Bonjour à tous !
Je vous présente ma nouvelle fanfiction longue, cette fois sur le jeu Rune Factory 4.
Commençons par les avertissements d'usage, cette histoire contient de la romance entre deux hommes, de l'inceste, des morts, des mentions de viol et de monstrophilie (équivalent de la zoophilie mais avec des monstres) et autres réjouissances sombres et graves. J'ai fait en sorte que ça soit accessible à tous, alors sauf réaction de rejet épidermique (ce qui est votre droit, chacun ses gouts, je ne vous en blâmerais pas), ça ne devrait pas vous poser de problèmes. Dans le cas contraire, la petite croix en haut à droite est là pour ça ;)
L'histoire est déjà intégralement écrite, vous êtes donc certains d'avoir la fin. Il y a 44 chapitres que je posterais au rythme de un par jour.
N'hésitez pas à me laisser des commentaires !
Sur ce, bonne lecture :)
Chapitre 1 : Il était une fois
_ Venez, venez, approchez, n'ayez pas peur ! Savez-vous ce qu'est un homme, et ce qu'est un monstre ? Ce qu'est une belle, et ce qu'est une bête ? Oui ? En êtes vous certains ? Alors laissez-moi vous chanter cette histoire, vous la dépeindre avec ma voix. Ecoutez les notes de ma harpe fredonner chaque mot. Je peux vous assurer que cette histoire est vraie. J'y étais, j'ai tout vu, et je me souviens. Je me souviens des nos éclats de rire, de nos chants et du son sourd de nos pas sur le pavés. Je me souviens de notre vie, et de ce qui a bouleversé notre monde sur ses bases, l'a fait trembler, l'a détruit. Je me souviens du gout des larmes que nous avons versées, et de notre sang qui a coulé. Laissez-moi vous raconter tout cela, les histoires d'amours, les histoires de haines, les histoires d'amitiés, celles qui se sont nouées, celles qui se sont défaites. Je me souviens de ce que nous avons gagné, de ce que nous avons perdu. Laissez-moi vous mettre en garde, tout le monde ne sera pas heureux, tout le monde ne sourira pas, la fin sera grotesque, heureuse, tragique, épanouie… Et après le dernier accord, je vous reposerais cette question, et nous verrons bien si votre réponse est différente. A la fin, aurez-vous toujours la certitude de savoir ce qu'est un homme, et ce qu'est un monstre ? Ce qu'est une belle, et ce qu'est une bête ?
_oOo_
Royaume de Norad, ville de Selphia, 19ème jour du Printemps…
Le ciel était d'un bleu céruléen éblouissant, parsemé de légers nuages blancs et cotonneux jouant avec les chauds rayons du soleil printanier. En fermant ses yeux d'améthyste, le jeune homme sur le balcon pouvait savourer la douce brise caressant sa peau claire. Elle jouait dans ses soyeux cheveux d'un blond cendré encadrant son visage altier, s'engouffrait dans sa tunique de velours jaune pâle ceinte d'une ceinture de cuir brun. Il avait l'impression de ne faire qu'un avec l'effervescence de la ville s'étendant à ses pieds, ses habitants se hâtant dans les rues pavées, ses visiteurs flânant le long des échoppes, ses gardes patrouillant pour assurer la sécurité de tout ce monde. Il aimait Selphia, sa ville natale. Il aimait son odeur fraiche de verdure et de fleurs, ses sons et le chant de la harpiste quelque part sur la place principale, ses couleurs infinies sur les jupons des femmes et les vestes des hommes, ses maisons de pierres et de bois, ses habitants, la personne ayant ravi son cœur au premier regard…
Quelques coups discrets furent frappés à sa porte, mettant un terme à sa rêverie.
_ Vishnal ? Tu peux entrer.
Il se détourna de sa ville, quittant son balcon et ses pensées pour retourner à l'intérieur de la pièce richement décorée de tentures et de brocarts d'or, de tapis moelleux sur lesquels il aimait marcher nu pied, d'un lit immense dans lequel il adorait rouler comme en enfant malicieux, d'un bureau de fine marqueterie où il pouvait travailler durant des heures aux affaires de la ville, et de tableaux représentant des paysage merveilleux que son rôle de prince lui interdisait à jamais de découvrir. Mais de toutes les richesses de sa chambre, c'était sa bibliothèque qu'il aimait le plus. Grâce à ses livres, il pouvait découvrir des mondes inconnus, des pays merveilleux, des coutumes différentes des siennes. S'il se concentrait, il pouvait presque sentir les odeurs d'épices des marchés aux confins de l'Orient, gouter la morsure glaciale des pays aux neiges éternelles, savourer la douceur des bises marines…
_ Je vous apporte votre petit-déjeuner, mon prince.
Le jeune homme détourna son regard de ses livres et se tourna vers son majordome avec un sourire paisible.
_ Merci, Vishnal, tu peux le déposer sur mon bureau. Euh… c'est toi qui l'as cuisiné ?
_ Bien sûr ! J'y ai mit tout mon cœur ! Vous verrez, c'est une réussite.
Lest souleva la cloche d'argent recouvrant le plateau et observa la mixture noirâtre dégageant une forte odeur de brûlé. Vishnal avait beau y avoir mit tout son cœur, le plat était pour ainsi dire… raté. Le prince le connaissait depuis de nombreuses années, et il pouvait compter sur les doigts d'une seule main le nombre de fois où son majordome avait réussi à préparer quelque chose de convenable.
Reposant la cloche à côté du plateau, il se tourna vers Vishnal et sourit pour le remercier.
Le majordome était un élégant jeune homme à peine plus âgé que Lest, plus grand que lui, au corps fin et élancé qui n'était pourtant pas dépourvu d'une musculature souple. Son visage séduisant arborait constamment un sourire chaleureux illuminant son regard violine. Ses cheveux bleus comme un ciel printanier, plus long du côté gauche, retombaient souplement sur son épaule. Il était vêtu de l'impeccable uniforme noir des employés du palais, constitué d'une chemise blanche et d'une cravate rouge passée sous une veste noire cintrée en queue-de-pie aux délicates broderies dorées, d'un pantalon bouffant assorti et de bottes de cuir souple.
Lest s'attabla et commença à manger sans faire attention au gout de brûlé, auquel il était habitué, tout en écoutant Vishnal lui raconter les derniers potins de la ville.
_ Oh ! Pendant que j'y pense ! Messire Arthur voudrait vous voir quelques instants au sujet d'une marchandise qui lui a été soumise, un thé qu'il juge exceptionnel.
_ Merci, j'irais le voir. Cela dit, j'ai confiance en son jugement, il a un don pour repérer les marchandises qui valent la peine qu'on s'intéresse à elles, fussent-elles quelques feuilles de thé.
_ Je suis bien d'accord avec vous, mon prince ! Les pommes qu'il a découvertes l'année dernière étaient délicieuses. Clorica les adorent, surtout en tarte. Un jour je lui en ferais une qui ne sera pas brûlée !
Lest reposa doucement sa fourchette et détourna le regard vers le ciel visible à travers la fenêtre.
_ Clorica… Oui… Je suis sûr que tu arriveras à lui préparer une tarte aux pommes délicieuse. Mais c'est ta fiancée, non ? Quand on aime, la cuisine de l'autre est forcément bonne, même avec quelques problèmes de cuisson.
_ Je l'espère !
_ Avez-vous arrêté une date pour votre mariage ?
_ Dès que nous aurons obtenu notre diplôme de majordome. Vous n'êtes pas sans savoir que nous sommes encore des apprentis sous la tutelle de M. Volkanon.
_ Je le sais… Pour Clorica je ne sais pas, il faudra demander à ma sœur, mais pour toi, je suis convaincu que tu obtiendras ton diplôme sans problèmes
Lest se leva en entendant une clameur en provenance de dehors et s'approcha pour contempler la place principale en contrebas de son balcon. Il était loin mais pouvait tout de même distinguer les soldats éloigner les curieux alors que d'étranges individus vêtus de capes apportaient de grandes caisses recouvertes de toiles pour en dissimuler le contenu.
_ Les dresseurs viennent d'apporter les monstres pour le festival d'aujourd'hui…
_ Irez-vous y faire un tour ?
_ Oui, ma présence y est requise après tout, c'est moi qui dois faire claquer le premier coup de fouet pour l'ouverture du Festival Laineux.
_ Votre sœur ira-t-elle aussi ?
_ Frey ? Par La Dame, non ! Elle juge ce festival bien trop barbare. Et toi Vishnal, tu comptes y aller ?
_ Oui, si Clorica le désire. Il faudra bien quelqu'un pour s'assurer qu'elle ne s'endorme pas en plein milieu de la rue ! Et puis c'est un sacré spectacle.
Lest esquissa un sourire vaguement amusé et hocha la tête. Il retourna terminer son petit-déjeuner avant de se lever. Vishnal débarrassa le plateau et lui tint la porte ouverte pour lui permettre de sortir.
_ Avez-vous encore besoin de moi, mon prince ?
_ Non, merci, tu peux disposer de ta journée. Je vais aller voir Arthur puis je me rendrais au festival.
_ Merci. Prince Lest, je vous souhaite une bonne journée.
Vishnal claqua ses talons sur le sol et se courba, une main sur la poitrine, pour saluer son maitre avant de partir de son côté. Lest s'éloigna à son tour, dans l'autre direction. Il descendit plusieurs escaliers avant de traverser un jardin suspendu de toute beauté, aux fleurs colorées et odorantes. Il entendait une voix douce fredonner une vieille berceuse de son enfance et sourit, laissant ses pas le guider jusqu'à son origine.
Il découvrit une jeune fille un peu plus jeune que lui assise sur un muret de pierre, au bord du vide, Selphia étant construite tout au bord d'une falaise. Elle était d'une beauté simple mais captivante, avec ses longs cheveux vert tendre dansant dans le vent. Une tiare d'argent, de dentelle noire et de rubis ceignait son front, retombant sur sa frange dégageant ses yeux d'un vert doux. Le vent faisait s'envoler gracieusement sa longue robe noire dont les manches à crevée étaient rehaussées d'une doublure d'or assortie à la longue écharpe nouée à sa taille fine.
Lest s'approcha et le charme de la scène bucolique se brisa brutalement lorsqu'il découvrit un grand oiseau au plumage bleu posé juste à côté de la jeune fille. Un monstre.
_ Un Oiseau-Tonnerre ! Frey, recule !
Surprit, l'oiseau émit un cri sourd pareil au grondement du tonnerre et battit des ailes, émettant de grand éclairs lumineux.
Lest tendit sa main en avant, une lumière rougeoyante jaillissant de sa paume.
_ ''Oh flammes désespérées, j'en appelle aux ardeurs qui sont les vôtres. Prêtaient-moi votre chaleur, que mon pauvre corps de pécheur sois le vecteur de votre justice divine. Venez-à moi dans toute votre incandescence, Boules de Feu !''
Les sphères enflammées jaillirent de sa paume et fondirent sur l'Oiseau-Tonnerre menaçant Frey. Le monstre poussa un piaillement strident et battit furieusement des ailes pour éviter l'attaque. Il s'éleva dans le ciel et s'éloigna rapidement, laissant derrière lui quelques plumes voltiger sous l'effet du vent.
Frey le regarda s'éloigner, la bouche entrouverte. Elle soupira doucement, sa main gracile sur sa poitrine, avant de se tourner vers Lest. Ses sourcils se froncèrent alors que son visage s'assombrissait.
_ Espèce d'idiot ! Tu as faillit blesser mon nouvel ami !
_ Ton… ami ? Enfin Frey, c'était un monstre ! Et pas n'importe lequel, non, un Oiseau-Tonnerre ! Rien que ça ! Ces bêtes-là sont totalement incontrôlables ! Un seul d'entre eux peut déclencher un orage capable de détruire les récoltes de toute une année ! Sans parler de leurs serres capable de tailler en pièces un homme en armure d'acier.
_ Il était parfaitement calme jusqu'à ce qu'il te prenne l'envie de le transforme en poulet rôti. Je suis avec lui depuis l'aube et, comme tu peux le voir, je suis toujours vivante.
_ Tu as simplement eut de la chance. Tu sais de quoi sont capable les monstres. Tu te rappelles du chevalier qui a disparu la semaine dernière ? Et de l'état dans lequel nous l'avons retrouvé ?
Frey pinça les lèvres mais ne pipa mot. Lest marquait un point. Le corps du disparu avait finalement été retrouvé deux jours plus tôt, presque entièrement dévoré, déchiqueté par les crocs des Gobelins, sa tête ornant la pique de l'un d'eux et ses tripes dispersées dans toute la grotte. Un spectacle peu réjouissant témoignant de la bestialité des monstres. Frey le savait, mais elle n'y pouvait rien. Depuis toute petite, les monstres l'avaient fascinée, si semblable et si différents des autres animaux. Ses parents l'avaient toujours crue envoutée par les sombres créatures que d'aucun qualifiait de mutation.
_ Petite sœur, écoute… Si je réagis comme ça, c'est parce que je m'inquiète pour toi. Depuis la mort de nos parents, je n'ai plus que toi au monde. S'il t'arrivait malheur…
Frey soupira et laissa retomber sa colère, regrettant son emportement. Son frère et elle ne seraient jamais d'accord au sujet des monstres, mais il n'en restait pas moins son précieux grand frère. Elle le rejoignit et enroula ses bras autour de sa taille, posant sa tête contre son épaule.
_ Je sais, excuse-moi de t'avoir fait peur.
_ Excuses acceptées.
Frey sourit et recula d'un pas pour détailler son frère. Avec une petite moue, elle lui rajusta son col de travers.
_ Je vais finir par demander à Vishnal de t'habiller comme un enfant, ça m'évitera de toujours repasser derrière toi. Qu'est-ce que tu ferais sans moi, hein ?
_ Pas grand-chose, je te l'accorde ! Merci.
Frey se retourna soudainement et ferma les yeux alors que le vent soufflait un peu plus fort, charriant avec lui un son lointain.
_ Tu l'entends, toi aussi ? Ce cri… Il est si déchirant, on dirait qu'il appelle à l'aide de toutes ses forces.
_ Sans doute la foule ou l'un des monstres, ils viennent d'arriver. Le temps de les conduire à l'arène et le Festival Laineux pourra commencer.
_ Ah oui, c'est aujourd'hui que vous aller massacrer des Lainys dans la joie et la bonne humeur générale. Par La Dame, comment peut-on aimer un tel spectacle de tuerie ?
_ Je me souviens d'une fois où papa nous avait emmené y assister. Tu pleurais tellement qu'il a épargné le Roi Lainy pour que tu retrouves le sourire…
_ Je ne suis pas idiote, je sais très bien qu'il l'a tué dès que j'ai eut le dos tourné… Enfin, je ne peux rien y faire. Tu devrais y aller, Lest. Si les monstres sont là, le festival ne devrait pas tarder à débuter.
_ Oui, surtout que je dois passer voir Arthur avant.
_ Transmet-lui mon bonjour ! Moi, je vais aller saluer Kiel, il va partir en expédition aujourd'hui, sa toute première, dans la Forêt du Yokmir. Il avait l'air tellement enthousiaste lorsqu'il m'a annoncé ça, hier. Lui qui rêve de devenir un chevalier héroïque comme dans les livres.
Frey sourit et déposa un rapide baiser sur la joue de son frère avant de s'éloigner de sa démarche aérienne, ses ballerines dorées frôlant à peine le sol. Lest le savait, sa sœur était comme le vent, aussi légère et insaisissable qu'une brise. Il se remit en marche, quittant le jardin suspendu.
_oOo_
Frey salua les domestiques qu'elle croisait sur son chemin, vaquant à leurs nombreuses occupations quotidiennes. L'entretien d'un château demandait du travail et du monde ! Au loin, elle eut l'impression d'entendre quelqu'un pleurer à gros sanglots et arrêta une domestique portant une pile de linge, une jeune fille à peine plus âgée qu'elle, à l'air passablement endormi. Ses longs cheveux lavandes étaient coiffés en deux tresses épaisses tombant jusqu'à sa taille. Elle portait l'uniforme réglementaire des majordomes, veste noire en queue-de-pie à broderies d'or sur chemise blanche, assortie à sa culotte bouffante, ses jambes galbées par des collants grenat. Une épaisse ceinture rouge entourait sa taille et sa cravate bleu ciel complétait l'ensemble. La jeune fille aux yeux tombant d'une belle couleur ambre scruta quelques instants le visage de Frey avant qu'un sourire absent n'étire ses lèvres.
_ Oh ! Princesse Frey ! Bonjour ! Je ne vous avez pas reconnue…
_ Bonjour, Clorica… Dis-moi, c'est M. Volkanon que j'entends pleurer comme ça ?
_ Oh oui, sans doute. Je lui ai laissé le dernier morceau de tarte aux pommes, et depuis il n'arrête pas.
_ Notre intendant est tellement émotif… Bon, je te laisse, tu as l'air d'avoir du travail ! Ne t'endors pas !
_ Je vais essayer !
Les deux filles se séparèrent et Frey continua sa route de son côté. Elle descendit une dernière volée de marche et poussa une petite porte donnant sur la place principale. Les grandes cages vues un peu plus tôt par Lest avaient disparues, remplacée par une foule dense de badauds discutant avec animation du festival à venir. Tous semblaient impatients de voir les talentueux Chevaliers Dragons de la ville affronter les monstres dans une démonstration de leur force virile. Frey préféra traverser la place sans piper mots, répondant d'un signe de tête poli aux salutations des habitants. Elle atteignit rapidement les remparts de la ville et entra dans la caserne à leurs pieds en saluant le garde de faction, un homme dans la trentaine, au visage banal aux cheveux noirs en bataille et aux yeux d'un vert délavé. Il se redressa à son approche, dans un cliquetis de son armure d'acier.
_ Votre Altesse, bonjour !
_ Bonjour, Arnaud ! Dis-moi que Kiel et les autres ne sont pas encore partis…
_ Vous arrivez juste à temps, Forte passe en revue les membres participant à l'expédition.
_ Merci beaucoup.
Frey entra dans le bâtiment sentant le cuir, le métal et les produits d'entretiens pour armes et armures. La caserne était une vaste salle avec des bancs de bois, des râteliers d'arme à foison, une cheminée éteinte ce jour-là, aux murs de pierres et au sol de terre battue. Dans le fond, devant une imposante carte de Selphia et de ses environs, se trouvait un groupe de chevaliers. Devant eux se tenait une jeune femme portant l'armure d'acier et la cape bleue des Chevaliers Dragons, une jupe longue d'une lourde étoffe bleue couvrant ses jambes. Une Claymore pendait à sa taille. Elle avait de longs cheveux blonds comme les blés attachés en une queue de cheval haute par une barrette de plumes, et une visière couvrait sa frange. Elle tourna ses yeux bleu nuit vers la nouvelle venue et se redressa un claquant des talons de ses bottes sur le sol.
_ Princesse Frey, c'est un honneur de vous voir venir nous souhaiter bonne route !
_ Bonjour, Forte. Je ne pouvais pas manquer ça, surtout que c'est la première expédition de ton petit frère. Pas trop nerveuse ?
_ Un Chevalier Dragon digne de ce nom ne connait pas la nervosité.
Frey esquissa un sourire amusé en voyant la main gantée de la jeune fille serrer convulsivement la fusée de sa longue épée. Bien sûr que Forte était nerveuse, elle adorait son petit frère et était prête à tout pour le protéger ! Alors l'idée de le voir partir avec elle en forêt pour combattre des monstres avait tout pour l'inquiéter, d'autant plus que son frère avait toujours eut une santé fragile, contribuant à son angoisse.
_ Frey ! Je suis content que vous soyez venue !
Elle se retourna et sourit joyeusement au pétillant jeune homme accourant dans sa direction. Il était plus petit qu'elle, plus jeune aussi, et son visage avait encore tout des rondeurs de l'enfance, sous une tignasse aussi blonde que celle de sa sœur, courte et souple, quelques mèches rebelles rebiquant sur les côtés. Il était vêtu de vert, que ce soit ses chaussures, son pantalon, sa tunique ou sa cape courte. Ses grands yeux noirs brillaient d'excitation.
_ Je te l'avais promis, Kiel, alors je n'allais certainement pas manquer ton premier départ !
_ Merci ! Regardez, Bado a affuté mon épée ! Avec ça, je vais pouvoir défendre la ville et tuer les monstres, comme l'Ouragan !
Frey prit la lame entre ses mains, la soulevant sans peine. C'était une belle épée à lame d'un métal bleuté réfléchissant la lumière. Sa poignée d'or finement ouvragée témoignait de la richesse de l'arme portant le nom de Durandal gravé sous sa garde.
_ Elle est superbe… C'est celle qui était accrochée dans ta chambre, non ?
_ Oui ! C'était l'épée de papa, je suis bien content de l'avoir avec moi aujourd'hui ! Elle est trop légère au gout de Forte, mais pour moi elle est parfaite !
_ Oui.
Frey rendit l'épée à son ami trépignant d'impatience en souriant. Elle résista à l'envie de lui ébouriffer les cheveux comme un enfant.
_ Je vous ramènerais la tête d'un monstre, Frey !
_ Sans façon… Ramène-moi la tienne, et toujours sur tes épaules, ça me suffira.
Kiel sourit en hochant vigoureusement la tête.
_ Bon… je vais peut-être aller à la pêche, moi. Avec toute la ville à l'arène, le Lac du Dragon devrait être tranquille. Bonne chance dans la Forêt du Yokmir. Forte, vous tous, je prierais La Dame pour vous voir tous revenir sains et saufs… même si mon intérêt pour les prières est plus que limité.
_ Nous prierons La Dame également pour vous retrouver à notre retour.
Forte prit la tête de son petit groupe et quitta la caserne. Frey les imita, retournant à l'intérieur de la ville jusqu'à un lac, à l'extrémité ouest de Selphia. Le tapage de la ville n'atteignait pas le calme des lieux, ombragé par les saule-pleureurs courbant gracieusement leurs branches vers la surface de l'eau à peine ridée par la brise. Récupérant une canne à pêche dans la cabane déserte au bord de l'eau, Frey s'installa sur un rocher et lança l'hameçon dans le lac, regardant le bouchon flotter doucement.
Elle ne souhaitait rien de plus que de voir les choses demeurer ainsi, mais La Dame, l'eut-elle entendue, n'exauça pas sa prière…
