Désolée, j'ai un peu traînée, pardon.

Mais pour ma défense, j'ai apporté quelques modifications à ce chapitre et ça m'a pris un peu de temps. En plus, vous avez de la chance, ce chapitre est un poil plus long que d'habitude, mais je ne pouvais pas couper la scène en plein milieu.

Sur ce, bonne lecture !

PS : Je viens de boucler le chapitre donc il n'est pas relu. Alors il se put (c'est même fortement probable) qu'il y ait quelques fautes d'inattentions/de frappes.

PPS : Petite précision que je n'avais jugé utile de mettre jusqu'ici mais qui me semble, en fait, eh bah, utile, c'est qu'Harry prononce "Cho" comme "Chaud" et le "-ille" de "Neville" comme le "-ille" de "cheville". Voilà, voilà.


Au moment de coucher Harry, Draco était parti du principe que, comme chaque soir, il lui lirait une histoire. Depuis quelques jours, Harry insistait pour que Draco, ou Cho, lui lise ses propres aventures. Draco avait trouvé la biographie d'Harry, écrite par Rita Skeeter, pendant une sortie à Pré-au-Lard. Harry était très impressionné par tout ce qu'il avait fait plus grand et il aimait aussi beaucoup les illustrations mouvantes.

Pourtant, cette fois-ci, au lieu de demander à Draco de lui raconter son combat contre le Magyar à pointes, Harry se contentait de l'observer. Il le fixait intensément, ne le lâchant des yeux une seule seconde. Ne sachant pas s'il devait être amusé ou perturbé, Draco s'installa sur le tapis et croisa les bras sur le bord du matelas, près de la tête d'Harry.

- Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ? Lui demanda-t-il doucement.

- D'aco. C'est quoi des z'amoureux ?

Surpris et déstabilisé, Draco le regarda, les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte.

- Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ? Se reprit-il.

- Cho elle a dit qu'on était pas copains avant. Elle a dit qu'on était des z'amoureux ! S'exclama Harry, son pouce en bouche et sa peluche sous le bras.

- Cette sale…, pesta Draco entre ses dents, se massant le front.

Il n'avait songé au fait qu'Harry puisse un jour lui poser cette question. Encore moins qu'il le fasse vis-à-vis de leur relation. En se rappelant leurs débuts, Draco sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Harry lui manquait bien plus qu'il ne se l'avouait à lui-même. Le voir sans que ce soit vraiment lui était une vraie torture. Pour ne pas inquiéter Harry, Draco refoula ses sentiments et passa une main dans ses petites mèches brunes.

- Tu ne préfères pas que je te lise une histoire ?

- Non ! Répondit Harry, catégorique.

Il la voulait cette réponse. Soupirant, Draco s'avoua vaincu. Il lui fit un petit sourire avant de se lancer.

- Des amoureux, ce sont deux personnes qui s'aiment très, très, très fort.

Face à la mine d'Harry, Draco chercha quelque chose de plus parlant.

- Tu vois, même s'ils ne sont pas gentils, ton oncle et ta tante ils sont amoureux tous les deux. Mon papa et ma maman aussi sont des amoureux. C'est quand tu veux rester avec une personne pour toujours.

Draco fit un nouveau sourire à Harry et s'approcha un peu, pour lui souffler un secret.

- Tous les deux, on se disputait tout le temps, mais on s'aimait très fort quand même.

Quand il eut intégré toutes ces nouvelles informations, Harry regarda son ami avec de grands yeux.

- D'aco ?

- Oui ?

- T'es mon z'amoureux ?

Riant de bon cœur, Draco lui fit une dernière caresse dans les cheveux avant de récupérer sa main pour y poser sa joue.

- Non, bonhomme.

- Pou'quoi ?

- Parce que les grandes personnes n'ont pas le droit d'être amoureux avec les petits, lui expliqua-t-il en appuyant tout doucement sur le bout de son nez, souriant en voyant Harry le retrousser. Ce n'est pas bien.

- Je suis pas un petit ! S'indigna Harry.

Riant de plus belle, Draco se rappela que ce n'était pas la première fois qu'il s'offusquait ainsi et que ce ne serait sûrement pas la dernière.

- D'accord, tu n'es pas un petit. Mais tu n'es pas assez grand pour être mon amoureux quand même.

- Pou'quoi ?

- Parce que c'est comme ça.

- C'est Cho ta z'amoureuse ?

- Alors là, même pas en rêve ! Explosa Draco avant même d'avoir pu se retenir.

Harry pouffa de rire en voyant l'expression sur le visage de Draco.

- Dors maintenant, lui souffla Draco en lui embrassant le front, préférant ne pas prendre le risque d'avoir une telle conversation. Demain, on ira faire un bonhomme de neige, d'accord ?

Oubliant instantanément sa question et excité à cette idée, Harry hocha vigoureusement la tête en souriant et ferma les yeux. En moins de temps qu'il n'en avait fallu pour le dire, Harry s'était profondément endormi. Se relevant, Draco tira les rideaux du lit pour activer le sortilège et parti s'asseoir à son bureau. Il s'empara d'un parchemin ainsi que d'une plume et rédigea une lettre pour ses parents, les prévenants qu'il comptait rester au château pour les fêtes. Après y avoir longuement songé, il avait décidé que l'initiative de Cho était une excellente idée et Harry serait sûrement heureux d'être gâté, pour une fois. Il pria seulement que les moyens mis en place par Dumbledore pour préserver le secret de l'état d'Harry allaient fonctionner et que l'information ne tomberait pas entre les mains sur Seigneur des Ténèbres.

Réveillé en premier, Harry s'étira dans son lit avant de se redresser. Il tira un bout du rideau pour se faufiler dehors, même s'il adorait ses étoiles. Ses lunettes sur le nez, il regarda le soleil, déjà bien haut dans le ciel. Puisqu'aujourd'hui, c'était samedi, Draco n'avait pas école. Et il lui avait dit qu'ils iraient faire un bonhomme de neige. Vivre avec Draco faisait partie des choses qu'il aimait le plus dans la vie, avec les bonbons au chocolat que lui donnait Cho. Honnêtement, Harry aurait bien voulu être l'amoureux de Draco pour rester avec lui pour toujours. Mais il avait compris que son grand lui l'était et que son oncle Severus cherchait à le faire devenir grand, alors ce n'était pas grave.

Se glissant sous le rideau du lit de Draco et tenant son doudou d'une main, Harry grimpa dans le grand lit comme il put et s'installa à côté de son ami pour attendre qu'il se réveille. Depuis qu'il dormait dans cette chambre, ou plus précisément depuis qu'il avait un doudou et une veilleuse, Harry n'avait plus fait le moindre cauchemar et il n'avait plus eu d'accidents nocturnes non plus.

Émergeant de bonne heure, Draco sentit une présence dans son lit, quand il se tourna pour s'installer plus confortablement. Ouvrant un œil, il découvrit Harry, allongé face à lui, jouant avec sa peluche.

- Qu'est-ce que tu fais dans mon lit, petite crapule ? Demanda-t-il avec un petit sourire en coin et la voix rocailleuse.

Souriant après un léger sursaut, Harry rampa jusqu'à Draco et se cala dans ses bras. Il avait non seulement pris goût aux câlins mais il en avait aussi pris l'habitude. C'était mieux que de se faire crier dessus. Embrassant le dessus de son crâne tout en passant un bras autour de lui, Draco bailla et resta comme ça le temps d'être suffisamment réveillé pour affronter une nouvelle journée entouré d'une bande d'imbécile. Propres et habillés, ils se rendirent ensemble dans la grande salle pour le petit-déjeuner.

Alors qu'il retenait un bâillement difficile, Draco fut alerter par Harry qui poussa un cri. Tournant tout de suite la tête et le sentant se coller contre son flanc, il chercha ce qui avait bien pu l'effrayer. Ses yeux tombèrent sur une chouette blanche comme neige qui piétinait les céréales d'Harry, en faisant battre ses ailes et en piaillant, l'air contrariée. Draco se pinça fortement les lèvres pour ne pas glousser. Harry lui avait dit plus d'une fois qu'Hedwige avait un sacré caractère, mais c'était la première fois qu'il assistait à une crise de l'oiseau.

- C'est rien bonhomme, souffla-t-il en caressant les cheveux d'Harry.

- J'ai peur ! Lui répondit celui-ci d'une voix tremblante et les poings fermement accrochés à sa chemise.

Évidemment. Harry avait peur de tout. Mais ce n'était pas vraiment sa faute. Descendant sa main pour lui frotter le dos, Draco chercha comment le rassurer.

- Elle s'appelle Hedwige, et c'est ta copine, finit-il par dire.

Il vit Harry découvrir un œil pour le poser sur l'oiseau qui s'était calmée.

- Elle est gentille, je te le promets. Mais elle ne t'a pas vu depuis longtemps, alors elle doit être un peu triste.

Harry reporta son attention sur Draco. Il rencontra ses yeux clairs qui lui inspiraient confiance.

- Je peux la caresser pour te montrer qu'elle est gentille, si tu veux.

Pas trop sûr, Harry émit un son guttural que Draco décida de prendre comme une approbation. Toujours à moitié collé contre Draco, Harry le regarda approcher sa main de la chouette. Hedwige s'agaça un peu, recommençant à s'agiter et à piailler.

- Je sais que tu n'es pas contente, mais il ne se souvient pas de toi pour l'instant, lui dit Draco sans reculer.

Il posa sa main dans le plumage blanc, et caressa doucement sa tête. Hedwige se laissa faire, mais exprima quand même son mécontentement.

- Si tu arrêtes de gigoter et de t'agiter, il te fera sûrement un câlin.

Draco et Hedwige se jaugèrent du regard et la chouette finie par se calmer. Elle quitta la table pour se poser sur le banc, juste à côté d'Harry qui glissa plus encore contre l'adolescent.

- Tu veux lui donner un gâteau ? Proposa Draco.

- Elle va me piquer ? Demanda Harry.

- Non. Mais tu sais, Hedwige t'aime très fort, elle aussi. Je suis sûr que si tu lui donnes un gâteau pour montrer que tu n'as pas peur, elle te fera un câlin.

Harry balada son regard entre son ami et l'oiseau, qui le fixait, la tête penchée, sans faire le moindre mouvement pour autant.

- C'est ma copine ? Répéta Harry en regardant Draco dans les yeux.

- Oh, oui ! Ta meilleure copine, même !

Si c'était sa copine, alors Harry n'avait rien à craindre. Il accepta de lâcher Draco et de donner un gâteau à la chouette. Draco l'aida à garder sa main bien à plat et, même si ça l'effrayait un peu, Harry bougea à peine quand Hedwige vint picorer sa friandise. Ayant bien compris qu'elle avait effrayé son maître qui avait étrangement rétréci, Hedwige s'avança doucement, jusqu'à pouvoir frotter sa tête contre le cou d'Harry. Se tortillant, Harry se mit à rire. Les plumes de l'oiseau le chatouillaient.

- Tu vois qu'elle est gentille.

- Oui.

Quand Hedwige cessa de se frotter, Harry la pris dans ses bras pour la serrer contre lui. Finalement, il l'aimait bien. Levant les yeux au ciel face à ce spectacle enfantin mais attendrissant, Draco servit un nouveau bol de céréales à Harry.

Ils en étaient plus ou moins à la moitié, Harry donnant des céréales à Hedwige, à côté de lui, et jouant avec son bol quand il ne mangeait pas, lorsque Draco eut le déplaisir de voir Ron et Hermione se poster devant lui, tout deux de mauvaise humeur.

- Vous gâchez mon plaisir de déjeuner en paix, cracha Draco derrière sa tasse de thé.

- Ça suffit les petites magouilles minables, déclara Hermione d'un ton dur. Ras le bol. Rends-nous Harry tout de suite espèce de serpent !

- Laisse-moi y réfléchir, fit Draco, faussement songeur. Hm. Non.

Ce qui l'amusait le plus, c'était d'observer Weasley. Il se demandait si son visage finirait par être d'une couleur aussi vive que sa tignasse. Une vraie citrouille.

- Vous comptez camper ici ? Demanda-t-il après de longues secondes.

- Je te l'ai dit, répondit Hermione, on ne s'en ira qu'avec Harry.

- Et moi, je t'ai dit qu'il resterait avec moi. Serais-tu devenue sourde à défaut d'être devenue muette ?

- Tu mériterais que je te mette mon poing en plein dans la tronche, espèce de sale mioche pourri gâté.

- Ne rejette pas ta frustration d'être né pauvre sur moi, Weasley. Je n'y suis pour rien si au lieu d'améliorer la situation financière de leur famille, tes parents ont préféré vous concevoir. D'ailleurs, je dois dire qu'un seul d'entre vous aurait été largement suffisant.

- Tu vas voir ce que tu vas prendre, Malfoy ! S'emporta Ron, prêt à sauter par-dessus la table pour lui faire payer d'avoir insulter sa famille.

Sans crier gare, un bol vola et Ron se retrouva les cheveux dégoulinant de lait. Sans parler de son pull qui en avait pris un sacré coup.

- T'es moche ! S'écria Harry, debout sur son petit banc. Et t'es même pas gentil !

À côté, Hedwige se désintéressa de la scène pour se nettoyer les plumes.

- Harry ! S'alarma Hermione, main sur le cœur, comme une mère dont l'enfant venait de prononcer son premier gros mot.

Les yeux encore écarquillés par la surprise, Draco dû reposer sa tasse pour poser sa main sur sa bouche et cacher non seulement son sourire mais aussi son hilarité. Leur tirant la langue, Harry fini par allé se cacher contre Draco, tout comme lors de l'arrivée d'Hedwige.

- Eh bien, je crois que le message est plutôt clair, déclara Draco. Hors de ma vue.

- Je te jure que tu vas le regretter.

- Miss Granger ! Tonna la voix caverneuse de Rogue. Puis-je savoir ce qui se passe ?

Prenant la défense de Draco, à la fois comme parrain et comme ancien directeur de maison, il se posta entre les trois adolescents et braqua son regard glacial sur les deux Gryffondor.

- Je crois que vous n'êtes pas à votre table. Et si je vous surprends encore à importuner un membre de la maison Serpentard, ou pire, à essayer de vous en prendre à Monsieur Potter, je m'assurerai que votre punition soit telle que vous ne puissiez plus voir la lumière du jour pendant très longtemps.

- On n'essayait pas de…

- Ne me répondez pas ! Ordonna Rogue. Disparaissez !

Les gratifiant d'un dernier regard noir, Severus eut le plaisir de les voir détaler aussi vite que deux lapins effrayés. Soupirant, il se tourna enfin vers Draco dans une posture plus relâchée.

- C'est fini, ils sont partis, rassura Draco.

Vérifiant d'abord par lui-même, Harry consenti à lâcher Draco. Il eut droit à une troisième bol de céréales, et Draco lui demande expressément de le manger, et de ne le lancer sur personne, cette fois-ci.

- J'aimerai que tu passes me voir après ton petit-déjeuner, quémanda Severus.

- Mais D'aco a dit qu'on va faire un bonhomme de neige ! Geint Harry, offrant une bouille déçue à Severus.

- On va faire les deux, promis. J'irai parler avec tonton Severus pendant que Dobby t'habillera. Ça prendra pas longtemps.

Boudant un peu, Harry se calma quand Draco le promit à nouveau. Il retourna donc à son bol, le partageant à nouveau avec sa chouette.

- De quoi tu veux parler ? Demanda enfin Draco, curieux.

- Tu verras ça quand nous serons dans mon bureau. Il y a trop d'oreilles indiscrètes ici.

Draco haussa les épaules, sachant que ça ne servirait à rien d'essayer de négocier et attrapa un petit pain qu'il coupa en deux pour l'enduire de confiture, comme s'il n'avait pas été interrompu pendant son petit-déjeuner. Du coin de l'œil, il regarda son parrain partir en direction de la table des professeurs.

Se retrouvant face à la lourde porte de bois, après avoir laissé Harry – et Hedwige qui n'avait visiblement aucune intention de lâcher son maître d'une semelle – aux soins de Dobby, Draco frappa quelques coups et attendit. La porte s'ouvrit d'elle-même après quelques secondes et il pénétra dans la pièce. Il s'engouffra dans un passage étroit et pu enfin poser les yeux sur le lieu dans lequel il s'était réfugié après la transformation d'Harry. Passant ses doigts sur le dessus du vieux canapé, il partit ensuite s'installer sur la chaise, face au bureau, et attendit que Severus revienne d'une pièce annexe. Il était déjà venu ici plus d'une fois, pour plusieurs raisons. Son jeu préféré consistait donc à trouver les nouveautés.

- Tu as changé d'horloge, constata-t-il lorsque Severus pris place sur son propre fauteuil.

- On se fiche de mon horloge, répondit-il. Mais oui, l'autre s'était brisée.

- Alors. De quoi est-ce que tu voulais me parler ?

Severus regarda son filleul. Il avait l'air bizarrement plus mature que ce qu'il avait toujours pu voir.

- Tu as changé, déclara-t-il.

- Tu ne m'as pas fait venir pour ça, répondit Draco, loin d'être crédule.

- Non. Mais c'est une constatation qui méritait d'être évoquée. Tu as l'air plus adulte depuis que je t'ai confié Harry.

- Peut-être, je ne peux pas le dire. En revanche, j'apprécierai de ne pas perdre tout mon temps ici.

- Finalement, tu n'as peut-être pas totalement changé, concéda Severus. Le professeur Chourave, le professeur Slughorn et moi avons pu commencer l'élaboration de la potion. Madame Pomfresh a, quant à elle, préparé un coin de l'infirmerie à l'abris des regards pour l'accueillir.

Face au regard de Draco, Severus expliqua l'utilité de l'infirmerie.

- Le processus sera un peu long. On ne prend pas douze ans et plus d'un mètre en un claquement de doigt.

Attrapant un petit bibelot qui traînait, Draco joua avec, distrayant son esprit à autre chose.

- J'ai appris que Londubat avait décidé de vous venir en aide.

Severus laissa échapper un grognement préhistorique et se laissa tomber contre le dossier de son fauteuil.

- Aussi étrange que cela puisse paraître, et ça m'écorche la bouche de devoir le dire, c'est grâce à cet empoté que nous avons pu élaborer si vite cette potion.

- Grâce à Londubat ? Répéta Draco d'un ton moqueur.

- Sa connaissance des plantes moldues et magiques me fait passer pour un amateur. Il a pu trouver des substitues à certaines feuilles et racines que nous aurions mis plusieurs mois à récolter.

- Eh bien. Ça m'étonne.

- À qui le dis-tu.

Draco observa son parrain, un petit sourire aux coins des lèvres. Devoir faire l'éloge d'un garçon tel que Neville Londubat devait, effectivement, le blesser dans sa fierté. Autant que s'il avait dû féliciter cet idiot de Finnigan.

- Quand est-ce qu'il pourra être… soigné ?

- Je pense que tout sera prêt après les fêtes. Mi-janvier, tout au plus.

Il devait tenir encore trois semaines. Minimum. Soupirant, Draco délaissa le bibelot et se leva, prenant congé de son parrain, puisque celui-ci n'avait plus d'informations à lui communiquer.

- Draco, attends, appela Severus alors qu'il s'apprêtait à sortir.

- Quoi ?

- Granger et Weasley te posent problème ?

- Ce ne sont que deux imbéciles qui ne supportent pas de m'avoir vu remporter une bataille. Ils sont inoffensifs et, dans le pire des cas, je ne serais pas le dernier à savoir me défendre. Tu n'as pas de soucis à te faire.

Severus lui répondit d'un bruit guttural et le laissa s'en aller pour de bon.

Draco avait donc retrouvé Harry dans sa chambre, parfaitement habillé et l'avait emmené dans le parc, là où la neige était la plus dense et la plus répandue. Devant cet immense tableau blanc, Harry arborait un sourire bien plus grand que tout ceux qu'il avait pu faire à Draco auparavant. D'un regard, Draco l'encouragea à aller courir dans la neige et s'amuser. Le garçonnet ne se fit pas prier plus longtemps pour se jeter dans cet immense terrain de jeu à corps perdu.

Le regardant d'abord de loin, Draco resta debout, parfaitement immobile. Il n'avait pas vraiment envie que qui que ce soit dans cette fichue école le voit jouer dans la neige comme un enfant. Bien sûr, il allait droit à une bouderie. Il le sentait. Et il n'avait pas non plus très envie qu'Harry lui en veuille en se disant que, finalement, Draco n'était pas vraiment son ami. Se baissant, Draco puisa un peu de neige dans le creux de sa main. Il se redressa, malaxant pour obtenir une boule. Quand il fut suffisamment satisfait de la forme, il l'envoya droit sur Harry, dos à lui.

Sursautant à l'impact, Harry se tourna pour voir d'où venait le projectile. Draco arborait ce petit sourire qu'il servait à beaucoup de gens. Le sourire sournois, qui réhaussait seulement le coin de ses lèvres.

- Bah alors, qu'est-ce qui t'arrives Harry ? Demanda-t-il innocemment.

- T'as jeté la neige ! S'exclama le petit garçon, son doigt pointé sur l'adolescent.

- Ah oui ?

- Oui ! Sur moi !

- Oh. Alors dans ce cas, je crois que la justice voudrait que tu me lances une boule de neige toi aussi.

- J'ai le droit ?

À cette question, le visage d'Harry s'illumina et ses traits transpiraient l'espièglerie. Amusé au point d'avoir du mal à le cacher, Draco donna son accord à Harry en écartant les bras, se rendant encore plus facile à viser. Se précipitant sur la neige à ses pieds, Harry en amassa un gros tas dans ses mains, mouillants ses gants, et façonna sa boule tant bien que mal. Quand elle fut assez comprimée, Harry leva le nez vers Draco, perplexe. Est-ce qu'il avait vraiment le droit de faire ça ? Et Draco, est-ce qu'il serait fâché contre lui ? Harry se demandait aussi si son ami voudrait toujours de lui après ça.

Au-dessus d'eux, Hedwige décida de prendre part au petit jeu. Elle descendit jusqu'à attraper la boule d'Harry entre ses serres puis vola en direction de Draco et lâcha son projectile en plein sur le crâne de l'adolescent. Ne s'étant pas attendue à ce qu'Harry et sa chouette forment un duo, Draco resta immobile un moment, tête baissée et bouche grande ouverte. Puis, rassurant Harry, un rire lui échappa. Cette satanée chouette ! Maintenant sûr que tout se passerait bien, Harry s'empressa de faire une nouvelle boule et, avant que Draco ait eu le temps de la voir venir, il la lança de toute ses forces, n'atteignant pourtant que les jambes de l'adolescent.

- D'accord. Vous voulez jouer à ça. Très bien, déclara-t-il en secouant la tête pour retirer la neige de ses cheveux.

S'en suivit une bataille de boules de neige. Draco la déclencha surtout pour qu'Harry s'amuse comme n'importe quel petit garçon de son âge s'amuserait, sans se poser trop de questions. Voir sans se poser de question tout court. Et son initiative paya. Pendant une bonne vingtaine de minutes, Harry s'amusa comme jamais auparavant, sans que son rire ne faiblisse une seconde.

Le voir si épanouie réjouissait Draco, mais surtout, sa culpabilité d'être en partie responsable du geste d'Harry en était soulagée. Quand il y pensait trop, Draco avait l'impression d'être le seul responsable. De ne pas avoir été là quand Harry en aurait eu le plus besoin. De ne pas avoir joué son rôle de petit-ami comme il aurait dû. D'avoir aggravé le mal-être d'Harry avec des idioties au lieu de s'intéresser à lui.

Sentant qu'il s'aventurait un peu trop dans de sombres pensées, Draco proposa à Harry une seconde chose qu'il n'avait probablement jamais eu l'occasion de faire et qui l'amuserait à coup sûr : un ange dans la neige. Harry n'avait jamais fait d'ange de neige, mais il était heureux au possible. S'approchant de Draco, il le vit se mettre à genoux.

- On fait comment ? Demanda Harry.

Aidant Harry à s'allonger dans la neige, Draco lui donna les directives à suivre. Consciencieux, le petit garçon obéit. Il faisait de son mieux pour respecter les consignes et, lorsqu'il se releva, il eut la satisfaction de voir l'empreinte qu'il avait laissé.

- Encore ! S'exclama-t-il en riant.

Draco lui rendit sa bonne humeur avec un sourire.

- Si tu veux, oui. Ou alors, on peut commencer le bonhomme de neige.

- Le bonhomme !

Harry avait changé d'avis en moins de deux. Décidé, Harry commença à rassembler un gros tas de neige devant lui. Si les anges avaient jusque là été un mystère, les bonhommes, il avait vu Dudley en construire plein ! Alors, normalement, il savait s'y prendre.

- D'abord, on fait une grosse boule, dirigea Draco.

Le petit garçon hocha la tête et s'appliqua consciencieusement à faire la plus grosse boule dont il était capable. Draco lui ramenait la neige et Harry l'aplatissait, le bout de sa langue sortie.

- Et maintenant ? Demanda Harry avec ses grands yeux, quand le corps fut fin prêt.

- Maintenant, on en fait une autre.

- Une grosse ?

- Oui. Mais il faut qu'elle soit plus petite que celle-là.

Harry et Draco quittèrent donc le corps de leur bonhomme pour aller chercher plus de neige ailleurs. Le corps était si gros qu'Harry pouvait aisément se cacher derrière, et il s'en amusa un bon moment tandis que Draco installait la tête.

- Je suis caché D'aco ! Fit la petite voix d'Harry derrière le bonhomme.

- Tu es trop bien caché, je ne te vois plus du tout, répondit Draco, faussement impressionné.

Il récolta un rire qui le fit sourire en coin. Une fois la tête rattachée au reste de la neige, Draco recula d'un pas pour observer l'ensemble. Ça n'était pas si mal pour une collaboration avec un petit garçon. Ne restait plus que les détails. Draco donna pour mission à Harry de trouver de petites pierres. Assez pour faire au moins les boutons sur le ventre et les yeux, la bouche, ils verraient à la fin. Revenant avec les mains pleines de cailloux, Harry les laissa tomber aux pieds de son ami, fier.

- C'est bien bonhomme, le félicita Draco avec une caresse par-dessus son bonnet.

Harry se sentit encore plus fier et il prit la tâche très au sérieux quand Draco le souleva pour lui permettre de placer les yeux lui-même. De retour sur la terre ferme, Harry regarda le résultat final, mais fut un peu déçu. Il ne ressemblait pas aux bonhommes que Dudley faisait dans le jardin.

- C'est quoi cette tête ? Demanda Draco en le regardant.

Harry, même s'il ne savait pas exprimer son ressenti avec des mots, le laissait parfaitement transparaître. Il se sentait frustré. C'était comme manger du gâteau pour la première fois, après en avoir salivé pendant des années, et se rendre compte que c'était dégoûtant. Mais si Harry ne comprenait pas bien ce qu'il ressentait, il ne voulait pas contrarier Draco qui avait passé la matinée à jouer avec lui dans la neige au lieu de rester au chaud dans sa chambre. Alors, il baissa simplement le nez, sans rien dire, les lèvres un peu pincées.

Dans cette position, il lui était impossible de voir le petit elfe courir dans la neige, comme s'il s'était embourbé dans un marécage, droit sur eux. Draco, lui, l'aperçu du coin de l'œil. Il avait chargé Dobby de trouver de quoi habiller le bonhomme, et de rapporter une carotte des cuisines. Il savait qu'une fois que leur création serait aussi parfaite que dans ses rêves, Harry serait au comble de la joie.

À force de courir pour se dépêcher, et avec cette neige qui lui arrivait à la taille, Dobby finit par trébucher contre racine et tomba de tout son long. Un vrai plat. Désespéré, Draco ferma les yeux et essaya d'oublier à quel point cet elfe pouvait être idiot. Soupirant doucement, ce qui attira l'attention d'Harry, il s'avança vers le trou qu'avait fait Dobby. Il attrapa le dos de son vieux vêtement miteux et le souleva d'une seule main. Secouant la tête pour débarrasser ses oreilles de la neige, Dobby leva un regard désolé vers Draco.

- Tu es un vrai cauchemar, se plaignit Draco.

- Dobby est désolé, maître.

Serrant les dents, Draco se retint de justesse de ne pas le laisser tomber. Il n'aurait peut-être pas dû le sortir de là, finalement. Ayant l'âme bien trop charitable depuis qu'Harry était redevenu enfant, Draco remit Dobby sur ses pieds.

- Dépêche-toi, lui ordonna-t-il en pointant Harry.

- Oui, maître ! S'écria Dobby avant de détaller à toutes jambes.

Le voyant faire, Draco pria pour qu'il ne retombe pas et se jura que si c'était le cas, il n'irait certainement pas l'aider.

- Nommy ! S'exclama Harry en le voyant, heureux comme tout.

Même si Draco savait qu'avant sa transformation, Harry était devenu ami avec ce stupide elfe, il n'arrivait pas à comprendre pourquoi ça l'enthousiasmait tellement de le voir.

- On dirait que nous ne sommes pas les seuls à avoir su conquérir le cœur d'Harry, se moqua une voix.

Derrière Draco, Cho cachait son sourire avec sa main. Elle regardait Dobby agiter les oreilles pendant qu'il discutait avec Harry.

- Je ne comprends pas pourquoi il l'aime tellement. Dobby est un imbécile.

- Moi, je crois que je comprends. Quand j'était petite, je trouvais les elfes de maisons rigolos avec leurs grands yeux et leurs grandes oreilles.

- Hm, répondit Draco avec un haussement de sourcils.

Ne souhaitant pas s'éloigner d'Harry, au cas où, Draco le rejoignit. Il le laissa mettre la carotte en guise de nez à leur bonhomme, après lui avoir enfilé une écharpe autour du cou et un vieux chapeau sur lequel Hedwige se percha. Cette fois, il était vraiment fini et Harry n'avait jamais été aussi content. Ça, c'était un vrai bonhomme ! D'un coup un peu perfectionniste, il partit lisser le corps, pour que sa boule soit vraiment toute ronde. Draco partit l'aider lorsque Cho les quitta en compagnie de Dobby pour commencer les préparatifs de leur fête de Noël surprise pour Harry.

- D'aco, souffla le petit garçon.

- Oui ?

- Les z'amoureux, ils se disputent ?

- Ça arrive, oui. Pourquoi ?

- Ils se disputent fort ? Renchérit Harry en se tournant vers lui.

- Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ?

Réfléchissant, Harry chercha comment exprimer sa pensée avec des mots. Draco se retint de soupirer. C'était plus simple de parler avec un adolescent…

- Tonton Sevus il est z'amoureux.

Ne s'attendant pas à ça, Draco écarquilla les yeux. Est-ce qu'Harry savait quelque chose qu'il ignorait ? Était-ce même possible que ce soit le cas ?

- Amoureux ? Tu es sûr ?

- Oui ! Répondit Harry, sans hésiter.

- De qui ?

- Nevill !

- Ne… ?

Ne pouvant se retenir plus longtemps, Draco se mit à rire si fort qu'il en tomba à la renverse. Bientôt, il dû se tenir le ventre d'une main et des larmes quittèrent le coin de ses yeux. Severus, amoureux de Neville. Il n'était pas sûr que ce soit bien le cas, mais rien que de l'imaginer, ça valait bien un fou rire !

Après plusieurs longues minutes, Draco se calma, soufflant doucement par la bouche, prêt à repartir d'une seconde à l'autre. Il tourna la tête vers Harry qui le regardait curieusement.

- Pourquoi est-ce que tu penses que tonton Severus est amoureux de Neville ? Réussit-il à demander, au prix d'un grand effort.

- Parc'qui crie !

- Il cris ? Sur Neville ? Mais, tu sais, tonton Severus, il cris sur tout le monde.

- Oui, mais Nevill ap'ès il est tout rouge. Et Cho elle a dit, c'est quand on est z'amoureux.

Un nouveau fou rire pointa le bout de son nez mais Draco se retint du mieux qu'il put. Neville et Severus. Aussi bizarre que ça semblait être, ce n'était peut-être pas une mauvaise idée. Peut-être qu'il y avait même un fond de vrai dans cette histoire.

Draco se promit qu'à son prochain cours en compagnie des Gryffondor, il observerait ça avec la plus grande minutie et se ferait un plaisir d'aller titiller son parrain. Harry venait de lui offrir de l'or.