Comme promis, voici la suite, riche en émotions !

10

Les heures s'étiraient, au rythme des contractions de plus en plus proches à présent. Le col était presque totalement effacé et Jack savait que le moment arriverait bientôt. Mais, Sam semblait épuisée. La péridurale n'avait pas marché sur elle, à cause du Naquadah présent dans son organisme, apparemment. Jack n'avait pas tout compris. Tout ce qu'il savait, c'est que sa femme souffrait. Énormément. Il jeta un bref coup d'œil à sa montre hors de la montagne, le soleil s'était couché depuis longtemps.

Daniel et Teal'c étaient passés dans l'après-midi et Jack savait qu'ils attendaient dans le couloir de l'infirmerie. Janet avait tenté de leur dire d'aller vaquer à leurs occupations, qu'elle les appellerait dès la naissance mais, Teal'c avait plaisanté à propos « d'équidés non domestiqués » qui ne pourraient même pas les faire bouger d'ici.

Daniel avait souri doucement et Janet avait secoué la tête, plus émue qu'elle voulait le reconnaître.

Ces quatre-là formaient une sacrée équipe… plus qu'une équipe. Une famille.

Sam était noyée de fatigue. Les contractions étaient autant de vagues qui la drossaient contre un mur de souffrance et la laissaient vide et désarmée. Elle avait eu bien des blessures au cours de sa carrière elle avait aussi subi la douleur brûlante que lui avait infligée l'Achrak en tuant Jolinar et elle se souvenait d'une manière bien trop réelle des tortures infames de Sokar mais, rien ne semblait égaler cette douleur-là. Elle avait l'impression qu'elle allait se déchirer de l'intérieur. Après des heures de supplice, elle n'aspirait qu'à une chose : que cela cesse.

La main de Jack ne quittait pas la sienne. Il n'était pas parti une seule minute, restant assis sur un mauvais siège, tout près d'elle.

Entre deux contractions, elle réalisa qu'elle devait lui broyer les doigts et elle lui adressa un regard tendre, empli de culpabilité et d'excuses. Mais Jack se contenta de lui sourire en retour, ses yeux reflétant un amour sans limite qui l'inonda d'une douce félicité.

Janet entra dans le box et procéda à un nouvel examen. Mais au lieu de reposer le drap sur ses jambes et de se relever, la Doc posa ses mains gantées sur les genoux de Sam et déclara :

– C'est le moment, Sam ! Il va falloir que tu pousses de toutes tes forces sur la prochaine contraction !

– Je ne peux pas… souffla Sam en secouant la tête sur l'oreiller.

Mais, Jack lui serra fermement la main et lui dit à l'oreille :

– Allez, Sam ! Tu dois le faire ! On y est !

Avec un grognement, Sam s'exécuta et poussa autant qu'elle pouvait, se redressant vers ses genoux au rythme de la contraction. Lorsque la poussée s'acheva, elle retomba lourdement sur les oreillers. Mais, elle n'eut pas le temps de reprendre vraiment son souffle qu'une nouvelle contraction arrivait et que Janet lui criait de pousser encore.

Voyant qu'elle peinait, Jack grimpa dans le lit, derrière elle et la soutint de tout son corps, lui offrant ses deux mains pour se cramponner. Sam s'appuya sur lui, au sens figuré comme au sens littéral pour affronter cette épreuve.

– Allez, Sam, un dernier effort ! Je vois la tête ! indiqua Janet avec un sourire.

Mais, Sam était éreintée et ne semblait plus l'entendre. Jack serra plus fort ses doigts :

– Allez, Sam… courage ! Sam !

Comme elle ne répondait pas, il s'affola et lui cria :

– Allez, Major ! Encore un effort !

La voix impérieuse du Colonel pénétra sa conscience endolorie et, machinalement, Sam fit ce qu'il lui ordonnait.

Janet attrapa délicatement la tête du bébé et, sur la contraction suivante, fit glisser sans effort les épaules et le corps du nouveau-né. Sam retomba dans les bras de Jack, à bout de forces, reprenant difficilement son souffle.

Janet frictionna l'enfant dans une serviette chaude.

Un vagissement puissant s'éleva dans l'infirmerie et Jack perçut des cris de joie, provenant de l'extérieur de la pièce, probablement du couloir où se trouvaient leurs amis.

– C'est une petite fille… annonça Janet.

Avec douceur, Janet posa le bébé sur le cœur de Sam qui tendait ses bras pour l'accueillir. Jack descendit du lit et rajusta les oreillers pour permettre à sa femme de s'installer plus confortablement. Il caressa le front de Sam, mouillé de sueur, écartant les mèches de ses cheveux blonds, aussi blonds que le duvet qui recouvrait le crâne de leur enfant. Jack contempla sa femme qui fixait avec émerveillement la minuscule et si parfaite petite créature posée sur son sein.

Les yeux embrumés de larmes, le Colonel se pencha et embrassa tendrement Sam qui lui offrit en retour un sourire lumineux. Toute la douleur de ces dernières heures semblait envolée dans son regard. Ne restait qu'un bonheur infini, presque aveuglant.

– Voulez-vous couper le cordon, Jack ? demanda Janet en lui tendant les ciseaux.

Encore un peu hébété, Jack hocha la tête et coupa entre les deux clamps.

Le Dr Fraiser demanda ensuite à Sam l'autorisation de lui enlever l'enfant quelques instants pour la nettoyer un peu et la peser. Elle procéda aux examens initiaux dans la même pièce, pour que les parents ne quittent pas la petite des yeux. Puis, elle la leur rendit, enveloppée d'une couverture propre et d'un petit bonnet rose.

Sam déposa un baiser sur le minuscule petit front et compta, sans vraiment s'en rendre compte, les doigts de l'enfant. Puis, elle tourna son visage vers Jack, penché sur son épaule et murmura :

– Notre petit miracle…

– On pourra remercier Thor la prochaine fois qu'on le verra… Elle est vraiment parfaite ! confirma Jack, sous le charme de sa fille.

– Grâce… souffla Sam.

Jack jeta un regard interrogatif vers sa femme et comprit.

– Grâce, confirma-t-il. C'est parfait…

Sam sourit et offrit :

– Tu veux la prendre un peu ?

Fou de joie, Jack accepta et l'enfant passa aisément de l'un à l'autre, comme s'ils avaient fait ça toute leur vie.

On toqua légèrement à la porte du box alors que Jack se plongeait dans les yeux incroyablement bleus de sa fille. Ils étaient sombres comme un océan et pourtant lumineux et curieux.

– Elle a déjà ton regard… murmura Jack, ébloui.

Sam éclata d'un rire doux et fit signe d'entrer à leurs amis, qui attendaient sur le seuil, n'osant pas troubler cette scène émouvante.

Daniel arriva avec un énorme bouquet de fleurs roses et blanches tandis que Teal'c arborait dans ses mains des brassées des ballons assortis et un sourire assez rare pour être souligné.

Jack haussa un sourcil à la vue des couleurs et ricana :

– Pas au courant, hein ?

Daniel bredouilla que cela tenait « du plus parfait hasard » et les jeunes parents éclatèrent de rire.

Jack s'avança vers ses amis et inclina délicatement le paquet de couverture pour leur montrer le visage de la petite puce qui observait tout autour d'elle avec curiosité.

– Mes amis, je vous présente Grâce O'Neill.

Le sourire de Teal'c se fit tendre et la bouche de Daniel s'ouvrit sur un « Ohhh ! » émerveillé.

Voyant ses trois gars réunis autour du bébé, Sam demanda à Janet :

– Tu n'aurais pas ton portable sur toi, par hasard ?

Janet sortit l'appareil de la poche de sa blouse.

– Si, pourquoi ?

– Je voudrais faire une photo souvenir…

La Doc sourit et connectant l'appareil photo, demanda aux garçons de regarder dans sa direction. Daniel et Teal'c se serrèrent un peu autour de Jack et de Grâce, offrant l'image d'une joyeuse complicité.

Puis, chacun voulut prendre la fillette dans ses bras et Sam eut un sourire ému lorsque Grâce disparut presque dans les immenses bras, si doux et attentionnés, du Jaffa.

Le bébé ne pleura pas, se laissant bercer de bras en bras, comme si elle savait d'instinct qu'elle était entourée de sa famille.

Le Général Hammond se fraya alors un chemin parmi les ballons et lança :

– Ah ! Puis-je voir cette petite merveille ? Toute la base ne parle que d'elle !

Sam, qui venait de récupérer sa fille, l'invita à s'approcher. Le Général se pencha sur l'enfant et déclara avec un large sourire :

– Eh bien ! Vous avez fait du beau travail, vous deux ! Elle est vraiment magnifique !

Jack plaisanta :

– Heureusement, elle a tout hérité de sa mère !

Mais Daniel répliqua :

– Je ne crois pas, Jack. Elle a vos yeux !

Jack fut tellement surpris qu'il faillit s'étrangler avec le verre d'eau qu'il avalait.

– Daniel ? Vous êtes daltonien ?

Daniel rajusta ses lunettes sur son nez, perplexe :

– Non… pourquoi ?

– Elle a les yeux bleus, Daniel !

Sam gloussa :

– Tous les bébés ont les yeux bleus, Jack !

– Oui, et vu comme ils sont foncés, je pense qu'elle tire plutôt de vous, Jack, ajouta Daniel.

Jack se contenta de lever les yeux au ciel.

Il se moquait bien de la couleur des yeux de Grâce. Tout ce qui comptait, c'était qu'elle aille bien.

Le bébé grogna un peu et se mit à pleurer, cramponnant sa petite main à la chemise de Sam.

– Ah… Je crois qu'elle a faim, s'excusa la jeune maman.

– Bon allez, tout le monde dehors ! lâcha Jack avant d'ajouter d'un ton contrit : Avec tout le respect que je vous dois, mon Général…

Ses amis éclatèrent de rire et tout le monde quitta les lieux, laissant la petite famille se retrouver.

– Tu étais bien pressé de les mettre dehors, plaisanta Sam en dégrafant sa chemise d'hôpital pour faire téter sa fille.

Jack grogna, tout en regardant, attendri, les deux femmes de sa vie :

– Il y a des limites quand même… Déjà que je te partage avec elle désormais…

Sam secoua la tête, amusée et charmée par l'attitude délicieusement jalouse de Jack.

Lui tendant sa main libre, elle l'invita à se rapprocher. Il s'assit sur le bord du lit et les contempla, se disant qu'il était vraiment un homme très chanceux.

À suivre

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