tw : allusions sexuelles peu explicites

.


Drago


.
.

Drago n'avait pas vu Granger depuis l'incident de la Coupe du Monde, et il voulait voir si elle avait l'air traumatisée. Il jeta un coup d'œil discret par la vitre. Elle était là, assise sur la banquette avec cette couverture aux couleurs pâles qu'elle trimballait partout. Elle lisait un livre et semblait tellement plongée dans sa lecture qu'elle ne faisait pas du tout attention aux conversations à côté d'elle.

Il fit coulisser la porte du compartiment. Quand elle le vit, Granger cacha son visage derrière son livre pour l'ignorer.

Malgré les piques qu'il lança à Weasley, elle restait imperturbablement fixée devant son livre de Sortilèges. Pourtant, Drago savait qu'elle écoutait avec attention ce qu'il disait. Son but était de la faire réagir, et il réussit à le faire en évoquant à demi-mot le Tournoi des Trois Sorciers :

"Soit tu nous expliques de quoi tu parles, soit tu t'en vas, Malefoy." coupa-t-elle de sa voix la plus sèche.

Drago jubilait. Il savait qu'il pouvait la faire parler, il savait qu'elle était curieuse de le savoir. Il pouvait voir qu'elle mourrait d'envie de lui poser des questions, mais qu'elle se retenait de le faire. C'était tellement satisfaisant à voir qu'il ne put cacher son sourire :

"Ne me dites pas que vous n'êtes pas au courant ? Weasley, tu as un père et un frère qui travaillent au ministère et tu ne sais même pas ? Merlin, mon père m'en a parlé il y a une éternité... C'est Cornélius Fudge qui le lui a dit. Évidemment, mon père a toujours affaire aux plus hauts représentants du ministère... Peut-être que ton père à toi n'est pas à un niveau suffisamment élevé pour être au courant de ces choses-là, Weasley... Oui, ça doit être ça, ils n'abordent sûrement pas de sujets importants devant lui…"

Drago éclata de rire et retourna dans le couloir avec Crabbe et Goyle, non sans avoir jeté un dernier regard en direction de Granger. Elle avait les sourcils froncés et le regardait partir avec une curiosité mal cachée.

Il adorait la voir réagir de la sorte, surtout quand il détenait une information qu'elle n'avait pas. Il retourna dans son compartiment, où le débat tendu entre Théo et Pansy était toujours en cours. Drago les ignora, et repensa à Granger en regardant le paysage par la fenêtre du train.

"La Divination, c'est une vraie matière." s'énerva Pansy. "Tu n'en sais rien, tu n'as jamais participé à un seul cours ! Mais je peux te certifier que toutes les prophéties que Trelawney a fait depuis le début de l'année se sont avérées vraies !"

"Oh, Pans', s'il te plaît." coupa Théo avec un rire moqueur. "Elle te fait croire ça en utilisant des prévisions plausibles, mais ce ne sont que des coïncidences !"

"Non, ce n'est pas vrai ! Arrête, tu me fais penser à Granger !"

Drago décolla sa joue de la vitre en entendant ça.

"À Granger ?" répondit Théo, déconcerté. "Pourquoi tu dis ça ?"

"Parce qu'elle est partie comme une furie du cours de Divination, l'année dernière. Elle a arrêté, parce qu'elle n'y croyait pas, comme toi. Elle avait même fait une petite scène dramatique pour partir."

Pansy soupira, comme si la simple évocation de ce souvenir l'agaçait. Drago fronça les sourcils. Granger, partie d'un cours ? Il ne l'imaginait pas du tout faire ça.

"Eh bien, Granger a raison." dit Théo. "Ce n'est pas une branche de la magie, c'est de la camelote. Je n'en reviens pas que tu puisses croire à ce genre de trucs."

Pansy s'affaissa contre sa banquette, et après avoir jeté un dernier regard provocateur à Théo, elle remonta le magazine au niveau de ses yeux pour se cacher de lui. Théo retourna à son livre, mais il parut déconcentré, ne cessant de revenir vers Pansy qui lisait tranquillement.

Drago reposa sa tête contre la fenêtre du train et pensa à Granger. Alors comme ça, elle pensait que la Divination était un sujet bête ? C'était la première fois qu'il entendait quelque chose qui pouvait montrer que Granger n'était pas une fanatique de l'école. Il ne pensait pas qu'elle pouvait avoir l'audace de répondre à un professeur.

Il continua de regarder le paysage qui défilait devant lui à toute vitesse, s'imaginant une Granger révoltée qui sortait de la salle de Divination en rouspétant, ce qui le faisait sourire malgré lui.

.
.


Hermione


.
.

Depuis le discours de rentrée de Dumbledore, l'atmosphère à Poudlard était complètement différente de ce qu'Hermione connaissait. Tout le monde, dans les couloirs, dans la Grande Salle, en classe, dans la Salle Commune de Gryffondor, ne parlaient plus que du Tournoi des Trois Sorciers.

C'était devenu le sujet principal des conversations depuis que Dumbledore l'avait annoncé, et chacun posait des questions, encore sans réponses : comment seraient les élèves de Durmstrang et de Beauxbâtons ? Qui serait élu champion de Poudlard ? Quelles seraient les épreuves ?

Hermione était intriguée, elle aussi. En plus, le fait de penser à ce futur tournoi avait totalement éclipsé le désastre qui s'était produit à la Coupe du Monde, et Hermione en était ravie, parce qu'elle n'avait pas très envie de revivre ces moments douloureux.

.

.

.

.

Une autre chose qui rendait la vie plus belle à Poudlard était son emploi du temps beaucoup plus léger. Maintenant qu'elle avait lâché la Divination et l'Étude des Moldus, Hermione n'était plus débordée de travail, ce qui lui permettait d'avoir du temps libre. Alors, elle le passait en se consacrant à sa nouvelle passion : le droit des elfes de maison.

Pendant la Coupe du Monde, Hermione avait été outrée du traitement qu'avait subi la pauvre Winky, l'elfe de maison de Barty Croupton Sr, et après avoir eu un débat animé avec Percy sur le sujet, elle s'était rendu compte avec horreur que les sorciers traitaient tous les elfes de maison de cette manière, c'est-à-dire comme des esclaves.

Malgré le nombre impressionnant de livres qu'elle avait pu lire sur le monde des sorciers, Hermione n'avait jamais saisi l'injustice que subissaient ces pauvres elfes. Et maintenant qu'elle était au courant, elle ressentait ce besoin de les libérer, surtout après avoir appris qu'il y en avait à Poudlard.

Elle passa tout son temps libre des premières semaines de Poudlard à la Bibliothèque, pour étudier les droits des elfes de maison. Il n'y avait pas énormément de livres qui parlaient de ce phénomène, comme si aucun auteur n'avait jugé bon d'inclure ces créatures dans leurs livres. Même dans L'Histoire de Poudlard, le préféré d'Hermione, il n'y avait aucune allusion aux elfes de maison des cuisines.

Hermione éplucha tous les livres qu'elle pouvait trouver pour récolter des informations, avec l'aide de Mrs. Pince. Elle passa des soirées entières sur la chaise de sa table préférée, à lire et étudier le droit des créatures magiques. Hermione se rendit compte très vite qu'il n'y avait aucune loi établie pour les droits des elfes, uniquement sur leurs devoirs.

Une autre chose qui changeait des dernières années de Poudlard, c'était qu'elle n'était plus la seule à étudier à la Bibliothèque avec autant de motivation. Un autre élève s'asseyait tous les soirs à la table voisine de la sienne. Drago Malefoy. Il était souvent seul, et Hermione aurait pu jurer qu'il lui jetait des regards discrets, de temps en temps. Mais elle n'était pas intéressée pour rentrer dans son jeu, trop occupée à créer la S.A.L.E, sa nouvelle association de lutte contre les maltraitances sur les elfes de maison.

Le troisième jour, elle rentra de la Bibliothèque avec deux rouleaux de parchemin de recherches sur les elfes de maison. En arrivant devant le portrait de la Grosse Dame, elle trouva un pauvre Neville devant, qui avait encore une fois oublié le mot de passe.

"Farfadet ?" proposa-t-il.

"Non." répondit la Grosse Dame, agacée.

"Friandises ?"

"Non…"

"Fariboles." dit Hermione.

Le portrait coulissa et Neville lui fit un sourire gêné :

"Merci. Je me souvenais que ça commençait par un F, mais impossible de me souvenir du nom. Tu as déjà des devoirs ?" demanda-t-il, étonné, en pointant du doigt les parchemins roulés sous son bras.

"Non. Je fais des recherches personnelles… Neville, tu as un elfe de maison, chez toi ?"

Neville parut surpris par la question mais répondit en s'asseyant dans le canapé devant le feu :

"Euh, non. Ma grand-mère dit qu'elle se débrouille très bien toute seule, et qu'elle n'a pas besoin d'aide de quelqu'un d'autre. Pourquoi ?"

"Ah ! Donc, ta grand-mère est pour la liberté des elfes de maison ?"

Neville plissa le front :

"Hm… Non, pas vraiment. Elle s'en fiche, simplement."

"Ah…"

Ginny s'approcha alors d'eux et s'assit dans le canapé :

"Salut. Déjà du travail ?" demanda Ginny en voyant les parchemins d'Hermione. "Nous aussi, on est déjà débordés. McGonagall nous a donné des devoirs en Métamorphose, je dois apprendre à transformer un iguane en chausson."

"Oh, je me souviens de cet exercice." dit Neville en se tournant vers Hermione. "On l'avait révisé ensemble, pendant une séance du samedi, tu te souviens ? Mon chausson était resté vert."

"Oui, c'est vrai. Tu veux que je t'aide à le faire, Ginny ?"

"Ça serait super !" s'exclama Ginny, soudain soulagée. "Samedi, c'est ça ? Je pourrais vous rejoindre pendant votre séance de révisions ?"

"Bien sûr !" dit Hermione avec un sourire.

"Super, merci beaucoup Hermione."

Hermione se fit un thé à la cannelle et continua à parler avec Neville et Ginny au coin du feu. Très vite, leur discussion dériva vers le Tournoi des Trois Sorciers, comme c'était le cas depuis le jour de la rentrée.

Puis, Harry et Ron arrivèrent à leur tour, Fred et George s'installèrent sur les accoudoirs du canapé, accompagnés de Lee Jordan. Seamus et Dean se mirent au pied de la table basse en face du feu pour parler avec eux, et très vite, une bonne vingtaine d'élèves finirent par rejoindre leur conversation. Hermione les écoutait avec son thé, réchauffée par le feu.

.


Drago


.
.

Le premier cours d'Arithmancie de l'année touchait à sa fin, et Drago n'avait rien suivi. Il avait passé l'heure à observer Granger qui recopiait les exercices que le professeur Vector avait affichés au tableau. Quand elle se concentrait, elle se tortillait toujours une mèche de cheveux bouclée entre ses doigts, sans s'en rendre compte, ce qui était très drôle à regarder. Théo lui donna un coup de coude :

"Drago, tu as compris l'exercice neuf ?" chuchota-t-il avec les sourcils froncés.

Drago tourna la tête vers le tableau et vit un graphique particulièrement difficile.

"Pas vraiment. Tu n'y arrives pas ?" s'étonna-t-il.

D'habitude, c'était Théo qui expliquait ce cours à Drago, pas l'inverse. Théo secoua la tête :

"Non, je ne comprends pas le calcul."

Drago baissa les yeux et vit que le parchemin de Théo était barré de partout.

"Le cours est terminé." annonça Vector depuis son bureau. "À la semaine prochaine !"

Les élèves se levèrent pour ranger les affaires, dont Granger qui s'était levée d'un bond.

"Cool, pas de devoirs !" dit Drago avec un sourire.

"Ça m'énerve de ne pas comprendre." s'énerva Théo, qui était toujours assis à son pupitre, les yeux rivés sur le manuel d'Arithmancie.

"Désolé, je peux pas t'aider." dit Drago qui rangeait son manuel dans son sac.

Il surprit alors le regard de Théo qui vagabondait dans la salle de classe, pour s'arrêter sur Granger. Elle venait de terminer de ranger son sac et le mettait maintenant sur son épaule, sans prêter attention aux deux Serpentards du pupitre d'à côté. Théo se mordit un peu la lèvre, hésitant.

"Non." dit Drago à voix basse. "Tu ne vas quand même pas lui demander ?"

"Pourquoi pas ? Elle a dû comprendre l'exercice, elle."

Il hésita encore, mais il mit trop de temps à se lancer, parce que Granger s'en alla rapidement de la salle de classe. Théo grommela et se leva à son tour, mais au lieu de ranger son manuel dans son sac, il préféra le garder à la main.

"Tu vas vraiment réviser le cours qu'on vient de quitter ?" demanda Drago en voyant Théo lire en marchant.

"Ouais, ça m'énerve de ne pas comprendre."

"Ok.. On va déjeuner ?"

"Non, attendons Pansy. Elle met plus de temps à sortir, avec le cours de Divination à l'autre bout du Château. Allons rejoindre Blaise dans la cour."

Ils se dirigèrent donc vers la cour du Château, Théo toujours en train de relire son manuel en zigzaguant à l'aveugle entre les élèves.

"Mais attends, Blaise n'a pas cours de Divination, lui aussi ?" demanda Drago.

"Non. Il sèche souvent, il dit que c'est nul et qu'il n'a pas besoin d'aller en cours pour réussir les examens de fin d'année. Il n'y a que Pansy qui aime cette matière." dit Théo avec un rire moqueur.

Effectivement, Blaise était déjà dehors, assis au pied d'un grand arbre, en train de lire la Gazette des Sorciers. Ils s'asseyèrent à côté de lui, et furent bientôt rejoints par Crabbe et Goyle, au grand malheur de Théo qui soupira.

Drago était occupé à observer Granger, Potter et Weasley entrer dans la cour à leur tour, en train de discuter vivement.

"Weasley est dans le journal." dit Blaise en mettant soudain le journal sous les yeux de Drago.

Il regarda l'article : "Nouvelles bévues au Ministère de la Magie." Les yeux de Drago s'écarquillèrent et il saisit le journal à deux mains pour pouvoir lire tout l'article, puis, il éclata de rire :

"Ce looser de Weasley !"

Il plissa les yeux pour regarder la photo qui accompagnait l'article : c'étaient les deux parents des Weasley, tous les deux postés devant une maison toute biscornue. Drago se leva contre le tronc d'arbre, surexcité.

"Où tu vas ?" demanda Blaise.

"Aller montrer ça à Weasley, bien sûr ! J'ai hâte de voir sa tête quand…"

"Non, Drago, ne fais pas ça…" dit Théo qui avait soudain relevé la tête de son livre.

Mais avant qu'il ne puisse le stopper, Drago tourna vite les talons, suivi de près par Crabbe et Goyle. Il traversa la cour, et ce ne fut qu'une fois qu'il fut devant eux qu'ils levèrent la tête vers lui.

"Qu'est-ce qu'il y a ? demanda sèchement Weasley.

"Ton père est dans le journal, Weasley !" dit Malefoy. "Écoute un peu ça ! Il semble que les ennuis du ministère de la Magie soient loin d'être terminés, écrit notre envoyée spéciale, Rita Skeeter. Récemment montré du doigt pour l'insuffisance de son service d'ordre lors de la Coupe du Monde de Quidditch, et toujours incapable de donner la moindre explication concernant la disparition de l'une de ses sorcières, le ministère se voit à nouveau plongé dans l'embarras à la suite des fantaisies d'Arnold Weasley, du Service des détournements de l'artisanat moldu." Drago releva la tête pour regarder la tête déconfite du rouquin. "Tu te rends compte, Weasley, ils ne connaissent même pas son nom exact, c'est comme si ton père n'avait aucune existence."

Granger avait les sourcils froncés. Elle paraissait furieuse. Drago continua sa lecture :

"Arnold Weasley, qui fut poursuivi il y a deux ans pour possession d'une voiture volante, s'est trouvé impliqué hier dans un incident qui l'a opposé à des représentants de l'ordre moldu (appelés gendarmes) à propos de poubelles particulièrement agressives. Il semblerait que Mr Weasley se soit précipité au secours de Maugrey « Fol Œil », un ex-Auror d'un âge avancé, qui fut mis à la retraite par le ministère lorsqu'il apparut qu'il était devenu incapable de faire la différence entre une poignée de main et une tentative de meurtre. Comme on pouvait s'y attendre, en arrivant devant la maison transformée en camp retranché de Mr Maugrey, Mr Weasley fut bien obligé de constater que l'ancien Auror avait une fois de plus déclenché une fausse alerte. Avant de pouvoir échapper aux gendarmes, Mr Weasley s'est vu contraint de lancer plusieurs sortilèges d'Amnésie afin de modifier la mémoire des témoins. Il a cependant refusé de répondre aux questions de La Gazette du sorcier qui souhaitait lui demander pourquoi il avait cru bon d'impliquer le ministère de la Magie dans cette bouffonnerie peu digne d'un de ses représentants, et dont les conséquences pourraient se révéler fort embarrassantes."

Il releva la tête et remarqua que beaucoup d'élèves de la cour écoutaient ce qu'il disait. Pourtant, il ne regardait que la réaction de Granger, parce que voir ses joues devenir rosées et la colère la faire trembler était beaucoup trop satisfaisant. Weasley, lui, était rouge tomate.

"Et il y a une photo, Weasley !" continua Drago. "Une photo de tes parents devant leur maison, si on peut appeler ça une maison ! Ta mère aurait peut-être intérêt à perdre quelques kilos, tu ne crois pas ?"

Il savait qu'il avait touché un point sensible, parce que Weasley n'avait jamais eu l'air aussi furieux. Il vit Granger poser une main sur son bras, comme pour le calmer, et ce geste lui donna une montée de colère inattendue.

"Vas te faire voir, Malefoy." cracha Potter. "Viens, Ron."

"Ah oui, c'est vrai que tu es allé chez eux cet été, Potter." lança hargneusement Drago. "Alors, dis-moi, est-ce que sa mère ressemble vraiment à un cochonnet ou bien c'est simplement la photo qui fait ça ?"

Il savait qu'il était allé trop loin, parce qu'il entendit des exclamations de choc derrière lui, dont celle de Théo. Il ne se souvenait plus quand il était devenu tellement en colère, il avait basculé d'un coup et maintenant, il était aussi énervé que Weasley. Ce dernier se jeta sur lui, mais fut retenu par Granger qui le suppliait de se calmer, maintenant.

"Et ta mère à toi, Malefoy ?" répliqua Potter. "Pourquoi est-ce qu'elle avait l'air d'avoir une bouse de dragon sous le nez, quand je l'ai vue ? Elle est toujours comme ça ou bien c'est simplement parce que tu étais avec elle ?"

"Ne t'avise pas d'insulter ma mère, Potter."

"Alors dans ce cas-là, ferme la."

Potter se retourna, emportant Granger avec lui. Drago sentait les tremblements de colère lui paralyser les muscles, sensation qu'il n'avait pas ressenti depuis assez longtemps. Impulsivement, il sortit sa baguette et la pointa sur le dos de Potter :

"Stupefix !"

Le sort sortit de sa baguette avec tellement de force qu'elle trembla dans ses mains, ce qui fit partir le sort trop vers la gauche et frôla simplement Potter. Drago vit alors, juste derrière eux, le professeur Maugrey qui arrivait dans la cour à toute vitesse :

"Pas de ça, mon bonhomme !"

Maugrey jeta alors un sort, et un jet d'étincelles blanches le percutèrent de plein fouet. Drago ressentit une vague de chaleur intense se déverser en lui, et pendant un instant, il crut que sa crise de colère avait eu raison de lui.

Alors, juste après la chaleur, son corps se contorsionna douloureusement. Son dos s'arqua dans un craquement désagréable et il se sentit rapetisser considérablement, jusqu'à ce qu'il soit le ventre contre la terre, les quatre pattes par terre.

Maugrey l'avait transformé en fouine.

Il leva la tête, apeuré, et ne parvint qu'à produire un couinement de peur. Toutes les personnes autour de lui étaient immenses, et le regardaient avec des yeux ronds. Drago tenta de se relever, sans succès. Il crut reconnaître Granger, qui avait les yeux écarquillés d'horreur, puis il se retourna et vit Blaise et Théo qui s'étaient relevés avec des mains devant la bouche.

Soudain, le corps de Crabbe se pencha vers lui, et au moment où sa main énorme essaya de le saisir, Drago sentit le sol trembler. C'était Maugrey qui avançait, et sa jambe de bois piétinait le sol. Il cria par réflexe, un autre couinement aigu, et courut pour s'échapper.

Il n'entendait rien, et voyait flou. Il se sentit soudain projeté dans les airs, probablement grâce à la baguette magique de Maugrey qui avait l'air pointée sur lui. Il le trimballa dans les airs, de haut en bas, ignorant ses cris de douleur. Son dos était en miettes. Il se rappela des Moldus de la Coupe du Monde, ballottés dans les airs comme des pantins désarticulés. Est-ce que c'était une revanche, une punition ?

Après ce qui sembla une éternité de sauts, il sentit un nouveau claquement contre son corps et une nouvelle vague de chaleur l'irradia. Quand il osa de nouveau ouvrir les yeux, il était par terre, le souffle court et les larmes aux yeux. Maugrey et McGonagall étaient devant lui, et la professeure semblait outrée :

"Maugrey, nous n'avons jamais recours à la métamorphose pour infliger des punitions ! Le professeur Dumbledore vous l'a sûrement précisé ?"

"Il y a sûrement fait allusion, oui." répondit tranquillement Maugrey.

Drago s'était relevé. Ses doigts piquaient, et il avait mal à la tête, comme un vertige. La colère n'était toujours pas descendue, surtout en voyant les visages hilares de Potter et Weasley. Granger, elle, ne riait pas. Ses deux sourcils étaient toujours froncés, comme si elle était inquiète. Ils échangèrent un regard, mais elle ne fit rien et tourna les talons pour aller à la Grande Salle.

.

.

.

.

Il retrouva ses amis au dîner, et vu le visage de Pansy, quelqu'un lui avait raconté sa transformation pendant son absence. Il prit place sur le banc des Serpentards en grimaçant de douleur : chaque muscle utilisé lui donnait une douleur lancinante, comme s'il avait des courbatures partout.

Au début, quand il s'assit, personne de son groupe d'amis ne dit le moindre mot. Il remarqua que Pansy, en face de lui, avait le visage caché par son verre d'eau et évitait soigneusement de le regarder.

"Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?" demanda-t-il sèchement.

Pansy, Théo et Blaise se regardèrent, et d'un coup, ils éclatèrent de rire. Pansy recracha son eau sur la table et Théo était presque allongé dessus tant il riait.

"Quoi ?! Vous riez parce qu'on m'a transformé ?"

Leurs rires redoublèrent.

"Transformé… en… fouine !" hurla Théo, plié en deux.

Blaise martelait la table de son poing, toujours secoué par un terrible fou rire. Toute la colère que Drago ressentait s'évapora d'un coup, et sans le contrôler, il éclata de rire aussi. Leur fou rire dura bien vingt minutes, à chaque fois que quelqu'un se calmait, ils finissaient toujours par rire de nouveau. Ce fut contagieux : assez vite, la moitié de la table des Serpentards s'écroulaient de rire.

"J'aurais payé pour voir ça, putain !" criait Pansy entre deux hoquets.

Drago s'essuya les yeux qui avaient perlé au coin de ses yeux tant il avait ri. Son coeur était beaucoup plus léger après ça, il se sentait moins humilié. Il renonça à en parler à ses parents, parce qu'ils feraient probablement un scandale, et il ne voulait pas revenir là-dessus. Ses amis avaient réussi à le faire décolérer.

Ils rièrent jusqu'à ce qu'ils aillent se coucher, et Drago était persuadé d'entendre encore des ricanements provenant des lits fermés de Blaise et Théo pendant la nuit.

.


Hermione


.
.

Hermione était arrivée en avance à la séance de révisions du samedi à la Bibliothèque. Elle était en train de peaufiner les derniers détails de l'association qu'elle venait de créer, la S.A.L.E, en finissant des derniers tracts qu'elle comptait distribuer aux élèves du Château.

Neville arriva et contempla la pile impressionnante de prospectus, sur la table :

"Salut, Hermione. Qu'est-ce que tu fais ?"

"Mes recherches sur les elfes de maison. J'ai crée une association, la S.A.L.E, pour les défendre. Ron et Harry font parti des adhérents, et si tu payes deux Mornilles, tu peux avoir ton badge et m'aider à recruter plus de monde…"

Elle leva la tête et croisa le regard de Neville. Même s'il avait l'air intéressé par ce qu'elle disait, elle fut surprise de voir à quel point il était pâle et triste. Elle s'interrompit dans son explication et demanda doucement :

"Neville ? Tu es sûr que ça va ?"

"Quoi ? Oui, super."

Elle pouvait dire qu'il mentait, c'était évident. Son regard était fuyant et embué. Elle devina sans peine la raison :

"C'est Maugrey, c'est ça ? Ce qu'il a fait hier ?"

La veille, le professeur Maugrey leur avait enseigné les trois Sorts Impardonnables. Hermione avait remarqué que Neville n'avait pas bien réagi lors de la présentation de l'un d'eux, le sortilège de Doloris. Il s'était soudain crispé et avait regardé l'araignée se tordre de douleur avec horreur, jusqu'à ce que le professeur Maugrey arrête son exposé en voyant son air apeuré. Mais avant qu'elle n'avait pu lui demander comment il allait, le professeur Maugrey l'avait conduit dans son bureau, et elle ne l'avait pas revu de la journée.

Neville hocha doucement la tête :

"C'était horrible." dit-il dans un murmure.

"C'est vrai." dit Hermione, compatissante. "Il est vraiment violent. Qu'est-ce qu'il t'as dit, après ?"

"On a pris un thé, et il m'a posé des questions sur moi. Il m'a aussi donné un livre, parce qu'il a dit que j'étais bon en Botanique, selon le professeur Chourave."

Hermione lui fit un sourire :

"C'est le cas, Neville. Tu es brillant dans cette matière. Et si ça peut te rassurer, Harry aussi s'est senti mal après le cours de Maugrey, par rapport au sortilège de la mort…"

Neville plongea alors son regard dans celui d'Hermione, et il eut l'air d'hésiter à dire quelque chose :

"En fait… Moi aussi, j'ai…"

"Salut vous deux !"

Ginny s'était approchée de la table et son intervention fit sursauter Neville, qui s'éloigna brutalement d'Hermione. Sa confession s'échappa, il toussota et fit un petit sourire à Ginny, embarrassé :

"Hey."

Elle s'assit à la table et posa son épais manuel de Métamorphose au milieu en soupirant :

"Je suis nulle. J'ai essayé de m'entraîner toute la semaine, et impossible de réaliser ce sort."

Hermione sourit et ouvrit le manuel de Ginny pour réviser avec elle. Elle fut tellement happée par les devoirs et les révisions qu'elle oublia totalement la S.A.L.E, et l'air maussade de Neville se dissipa au bout de quelque temps.

À la fin de leur séance, il faisait presque nuit dehors, et l'iguane que Ginny avait emprunté à McGonagall n'était plus qu'un chausson verdâtre avec seulement quelques écailles dessus.

"Bravo, Ginny ! Tu as réussi !"

Neville et Hermione applaudirent et Ginny les remercièrent, puis redonna à l'animal son aspect ordinaire. Le bruit qu'ils firent en la félicitant attira l'attention de Drago Malefoy, Blaise Zabini et Théodore Nott, assis un peu plus loin. Zabini lisait une revue et Théodore Nott était penché sur des devoirs. Malefoy, lui, ne faisait rien de particulier, mis à part balayer ses yeux gris un partout dans la Bibliothèque.

Finalement, fatigués d'avoir tant travaillé, ils se levèrent tous les trois en même temps pour aller dîner. Mrs. Pince n'avait pas son sourire habituel quand Hermione quitta la salle, et elle se douta que c'était à cause de l'iguane que Ginny tenait dans ses bras. Ginny passa par le bureau de McGonagall pour le déposer, puis ils allèrent rejoindre les autres à la Grande Salle. Harry et Ron étaient déjà assis mais n'avaient pas encore commencé à manger.

"Ah, vous voilà !" s'écria Ron en les voyant s'asseoir. "Vous étiez où ? Je meurs de faim."

"Tu meurs constamment de faim, Ron." dit Ginny.

"On était à la Bibliothèque."

"Quoi ? Mais on n'a même pas de devoirs !" dit Ron en se servant. "Neville, tu t'es fait embrigadé par Hermione pour soutenir la sale, c'est ça ?"

"C'est pas sale, c'est S.A.L.E. !" corrigea Hermione, agacée.

"C'est quoi ça, la S.A.L.E ?" demanda Ginny.

Hermione lui expliqua son association entre deux bouchées, et contrairement à toutes les personnes à qui elle avait pu le dire, Ginny fut celle qui était le plus intéressée. Elle lui donna même deux Mornilles et accrocha fièrement son badge à sa robe de sorcière :

"Et voilà ! Si tu veux, tu peux me passer quelques tracts, pour que je les passe aux filles de Serdaigle de mon cours de Sortilèges."

"Oh, oui ! Merci Ginny !"

Ron avait levé tellement de fois les yeux au ciel pendant l'exposé d'Hermione qu'il louchait presque.

"Hermione, pour la centième fois, les elfes de maison sont heureux de leurs conditions." dit-il, la bouche pleine.

"Tais-toi, Ron." coupa Ginny.

Ils se chamaillèrent un peu, et Hermione remarqua que Neville ne prenait plus part à la conversation. En réalité, il avait les yeux dans le vide, et avait retrouvé son air triste. Il ne faisait que triturer son gratin avec sa fourchette sans le manger.

"Neville ?" demanda Hermione doucement, profitant des éclats de voix à côté d'eux pour couvrir ses paroles. "Tu vas bien ?"

Il leva la tête, comme surpris dans sa rêverie et hocha la tête :

"Oui, oui." répondit-il d'une petite voix.

Hermione voulut insister, demander ce qui n'allait pas. Alors, subitement, un souvenir émergea dans son esprit. Il datait de la deuxième année, quand Hermione s'était transformée en chat et qu'elle avait passé un mois à l'infirmerie. Neville était venu la voir, et malgré son apparence, il n'avait posé aucune question. Neville avait toujours fait ça, réconforter sans juger.

Hermione regarda son ami qui mangeait tristement, et décida de mettre sa curiosité de côté. S'il ne voulait pas en parler, c'était sûrement pour une bonne raison.

.


Drago


.

"Allez, debout !"

La voix de Blaise perça à peine le sommeil dans lequel Drago était plongé. Il roula sur son lit et ouvrit à moitié l'œil : Blaise avait tiré ses rideaux et regardait patiemment Drago et Pansy, allongée à côté de lui.

"Hmmppffr." marmonna Drago.

"Allez ! Le réveil sonne depuis vingt minutes, vous allez être en retard."

Drago se tourna lassement vers Pansy. Elle dormait toujours, sa tête dépassant de quelques centimètres de la couette épaisse. Ses cheveux noirs étaient éparpillés sur l'oreiller blanc.

"Vas te faire voir, Zabini." grogna-t-elle d'une voix ensommeillée.

"Cinq minutes." dit Drago en bâillant.

"On sèche ?" proposa Pansy.

Drago acquiesça. Leur premier cours était Histoire de la Magie, et Drago n'avait aucune envie d'y participer maintenant, surtout quand son lit était aussi confortable. Blaise soupira :

"Quoi, même le petit-déjeuner ?"

"J'ai des trucs à manger dans mon dortoir." dit Pansy en rabattant la couette sur elle. "Laisse-moi dormir."

"Viens, Théo, ils sèchent." dit Blaise en sortant du dortoir.

Ils fermèrent la porte derrière eux et le dortoir fut alors de nouveau plongé dans le noir. Drago se retourna dans son lit, mais maintenant qu'il était réveillé, il savait qu'il n'arriverait jamais à se rendormir. Il resta de longues minutes allongé comme ça, jusqu'à ce que Pansy ne fasse un ronchonnement :

"Super. Maintenant, je suis réveillée."

"Moi aussi." dit Drago.

Elle sortit alors sa tête de la couette et se frotta les yeux en soupirant dramatiquement.

Drago regarda le dortoir vide et eut alors une idée :

"Maintenant qu'il n'y a plus personne, tu veux…?"

Elle comprit son allusion et réfléchit quelques secondes avant de se tourner vers lui :

"Ok, pourquoi pas."

Elle se releva, parfaitement réveillée maintenant. Drago et Pansy n'avaient pas arrêté de coucher ensemble depuis qu'ils étaient revenus à Poudlard, au contraire, ils le faisaient encore plus qu'avant. Dès que l'un des deux s'ennuyait et proposait, l'autre acceptait.

Ils le faisaient tout le temps dans le lit de Drago, protégés par les sortilèges de silence que Pansy posait tous les soirs avant de dormir. Et étant donné qu'elle venait dormir dans son lit très souvent depuis la première année, ni Théo ni Blaise n'avaient fait de remarque.

Par contre, ils n'en parlaient jamais à l'extérieur de ce lit. C'était comme un accord secret. Mis à part ça, leur relation n'avait pas du tout changé, ils étaient toujours meilleurs amis.

Pansy se mit à califourchon sur Drago qui était toujours allongé dans son lit et se pencha pour l'embrasser. Comme d'habitude, elle sentait le tabac froid, l'odeur si particulière qui la suivait partout. Il passa une main dans ses cheveux lisses et elle sourit légèrement contre sa bouche, puis, elle se releva et enleva son t-shirt.

Il y eut alors soudain un faisceau de lumière qui éclaira brièvement Pansy. La porte s'était ouverte à la volée, et Théo se tenait dans l'encadrement. Drago réalisa une seconde trop tard qu'ils n'avaient pas refermé les rideaux depuis que Blaise les avait réveillés.

"Merde, merde, merde !" s'écria Pansy.

Théo poussa un hurlement et déversa alors un flot d'insultes que Drago n'avait jamais entendu de sa vie. Drago saisit vite Pansy par la taille pour la faire tomber en avant et la cacha avec la couette, juste à côté de lui.

"Chut, Théo !" siffla Drago. "Tu veux que tout le Château t'entende ou quoi ?!"

Théo referma brutalement la porte avec le pied et alluma la lumière du dortoir. Il avait la bouche grande ouverte de choc :

"C'est quoi cette connerie ?!" hurla-t-il.

"Tu n'étais pas censé être là !" se défendit Pansy d'une petite voix.

"JE VENAIS CHERCHER MON MANUEL D'HISTOIRE DE LA MAGIE, PUTAIN ! Je l'ai oublié ! Qu'est-ce que je viens de voir ? Oh Merlin, je ne vais jamais réussir à enlever cette image atroce de ma tête."

Il pressa ses poings contre ses yeux en grommelant. Pendant ce temps-là, Pansy essayait de remettre son t-shirt de pyjama sous la couette.

"Putain de merde ! Il est à peine 8h et je suis confronté à ça ! Putain ! Vous voulez vraiment me tuer ?"

"Ça va, c'est rien !" lâcha Pansy.

"Rien ? Rien ?!" beugla Théo qui avançait maintenant à l'aveugle dans le dortoir pour atteindre son lit. "Je viens de voir ma meilleure amie seins nus en train de se balancer sur mon meilleur ami et tu dis que c'est rien ? Je suis traumatisé, putain !"

Théo se cogna brutalement contre le pied de son bureau et poussa un juron étouffé.

"Tu peux ouvrir les yeux Théo, je suis habillée." dit Pansy.

"J'en ai rien à foutre, je ne veux plus jamais vous revoir !" cria-t-il, profondément agacé.

"Tu crois pas que tu exagères un peu ?" demanda Drago.

"Comment tu réagirais, si tu me voyais coucher avec Blaise dans mon lit un beau matin à 7h30 ?"

Drago fit la grimace, mais Théo ne put pas la voir parce qu'il avait toujours les yeux fermés. Il tâtonnait maintenant son lit pour essayer de trouver son manuel.

"Alors, quoi ? Vous couchez ensemble maintenant ?" questionna-t-il.

"Ouais."

"Depuis quand ? Putain, me dites pas que vous baiser à côté de moi depuis des années. Je vais changer de dortoir."

"Mais non ! Ça fait à peine un mois. Détends-toi, Théo." dit Pansy, presque amusée.

Elle enleva finalement la couette et sauta par terre, probablement pour s'habiller. Elle se dirigea vers la salle de bains pendant que Théo se frottait les yeux :

"Je peux ouvrir les yeux ou je vais devoir subir un nouveau traumatisme ?" grinça Théo.

"Tu peux ouvrir les yeux, je suis juste en culotte."

Pansy passa devant lui et alla s'enfermer dans la salle de bains. Drago enfila un t-shirt à son tour :

"Attends nous, on va aller déjeuner."

"Ah, maintenant que j'ai interrompu votre activité, vous allez en cours ?"

Drago haussa les épaules. Théo rangea son manuel dans son sac, sans arrêter de ruminer des paroles insensées. Pansy sortit de la salle de bains, entièrement habillée et coiffée. Ils se dirigèrent vers la Grande Salle, mais Théo était muet et n'osait même plus les regarder.

Quand ils s'approchèrent de la table des Serpentards, Blaise leva la tête de son journal avec un sourcil arqué de surprise de les voir arriver. À peine Drago s'était-il assis à côté de lui et de Théo que ce dernier s'exclama :

"Blaise, tu ne vas jamais croire ce que je viens de voir…"

"Hé, Théo !" murmura Pansy, assise en face d'eux trois.

"... Pansy et Drago, qui couchaient ensemble ! Là, dans le dortoir !"

Il avait prononcé ça d'un ton courroucé, en les pointant du doigt. Pansy ouvrit la bouche, probablement pour l'insulter de les avoir balancés, mais s'arrêta en entendant la réplique de Blaise :

"Ouais."

Il haussa les épaules, son visage partiellement caché par la Gazette du Sorcier. Même Pansy fronça les sourcils :

"Hein ? Tu étais au courant ?"

Blaise baissa le journal suffisamment pour croiser le regard de Pansy. Il avait un petit sourire amusé.

"Non, mais je m'en doutais."

"QUOI ?" s'écria Théo, révolté. "Pourquoi est-ce que je suis toujours le dernier au courant de ce genre de choses, putain ?"

"Je l'ai deviné !" expliqua Blaise, toujours avec son petit sourire en coin. "C'était évident, Théo."

"Comment ça ?" s'insurgèrent Drago et Pansy en même temps.

"J'étais censé croire que d'un coup, vous aviez réussi à vous réconcilier ? Drago qui arrête de faire la gueule du jour au lendemain, et Pansy qui arrête enfin ses crises de larmes de dépressive ? J'étais sûre qu'il avait réussi à la faire sourire en la…"

Il dû s'interrompre parce que Pansy venait de lui jeter sa fourchette à la gueule, qu'il esquiva à la dernière seconde :

"Hé !" brailla-t-il, son sourire maintenant disparu. "Je préférais quand tu jetais des serviettes…"

"Ouais, mais là, j'avais vraiment envie que tu te taises." répliqua Pansy de mauvaise humeur.

"Enfin bref…" reprit Blaise. "J'avais bien compris. Je me demandais quand est-ce qu'on allait vous surprendre, mais je n'aurais jamais pensé que ça serait aussi tôt. Vous n'êtes tellement pas discrets."

"Théo n'était pas censé revenir dans le dortoir." grinça Pansy entre ses dents. "On peut arrêter d'en parler, maintenant, s'il vous plaît ? Vous êtes au courant, mais vous avez interdiction de faire le moindre sous-entendu à ça, surtout en public. C'est clair ?"

Elle menaça les deux garçons en face d'elle avec le bout de son couteau qu'elle pointait sur eux. Ils n'eurent aucun doute qu'elle puisse leur jeter s'ils osaient faire une blague, alors, ils acquiescèrent tous les deux.

"Tu as fini de lire ça ?" demanda Pansy au bout d'un moment, en montrant le journal de Blaise.

"Ouais, vas-y."

Comme tous les jours depuis la première année, Pansy prit la Gazette et l'ouvrit à la dernière page, lut quelques lignes, et le referma tout en mangeant son porridge. Théo demanda :

"Pourquoi tu lis que cette partie-là, à chaque fois ?"

Drago, qui savait déjà la réponse à cette question, ne put cacher son sourire en imaginant la suite de cette conversation.

"C'est mon horoscope du jour." dit tranquillement Pansy.

Théo poussa un profond soupir de désespoir et reposa ses couverts dramatiquement, avant de lever les yeux en l'air, vers le ciel de la Grande Salle :

"Oh Merlin. Viens moi en aide, je t'en supplie."