Melynee : je pense que tu exprimes mieux que moi ce que je voulais dire ^^
On dit que la beauté est dans l'œil de celui qui regarde ^^
Ermidia : Roh, merci beaucoup pour ce gentil message ! Le plaisir est largement partagé
Le lendemain matin, ils retournèrent à l'infirmerie d'Azkaban.
Nguyen lui ausculta la mâchoire, puis la main. Il obligea patiemment Drago à écouter un cours d'anatomie supposé aider son corps à réparer correctement les choses : Il lui montra les nerfs à vif, l'artère, les muscles, les os des phalanges… Il lui fallut avaler une potion anti-vomitive quand l'infirmier commença à stimuler manuellement les tendons pour lui montrer comment réagissaient ses moignons de doigts. Il passa un long moment à expliquer comment se formaient les ongles et à nommer les différentes strates et matières qui les composaient…
Drago parvenait à écouter ce discours et à observer son membre amputé pendant quelques minutes, puis il ne pouvait s'empêcher de détourner la tête, saisi de violents haut-le-cœur, pour cacher son visage dans les robes de Potter.
Un véritable gosse.
Il fallut ensuite vérifier ses autres blessures. Potter crut d'abord le rassurer en lui affirmant qu'il restait à ses côtés, mais Drago le chassa sans ménagement sous l'expression légèrement moqueuse de Nguyen. L'infirmier lui tripota la verge et les testicules, et cet examen froid et clinique ne fut pas beaucoup plus supportable qu'un viol. Quand il dut se retourner pour exhiber ce qu'était devenu son intimité, il ne parvint pas à dissimuler ses reniflements honteux et effrayés, et il trembla tellement que le brancard sur lequel il avait pris appui émit un bruit de carillon, les différentes pièces mal fixées s'entrechoquant entre elles.
L'infirmier lui donna une nouvelle potion à avaler cinq heures après chaque repas pour stopper la digestion. Un problème qui ne lui était pas passé par la tête jusque-là et qui lui donna à nouveau envie de dégobiller, malgré la potion anti-vomitive.
Une fois ces formalités faites, l'infirmier eut la délicatesse de lui laisser quelques minutes pour se remettre avant de laisser Potter les rejoindre dans son bureau pour un bilan.
« Comme je vous le disais hier, commença l'infirmier, je pense que vous concernant, la moindre intervention magique à formellement parler est une mauvaise idée. Je suis plutôt satisfait de la façon dont vous vous remettez, et je vous conseillerai simplement de continuer à appliquer le baume cicatrisant Branstone et le mucus d'axolotl. Vous pouvez également reprendre un rythme de sommeil régulier. En l'absence de complications, il est inutile que nous nous revoyions avant sept jours.
– Je n'aime pas l'idée que vous n'ayez pas mieux à proposer, indiqua Potter en croisant ses bras.
– Il est résistant », lui répondit Nguyen, comme s'ils discutaient d'un enfant n'ayant pas voix au chapitre. « A votre place, je m'inquièterai davantage pour son état mental que physique. »
Ils étaient tous les deux mécontents en quittant l'infirmerie : Potter n'appréciait pas l'apparente désinvolture de Nguyen en ce qui concernait le traitement de Drago, et celui-ci ruminait cette ultime remarque sur sa santé mentale.
Drago s'était toujours considéré comme quelqu'un de résistant, psychologiquement parlant. Quelqu'un de déterminé et qui savait ce qu'il voulait. Il ne l'aurait avoué pour rien au monde, mais il avait la désagréable impression que l'infirmier venait de le traiter de brute sans cervelle.
Potter était une brute sans cervelle.
Ils montèrent les escaliers et retournèrent dans les appartements du Directeur. Drago se fit la réflexion qu'il aurait préféré dormir dans sa cellule, mais il était après tout vrai que Potter également avait fait une nuit blanche. S'ils pouvaient se reposer ensemble, ça ne serait pas si mal…
Il enleva ses chaussures avant de se diriger vers la chambre et de s'allonger sur le lit.
Potter mit un moment à le rejoindre, et quand il le fit, il lui tendit la potion d'anesthésie sans un mot. Drago s'en saisit, mais dit tout de même, avec un ton maussade et en se redressant :
« Barrufio.
– Non. Je me garde l'élixir de Barrufio. J'ai du travail. Mais toi, repose-toi. »
Drago fronça les sourcils.
« Dans ce cas, je n'ai pas besoin de celle-ci, dit-il en désignant le flacon doré. Je n'ai pas mal et je suis épuisé.
– J'aimerais que tu la prennes. »
Drago comprit immédiatement : La façon dont il l'avait gardé à l'œil la veille, son irruption paniquée dans la salle de bain… La potion anesthésiante qui provoquait un sommeil calme et sans rêves…
« Tu as peur que je me suicide… »
Potter ne répondit pas, mais il prit au moins sur lui pour ne pas détourner le regard.
« C'est ce que tu ferais à ma place ? »
Cette fois, ses yeux papillonnèrent un instant sur le côté avant de se fixer à nouveau dans ceux de Drago.
« Non, affirma-t-il en affichant une expression sérieuse. C'est toi qui m'as dit que tu ne quitterais pas cette prison vivant.
– Et c'est toi qui m'as demandé à deux reprises, de te lancer un Avada Kedavra avec ta propre baguette. »
Potter grimaça, et son regard s'échappa à nouveau.
Drago soupira puis reprit la parole : « Tu as gagné, Potter. Nous avons joué, et j'ai perdu. Mon père ne veut plus de moi, alors je t'appartiens. C'était la règle. » Il se leva, puis alla ranger la potion dans la trousse à pharmacie de la salle de bain.
Quand il revint au salon, Potter se trouvait là, les bras ballants.
« Tu ne m'appartiens pas, Malfoy. Je cherche pas à te posséder.
– On peut utiliser le vocabulaire de ton choix, Potter.
– Est-ce que tu veux que je reste ?
– Non, affirma Drago. Fais ce que tu as à faire. Ne t'inquiète pas pour moi. Je vais me reposer.
– J'ai jamais vraiment voulu mourir, tu sais. »
Drago observa les albatros, sur le balcon. Toujours ce courrier, toujours ces responsabilités, toujours cette pression.
« Ça n'a aucune importance, Potter. Ce qui compte, c'est le résultat. Et nous sommes vivants, de toute évidence. »
·
Il ne se reposa pas. Il parvint à travailler un peu – la plume à Papote se révéla d'une aide précieuse – mais avait un mal fou à se concentrer et à avancer correctement. Souvent, il levait les yeux vers le balcon et les albatros, craignant d'apercevoir la cape noire du Détraqueur. Les oiseaux étaient cependant calmes, et loin d'afficher l'agitation qu'ils avaient manifesté juste avant l'apparition de la créature ou la vigilance attentive d'avant son attaque…
Deux fois au cours de la journée, la Major Mullan vint « lui apporter des documents ». La première fois, elle frappa à la porte, mais puisque Drago ne se sentait pas suffisamment maître des lieux pour ouvrir la porte, elle entra finalement sans autorisation. Il prit peur, mais elle se contenta de poser les parchemins sur la table et lui accorda à peine un regard avant de s'en aller. La seconde fois, il reconnut son frappement bref et brutal et se força à aller lui ouvrir, lui prendre les documents des mains, et à lui marmonner quelque chose du genre de « Je m'en occupe tout de suite. »
Cette surveillance rapprochée était à la limite de l'oppression, mais probablement le seul compromis possible entre le besoin du Survivant à être rassuré sur son état de santé et la nécessité de quitter les lieux pour travailler.
Drago ne lui fit donc pas de reproche quand Potter rentra ce soir-là. Ils allèrent faire une promenade sur la plage, où le Directeur réitéra sa volonté de voir de la végétation pousser sur le sol de l'île. Drago se moqua, mais prit note de commander quelques livres d'herboristerie. Après tout, peut-être que certaines plantes de rocailles sauraient supporter le froid hivernal et le sel…
« Je vais demander à Neville s'il veut bien passer jeter un œil », affirma Potter.
Drago acquiesça sagement. Neville, l'ancien excellent Auror devenu un excellent professeur à l'excellente école de Poudlard. Nul doute que cet excellent ami ne refuserait pas de venir passer un excellent moment à Azkaban avec l'excellent Monsieur Potter.
Ils croisèrent deux Surveillants sur le chemin du retour, et leur regard révulsé et fasciné rappela à Drago la difformité de ses traits. Dès lors, il fit passer ses cheveux par-dessus son épaule gauche pour dissimuler une partie de son visage. Potter s'en aperçut, et poussa la chevelure quelques instant pour lui déposer un léger baiser au niveau de la pommette.
·
Pendant le dîner, alors que Potter racontait joyeusement une énième aventure de jeunesse – la première fois où il avait discuté avec un serpent – Drago l'interrompit soudain, et lui demanda en fixant son assiette :
« Qu'est-ce que tu attends de moi, exactement, Potter ? »
Il fallut quelques secondes à l'interrogé pour répondre à son tour d'une question :
« C'est-à-dire ?
– C'est-à-dire qu'on ne couche plus ensemble depuis une éternité, et étant donné mon état, ça risque de durer. Il est probable que je ne récupère jamais l'usage de ma main, ce qui me rendra inapte aussi bien au travail secrétarial qu'aux travaux ménagers, travaux ménagers dont j'oublie de m'occuper un jour sur deux, d'ailleurs. J'ai bien compris que tu me voulais vivant, et à tes côtés. Mais pour quoi faire ? » Il n'avait pas mangé grand-chose : Il restait un gros tas de spaghettis au pesto dans son assiette, et la sauce verte rappelait un peu trop la gelée qui enveloppait sa main pour qu'il puisse la trouver appétissante. Des pointes de sa fourchette, il réalisait de petites arabesques contre la porcelaine, dessins éphémères qui disparaissaient rapidement dès que l'huile s'y engouffrait de nouveau.
« Je n'attends rien de toi, répondit enfin Potter après un long silence. Je veux seulement que tu ailles mieux.
– Et quand j'irais mieux, qu'est-ce qu'on fera ? Une fois que le héros des Sorciers aura de nouveau sauvé une vie, tu chercheras quelqu'un d'autre ?
– Une fois que tu iras mieux, on y réfléchira. On fera ce que tu veux, on ira à ton rythme. »
Drago revêtit un sourire sans joie : Tout semblait pourtant laisser supposer que Potter refuserait de le laisser faire ce qu'il voudrait, si l'idée ne lui convenait pas. Il ne le laisserait pas rejoindre son père, il ne le laisserait pas mourir…
« Je suis pas le héros des Sorciers, Malfoy. T'as bien vu que j'étais un tocard, en vrai. » Il haussa les épaules. « Même mes amis, ils me considèrent un peu trop souvent comme un héros, et c'est… Un peu épuisant, à la longue. Quand on est ensemble, j'ai l'impression que je peux un peu mieux découvrir qui je suis vraiment. » Il se tût un moment, puis précisa : « Ou en tout cas, qui j'ai vraiment envie d'être. »
Drago se mordilla la langue, toujours sans le regarder. La semaine précédente, ils avaient eu une discussion qui avait ressemblé à celle-ci. Potter lui avait dit vouloir découvrir « le vrai Malfoy » dissimulé sous celui destiné à recevoir les coups. En échange, il lui avait proposé de lui présenter « Harry ». Drago avait refusé. Tout ça l'avait effrayé.
En y repensant, quel était le pire : Découvrir l'autre, ou risquer de se découvrir soi-même ?
« Et puis je ne perds pas l'espoir de te séduire, reprit Potter. Je suis sûr que tu te jetteras bientôt sur moi de toi-même : Plus tu es laid, moins j'ai de rival, plus j'ai de chance ! »
Potter avait le don pour dédramatiser toutes les situations. Drago lâcha sa fourchette pour cacher son visage et étouffer son rire. L'ustensile tinta sur l'assiette et tomba par terre, et son rire redoubla tandis qu'il criait à Potter d'aller chercher du savon pendant qu'il frottait la tâche verte sur le tapis avec l'eau de son verre.
Quand la tâche eut disparu et que la laine eut repris sa belle blancheur, Drago leva les yeux vers Potter. Ils étaient tous les deux agenouillés sur le tapis, et leurs yeux pétillaient encore.
Potter leva la main pour replacer l'une des mèches blondes derrière son oreille, lui sourit gentiment et demanda :
« Tu passes la nuit ici ?
– Est-ce que j'ai vraiment le choix ? »
Potter le fixa longtemps, sans enlever sa main de sa joue. Il n'avait pas l'air de réfléchir à la question, mais plutôt de chercher à comprendre pourquoi Drago la lui posait.
« Oui, répondit-il enfin. Je préfèrerais que tu acceptes, mais si tu te sens plus à l'aise tout seul, je comprendrais. » Il réfléchit un moment, puis ajouta : « Je peux dormir dans le canapé. Ou faire apparaitre un lit de camp, aussi. Tout ce que tu veux. »
Drago hocha doucement la tête.
« On peut dormir ensemble, alors. »
Ce soir-là, Potter n'essaya pas de lire au lit. Après avoir s'être occupé du pansement de Drago, puis après l'avoir aidé à changer de tenue, ils se couchèrent face à face et discutèrent. Ils parlèrent de tout et de rien. Une discussion sans queue ni tête à propos de leurs musiques préférées, d'activités extra-scolaires ou de voyages… Ils parlèrent du petit Teddy, à nouveau, et des cadeaux de moldus que Potter lui offrait à chaque anniversaire ou Noël, ne sachant pas trop quel genre de jouets magiques existaient, et à partir de quel âge ils pouvaient être utilisés.
« Je sais que mon parrain m'avait offert un balai volant à mon premier anniversaire, gloussa Potter. Et quand j'ai appris ça, j'ai trouvé l'idée trop cool. Mais avec le recul, je trouve quand même ça un peu dangereux, vu l'âge que j'avais.
– Et bien ça explique en partie pourquoi tu es un tel inconscient…
– Tu veux dire que j'ai été élevé à la dure, ou bien que j'aie dû prendre un mauvais coup sur le crâne ?
– Probablement les deux. »
Potter éclata doucement d'un rire fatigué.
« Je pense que j'aurais jamais d'enfant. Je ferais un père horrible…
– Je pense que je n'aurais jamais d'enfant. Il faudrait que je couche avec une femme pour ça. »
Ils rirent encore. Ils parlèrent encore. Potter finit par fermer les yeux et Drago vit sa respiration s'alourdir et son visage se détendre. Il l'observa longtemps, à la faible lumière d'un rayon de lune. Potter était beau. Il avait mis plus de dix ans à s'en rendre compte. Dix ans avant de pouvoir apprécier ses sourcils épais, ses longs cils, sa mâchoire volontaire, ses lèvres épaisses qui appelaient les baisers, son nez droit et si parfait qu'on ne le remarquait même pas…
Drago se demanda longtemps où il en était, questions sentiments.
Il ne fallait pas s'attacher à Potter. Jamais. Les sentiments étaient un risque et une faiblesse.
Mais c'était trop tard, désormais. L'idée avait été si aberrante qu'il n'avait même pas songé à prendre garde. A présent, c'était trop tard, et Drago s'en voulait d'avoir été aussi négligeant.
Un jour, il partirait. Il finirait de produire ses miracles, il guérirait Drago de toutes ses blessures, et il reprendrait sa route pour aller sauver un autre peuple ou une autre victime. Et Drago se retrouverait seul à nouveau.
C'était la première fois depuis trois ans qu'il envisageait le fait de parvenir à s'en sortir… Et il n'était pas certain d'apprécier cette perspective…
Et là, la réponse a mon propre commentaire d'hier : J'ai beaucoup aimé passer, au fur et à mesure des chapitres, de "Potter est moche et poilu" à "Potter a un corps pas mal", puis à "les lunettes lui vont bien" puis à "parce qu'il a quand même des beaux yeux" puis enfin à "oui, bon, en fait, il est magnifique" XD
Au final, est-ce que Harry est beau ou non ? Je n'en ai pas la moindre idée X,D Mais je sais qu'il a forcément du charme et qu'il est séduisant... Pas de bol, Drago, tu t'es fait avoir comme un bleu !
