- Après tout ce temps?

- Depuis toujours, répondit calmement Hermione en posant son verre de whisky PurFeu sur le coin d'un pupitre.

Severus regarda son apprentie, déconcerté. Qu'attendait-elle de lui? Avait-elle choisi cette carrière, cette vie, uniquement pour lui? Il fut saisi d'un vertige et recula jusqu'à buter contre son bureau et s'y cramponna malgré lui.

Elle aurait pu être sa fille; il en aurait été honoré, d'ailleurs, si cela avait été le cas. Hermione était une sorcière brillante, à la plume acérée, ravissante de surcroît… Qu'est-ce qu'elle pouvait bien trouver à un vieux faune asocial comme lui?

Elle interrompit le fil de ses pensées comme pour répondre aux interrogations qui défilaient dans son regard troublé.

- Severus, vous aimer ne m'a jamais empêché de vivre ma vie. Je n'ai pas choisi les potions pour vous, cette matière m'a toujours passionnée. Si je vous ai pris pour Maître c'est en raison de vos compétences hors normes et de votre droiture. Par ailleurs, je n'ai pas mis ma vie entre parenthèses pour vous; j'ai eu des relations avec bien des sorciers et je suis loin d'être vierge.

A la mention de ce détail, Severus sentit le rouge lui monter aux joues. Lui et sa stupide pudeur d'un autre siècle, à quoi s'attendait-il? Qu'elle brode des tapisseries sur son temps libre, lorsqu'elle ne brassait pas avec lui? Évidemment qu'elle avait fréquenté de jeunes et fringants sorciers et qu'ils s'étaient payé du bon temps. Le contraire eut été étonnant.

Les mœurs s'étaient notablement libérées par rapport à sa génération. Il n'avait tout simplement pas imaginé la jeune femme sur un autre plan que professionnel. Et puis il faut dire que son attitude à elle ne prêtait guère à confusion; Hermione était toujours impeccablement mise, elle n'avait jamais eu de geste ou de propos ambigu… Jusqu'à ce soir.

Il tenta de retrouver sa contenance:

- Mais que…

- Tout ce que je dis, c'est que je ne vous ai jamais oublié. J'ai bien essayé, et certains hommes étaient à la hauteur de mes espérances mais … Aucun n'était… vous. Je n'ai jamais pu m'empêcher d'imaginer ce que feraient vos mains sur moi à la place des leurs.

- Je comprendrais bien si je n'étais pas votre type, mais si par hasard l'envie vous prenait de frapper à la porte de ma chambre aux Trois Balais, un soir, sachez que vous la trouverez ouverte. Toujours.

- Miss Granger, c'est que je ne… vous ai jamais envisagée comme… une possibilité.

- Alors envisagez-moi, lança-t-elle en se campant face à lui.

Dans la froideur des cachots, avec la cheminée pour seule source de chaleur, à l'exception du whisky dans son estomac, Hermione se tenait plus pétrifiée que fière, mais cela, Severus l'ignorait.

Merlin, les sentiments qu'elle lui inspirait présentement étaient tout sauf filiaux, à son grand désarroi. Elle avait beau être de vingt ans sa cadette, tout ce que Severus voyait en cet instant, c'était une jeune femme calme, déterminée, qui pensait chaque mot qu'elle disait. Et son regard flamboyant. Comme si un feu s'était allumé dans ses iris. Peut-être étaient-ce les vapeurs d'alcool qui se dégageaient de ses lèvres. Sa gestuelle, moins contenue, plus désinhibée par le breuvage, ou ses cheveux qui paraissaient danser autour de son visage?

Severus fut saisi. Malgré lui, son regard glissa sur elle, de sa bouche à ses chevilles en passant par son corsage et ce fut à son tour de rougir imperceptiblement. Il fallait être un fou ou un eunuque pour ne pas s'apercevoir qu'Hermione était une femme et il avait été les deux pendant toutes ces années. Bien sûr qu'elle pouvait lui plaire. La question ne se posait pas en ces termes. C'est de lui qu'il doutait, avec son physique atypique et les traces que le temps et les épreuves avaient laissées sur son enveloppe. Sans mentionner son caractère irascible. Ne voyait-elle pas tout cela, comme le commun des mortels? Pourquoi cela ne l'arrêtait-il pas?

Les flammes de l'âtre projetaient sur elle leur lumière dansante alors qu'elle le fixait, comme attendant une réponse.

Et tout à coup, il envisagea. Il vit son corps comme un océan de possibilités. Un parcours de baisers, de caresses possibles, de lieux où plonger, se perdre. Il vit tout ce qu'un homme pourrait faire d'elle, avec elle. Il ne s'était tout simplement jamais dit qu'il pouvait être cet homme.

- Qu'attendez-vous de moi, Miss… reprit Severus, le souffle court. Je n'ai pas grand chose à offrir de plus que ce que vous pouvez voir de vos propres yeux en cet instant.

- C'est assez pour moi, répondit Hermione avec un sourire narquois. Si je cherchais une vie bien rangée, j'aurais épousé Ronald en sortant de Poudlard. Ou Krum. Ils m'ont tous deux fait leur demande.

Severus esquissa à son tour un léger sourire et se détendit un peu. Il s'appuya contre son bureau et jaugea la situation.

- Ainsi donc vous avez un goût pour les antiquités…?

- Vous êtes la seule antiquité que je goûte. Et puis vous avez 48 ans, Severus.

- Et vous 28.

- 29.

- Vétilles.

L'assurance d'Hermione commençait à se fissurer face à cet homme qui ergotait sur des détails au lieu de lui livrer le fond de sa pensée. Elle n'avait pas suffisamment bu pour lui tenir davantage tête aussi choisit-elle de battre en retraite avant de se ridiculiser plus encore.

- Il est tard, Professeur, dit Hermione, un peu lasse en se dirigeant vers la porte. Je vais vous laisser et retourner à ma chambre. Je repasserai demain matin pour finir l'élixir. Bonne soirée.

Hermione quitta les cachots précipitamment sans un regard pour Severus. Elle se mit en route pour sa chambre aux Trois Balais le cœur noué. L'air de la nuit acheva de la dégriser complètement et elle chemina dans la pénombre de ce mois d'octobre. Tout était calme et paisible quand elle franchit les grilles de Poudlard.

Plus elle s'approchait du village de Pré Au Lard et plus l'absurdité de son geste la frappait en plein visage. Qu'avait-elle fait? A quelques semaines de la présentation de leur article sur l'élixir de guérison des morsures de loup-garou… Elle n'avait fait qu'embarasser son mentor avec ses fantasmes d'adolescente attardée et prit le risque de compromettre leur collaboration. Il lui avait fallu du temps pour convaincre le Sombre Sorcier de reprendre la recherche magique fondamentale et plus encore pour la prendre comme apprentie… Et elle lui avait balancé sans pudeur ni scrupules le fond de ses pensées après un simple verre de Whisky Pur Feu.

"Idiote", marmonna-t-elle dans sa barbe. Comment avait-elle pu penser qu'un homme de sa stature aurait pu s'intéresser à elle, une gamine dévoreuse de livres? Avec un passé d'espion et de héros de guerre comme le sien, il n'avait pas dû manquer de propositions de la part de sorcières charismatiques, puissantes, de haute lignée, autrement plus attirantes qu'elle. Comment avait-elle pu penser l'espace d'un instant qu'il la regarderait autrement que comme la Je-sais-tout agaçante qu'elle avait toujours été?

Hermione pénétra dans l'auberge endormie; personne ne se trouvait à l'entrée. Seul un chandelier posé sur le comptoir éclairait encore la pièce. Les derniers clients avaient dû rentrer bien avant avant elle.

Sans faire de bruit, elle grimpa les escaliers qui menaient jusqu'à sa chambre, ouvrit sa porte et commença à se déshabiller. Honteuse, elle tourna le dos à son miroir afin de ne pas croiser son reflet. Peut-être qu'après une bonne nuit de sommeil, elle verrait les choses différemment. Peut-être qu'elle pourrait mettre sur le compte de l'alcool son babillage de la veille? Ou même prétendre n'avoir aucun souvenir de cette conversation et laisser ainsi derrière elle la gêne qui l'accablait en cet instant? A peine eut-elle le temps d'allumer un chandelier que…

Toc toc.

Deux légers coups furent frappés à sa porte alors qu'elle venait d'ôter sa robe de sorcière qui recouvrait ses vêtements de jour.

Hermione se figea et attendit.

Toc toc.

Elle n'avait pas rêvé. D'une voix étouffée, elle répondit: "Entrez".

La porte s'ouvrit et Severus apparut dans l'embrasure.

- Nous n'avons pas fini cette conversion, Miss.

- Il me semble au contraire que les choses étaient plutôt claires, Professeur.

- Ah c'est donc cela le fameux courage griffondorien? S'enfuir après avoir lâché sa bombe, non sans s'être légèrement enivré auparavant, fit-il remarquer, grinçant.

- Je ne me suis pas enfuie, je…

- Voyez-vous ça. Disons alors que vous avez battu en retraite? dit-il avec un sourire goguenard. Vous comptez m'inviter à entrer, ou vous tenez à ce que toute l'auberge ait de quoi faire des ragots au petit déjeuner demain?

Hermione garda le silence et s'assit sur le lit de sa petite chambre. Elle baissait le regard,, confuse, comme si elle cherchait à se cacher derrière le rideau de ses cheveux. Severus s'avança et ferma la porte derrière lui. Puis ce fut à son tour de se défaire de sa superbe et il baissa sa garde.

- Miss, je vous trouve ravissante. N'importe quel homme, sorcier ou moldu, devrait s'estimer sorti de la cuisse de Merlin si une sorcière telle que vous lui faisait pareille déclaration. La question ne se pose pas en ces termes. Vous rendriez n'importe quel bipède masculin heureux. Qu'attendez-vous de moi?

- Tout. Rien. Je ne sais pas. Ce que vous voudrez. Vous.

- Je ne suis pas un homme comme il faut pour vous, Hermione. Entendre son prénom dans sa bouche la toucha en plein cœur. Pour aucune femme digne de ce nom, d'ailleurs. Mon passé, vous le connaissez. Et avec un cerveau comme le votre, vous déduirez aisément les traces que cela laisse sur un homme. Et puis je n'ai plus vingt ans; je suis usé…

- Severus, ...

Hermione s'était levée et approchée du potionniste. Elle avait fini par comprendre son tourment. Elle vit le doute dans les petits plis aux coins de ses yeux.

Elle prit sa main entre les siennes, tendrement et reprit:

- Ça m'est égal. Je m'en moque. De votre âge, de vos allégeances passées,... Je vous vois; ça me va. Tout ce que je veux, ce sont vos mains sur moi.

Et elle joignit le geste à la parole en posant sa grande main sur sa poitrine et il ne la retira pas.

- Pour moi, vous êtes spécial, depuis toujours.

- Mais j'étais votre enseignant… Puis aujourd'hui votre Maître de recherche…Et toutes ces conneries grandiloquentes qu'a écrit la Gazette du Sorcier après la guerre… Ça a dû fausser votre regard sur moi…

- Je ne vous idéalise pas, Severus. Je sais que vous êtes un potionniste intransigeant et un homme solitaire, caractériel, à la limite de la sauvagerie. Et avec un peu de chance, vous ronflez la nuit…

- Granger, espèce de guenon à baguette, je ne vous permets…

- … mais, reprit imperturbablement Hermione, en ce qui concerne votre statut de "héros de guerre", je sais que la réalité est bien plus grise que blanche vous concernant; mais c'est une nuance de gris que je juge acceptable.

Severus se tut. Elle avait l'air lucide, ce qui était un bon point. Il n'aurait pas pu considérer une personne sous l'emprise d'une image idéalisée le concernant. Trop de sorcières l'avaient approché persuadées d'avoir affaire à un chevalier blanc au service du bien, aveuglées par leurs projections et jamais Severus n'avait eu le sentiment d'être vu pour ce qu'il était.

Tout à coup, il sentit le cœur d'Hermione s'affoler sous ses doigts toujours posés sur son sein.

- … Et puis vous avez ce magnétisme qui agit sur moi et je doute d'être la seule à qui vous inspirez des pensées de ce genre, acheva-t-elle en s'empourprant.

Severus la regarda, radoucit. Il fallait une sacré dose de courage ou d'inconscience pour de tels aveux.

Il attrapa son menton entre deux doigts pour relever son visage vers lui. Il se pencha sur elle et déposa un chaste baiser sur son front. Hermione ferma les yeux.

- Regardez-moi, ordonna-t-il.

Elle les rouvrit. Puis un autre baiser, moins chaste, sur sa pommette la fit frissonner jusque dans ses reins. Enfin, le dernier qui se posa sur sa bouche n'avait plus rien d'équivoque. Severus s'interrompit, lui laissant ainsi une occasion de se raviser. Il la jaugea de toute sa hauteur, un pli dubitatif sur ses lèvres.

- Vraiment, voulez-vous…? dit-il en glissant une main paresseuse le long de ses côtes sur son chemiser.

- Je le veux, coupa-t-elle.

Hermione pressa alors son corps contre le sien. Elle voulait le sentir, déposer son empreinte sur la silhouette qui l'avait hantée toutes années durant. Pour toutes les fois où Ron l'avait serrée contre lui et où l'image fugace de Severus était apparue à sa place, pour toutes les fois où Viktor l'avait embrassée maladroitement et qu'elle avait imaginé ce que les lèvres expertes de Severus feraient à la place de celles du jeune homme gauche.

Severus était comme elle se le figurait; grand, noueux, plein, d'une force tranquille. Un peu moins décharné que lorsqu'elle était élève à Poudlard, pour son plus grand bonheur. Malgré ses doutes et ses fêlures, il avait cette assurance masculine qui l'aimantait tant. Il semblait dire au monde "voilà ce que je suis, c'est à prendre ou à laisser".

Le contraste avec le corps frêle mais indéniablement féminin d'Hermione était d'autant plus saisissant. Severus la saisit avec précaution malgré le feu que la sorcière venait d'allumer en lui, conscient de leur différence de carrure. Ainsi donc cette délicate dame avait faim de lui…

- Vous êtes folle à lier, ronronna-t-il en embrassant son cou tout en défaisant les boutons de son chemisier.

Hermione se contenta de sourire alors qu'il glissait dans son décolleté avec gourmandise. Elle plaqua ses doigts dans ses longs cheveux noirs, et aussi désormais, parsemés de quelques fils argentés.

Son nez humait sur son passage la peau de la jeune femme et bientôt Hermione poussa un petit cri étouffé: Severus venait de saisir un sein pâle avec ses lèvres et faisait courir sa langue sur son sommet coloré. La jeune femme tenta de graver dans sa mémoire cette image particulièrement érotique qu'était son ex-professeur enfouis dans son cou. Une décharge de plaisir inattendue explosa dans son intimité.

- Eh bien, eh bien, Miss… J'espère ne pas décevoir toutes ces années de rêveries insensées, souffla Severus contre sa chair soyeuse.

Elle pouffa.

- Je n'attends aucune performance, Severus. Juste vous.

Il la fit basculer sur le lit étroit de la chambrette et ce faisant, il ne put s'empêcher de se demander le prénom du dernier sorcier à avoir eu l'insigne privilège de poser ses mains sur Hermione; il en conçut un animosité inattendue à son égard. Puis il se rappela qu'une demi-heure avant, il ignorait encore tout des inclinations de la jeune femme et qu'il n'avait aucun droit de regard sur sa vie, passée, présente ou même future et se raisonna.

Severus s'appuya sur ses avants bras pour ne pas écraser totalement la jeune sorcière tout en la capturant de la plus délicieuse des manières entre ses jambes. L'attirance était pour le moins réciproque si Hermione se fiait à la solide érection qu'elle sentit contre son entrejambe. Cela la rassura un peu.

Même si elle avait encore sa jupe, elle ne s'était jamais sentie aussi nue qu'à cet instant, couchée sur le dos, devant ses yeux noirs qui la détaillaient. Son cœur devenu transparent face à l'objet de son désir, sa poitrine dénudée, elle n'avait jamais autant révélé d'elle-même.

Il dû se rendre compte de son trouble car il caressa tendrement sa joue d'une main calleuse et lui murmura à l'oreille:

- Vous êtes magnifique. Probablement démente de chasser un dinosaure de mon espèce, mais sans aucun doute la plus brillante sorcière de votre génération, arrêtez de douter de vous.

Cette fois, ce fut Hermione qui mangea ses lèvres, rassurée et grisée. Il avait un goût de réglisse et de café. Quel homme sain d'esprit buvait du café à 23h passée…? Pas étonnant qu'il veille toute la nuit et que les rumeurs sur son statut de vampire perdurent… Elle sourit en pensant que Neville le croyait encore. Pour un vampire, il avait le sang drôlement chaud.

Hermione déboutonna la redingote puis la chemise de l'austère professeur. Ses doigts pressés peinèrent à venir à bout de l'édifice mais une fois parvenue à son but, elle put enfin accéder à sa peau. Sans surprise, son torse comportait nombre de cicatrices mais aussi quelques tâches de rousseur saupoudrées en paillettes çà et là. Touchant; comme si une part d'enfance, d'innocence, avait persisté à vivre sur son corps malgré les épreuves.

Enfin, sa peau chaude contre la sienne. Son ventre frotta contre le sien. Il fallait bien ça pour calmer l'embrasement qui torturait la sorcière. Elle n'avait jamais été si près de son but. Joueuse, elle poussa l'audace jusqu'à saisir ses fesses à travers son pantalon. Elle en avait toujours rêvé quand elle était étudiante lorsqu'il passait furtivement dans les rangs. Fermes et élastiques. Pas mal du tout, pour un quasi quinquagénaire…

La réaction du potionniste ne tarda pas:

- Granger qu'est ce que vous foutez ..?!

- Simples vérifications scientifiques… Je m'assurais que la légende disait vrai, du temps de Poudlard…

- Concernant mon cul?!

- Il faut toujours vérifier les rumeurs à la source. Question de méthode.

- Et l'on peut savoir ce que "les rumeurs" disaient? demanda-t-il en disséminant des baisers sur ses côtes comme pour la soudoyer et satisfaire sa curiosité.

- Que vous cachiez des fesses de centaure sous vos robes… Oooh…. soupira la jeune femme sous ses caresses. Il venait de passer sa langue autour de son nombril.

Il rit silencieusement sans s'interrompre et s'attela à défaire sa jupe en la faisant glisser le long de ses jambes.

- Et vos conclusions, Miss Granger?

- Favorables, professeur. Excessivement favorables. Ça mérite bien un Optimal…

- N'hésitez pas à les envoyer par hibou express à Sorcière Hebdo dès demain à la première heure, dans ce cas. Le monde magique doit avoir cette information capitale…

- Je n'y manquerai pas aaah …. gémit la jeune femme alors que ses doigts s'aventuraient dans les plis interdits.

Severus s'attaquait maintenant au sous-vêtement d'Hermione. Dernier arrêt avant nudité complète.

Merlin… Quel délice de voir l'effet qu'il avait sur elle. Severus sentit son entrejambe prendre des proportions inédites. Les gémissements de Granger étaient le meilleur aphrodisiaque qu'il ait eu depuis un moment… A tel point qu'il eut cette peur archaïque de ne pas tenir bien longtemps. Hors de question de passer pour un de ces adolescents empotés qu'elle avait eu pour amants, son orgueil ne le supporterait pas.

La culotte d'Hermione fut retirée sans ménagement et rejoignit le tas de vêtements qui s'accumulait au sol.

- Severus, où est-ce que …

- Chhh… Tout va bien.

Severus souleva une cuisse d'Hermione, la posa sur son épaule, puis il plongea. Sa langue avait trouvé le centre névralgique de la sorcière.

- AAAAh! hissa la jeune femme en plantant instinctivement ses ongles dans l'épaule du potionniste. Oh non, le pauvre homme qu'avait-elle fait.. Pardon Severus, fit-elle en se relevant. je ne voulais pas…

- Granger, s'interrompit l'homme. Si pour une fois dans votre vie vous renonciez à vouloir tout contrôler…

Et il reprit ses explorations arrachant à la sorcière des soupirs de plus en plus sonores. Les voisins de chambre - et peut-être même tous les clients de l'étage - en seraient pour leurs frais. Hermione s'agrippa aux draps cette fois; elle paraissait convulser sur son lit et son corps se soulevait de façon erratique au gré du serpentement de la langue curieuse. La jeune sorcière était couverte d'une pellicule de sueur, les membres désordonnés sur l'édredon. Elle se mordit les lèvres comme pour retenir ses cris, mais c'était peine perdue.

- Putain de bordel de merde, cria Hermione en s'arqueboutant. Son visage était brûlant. Une tempête électrique ravageait ses nerfs. Prenez-moi maintenant Severus ou vous allez me tuer.

Quel langage! Même la fois où elle s'était renversé accidentellement du Dermacide sur les mains, elle n'avait pas juré comme ça et pourtant, le produit avait rongé une partie de ses gants en peau de dragon…

Severus prit une seconde pour toiser la jeune femme sous lui. Il vit son visage enflammé, ses yeux devenus fauves, ses lèvres rougies. Merlin! Ce n'était pas tous les jours que ce genre de situations se produisaient.

Jamais il n'aurait pensé que le rat de bibliothèque Granger cachait un caractère aussi volcanique. A vrai dire, jamais il n'avait pensé à Granger en ces termes mais depuis une demi-heure, les limites du convenable semblaient avoir volé en éclat.

Eh bien soit, il la prendrait. Severus déboutonna son pantalon et en sortit un appendice de belle taille. Hermione se rajusta sur le lit devenu champ de bataille et l'attira contre elle. Elle avait beau avoir vécu mille fois ce moment en rêve, elle n'était pas prête à l'émotion qui la saisit à cet instant. La sorcière ressentit une tendresse infinie l'envahir. Severus Snape; son Severus était là dans sa chambre. Elle aurait voulu que ses mains lui transmettent toute la magie qu'il lui inspirait; toute l'incandescence qui la dévorait, saisir un instant son cœur à mains nues, plus encore que sa queue.

A la lueur vacillante des bougies, il lui parut beau, nu et tout dévoué à son plaisir. Oh il y avait bien quelques cernes, quelques marques, un petit ventre qui prouvait qu'il avait cessé de vivre comme un prisonnier en sursis. Mais il y avait surtout son ardeur, son regard brûlant et la douceur de ses mains. Et sa bouche, … Rowena, sa bouche… Elle faisait bien plus de ravages ainsi que lorsqu'elle descendait en flèche un élève maladroit en classe. Mais cela, personne ne le savait. On n'avait jamais eu vent des aventures du sombre sorcier entre les murs de Poudlard; sa vie privée était mieux gardée qu'un coffre de Gringotts.

Hermione se sentit si privilégiée d'avoir enfin accès au corps de cet homme qu'elle n'avait vu qu'habillé pendant toutes ces années. Elle en profita pour passer avidement ses mains sur ses omoplates, ses reins, ses fesses enfin nues. Qui sait si pareille occasion se représenterait un jour?

Cette fois, Severus ne s'en plaignit pas, trop occupé à dévorer sa clavicule de baisers et à empoigner ses seins. Il se positionna face à son entrée, écarta un mèche ondulée qui retombait sur son visage et chercha son assentiment du regard.

- Severus… miaula-t-elle en guise de réponse.

Alors Severus la plaqua dos contre le lit et la pénétra lentement pour lui laisser le temps de s'ajuster. Hermione eut le souffle coupé lorsqu'il finit par buter contre son col. Il n'avait pas que des fesses de centaure,...

Peu importe; l'excitation prit le dessus et le silence de la nuit ne fut entrecoupé que par les râles qui ponctuaient leurs va et viens et le grincement des ressorts de la vieille literie. Hermione ne s'était jamais sentie aussi désirable et féminine que sous le corps lourd de Severus. Sa grande main posée sur son flanc lui fit l'effet d'une délicieuse brûlure. Elle se tendit vers lui pour quémander ses lèvres. Il les conceda sans difficulté et Hermione se contracta de plaisir autour de lui. L'effet fut immédiat.

- Granger, je ne vais pas durer bien longtemps si…

- Moi non plus, répondit la jeune femme en flattant ses testicules.

Severus ahana sourdement et s'enfonça en elle. Elle avait allumé en lui un feu froid qui ne s'éteindrait qu'une fois rassasié.

Bouche, seins, cou, côtes, fesses, cuisses... Severus goûtait à tout, ravageait tout sur son passage, guidé par les seuls soupirs d'Hermione dont le vocabulaire semblait s'être réduit à une série de "oui" étranglés.

Comment avait-il pu garder sous clef cette fougue tout ce temps, se demanda la jeune femme. Comment pouvait-il rester si maître de lui-même alors que son corps entier n'était qu'un appel à la débauche?

Elle n'eut pas le temps de réfléchir bien longtemps à ce mystère car Severus venait de la soulever fermement pour se placer dans son dos en levrette.

- Qu'est-ce que…

- Tournez-vous, Granger.

Hermione obéit. Il s'enfonça en elle plus encore et elle s'accrocha à la tête de lit pour ne pas vaciller. D'une main ferme, le sombre sorcier empoigna ses cheveux et les tira suffisamment pour dégager sa nuque et l'embrasser. Par Helga… Son souffle chaud dans son cou lui tordit les entrailles. Elle se resserra encore autour de son sexe en sentant le plaisir monter. Il était directif, juste assez pour lui donner l'impression de savoir où il allait, ce qui n'avait jamais été le cas avec Ron. Mais il avait cette prévenance exquise qui faisait de lui un gentleman en toute circonstance. Même avec sa queue fichée en elle, à quatre pattes.

Combien de fois avait-elle visualisé cette scène en cours, en conférences ou lors de leurs travaux en tête à tête, lui, la prenant comme une bête fauve sur un bureau ou dans un coin sombre de la bibliothèque ?

Petit à petit, ses immixtions se firent plus brutales et chaque coup de rein faisait s'agiter sa poitrine. Severus plaqua sa paume calleuse contre un sein comme pour l'empêcher de bondir et s'enfouit en elle. Que sa peau était douce. Il ne pensait plus y avoir encore droit dans cette vie… Par Paracelse, ce n'était pas un coureur et il estimait avoir eu sa part de jolies sorcières dans sa jeunesse. Mais celle-ci n'était pas seulement jolie, elle était également fougueuse et visiblement un peu inconsciente pour se perdre dans ses bras.

- Severus…

Malgré tous ses efforts pour faire durer le plaisir, il n'était plus très loin. Aussi, lorsqu'elle le sentit sur le point de jouir, Hermione caressa son clitoris pour atteindre elle aussi l'orgasme.

- Oh Sorcière… lâcha Severus avant de s'effondrer dans un râle.

Ils s'écroulèrent, moites et repus, l'un dans le corps de l'autre. Severus roula sur le côté pour ne pas écraser la sorcière qui reprenait son souffle et ses esprits. Du bout des doigts, il traça des arabesques sur le ventre et la poitrine d'Hermione étendue près de lui.

Alors qu'il plongeait dans un sommeil béat, Hermione se désincrusta péniblement des draps et fila faire une toilette de chat dans la salle de bain attenante.

Lorsqu'elle revint, Severus ronflait comme un bienheureux. Elle sourit, amusée d'avoir vu juste avant de lui lancer un "Silencio" temporaire afin de pouvoir s'endormir à ses côtés. Elle se lova contre lui pour profiter encore un peu de sa chaleur. "Espèce d'indécrottable groupie!" lui souffla une petite voix à l'intérieur de sa tête, mais elle choisit de l'ignorer pour le moment. Elle aurait bien le temps de penser aux conséquences plus tard. Elle s'endormit le sourire aux lèvres en enlaçant sa taille, enveloppée de son odeur.

La lumière du petit jour filtra à travers les volets de la modeste chambre.

Hermione était déjà levée depuis un moment lorsque Severus ouvrit les yeux. Elle lisait une revue scientifique une tasse de thé à la main blottie dans un petit fauteuil en face du lit. De ce qu'il pouvait voir, elle ne portait qu'un grand tee-shirt noir, et peut-être une culotte. Charmante vision, de son point de vue.

- Bonjour Severus, sourit-elle.

- Granger, marmonna-t-il en guise de salut.

Il se releva et s'adossa au mur derrière lui.

- Je ne vous imaginais pas en train de lire le dernier numéro de Filtres et Élixirs en petite culotte.

- Et comment m'imaginiez-vous exactement, reprit Hermione amusée. Dans une robe en toile de jute qui gratte, sur une chaise qui grince, dans une cave mal éclairée?

- … Quelque chose dans ce goût là convint Severus.

Hermione ravala un sourire en gardant le silence. Il était beau, encore enfariné de la veille, les cheveux en bataille, les traits lourds, le corps nu.

- Merlin… Alors, cela valait l'attente? s'enquit Severus d'un ton détaché qui cachait mal sa légère anxiété.

- Je crois qu'il me faudra un deuxième essai, déclara Hermione. La méthode scientifique, vous savez… On ne peut pas tirer de conclusions à partir d'une seule expérimentation.