Les jours et même les semaines s'étaient enchainées sans que Rose ne les voient réellement passer. Dolorès Ombrage continuait de faire vivre un enfer à quiconque oser croiser sa route et surtout depuis que, d'après la rumeur, un homme lui avait posé un lapin chez Madame Piedodu. La femme avait été tellement en rogne les jours suivants qu'elle avait puni presque la moitié des élèves de l'école pour des raisons plus que douteuses.

Ce fut d'ailleurs depuis ce défi que Severus avait décidé de calmer le jeu pendant quelques temps pour revenir à des défis mineurs et surtout sans grand impact pour personne. Bien que les défis étaient redevenus ennuyeux, Rose avait accepté à contre-cœur de ne faire quelques légères blagues à la grande inquisitrice.

Le duo avait caché sa baguette un nombre incalculable de fois, peint sa porte d'une couleur criarde ou bien alors l'avait fait courir à droite ou à gauche du château pour trois fois rien jusqu'aux vacances de Noël.

Assise dans un fauteuil de la salle des professeurs, la blonde ne put s'empêcher de soupirer bruyamment :

« Je m'ennuie…Et les vacances de Noël viennent à peine de commencer. »

Severus releva les yeux de son journal, s'emparant de sa tasse de thé habituelle :

« Corrige donc tes copies ? Et si tu t'ennuies encore tu n'as qu'à corriger les miennes, je t'en fais cadeau. »

Rose ne put s'empêcher de rouler des yeux face à la proposition de son collègue. Elle avait tout le temps de corriger ses copies après tout. Elle décida de se lever et de s'asseoir à côté de lui. L'homme fronça les sourcils et garda la même distance avec elle, pourquoi avait-elle besoin de se mettre juste à côté de lui alors que la pièce était vide ? Finalement elle reprit :

« Cela risque de me prendre seulement une demi-journée et après ça ? Qu'est-ce que je fais ? Et il est hors de question que je touche la moindre de tes copies Severus. Allez donne-moi un défi ! Ça doit faire une semaine que j'attends et les derniers étaient plus qu'ennuyeux. »

Le directeur de Serpentard posa son journal sur ses genoux, commençant à être légèrement exaspéré par le comportement enfantin de sa collègue, il se tourna alors vers elle et la fusilla presque du regard :

« Je ne sais pas Rose essaye d'avoir un peu plus d'imagination qu'un enfant de cinq ans et tu trouveras ce que tu peux faire. Faire un petit tour dans la Foret Interdite et y rester si possible, creuser la glace du Lac Noir pour y plonger et par exemple mourir d'hypothermie ou je ne sais pas encore simplement retourner chez toi pour que je puisse lire mon journal en paix ? »

La femme le regarda longuement, bien qu'il continuait de garder son calme, le ton de sa voix le trahissait et il semblait être de plus en plus énervé. Rose se sentait assez mal à l'aise, elle ne souhaitait pas le faire sortir de ses gonds mais l'ennui la faisait devenir intenable. Finalement, elle soupira en détournant légèrement le regard :

« Je suis désolée Severus je ne souhaitais pas t'importuner. C'est simplement que j'ai fait le tour des choses que je dois faire, que la majorité des élèves et de nos collègues sont retournés chez eux. J'ai presque l'impression qu'au château il ne reste plus que dix personnes dont Ombrage. Y a pas de quoi sauter au plafond. »

Il l'observa quelques instants, maintenant c'était lui qui s'en voulait d'avoir été aussi froid avec elle, mais il fallait avouer que la moindre chose en ce moment le mettait en rogne. L'homme marmonna d'une voix légèrement plus sympathique :

« C'était prévisible, pendant les vacances de Noël la majorité des étudiants rentrent chez eux et il en est de même pour nos collègues. Je suis presque étonné que tu aies décidé de rester ici pour être honnête. Tu aurais pu vouloir le passer avec ta famille ou je ne sais qui d'autre… »

Rose continua de regarder le sol, ses mains jouant un peu avec sa robe. Sa famille ? A vrai dire elle n'en avait plus et pour le reste et bien…Elle n'avait personne non plus, elle était seule et destinée à passer Noël soit à Poudlard soit en compagnie d'elle-même dans sa triste petite maison. Elle hocha négativement la tête :

« Oh non non…Je me suis dit que Poudlard serait surement plus animé cette année et qu'il serait plus intéressant de rester ici que de retourner chez moi. »

Son regard se posa sur lui tandis qu'il l'observait : elle mentait et il le savait pertinemment. Malgré cela, l'homme préféra ne rien dire à ce sujet. Après tout il ne connaissait pas tant Rose que cela et même si leurs chamailleries étaient amicales, il ne s'était jamais vraiment intéressé à son passé ou même les choses qu'elle pouvait aimer.

Bien évidemment, il était observateur et avait remarqué quelques détails à son égard : le fait qu'elle mangeait toujours la même chose au petit déjeuner : une tasse de thé et deux tartines avec du beurre et de la confiture de mûre. La manière dont elle s'asseyait en tailleur sur les fauteuils de la salle des professeurs pour lire ses livres. Les gestes qui montraient qu'elle était anxieuse : ses mains se tortillant entre elles, son regard fuyant ou encore quand elle touchait les manches de sa cape. Ou bien la manière dont elle avait tenté de cacher son rougissement et son léger sourire quand il lui avait offert la fleur intrus du bouquet d'Ombrage quelques mois plus tôt. C'était d'ailleurs beaucoup trop de détails qu'il avait remarqué pensa-t-il. L'homme en noir secoua légèrement la tête comme pour retirer ces pensées :

« Plus animé ? Avec Ombrage ? Crois-moi si les élèves et nos collègues sont rentrés chez eux cette année au lieu de rester ici c'est bien à cause d'elle. Même Minerva a préféré retourner dans sa maison en Ecosse alors que depuis des années elle fête Noël ici à Poudlard. Mais au moins je ne suis pas seul avec cette folle furieuse, qui sait ce dont elle est capable… »

Rose haussa les épaules, il est clair que Poudlard ne serait surement pas aussi amusant cette année que les précédentes. Elle se rappelait des petites tablées d'une vingtaine de personnes à peine où tout le monde riait dans la joie et la bonne humeur qu'on soit élève ou professeur. Elle avait même vu Severus légèrement sourire quelques fois pendant ces moments-là mais aussi une Minerva McGonagall se laissant aller et être bien moins sévère.

Mais cette année…Elle ne savait pas quoi penser. Il y avait tellement peu de monde qu'elle se demandait s'ils n'étaient pas que trois à Poudlard : elle, Severus et Dolorès. Après elle comprenait les élèves : ils ne sortaient pas de leurs dortoirs de peur d'avoir à faire à des représailles de la femme en rose car même à l'approche de Noël, la femme n'était pas plus clémente. La petite blonde marmonna dans un soupir :

« Je commence presque à regretter Lockhart et son gui qui trainait presque à chaque porte ou ouverture du château et qu'il fallait éviter du mieux possible. Au moins il y avait une sorte de challenge pendant le mois de décembre et ses vacances. »

Severus posa une nouvelle fois son journal sur ses genoux. Il ne se souvenait que trop bien de ce noël là où il était resté cloîtré dans son bureau pour ne pas avoir à faire à la farce de ce satané professeur de défense contre les forces du mal. Il eut un léger frison de dégoût en repensant au fait que la seule fois où il était sorti de ses appartements à ce moment-là il avait malencontreusement dû embrasser la joue de Minerva McGonagall qui semblait tout aussi ravie que lui de ces gamineries. Cet instant-là lui avait d'ailleurs valu de nombreuses taquineries de la part de ses collègues dont Rose d'ailleurs. Un léger sourire se dessina alors sur ses lèvres : il avait enfin une idée.

L'homme se tourna vers Rose et l'observa :

« Tu te souviens pendant cette année là où j'étais sorti de mes appartements et que j'avais croisé Minerva à la porte de la Grande Salle ? »

La petite blonde lâcha un très léger rire en repensant à ce moment-là, elle n'avait jamais vu Albus aussi amusé par une situation surtout quand cela concernait sa rigide directrice adjointe et son froid professeur de potions. Il n'avait pas cessé de leur remémorer la situation pendant des mois.

« Oh crois moi je m'en souviens parfaitement. Si j'avais une pensine, je regarderai ce souvenir en boucle avec Albus. »

Severus continua de la regarder, un léger sourire toujours visible sur ses lèvres :

« Oh crois moi je me souviens parfaitement la manière dont vous nous avez taquinés pendant des mois et des mois. Mais comme on dit la vengeance est un plat qui se mange froid. Tout à l'heure tu m'as dit que tu t'ennuyais et je suis certaine qu'il reste encore quelques branches de gui par-ci par-là dans Poudlard. Après tout même en trois ans nous n'avons pas réussi à toutes les faire disparaître. Je te mets donc au défi de devoir embrasser Ombrage, sur la joue tout comme je l'avais fait avec Minerva, sous le gui. »

Presque qu'instantanément Rose perdit son sourire et blêmit en entendant le défi donné par son collègue. Elle bégaya :

« Je…Tu sais que je rigolais Severus pendant ces moments-là…Rien de bien méchant. Tu peux pas me demander ça… »

Un sourire plus sincère se dessina sur les lèvres du maître des potions, elle n'avait pas du tout l'air ravie par ce qui l'attendait, il hocha doucement la tête :

« Oh si crois moi tu vas le faire. Où serais-tu une poule mouillée peut être ? Ce n'est qu'un baiser sur la joue, ce ne devrait pas être bien difficile Rose. Et crois moi je veux absolument être là pour voir cela. »

La professeur d'arithmancie continua de le regarder, son pire cauchemar était en train de se dérouler. Faire croire qu'elle avait un admirateur secret était une chose mais devoir embrasser cette femme, même sur la joue, en était une autre. Mais elle devait tenter le tout pour le tout pour ne pas avoir ce défi :

« Je ferai tout ce que tu voudras mais il est hors de question que je touche un cm² de la peau de cette femme de mon vivant. Je suis même prête à corriger toutes tes copies jusqu'à la fin de l'année, m'habiller de la manière la plus ridicule qu'il soit ou même ce que tu souhaites mais s'il te plait pas ça. »

Il la regarda étonné, visiblement elle était prête à tout pour ne pas devoir embrasser Ombrage sous le gui, même faire tout et n'importe quoi. D'un côté il trouvait cela plutôt tentant d'avoir l'occasion de la ridiculiser encore plus mais de l'autre il trouvait aussi cela profondément pathétique de descendre aussi bas.

« Tu me supplies maintenant Dalia ? Tu es tombée bien bas. Toi qui m'a bassiné pour avoir un défi un peu difficile pendant des semaines et maintenant que je t'en donne un tu le refuses ? N'as-tu pas peur que je te donne quelque chose d'encore plus terrible que ce défi à la place ? Crois moi je peux être très inventif quand je le veux. »

La petite blonde soupira, elle n'avait pas du tout envie de faire cela mais avait-elle le choix ? Pas vraiment en l'occurrence. Elle fit tourner sa baguette entre ses mains, réfléchissant à un stratagème pour pouvoir faire ce défi le plus facilement possible.

« Soit je vais faire le défi. De toute manière mieux vaut que je le fasse actuellement… Moins il y aura de personnes dans ce château et moins une possible rumeur se propagera si j'en viens à réussir le défi. Mais je n'ai aucune idée d'où se trouvent ces fameuses branches par Merlin…Et s'il n'en reste pas je ne sais pas comment procéder non plus. »

Severus réfléchit quelques instants, il fallait dire que Lockhart avait ensorcelés tellement de branches durant son année qu'il ne savait même plus où les derniers pouvaient être. Il se contenta de vaguement hausser les épaules :

« Sincèrement je pense que tu peux aller n'importe où et en trouver une. Le vrai défi ici et de réussir à tenir une conversation avec Ombrage plus de cinq minutes sans avoir envie de l'étrangler. Mais je suis d'humeur agréable aujourd'hui, surement à cause des fêtes, j'accepte de t'aider pour ton propre défi. »

Rose fronça les sourcils, c'était rare que Severus fasse la charité mais c'était surement parce qu'il souhaitait voir la réussite de ce défi de ses propres yeux. Après tout elle l'avait tant taquiné quand il avait embrassé Minerva qu'il ne manquerait pour rien au monde de se venger. Finalement la blonde se leva :

« Parfait alors allons y. Plus vite j'aurai fait ce défi de malheur et plus vite j'en serai débarrassée et plus rapidement tu me laisseras tranquille aussi. Puis ce sera moins suspect si tu m'accompagnes pour discuter avec elle plutôt que je sois en tête à tête. Je voudrais éviter qu'elle pense que j'étais son admiratrice secrète. »

Severus se leva à sa suite :

« Tu penses qu'elle pourrait croire une telle chose ? Il vaut mieux pour toi que cette idée ne lui vienne pas en tête vu comment elle était en rogne après être revenu de son rendez-vous . Je ne pensais pas qu'elle serait aussi énervé. »

Le duo sortit et la jeune fit un léger haussement d'épaules, sa baguette toujours entre ses doigts :

« Ca se comprend en même temps. Comme tu réagirais si pendant plusieurs jours tu reçois des bouquets donc que quelqu'un t'as enfin remarqué et s'intéresse peut être à toi et que finalement le jour venu tu te rends compte que ce n'était que du baratin ? Personnellement je ne sais même pas si je m'en serai remise aussi rapidement qu'elle. »

Les mains éternellement plaquées dans le dos, il se contenta de vaguement hausser les épaules :

« Tu sais pour ma part l'amour n'est pas quelque chose qui m'intéresse alors je présume que je ne le prendrais pas vraiment à cœur. Je crois que cela ne me ferait ni chaud ni froid enfaite. »

« Ne le prends pas mal mais je suis certaine que dans le fond tu mens. Tout le monde est flatté quand on s'intéresse à soi, qu'on se sent aimé. Même si tu prétends avoir un cœur de pierre je suis certaine qu'au fond de toi tu ne serais pas contre ça. »

L'homme se contenta d'hausser les épaules en guise de réponse. Il n'en savait trop rien à vrai dire : il avait déçu la seule et unique personne qu'il n'avait jamais aimé et aujourd'hui encore il s'en voulait profondément. Après tout, peut être que Rose avait raison ? Peut-être qu'il aurait ressenti ce genre de choses s'il n'avait pas déçu Lily Evans. Il balaya rapidement ces pensées de son esprit : il ne voulait pas penser à elle, pas maintenant. D'un geste du menton, il montra le bout du couloir :

« Tiens Rusard est là, il devrait savoir où se trouve notre chère…amie. Il sait toujours où elle est. Je me demande par moment s'il n'est pas un peu obsédé par elle. »

« En même temps tu as vu son chat ? S'il sait toujours tout c'est grâce à elle. Même moi je ne suis pas sereine quand je la croise dans les parages. Il ne lui manque que la parole pour nous empoissonner encore plus la vie. Et Rusard…Je ne préfère même pas en parler. Ils forment le trio parfait avec Ombrage. »

Severus se contenta d'acquiescer tandis qu'ils se rapprochaient du vieux concierge à l'allure miteuse. Rusard était surement un des adultes les moins sympathiques de Poudlard avec Dolorès Ombrage et Severus Rogue. Mais bien que Severus Rogue l'agaçait plus qu'autre chose, elle se sentait toujours très mal à l'aise à proximité d'Argus Rusard, pour elle ne savait quelle raison.

Severus décida de prendre la parole quand ils furent face à Rusard :

« Excusez-moi, auriez-vous la grande inquisitrice ? Nous la cherchons. »

L'homme fronça les sourcils en regardant le duo, comme s'il craignait qu'une mauvaise nouvelle parvienne aux oreilles de la femme en rose. Toujours méfiant, il se contenta de répondre son balai fermement tenu par ses mains :

« La dernière fois que j'ai vu Madame la grande inquisitrice elle marchait dans les couloirs, il me semble qu'elle se dirigeait vers la volière. »

Rose regarda Severus quelques instants comme pour jauger sa réaction et savoir si l'homme disait vrai ou non. L'homme en noir se contenta d'hocher la tête en guise de remerciements et comment à poursuivre sa route vers la volière, rapidement suivi par Rose.

« Tu penses qu'il dit vrai ? Il ne nous apprécie pas vraiment. »

« Je pense que oui. Il n'aurait aucun intérêt à nous mentir surtout quand cela concerne son…idole. Qui sait l'information qu'on doit lui dire, si c'était important et qu'il nous avait menti il s'en serait voulu. Je pense qu'il préfère ne pas prendre de risques.»

Rose continua de le suivre : il devait très certainement avoir raison après tout. Le château était extrêmement désert, ils avaient parcouru de nombreux couloirs et pourtant ils n'avaient croisés aucun élève et encore moins Dolorès Ombrage. Rose commença à soupirer, les mains plongées dans les poches de sa cape :

« Par Merlin on ne va jamais réussir à la trouver. Et nous n'avons pas vu l'ombre d'un seul brin de gui, je ne sais pas si c'est bon signe… »

« Patience. Je te rappelle que nous ne sommes passés sous aucune porte ou arche et crois moi mieux vaut que ce soit ainsi, il est hors de question que je t'embrasse, j'ai déjà donné pour Minerva il y a trois ans ça m'a suffi pour des années. »

La blonde lui lança un regard noir sans répondre, ce n'était pas le moment de faire une scène en plein milieu du couloir. Finalement la femme leva le menton et fit :

« Enfin la voilà. On a failli attendre. Il faut croire qu'elle se trouve toujours là on s'y attend le moins mais quand il s'agit de la chercher elle est introuvable… »

Devant eux se trouvait Dolorès Ombrage marchant calmement dans le couloir, observant les murs (peut être cherchait-elle un nouveau endroit pour accrocher ses nouveaux décrets maintenant que le mur de la Grande Salle était bientôt plein.)

La professeur d'arithmancie décide d'accélérer le pas pour se rapprocher de la femme tandis que Severus continua de la suivre : il ne voulait manquer cela pour rien au monde.

En entendant des pas se rapprocher d'elle, Dolorès se retourna silencieusement et regarda ses deux collègues s'approchant d'elle. La petite femme fronça son nez, ne voyant pas tout cela d'un très bon œil, peut être étaient-ils des espions de Dumbledore ? Elle devait faire attention aux moindres de ses dires dans le cas présent.

Quand elle fut à la hauteur de la femme en rose, la blonde lança un regard derrière elle pour constater que Severus n'était pas très loin.

« Bonjour Dolorès. Allez-vous bien aujourd'hui ? »

Un sourire hypocrite se dessina sur les lèvres de la sous-secrétaire, bien qu'on voyait de la méfiance dans son regard.

« Je vais parfaitement bien merci. Aviez-vous quelque chose à me demander. Bonjour Rogue. »

Rose sentit la présence du maître des potions derrière elle : visiblement elle était bien plus intéressée par sa présence à lui que la sienne. Elle espérait simplement qu'il joue un minimum le jeu pour l'aider dans son défi. Voyant son intérêt pour lui, il demanda :

« Nous souhaitions savoir quand nous allions obtenir les rapports de votre inspection. »

Puis l'homme commença à marcher vers l'arche la plus proche, laissant Rose se mettre entre lui et Dolorès: il était hors de question que son défi ne se retourne contre lui. Puis la femme en rose commença à parler tandis qu'ils se rapprochaient de l'arche basse. Severus avait repéré une sorte de lumière : il devait surement y avoir un brin de gui prêt à se montrer ici.

Mais alors qu'ils se trouvaient quasiment sous l'arche maintenant, le pied de Rose buta contre une pierre qui était légèrement plus haute que les autres. Par instinct, la femme en rose s'écarta de la femme (il était hors de question qu'elle ne touche cette femme et que celle-ci ne touche son sublime tailleur) tandis que le professeur de potions la rattrapa avant qu'elle n'eut le temps de rencontrer le sol. Il souffla

« Dalia fait un peu attention par Merlin ! »

La femme se rattrapa à son bras tandis que Dolorès était là en train de les regarder. Non à vrai dire ce n'était pas eux qu'elle regardait mais légèrement au-dessus, elle fronça les sourcils faisant relever la tête des deux protagonistes. Elle marmonna :

« Qu'est ce…Qu'est ce que c'est que ça ? »

Severus regarda avec horreur ce qui trônait au-dessus d'eux et murmura à la professeur d'arithmancie dont il lâcha le bras :

« Dalia…Je te déteste si tu savais… »

Et en effet il avait une bonne raison de détester la femme après tout, son pire cauchemar venait de se produire : une branche de gui avait poussé non pas au-dessus de Dolorès Ombrage et Rose Dalia comme prévue mais elle avait poussé au-dessus de lui et de Rose quand elle était tombée et qu'il l'avait rattrapé. La femme tenta de s'écarter de lui mais une force invisible l'en empêchait. Il fallait croire que Gilderoy Lockhart avait bien fait les choses : il avait prévu un sortilège qui ne pouvait pas éloigner les deux « amoureux » tant qu'ils ne s'étaient pas embrassés d'une manière ou d'une autre.

Le maître des potions garda son calme olympien et son air neutre bien que la seule et unique chose qu'il souhaitait s'était de tuer la blonde à côté de lui. Dolorès continua de les observer, elle n'était même pas vraiment amusée mais choquée par la situation si bien qu'elle pesta :

« Je suis certaine que c'est encore un sale coup des jumeaux Weasley ! Si je les attrape je vous jure que.. ! »

Rose se retourna vers elle et lui lança un regard noir :

« Ils sont partis dans le train en même temps que la majorité des élèves de cette école. Ces branches de gui ont été installés par l'un de vos prédécesseurs mais nous n'avons jamais réussi à mettre la main sur toutes celles-ci en trois ans.»

Dolorès ne nota pas réellement la froideur du commentaire de Rose, mais au moins ce n'était pas elle qui était sous ce foutu gui. Elle avait déjà vécu une déception avec ce faux rendez-vous galant, il était hors de question qu'elle s'approche de près ou de loin de quelqu'un surtout de ses collègues. Elle continua tout de même de regarder les deux professeurs légèrement méfiante. Avait-il prévu ce coup malgré les dires de la professeur d'arithmancie ? Non Dolorès ne savait pas vraiment enfaite. Alors la femme se contenta de dire, un sourire supérieur aux lèvres :

« Il semblerait que vous n'avez pas le choix alors si mon prédécesseur avait installé cela. Je présume que vous n'avez pas besoin de moi, je vais donc prendre congé et vous laisser. »

Puis la grande inquisitrice partit, au moins il n'y aurait pas de rumeurs venant de sa part c'était déjà ça. Severus préférait que rien ne se sache c'était déjà assez humiliant comme ça. Enfin cela c'était sans compter sur Peeves qui les avait discrètement suivi dans le but de lui aussi faire une farce à la grande inquisitrice. Le fantôme se mit à voler vers eux :

« Oh mais ne serais ce pas nos ennemis favoris sous le gui ? »

Rose roula des yeux, elle n'était pas au point de détester Severus non plus, elle roula des yeux :

« Je n'irai pas jusqu'à détester mais… »

« Je pense que si le terme détester est adéquat surtout actuellement. »

« Je n'ai pas fait exprès de tomber Severus ! Crois moi je préférerai ne pas être dans cette situation aussi. »

Le fantôme fit mine de se boucher les oreilles avant d'hocher négativement la tête :

« Assez de vos chamailleries vous êtes ennuyeux ! On dirait un vieux couple marié depuis la naissance de Dumbledore ! Moi je crois surtout que vous allez devoir vous embrasser, heureusement que je suis là pour voir le spectacle. Vous imaginez si personne n'avait pu savoir ce qui va se passer ? »

Severus continua de garder son calme, Peeves avait une chance incroyable d'être un fantôme à l'heure actuelle et d'être déjà décédé car il n'aurait pas fait long feu sinon. Il continua de regarder l'entité d'un œil mauvais :

« Crois moi ce genre d'histoire ne va intéresser personne. »

Le fantôme croisa les jambes dans l'air et continua de sourire bêtement :

« Oh en effet la vérité va être ennuyante professeur Rogue. Vous allez à peine effleurer sa joue par dégoût et ne plus jamais parler de cette histoire. Mais croyez moi ma version sera bien plus intéressante ! Je suis certain qu'elle fera même sourire la vieille McGonagall ! »

Après de longues minutes de silence, Rose décide de prendre enfin la parole :

« S'il te plait Peeves…Pour une fois garde cela pour toi et venge toi autant que tu souhaites sur Ombrage mais je t'en supplie laisse nous tranquille. Je pense qu'on a déjà assez à gérer et l'un comme l'autre nous n'avons pas envie d'une fausse rumeur sur le dos. Et de toute manière personne ne va te croire. »

« C'est ce qu'on verra madame. »

Rose soupira, elle n'avait aucun contrôle sur le fantôme tout comme Severus de toute manière. Elle se tourna vers le maître des potions et soupira lassée en tendant sa joue :

« Bon finissions-en. De toute manière tu sais aussi bien que moi qu'il ne partira pas tant qu'il n'aura pas ce qu'il veut. »

Severus roula des yeux, ce n'était pas du tout ce qu'il avait prévu et ça se retournait contre lui. Mais comme elle l'avait si bien précisé : ils n'avaient pas le choix. Il ignora la joue tendue de la main et prit délicatement son visage entre ses doigts -déjà il la touchait il ne fallait pas trop lui demander- avant de déposer un chaste baiser sur le front de la femme. Puis l'homme se recula, rassurée que cela ait fonctionné, avant de tourner les talons pour s'éloigner d'elle et retourner dans ses appartements il lâcha :

« Laisse tomber le défi pour Ombrage finalement. Tu ne pourras pas le faire à temps. »

Rose ne bougea pas, bien trop surprise par le retournement de situation qui venait de se produire et elle n'eut même pas le temps de dire quoi que ce soit qu'il était déjà parti. Elle resta plantée au milieu du couloir comme une imbécile en compagnie de Peeves. Le fantôme quant à lui était surpris, visiblement le maître des potions avait été vexé par ses dires et avait changé de stratégie, il fit en regardant le visage et la professeur, flottant dans les airs :

« Oh mais tiens il semblerait que notre professeur de l'avenir des chiffres est en train de rougir ! Est-ce qu'on aurait le béguin pour notre collègue de potions ? »

La blonde prit une grande inspiration, tentant de faire disparaître cette couleur cramoisie qui se dessinait sur ses joues et lança un regard noir à l'esprit frappeur :

« Peeves la ferme sinon je vous ressuscite pour vous tuer. »

En toute réponse, l'esprit virevolta dans les airs en riant tandis que la professeur s'éloigna en cachant son embarras, oh oui il avait hâte de lancer cette rumeur !