Hello tout le monde !
Je publie enfin ma fanfiction, celle qui me tient le plus à cœur.
C'est une Dramione qui suit la trame des livres, du 1er jusqu'au 7. Et je vous préviens d'avance : elle va être très longue. Je l'ai commencée il y a presque 6 mois et je n'en suis même pas à la moitié. J'espère qu'elle vous plaira, j'y ai mis tout mon coeur et mon énergie !
Quelques indications avant de commencer votre lecture :
- Cette fanfiction est un long slow burn. Préparez-vous à attendre longtemps avant l'intrigue amoureuse !
- L'intrigue bascule entre deux POV, celui d'Hermione et de Drago.
- C'est une fanfic canon-compliant, c'est-à-dire qu'elle suit l'intrigue des livres. Si je fais une légère divergence au canon, vous serez prévenus en début de chapitre. Evidemment, je ne reprends pas tous les passages canon du livre, seulement quelques-uns d'un autre POV.
- Le canon mélange le livre et les films. Par exemple, la description des personnages correspond plus à celle des acteurs que de celles données dans les livres (exemple : la mèche noire de Narcissa), ou certains moments que j'ai mélangé entre le film et le livre.
- Le texte est "en anglais dans le texte", c'est-à-dire que les personnages sont tous anglais et ne sont pas du tout censés parler français pendant la fanfiction. (exemple : quand Hermione va en France avec ses parents pendant l'été de troisième année, elle ne parle pas le français)
- Je mettrais toujours des TW en début de chapitre si besoin. Si vous n'êtes pas sensibles à ça, je vous déconseille de les lire, parce qu'ils peuvent vous donner un petit spoil de ce qu'il va se passer pendant le chapitre.
- Si je fais des fautes d'orthographe ou des erreurs concernant l'œuvre canon, n'hésitez pas à me les indiquer en commentaires pour que je corrige. Par contre, merci de ne pas me demander de modifier mon histoire. C'est mon histoire, mes personnages, mes headcanons. Vous pouvez évidemment donner des critiques, mais de toute façon, l'histoire est déjà écrite, donc je ne peux rien modifier sur les prochains chapitres !
- Je n'ai pas mis tous les ships dans les tags, j'updaterai peut-être au fil des chapitres.
Je publierai un chapitre tous les dimanches à 20h !
1 : chambre mauve et lettre émeraude
Drago
"Drago ? Le dîner est servi."
La voix de Narcissa Malefoy lui parvint à travers la porte des appartements de Drago. Il marmonna un "J'arrive" avant de jeter son magazine de Quidditch sur les couvertures de son lit.
Les Malefoy avaient tout un tas de traditions et de règles de maison que Drago ne comprenait pas, et le fait que sa mère ne rentre jamais dans ses appartements en faisaient partie. On lui avait expliqué que c'était par signe de respect, mais Drago trouvait ça un peu triste, comme s'il était condamné à rester seul tout le temps. Pourtant, il n'avait pas vraiment de quoi se plaindre, il avait une immense chambre avec un lit à baldaquins qui pouvait facilement contenir quatre autres personnes, une salle de bains attenante, et même un petit salon. Il sortit de sa chambre et entra dans le salon, occupé uniquement par quelques fauteuils, une cheminée, un échiquier et une bibliothèque.
Il prit le temps de s'arrêter devant le miroir à côté de la porte pour vérifier son apparence avant de descendre dans la salle à manger. C'était une autre règle que la famille de Drago honorait tous les jours : être soigné dans son apparence en toutes circonstances, même lors d'un simple dîner en famille.
Il ouvrit les doubles portes de son salon et descendit les escaliers en marbre du Manoir. Ses appartements étaient situés au dernier étage, ce qui faisait qu'il devait descendre longtemps avant d'atteindre l'étage de la salle à manger. Il avait hâte de passer son test de transplanage principalement pour cette raison.
Le fait que sa mère vienne lui annoncer le dîner était assez rare, c'était souvent son elfe de maison, Dobby, qui s'en chargeait. Drago comprit la raison de sa venue quand il balaya la pièce du regard. La table était immense, elle pouvait contenir aisément une trentaine de personnes autour et faisait presque la largeur de la pièce. Narcissa, sa mère, était assise au bout, juste sous l'un des nombreux lustres du plafond. Sa mère était pâle avec des yeux sombres. Ses cheveux étaient blonds sous la lumière des bougies du lustre, et contrastaient avec la mèche brune qui séparait sa chevelure en deux, symbole de sa famille native des Black. Elle ne jeta aucun regard à son fils qui venait d'entrer dans la pièce, trop occupée à fixer la raison de son comportement étrange. De l'autre côté de la table se tenait Lucius Malefoy, le père de Drago. Lui aussi avait des cheveux blonds, proches du blanc tant ils étaient clairs, tout comme ceux de Drago, et tombaient sur ses épaules. Ses yeux gris pâles se posèrent sur son fils et il feignit un sourire :
"Ah Drago… Viens t'asseoir."
Drago hocha la tête et prit place au milieu de la table. Ils étaient tellement loin l'un des autres que Drago devait tourner la tête complètement à gauche ou à droite pour apercevoir ses parents. Narcissa regardait toujours Lucius sans un mot. Drago dînait souvent en compagnie de sa mère, son père ne venait que quelques soirs par semaine. Il ne savait pas exactement ce que son père faisait de ces journées, la seule chose qu'il savait était qu'il avait un rôle très important au sein du monde des sorciers et passait beaucoup de temps dans des comités, ou au Ministère de la Magie. C'était donc assez rare qu'ils dînent ensemble, et ajoutait une ambiance plus pesante aux dîners déjà formels du Manoir.
Lucius passa un œil examinateur sur Drago, jugeant ses cheveux et sa tenue, mais ne fit pas de commentaire sur son apparence.
"Dobby !" siffla soudain sa mère.
Le petit elfe de maison entra dans la salle à manger, son long nez touchait presque le sol tant il était courbé par sa révérence. Il portait une taie d'oreiller tâchée, le seul élément sale du Manoir qui était, tout comme l'apparence de ses habitants, impeccable.
"Le dîner est servi, maîtresse." couina l'elfe de maison avant de retourner dans la cuisine.
Et effectivement, quand Drago baissa la tête, il vit que la table était maintenant remplie de différents plats. Une autre tradition des Malefoy était d'attendre patiemment que l'homme de la maison mange en premier avant de pouvoir se servir, alors, Drago et sa mère attendirent que Lucius prenne sa première bouchée avant de piocher dans les plats de la table.
Le père de Drago prit la parole :
"J'ai parlé avec Yaxley aujourd'hui, nous avons discuté de la valeur des artefacts que je voulais vendre, il m'a donné un prix plutôt raisonnable…"
Drago perdit presque aussitôt le fil de la conversation, dont il ne comprenait pas vraiment le sens. Il était soulagé, son père avait l'air de bonne humeur. Drago regarda sa mère, qui garda un visage impassible, neutre de toutes expressions, mais il remarqua que ses épaules se détendirent quand elle entendit Lucius parler et baissa la tête pour commencer à manger. Elle devait être rassurée aussi d'entendre la voix calme de son mari. Ils ne pouvaient jamais prédire si la soirée allait prendre une autre tournure, uniquement basée sur les humeurs valsantes de Lucius.
Drago s'attaqua à son assiette sans dire un mot, laissant son père déballer un flot ininterrompu d'informations à sa femme. Au fil des années, Drago avait appris à ne pas poser de questions lorsque son père parlait pendant les dîners, au risque de se faire réprimander par l'un de ses parents immédiatement. Une autre règle des Sang-purs était de se taire pendant les repas. Narcissa, quant à elle, hochait la tête en écoutant attentivement Lucius qui parlait maintenant d'un des employés du Ministère de la magie.
Drago avala sa soupe froide en trois cuillères, puis se servit d'un peu de chaque plat qui se présentait à lui sans y penser. Il avait hâte de se lever de table. Bercé par la voix de son père, il vagabonda dans ses propres pensées sans s'en rendre compte.
Il sursauta quand son père l'interpella à côté de lui :
"Drago ! Tu as appris ce que je t'ai demandé ?"
Il hocha lentement la tête. Son père lui avait donné un long parchemin ancien trois jours auparavant, et lui avait ordonné d'apprendre tous les noms qui y étaient inscrits. Drago s'était penché dessus longuement, analysant les branches de l'arbre dessiné s'entremêler, au-dessus desquelles avaient été écrits plein de noms, et des portraits de ses ancêtres. Son père lui avait expliqué qu'il s'agissait de sa lignée, et qu'il devait impérativement apprendre chaque nom et relation au plus vite. Drago espérait que son père n'allait pas l'interroger là, à même la table du dîner, car en croisant le regard de Lucius, il fut soudain cloué sur place et tous les noms se mélangèrent dans son esprit.
"Oui Père." dit-il rapidement.
"C'est très bien." répondit-il en coupant sa viande. "Tu vas en avoir besoin, si tu étudies à Poudlard en septembre. Il est très important que tu te souviennes de ta place dans ta lignée, de ton importance, et que tu portes ton nom avec fierté."
Drago gonfla sa poitrine en entendant cela, soudain beaucoup plus sûr de lui. Le fait de procurer une quelconque joie à son père à son égard le rendait très fier. Il préférait le voir satisfait par son fils qu'énervé, Drago avait tellement peur des changements d'humeur de son père.
Pendant que Lucius reprenait le fil de son monologue, Drago repensa à l'arbre généalogique. Maintenant que le regard glacé de son père ne le scrutait plus, il arrivait à se souvenir des branches de sa famille. Il y avait les Black du côté de sa mère et la lignée des Malefoy de l'autre côté. Mais à chaque nom au-dessus de celui de ses parents, les branches de l'arbre se divisaient et indiquaient d'autres noms, comme ceux de Lestrange, Nott, Gaunt, Rosier, que Drago mélangeait sans le vouloir. Certaines branches étaient tellement mêlées que Drago peinait à comprendre les liens qui unissaient certains de ses ancêtres, et beaucoup avaient des enfants en étant cousins, ce qui l'avait encore plus embrouillé.
Quand il avait tenté d'apprendre le parchemin par cœur comme son père lui avait demandé, il avait également remarqué que certains portraits avaient été brûlés, créant plusieurs trous noirs dans le papier. En plissant les yeux, Drago avait pu décrypter certains noms de ceux qui avaient été bannis, mais il avait vite abandonné. Il avait déjà bien trop de noms à encaisser en plus d'apprendre ceux qui étaient inutiles. Et puis, dès qu'il se concentrait sur l'un des portraits rayés de l'arbre, il avait détourné le regard, comme si le parchemin lui brûlait alors les rétines, comme si les portraits allaient soudain le bannir de sa propre famille, lui aussi.
Drago finit son repas et but d'une traite son verre d'eau que Dobby avait matérialisé devant son assiette. Profondément ennuyé, il écouta d'une seule oreille son père en attendant de trouver un moment de silence pour pouvoir prendre la parole. Il avait l'impression que Lucius énonçait d'une traite des noms de pur-sangs importants, et ça lui rappelait le parchemin abîmé sur lequel il travaillait depuis trois jours.
Quand Lucius fit une courte pause dans son récit pour boire une gorgée de son vin, Drago en profita pour demander :
"Je peux sortir de table ? Pansy m'attend dehors et…"
Lucius leva une main qu'il balaya dans l'air sans faire attention pour le congédier brièvement. Drago sauta de sa chaise et sortit de table sans finir sa phrase, laissant son assiette sale sur la table. La vermine s'en occupera.
Il traversa le hall d'entrée du Manoir où il jeta un coup d'œil furtif vers l'énorme pendule qui indiquait presque 20h. Il contourna les escaliers et se rendit à la porte qui donnait sur la cour, qu'il ouvrit et referma discrètement derrière lui. Il sentit une légère brise d'été lui caresser le visage tandis qu'il se hâtait dans l'herbe parfaitement tondue de son jardin, jusqu'à la fontaine. Le soleil se couchait doucement derrière les nuages rosés et le seul bruit qu'il entendait était celui de l'eau de la fontaine qui coulait après avoir tourbillonné dans les airs.
Pansy arriva par la droite de son champ de vision. Drago la connaissait si bien qu'il pourrait dessiner son visage en se souvenant mentalement de ses traits sans problème. Pansy avait des cheveux noirs couleur encre, de grands yeux sombres et une peau de porcelaine. Elle était tellement pâle qu'elle se détachait du coucher de soleil derrière elle, comme une tâche blanche dans l'horizon. Ses grands yeux charbon étaient fixés sur Drago, et ses cheveux étaient retenus par un serre-tête noir qu'elle retira. Ils tombèrent gracieusement autour de son visage dans un carré parfaitement lissé.
"Pile à l'heure !" s'écria-t-elle en voyant Drago s'approcher.
Il sourit et arriva à sa hauteur. Ils s'allongèrent tous les deux dans l'herbe, comme chaque soir lorsqu'ils se donnaient rendez-vous. Pansy retroussa sa longue robe noire qu'elle portait souvent lorsqu'elle était chez elle et balança le serre-tête dans l'herbe. Il savait qu'elle n'aimait pas le porter et qu'elle le faisait juste pour bien se faire voir par son père car dès qu'elle sortait, elle s'empressait toujours de défaire ses cheveux.
"Mon dîner était tellement long, j'ai cru que ça n'allait jamais se terminer." dit-elle en fixant le ciel au-dessus d'elle.
"Moi aussi."
"Ton père t'as parlé de l'arbre généalogique ?"
Drago haussa les épaules.
"Il m'a juste demandé si je l'avais bien appris, heureusement il ne m'a demandé aucun nom."
Pansy hocha la tête. Elle l'avait aidé à apprendre les noms des pur-sangs la veille. Ils ne parlèrent pas pendant un long moment, mais les silences n'étaient jamais inconfortables avec Pansy. Drago aimait passer du temps avec elle parce qu'il la connaissait tellement bien que tout devenait plus facile, il pouvait réellement se détendre, il n'y avait aucune règle stupide ou de traditions à respecter. Ils pouvaient juste passer des heures ensemble côte à côte sans se gêner.
"J'ai vu Daphné aujourd'hui." dit Pansy, coupant le silence. "Elle passe un bon été, elle va partir en France avec ses parents en août. Je lui ai dit de venir nous voir avant, mais je ne sais pas si elle aura le temps. Elle n'a toujours pas reçu sa lettre."
Drago tourna son visage vers Pansy, l'herbe lui picotant la joue :
"Et toi, tu l'as reçue ?" demanda-t-il.
"Non."
Drago fut rassuré et tourna de nouveau la tête vers le ciel. Tous les jours depuis le 1er juillet, ils se posaient la même question, trop impatients d'avoir cette lettre qu'ils attendaient depuis qu'ils avaient appris l'existence de Poudlard. Drago savait qu'il était un sorcier, il n'avait jamais douté de son statut, il sentait la magie bouillir dans ses veines depuis ses cinq ans. Mais il n'arrivait pas à s'empêcher de regarder par la fenêtre tous les matins dans l'espoir de voir un hibou lui apporter cette fameuse lettre, cette lettre qui allait officiellement démarrer sa vie.
"Elle ne devrait pas tarder." répéta Pansy, comme tous les soirs.
Un autre silence les enveloppèrent tandis que le soleil se cachait et que le jardin fut plongé lentement dans l'obscurité.
Drago ne se souvenait plus exactement de quand datait ces rendez-vous avec Pansy dans son jardin, il y était tellement habitué qu'il ne se souvenait plus vraiment quand leur amitié avait officiellement commencé. Pour lui, ils avaient toujours été amis, d'une part parce que leurs deux familles se côtoyaient depuis qu'ils étaient tout petits, et d'autre parce que c'était sa voisine. Sa maison était située juste derrière celle de Drago, séparée uniquement par une haie que Pansy enjambait facilement pour le rejoindre dans son jardin. Elle était venue tous les soirs d'été, les moments préférés des journées de Drago.
Ils se connaissaient depuis qu'ils étaient enfants. Ils avaient eu des classes préparatoires d'avant Poudlard tous les deux, assistaient aux mêmes repas de Sang-purs, et passaient la plupart de leurs journées et de leurs nuits ensemble. C'était sa meilleure amie.
"Regarde !" dit soudain Pansy en montrant du doigt une partie du ciel étoilé. "C'est la constellation de Drago !"
Drago plissa les yeux pour essayer de trouver la forme indiquée parmi les milliards d'étoiles.
"Je la vois pas." grommela-t-il. "Tu crois qu'on aura des cours d'astronomie à Poudlard ?"
"Oui, je crois."
"Je vais être nul, je ne suis même pas capable de voir ma propre constellation. Tu me feras réviser ?"
Pansy eut un petit rire et elle hocha la tête. Puis, de nul part, un pli se forma sur son front, comme si elle était soudain prise d'une grande réflexion.
"Drago…?"
"Oui ?"
"Et si on allait pas à Serpentard ?"
Drago tourna subitement sa tête vers elle, offensé :
"Quoi ? Comment tu peux penser ça ?"
Pansy haussa vaguement les épaules dans l'herbe, l'air toujours aussi soucieuse. Drago avait l'impression qu'elle avait déjà pensé à l'éventualité qu'elle ne soit pas sortie dans la bonne Maison et que la question lui brûlait probablement les lèvres depuis pas mal de temps.
"Tu es persuadé que tu seras sorti à Serpentard, toi ?" demanda-t-elle d'une petite voix.
"Evidemment ! Tous les Malefoy et les Black sont allés à Serpentard, c'est sûr que je serai là bas. Et toi aussi. Comment tu peux penser le contraire ?"
"Je ne sais pas, je me demandais juste…"
"Non, ça ne sert à rien de se demander ça. On sera à Serpentard, c'est tout, il n'y a pas d'autre possibilité."
Pansy ne répondit pas et ils tournèrent de nouveau leurs visages vers le ciel sans un mot. Les pensées de Drago tourbillonnaient toujours après sa question : est ce qu'il était possible qu'il n'aille pas dans la bonne Maison ? Que ferait ses parents si c'était le cas ? Il se souvint de son père qui lui avait parlé des valeurs de Serpentards et de l'importance de cette Maison pour sa famille. Rien que d'imaginer qu'il puisse être envoyé autre part lui donnait des sueurs froides. Heureusement, Pansy n'aborda plus le sujet et se contenta de contempler le ciel jusqu'à ce que le jardin soit plongé dans le noir.
Hermione
"Hermione ? Tu peux descendre s'il te plaît ?"
"J'arrive !"
Hermione finit de ranger son petit bureau à côté de son lit et s'éloigna légèrement pour observer sa chambre rangée : elle venait de passer l'après-midi à modifier la place des meubles. Son lit blanc était maintenant collé contre le mur et une grande bibliothèque que sa mère et elle avaient acheté plus tôt dans la journée prenait presque tout un côté de sa chambre. Elle avait poussé son bureau pour qu'il soit juste sous la fenêtre. Elle épousseta une dernière fois les draps de son lit, satisfaite, puis descendit les escaliers de sa maison pour rejoindre ses parents.
Ils étaient déjà assis sur la petite table ronde de la salle à manger avec leur service de thé. Le père d'Hermione, John, était un homme typiquement anglais. Il était de taille moyenne, et son visage était constamment tordu dans un sourire réconfortant. Il avait les cheveux de la même couleur châtain qu'Hermione, et son crâne était légèrement dégarni. La mère d'Hermione, Rachel, avait les cheveux plus foncés que son mari et sa fille, mais elles avaient toutes les deux une apparence similaire, jusqu'à leurs nez fins qui avaient exactement la même forme.
Elle s'asseya en face d'eux :
"J'ai fini de ranger ! J'ai tout bougé, comme ça, ma chambre a l'air toute neuve pour ma rentrée en sixième."
Hermione croisa le regard de ses parents et fut étonnée de voir qu'ils paraissaient inquiets.
"Tout va bien ?" demanda-t-elle.
La mère d'Hermione prit la théière pour remplir la tasse d'Hermione tandis que son père toussota un peu avant de lui tendre une enveloppe.
"Cette lettre est arrivée pour toi." dit-il simplement.
Hermione prit l'enveloppe et sentit qu'elle était lourde, le papier avait l'air ancien. Elle se demanda vaguement si ça pouvait provenir de son amie Mary qui était en vacances en France pendant l'été, mais changea d'avis en voyant l'écriture qui ne lui ressemblait pas. Les lettres étaient fines, bien tracées, et colorées dans un vert émeraude profond. Hermione se rendit compte qu'il ne s'agissait pas d'une enveloppe en papier à lettre, mais en parchemin ancien. Elle fronça les sourcils et lut l'adresse inscrite :
"Hermione Granger,
Dans la chambre mauve,
8 Heathgate, Hampstead Garden,
London"
Elle écarquilla les yeux et tourna la lettre pour voir le nom de l'expéditeur, mais il n'y avait rien d'écrit.
"Qui a bien pu envoyer ça ?" demanda Hermione.
"On se posait la même question." répondit sa mère.
"Et le plus étrange… C'est que cette lettre a été apportée par un hibou." continua son père.
"Un hibou ?!"
Ses deux parents hochèrent la tête. Hermione baissa la tête vers l'enveloppe, tiraillée entre la curiosité et la crainte. Elle opta pour la curiosité et déchira l'enveloppe. Dedans, il y avait trois feuilles. Elle prit la première et la lut à haute voix :
"Chère Miss Hermione Granger,
Nous sommes ravis de vous informer que vous avez été inscrite à l'école sorcellerie de Poudlard.
Veuillez prendre en compte cette liste de fournitures scolaires afin de vous procurer tout le matériel nécessaire pour cette année scolaire.
La rentrée est le 1er septembre. Le Poudlard Express partira à 11h précises à la gare de King's Cross.
Au plaisir de vous enseigner cette année,
Sincères salutations,
Professeur Minerva McGonagall
Directrice adjointe de Poudlard, école de sorcellerie."
Hermione prit la seconde feuille et y trouva la liste des fournitures scolaires demandées. Ses yeux eurent seulement le temps de parcourir quelques mots comme "chaudron" et "baguette magique" avant de se relever vers ses parents. Ils avaient l'air aussi confus qu'elle.
"Qu'est ce que c'est que ça ?"
"Je n'en ai aucune idée."
""Poudlard" ? Vous avez déjà entendu parler de cette école ?"
"Non, ça ne me dit rien." confia son père. "C'est peut-être une arnaque, ou une mauvaise blague."
"Mais comment peuvent-ils connaître son nom ?" demanda la mère d'Hermione, inquiète. "Ou la couleur de sa chambre ?"
Ils restèrent silencieux, fixant tous les trois les papiers étalés sur la table comme s'ils allaient se mettre à parler pour leur expliquer. Hermione n'aimait pas le silence, alors elle prit la troisième feuille et la lut à voix haute :
"Une personnalité du monde des sorciers et plus particulièrement de Poudlard viendra s'adresser à vous personnellement en cas d'éventuelles questions, étant donné votre héritage moldu (non sorcier). Cette personne viendra vous rencontrer chez vous, demain, le 25 juillet 1991 à 17h précises. Merci d'avance pour votre temps accordé à cet entretien."
Elle reposa le parchemin, toujours aussi perdue qu'avant. De qui pouvait bien provenir ces lettres ? Elle releva de nouveau la tête vers ses parents, et essaya de sourire pour détendre l'atmosphère :
"C'est sûrement une arnaque, peut-être une blague de mes copains de l'école."
Ses parents eurent un sourire, mais semblaient toujours aussi perturbés. En buvant son thé, l'esprit d'Hermione tournait à cent à l'heure, et elle trouva que son cœur battait un peu trop vite. Pourquoi était-elle aussi excitée par cette lettre ?
"On saura demain à 17 heures." dit sa mère pour clôturer la conversation. "Si une sorcière arrive sur un manche à balai pour te donner une baguette magique, on saura que ce n'était pas une blague !"
Ils rièrent tous les trois en entendant cela, et Hermione se demanda si eux aussi essayaient de se persuader eux-mêmes de ne pas y croire.
Drago
Drago n'eut pas besoin de jeter son regard habituel vers la fenêtre dans l'espoir d'y voir un hibou, ce matin-là. La lettre qu'il attendait depuis des années était posée contre son verre de jus de citrouille. Il entra dans la salle à manger à toute vitesse en la voyant, et sa mère le regarda de l'autre côté de la table avec un sourire attendri.
"Bravo Drago, je suis très fière de toi."
Il la remercia en hochant la tête et s'empressa de déchirer le parchemin. Il lut l'intégralité de la lettre, une fois, deux fois, trois fois, avant de la reposer et de s'asseoir pour manger le petit-déjeuner. Il n'arrivait pas à cacher le sourire sur son visage : il allait y aller, à Poudlard, depuis le temps qu'il attendait. Il savait pertinemment qu'il serait accepté, mais le fait d'avoir sa lettre entre ses mains ne faisait que confirmer et mettre un terme à son attente. Il relâcha un soupir de soulagement comprimé dans sa poitrine dont il ignorait l'existence et commença à couper ses œufs au bacon.
"Pour fêter ça, que dis-tu d'une journée avec moi ? Je n'ai rien à faire aujourd'hui, ça te dirait d'aller te promener avec moi en ville ?"
"D'accord !"
Narcissa eut un sourire satisfait. Elle retourna à sa lecture en se cachant derrière l'immense journal qu'elle tenait entre ses mains, intitulé "La Gazette du Sorcier". Drago reconnut le Ministre de la Magie sur la photo de la couverture, qui saluait une foule dans le hall du Ministère avec un grand sourire. Peu intéressé par la vie politique, surtout dans une journée aussi extraordinaire, il se contenta de baisser la tête sur son repas et demanda à Dobby de lui servir un second jus de citrouille en attendant que sa mère finisse son article.
Une fois qu'ils eurent tous les deux terminé de manger, Drago et sa mère enfilèrent leurs capes de voyage et se rendirent au bout de l'allée du Manoir des Malefoy. Drago était habitué à ce genre d'escapade avec sa mère, ils se rendaient souvent dans divers endroits en ville pour visiter ou faire des achats, il ne fut donc pas surpris quand Narcissa lui tendit son bras pour qu'il transplane avec elle. Il serra le poignet de sa mère et sentit les effets du transplanage lui prendre la gorge et l'étirer de tout son long dans une spirale noire, avant d'atterrir brutalement sur les pavés du Chemin de Traverse.
Il avait très souvent voyagé en transplanant avec ses parents depuis son plus jeune âge, mais ça n'empêchait pas Drago de trouver ça très désagréable. Il secoua la tête, sentant les derniers vertiges quitter sa tête avant de se focaliser sur la rue devant lui. Elle était pratiquement vide, seulement quelques passants parcouraient la rue ensoleillée et quelques élèves de Poudlard regardaient les vitrines des différents magasins.
"Nous n'allons pas acheter tes fournitures scolaires aujourd'hui, Drago, nous le ferons dans quelques jours, ça te va ?" demanda sa mère qui enlevait ses gants en peau de dragon.
Drago hocha la tête et commença à marcher aux côtés de sa mère. Ils allèrent d'abord à la librairie où ils achetèrent les livres qu'il voulait, puis à une boutique de potions pour que Narcissa puisse reprendre des ingrédients qui leur manquaient. En sortant de la boutique, elle lança :
"Pour te féliciter de ton acceptation à Poudlard, tu peux avoir un cadeau. Qu'est ce qui te ferait plaisir ?"
Drago n'hésita pas une seule seconde et se dirigea vers le magasin d'accessoires de Quidditch. Il entra dans le magasin et interpella l'une des vendeuses :
"Vous avez le Nimbus 2000 ?"
La vendeuse écarquilla légèrement les yeux en entendant son ton, mais elle dévia son regard sur Narcissa qui se tenait derrière lui et ne fit pas de commentaire.
"Non, malheureusement ils n'arriveront que dans quelques jours."
Drago se tourna vers sa mère qui posa une main sur son épaule :
"Il n'y a aucun autre balai qui te plairait ?"
Drago s'approcha des rayons des balais et regarda ceux qui étaient exposés. Il était passionné de Quidditch, c'était ce qui le rendait le plus heureux au monde. Depuis tout petit, il était fasciné par les différents balais et connaissait maintenant chacune de leurs propriétés grâce aux livres et aux magazines qu'il avait lus. Il prit quelques minutes pour observer tous les balais, puis pointa son doigt vers celui qui était devant lui :
"Je veux celui-là."
Narcissa hocha la tête. La vendeuse décrocha le Comète 260 et se dirigea vers la caisse du magasin pour les encaisser. Elle avait l'air assez jeune, c'était probablement son premier travail après avoir fini Poudlard. Elle avait deux petits chignons autour de sa tête dont des mèches folles s'échappaient un peu. Drago ne pouvait pas voir sa mère de là où il se tenait, mais il n'avait aucun mal à deviner son nez plissé et ses lèvres serrées en voyant la coiffure de la vendeuse. Sa mère détestait les excentricités, quelles qu'elles soient, surtout de la part de personnes qu'elle ne connaissait pas. Elle passait le plus clair de son temps à juger les apparences des gens autour d'elle et à les critiquer ouvertement dès qu'elle était en compagnie de quelqu'un, comme Drago, Lucius ou n'importe quelle amie Sang-pur qu'elle croisait.
"C'est un très bon choix, le Comète 260 !" expliqua la vendeuse, qui n'avait pas remarqué le regard de Narcissa. "Il prend beaucoup de vitesse en montée, il est parfait pour le Quidditch."
"Je sais." coupa Drago d'un ton suffisant. "J'ai tout lu dans l'édition du magazine du mois."
La vendeuse regarda quelques secondes Drago tout en emballant le balai.
"Tu es en première année à Poudlard ?"
"J'y serai en septembre." dit-il en gonflant la poitrine, fier.
"Mes félicitations." dit la vendeuse avec un sourire. "J'ai fini l'année dernière, j'étais à Poufsouffle." (Narcissa étouffa un rire moqueur derrière Drago, mais la vendeuse l'ignora toujours.)
"Dans l'équipe de Quidditch ?"
Même si Drago n'avait aucune envie de se retrouver à Poufsouffle, il était tout de même très intéressé par ce sport et n'avait qu'une envie, c'était de pouvoir observer un match, et peut-être même intégrer l'équipe pendant sa scolarité.
La vendeuse hocha la tête.
"Oui ! Gardienne. Avec un peu de chance, tu pourras le devenir aussi."
"Les premières années n'ont pas le droit d'apporter leur balai." grommela Drago.
Il avait lu plusieurs fois la phrase sous sa liste de fournitures scolaires tant il avait été déçu.
La vendeuse haussa les épaules et lui tendit le paquet du Comète 260 par dessus le comptoir :
"Ce n'est pas grave, tu vas pouvoir t'entraîner avec ça en attendant !"
Drago prit le paquet sans la remercier et sortit de la boutique avec sa mère. Dès qu'ils furent de nouveau dans le Chemin de Traverse, il s'exclama :
"Un Comète 260 ! Blaise va être tellement jaloux quand je vais rentrer !"
Drago adorait ça, de pouvoir se vanter auprès de ses amis, ça lui donnait un sentiment de confiance. Il savait que ça pouvait être considéré comme de l'arrogance, mais il s'en fichait. Il avait hâte de voir le visage dépité de son meilleur ami quand il allait lui montrer son nouveau balai. Narcissa sourit de satisfaction :
"Tant mieux."
"Je vais l'essayer aujourd'hui."
"Tout ce qui te fera plaisir, Drago."
Hermione
Même si personne n'osait reparler de cette lettre mystérieuse dans la maison, la tension était de plus en plus présente à mesure que les heures s'écoulaient. Hermione remarquait que ses parents avaient tendance à jeter des regards vers l'horloge du salon, peut-être pour calculer les heures restantes avant 17h, tout comme elle le faisait inconsciemment. Pendant le déjeuner, aucun d'eux ne reparla de la lettre, comme pour feindre un oubli, mais Hermione savait qu'ils pensaient tous les trois à la même chose.
Le sens logique d'Hermione la forçait à penser que c'était faux, que ce n'était qu'une mauvaise blague ou une erreur. Elle savait pertinemment que la magie n'existait pas, et que les sorciers appartenaient au domaine de la fiction. Hermione avait lu des centaines de livres dans sa courte vie, et beaucoup parlaient de contes de fées ou de sorcellerie, et déjà petite elle savait que ça n'existait pas. Alors pourquoi son cœur battait anormalement dans sa poitrine dès qu'elle repensait à cette lettre ?
Il fallait dire qu'il y avait quelque chose à propos de ces parchemins qui rendaient la chose plus… réelle. Peut-être le fait que le papier était ancien, ou l'écriture si bien faite, ou la liste sérieuse des fournitures. Il y avait quelque chose qui faisait dire à Hermione, au fin fond d'elle-même : et si ? Et si quelqu'un venait frapper à ma porte et venait me dire que j'étais une sorcière ? Et si Poudlard existait vraiment ?
Hermione avait déjà vécu des expériences étranges, quand elle avait ressenti des émotions trop fortes. En primaire, elle avait brûlé les cheveux d'une fille méchante, Cassandra, qui avait volé le goûter d'une autre fille. La pauvre Cassandra avait passé les deux mois suivants avec un bonnet vissé sur sa tête en plein mois de juin pour cacher le trou béant sur son crâne. Une autre fois, Hermione avait refusé d'escalader une montagne lors d'une randonnée avec ses parents parce qu'elle avait le vertige, et quand ses parents avaient insisté, elle s'était retrouvée littéralement clouée sur place. Son père avait beau essayer de la faire bouger, de tenter de la soulever dans les airs, Hermione était restée résolument accrochée au sol sans raison, même après l'intervention des pompiers.
C'était seulement tard le soir, quand la nuit était tombée et que ses parents avaient abandonné la randonnée qu'Hermione avait réussi à bouger de nouveau.
Tous ces incidents avaient été mis sur le dos de phénomènes scientifiques inexpliqués, mais la jeune fille avait su que c'était elle qui les avaient causés. Elle avait toujours eu cette certitude, elle avait toujours pensé détenir des super-pouvoirs. Et ses parents le croyaient aussi, même s'ils essayaient toujours de justifier son comportement étrange avec des explications rationnelles.
C'était sûrement pour ça que ses parents avaient l'air de sursauter à chaque fois qu'ils entendaient un bruit sur le palier. Peut-être qu'eux aussi se demandaient ce qui allait se passer à 17 heures.
Hermione passa sa journée à faire semblant de lire, relisant souvent les mêmes lignes sans s'en rendre compte tant son esprit vagabondait. Elle s'imaginait intégrer Poudlard pour y apprendre la magie. A chaque fois qu'elle passait devant, Hermione regardait la lettre sur le comptoir de la cuisine ouverte, et elle sentait ses mains devenir moites.
A 16h50, Hermione était allongée dans le canapé du salon avec un livre posé sur la poitrine, bien qu'elle aurait été incapable de décrire l'intrigue même si sa vie en dépendait. Sa mère tricotait un vêtement à côté d'elle, mais son travail d'habitude impeccable était désordonné, avec des mailles décalées qui rendait le pull sous ses mains complètement informe. Le père d'Hermione lisait le journal en regardant sa femme en biais, l'air inquiet. Hermione ne regardait plus l'horloge du salon, dans l'espoir que si elle l'ignorait, les minutes passeraient plus vite.
A 17h précises, Hermione sentait son coeur battre dans sa gorge tant elle était stressée. Ses jambes tremblaient presque, elle attendait un signe, n'importe quoi, mais rien ne se passa. Elle regarda l'aiguille des secondes continuer son chemin comme si de rien n'était, et elle sentit une piqûre de déception lui transpercer douloureusement la poitrine en réalisant que ce qu'elle fantasmait depuis hier n'allait jamais arriver. Elle cacha sa frustration en se remettant à lire, quand tout à coup, trois coups à la porte les firent sursauter.
Ils se levèrent tous les trois précipitamment, l'air hagard. Ils se regardaient, comme s'ils attendaient que quelqu'un aille ouvrir la porte, et quand elle comprit qu'aucun de ses parents ne voulaient y aller, Hermione se rendit dans le hall d'entrée, suivie par ses deux parents qui était toujours aussi silencieux. Elle n'entendait que les battements frénétiques de son propre cœur contre ses tympans, son ventre était contracté à cause du stress. Elle prit la poignée dans sa main tremblante et ouvrit la porte d'entrée.
Hermione et ses deux parents derrière elle tombèrent nez à nez avec une femme. En un seul regard, n'importe qui aurait pu voir qu'elle n'appartenait pas du tout au même monde qu'eux. Elle portait une longue robe verte émeraude, et une cape noire par dessus. Ses vêtements auraient pu être considérés comme "normaux" si elle n'avait pas un long chapeau pointu et noir sur la tête. Ses cheveux étaient tirés en arrière et dissimulés sous son chapeau. Quand elle regarda Hermione et ses parents, ses traits sévères se décomposèrent pour former un petit sourire de politesse.
"Bonsoir. Vous devez être Hermione Granger ? Et vous, Mr. et Mrs. Granger, je présume ? Je suis la professeure Minerva McGonagall. Puis-je entrer ?"
