Suis-je folle de poster une nouvelle fiction alors que d'autres n'attendent que moi pour écrire leur suite ? Sans aucun doute. Mais j'ai besoin de changement donc me voilà pour vous faire découvrir une autre histoire. En espérant qu'elle accroche quelques lecteurs au passage, je vous souhaite une bonne lecture.


Un soir de plus où je suis de service au bar le plus respectable de tout Tortuga, le "Trésor de Calypso". Je ne sais pas quel trésor la fille d'Atlas aurait pu mettre ici mais toujours est-il que le nom est accrocheur. A moins que ce ne soit la réputation des serveuses ? Nous ne sommes que deux femmes dans un bar où les pirates et les criminels se réunissent pour se taper dessus. Enfin en théorie, c'est pour boire et manger mais ça finit rapidement en bataille. Quoique, la plupart du temps, la bataille est verbale et s'échauffe puis j'interviens pour qu'ils se tapent dessus dehors. Mais je n'ai pas vraiment dit pourquoi nous avons une réputation respectable. Le fait est que Tortuga est une île de pirates, de bandits et de marchands malhonnêtes. Et si on cherche des représentants de la justice, ce qu'ils font ici n'est pas très légal.

Si les lois ne sont pas respectées, les mœurs encore moins. Une oasis de débauche, d'alcool et de violence, voilà ce qu'est Tortuga. Mais le Trésor de Calypso se distingue parmi les autres bars puisque les serveuses ne vendent pas leurs corps en accompagnement des boissons. Dans ce bar, la règle qui concerne les serveuses est "On touche avec les yeux sinon on se fait rétamer". Parce que les serveuses de ce bar ont ça de particulier que si on insiste lourdement, elles mordent, frappent ou plus simplement éjectent les clients. Certes, ce n'est pas très attractif mais on oublie vite le côté féroce quand on goûte à ce qu'elles servent. Des cocktails fruités et quelquefois des spécialités maisons. Les pirates respectés et respectables se donnent alors rendez-vous dans ce bar où sur demande des habitués, un air de violon retentit et accompagne l'ambiance joyeuse.

Tortuga se trouve au milieu du Paradis. C'est une pause dans la conquête du One Piece, là où les pirates peuvent profiter d'une compagnie des plus agréables et de fontaines intarissables d'alcool en échange de quelques berries. Mais cette oasis est si merveilleuse que certains ne repartent pas, d'autres oublient l'appel de la mer et de l'aventure et stagnent ici. Tortuga est aussi une épreuve pour les pirates, c'est la tentation ultime. Les faibles s'abandonnent au plaisir alors que les futures légendes repartent vers le danger.

Toujours est-il que ce soir, le bar est tranquille, il n'y a pas beaucoup de pirates de passage, surtout des habitués.

-Deux Martinis et un Mojito pour la table 11.

Je dépose les boissons sur la table et dès lors que je me retourne, je ressens le mouvement de la main s'approcher de mes fesses, sans me toucher pour autant. Aussitôt, une furie rouge et noire se retrouve a mes cotés.

-Tu la touches et je te fais avaler ton mojito par les yeux.

-La menthe est très bonne pour la vue.

L'autre lève les mains, l'air terrifié et ses acolytes éclatent de rire. Je souris et me tourne vers ma patronne.

-C'est bon, je peux me défendre toute seule.

Elle se détend et repart derrière le bar, a l'autre bout de la salle, sa jupe noire virevoltant au rythme balancé de ses hanches.

-Dis donc, elle est pas commode quand il s'agit de toi.

J'acquiesce, elle me défend comme une tigresse. Puis reprend pour moi même.

-Si seulement elle faisait ça pour elle-meme.

Je quitte mes clients et regarde la salle, tout le monde est servi et discute joyeusement, des parties de cartes se déroulent sur la plupart des tables. Je souris, satisfaite de l'humeur ambiante et revient derrière le bar.

-Tout le monde est servi.

-J'ai vu ça. Tu peux aller chercher de la papaye dans l'arrière boutique ? Je n'en ai plus ici.

-Bien.

Je pousse les portes battantes et me rends dans l'arrière boutique qui contient de nombreux tonneaux avec différents alcools mais aussi des bouteilles de vins et des fruits. Parce qu'ici on ne sert pas que du rhum, du saké et de la bière ou encore du vin, on les mélange avec des fruits, parfois des fleurs. Et nos clients apprécient la saveur sucrée unique dans nos cocktails.

Alors que je prends le fruit, l'impression d'une menace proche me fait relever la tête. Je prends le fruit en vitesse et reviens dans la salle principale. Je me fige alors que je vois la salle vide. Où sont passés les clients ? Je cherche l'auteur de ce soudain silence et trouve bientôt ma mère, faisant face à un très grand homme musclé accompagné d'un homme à l'air placide. L'aura qui se dégage d'eux m'intrigue. Je pose le fruit sur le comptoir et rejoins ma mère dans les deux secondes suivantes.

-Alors Tia, ça fait un bail.

Sa voix gutturale me fait frissonner mais le fait qu'il appelle ma mère par son prénom me fait froncer les sourcils. Mais c'est l'éclat de rire de ma mère qui me surprends le plus. Je hausse un sourcil puis retourne mon attention sur le géant.

-C'est vrai. Qu'est-ce que tu fais ici, Newgate ?

Newgate ? ... Mon cerveau relie ce nom a des épithètes qui font les titres des journaux depuis toujours. Je suis face à l'Homme le plus fort du monde et je dois bien avouer que je suis impressionnée, il possède une présence très forte. Mais malgré ma surprise de l'avoir face à moi, je reprends contenance et décide de le traiter comme un client normal.

-Je suis de passage au Paradis et Tortuga m'a appelé. Alors me voilà.

-Qu'est-ce que je te sers ?

-Deux old-fashioned.

Elle acquiesce mais je suis la première à me retrouver derrière le bar. Malgré ça, je n'arrive pas à préparer le moindre ingrédient. Qu'est-ce qu'ils voulaient déjà ?

-Tu veux bien aller retourner la pancarte ?

J'acquiesce et traverse la pièce puis retourne la pancarte d'ouverture. Alors que je reviens, ma mère apporte le plateau a la table et s'assoit avec eux, j'hésite un instant mais ma curiosité l'emporte et je m'assois à ses côtés. Il pose ses yeux dorés sur moi en agitant légèrement son verre. Les glaçons tintent et c'est le seul bruit qui emplit l'espace.

-Tu as engagée une nouvelle serveuse ? Ta fille ne voulait plus t'aider ?

-C'est toujours Jewel. Aucun de ceux qui l'ont vue petite ne la reconnaissent.

Il fronce les sourcils et m'observe longuement. Mal à l'aise, je décide d'examiner mes ongles mais finalement, je relève les yeux et perçois aussi le regard du blond flegmatique sur moi.

-Tu as bien grandi, Jewel. Mais tu as toujours cet éclat dans le regard.

-Excusez-moi mais est-ce qu'on s'est déjà rencontré ?

Il éclate de rire et j'ai l'impression que le bois de la table est également secoué d'un fou rire.

-Tu avais trois ans quand on s'est rencontrés. Ta mère était occupée à faire le service et toi, tu te promenais entre les tables mais tu n'allais pas voir n'importe qui. Tu te rappelles de Marco ?

Il me désigne l'homme assis à ses côtés, je secoue la tête.

-Pourtant, dès que tu nous as vus, tu es venue directement vers lui.

-Et.. Qu'est-ce que j'ai fait ensuite ?

-Tu as escaladé la chaise à côté de moi et tu t'es assise puis tu m'as regardé longuement, silencieuse.

Je fronce les sourcils, légèrement amusée.

-Je ne dois pas être restée longtemps.

-Au contraire, tu est restée cinq minutes comme ça puis après tu as simplement remarqué qu'il était gentil.

-Tu n'avais pas peur. Tu nous as demandé quels animaux on avait vu.

-J'ai commencé par les orques et je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi émerveillé que toi. Mais tu as demandé à Marco de raconter l'histoire.

-Et c'est la seule fois où je t'ai vue aussi calme. Ca a duré tout l'après-midi.

-C'est pour ça que j'adore autant les orques alors...

Ma mère acquiesce puis reprend un air sérieux.

-Plus sérieusement, vous êtes aussi là pour recruter, n'est-ce pas ?

Il éclate de rire et secoue la tête.

-Pas vraiment mais je cherche quelqu'un, qui devrait être passé sur cette ile, il y a un mois ou deux. Alors si tu as des infos, ca m'aiderait.

-Dis moi les évènements qu'il l'ont rendu populaire et je te dirais si j'en ai entendu parler.

Il reste silencieux un instant.

-On raconte qu'une personne aurait coulé un navire de guerre de la Marine voulant assiéger Tortuga. Cette personne aurait eu la capacité de retourner l'océan contre le navire. Le récit d'un des survivants termine ainsi : "Calypso protège Tortuga."

Je me mords la lèvre inférieure mais hausse les sourcils.

-Ça vous dit quelque chose ?

Je croise les bras et m'enfonce dans ma chaise.

-Calypso devait être vraiment en colère.

-Vous pensez que c'est quelqu'un qui possède un fruit du démon ?

-Si c'était le cas, elle ne pourrait pas nager. Or, elle était très à l'aise dans l'eau, selon l'histoire.

-Vous pensez que c'est une femme dotée d'un... don ?

-Oui.

Ma mère me regarde rapidement mais je ne les lâche pas du regard, intéressée.

-Vous voulez l'engager ?

-Commencer par discuter, ce serait déjà quelque chose.

J'acquiesce puis secoue la tête.

-Je regrette mais nous n'avons pas vu cette personne, si toutefois elle existe. Néanmoins, si elle a défendu Tortuga, nous lui sommes reconnaissantes.

-Alors, je pense qu'il est temps pour nous de partir. Ça a été très agréable de vous revoir.

-Pour nous aussi.

Ils se lèvent et Marco se tourne vers moi.

-Merci de nous avoir accueillis.

-Vous êtes les bienvenus ici.

Je me lève et les accompagne jusqu'à la porte. Je serre la main de Marco et les regarde s'éloigner puis je referme la porte et rejoins ma mère, qui s'est levée et a débarrassé la table. Lorsqu'elle a fini, elle se tient devant moi.

-Ils sont toujours aussi impressionnants.

J'acquiesce. Elle soupire et me regarde.

-A chaque fois que j'essaye d'oublier ton destin, il y a toujours quelque chose pour me le rappeler. Mais où que tu sois, je t'aime.

Je penche la tête, intriguée et elle me prend dans ses bras. Surprise par son geste, je lui rends son étreinte et elle m'embrasse sur la joue avant de s'éloigner.

-Je t'aime, mon trésor.

-Je t'aime aussi, maman.

Elle monte se coucher la première. Je ne tarde pas à entrer dans ma chambre mais ne me prépare pas a dormir.