Note de l'auteure:
Cette histoire raconte l'après, quand tout est terminé ou, du moins, quand on croit que tout est fini.
Cloud et Tifa essayent d'avancer, comme ils peuvent, entourés de tous leurs amis, pas toujours très doués, hélas.
Une ultime aventure pour un couple qui n'en est pas un et qui doit tout réapprendre sur la vie.
Post Advent Children et Dirge of Cerberus
Essentiellement basé sur le jeu original, avec quelques emprunts au remake.
Sans oublier une touche de folie, d'humour, d'amour et de larmes!
Deux ans auparavant.
La terre vibrait sous l'attaque qu'elle subissait. Un météore d'une dizaine de kilomètres d'envergure était au plus proche de son point d'impact, soulevant la couche terrestre et libérant la pression des volcans alentours.
Du vaisseau dont l'arrivée providentielle les avait tous sauvé, un groupe d'amis blessés et épuisés, liés par le sort funeste qui les attendait, ne quittaient pas des yeux cette ultime bataille.
Leurs cœurs étaient suspendus aux quelques secondes précédent la déflagration, priant pour qu'un miracle se produise et mette un point final au piège maléfique savamment installé par un esprit dévoré par la haine et la vengeance.
Quand soudain, alors que la roche née de l'obscurité du monde percutait avec violence l'origine de toute vie, une lumière fendit l'espace telle une lame divine, s'arrachant à la terre comme le cri d'un nouveau né.
Gaia hurlait tout à la fois. Son désir de vivre, son refus de se soumettre au jugement dernier et sa douleur, alors que son adversaire brisait toutes ses défenses.
La rivière défia la gravité pour se diriger droit sur l'intrus, comme autant de globules blancs devant une dangereuse infection.
Mais c'était trop tard...
Rien ne semblait pouvoir détourner la mort de sa cible, s'enfonçant sans ciller au travers la plaie sanglante et se rapprochant inéluctablement du cœur de toute chose.
Et alors que tout était perdu, une voix s'éleva depuis les ténèbres, réveillant tous les espoirs. Chaque esprit pu entendre le dernier vœux d'une âme rendue trop tôt à son créateur et de cette prière naquit l'ultime œuvre d'une planète dont le chant du cygne resterait, cette fois-ci, coincer dans ses entrailles.
Sacre, énergie pure et absolue, aussi destructrice que créatrice, était venue en ce monde pour cautériser ses plaies et annihiler le virus qui cherchait à le tuer.
Sa lumière digne d'une étoile à son firmament, transperça le météore de part en part avant de le renvoyer dans les ténèbres, dont il n'aurait jamais du sortir.
Deux mois plus tard.
- Strife Delevery Service? Pourquoi vous voulez coller mon nom là dessus?
Cloud regardait, avec énormément de scepticisme, le camion que venait d'acquérir Barret Wallace. L'ancien chef de leur groupe, Avalanche, toisait fièrement, les mains sur les hanches, le nouveau véhicule blanc qui lui permettrait d'assurer les échanges entre Edge et les autres villes de la région.
- Parce que ça sonne mieux! Arrêtes donc de râler. Avoues que ça claque!
C'était à se demander s'il n'allait pas être à l'étroit dans une cabine si simple. Barret n'était pas un petit gabarit et jouait même carrément dans la catégorie poids lourd. Du haut de ses deux mètres dix, la montagne devait bien peser dans les cent trente kilos de muscles et Cloud était certain que le camion s'affaissera à la seconde où son ami mettrait un pied sur la ridicule petite marche.
- T'es pas fait pour ça, tu sais?
Posant ses immenses yeux noirs sur lui, l'artilleur le défia d'aller au bout de sa pensée. Son teint était celui des roches volcaniques qui ne connaissaient jamais la paix et ses cheveux taillés très courts se dressaient sur sa tête tel un nuage de cendre noir. Une éruption se préparait, certainement due à une quarantaine d'années d'insatisfaction, de stress et de déception et tout ceci allait sévèrement leur péter à la figure, un jour, sans crier gare.
Blasé, le blond se détourna de ce paysage menaçant et retourna dans le bar, le Heaven, éternelle base d'opérations d'une folle bande d'amis. Contrairement au tout premier établissement, aucun secret n'était caché dans les sous-sols, car il n'y en avait pas vraiment. Des sous-sols. Question secrets, tout avait été installé dans les étages supérieures.
Le bar était situé au rez-de-chaussée surélevé. La plupart des constructions de Edge, étaient bâties sur ce modèle en raison de toutes les canalisations présentent dans le sol, à faible profondeur. Reconstruire une cité après une guerre, ne se faisait pas sans difficultés. Tout manquait encore. Le matériel, la main d'œuvre et les finances. Sans parler de la coordination. Edge n'avait pas vraiment de gouvernement et la ville évoluait selon les besoins de ses habitants.
Le Heaven n'avait, au départ, de bar que le nom. Sa meilleure amie avait jeté son dévolu sur un bâtiment abandonné par ses anciens propriétaires, contraints de quitter la région. Il avait été pensé comme un immeuble d'habitation, et non comme un commerce.
Mais après la guerre, la bande n'avait plus rien. Il fallait tout reprendre à zéro et revoir ses exigences à la baisse.
Cloud s'arrêta un instant sur les marches des escaliers et leva la tête en direction de l'enseigne.
Les premiers bruits de perceuse avait été pour elle. Tifa avait tenue à l'installer elle-même et pendant qu'il la regardait faire avec une certaine anxiété, il lui tenait l'échelle. Elle appuyait tellement fort sur l'outil pour percer le mur de béton, qu'elle en était repoussée, déséquilibrant régulièrement son appui. Le blond avait plus d'une fois tenter d'exprimer son inquiétude en râlant, mais tout essai fut mortellement accueilli par des menaces claires et sans ambiguïtés à son encontre.
Aujourd'hui, ce souvenir lui arrachait un fin sourire. L'enseigne, d'une simplicité déconcertante, était un 7th entouré de son nom en toutes lettres. Seventh Heaven. Jeu de mots entre sa traduction, septième ciel, et l'origine du premier bar, le secteur 7 de Midgar.
Un petit coin de paradis sur une terre de malheur. Un paradis qui n'aurait pas existé sans elle.
Tifa était incroyable. Et elle était non seulement sa meilleure amie, mais la personne la plus proche de lui en ce monde.
Tifa Lockhart.
Dans le respect le plus absolu de son légendaire enthousiasme, la barmaid s'affairait aux côtés de leurs amis, à la création de cette nouvelle entreprise qui leur permettrait, à tous, de se trouver une place dans l'avenir. Et comme à leur début, le Heaven, endroit familial et fédérateur, serait le lieu parfait pour démarrer une vie nouvelle.
Avant même de franchir la large porte en métal, Cloud pouvait entendre sa voix douce mais ferme, porter son agacement au travers les murs, pourtant épais. Il pouvait imaginer ses grands yeux rubis tirer des salves incendiaires à son malheureux interlocuteur et ses mains délicates se refermer avec violence sur le bois d'une chaise, à défaut d'une nuque. La jeune femme n'avait pas vingt cinq ans, mais elle dégageait une force que personne ne devait sous-estimer pour son propre salut. Sa chevelure brune qui descendaient le long d'un dos musclé et d'une taille parfaite, étaient une arme dévastatrice lorsqu'elle se balançait au rythme de ses pas, au même titre que sa poitrine dont elle savait manier toute l'ampleur sous des yeux voraces, sans oublier ses lèvres, dont la douceur laissait rêveur, quant son simple sourire pouvait défibriller n'importe quel cœur trop fatigué.
Mais ce qui finissait toujours par achever toutes les âmes qui s'approchaient trop près de la jeune femme, c'était indéniablement sa profonde gentillesse. Si ses jambes et ses poings pouvaient fracasser un ennemi en l'espace de quelques secondes, il lui fallait moins de temps encore pour tendre une main à un ami, ou un parfait inconnu, dans le besoin.
Tifa était ainsi, un vrai cœur d'artichaut. Et il lui fallait bien un tel don pour supporter l'éternel dépressif que le blond s'entêtait à devenir.
- Mais écoutez moi, bon sang! Rallier Juno est notre priorité, c'est le seul port qui est encore en état. Et on a besoin de rétablir la ligne avec l'autre continent.
- On a le Shera pour ça! Mon vaisseau peut faire le tour du monde!
Soufflant toute sa lassitude face au manque de lucidité du pilote, la jeune femme planta ses yeux carmins dans les siens, éternellement perdus quelque part entre les nuages et le soleil.
- Tu te fiches de moi, Cid? Dois je te rappeler que ton précieux aéronef est en kit depuis son dernier tour dans le cratère nord?
Cid Highwind, les sourcils froncés, tira sur sa cigarette avant de libérer la fumée au travers de dents serrées. La gamine l'agaçait à toujours avoir raison. Elle lui rappelait sa femme, et à cause de ça, il était incapable de réagir autrement qu'en s'enfermant dans un mutisme boudeur.
Passant une main calleuse dans ses cheveux blonds, taillés sous le coup de la colère, il tenta tout de même une approche différente, se souvenant qu'il avait quand même dix ans de plus qu'elle et qu'il devait arrêter de se comporter comme un sale gosse.
- OK, va pour Juno. Mais on fait comment pour le carburant? Tous les réacteurs sont à l'arrêt depuis que la rivière et Sacre les ont tous détruit. La cité tourne sur les réserves de la Shinra et d'après Rufus, le fond est déjà visible, malgré toutes les mesures restrictives mises en place. Sans compter que ça fait plaisir à personne de devoir compter sur ces voyous.
Le silence qui suivit autour de la table fut rompu par un grincement de porte, franchit par l'autre blond de la bande, plus jeune mais tout aussi acariâtre, et qui marmonnait tout un tas de malédictions à l'attention des imbéciles qui avaient oser coller son nom, à lui, sur ce fichu camion.
Ces deux là, partageaient d'ailleurs un autre raccord physique. Des yeux d'un feu bleu, paradoxalement glacial, qui figeaient quiconque osait les regarder avec insistance. Même si pour Cloud, une pointe de vert lumineux faisait briller ses iris, signant la présence de mako dans son sang et de son ancienne appartenance à l'élite de l'armée génétiquement modifiée par la Shinra Corporation.
- Si c'est l'énergie qui t'inquiète, j'ai entendu que le réacteur numéro trois était sur le point d'être relancé par les Turks. Et la mine de charbon de Nibelheim a été rouverte.
L'ancien soldat avait balancé l'information, comme on jetterait une grenade dégoupillée, au milieu d'un champs de mines, et s'orienta directement derrière le comptoir, pour se servir un café. Pas encore trente ans et déjà totalement accro à la caféine.
- Les Turks? L'unité spéciale de Rufus? Elle n'a pas été dissoute? Et c'est quoi cette connerie avec le réacteur?! Ils ont rien compris, ces abrutis!
Cid n'en revenait pas. Alors comme ça ce groupe d'assassins était toujours opérationnel et bossait pour l'héritier de la firme? Quel genre d'avenir allaient ils bien pouvoir construire, ceux là? Rufus Shinra était à la tête d'un héritage de cadavres, de monstres et de cauchemars. Et cela ne le troublait tellement pas qu'il rouvrait un réacteur, le salopard.
- Tu iras leur demander. Dites, qui a décidé que mon nom devrait servir pour l'entreprise?
Le regard de glace se fit électrique, alors qu'il se posait sur les occupants de la salle. Remuant sa cuillère pleine de sucre pour tenter d'adoucir un nuage noir, et les pupilles rétractées, le Soldat avait tout d'un psychopathe en manque d'herbe à chat. Sa longue chevelure or rappelait à Tifa le plumage d'un chocobo, immense volatile atteignant souvent les deux mètres au garrot, majestueux, têtu comme un mur de briques et susceptible comme une fille qui ne rentrait plus dans son 36, et sa carrure était celle d'un dieu vivant façonné par Minerve en personne, avec amour et énormément d'obsession.
Pour la jeune femme, il était un vrai fantasme sur pattes. Chacun de ses muscles avaient été dessinés avec une incroyable finesse, visibles mais discrets, sans aucune exagération. S'il n'avait pas été dans l'armée, il aurait été un merveilleux danseur après lequel un public complètement fou et désœuvré aurait couru. Parce qu'il dansait superbement bien, en plus, ce fichu rêve inaccessible.
Heureusement pour Tifa, il n'était pas gay. Sinon elle aurait dû laisser s'envoler toutes les étoiles qui peuplaient sa tête, comme les papillons qui avaient élu domicile dans son bas ventre. Tout en se faisant nonne et éleveuse de chats. Ça ou plonger dans le sexe et l'alcool. Elle n'était pas encore sûre.
Pour autant, le combat était loin, très loin d'être gagné pour la brune.
Taillé dans le marbre, le regard incertain et la délicatesse dans le moindre de ses gestes, il pouvait être bi. Le traître. Ou l'opportun
Question de point de vue.
Pour Tifa, ce serait assurément de la traitrise et risquerait de multiplier considérablement ses rivaux, la poussant fermement à songer à acquérir un crematorium pour se débarrasser de tout ce petit monde discrètement. Le sous-sol du bar n'était pas assez grand. Elle s'était renseignée.
Point positif toutefois, Cloud avait beau dégager un sex-appeal dès plus torrides, il ne s'en rendait même pas compte, complètement aveugle qu'il était.
Mais cela faisait aussi tout son charme.
Il n'y avait rien de plus contradictoire et de plus fou qu'un cœur épris.
Et celui de Tifa s'emballait tellement, à la vue de cet homme et depuis si longtemps, que son palpitant avait déjà vécu trop de vies pour une seule âme.
Elle l'avait vu grandir, puis disparaitre, pour revenir perdu comme jamais. Meurtrit profondément dans sa chair et son âme, il avait connu ces épreuves qui feraient de n'importe qui, non pas un vainqueur, mais un survivant.
Lui qui avait sauvé le monde, était persuadé de valoir moins qu'un vulgaire sac de vieilles noix de caroubes, friandises préférées des chocobos. Et à chaque fois qu'il prononçait cette sentence terrible vis à vis de lui-même, le cœur de la brune se fissurait un peu plus. Mais elle savait aussi pourquoi il pensait ainsi, pourquoi il souffrait autant et pourquoi il se punissait encore aujourd'hui.
S'il avait sauvé le monde, il n'avait pas pu sauver la femme qu'il avait aimé, ni elle, ni le plus précieux des amis qu'il avait eu, par le passé. Deux jeunes personnes qui s'étaient sacrifiées dans cette folie, pour lui donner la force nécessaire à la victoire.
Alors, oui, pour Cloud, sauver un monde dans lequel les gens qu'il aimait n'étaient plus, n'avait vraiment rien de glorieux.
Aerith Gainsborough et Zack Fair, étaient leurs noms. Une longue chevelure châtain, de grands yeux verts et un sourire magique, pour l'une, et des cheveux noirs comme la nuit, de grands yeux bleus teintés d'un vert brillant, et une détermination chevillée au corps, pour l'autre.
Elle avait été la dernière Ascient du monde, descendante d'une lignée disparue d'humains capables d'entendre la voix de Gaia, la voix de Minerve, mais aussi toutes celles des défunts qui circulaient dans la rivière de la vie. Avant d'être fauchée par le plus terrifiant des adversaires, qui, contrôlant un blond amoureux, retenant toute action, l'arracha sous ses yeux. Mais Aerith connaissait son destin et savait que c'était là, la seule voie possible pour un avenir meilleur.
Un avenir meilleur pour les autres, mais certainement pas pour un Soldat anéanti.
Quant à Zack, il avait été un puissant soldat de première classe, plus âgé de quelques années que le blond. Victime des mêmes atrocités que son cadet, leurs esprits s'étaient mués en un seul, les liant comme des frères, et les poussant à une solidarité puissante, au cours des cinq années de tortures infligées à leurs corps, par les scientifiques de la Shinra. Plus fort que tous les autres, Zack avait finalement trouvé un moyen de s'enfuir, emportant avec lui, son précieux petit frère, inconscient, perdu dans les abimes de sa mémoire. La mako, énergie vitale de la planète, aussi appelé rivière de la vie par les Ascients, avait été injectée au plus profond de leurs âmes, avec l'ADN d'une autre entité, maléfique.
C'était le Projet S.
A l'époque, la Shinra cherchait coute que coute à créer des clones de son premier super soldat, jugé meilleur en absolument tout, mais qui leur avait échappé, comme toute création parfaite. Sephiroth Crescent. Et ce terrible ennemi, qui ne cessait d'hanter le dernier soldat en vie, s'amusait constamment à lui rappeler sa piètre condition de clone, de marionnette, dont l'esprit était si faible, qu'il était aisé de le manipuler et de le faire douter d'absolument tout.
Zack était mort au cours de ce sauvetage, pour protéger la vie du plus jeune, et lui avait alors légué tous ses rêves, au travers d'une injonction impossible.
Il lui avait demandé de vivre pour eux deux.
- C'est moi qui ai choisi!
Marlène Wallace dessinait avec beaucoup d'application le nouveau logo de l'entreprise, aux côtés de Cid. La petite fille de six ans avait ce regard espiègle, sombre, intelligent et comploteur, propre aux enfants qui allaient en faire voir de toutes les couleurs aux adultes de leur entourage. Et cela commencerait par un soldat mal luné.
- Et depuis quand tout le monde t'écoute, toi?!
- Hep, le hérisson, parles mieux que ça à ma princesse d'amour!
Le sourire vainqueur d'une gamine énervante, couvée par le regard brun et surprotecteur d'un tank armé dont les canons s'étaient tous braqués sur lui depuis qu'il avait franchi la porte du bar, fit rendre les armes à un pseudo héro trop désabusé pour combattre.
- Alors ma puce, ça avance ce logo?
- Oui! Regardes!
Devant le gribouillage enfantin juste, immonde, Cloud poussa un long soupir et décida qu'il n'en avait plus rien à faire, de rien. Qu'ils aillent donc mettre ça sur le camion. Après tout, ce n'était pas lui qui le conduirait et qui en subirait les moqueries.
- Je refuse de mettre ça sur mon aéronef!
- Oh...
C'était sans compter le franc parler d'un pilote bien moins enclin que le soldat, à faire des concessions.
- Cid.
- Cid...
- Papy...
Les lèvres de Marlène se mirent à trembler et ses yeux se noyèrent de larmes. Mais, étonnement, la petite fille se renfrogna à grands coups de manches sur les yeux, déchira son dessin et recommença sur une page blanche. Dans le plus grand silence et sous les regards surpris de toute l'assistance.
Comme tous les membres de ce groupe, Marlène n'était pas une petite fille classique. Elle n'était déjà, pas vraiment la fille de Barret. Ce dernier l'avait adopté suite au décès de son meilleur ami, qui avait déjà lui-même dû dire adieu à son épouse. La petite fille avait fait alors la connaissance, à trois ans, de son nouveau papa ours et cela avait été la plus belle rencontre de sa jeune vie. Ce père, qui avait appris à l'être au fil des années, se donnait corps et âme à l'être fabuleux qu'était la fillette, son plus beau cadeau dans une vie jugée, jusqu'alors, toute pourrie.
Ayant besoin d'une aide féminine, il l'avait naturellement beaucoup confié aux soins de Tifa et de Jessie, les deux femmes de l'unité d'Avalanche, pendant le temps où le groupe écolo-terroriste était actif. La brune étant la seule à avoir survécu, le lien entre les deux filles s'était considérablement renforcé, ouvrant la voie à un sentiment plus maternel.
Et puis, était arrivé Cloud. Même s'il l'avait complétement effrayé au début, la prunelle des yeux sombres de Barret était vite tombée sous son charme, au plus grand désarroi d'un jeune homme qui ne savait absolument pas quoi faire avec tout ce qui était petit et innocent. Mais, il avait lâcher prise, comme tout le monde, devant l'acharnement d'une petite fille déterminée et câlineuse professionnelle. C'était devenu son papa blond.
Et avec Cid, elle avait aussi un papy blond, bien que ce dernier ne soit pas le plus vieux. Mais il mettait tellement d'énergie à passer pour un vieux chien renfrogné, que les plus jeunes l'avait surnommé ainsi.
- T'es pas gentil. Excuses toi, vilain papy!
- Rofl.
Sous les yeux perçants d'une ninja infernale, le pilote quitta la table pour aller bouder au bar, en compagnie d'un autre champion dans ce domaine.
La petite brune était son pire calvaire. Seize ans et toujours en train de le chatouiller. Yuffie Kisaragi, héritière du clan du même nom, dont le paternel était l'actuel chef incontesté. Une famille de ninja régnant sur la région du Wutai depuis des siècles et ayant des soldats partout dans le monde. La gamine était aussi agile qu'un bébé pampa. Trop mignonne et piquante à souhait. Encore une qu'il ne fallait pas sous estimer. Elle distribuait les shurikens comme des bisous et sautillait partout telle une puce dans les poils de Nanaki.
- Hmm...
Le lion étira toute sa puissante musculature, baillant outrageusement, et laissa apparaître chacun de ses crocs tranchants, avant de se secouer et venir poser sa tête ensommeillée sur la table où dessinait la petite fille.
- J'ai faim.
L'animal, dernier de son espèce, avait fait l'objet de nombreuses expériences abominables au sein des centres de recherche de la Shinra. Il avait lui aussi, en son sang, la capacité des Ascients, et avait beaucoup suscité la convoitise du Professeur Hojo.
Nanaki avait un pelage rouge feu, dont l'élément faisait tellement parti de lui, qu'une flamme éternelle embrasait le bout de sa queue. Quand il ne parlait pas de nourriture, il était d'une infinie sagesse, doux protecteur des âmes brisées. Elevé depuis son plus jeune âge par un vieil homme à Canyon Cosmo, il avait tout appris de son grand-père, comme il l'appelait encore aujourd'hui. Comme un autre de leurs amis, il serait de ceux qui survivraient à la ruine du monde, béni d'une très longue vie.
- Et moi j'en ai marre. Personne ne m'écoute.
Tifa, maudissant chaque imbécile qui composait son groupe d'amis, s'assit sur la chaise qu'elle n'avait pas arrêté de martyriser et posa son front sur la table, disparaissant derrière ses cheveux bruns.
Jusqu'à ce qu'une grande main, paternelle, ne se pose sur sa tête.
- Tu sais très bien que si. On fini toujours, tous, par faire exactement ce que tu dis.
Un petit sourire aux lèvres, la jeune femme se sentit rougir à cette affirmation doublée d'une forme de reconnaissance indirecte. Barret, malgré le physique d'un Behémot, était capable d'une infinie douceur.
La porte grinça de nouveau, sous les pas lents d'un nouveau visiteur.
- Tiens Tifa, j'ai rapporté ce que tu as demandé.
Un homme, à l'allure des plus mystérieuses, déposa un grand sac en tissu sur une table libre, avant de se défaire de son manteau de cuir écarlate. Vincent Valentine était quelqu'un de particulièrement discret, en omettant cette couleur sanguine qu'il portait fièrement, trompant régulièrement son monde en se faisant passer pour un vampire, par exemple. Grand, élancé, de longs cheveux noirs descendant en cascade sur sa nuque et sur ses épaules, il avait dans les yeux, la souffrance d'une vie trop longue pour un corps qui ne faisait pas trente ans. Car lui aussi, avait tout perdu, avant de se voir proposer une forme de renaissance.
Alors qu'il allait se retourner, une ombre le percuta, le faisant reculer d'un pas.
- T'étais où!? Je voulais t'accompagner, moi!
Se laissant étreindre par la jeune ninja qui passait aisément du statut d'adolescente immature et trop énergique pour les nerfs d'un pilote, à la brise glaciale d'une main mortelle délaissant une gorge cernée de rouge, Vincent garda le silence, perpétuellement surprit par cette recherche de contact dont il faisait désormais l'objet.
- Gamine! Arrêtes de te jeter sur les gens comme ça! Ton père t'a rien appris?!
Et le pilote se renfrogna aussitôt, pensant subitement que c'était justement à son paternel que la jeune fille devait son comportement spontané. Après tout, il était son professeur d'art martiaux et avait fait de son unique enfant et héritière d'un puissant empire, un dangereux assassin.
- Je trouve qu'il y a du mieux, moi. Contrairement à nous, la petite n'a pas encore essayé d'étrangler Vincent.
Barret souriait de toutes ses dents, aussi moqueur que mordant.
- Je suis pas petite!
- Si, t'es une naine!
- C'est toi qui est un monstre!
Les autres, soudainement anonymes aux yeux d'une crevette menaçant un monolithe des pires souffrances, partagèrent brièvement un regard blasé, avant de se détourner du spectacle. Tifa rejoignit leur ami ténébreux pour faire le point sur ce qu'il avait ramené, quand les deux blonds au bar étaient à la limite de sniffer directement le café avec du sucre, directement dans les narines. Et puis il y avait un lion à l'agonie, bavant sur le sol en pensant à sa future proie, vu que personne ne se souciait de son estomac, sagement allongé au pieds d'une chaise, de laquelle se balançaient les jambes d'une petite fille en pleine création.
Aucun d'eux n'étaient prêts pour la suite, mais il n'y avait ni angoisse, ni tristesse à cet instant.
Juste des crayons de couleurs, un sac rempli de surprises et beaucoup de sucre dans un café bien noir.
