Bonsoir ! La publication des chapitres quotidiennement semble fonctionner alors je vais continuer sur cette lancée.
Bonne lecture à vous !


Chapitre 5

Deux ans plus tôt…

Navy venait tout juste de devenir aspirant. Elle s'était entrainée dur pour rejoindre les rangs de la Marine et c'était donc avec une grande fierté qu'elle gravissait les échelons. En étant promue, elle avait changé de supérieur et se trouvait dorénavant sous les ordres de l'amiral Akainu. Sengoku n'en avait pas été enchanté et avait souhaité changer son affectation mais Navy l'en avait empêché, ne souhaitant pas de favoritisme. Certes, elle avait encore un vif souvenir de leur première rencontre mais, entre-temps, elle était devenue une soldate exemplaire et n'avait pas de raison de craindre son supérieur. Le chien rouge avait la réputation d'être sévère et colérique mais il était peu probable qu'elle doive le confronter un jour directement. Et puis, ils détestaient tous deux la même personne, ça faisait déjà un point commun.

Les premiers mois dans cette nouvelle flotte se passèrent sans encombre, Navy enchainant les missions, majoritairement du repérage. Elle ne faisait rien de bien dangereux, n'ayant pas un grade assez élevé pour être envoyée sur les missions les plus sensibles. Elle se contentait donc de faire ce qu'on lui demandait, de rendre ses rapports dans les temps et de participer activement aux entrainements.

Si, au départ, Sakazuki semblait au départ hostile à son encontre, la situation s'était nettement améliorée, devenant une simple indifférence froide. De temps à autre, un regard indéchiffrable lui était destiné mais l'air colérique de l'amiral revenait bien vite, ne lui laissant pas le temps de tergiverser.

Tout semblait aller pour le mieux mais cette situation ne dura que brièvement, Navy faisant, lors d'une mission, son premier et ultime faux pas.

Elle se trouvait sur le navire principal de la flotte de l'amiral. Ils étaient à la poursuite d'un navire pirate. La distance s'amenuisait petit à petit et des coups de canon se faisaient régulièrement entendre des deux côtés.

Soudainement, un des pirates atterrit sur le navire de la Marine et se mit à donner des coups de sabre sur tout ce qui était à sa portée.

« Pirate à bord ! »

Les mouvements du pirate étaient désordonnés. Il se mouvait très probablement avec l'énergie du désespoir. Navy opta donc pour une attaque aérienne : elle monta sur un mat, sauta et asséna un coup de pied au pirate. Ce dernier réussit malheureusement à parer son coup et elle dut battre en retraite d'urgence pour ne pas perdre sa jambe. Un autre soldat profita que l'attention du pirate soit accaparée sur la jeune femme pour attraper le pirate et l'envoyer par-dessus bord. Cependant, dans l'agitation, le pirate blessa un autre soldat à la jambe qui, sous la douleur, se plia et tomba également dans la mer. Tous deux se retrouvèrent à l'eau tandis que le navire continuait à poursuivre le bateau pirate.

Navy regarda l'océan et put voir le soldat se démener pour la garder la tête hors de l'eau malgré sa jambe blessée. Le pirate n'était, lui, plus visible. La jeune femme pesta et attrapa une corde qu'elle lança à l'eau mais le navire continuait sa course effrénée et il était impossible pour l'homme d'attraper la corde. Elle analysa la situation le plus rapidement possible : elle pouvait sauter à l'eau pour le récupérer mais ils se retrouveraient à deux au milieu de la mer, ce qui n'était pas la meilleure des options. S'attacher avec une corde avant de sauter restait une option viable mais seulement à condition qu'il y ait assez de mou… sauf que le navire allait inexorablement continuer à s'éloigner et elle n'aurait peut-être pas assez de longueur. Non, se jeter à l'eau n'était définitivement pas une option.

Elle regarda le soldat à l'eau puis le navire pirate et prit sa décision. Navy se précipita à la barre et hurla :

« Faites demi-tour ! Il y a un homme à la mer et il ne tiendra pas longtemps ! »

Le soldat tenant la barre la regarda, indécis. Le trouvant trop lent, elle prit l'initiative de le pousser et força le navire à faire demi-tour. Elle ordonna ensuite de jeter l'ancre lorsque le soldat fut de nouveau à portée. Une fois fait, elle lança de nouveau la corde, corde que l'homme put cette fois attraper puis elle se mit à tirer de toute ses forces. Il fallait le remonter le plus rapidement possible. Le poids qu'elle soulevait était toutefois anormalement lourd et, pour cause : le pirate était réapparu et avait réussi à s'accrocher. Les soldats présents sur le pont le mirent aussitôt en joue dans le but de l'abattre mais Navy les arrêta d'un ton ferme :

« Imbéciles ! Vous voulez risquer de tuer l'un des nôtres ?! »

L'un d'entre eux ne l'écouta néanmoins pas et tira. Il rata sa cible et toucha la corde, la fragilisant.

Navy, irritée, lâcha la corde d'une main et attrapa le soldat fautif par le col.

« Refais ça encore une fois et c'est toi qui finis à l'eau. »

Puis elle le libéra et tira précautionneusement pour éviter à la corde de lâcher. Passé la zone fragilisée, elle resserra sa prise sur la corde et fit levier pour tirer un coup sec et remonter à la fois le soldat et le pirate sur le navire. Elle en perdit l'équilibre et se retrouva au sol. Le pirate en profita pour se redresser, attraper la jeune femme et placer son sabre sous sa gorge.

« Plus un geste ou j'la descends !
- Un simple merci aurait suffi…
- Ta gueule toi ! Haha ! Vous v'nez de perdre un navire entier de pirates pour en sauver un ! C'est pas de chance ! »

Mais, avant qu'il n'ait pu ajouter quoi que ce soit, Navy se défit de son emprise et le désarma avant de l'immobiliser. Sengoku lui avait appris toutes les techniques de self défense qu'il connaissait. Honte sur elle si elle se laissait avoir aussi facilement.

Soudainement, une chaleur insoutenable se fit sentir : le chien rouge venait de sortir de ses quartiers.

« Pourquoi sommes-nous arrêtés ? »

Tous blêmirent lorsque la voix gronda et aucun n'osa prendre la parole. Akainu plissa les yeux pour voir, au loin, le navire pirate s'éloigner. Les traits de son visage se défigurèrent et il lança une attaque dans le ciel. Le silence se fit juste après et, à peine un instant plus tard, une boule de magma atterrit sur le navire pirate, le faisant voler en éclat.

« Je ne suis entouré que d'incapables... Qui est responsable de ce merdier ?!
- C… C'est elle, Amiral ! Elle a stoppé notre navire ! »

Le regard féroce de l'amiral se tourna instantanément vers la jeune femme qui perdit aussitôt de son assurance.

« Je… J'ai jugé que le sauvetage de mon collègue primait sur…
- Sauvetage ? Ce désastre ? Tu as laissé sciemment filer de la vermine ? Vous devriez tous savoir les dégâts que peuvent causer ces… pirates. Il faut savoir faire des sacrifices pour le plus grand bien. »

Ses propos lui glacèrent le sang.

La vie d'un simple soldat avait donc si peu de valeur ?

« Tu veux te rendre utile ? Achève-le. »

Akainu désigna d'un signe de tête le pirate qu'elle maitrisait.

« … Pardon ?
- Es-tu sourde en plus d'être simple d'esprit ? Je t'ai ordonné de l'éliminer ! »

Pirate ou non, il s'agissait d'un être humain. Elle n'avait encore jamais tué qui que ce soit. Navy déglutit difficilement. Les ordres se devaient d'être respectés mais…

« … Non.
- … ''Non'' ? Répéta le rouge
- C'est contre les principes que l'on m'a enseignés. Cet homme est maitrisé et n'est plus une menace. Si j'obéis à votre ordre, ce ne sera pas de l'auto-défense mais purement et simplement un meurtre. Il doit être jugé pour ses crimes lors d'un tribunal. »

Une partie du corps de l'amiral se transforma en lave et il s'avança, menaçant. Navy en fut clouée sur place. Elle ne pouvait plus ni bouger, ni même respirer. Ce fut donc impuissante, les yeux fixés sur l'amiral, qu'elle le vit abattre son pied de magma sur la tête du pirate, l'écrasant comme une mouche.

Ne restait plus sous elle qu'un corps sans tête et une marque de brûlé sur le pont. Navy s'écarta rapidement du corps et retomba à côté, horrifiée par cette vision.

« Qu… Qu'avez-vous fait ?
- Ton travail. Je ne tolérerai plus aucune insubordination de ta part. Me suis-je bien fait comprendre ? »

La jeune soldate déglutit difficilement et garda les yeux rivés sur ce qui restait du corps.

Akainu se tourna ensuite vers le soldat fraichement repêché.

« Ta faiblesse nous a tous ralentis. Je n'accepte pas l'échec. »

Cette fois, ce fut son poing qui se changea en magma. Navy ressentit aussitôt l'immense chaleur, ce qui lui permit de détourner son regard du cadavre. Avant qu'elle ne puisse réfléchir, elle se leva et s'interposa entre le soldat blessé et l'amiral. Il était hors de question qu'elle laisse quelqu'un qui s'était démené pour sa survie mourir aussi bêtement.

Deuxième fois qu'elle allait à l'encontre de ses directives.

Son immense poing de magma était déjà lancé et il s'abattit sur l'aspirante avant qu'elle n'eût le temps de faire un geste. Elle ne put ériger une barrière au niveau de ses organes vitaux que grâce à son instinct de survie. L'impact fut tel qu'elle fut éjectée hors du navire. La dernière chose qu'elle vit fut le visage du chien rouge puis, alors que son corps touchait la surface de l'eau, elle perdit connaissance.

Elle ne se réveilla que cinq jours plus tard. Elle ouvrit les yeux et sursauta, sur le qui-vive. Elle ne put toutefois faire aucun autre geste car des bras l'attrapèrent et la forcèrent à se rallonger. Paniquée, elle se débattit de plus belle avant qu'une voix, qu'elle reconnut, parvienne à la calmer.

« Navy. Tout va bien. Tu es à l'hôpital de Marineford. Tu es en sécurité. »

Sengoku…

Elle ferma les yeux et tenta de se calmer. Toutefois, une fois l'adrénaline retombée, Navy sentit les brûlures lui mordre le corps, en particulier le côté droit. Elle serra les dents sous la douleur et Sengoku, le remarquant, ordonna d'augmenter la dose d'analgésiques. Le produit agit rapidement et ce fut à moitié consciente qu'elle entendit Sengoku parler :

« … Chance ou destin, tu as pu éviter des brûlures trop graves en atterrissant dans l'eau. Mais tu vas mettre du temps à te rétablir et les docteurs pensent que tu ne retrouveras pas l'entièreté de la mobilité de ton bras. Je pense qu'ils ont toujours été trop pessimistes. Ca prendra du temps et beaucoup de rééducation, mais tu y arriveras. »

Il lui caressa ensuite les cheveux et, sous cette caresse, Navy se détendit et ferma les yeux.

« On m'a raconté ce qu'il s'est passé… Les hautes instances sont du côté de Sakazuki, j'en suis désolé. Mais sache que je suis très fier de toi. Ne t'en veux jamais d'avoir choisi de protéger. C'est le rôle de chaque soldat… même si certains ont tendance à l'oublier. »

Sengoku continua à parler mais elle ne put en entendre davantage, sombrant de nouveau dans l'inconscience.


Navy se pinça l'arête du nez. Ces souvenirs n'étaient vraiment pas agréables.

Après cet incident, elle n'avait même pas eu le temps de guérir complètement qu'elle avait été transférée dans une base de North Blue. Sengoku avait pu empêcher son renvoi mais il n'avait pas pu s'interposer lors de l'annonce de la mutation.

Navy avait été considérée en tort à 100% et avait donc dû remballer ses affaires avec un seul bras valide et en se retenant de hurler à chaque fois que la douleur pulsait le long de son flanc. Elle avait quitté Marineford la rage au ventre, frustrée comme jamais à cause d'un système favorisant les plus utiles. Elle s'était donc jurée de devenir indispensable au Gouvernement et de revenir la tête haute à Marineford, ce qu'elle avait réussi à faire.

Toutefois, revoir Akainu après tout ce temps et voir que cet événement ne l'avait pas affecté le moins du monde faisait remonter cette frustration qu'elle avait enfouie.

Elle se frappa les joues et prit une décision : elle allait être irréprochable et plus personne ne pourrait l'atteindre. Bien entendu, elle continuerait de suivre les principes enseignés par Sengoku. La Justice, oui, mais pas au prix de la vie d'innocents.


Le lendemain, Navy se dirigeait vers le terrain d'entrainement lorsqu'elle fut arrêtée par un groupe de soldats qu'elle ne connaissait pas. Elle s'était levée de bonne heure pour préparer le terrain et il n'y avait donc personne dans le couloir hormis elle et ce groupe.

« Je peux vous aider ?
- Ca dépend… Contre-amirale Navy ?
- Oui, c'est bien moi. »

A cette réponse un sourire mauvais apparut sur le visage de l'homme qui venait de s'exprimer.

« Parfait. J'espérais ne pas me tromper. »

Il fit un mouvement de tête et le reste du groupe se rapprocha de la contre-amirale.

« On a eu vent de ton comportement hier, avec l'entrainement des petits et, tu vois, ça nous a pas trop plu.
- Je ne vois pas en quoi ma façon d'entrainer des nouvelles recrues vous importe. »

La paume du soldat semblant être le leader s'abattit fortement contre le mur, juste à côté de la tête de Navy.

« J'pense que si tu sais. Tu vois pas qu'il y a un air de famille entre moi et un des petits soldats ? Celui que tu as humilié.
- Hm… Je ne pratique pas l'humiliation en entrainement.
- C'est pas ce qu'il m'a dit. Et il va falloir… »

Ne souhaitant pas perdre plus son temps, Navy asséna un coup de poing juste en-dessous du diaphragme du soldat qui se retrouva plié en deux. Aussitôt, les autres se mouvèrent mais la jeune femme balaya l'air à deux mains, comme tenant une arme, et tous se retrouvèrent au sol, inconscients. Navy se redressa ensuite et épousseta son uniforme avant de passer par-dessus l'un des hommes et de se diriger vers l'extérieur.

Elle allait dire deux mots à la petite racaille qui lui servait de recrue…


« Tout s'est bien passé cette semaine ?
- Hm ? »

Navy leva les yeux de ses papiers et tourna sa tête vers Sengoku.

« Oh… Oui. Aucun incident majeur.
- D'accord. Je peux te laisser la charge des entrainements à venir alors ?
- Bien sûr. Compte sur moi.
- Hm… Tu n'es pas plus au courant que moi de la cause du soudain départ de six soldats le même jour, dont une des nouvelles recrues par hasard ? »

Navy haussa un sourcil.

« J'avais remarqué une absence oui. Ça aurait dû plus m'interpeler ?
- A toi de me le dire. La dernière personne à les avoir vu avant leur disparition serait toi d'après le témoignage de certains.
- Hm… Je n'ai rien fait qui sorte de l'ordinaire.
- Je vois. »

Et ils se remirent tous deux au travail.

Navy était toutefois légèrement préoccupée : Vu leur personnalité, cette simple altercation n'aurait pas dû être suffisante pour les pousser à décamper sans prévenir personne. Elle s'était plutôt préparée à des représailles de leur part dans les semaines à venir.

Elle décida de ne pas y prêter plus d'attention que nécessaire. Les démissions arrivaient plus couramment qu'on ne le pensait. Ils n'étaient plus présents alors elle n'avait plus à s'en faire.