Bonjour/bonsoir, merci de vous être arrêté pour lire cette nouvelle fanfic sur Final Fantasy XV. Si vous n'avez pas fini le jeu, attention, cette histoire pourrait comporter des SPOILERS. Merci de votre compréhension.
Cette fanfiction est de type Univers Alternatif où Prompto est Prince de Niflheim. Niveau personnages, on retrouve des visages classiques (Noctis, Luna, Régis, Aranea, Wege, etc...) ainsi que de nouveaux personnages qui seront plus mentionnés que réellement présents dans le récit. Malgré de nombreuses relectures, veuillez pardonner et éventuellement me signaler des fautes de frappe, de grammaire ou d'orthographe.
Pour information, si ça vous intéresse, les âges des personnages:
Lunafreya Nox Fleuret et Stella Aurum Aldercapt : 24 ans
Noctis Lucis Caelum : 20 ans
Prompto Argentum Aldercapt : 19 ans et demi (l'histoire se passant en septembre, il va avoir 20 ans dans environ un mois)
Ravus Nox Fleuret : 30 ans
Disclaimer : Final Fantasy XV ne m'appartient pas.
Préface
La guerre entre Niflheim, nation de l'Ouest qui fut la dernière demeure de la Glacéenne, et le Lucis, royaume de l'Est béni par la lumière du Cristal, avait commencé trente ans avant le début de cette histoire. A l'Ouest était l'Empereur Iedolas, avide de pouvoir et jaloux de la lumière qui protégeait le Lucis pendant son peuple se mourrait lentement dans les ténèbres du Fléau qui tourmentait Éos. A l'Est était Régis, roi du Lucis qui, pour protéger sa cité d'Insomnia contre les invasions impériales, érigea un mur protecteur autour d'elle grâce à la magie du Cristal.
Chaque nation eurent ses héritiers. Iedolas engendra deux enfants : d'abord Stella, princesse héritière de l'Empire, née la même année que la jeune Oracle Lunafreya; puis Prompto, second prince né d'une union illégitime. Il naquit la même année que Noctis Lucis Caelum, unique héritier du roi Régis. Cette histoire commence alors que le Lucis, plus menacé que jamais par l'Empire, reçoit une aide inespérée du prince de Niflheim.
Chapitre 1 : La proposition du prince impérial
Les mains de Prompto étaient moites tandis que les portes lisses de l'ascenseur se refermèrent silencieusement. Il aurait voulu poser une main sur la crosse rassurante d'un de ses pistolets, seulement on lui avait confisqué ses armes avant de le laisser entrer dans la Citadelle Royale, demeure des souverains d'Insomnia. Le jeune homme ne parvenait toujours pas à réaliser qu'il se trouvait au cœur du royaume de Lucis, derrière le Mur érigé par nul autre que le roi Régis pour protéger sa cité des invasions extérieures. C'était un miracle que Prompto ait pu passer. Après tout, Niflheim et le Lucis se livraient une guerre sans merci depuis presque maintenant trente ans. Une guerre à laquelle Prompto avait participé.
Les Glaives du roi de Lucis savaient-ils qu'il avait du sang lucisien sur les mains ? Était-ce pour ça qu'ils le regardaient aussi froidement ? En dépit de la fierté toute impériale que sa sœur et ses précepteurs avaient tenté de lui inculquer durant toute son enfance, Prompto ne parvint pas à croiser le regard des deux Glaives présents avec lui dans l'ascenseur. Il avait littéralement supplié aux portes d'Insomnia de pouvoir demander une audience au roi Régis, et c'était seulement parce que les Glaives avaient bien voulu faire passer le message à leur souverain que Prompto avait pu passer. Le moment n'était pas à l'arrogance ni à la fierté. Le jeune homme fixa donc le sol d'un regard absent. Faute d'armes, ses doigts tripotèrent le pendant du ruban rouge passée sous sa ceinture de cuir, symbole de son appartenance à l'Empire.
Prompto ignorait pourquoi le roi du Lucis avait accepté sa demande d'audience imprévue et improbable. Quand il avait quitté Gralea, la capitale impériale, il avait cru trouver la mort en rejoignant Insomnia. Il pensait qu'on lui tirerait dessus sans plus de réflexion une fois qu'il serait reconnu. C'était ce qu'il se serait certainement passé si les situations avaient été inversées, si le prince du Lucis s'était présenté aux portes de la capitale impériale.
Une délicate sonnette retentit dans l'espace exigu de l'ascenseur quand celui-ci arriva à destination. Les portes coulissèrent, dévoilant un hall relativement petit, mais haut de plafond et richement décoré. Prompto fit un pas presque timide à l'extérieur de l'ascenseur, tentant d'ignorer les Glaives armés qui l'attendaient et lui jetaient des regards sinistres. Les yeux du prince impérial s'attardèrent sur les larges tableaux décorant les murs, racontant les vieilles légendes d'Éos et des Six Astraux. Il regarda ensuite l'immense fresque peinte au-dessus d'une grande porte devant mener à la salle du trône. Les lucisiens avaient toujours été attachés à la prophétie selon laquelle la lignée royale du Lucis engendrerait le « Roi de Lumière », chargé de sauver le monde des ténèbres et de bannir une bonne fois pour toutes ce qu'on appelait le Fléau des Etoiles, responsable de l'apparition des daemons. Prompto se sentit intimidé. La lignée des rois du Lucis était très ancienne et remontait à pratiquement deux mille ans. Ils étaient les gardiens du Cristal d'Éos, le dernier lien entre l'humanité et le ciel. Qu'était Niflheim à côté ? Sa technologie pouvait-elle vraiment rivaliser avec une famille bénie des dieux eux-mêmes ? Il y avait longtemps, le territoire impérial était la demeure de la Glacéenne, mais Shiva était tombée dans un éternel sommeil, et les impériaux s'étaient peu à peu détournés des anciennes croyances.
Prompto fut mené par les Glaives devant la porte menant à la salle du trône. Un homme au visage dur se tenait devant elle. Prompto regarda brièvement la longue épée ceinte à la taille du guerrier, et ne tarda pas à reconnaître Cor l'Immortel. Ses muscles se raidirent et ses yeux se plissèrent. Le Maréchal Cor jouissait d'une terrible réputation à Niflheim. On disait que c'était lui qui avait tué le commandant Loqui Tummelt deux mois plus tôt, lors du siège de Lestallum au terme duquel le Lucis était parvenu à reprendre la ville de l'emprise impériale.
– Prince Argentum, le salua l'Immortel d'une voix froide. Sa Majesté est prête à vous recevoir. Permettez néanmoins que nous procédions à une ultime fouille avant de vous laisser pénétrer à l'intérieur.
On l'avait déjà fouillé pas moins de quatre fois depuis son entrée dans Insomnia, mais Prompto hocha la tête et resta docilement immobile tandis que deux Glaives se mirent à le palper des pieds à la tête. Il n'avait plus aucune arme ni son portefeuille ou son téléphone, et on lui avait même pris son appareil photo. Un des Glaives attrapa le médaillon d'or, frappé des armoiries impériales, qu'il portait autour de son cou. Mais au mouvement de recul de Prompto, et après un petit signe négatif de la part de l'Immortel, il laissa retomber le bijou sur la poitrine du prince. Finalement, on ne trouva rien de plus à lui confisquer, et après lui avoir laissé quelques secondes pour reprendre contenance, l'Immortel fit un signe de la main, et les portes s'ouvrirent.
Prompto s'avança lentement. La salle du trône du Lucis était plus petite que celle de l'Empire, mais pas moins imposante. Un tapis rouge carmin courait sur le sol de dallage noir, menant de la porte à un imposant escalier de pierre menant au dais du trône royal. Les murs de pierre blanche montaient pour former des ogives comme la voûte d'une cathédrale, percés d'imposantes fenêtres qui inondaient la salle de lumière, en dépit de ses teintes sombres. Le noir, Prompto le savait, était la couleur de la royauté du Lucis, autant que le blanc était celle des anciennes reines de Tenebrae et, assez ironiquement, de l'Empire. Une vingtaine d'autres Glaives formaient une rangée de part et d'autre du tapis menant au trône royal, et derrière eux s'amassait une petite foule de ce qui devaient êtres des dignitaires royaux.
Le prince impérial tenta de ravaler l'anxiété qui grandissait en lui et tissait lentement, mais sûrement, une fine pellicule de sueur sur ses tempes. Il sentit la proximité de l'Immortel, placé derrière lui sur sa gauche. Un geste menaçant, et la lame du Maréchal trancherait certainement sa gorge. Il sentait les regards curieux, méfiants et haineux des Lucisiens tandis qu'il s'avança vers le trône, la démarche lente mais les épaules néanmoins droites.
Le roi Régis l'attendait, assis sur son trône imposant. Il était vêtu de son uniforme noir, une capeline cousue de fils d'or sur les épaules et une ceinture d'or à la taille. Ses yeux, calmes mais attentifs, suivaient sa progression avec une attention particulière. Sur sa gauche se tenait un homme d'imposante carrure que Prompto reconnut comme Clarus Amicitia, Bouclier du Roi du Lucis. Sur sa droite se dressait nul autre que le prince héritier. Prompto ne put s'empêcher de lancer un bref regard vers ce dernier. Le Prince Noctis ressemblait à son père, mais conservait sur le visage une certaine rondeur typique d'une enfance encore proche. Néanmoins, ses yeux bleus étaient perçants sous ses mèches d'ébène et sa posture droite laissait deviner l'entraînement militaire intensif qu'il avait dû suivre depuis son enfance. Prompto savait que le prince était un redoutable guerrier, et que dans ses veines coulaient le sang béni par le Cristal lui-même, permettant aux rois du Lucis de manipuler la magie d'Éos.
Sur les dernières marches menant au trône se tenaient encore trois personnes que le prince impérial regarda quelques secondes du coin de l'œil. Il reconnut facilement Gladiolus Amicitia, fils de Clarus et Bouclier du Prince, et Ignis Scientia, descendant de la lignée des conseillers royaux du Lucis. Mais son regard s'attarda sur la femme en robe blanche qui se tenait le plus près du trône. Sa gorge se serra en reconnaissant l'Oracle Lunafreya Nox de la Maison des Fleurets, ancienne lignée royale de Tenebrae. Prompto n'avait été qu'un enfant quand Niflheim avait envahi Tenebrae et assassiné la mère de Lunafreya, mais il ne pouvait s'empêcher de se sentir terriblement coupable d'être dans la même pièce que l'Oracle. Il baissa rapidement les yeux en croisant le regard de la jeune femme, comme si ses yeux l'avaient brûlé au plus profond de son âme.
Prompto s'arrêta devant les premières marches menant au dais. La sueur lui coulait le long du dos tant il avait peur. Il était conscient de n'être qu'un étranger – un ennemi – vêtu de son uniforme militaire blanc ceinturé de rouge. Il ne se sentait pas comme un prince, ni même comme un guerrier en ces lieux, mais comme un petit garçon sous le regard lourd de la royauté d'Insomnia. Son corps bougea heureusement tout seul, ses muscles prirent le dessus sur son cerveau embrumé. Il posa la main droite sur son cœur – le salut ancestral aux rois du Lucis – et posa brièvement son genou gauche au sol dans une courte révérence – le salut traditionnel aux empereurs de Niflheim – avant de saluer le roi Régis d'une voix presque trop basse, mais heureusement sans tremblements.
– Votre Majesté.
– Prince Argentum, répondit le roi.
Sa voix était grave et neutre, ne laissant rien deviner quant à son opinion sur la venue du prince ennemi dans son royaume. Prompto se redressa d'un mouvement souple. Ses épaules étaient droites, ses pieds bien d'aplomb et ses bras le long du corps. Mais il n'osa pas regarder le roi dans les yeux, préférant fixer son regard sur l'attelle en or adornant le genou gauche du monarque. Ainsi, les rumeurs sur la santé défaillante du souverain n'étaient pas fausses…
– Je ne m'attendais pas à votre venue, Prince, dit Régis après quelques secondes d'un lourd silence. Aux dernières nouvelles, votre empire et mon royaume sont en guerre. Quelle raison amène le second héritier de Iedolas dans ma cité ?
Prompto crut détecter de la menace dans les paroles du roi. Il baissa la tête avant de pouvoir s'en empêcher, mais sa voix demeura ferme quand il répondit.
– Votre Majesté, je ne viens pas au nom de mon beau-père, Iedolas Aldercapt, Empereur de Niflheim. Je ne viens pas non plus au nom de ma demi-sœur, la Princesse Impériale Aurum Aldercapt, première héritière de Niflheim. Ma visite en votre cité est impromptue car elle est de mon plein gré et, je le crains, pas de celui de l'Empereur ou de son héritière.
Un étrange silence suivit son annonce. Des chuchotements empressés montèrent de la foule de dignitaires dans la salle du trône, mais Prompto resta immobile, refusant de laisser montrer les frissons qui parcouraient ses épaules raides. Il crut apercevoir du coin de l'œil Amicitia et Scientia échanger quelques courtes paroles. Il sentit le regard du Prince Noctis sur sa tête, mais refusa de lever les yeux.
– Quelle raison, demanda lentement le roi après que le brouhaha se soit éteint, a pu ainsi donc pousser un prince impérial à passer outre l'autorité de son propre pays pour consulter l'ennemi ?
Prompto pouvait déjà entendre le mot « traître » dans la foule derrière lui, et dans les regards posés sur lui. Il humidifia ses lèvres sèches. Des larmes lui brûlaient déjà les yeux, mais il les retint.
– Je…suis venu… Je suis venu ici, Majesté, pour vous proposer un armistice entre nos deux pays.
Cette fois, ce fut un cri indigné qui fusa dans la salle du trône, suivi de plusieurs sifflets. Un mouvement de colère secoua la foule, contenue tant bien que mal par les Glaives. Clarus Amicitia se pencha sur son roi pour lui glisser quelques paroles à l'oreille, et même l'Oracle quitta son poste sur les marches pour rejoindre le trône et parler au roi. Mais de tout cela, Prompto ne vit rien car son cœur battait trop fort dans sa poitrine et son regard se voila légèrement. Il s'efforça à respirer profondément pour garder contenance.
Le roi abattit soudainement sa canne contre le sol pour réclamer le silence, lequel retomba presque immédiatement. Tous les regards étaient rivés sur le monarque, expectatifs, et même Prompto risqua un coup d'œil vers le visage du roi pour sonder son expression. Inflexible, mais une teinte de surprise était visible dans ses yeux alors qu'il rivait un regard curieux sur le jeune homme.
– Pardonnez ma question, Prince, mais quel armistice êtes-vous capable de nous offrir, si vous êtes venu ici sans le consentement ni même le savoir de votre empereur ? demanda-t-il.
– Je ne peux effectivement pas vous offrir l'armistice de l'Empire, mais je peux vous donner celui du peuple impérial, répondit Prompto d'une voix rauque.
Comme le roi resta silencieux, Prompto poursuivit.
– J'ignore ce qu'il se dit sur mon pays en votre royaume, Majesté. Mais le peuple de Niflheim souffre autant que vous de cette guerre trop longue. Mon beau-père s'est trop longtemps laissé entraîner par son ambition et perd pied avec la réalité. Il n'est plus populaire auprès de son peuple et… la prise de Tenebrae n'a fait qu'augmenter l'animosité que lui portent les habitants de l'Empire. Nous n'aspirons désormais qu'à la paix, et c'est dans l'espoir de l'obtenir que je suis venu ici.
– Pourquoi Niflheim désirerait la paix alors qu'elle est si proche d'obtenir la victoire ? demanda rudement Clarus Amacitia, surprenant Prompto.
Le prince impérial leva les yeux vers le Bouclier Royal. Le regard de l'homme était méfiant, mais pas aussi méprisant que Prompto s'était attendu. Il s'était néanmoins préparé à cette question. Il était vrai qu'il appartenait au parti gagnant du conflit. Le Lucis avait jusque là réussi à défendre ses positions contre le Niflheim, mais il perdait peu à peu des forces et du terrain face aux attaques incessantes de l'Empire. Sa victoire à Lestallum n'était qu'un répit temporaire et une bien maigre victoire quand on savait que les troupes impériales occupaient toute la région de Duscae et visait à présent la région de Leide, frontalière avec la capitale royale. Le mur magique, érigé par le roi, épuisait littéralement la force vitale de ce dernier et cela se voyait. Ce n'était plus qu'une question de temps avant que le Lucis tombe à son tour face à l'Empire.
– Ce n'est pas la victoire qui m'intéresse, mais la paix, réaffirma Prompto d'une voix plus forte. Comme je l'ai dit, mon peuple est resté attaché à la ville sacrée de Tenebrae et son Oracle, seule qui puisse encore repousser les ténèbres qui nous menacent tous. Vaincre le Lucis, avec qui Tenebrae est encore affilié, est vide de sens à mes yeux. L'Empire aura peut-être gagné cette guerre, mais nous finirons de toute manière par perdre face aux ténèbres du Fléau des Etoiles. Mon peuple est rongé par cette maladie, Votre Majesté, et toute la puissance militaire de l'Empire ne pourra rien pour le contrer.
Le roi fronça les sourcils, mais ne dit rien car l'Oracle s'était penchée vers lui pour échanger de rapides paroles. Le prince était également près du trône de son père et participait à la conversation, lançant de brefs regards vers Prompto. Ce dernier échangea un regard avec le prince, pensant décerner une grande perplexité dans les yeux de Noctis. Prompto attendit silencieusement que les délibérations royales se terminent. Il sentait le regard appuyé de l'Immortel sur sa nuque, mais l'ignora.
Finalement, Régis reprit la parole.
– Que nous proposez-vous, Prince Argentum ?
Prompto sentit son cœur rater un battement, réalisant que le roi était disposé à l'écouter. Il ne put retenir le regard surpris qu'il leva vers le roi, mais baissa rapidement les yeux sur les genoux du monarque.
– Je ne peux… Je ne peux vous offrir une paix immédiate, mais je peux vous donner les outils pour l'obtenir, répondit-il avant de racler sa gorge trop sèche.
– Vous voulez nous donner toutes les informations que vous avez sur l'Empire, clarifia l'Immortel.
Prompto réprima à peine un sursaut, surpris d'entendre parler le Maréchal. Il lui lança un bref regard par-dessus son épaule. Le visage de l'Immortel était impassible, mais ses yeux étaient surpris et décontenancés tandis qu'ils examinaient le visage du prince impérial. Prompto hocha la tête avant de reporter son attention vers le roi.
– Des informations sur l'effectif militaire de l'Empire, les attaques, les plans, les armes… Je connais la situation sur le front pour l'avoir vécu personnellement en temps que prince et soldat impérial. Je peux vous offrir mes propres troupes, encore fidèles à mes ordres, stationnées non loin de Galdina, déclara le jeune homme en essuyant brièvement les paumes de ses mains contre les pans de son manteau blanc. Si vous gagnez cette guerre, votre Majesté, je vous offre mon allégeance, si tant est que vous la désirez.
Un vent glacé souffla sur l'assemblée. Des marmonnements furieux s'élevèrent ça et là. Prompto se sentit malgré lui rougir de sa dernière proposition. Pourquoi l'avait-il faite ? Il avait au départ simplement prévu de donner tous les moyens possibles à Insomnia pour gagner la guerre. Le Lucis ne désirerait certainement pas l'allégeance de l'ennemi, encore moins d'un traître comme lui. Mais il voulait mettre toutes les chances de son côté pour que le roi du Lucis accepte sa proposition. Pour le convaincre de son honnêteté. Le roi semblait d'ailleurs plus perplexe que sceptique, ce que Prompto interpréta comme un signe positif.
– Que demandez-vous en échange ? demanda le monarque en détaillant le prince. Á part cette paix que vous semblez tant chérir ?
Les lèvres de Prompto récitèrent alors de mémoire le discours qu'il avait passé les deux derniers jours à répéter, pour être certain de ne rien oublier.
– D'épargner le peuple de Niflheim. De ne pas envahir l'Empire, mais de fonder une alliance avec lui. Mon beau-père refusera certainement tout pourparler, mais ma demi-sœur vous écoutera, si vous lui faites une proposition juste. Je demande à ce que mon pays garde sa souveraineté.
– Si nous gagnons avec votre aide, il serait alors plus simple pour tout le monde de vous placer directement sur le trône de l'Empire à la place de votre sœur, observa Clarus en croisant les bras. Vu que vous semblez d'ors et déjà enclin à fonder une alliance avec notre royaume.
Le roi darda un regard réprobateur vers son Bouclier – lequel haussa les épaules d'un air nonchalant – mais tout le monde regarda Prompto, attendant sa réponse. Le jeune homme secoua la tête automatiquement.
– Je refuse de prendre le trône. C'est la place de la première héritière, comme le veux la tradition impériale. Majesté, je vous conjure de réfléchir à mon offre. Le futur ne pourra pas se construire si vous évincez ma famille. Mon beau-père était un homme bon avant de sombrer dans la folie qui est maintenant la sienne. Ma sœur croit poursuivre un but qui est juste…
– La Princesse héritière ne partage donc pas vos aspirations, Prince ? demanda une voix douce.
C'était la première fois que l'Oracle lui adressait directement la parole. Prompto se sentit rougir furieusement en voyant le regard océan de Lunafreya posé sur lui. Il irradiait de l'Oracle l'aura sage et ancestrale de celles qui ont été bénies par Éos. Une magie puissante pulsait en elle, douce mais imposante.
– N…Non, articula difficilement Prompto. Ma sœur est fière… Nous sommes un peuple guerrier et ambitieux. Mais elle saura écouter la voix de la raison une fois que la situation le lui imposera. Elle ne veut que le bien de notre peuple.
– Et pourtant, c'est vous qui êtes venu ici, seul et sans armes, et elle qui demeure sur le champ de bataille, remarqua le roi d'une voix neutre.
Brusquement, Prompto se sentit démuni et impuissant. L'implication des propos de Régis sonnait claire et douloureuse à ses oreilles. Il n'était que le second héritier, un bâtard royal qui plus est. Quelle valeur pouvait bien porter sa proposition, s'il n'avait pas l'aval de sa sœur ? Elle était l'héritière du trône impérial, le futur de Niflheim. Il aurait voulu pleurer de désarroi, mais resta admirablement composé.
– Ma demi-sœur et moi sommes différents, dit-il lentement, choisissant soigneusement ses mots. Comme vous le savez peut-être, elle partage le sang de l'Empereur, tandis que j'ai seulement hérité de celui de l'Impératrice défunte. Je ne suis rien pour mon beau-père, Majesté, mais je compte aux yeux de ma demi-sœur. Nous partageons un sang commun et nous avons passé notre enfance ensemble dans la cité Impériale. Mais elle accorde une confiance aveugle à l'Empereur et à ses conseillers, et au but insensé qu'ils poursuivent…
– Et vous, Prince Argentum ? Que recherchez-vous ?
Ce n'était pas le roi qui avait parlé, mais le prince. Prompto leva un regard surpris vers ce dernier. Noctis ignora les regards choqués ou étonnés de son entourage – Prompto crut voir Scientia faire les gros yeux au prince du Lucis – et garda toute son attention focalisée sur Prompto. Le prince impérial croisa le regard bleu de son homologue. Il se sentait intimidé par la majesté que dégageait le prince Noctis malgré son jeune âge. Noctis semblait chercher quelque chose dans ses yeux, et Prompto était incapable de dévier son regard.
– La lumière, murmura doucement le prince impérial d'une voix trop basse pour que la foule derrière lui puisse l'entendre clairement. Et l'espoir. Je veux croire en un meilleur avenir, et je pense qu'il est avec vous.
Sa voix s'éteignit, et pourtant il continua de regarder le prince Noctis. Comme s'il y avait quelque chose chez lui qui était… unique. Il ressemblait beaucoup à son père physiquement, et même s'il dégageait moins de dignité royale que Régis, il semblait émaner de lui une force étrange. Quelque chose en lui incitait Prompto à vouloir s'incliner, à vouloir jurer allégeance au Prince Noctis, comme s'il avait la force de tirer Prompto vers le haut…
Clarus se racla bruyamment la gorge, tirant Prompto de sa transe. Il arracha son regard du Prince Noctis et remarqua alors l'expression indéchiffrable sur le visage du roi. Embarrassé, le prince impérial joignit les mains dans son dos et baissa les yeux.
– Nous avons entendu votre proposition, Prince Argentum, déclara Régis. Nous allons y réfléchir, et vous donner notre réponse après nos délibérations. En attendant, vous resterez sous la garde et la responsabilité de la Citadelle. Comprenez bien, Prince, que vous ne pouvez pas sortir et que vous ne serez pas libres de vos mouvements tant que nous n'avons pas rendu notre verdict. Vous êtes officiellement considéré comme un prisonnier de guerre.
La bouche sèche, Prompto hocha la tête.
– Je comprends, Votre Majesté. Puis-je vous demander combien de temps prendront vos délibérations ?
– Seriez-vous pressé, Prince ? demanda Clarus sur un ton frisant l'irrespect.
Oubliant momentanément sa position délicate, Prompto adressa un regard sombre au Bouclier Royal.
– Je suis venu ici sans le consentement de mon empereur et de ma demi-sœur, rétorqua-t-il. Mon absence ne peut s'éterniser longtemps avant que l'Empire ne s'aperçoive de mon geste, et vous perdrez alors l'avantage du temps et de la surprise.
– Donnez-nous deux jours, proposa le roi avant que son Bouclier ne puisse rouvrir la bouche. Dans deux jours, nous vous rendrons notre verdict.
Prompto hocha une seconde fois la tête.
– Bien, votre Majesté.
– Dans ce cas, nous allons immédiatement procéder aux délibérations, décida le roi. En attendant, vous serez confiné dans les quartiers qui vous seront assignés. Maréchal, occupez-vous du Prince Argentum et laissez-le sous bonne garde.
Un claquement retentit quand l'Immortel frappa sa poitrine du poing.
– A vos ordres, Majesté. Prince, venez.
Prompto sentit la main du Maréchal se refermer sur son coude. Son sang se glaça aussitôt et il dût se retenir de faire un geste pour se dégager. Avant d'être entraîné hors de la salle du trône, il salua une dernière fois le roi, le prince et l'Oracle – un poing sur le cœur, le genou à terre – puis marcha à la suite de l'Immortel, tentant d'ignorer les regards sur sa personne et la douleur qui pulsait dans son cœur.
OOO
Prompto fut enfermé dans ce qui ressemblait à une suite réservée à de prestigieux invités. La chambre était spacieuse, éclairée par une large fenêtre qui donnait en plein ouest. De lourdes tapisseries noires portant l'insigne royal étaient suspendues aux murs, et un large lit aux draps de soie beige trônait au milieu de la pièce. Il y avait une porte qui devait mener à la salle de bains, un écran plat incrusté dans le mur et deux fauteuils confortables. Un « clac » retentit quand l'Immortel verrouilla la porte derrière lui. Le prince impérial poussa un soupir fragile.
Lentement, il s'avança dans la pièce. Il défit sa ceinture de cuir et retira son manteau blanc. L'uniforme militaire de Niflheim était encombrant, destiné à protéger des tempêtes de neige et des températures glaciales de ce grand pays du nord-ouest. Dans le royaume du Lucis, il était bien trop chaud pour le porter tout le temps, surtout en ce début septembre dont l'air était encore chargé de la douceur estivale. Prompto l'abandonna sur un des fauteuils avec un soupir. Il portait en-dessous une tunique blanche et noire, ceinturée de rouge. La tenue était plus près du corps et, bien qu'épaisse, permettait une plus grande liberté de mouvement. Il étira ses bras, puis alla se planter devant la fenêtre.
Le ciel était d'un bleu limpide en cette fin d'été. Prompto pensa au ciel laiteux de sa ville natale. Il y avait longtemps que le soleil ne brillait plus beaucoup sur Gralea. Depuis le début de cette interminable guerre, en fait.
« Dans les livres d'histoire, Graela était une fière et immense cité se dressant dans la toundra de la Glacéenne avec impétuosité. Des buildings immenses se dressaient comme des stalagmites de glace vers le ciel. La nuit, la capitale impériale brillait de mille feux, bourdonnante d'une incessante activité. Á l'époque où l'Empire croyait encore dans les Six Astraux et bénéficiait de la protection des Oracles de Tenebrae, des lanternes étaient allumées les soirs où des aurores boréales traversaient le ciel de Niflheim, que l'on disait peintes par la Glacéenne pour émerveiller le peuple de Niflheim.
Cette époque était si lointaine que même du haut de ses dix-neuf ans, Prompto ne l'avait jamais vécue. Il n'avait jamais vu de ciel bleu au-dessus de la capitale impériale, et encore moins d'aurore boréale. Il n'avait jamais vu la cité dépeinte dans les livres d'histoire, lumineuse et fière dans l'austère toundra. Gralea n'était plus la grande capitale du nord, bénie par la grâce de la Glacéenne, déesse protectrice de l'Empire. Elle était devenue sombre et froide comme du charbon, un joyau éteint que les rayons du soleil ne parvenaient plus à atteindre. Depuis l'apparition des industries et des bases militaires qui avaient fleuri partout depuis le début de la guerre contre le Lucis, Gralea était recouverte d'un éternel manteau de poussière grise qui la cachait à la lumière. Les daemons étaient apparus, avaient proliféré, et puis les Magitechs avaient été créés.
Prompto n'avait jamais connu que cette nation guerrière dans laquelle et pour laquelle il était né. Quand il était enfant, il avait passé de longs après-midis à rêver de l'ancien empire, l'époque où les gens souriaient encore et où la Glacéenne était vénérée dans de nombreux temples. Mais les temples avaient cédé la place aux complexes militaires et les encens de prière avaient été remplacés par les armes. Prompto allait bientôt devenir un homme, mais il ne cessait de rêver à ce passé inaccessible.
– Cesse de bailler aux corneilles, petit frère, le rabroua Stella. Père nous attends.
Prompto arracha son regard du ciel gris – l'équivalent d'une belle journée à Gralea – pour croiser le regard agacé de sa sœur. Son aînée semblait l'attendre, les bras croisés sur sa poitrine. Tout comme Prompto, elle portait son uniforme de cérémonie, un long manteau blanc ceinturé de rouge. Par l'ouverture du manteau au niveau de sa poitrine, on pouvait apercevoir le plastron noir clouté d'argent qu'elle portait en-dessous. Autour de son cou était suspendu son médaillon d'argent pur, clairement visible contre le noir de son plastron. Il contrastait avec la mince couronne d'or ceignant son crâne, à peine visible dans ses mèches blondes.
– J'arrive, soupira Prompto.
Il rejoignit sa sœur d'une démarche lente. Stella fronça les sourcils, mais son expression avait perdu en hostilité.
– Qu'est-ce qui t'arrives encore, Prom ? Tu as l'air encore plus ahuri que d'habitude.
Prompto ne releva pas l'insulte, l'esprit rongé par les doutes. Il avait cru pouvoir aider à faire avancer son pays quand il avait finalement pu officiellement intégrer l'armée impériale à ses dix-huit ans. Il était devenu commandant et participait activement à la guerre qui faisait rage depuis sa naissance. Mais plus il combattait, et plus sa conviction s'effritait. Prompto regarda sa sœur avec des yeux qu'ils savaient briller de toute l'incertitude qu'il ressentait.
– Tu crois que nous faisons ce qu'il faut ? demanda-t-il d'une voix hésitante.
– A propos de quoi ? demanda Stella qui resserrait la boucle attachant le fourreau de son épée à sa ceinture.
– Cette guerre.
Il entendit sa sœur pousser un long soupir.
– Prompto, on a déjà parlé de ça des dizaines de fois. Je sais que tu as horreur de la violence, mais il est parfois nécessaire d'user de la force pour faire ce qui est juste.
Le prince avait l'impression d'entendre les paroles de son beau-père dans la bouche de sa sœur. Il secoua la tête tout en éludant le regard de Stella.
– Mais est-ce que c'est vraiment juste ? Pourquoi vouloir à tous prix récupérer le Cristal ? S'il a été confié par les dieux aux rois du Lucis, c'est forcément pour une bonne raison !
– Tu as passé l'âge de croire à ces histoires à dormir debout, le rabroua sévèrement la princesse. Cela fait longtemps que la toute-puissance des Astraux a été surpassée par notre technologie. De quel droit de petits dieux insignifiants pourraient gouverner notre société, hein ? Ils ne sont qu'un prétexte pour le Lucis pour s'accaparer le Cristal. Il devrait être à tout le monde, et surtout à ceux qui en ont le plus besoin ! Père veut le récupérer pour rendre l'Empire meilleur. Toi qui n'arrêtes pas de rêver au passé doré de Gralea, tu ne crois pas que le Cristal pourrait rendre notre pays meilleur ? Améliorer la qualité de vie de nos sujets ?Faire revenir la lumière sur notre cité ?
Prompto se mordit les lèvres en voyant le regard fougueux de sa sœur.
– Je veux aider mon pays, insista-t-il. Je me demande juste si c'est la meilleure solution pour y arriver. Notre peuple souffre depuis longtemps… Et l'Empereur perd l'approbation de la population. Depuis que nous avons annexé Tenebrae…
– Un mal nécessaire, affirma Stella d'un ton grave.
– Mais Dame Lunafreya a fui pour trouver refuge au royaume du Lucis…
La seule Oracle restante sur Éos n'allait plus sur le vaste territoire de l'Empire pour bénir les pauvres âmes touchées par le Fléau des Étoiles. Privé de la lumière d'Éos, Niflheim sombrait lentement mais sûrement dans les ténèbres tandis que son peuple succombait à la maladie qui rongeait leur âme et leur corps. Prompto ne comprenait même plus pourquoi le blanc était une des couleurs de l'Empire.
– Même si l'Oracle a choisi de nous tourner le dos, son frère se bat toujours à nos côtés, rétorqua l'aînée. A travers Ravus, nous regagnerons l'allégeance de l'Oracle, une fois le Lucis vaincu et le Cristal entre nos mains.
Il y avait une conviction féroce dans la voix de la princesse, mais Prompto n'arrivait pas à y trouver le moindre réconfort. Il sentit la main de Stella dans ses cheveux. Tout en prenant garde à ne pas déplacer la fine couronne d'argent ceignant le crâne de son frère, la princesse se baissa et ramena sa tête contre la sienne jusqu'à ce que leurs fronts se touchent. Prompto regarda dans les yeux vert d'eau de Stella, brillants comme des gemmes.
– Je suis l'or et il est l'argent, murmura-t-elle en plongeant son regard dans celui de Prompto.
– Je suis l'argent et elle est l'or, répondit le plus jeune automatiquement.
– Nous sommes le peuple et la couronne, terminèrent-ils ensemble dans une parfaite harmonie, habitués depuis l'enfance à répéter cette formule rituelle.
Stella sourit brièvement et se redressa. Sa main ébouriffa les cheveux de Prompto avant de retomber le long de son corps.
– Arrête de t'inquiéter, Prom. Un jour, nous savourerons notre victoire, et l'Empire baignera dans la lumière du Cristal. Ensemble, on réussira.
Prompto hocha la tête, et suivit sa sœur vers la salle du trône où les attendait l'Empereur. »
Prompto s'arracha à son souvenir douloureusement. C'était la dernière fois qu'il avait sérieusement parlé de ses doutes à sa sœur. C'était il y a quatre mois. Après cette conversation, l'Empereur les avait envoyés sur différents fronts pour conquérir le Lucis. Le royaume de l'Est était grand, mais petit à petit, ses contrées étaient tombées sous la domination impériale. Seule résistait l'imprenable Insomnia, protégée par son Mur magique. Prompto se demanda distraitement ce que penseraient son beau-père et Stella s'ils savaient qu'il avait réussi à franchir le Mur.
Le jeune homme chassa aussitôt ces pensées. Il ne voulait pas penser à l'Empereur ou à sa sœur pour le moment, sachant très bien ce qu'il deviendrait à leurs yeux s'ils apprenaient ce qu'il avait fait. Y songer le rendait malade. Prompto secoua la tête et ajusta automatiquement le bracelet d'argent qui décorait son poignet droit. Ca ne servait à rien de se ronger les sangs maintenant. Il ne pouvait qu'attendre que le roi du Lucis prenne sa décision.
Prompto n'essaya pas d'ouvrir la fenêtre – elle était certainement verrouillée – mais peu importait. Il avait vue sur le ciel. Au Niflheim, seuls les anciens priaient encore la Glacéenne selon les rites ancestraux. Ils avaient appris à Prompto comment prier. Prompto ignorait si la déesse pourrait l'entendre si loin de la toundra du Niflheim, mais il s'agenouilla néanmoins devant la fenêtre. Les yeux rivés vers le ciel, il commença les incantations qu'il avait apprises par cœur dans les campagnes perdues de son pays, en essayant d'oublier le sourire féroce de Stella, le rire tonitruant de Loqui, le regard impénétrable de Ravus.
Voilà, j'espère que ce premier chapitre vous a plu. Surtout, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé. Merci d'avoir lu ce premier chapitre !
