main douce dans son dos. Tous le laissèrent se calmer et s'apaiser tranquillement, chacun ajoutant son petit mot de réconfort, assurant que rien n'avait changé pour eux. Nathaniel s'apaisa finalement, restant pourtant contre Carlisle qui ne le lâcha pas. Alice vint ajouter une couverture sur ses épaules pour qu'il n'ait pas froid et bientôt, la détente et la sérénité régnait dans la chambre, le jeune homme un peu plus détendu qu'à l'habitude.
- Est-ce qu'un bon petit-déjeuner te tenterait? demanda joyeusement la mère après un moment.
Nathaniel acquiesça et elle annonça qu'elle allait préparer ça. Le jeune homme demanda si Caïus était encore là et on lui expliqua qu'il était au salon. Il opta donc pour descendre manger et on lui fit passer un chaud peignoir ainsi que ses chaussons, le père le prenant d'autorité dans ses bras pour le porter, très inquiet à cause de sa faiblesse récurrente et généralisée. Mais il fallait avouer aussi qu'après avoir entendu son histoire, comme toute la famille, il voulait s'occuper de lui au mieux et le soulager autant qu'il le pourrait tout en lui apportant tout le soutient et la tendresse dont-il serait capable. Ils descendirent et rejoignirent Severus et Caïus au salon, ceux-ci n'ayant pas bougé les regardant arriver. Carlisle installa son cadet sur le canapé avec précaution, Rosalie et Alice venant l'encadrer veillant à ce qu'il soit bien couvert. Edward se dirigea tranquillement vers le piano pour se mettre à jouer et comme toujours, cela détendit Nathaniel qui sourit doucement. Toute la famille en fit d'ailleurs de même et le trouvant plus détendu que jamais en leur présence. Assurément, le soulagement qu'il éprouvait à savoir que rien n'avait changé pour eux malgré qu'ils aient appris son histoire lui faisait du bien. Si au début, voir Caïus lui forçant la main n'avait pas plu à tout le monde, maintenant, ils étaient heureux qu'il l'ait fait. Comme lui, ils avaient compris que Nathaniel n'aurait pas pu leur raconter avant bien longtemps s'il en aurait été capable un jour. Pourtant, avoir entendu son histoire leur permettait de soulager enfin une grosse partie de son stress en lui assurant leur affection et sa place dans la famille malgré cela. Et cela leur permettait de mieux le comprendre et donc de mieux l'aider à se remettre.
- Caïus? appela le jeune homme la voix basse.
- Oui? répondit celui-ci en lui faisant tourner la tête dans sa direction.
- Merci, dit-il simplement avec pourtant cette immense gratitude qu'il avait pour ceux qui l'aidaient.
Pour toute réponse, le seigneur se leva et s'avança vers lui, contournant le canapé pour aller poser sa main sur son épaule et la serrer doucement. Nathaniel sortit une main de la couverture qui l'entourait pour aller la poser sur la sienne, tremblant légèrement.
- Je ne vous ai même pas demandé comment vous alliez ou si vous aviez eu des problèmes à cause de moi après tout ça, remarqua piteusement l'adolescent.
- Parce que vous saviez que c'était inutile de demander, répondit Caïus sans retirer sa main de son épaule. Contrairement à vous, personne ne savait pour mon implication hormis nos alliés proches et j'étais en Italie lors de la dernière bataille. Sans parler que je peux largement me défaire de quelques ennuis. Une chose cependant, posa-t-il plus gravement, cela n'aurait pas été à cause de vous si j'avais dû avoir un problème. Quand comprendrez vous que rien n'était de votre faute et que vous avez déjà fait l'impossible pour arranger au mieux la situation ? Seule la paix et la survie de nombreux imbéciles est de votre faute et cela, personne ne vous le reprochera, dit-il ironiquement en lui tirant un sourire. Et je vais parfaitement bien maintenant que j'ai pu confirmer votre survie. Vous n'avez pas à vous en faire, ni moi, ni Lyniam, ni Nevone n'avons eu de problème si ce n'était de vous retrouver.
Le jeune homme n'ajouta rien et bientôt, le petit déjeuner arrivait pour lui, tous le laissant manger dans le calme, la musique du piano raisonnant dans l'air. Comme à l'habitude Nathaniel mangea peu pourtant, Caïus choqua tout le monde en glissant d'une voix que seul les vampires pouvait entendre qu'il mangeait plus que pendant la guerre. Pourtant, pour la famille, cela était très loin d'être suffisant, tous se demandant à quel point il avait pu perdre l'appétit ces dernières années. Sa maigreur parlait pour lui et en y réfléchissant, il devenait évident qu'avec ce qu'il avait vécu s'alimenter avait dû devenir compliqué. On le regarda manger tranquillement, Esmée le débarrassant lorsqu'il eut terminé.
- Caïus, merci de m'avoir ramené mon épée, dit-il finalement.
- L'épée de Gryffondor est à vous et personne n'a le droit de remettre cela en question. De toute manière, elle s'est tellement imprégnée de vous que je doute qu'elle laisse qui que ce soit d'autre la manier maintenant. Cette épée a plus de mille ans, ça laisse le temps de forger un sacré caractère que votre force a révélé. Elle est à vous que vous vous en serviez ou non.
- Je ne pourrais plus m'en servir maintenant, remarqua-t-il.
- Pourquoi? demanda le vampire.
- C'est évident. Je ne vois plus rien.
Caïus soupira lourdement, se levant pour venir s'accroupir devant lui:
- Vous êtes un profond imbécile Altraz, asséna-t-il durement en faisant gronder le clan Cullen.
- Je sais, vous me le dîtes tout le temps, sourit-il tristement. Et je m'en suis rendu compte maintenant.
- Cessez donc de vous rabaissez, ce n'est pas dans ce but que je dis cela, gronda le vampire. Autrefois, je ne disais cela que pour vous faire réagir et c'est toujours le cas. Vous vous êtes bien trop renfermé sur vous même aujourd'hui. Vous avez fait de votre corps une prison pour vous même. Vous avez beaucoup perdu, tellement que vous avez cru tout perdre. Mais vous avez toujours le principal, ce qui a fait de vous qui vous êtes, ce qui a fait votre force, ce qui a fait que je vous ai suivi, ce qui fait que vous êtes toujours capable de tout, magie ou non, aveugle ou non. Le jour où je vous ai mis au défi de me vaincre qu'aviez vous comme arme?
- Mon épée.
- Certes mais est-ce vraiment l'arme qui vous a servi à me vaincre?
- …
- Non et vous le savez. Vous reveniez de combat, vous étiez blessé, vous étiez épuisé, vous étiez physiquement faible. Ce jour là, j'avais exigé qu'il n'y ait nul magie dans notre affrontement et vous y avez consenti. Vous n'avez pas utilisé la magie sous quelque forme que ce soit. Vous étiez si faible et je le savais bien. Mais ce n'était pas votre force physique ou magique que je voulais mettre à l'épreuve. Cela est tellement inutile sans une autre chose cruciale. Les humais se fourvoient avec des puissance factices. Je voulais voir si vous aviez la seule puissance qui vaut. Et quand je me suis mit à bouger, j'étais bien trop rapide pour vous. Avec des sens humains, impossible de suivre. Qu'avez vous fait alors?
- J'ai... j'ai fermé les yeux, dit-il en surprenant tout le monde.
- Oui, vous ne pouviez me voir alors vous avez fermé les yeux. Vous ne pouviez suivre ma vitesse, alors vous n'avez pas bougé. Vos oreilles ne pouvaient vraiment vous aider alors vous n'avez plus écouté... Un à un, vous avez laissé tomber tout vos sens, tout vos pouvoirs, parce qu'ils ne servaient à rien. Vous étiez alors d'apparence bien plus vulnérable que vous ne l'êtes aujourd'hui. Mais vous étiez aussi plus fort que jamais parce qu'à l'inverse d'aujourd'hui, vous ne vous étiez pas enfermé en vous même et vous saviez alors où est la véritable puissance. Vous étiez ouvert à tout ce qui vous entourait, vous écoutiez votre instinct, vous aviez confiance en vous, vous étiez déterminé, vous étiez fort en vous même, vous saviez ce que vous vouliez, où vous alliez, pourquoi vous le faisiez et vous étiez prêt à tout et à tout assumer, vous croyez en vous, vous aviez des raisons de vous battre et vous vous refusiez un quelconque échec. Parce que vous vous écoutiez vous même et tout ce qui vous entourait, vous croyez en vous et votre instinct, vos capacités, vous avez pu lever votre épée à temps et pile au bon endroit pour me vaincre d'un simple geste. Vous n'aviez alors, ni magie, ni vue, ni force, ni rien vous n'aviez que cette force de caractère qui a toujours fait celui que vous êtes, qui a fait que vous avez été capable de tant de choses. Ça n'a jamais été votre puissance magique, l'entraînement de votre corps ou vos armes mais vous et ça, vous ne l'avez pas perdu. Je vous ai suivis parce que vous étiez fort, véritablement et que sans ça, le reste ne servait à rien.
- Je ne le suis plus, bredouilla-t-il.
- Bien sûr que si sinon vous ne seriez plus là. Vous auriez abandonné et vous seriez mort. Mais vous êtes toujours là et vous vous battez toujours. La seule chose qui vous manque c'est de savoir qui vous êtes aujourd'hui Altraz et ce que vous voulez. Autrefois, on vous a imposé un nom et un but que vous avez accepté et maintenant que vous en avez enfin terminé avec tout ça, vous ne savez plus qui vous êtes, ce que vous voulez, pourquoi vous vous battez. Vous n'avez jamais su vous rendre compte de qui vous étiez vraiment, de votre force véritable, vous croyez en vous sans savoir qui vous étiez, vous arrêtant à cette image qu'on vous avez collé. Elle n'est plus là maintenant et vous ne savez plus. Je vous l'ai dit ce matin: vous êtes vous et pas ce que les autres disent. Vous devez oubliez le personnage qu'on vous a autrefois imposé et oublier la définition que les autres donnaient de votre force parce que vous n'êtes pas cela. Vous êtes toujours aussi fort que par le passé. Il vous faut juste le redécouvrir. Vous n'avez besoin de rien d'autre que votre volonté pour tenir votre épée, vous n'avez jamais eu besoin de quoi que ce soit d'autre pour faire ce que vous vouliez. Vous avez tout ce dont vous avez besoin ici. Vous devez juste découvrir enfin qui vous êtes et vous rendre compte que vous êtes libre de satisfaire vos propres besoins et vos propres désirs aujourd'hui.
- Et si je ne le fais pas?
- Vous allez le faire, j'en suis certains et sinon, vous savez ce que je ferai.
- Vous me tuerez n'est-ce pas, dit-il en choquant tout le monde autant par la réponse que par le calme avec lequel il le disait.
- Oui, parce que cela voudrait dire que je me suis trompé en vous jugeant autrefois et alors, je ne pourrais accepter d'être affilié à un misérable humain qui n'a existé qu'en marionnette et qui n'a pas cette force qui seule est valable à mes yeux, asséna-t-il une nouvelle fois sans douceur. Vous avez tout ce dont vous rêviez à portée de main maintenant. Alors soit vous vous réveillez et vous saisissez ce qui vous reviens de droit, sois vous laissez vos marionnettistes vous vaincre définitivement et vous jeter au feu. Vous avez un choix à faire et votre simple volonté suffit pour ça comme toujours. Si ensuite, vous avez besoin d'arme, de puissance ou de soutient comme autrefois, moi et les autres sommes là pour ça. Vous n'avez qu'à le vouloir.
Il y eut un moment de silence avant que Nathaniel ne se détende un peu, souriant légèrement:
- Vous n'avez jamais été aussi bavard, s'amusa-t-il.
- Si cela peut vous faire prendre conscience du fait que vous êtes parti assez loin pour m'obliger à donner de la voix pour vous rappeler, répondit-il.
- Oui, merci Caïus.
- Ne dîtes plus d'âneries dorénavant, répondit-il.
- Je vais essayer.
- C'est tout ce que je voulais entendre, dit-il en se levant et en regagnant son fauteuil.
Ce fut avec une immense surprise que les Cullen avaient suivis cela. Visiblement, Caïus connaissait vraiment très bien Nathaniel et savait comment le faire réagir. Avec cela, on pouvait commencer à comprendre pourquoi il estimait tellement un humain faible d'apparence. Caïus avait toujours admiré et apprécié ce qu'il appelait la vraie force, la volonté, le caractère parce qu'il estimait qu'en ayant cela, on pouvait tout avoir. Les armes et les pouvoirs n'étaient pour lui qu'artifices supplémentaires et c'était pour cela qu'au contraire d'Aro il n'avait que peu d'intérêt pour les vampires aux pouvoirs puissants. Il les dédaignait et les traitait en inférieurs parce que malgré leurs pouvoirs, ils n'étaient pas forts et il pouvait les manipuler à sa guise. Nathaniel, lui, avait tout ce qu'il admirait et qui lui donnait des raisons d'estimer quelqu'un. C'était pour cela qu'il l'appréciait et l'avait en amitié. Et visiblement, il pouvait peut-être le faire réagir et l'aider à s'en sortir.
Ce fut un étrange craquement raisonnant à l'extérieur en lisière de forêt qui brisa l'instant, attirant l'attention de tout les vampires qui seuls avaient pu entendre le son. Ils tournèrent d'un bloc leurs regard vers la baie vitrée et la forêt, trouvant à son bord deux hommes. Le voyant et les identifiant, Caïus sortit à vitesse vampirique pour les rejoindre, l'adolescent toujours inconscient de ce qu'il se passait. Le roi parla avec eux sans qu'ils ne puissent les entendre et tous virent les deux nouveaux arrivant fixer leurs regards sur Nathaniel pour ne plus le quitter. Et puis soudain, ils changèrent d'apparence. D'un physique tout à fait humain et banal, ils passèrent à quelque chose de bien plus surnaturel. Tout deux étaient assez grands, les physiques sportifs et bien bâtis. L'un avait la peau noire comme l'ébène, des yeux d'ors aux pupilles fendues, des oreilles pointues et de court cheveux d'un blanc éclatant. L'autre avait la peau tannée, de longs cheveux de sang, des yeux de rubis, des canines noires dépassant des lèvres et une paire de cornes sur la tête.
- Ce sont Nevonne et Lyniam, expliqua Severus de manière à ce que seuls les vampires l'entendent. Démon et Elfe Noir si vous vous posez la question.
Les deux êtres discutèrent encore un peu avec Caïus mais ils vinrent bientôt vers la maison. L'elfe se mit rapidement à courir, tous pouvant voir les larmes envahir ses yeux alors qu'il entrait:
- Altraz! s'exclama-t-il en faisant sursauter Nathaniel qui se redressa en tournant la tête vers lui.
- Lyniam, reconnu-t-il la voix tremblante.
Une seconde plus tard, la créature tombait à genoux devant lui pour venir le prendre dans ses bras et le serrer contre lui, posant une main sur sa tête et plongeant le visage dans son cou. Après une seconde de stupeur, Nathaniel lui rendit son étreinte, plongeant lui aussi son visage dans son cou.
- Je savais que tu ne pouvais pas être mort, bredouilla l'elfe la voix chargée de larme. Je le savais. Je le savais, répéta-t-il en le serrant.
Tous furent touchés de voir à quel point il était ému de le retrouver, à quel point il avait visiblement eu peur de l'avoir perdu. Nathaniel ne répondit pas mais il le serra plus fort. Le démon qui était alors entré avec Caïus s'avança doucement vers eux, un léger sourire aux lèvres. Il vint s'accroupir près d'eux, posant une main dans le dos de l'adolescent.
- Altraz, dit-il doucement avec un soulagement palpable.
Nathaniel se redressa un peu, l'elfe le laissant sortir de ses bras en venant pourtant prendre ses mains dans les siennes.
- Nevonne, remarqua-t-il alors la voix chevrotante.
Celui-ci fit remonter sa main vers sa nuque, l'attirant doucement vers lui pour poser son front contre le sien, le jeune homme se laissant totalement faire et souriant même au contact. Le démon ferma les yeux et ils restèrent ainsi en silence quelques secondes avant de se séparer.
- Nous vous avons cherché partout, remarqua Nevonne.
- Caïus m'a dit, répondit-il.
- Pourquoi ne pas avoir appelé? demanda le démon.
- Je ne pensais pas que... que...
- Que nous viendrions, termina-t-il calmement pour lui. Nous avons été de piètres amis pour que vous pensiez cela.
- Non! s'exclama-t-il. C'est juste... c'est moi qui... je suis désolé, dit-il en se tassant sur lui même.
- Ce n'est rien, intervint aussitôt l'elfe en venant caresser ses cheveux. Nous comprenons, assura-t-il. On sait, dit-il en l'attirant dans une nouvelle étreinte douce. On est là maintenant et on veillera sur toi c'est promis.
- Vous avez mieux à faire maintenant que la guerre est terminée, bredouilla le jeune homme.
- Certainement pas, répondit Lyniam en resserrant ses bras autour de lui et en venant caresser ses cheveux. Cette guerre terminée, la priorité, c'est toi et personne d'autre. C'est avec toi qu'on veut être. Si tu savais à quel point on a eu peur de ne pas te retrouver, dit-il l'air douloureux.
Nathaniel ne répondit pas, se tassant néanmoins un peu plus dans l'étreinte chaude de l'elfe. Un silence léger tomba, tous émus d'assister à ses émouvantes retrouvailles. Près d'eux, Nevonne observait l'adolescent, son visage d'abord heureux et soulagé se teintant de plus en plus d'inquiétude alors qu'il semblait analyser son état.
- Il faut que je vous présente, remarqua ensuite Nathaniel en s'écartant un peu de son ami peinant à le lâcher.
Il le fit cependant et le jeune homme fit les présentations entre ses deux amis et les Cullen. Il poursuivit en expliquant rapidement ce que la famille avait fait pour lui depuis leur rencontre, ce qu'il s'était passé pour lui depuis son arrivée à Forks. Lorsqu'il eut terminé, il semblait épuisé et cela, tous le virent. Aussi, Carlisle le poussa à retourner se coucher et Emmet le ramena à son lit avec Lyniam. L'elfe le borda comme un enfant, débordant de douceur et il lui assura que lui et Nevonne seraient toujours là à son réveil. Une fois le jeune homme profondément et paisiblement endormis, ils redescendirent au salon pour se réinstaller avec les autres, l'heure des discussions graves arrivant.
