Waouh, deux chapitres le même jour ? Beh ouais, je suis une meuf pleine de surprises visiblement. Et puis bon, c'est surtout que contrairement au chapitre précédent, celui-là est écrit depuis... mdr... deux ans ? C'est un peu l'abus. Ça me rend triste qu'il pourrisse dans mes dossiers, surtout pour 6000 énormes mots.
Enjoy toujours plus de Dabi/Hawks. Et du Mirko. Jtm Mirko.
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Une agréable chaleur réchauffant son aile droite tira doucement Hawks du sommeil. C'était une sensation bizarre, aussi étrange que réconfortante. Il ouvrit doucement les yeux, s'habituant au soleil matinal qui illuminait sa chambre à travers les rideaux à peine tirés. Il releva le nez de ses oreillers et tourna la tête pour trouver l'origine de cette douce chaleur... Et il ne sut pas s'il était réellement étonné ou non de trouver Dabi profondément endormi à ses côtés.
Il sourit.
- Eh bien... murmura-t-il en dégageant son aile qui recouvrait quasiment tout le corps dénudé du vilain à travers les couvertures. Si tu te mets carrément à dormir ici, on n'est pas finis...
Il ne put s'empêcher de passer une main délicate dans la masse de cheveux noirs. Il quitta sa position allongée sur le ventre pour se placer sur le côté et admirer l'homme endormi. Ce n'était pas tous les jours qu'il avait une telle chance. Même depuis qu'ils se retrouvaient régulièrement chez Hawks, Dabi ne restait jamais longtemps et surtout pas dormir pour ne pas attirer les soupçons de Shigaraki. En ce sens, le héros n'avait eu que peu de fois l'occasion de le voir endormi.
C'était une vision qui réchauffait sa poitrine que de voir l'homme qu'il aimait ainsi, avec ses défenses totalement baissées, abandonnant son regard d'enfoiré trop sûr de lui. Mais le tableau ne dura pas longtemps puisque ses caresses dans les cheveux en bataille semblèrent le tirer du sommeil. Il croisa un instant les précieuses billes océan qui papillonnèrent légèrement avant de se refermer pour de bon.
Le sourire de Hawks s'agrandit un peu plus. Il n'aurait échangé un tel moment pour rien au monde. Un rare moment où il pouvait qualifier Dabi de « mignon ». Cela méritait presque de le prendre en photo, tiens. Chose qu'il ferait sans hésiter si ce n'était pas si dangereux pour eux. Et si Dabi ne risquait pas de se réveiller et de le transformer en poulet rôti, également.
Il déposa un baiser sur sa tempe et s'extirpa des draps, s'étira et secoua vivement ses ailes pour les réveiller.
- Jolie vue...
Il jeta un œil vers la voix endormie de Dabi qui semblait lutter pour garder les yeux ouverts, admirant sa descente de reins dénudée, visiblement. Il ne perdait jamais le nord, celui-là...
- Bonjour la Belle aux bois dormants... ronronna-t-il tout en continuant ses légers étirements. Je t'ai trop fatigué cette nuit pour que tu ne trouves pas le courage de rentrer... ?
- Flemme... marmonna l'autre avant de visiblement se rendormir en mettant ses deux bras en protection contre la lumière.
Cela arracha un petit rire à l'oiseau et il ne put résister à l'envie d'aller lui offrir un autre baiser avant de s'habiller et de sortir de la chambre.
Étrange matin... Il aurait presque pu croire que Dabi et lui étaient un couple tout ce qu'il avait de plus normal, vu comme ça.
Il poussa un soupir las pour lui-même, légèrement attristé par ce constat. Il réalisait de plus en plus qu'il en crevait d'envie, ces derniers temps. Entretenir une telle relation cachée avait quelque chose d'excitant au début, certes, mais il s'en était lassé aujourd'hui. Comme il se lassait de ce jeu de faux-semblants qu'il continuait à essayer d'entretenir auprès de la commission et des autres héros lorsqu'on lui demandait de se pencher sur le cas de la Ligue des Vilains toujours disparue. La commission l'insupportait ces derniers temps, et ces foutues missions encore plus. À chaque nouvelle réunion, il avait le cœur serré à l'idée qu'un héros n'ait trouvé une piste pouvant remonter jusqu'à eux, et donc jusqu'à Dabi. Et d'un autre côté, il crevait d'envie qu'ils mettent la main sur cet enfoiré de Shigaraki, que tout cela s'arrête pour de bon. Qu'il puisse reprendre ses vieilles routines et se contenter de faire ses patrouilles tranquillement, rendant service à deux-trois mémés, arrêtant quelques vilains de bas étage plus impétueux que d'autres, rentrant chez lui à des horaires quasiment de bureau, l'esprit tranquille.
... Et retrouver l'homme pour qui son cœur battait désormais, et qui lui demanderait comme s'est passée sa journée.
Le rêve absolu.
Il ravala un rire cynique devant la préparation de son petit déjeuner, la tête encore un peu dans les nuages. S'il disait cela à Dabi, sans nul doute qu'il hurlerait de rire. S'il lui disait la moitié des mièvreries qui lui passait par la tête lorsqu'il pensait à lui, sans nul doute que le vilain se foutrait de lui ou pire : s'enfuirait pour ne plus jamais revenir.
Et Hawks ne voulait pas ça, oh non.
La sorte de dépendance qu'il développait vis-à-vis de la présence de Dabi ne faisait qu'augmenter un chaque fois qu'il le voyait. Cela devenait un peu plus difficile de le laisser repartir et de se demander inlassablement s'il allait le revoir un jour. De le regarder retourner à son monde de l'ombre bourré de dangers alors que lui restait indéfectiblement dans la lumière.
Il porta une tasse de café chaude à ses lèvres et se posa devant la télévision. Il essayait de se faire une raison quant à l'absurdité de la bêtise qu'il avait envie de demander à Dabi depuis des semaines à présent, mais cela ne servait à rien. La demande revenait encore et encore tambouriner à la porte de son esprit, et d'autant plus lorsque Dabi montrait des signes évidents d'affection comme aujourd'hui, en étant resté dormir à ses côtés.
Alors qu'ils n'avaient toujours pas parlé...
Un mois depuis la guerre, un mois complet de relation cachée, de moments volés ici et là autant qu'ils le pouvaient, de rapprochement, de sentiments grandissants. Et pourtant, ni lui, ni Dabi n'avait encore eu le cran d'être honnête l'un envers l'autre. Ils ne savaient toujours pas s'ils étaient un « couple », ni ce qu'ils attendaient de cette relation sans queue ni tête, s'ils lui envisageaient un quelconque avenir.
Mais Hawks ne se faisait pas d'illusion. Malgré son besoin de plus en plus maladif d'être auprès de Dabi, il arrivait à garder la tête froide. Et il savait parfaitement que c'était pour cette raison précise qu'aucun des deux ne trouvait le courage de lancer la discussion : parce qu'ils avaient parfaitement conscience qu'ils n'avaient toujours pas d'avenir ensemble. Que la conversation ne ferait que leur rappeler la dangerosité et l'idiotie de leur situation. Qu'ils avaient, irrémédiablement, une date de péremption.
Encore une fois, cette pensée serra le cœur de Hawks qui grignotait distraitement sa brochette de poulet tout en regardant un jeu télévisé sans vraiment le voir.
Il y avait bien une solution pour qu'ils puissent vivre au grand jour et en toute liberté. À vrai dire, il n'y en avait même qu'une seule... Une solution bancale qui demandait d'énormes sacrifices des deux côtés. Et il n'était pas certain que Dabi l'accepte. Vu comme il avait du mal à l'envisager lui-même.
Et pourtant. Ce genre de matin, cette idée hurlait dans son crâne à l'en rendre sourd. Ses sentiments grondaient derrière elle comme pour la soutenir, jetant aux ordures tout le reste : la raison, son devoir, son rêve en tant que héros… Ces sentiments osaient même lui demander en boucle si c'était si grave de renoncer à tout ça. Certes il aimait sa vie de héros, mais serait-il réellement si malheureux s'il tirait un trait dessus ? S'il devait partir, combien de personnes lui manquerait réellement ? Pas beaucoup, assurément. Car mis à part Dabi, il n'y avait jamais vraiment eu personne qui avait compté dans sa vie. Sa propre mère n'avait jamais réellement compté, les gens qui s'étaient occupés de lui à la commission non plus, car aussi sympathiques et doux avaient-ils été, ils n'avaient fait que leur travail. Seuls quelques amis récents qu'il s'était fait au lycée ou durant sa carrière comptaient un tant soit peu...
Il n'avait jamais réellement connu d'affection jusqu'ici. Jusqu'à Dabi.
Il poussa un soupir et passa une main lasse dans ses cheveux. Ce constat était d'une tristesse absolue. Attendre ses 23 ans pour connaître enfin un semblant d'amour véritable, pour ressentir réellement les bienfaits de la chaleur humaine contre son cœur, d'avoir quelqu'un qui se soucie enfin de son sort...
Pas étonnant qu'il soit devenu si accro à la présence du vilain auprès de lui.
La sonnette de son appartement le tira brusquement de ses pensées dans un sursaut et il écarquilla les yeux vers sa porte. Qui cela pouvait-il être ? Le facteur ? Il était encore tôt et il n'attendait pas de colis...
Il déposa sa tasse sur le bar qui séparait son séjour du coin cuisine et fit un détour par la chambre pour la refermer, attrapant au passage les yeux ouverts aussi endormis que méfiants de Dabi. Il porta son index à ses lèvres pour l'encourager à rester discret et ferma la porte doucement, avant de rapidement planquer les bottes du vilain. La sonnette hurla encore. Il décrocha, légèrement agacé de tant d'impatience, et se sentit se décomposer lorsqu'il entendit une voix bien connue lui sommer :
- Ouvre Poussin ! J'ai ramené le p'tit-déj' !
Mirko. Oh bon sang.
- H-hey... Euh, j'suis un peu occupé, là-
- Tu déconnes ou quoi ?! Ouvre-moi tout de suite Keigo, ou ton syndic' va t'envoyer une belle facture quand j'leur dirai que c'est ta faute si j'ai dû déglinguer ta porte d'entrée pour entrer !
Il grommela dans sa barbe tout en appuyant sur le bouton d'ouverture. Ça ne servait à rien de lutter contre Rumi, elle monterait quoi qu'il arrive, en particulier s'il refusait de l'accueillir, chose qui n'arrivait jamais. Elle n'était définitivement pas sa meilleure amie envahissante pour rien. Et de toute façon, elle l'avait prévenu qu'elle allait finir par débarquer à l'improviste chez lui d'ici peu parce que son comportement de ces derniers temps était « vraiment trop chelou, sans déconner ! ».
Il balaya de nouveau son appartement des yeux, mais ne trouva aucune trace visible du passage de Dabi. Mis à part, évidemment, Dabi lui-même à poil dans sa chambre...
Bon sang. Si elle le découvrait, c'était fini. Son rythme cardiaque commença à accélérer. Il priait intérieurement que le vilain comprenne qu'il allait devoir se faire plus discret que jamais.
Il essaya de se forger un masque de nonchalance pendant que sa meilleure amie montait dans l'ascenseur, tentant de trouver une parade si elle trouvait son comportement étrange. S'il lui donnait une semi-vérité en lui révélant qu'il y avait quelqu'un dans son lit, sans nul doute qu'elle allait lui faire une comédie pour savoir et surtout, pour voir. Plus qu'une solution donc : ne rien laisser paraître.
Ça allait le faire.
Il ouvrit à l'héroïne lapine deux minutes plus tard. Elle avait la démarche claudicante mais il constata surtout qu'il lui manquait ses cannes pour l'aider à marcher.
- Déjà débarrassée des béquilles... ?
- Ouaiiiiis, j'ai jugé qu'il valait mieux que j'm'habitue le plus vite possible à cette saloperie ! s'exclama-t-elle de son éternel enthousiasme tout en lui écrasant un sac de nourriture à emporter contre le torse. Enfin, saloperie... Ça va, c'est d'la qualité, j'ai commencé l'entraînement hier et franchement ça tient bien la route !
Hawks observa sa prothèse qui lui arrivait à mi-cuisse, ainsi que la seconde qui remplaçait désormais son bras gauche. De l'excellente qualité même, il n'en doutait pas. Il revint à la lapine et lui envoya un regard blasé en la voyant faire le tour du salon d'un air curieux, ce qui le mit immédiatement mal à l'aise : elle avait flairé quelque chose ou quoi... ?
- Tu devais pas attendre encore deux semaines pour commencer l'entraînement ?
- Perte de temps, balaya-t-elle d'un revers de main.
Il roula des yeux tandis que ceux rouges se posaient sur la porte de sa chambre. Un affreux frisson parcourut l'échine de Hawks pour remonter désagréablement entre ses deux ailes.
- On peut savoir ce que tu cherches... ? demanda-t-il de son plus bel air détaché.
- J'en sais rien, la raison pour laquelle tu voulais pas m'laisser entrer parce que t'étais « occupé » ?! grogna-t-elle avec un air de reproche en se tournant vers lui.
Il l'avait cherchée, celle-là.
- Désolé... J'avais pas trop la tête à avoir de la visite...
Il se mangea un regard aussi noir qu'inquisiteur et il sut à ce moment qu'il était foutu pour de bon.
Conclusion qui s'avéra tout à fait juste quand son t-shirt se fit agripper d'une forte poigne et qu'il fut secoué comme un prunier, son visage à quelques centimètres de celui de l'héroïne.
- Cette fois y'en a marre, Keigo ! Qu'est-ce que t'as, à la fin ?! T'es plus le même depuis qu't'as infiltré la Ligue des connards du Paranormal ! Ils t'ont fait quoi, sérieux ?! T'as rien voulu m'dire depuis qu't'as enfin fini cette mission de merde ! Comme t'as même pas voulu m'dire que tu la faisais, d'ailleurs...
- C'était secret défense, Rumi... répéta-t-il inlassablement tout en se laissant ballotter d'un air blasé. Personne devait savoir, je te l'ai déjà dit...
- Je saiiiis ! grogna-t-elle tout en le lâchant et en allant s'affaler sur le canapé, tapotant la place à côté d'elle pour lui ordonn- l'inviter à la rejoindre. Mais maintenant que c'est fini, tu peux m'en parler autant qu'tu veux...
Son immense sourire carnassier le dérida autant qu'il l'inquiéta. Il poussa un soupir amusé et alla la rejoindre, non sans jeter un discret coup d'œil à la porte de sa chambre toujours fermée. Installé aux côtés de sa meilleure amie, il s'employa à fouiller dans le sac de nourriture qu'elle lui avait apporté : des hot wings. Il l'aimait tellement de connaître ses plus terribles faiblesses.
- Tu cherches à m'amadouer ? lui demanda-t-il en engloutissant une aile sans attendre.
- Accouche. Accouche Keigo, ou j'te jure que j'te fais cracher la vérité en t'arrachant les plumes une par une.
Il haussa un sourcil et ricana, appréciant la stupidité de la menace vu que lesdites plumes s'arrachaient d'elles-mêmes.
- Qu'est-ce que tu veux que je te dise... C'était une mission épuisante, bien plus que toutes celles que j'ai eu jusqu'ici. J'ai dû apprendre leur foutu bouquin par cœur et en répéter des passages à des pauvres innocents dans la rue qui se sont peut-être fait endoctriner sans que je ne le veuille vraiment... Sans parler d'Endeavor et Best Jeanist que j'ai dû blesser volontairement pour parfaire ma couverture...
Tout cela était totalement vrai. Et il ne s'agissait que de deux exemples parmi tant d'autres qui l'avaient écœuré du souvenir de cette mission pour de bon. Après tout, son dégoût envers la Commission n'avait fait qu'augmenter entre les murs de la Ligue, tandis qu'il découvrait une autre façon de voir le monde. Son attitude d'aujourd'hui pouvait parfaitement se résumer au simple fait qu'il ne voulait plus travailler pour eux, désormais...
Si on mettait le cas Dabi de côté, bien évidemment.
« Détail » que ne sembla pas manquer Rumi, puisqu'elle le fusillait encore du regard.
- Tu m'souuuuuules... geignit-elle en secouant la tête. J'peux pas m'imaginer c'que t'as dû endurer, j'le sais bien. Ça a pas dû être très fun de se frotter h24 à cette ordure de Shigaraki, pour ne citer que lui... Mais t'oublies que j'te connais depuis l'temps, Keigo ! Et je sais qu'y'a pas qu'ça ! Y'a clairement pas qu'ça !
La mine renfrognée et suspicieuse de sa meilleure amie se rapprocha encore une fois de lui, pour quasiment les coller nez-à-nez.
- J'ai bien compris que t'étais blasé et p't'être même un peu déprimé, aussi improbable que ça puisse être... Mais y'a autre chose, j'le sais !
- Et ben si tu l'sais, alors... souffla-t-il en roulant des yeux et sans pour autant se reculer.
- Ouaiiiis, j'le sais... Parce qu'au-delà de ton air blasé et de la manière dont tu parles à la Commission en c'moment, sache que Jeanist et moi, on a pas manqué tes p'tits regards rêveurs et tes sourires amourachés quand t'es sur ton portable !
Les yeux dorés s'écarquillèrent. Non... Elle ne pouvait pas être sérieuse ?! Déjà, depuis quand elle était aussi observatrice ? (Et Jeanist ?! Qu'est-ce qu'il venait faire là-dedans, celui-là ?!) et surtout merde : il ne pouvait pas s'être grillé à ce point... ?!
- Haaaaa-HA ! s'écria la lapine en pointant un doigt triomphant entre ses deux yeux, sur lequel il loucha par réflexe. Cette réaction en dit long, beaucoup trop long ! Je l'savais : Hawks, t'es in love !
Sa meilleure amie sauta sur place en riant de fierté pendant qu'il se décomposait sur place.
- Oh mon dieu ! Mon petit Keigo qui est amouraché, hahahahahaha ! T'as intérêt à touuuuuuut me dire, j'te préviens ! Je veux savoir qui c'est, ce qu'il ou elle fait – c'est un il ou une elle ?! -, comment vous vous êtes rencontrés, si vous vous voyez souvent, la manière dont vous vous envoyez en l'air-
- RUMI !
L'héroïne continua de ricaner en le regardant, s'amusant encore plus de son air désabusé. Il s'apprêta à rétorquer quelque chose, mais se ravisa : qu'est-ce qu'il pouvait dire ? Il était grillé jusqu'au bout. Même s'il prônait haut et fort qu'elle se plantait complètement, il connaissait l'animal buttée qu'elle était. Elle n'en démordrait pas et le travaillerait au corps jusqu'à ce qu'il crache la plus stupide information... Cela voudrait donc dire que ses pires craintes se réaliseraient.
Il était piégé. Seule solution : mentir comme un malpropre pour embellir la vérité. Et cela tombait bien, il était très fort à ça.
Il croisa les bras sur son torse et tourna la tête vers le mur opposé en signe de bouderie évidente, histoire de lui faire croire qu'elle avait gagné jusqu'au bout.
- ... C'est un « il », amorça-t-il en ronchonnant. C'est... Un gars qui bossait pour la Ligue des vilains.
Rumi se figea à ses côtés, mais jusqu'ici, tout allait bien.
- Hein ?! T'es pas sérieux là ?!
- Du calme l'hyperactive, s'empressa-t-il d'ajouter avec un sourire en coin. Il travaillait comme homme à tout faire dans le manoir. Le pauvre bougre a été entraîné là-dedans sans trop savoir pour qui il bossait, exactement... Il est marrant, il prenait ça à la rigolade quand il l'a compris. On a vite sympathisé, et... Voilà quoi. Fort heureusement, il n'était pas là pendant l'attaque. J'ai pris le risque de lui recommander un jour de congé...
Il eut une montée d'amertume en pensant que c'était exactement ce qu'il aurait voulu faire avec Dabi, ce jour-là. Mais que la position haut-gradée de son amant l'en avait empêché.
Bon sang... Le jour où Rumi découvrirait l'étendue de cet odieux mensonge, elle ne lui pardonnerait jamais... Il s'empêcha comme il le put de lui envoyer un regard désolé, arborant un pauvre sourire à la place.
Rumi passa une main interdite sur son menton tout en ne le lâchant pas des yeux.
- C'est improbable, cette histoire... Et il s'appelle comment ?
- ... Takumi, mentit-il éhontément, n'ayant aucune fichue idée d'où il tirait ce nom aléatoire.
- Et pourquoi tu m'en as pas parlé plus tôt ?!
- Parce qu'il bossait pour la Ligue... Même s'il n'est pas un vilain, concrètement, il avait des chances de se faire arrêter... J'ai jugé plus juste de laisser passer un peu de temps avant d'en parler, histoire que la Commission ne fasse pas le lien...
Le regard suspicieux de Rumi était brûlant, mais il le soutenait en gardant sa sérénité. Il se savait bon menteur et même si la numéro 5 était une excellente héroïne, elle ne brillait pas par son sens de l'observation aiguisé ou son intelligence sociale... Il savait pertinemment qu'elle allait finir par le croire à un moment ou à un autre.
Chose qui arriva bien plus vite que prévu puisqu'elle lui montra un nouveau sourire carnassier la seconde suivante.
- Je vois, je vois... Et au lit, c'est comment ?
Il lui sourit de la même manière. Mieux valait jouer l'honnêteté à partir de là, de toute manière...
Et puis, d'un autre côté, il savait d'avance que parler de sa relation avec Dabi allait lui faire un bien fou.
- Au lit... C'est le feu, lâcha-t-il tout en se pinçant les lèvres pour s'empêcher de rire à sa propre blague.
Rumi éclata de rire et lui mit un coup de poing amical dans l'épaule, visiblement excitée que son ami s'éclate, même si elle lui éclatait aussi l'épaule par la même occasion.
- J'suis content pour toi Poussin ! Mais t'aurais pu me l'dire quand même ! Tu sais très bien qu'j'irai jamais cafter à ces crétins d'la Commission !
- Oui, je sais... Cette histoire me met un peu sur les nerfs, qu'est-ce que tu veux...
La lapine continua de ricaner avant de le bombarder de questions sur cette nouvelle relation, auxquelles il répondit soit par un nouveau mensonge, soit par la vérité pure et simple si cela ne risquait pas de révéler la véritable identité de Dabi. Près d'une heure passa ainsi sans qu'il ne le réalise vraiment, oubliant l'urgence de la situation et le fait qu'il aurait mieux valu qu'il mette Rumi à la porte le plus rapidement possible pour éviter que son secret ne soit découvert.
Mais l'héroïne elle-même mit fin à cette conversation qui réchauffait le cœur de Hawks. Comme il s'en doutait, cela lui fit un bien fou de parler de sa relation qu'il gardait pour lui depuis bien trop longtemps. Expliquer à quelqu'un comme la présence de Dabi lui apportait une chaleur qu'il n'avait jamais réellement connue au jour le jour, tous ces sentiments nouveaux qu'il faisait naître en lui et qui lui donnaient des désirs d'avenir bien particuliers pour la première fois de sa vie.
Rumi dut juger que tout cela ne pouvait être qu'extrêmement positif, car lorsqu'il la raccompagna à la porte, l'oiseau fut emprisonné dans une puissante étreinte presque trop douloureuse.
- Je suis contente pour toi, Keigo... T'as l'air d'avoir trouvé chaussure à ton pied comme on dit, et j't'ai jamais vu avec le regard aussi pétillant... C'est trop cool.
Le sourire doux et attendri de la lapine le scotcha sur place.
- À ce point... ?
- Ouaip. Quoi qu'il arrive, le lâche pas. J'le connais pas ce Takumi, mais s'il rend mon meilleur pote aussi heureux, j'veux absolument qu'il reste dans l'coin !
Elle fit volte-face alors qu'il souriait en s'imaginant dire ça à Dabi.
- Et j'veux le rencontrer aussi, tu t'en doutes ! rajouta-t-elle joyeusement. Organise-nous vite un rendez-vous, que j'le prévienne que s'il te fait le moindre mal, il goûtera au Luna Fall de Mirko en personne !
Ils se saluèrent et elle le laissa là-dessus, faisant légèrement remonter la bile du fond de son estomac jusqu'à sa gorge... La rencontre, ça ne serait pas pour tout de suite, malheureusement.
Certainement jamais, même.
Il ferma la porte en soupirant et fut surpris de trouver Dabi dans la cuisine en train de se servir un café lorsqu'il fit volte-face.
- Le Luna Fall de Mirko, hein... ricana-t-il. Elle entend quoi au juste par « te faire du mal » ? Si c'est te blesser involontairement ou te briser le cœur, je suis malheureusement sûr de rien...
Le vilain se retourna pour planter ses yeux bleus dans les siens, s'adossant nonchalamment au plan de travail tout en portant la tasse à ses lèvres brûlées.
- Hmmmm... hésita Hawks, avant de ricaner. Laisse tomber. Le plus important c'est qu'elle ne nous ait pas grillé.
- Je suppose... Et puis, cette conversation sur « Takumi » était très intéressante...
Hawks resta interdit un instant avant d'écarquiller les yeux.
- Tu as... Tout entendu ?
- Sérieusement ? demanda Dabi en haussant un sourcil. Tu crois que ta porte est faite en béton armé ? Évidemment que je vous ai entendu glousser comme des adolescentes en chaleur du début à la fin... Surtout que j'ai préféré me poster derrière, au cas où elle décidait d'entrer.
Hawks ferma les yeux comme pour fuir la situation, sentant déjà ses joues s'empourprer. Il ne savait pas à quoi il avait bien pu penser. Non, aucune idée. Que Dabi allait gentiment continuer à dormir en prenant le risque conscient que la numéro 5 des héros ne le surprenne à poil dans le lit du numéro 2... ? Idiot. Évidemment qu'il allait rester sur ses gardes et écouter la conversation. Mais lui, il avait tout déballé à Rumi sans réfléchir... En un sens bien trop heureux d'endormir ses soupçons et de pouvoir enfin lâcher tout ce qu'il avait sur le cœur par la même occasion, supposait-il.
Son visage chauffait pour de bon quand il passa sa main dessus pour se cacher encore plus du regard brûlant de Dabi sur lui. Bon sang, quel idiot avait-il pu être sur ce coup-là...
- Hey relax Birdy... C'était plutôt mignon comme déclaration indirecte.
Il l'entendit s'approcher de lui et fut enfermé dans une douce étreinte l'instant d'après, ce qui le rassura à un point inimaginable.
Non, il ne doutait pas de l'attachement que Dabi pouvait avoir envers lui. Sinon, le vilain ne lui aurait pas dit tout ce qu'il lui avait dit. Il ne l'aurait pas presque supplié pour lui sauver la peau, un mois auparavant. Il ne serait pas retourné le voir si souvent. Il ne serait pas aussi doux avec lui, il ne lui accorderait pas tant de temps et de sourire sincères, il en était persuadé.
Et pourtant, à cet instant, de savoir que Dabi ne le fuyait pas le réconfortait comme jamais.
Il s'accrocha à ses vêtements comme un damné quelques instants, inspirant un grand coup pour se redonner contenance. Il releva la tête pour plonger son regard dans les billes océans.
- ... Je n'aime pas ça... Mais il faut... Il faut vraiment...
- ... Ouais, je sais, répondit simplement le vilain avant d'enfouir son nez dans son cou, comme pour le fuir à son tour. Je sais... On a assez joué les autruches.
Hawks offrit son regard le plus peiné au mur en face de lui, tout en laissant reposer son menton sur l'épaule de son amant. Il avait le cœur qui battait à tout rompre, absolument terrifié de ce qui allait bien pouvoir ressortir de cette discussion qu'ils fuyaient depuis bien trop longtemps.
Ils se retrouvèrent côte à côte assis sur le canapé quelques instants plus tard, à fixer chacun un point invisible d'un air perdu. Et c'était réellement déroutant de voir Dabi afficher une expression pareille.
- ... On se fout tous les deux dans une belle merde en continuant ça, commença-t-il pourtant courageusement, arrachant Hawks de ses réflexions incertaines. Mais je pense qu'on peut être enfin honnêtes l'un envers l'autre et reconnaître que...
Le vilain se stoppa, hésitant. Il accorda un regard à son compagnon, compagnon qui soupira de nouveau.
- Je ne veux pas que ça s'arrête, annonça Hawks résolument.
- ... Moi non plus.
- Mais ça s'arrêtera un jour, forcément... Et... Ça ne sera pas forcément de ma faute...
Il marqua une pause avant d'oser tourner la tête vers Dabi : il le sondait en silence avant de lâcher un de ses sourires hautains que le héros adorait autant qu'il les haïssait.
- Ah. Je me demandais quand ça allait être envoyé sur le tapis, ça.
- Au moment où j'aurais eu le cran de m'arracher mes foutues œillères, je suppose... C'est-à-dire maintenant...
- Quelle tristesse... J'aimais bien quand tu préférais oublier sous mes coups de reins...
Hawks eut un petit sourire. C'était terrible, bon sang... Que l'homme qu'il aimait et pour qui son cœur s'emballait comme un imbécile avait tellement de sang d'innocents sur les mains... Même s'ils arrivaient à trouver une solution à leur situation un jour, arriverait-il à passer outre ce fait ? Dabi était toujours un vilain à l'heure actuelle. Peut-être avait-il même de nouveau tué depuis qu'ils étaient « ensemble ». Et ça, malheureusement, toutes les œillères et les coups de reins du monde ne suffiraient pas à le lui faire oublier.
- ... On a beaucoup parlé... amorça-t-il comme pour rappeler encore une fois ce fait qui les avait tellement rapprochés. Mais au final, je sais rien de toi, Dabi. Je connais ton avis tranché sur les héros et le monde en général, mais je me demande d'où il vient... Vu ton... Vu l'état de ton corps et la détermination dont tu fais preuve, je ne doute pas que tu as dû passer par des épreuves terribles... Et si on parlait un peu de ça avant de prendre la moindre décision ?
Il revint au regard bleu qu'il avait fui et ne fut pas étonné outre mesure de le découvrir si glacial.
Non, ce n'était pas étonnant. Dabi s'évertuait visiblement à garder toute trace de son passé secrète, en était témoin l'absence d'information qu'il avait pu dénicher sur lui, ainsi que l'ignorance complète de ses propres compagnons au sein de la Ligue à son sujet... Même Twice, le plus curieux de tous, ne savait rien de « son pote le crématorium ambulant », à son grand agacement. Le nom de Dabi n'était connu de nulle part dans les registres de vilains du pays entier. Cet homme restait un mystère à part entière, mystère largement exacerbé par ce physique loin d'être anodin, comme il l'avait souligné.
Hawks se doutait bien que c'était un sujet sensible, pour le peu de fois où il avait tenté de l'effleurer. Mais il avait besoin de savoir, à un moment ou à un autre. Ils ne pouvaient pas jouer la carte de l'honnêteté pour la première fois et garder jusqu'à son propre nom pour lui à côté.
- ... Ça vaut pas la peine de s'étendre là-dessus, Birdy, claqua Dabi d'un ton sec. Mon passé n'a aucune putain d'importante. C'est avec moi que t'as envie d'être, non ? Pas avec l'ancien.
Il le vit détourner les yeux et grimacer, ce qui l'étonna un peu plus. La formulation même sonnait étrange. « L'ancien moi »... Mais d'un autre côté, si Dabi avait renié son identité pour prendre ce nom fantaisiste, cela n'était pas si déroutant.
Quand bien même, cela brisait quelque peu le cœur de Hawks de ne pas pouvoir en apprendre plus, ne serait-ce que sur la jeunesse ou la famille de celui qu'il aimait.
- ... Je te demandais ça pour comprendre d'où te vient cette colère, expliqua-t-il doucement. Parce que même si je pourrais peut-être me faire à l'idée de me taper un ancien meurtrier, je ne supporterai pas d'apprendre que tu continues à t'attaquer à des innocents en toute impunité... C'est surtout ce point bien précis que je veux éclaircir.
Il retrouva le regard hautain de Dabi. Son regard qui brûlait presque d'amusement, certainement titillé comme il était. Oh, comme Hawks n'aimait pas cette expression-là... Les relents de folie qui semblaient persister encore dans son âme ressortaient magnifiquement, dans ces instants. Et il lui semblait qu'il n'avait pas vu cela depuis... Bien avant la guerre contre le Front, à n'en point douter.
- Ta droiture d'âme m'avait manqué, Numéro 2... ronronna Dabi avec un sourire mauvais. Tu veux quoi ? Que je te fasse la promesse sacrée que je ne ferai plus jamais de mal à personne ? Et je gagne ton joli cul en échange, c'est ça... ?
- Dabi... souffla-t-il, absolument pas ravi de retrouver la teigne vicieuse qu'il affrontait quotidiennement au tout début de son infiltration de la ligue.
- Qu'on se mette bien d'accord sur un point, Birdy : j'ai conscience que toi comme moi allons devoir drastiquement changer de vie si on décide de tout envoyer bouler pour rester ensemble. Je sais pertinemment que si je veux garder ton merveilleux fessier pour moi, il va falloir que je revoie ma vision de la vie, de la mort et de la pitié. Un peu comme toi tu vas devoir revoir ta vision du monde héroïque et même renoncer à ta jolie carrière...
Hawks écarquilla les yeux : Dabi en était donc arrivé à la même conclusion que lui de son côté... Que la seule solution qu'ils avaient pour rester ensemble, c'était de prendre leur clique et leur claque et de tout lâcher pour aller vivre ailleurs, ensemble. Cela revenait donc à abandonner la Ligue pour Dabi, et surtout à abandonner la Commission et sa carrière de héros pour Hawks.
À présent que l'idée était sérieusement balancée sur la table, cela lui semblait tellement stupide. Renoncer à une vie entière pour une seule personne ? Pour une simple relation amoureuse un peu trop passionnée ? Nombreux lui hurleraient que c'était idiot. Puéril. Irréfléchi.
Ils auraient raison.
Mais en relevant les yeux sur Dabi pour retrouver ces deux billes océan dans lesquelles il adorait tellement se noyer encore et encore et qui le regardaient avec une peine qu'il ne leur connaissait pas, son cœur se serra un peu plus.
Ils auraient raison... Mais il ne pouvait pas en être autrement. Si Dabi était prêt à abandonner la Ligue et sa folie meurtrière pour lui, alors il voulait pouvoir en faire de même.
- ... Tu le ferais ? tenta doucement Hawks, hésitant comme jamais. Abandonner la Ligue... ? Tourner le dos à Shigaraki... ?
Encore une fois, les yeux de Dabi brillaient. Mais pas de folie cette fois, et encore moins de son air hautain agaçant qu'il adorait envoyer au Hawks infiltré qu'il essayait de faire craquer.
Le héros ne comprit pas ce que pouvait bien révéler cette expression, jusqu'à ce que le brun ne lui réponde :
- Oui.
Il se sentit se décomposer, mélange exaltant de surprise et de bonheur.
« Oui ». Simplement oui. Rien de plus et rien de moins. Alors que cette réponse courte signifiait tellement.
Il pouffa d'un rire nerveux, pas encore totalement convaincu.
- Oui... Oui ? insista-t-il. Tu renoncerais au combat contre les héros ? À l'idéologie de Stain que tu m'as tellement vantée ? À tes plans que je devine être une vengeance contre je ne sais pas trop qui... ? Tu jetterais tout ça... pour...
- Pour toi, oui, répéta encore Dabi, bien qu'il ne le regardât plus. Je-... En fait, ma décision est prise depuis un moment déjà. J'essayais juste de faire du tri dans mes pensées... Et de voir si toi, tu serais capable de renoncer à ton joli monde de super-héros en retour...
Il releva les yeux vers lui, l'implorant presque dans une expression toujours aussi inédite à Hawks.
- Tu as bien plus à perdre que moi... Je sais qu'être un héros, c'est toute ta vie. Moi... Ce qui me faisait avancer jusqu'ici a été étouffé. J'ai relativisé dessus... Même si j'aurais certainement toujours cette foutue haine en moi...
Il le vit baisser la tête jusqu'à ce que Hawks ne puisse plus voir ses yeux. Mais Dabi se mit à rire nerveusement, ses mains collées l'une à l'autre en signe de prière – ou plutôt de réflexion - se perdant contre ses lèvres qui s'étiraient dans un sourire sinistre.
- ... Mon chemin était tout tracé depuis des années, mais tu as envoyé tout ça voler au loin, Birdy. J'aime pas me noyer dans les beaux sentiments, j'ai l'impression de régresser au stade d'adolescent qui aurait ses premières crises hormonales... Mais en un sens, c'est complètement ça : tu as réveillé des choses en moi que je pensais mortes depuis longtemps. Des émotions que je ne pensais plus être capable de ressentir un jour. Tu me fais oublier toute ma haine aveuglante lorsque tu es près de moi, tous mes putains de démons se font la malle et il n'y a plus que toi qui compte. Toi, toi, encore et toujours toi... Ta foutue lumière, tes foutus sourires...
Il releva la tête et sembla s'amuser du regard éberlué que lui offrait Hawks, démuni face à ce discours auquel il ne s'attendait absolument pas venant de quelqu'un d'aussi secret que Dabi.
- Tu as chassé la solitude qui me rongeait les tripes et tu m'as redonné envie de vivre. Pour la première fois depuis mes 13 ans... Toi. Juste toi... Keigo Takami.
... Ce nom.
Hawks écarquilla encore les yeux. Ses sourcils se froncèrent doucement et qu'il réfléchit à toute allure. Maintenant qu'il y pensait, Rumi l'avait appelé par son véritable prénom plus tôt, comme elle le faisait à chaque fois. Pourtant, Dabi n'avait aucun moyen de connaître son nom de famille. Même s'il avait fouillé ici, aucun document quel qu'il soit ne portait son nom. La commission avait pris grand soin d'en effacer la moindre trace. Il s'appelait Hawks sur les papiers officiels, ni plus ni moins.
C'était donc impossible que Dabi ne connaisse ce nom. Improbable.
- ... Comment...
- Je suis pas prêt à te révéler quoi que ce soit, le coupa sombrement le vilain. Mais si comme moi, tu es vraiment prêt à tout plaquer pour ma sale gueule... Je te dois bien au moins cette vérité-là, je suppose...
- Quelle vérité... ?
Dabi ne lui répondit pas tout de suite, le sondant visiblement, comme s'il voulait s'assurer d'il ne savait quoi avant de continuer.
- ... Je connais ton nom depuis longtemps, même si je ne peux pas te dire pourquoi. Et je sais que t'es du genre à penser que c'est injuste que je le connaisse alors que toi, tu ne sais rien de moi... Alors, je veux bien te donner au moins ça en pâture. Mais tu n'auras rien d'autre pour le moment. J'ai juste... Pas envie de dire quoi que ce soit d'autre sur mon passé, à qui que ce soit. Tu ne fais pas exception. Ce n'est pas de la mauvaise volonté, c'est surtout... Que c'est trop douloureux. Que ma haine est encore trop forte.
Hawks ne comprenait pas vraiment ce qu'il voulait dire, mais il pensait au moins comprendre où il voulait en venir. Les sourcils froncés et le visage tiré de Dabi en disaient beaucoup, après tout... Il se confiait, dans la limite qu'il pouvait offrir.
Et de ce que le connaissait Hawks, c'était déjà beaucoup venant de lui... Énormément, même.
- D'accord... souffla-t-il la gorge serrée en levant la main vers lui pour l'inviter à la prendre. Mais déjà savoir que tu es prêt à renoncer à tout ça pour moi, c'est... Ça n'a pas de prix à mes yeux, Dab-
- Tôya.
Hawks lui envoya un regard d'incompréhension.
- ... Quoi ?
- Pas Dabi : Tôya.
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