Chapitre 16 :

Guerre de points

Le soir suivant son premier cours véritable avec les sixièmes années, ce fut un peu plus détendu que Kira alla dîner. Il était heureux alors qu'il avait enfin pu donner son premier vrai cours et les réactions plutôt positives de ses élèves lui avaient fait plaisir. Sa semaine fut bien plus tranquille que la précédente alors qu'il n'était plus l'objet de tout les ragots, d'insulte ou de rabaissement. Non, maintenant, tout le monde voulait savoir ce qu'il enseignait. Ses élèves furent interrogés par leurs camarades mais la règle magique qu'il avait posé pour que rien ne filtre du dojo avait vite fait comprendre à tout le monde que personne ne saurait rien. Il passait toutes ses après-midi au dojo et ces cours traitèrent tous du même sujet : qu'est-ce que la Magie ? Si les discussions qu'il avait eu avec ses divers groupes différaient un peu, elles prenaient toute la même ligne à peu de choses près et il fut très heureux de voir que ses élèves réfléchissaient tous au sujet. Les réactions étaient diverses mais il n'avait pas de rejet en bloc alors qu'il avait toujours une manière de les pousser à comprendre par eux mêmes. En trouvant eux mêmes les réponses, ils les acceptaient mieux même s'ils doutaient parfois des mots sortant de leurs propres bouches. Mais casser une ligne de conduite mondiale durant depuis des siècles ne serait pas facile et il le savait.

La semaine fut plus tranquille pour lui alors qu'il pouvait enfin enseigner en toute sérénité, les petits groupes facilitant les choses. Ses élèves semblaient adorer son dojo à sa plus grande joie. Dorénavant dans les couloirs, on le saluait respectueusement comme un professeur et ses collègues ne le regardaient plus trop de travers. Le matin, il profitait de son temps libre pour aller se balader en forêt, pour s'entraîner, pour aller lire à la bibliothèque, pour travailler sur son livre, pour passer un peu de temps avec son père, pour parler avec Setsuna via leurs miroirs ou avec le reste de la famille par la cheminée. Cette semaine là, il alla aussi passer un moment chez Hagrid qui le reçut avec joie. Il aimait le garde chasse et sa nature très spontanée, gentille et joviale.

Ces jours là, il tenta aussi de discuter un peu avec son âme sœur mais il eut bien du mal à le faire. À son grand désarrois, il ne le voyait qu'aux repas, la situation peu confortable pour faire connaissance. Il n'arrivait pas toujours à s'asseoir près de lui et Lucius ne lui accordait pas plus d'attention qu'à ses autres collègues, le déprimant un peu. Jour après jour, le lien prenait plus de place en lui, réclamant la présence de son âme sœur, son contact, son attention, son amour et il n'avait rien de tout cela. Il méditait chaque jour pour tenter de maîtriser toutes ces sensations et il y parvenait pour le moment mais il savait que ce n'était qu'une question de semaines avant que les choses ne deviennent plus compliquées. Lorsqu'il rejoignit son père au déjeuner ce jour là, il sentit nettement en lui que quelque chose n'allait pas du tout. Il le sentait paniqué, frustré, en colère, très préoccupé, agité. Cela n'était vraiment pas commun pour lui et cela l'inquiéta sur le champs. Pourtant, tout se passaitbien pour Akifumi à Poudlard. Il disait même qu'il avait bien plus de temps pour lui ici. Il s'entendait très bien avec les adultes du château, respecté par les élèves. Il pouvait travailler tranquillement dans son bureau et profiter de la bibliothèque. Il venait régulièrement au dojo pour méditer ou s'entraîner avec son fils. Il n'avait pas de soucis majeur si ce n'était sa préoccupation pour lui et cette histoire d'âme sœur. Il se demanda donc ce qu'il se passait soudain et ce fut très inquiet qu'il vint prendre place près de lui, posant une main sur son bras en le questionnant dans leur langue. Akifumi lui répondit qu'ils en parleraient dans leur appartement et ils mangèrent rapidement pour ensuite aller s'isoler.

Ce fut donc rapidement qu'ils furent seuls dans leur salon, Kira se triturant les mains en sentant l'immense tension de son père. Il réagissait toujours plus lorsqu'il s'agissait d'Akifumi, extrêmement proche de lui. Lorsque son père était calme, il s'apaisait plus facilement à son contact, lorsqu'il était en colère ou inquiet, il se sentait agité.

- Papa, appela-t-il alors qu'il s'était assis au salon et que son père restait debout, qu'est-ce qu'il se passe ? questionna-t-il avec angoisse. Tu as reçu une mauvaise nouvelle ? Il s'est passé quelque chose à la maison ?

L'adulte se tourna vers l'adolescent, se mettant une claque mentale en voyant dans quel état de stress il mettait son fils par son agitation. Il prit une profonde inspiration et tenta de se détendre un peu avant de venir s'asseoir près de lui. Yoite avait quitté les épaules de son maître pour aller s'installer plus loin, Katsuo en ayant fait de même. Akifumi passa un bras autour de son enfant, venant déposer un long baiser tendu sur sa tempe.

- Qu'est-ce qu'il se passe papa ? redemanda Kira n'aimant pas ce qu'il sentait.

- J'ai reçu un peu plus d'informations sur Lucius de la part de Seigi, commença-t-il, et il y a une chose que tu dois savoir absolument mais qui ne sera pas agréable à entendre.

Kira se tendit. Si son père était dans cet état, c'était forcément très important et pour qu'il réagisse négativement ainsi, ça ne devait pas être bon pour lui. Instinctivement, il se rapprocha donc de son père, se blottissant contre lui pour trouver un peu de courage. Il le sentit le serrer avec protection et amour mêlé de tension.

- Dis moi, pria-t-il finalement.

- Il se trouve que la famille Malfoy a été mêlée de près à la guerre contre Voldemort, commença-t-il. Ils y ont été mêlé de très près. Abraxas Malfoy était à l'école avec Tom Riddle et il l'a suivi dés ses premières actions en politique. Ça n'a jamais été prouvé officiellement mais Seigi dit qu'il n'y a quasiment pas de doute et que ce n'est que l'influence et l'argent de la famille qui a permis d'éteindre la chose et d'empêcher les accusations et condamnations officielles. Abraxas Malfoy aurait été le bras droit de Voldemort lorsqu'il a commencé sa guerre et ses massacres et il semblerait que Lucius ait suivi après lui, lâcha-t-il en sentant Kira se tendre atrocement.

- Tu veux dire que Lucius serait le bras droit de Voldemort ? demanda-t-il la voix tremblante.

- La chose ne fait quasiment aucun doute pour personne. Il semblerait que Lucius s'en soit sorti grâce à son influence et des pots de vins à la fin de la guerre.

Il garda ensuite le silence, serrant contre lui son enfant qu'il sentait perdu maintenant. Cette découverte le terrorisait lui même. L'âme sœur de son fils, celui dont-il dépendait désormais pour vivre, était un partisan et même le bras droit d'un homme qui voulait le voir mourir dans d'atroces souffrances. Il ne savait plus trop quoi faire avec cette histoire, refusant de donner son fils à un homme qui l'entraînerait à la mort.

- Alors c'était ça la marque que je sentais, bredouilla Kira.

- Quelle marque ? questionna son père surpris.

- Lucius a une marque de magie noire sur l'avant bras. Je l'ai senti tout de suite mais comme ce n'était pas mes affaires, je n'ai pas approfondi l'analyse. Mais s'il a été un Mangemort, ça doit être la marque des ténèbres. Severus l'a aussi, remarqua-t-il.

- Seigi m'a aussi parlé de lui, répondit Akifumi. Il a fait des recherches sur un peu tout le monde ici et il pensait qu'il fallait que nous sachions. Severus était un Mangemort cela est certain mais il aurait retourné sa veste pendant la guerre et serait devenu espion pour Dumbledore. Il a eu un procès, Dumbledore l'a défendu bec et ongle et il a été innocenté. Il semble que cela fait longtemps qu'il est proche de Lucius. Il est le parrain magique de Draco et on ne choisi pas un tel gardien pour son enfant sans raison.

Il y eut un moment de silence et Kira se força au calme pour réfléchir avec soin. La nouvelle faisait peur mais il ne voulait pas sauter trop vite aux conclusions, n'ayant jamais été ainsi.

- Je pense qu'il ne faut pas nous emballer trop vite, constata-t-il finalement. Premièrement, il ne sait pas que j'ai été Harry Potter et s'il l'apprend un jour, cela voudra dire que le lien est révélé et que nous sommes ensemble et donc cela voudra aussi dire que sa partie veela et le lien ne toléreront jamais qu'il puisse me mettre en danger ou me faire du mal.

- Pas volontairement mais involontairement..., redouta le père.

- Il ne sait pas qui j'ai été et Voldemort ne le saura pas non plus. Ensuite, beaucoup de temps a passé depuis la fin de la guerre, il a peut-être revu son avis, peut-être avait-il été forcé par son père ? supposa-t-il. On ne sait même pas pourquoi, comment et dans quelles conditions il a pu s'engager là dedans. Il est toujours visiblement très ami avec Severus. Leur amitié est sincère, je le sens et cela veut dire que soit l'un soit l'autre n'est pas ce dont-il à l'air. Soit Severus n'est plus espion, soit Lucius a changé de ligne de conduite. Je doute que Dumbledore ignore ce fait et je doute qu'il ait accepté des Mangemort dans l'école si facilement. Il doit y avoir une raison. Je préfère attendre de voir ce qu'il se passe exactement. De toute manière, il va falloir faire avec et s'il est vraiment un Mangemort pure et dure avec la ligne de conduite sanglante de Voldemort, il n'est pas impossible que je parvienne à le changer. En revanche, je ne pourrais jamais changer qu'il est mon âme sœur. Il va falloir s'adapter même si ça peut sembler compliqué dans cette situation. Je vais juste devoir être plus prudent encore, soupira-t-il.

Akifumi le serra contre lui, encore plus inquiet maintenant avec cette nouvelle donnée. Il semblait que son fils ne pouvait avoir une chose facile dans sa vie. Ne pouvait-il pas simplement être heureux, trouver son âme sœur sans que tout soit aussi compliqué ?

- On devrait peut-être en parler au reste de la famille maintenant, remarqua l'adulte. Pour qu'ils sachent ce qu'il se passe.

- Oui, je pense aussi, acquiesça Kira en sachant que sa famille voudrait savoir.

Et puis Setsuna, Kahei et Hayate avec qui il discutait quotidiennement grâce au miroir à double sens, commençaient sérieusement à se douter qu'il se passait quelque chose. Avec tout ce qu'il s'était passé et ce qui l'attendait visiblement, il avait bien envie de se ressourcer un peu auprès des siens. Akifumi proposa alors de leur envoyer un message pour qu'ils viennent le lendemain, sachant déjà que cela les interpellerait. Non pas qu'ils ne s'attendaient pas à une visite mais à la base, il avait été décidé que ce serait le père et le fils qui reviendraient au Japon le temps d'un repas ou d'une visite, en profitant pour passer un moment chez eux. Cependant, il était maintenant exclu de mettre des milliers de kilomètres entre Kira et son âme sœur, surtout avec le lien qui n'était pas encore ferme. Pour le moment, il n'était établi que pour l'adolescent et non pour Lucius et cela le rendait très instable et sensible. Tant que le veela n'en n'aurait pas conscience et ne l'aurait pas accepté, Kira était dans une position extrêmement délicate et il ne pouvait pas s'éloigner de lui de la sorte. Une invitation en Angleterre les interpellerait donc mais il était plus que temps de leur dire ce qu'il se passait.

Le père se chargea d'envoyer le message quand Kira s'en allait vers le dojo, ayant vraiment besoin d'un moment à lui. Il passa son après-midi à méditer et a réfléchir, tentant de démêler tout ça. Il se refusa à cataloguer son âme sœur immédiatement. Il ne savait rien de lui et il ne s'était jamais fié aux apparences. Au final, ça ne changeait pas grand chose hormis le fait qu'il devait être plus prudent encore dans ce qu'il faisait. Lorsqu'il gagna le dîner ce soir là, il se retrouva assis près de Lucius et il sentait son père surveiller l'homme comme s'il allait lui sauter dessus à tout instant pour l'étriper. Tout cela s'annonçait compliqué.

- Professeur Uizado, interpella soudain le blond, je ne sais pas ce que vous avez pu demander à vos élèves comme devoir mais je n'ai jamais vu mon fils travailler autant qu'il l'a fait cette semaine sur votre essai, remarqua-t-il en le faisant sourire. Il a l'air vraiment intéressé.

- J'en suis ravi, répondit-il. Mon but principal est de faire réfléchir mes élèves alors si j'y suis parvenu, j'aurais tout réussi. Mais nous avons à peine commencé alors le tout sera de voir si je parviens à garder leur intérêt.

- En tout cas, vous avez celui de mon fils et cela est assez rare pour être souligné, remarqua-t-il. Il n'y a pas grand chose jusqu'ici qui lui ait donné envie de travailler ainsi surtout sans point pour lui à la clef.

- Mes élèves ont beaucoup plus à gagner que des points avec mon cours et c'est ce que je me suis efforcé de leur faire comprendre cette semaine. Aucun d'entre eux n'est stupide et je pense qu'ils ont au moins entre aperçu ce que je voulais leur montrer. Je pense être parvenu à susciter leur curiosité et c'est déjà beaucoup.

Il passa le repas à parler cours avec lui, appréciant grandement cet échange avec son âme sœur, oubliant tout le reste sous sa voix grave et si belle pour lui. Malgré tout, après cela, il quitta la table plus détendu et plus tranquille, persuadé que cet homme, qui qu'il soit en réalité, ne pouvait qu'être bénéfique pour lui. Il se sentait bien près de lui et il aimait sa magie. Tout en lui l'inspirait et il était certain qu'il avait vraiment la bonne personne cela même si tout disait le contraire pour l'instant. Le lendemain ce fut juste après le petit déjeuner qu'Akifumi et Kira virent leur grande famille débarquer dans leur appartement privé par la cheminée. Kira vit Setsuna et Kahei lui sauter dessus avec Hayate qu'ils avaient pris avec eux et se retrouver serré dans leurs bras lui fit le plus grand bien. Ce fut seulement alors qu'il se rendit compte à quel point sa famille lui avait manqué. Ils se saluèrent tous et très vite, tous comprirent que la discussion d'aujourd'hui s'annonçait sérieuse. Ils s'installèrent dans le salon et se firent servir un thé, prenant vaguement des nouvelles des uns et des autres avant que Rengu ne mette les pieds dans le plat, sentant que son fils et son petit fils avaient des choses à dire.

Ce fut Kira qui prit la direction de la discussion pour raconter leur arrivée à Poudlard et le dîner de bienvenu du personnel. Bien sûr, lui et son père avaient déjà raconté cet épisode à la famille mais je jeune homme y ajouta cette fois un détail de la taille d'un éléphant qu'ils avaient omis jusque là : sa révélation et la rencontre avec son âme sœur. Tous restèrent choqués d'entendre que leur petit cadet avait rencontré sa moitié, tous ayant connaissance du fait que cela pouvait arriver un jour. Rui leur avait tout expliqué sur les âmes sœurs lorsque le sujet s'était présenté et qu'ils s'étaient posé montagne de questions sur la chose. Aussi tous savaient que cela pouvait arriver, néanmoins partagé sur le sujet pour les mêmes raisons qu'Akifumi. Ils furent donc choqués d'apprendre ça mais Setsuna, Kahei et Hayate lui sautèrent bientôt dessus pour le féliciter, moins réticents que les autres sur le sujet dont Kira leur avait parlé. Excité comme des puces, ils lui demandèrent s'ils pourraient rencontrer « l'heureuse élue », si elle était jolie, gentille... Cependant, ils se calmèrent d'un coup devant le sourire triste de leur cadet, inquiets et comprenant qu'il y avait un hic.

Kira prit alors son courage à deux mains pour leur expliquer, commençant par décrire et présenter son âme sœur. Si apprendre qu'il s'agissait d'un homme fut une surprise, cela ne dérangea finalement personne, tous ouverts sur le sujet. Ce qui fut plus choquant fut d'apprendre qu'il avait presque une dizaine d'années de plus qu'Akifumi, vingt six ans de plus que Kira. Imaginer l'adolescent dans les bras d'un homme de cet âge avait quelque chose de franchement dérangeant. Qui savait ce que l'homme pourrait faire ? Kira ne s'attarda pourtant pas sur le sujet et poursuivit en expliquant douloureusement que son âme sœur était marié et qu'il avait un fils de son âge. Tous grimacèrent alors sachant quels effets ce genre de chose avait assurément sur Kira désormais dépendant de sa moitié, du lien et des effets que toute forme de rejet pouvait avoir sur lui maintenant. Setsuna vint d'ailleurs entourer son petit-frère d'un bras, s'asseyant contre lui pour lui apporter du soutient alors qu'il sentait qu'il était difficile pour lui de dire que son âme sœur avait déjà une femme et un enfant. Kira le remercia avant de reprendre avec la découverte de la nature de son âme sœur et le fait que sa partie veela avait visiblement été bridée, expliquant que cela était réversible. Cette nouvelle soulagea tout le monde. Il suffisait que cette limitation soit levé pour que l'homme reconnaisse Kira comme son âme sœur.

Tout cela dit, ce fut le moment de lâcher la bombe au sujet du possible lien de Lucius avec Voldemort. Tous furent complètement choqués d'apprendre ça, un peu paniqués et perdus, se demandant ce qu'il allait advenir de leur précieuse petite étoile dans tout ce bordel. Un silence lourd tomba dans le salon lorsque tout fut révélé, Kahei et Setsuna venu entourer étroitement leur cadet pour tenter de le réconforter, comprenant sans mal que tout cela devait être extrêmement difficile à vivre pour lui. Après un moment, Kira reprit la parole pour leur dire qu'il refusait de juger Lucius si vite et qu'il attendrait de le connaître tout en restant très prudent. Tous furent très inquiets, sachant désormais que sa vie dépendait de cet homme et que rien ne se présentait bien pour le moment. Satoshi assura à son arrière petit fils qu'il irait parler de tout cela avec Rui pour tenter de trouver des solutions et Kira l'en remercia, désormais incapable de quitter les îles britanniques sans son âme sœur. Ce fait stressait d'ailleurs tout le monde : s'il arrivait quelque chose, Kira ne pourrait même pas rentrer à la maison dans la sécurité du domaine de Rui. Ils en discutèrent longuement, tous sachant que de toute manière ils n'avaient pas le choix. Lucius Malfoy était l'âme sœur de leur petite étoile et ce fait ne changerait pas. Pour le reste, tout était incertain et tout pouvait changer. Ils passèrent ensuite un bon moment à réconforter le cadet, devinant que tout cela était difficile à vivre pour lui. Il n'en restait pas moins que le temps ne jouait pas en leur faveur. Ils savaient tous que Kira aurait rapidement des problèmes si son âme sœur ne le reconnaissait pas et ne l'acceptait pas comme tel.

Ce fut avec beaucoup de mal qu'ils quittèrent le père et le fils, promettant de discuter de la situation avec Rui. Rengu annonça aussi qu'il préviendrait Hideaki et les autres, leur demandant d'appeler le médecin sur le champs si Kira commençait à ressentir physiquement des problèmes avec le lien. Tous leur firent promettre de leur dire s'il se passait quoi que ce soit, Hayate, Kahei et Setsuna annonçant qu'ils viendraient lui rendre visite plus souvent pour l'aider. Si le sujet de discussion avait été tendu cette visite avait tout de même fait beaucoup de bien au fils comme au père, tout deux se sentant moins seuls devant cette situation compliquée. Et cela commença à se faire sentir dés la semaine suivante. Cette semaine, Kira avait décidé de commencer à enseigner les bases de la méditation à ses élèves, leur détaillant la chose et ses bienfaits en matière de magie. Ce fut cette fois des cours bien plus théoriques mais ses élèves semblaient très intéressés alors qu'il tournait cela en discussion, tentant de les pousser à trouver par eux mêmes le comment du pourquoi.

On était mercredi et Kira avait terminé son après-midi de cours depuis un moment. Il avait eu les quatrièmes et les cinquième année. Chez ces derniers, il y avait Luna Lovegood, une élève des plus intrigante, toujours rêveuse et dans la lune mais particulièrement observatrice et perspicace. Il était dix-huit heure passé et il était seul au dojo avec Katsuo et Yoite, agenouillé sur la terrasse en lisant les essais écrits par ces élèves. Tout était parfaitement calme lorsqu'il senti soudain une douleur dans la poitrine, une douleur qui lui coupa le souffle un instant et qui lui fit lâcher le parchemin qu'il tenait. Il accrocha ses vêtements au niveau du cœur d'une main, appuyant l'autre au sol. Il grimaça, surpris.

- Kira ! s'exclama Yoite en s'approchant sur le champs en sentant son malaise.

Katsuo jusque là étalé non loin s'était relevé et approché, observant son maître. Le jeune homme se concentra pour comprendre ce qui lui arrivait, se forçant à respirer doucement. La douleur n'était pas très forte mais elle l'avait surpris et tendu. Il comprit bien vite qu'elle venait du lien et en analysant les sensations envoyée par celui-ci, il comprit qu'il était trop loin de son âme sœur. Il se concentra alors sur le château, croyant deviner et il confirma rapidement sa pensée lorsqu'il ne parvint pas à trouver la présence de Lucius dans l'école. L'homme avait dû partir un moment et la distance était devenue trop grande pour lui.

- C'est le lien c'est ça ? demanda son dragon.

- Lucius a quitté le château. Il est trop loin, expliqua-t-il. Mais ça va, la douleur n'est pas forte. Je ne m'y attendais pas et le lien m'empêche de me détendre vraiment.

- Respire doucement et reste calme, ça va t'aider, conseilla le dragon.

L'adolescent se concentra sur sa respiration, tentant de se détendre sans y parvenir. L'éloignement de son âme sœur provoquait en lui une angoisse qu'il n'arrivait pas à maîtriser, le lien s'en mêlant. Il fallait attendre que Lucius revienne. Il se focalisa sur l'idée de rester tranquille et calme pour ne pas amplifier le phénomène. C'était supportable, le lien encore trop récent pour que cela soit vraiment fort mais la sensation de manque et d'angoisse était loin d'être agréable et il savait que tout énervement ou tension supplémentaire n'aiderait pas. Usant de sa maîtrise de lui même, il ignora l'angoisse et la tension de son mieux, régulant sa respiration pour la faire douce et profonde. Il se redressa un peu, faisant coucher son chien près de lui pour se mettre à le caresser, cela le détendant. Yoite vint poser sa tête sur son épaule, se tenant sur ses pattes près de lui, lui communiquant calme et présence réconfortante pour l'aider. Il garda une main accrochée au niveau de son cœur sans pouvoir s'en empêcher, espérant que Lucius n'en n'aurait pas pour trop longtemps et qu'il reviendrait vite à l'école. Cela était à prévoir. L'homme avait forcément une vie en dehors de son poste de professeur et il était Lord en plus. Il y avait forcément des moments où il avait besoin de quitter Poudlard pour une raison ou une autre et il ne pouvait pas savoir que chaque sortie lui causerait du tort. De longues minutes passèrent ainsi dans le silence avant qu'il ne sente que son père arrivait, pénétrant dans le dojo et se mettant à courir comme un dingue, arrivant rapidement :

- Kira ! s'exclama-t-il en le voyant sur la terrasse.

Il le rejoignit en courant, s'abaissant près de lui l'air inquiet :

- J'ai senti que tu avais mal et que ça n'allait pas, expliqua-t-il. Qu'est-ce qu'il y a ?

- Lucius a quitté le château et le lien n'apprécie pas, renseigna-t-il avec un sourire triste. Ne t'en fait pas, ce n'est pas très fort, juste très désagréable. Ce sont des sensations et des émotions instinctives à cause du lien que je ne peux pas refréner facilement et ça m'a surpris. Il va falloir attendre qu'il rentre pour que ça passe.

- Je reste avec toi, répondit-il immédiatement en comprenant. J'espère qu'il n'est pas parti trop loin et qu'il va vite rentrer.

- Il ne doit pas être si loin si j'en juge par ce que je ressens. Quelque part en Angleterre, en Écosse ou en Irlande. Ce serait bien pire s'il était plus loin. Il est Lord, il a forcément des affaires à régler à l'extérieur de temps en temps. Il va falloir m'y faire.

Akifumi grogna à ce constat, espérant que la Reine des Glaces de son fils n'aurait pas envie de prendre la tangente trop souvent et qu'il n'irait pas trop loin. Il se concentra sur son enfant, passant une main dans son dos pour essayer de l'aider à s'apaiser et à rester calme. Kira récupéra bientôt les parchemins de ses élèves pour poursuivre sa lecture, en discutant avec son père. Tout les devoirs qu'il avait déjà récupéré lui avaient plu. Chacun de ses élèves avaient répondu à sa question : qu'est-ce que la Magie ? Chacun à leur manière suivant leur interprétation de la discussion qu'il avait eu avec eux au premier cours. Tous l'avaient fait avec un grand sérieux et une réflexion visible sur le sujet. Certains avaient fait des recherches, d'autres avaient simplement réfléchi. Les essais étaient intéressant à lire et si tout cela restait très superficiel sur le sujet sur lequel il aurait pu disserter des jours durant, il fut heureux de voir que tous envisageaient très sérieusement la chose principale qu'il avait voulu leur faire comprendre : la Magie est vivante et consciente. Tous avaient intégré l'idée et en y réfléchissant bien, ils avaient tous pu trouver des exemples appuyant cette thèse. Il était donc ravi. Se concentrer là dessus et sur la discussion avec son père l'aida à gérer le malaise de l'éloignement qu'il arrivait presque à occulter. Il fallut presque une heure avant que soudainement, Kira ne puisse reprendre une grande inspiration et se détendre, lâchant enfin ses vêtements.

- Il est rentré, lâcha-t-il avec un soupir de soulagement.

Akifumi se détendit alors en sentant la douleur et la tension de son enfant s'évaporer doucement, espérant qu'une telle chose n'arriverait pas trop souvent. Les sensations du lien ne feraient que s'amplifier et dans quelques semaines, Kira s'effondrerait certainement sous le même phénomène. Il fallait vraiment trouver une solution. L'adolescent remis, ils partirent pour la Grande Salle et le dîner, Kira voyant finalement arriver son âme sœur avec soulagement.

Le père et le fils furent pourtant ramenés à la dure réalité deux jours plus tard. Dans la nuit du vendredi au samedi, Kira n'avait quasiment pas dormi. Il sentait le morceau d'âme en lui s'agiter de plus en plus depuis quelques temps et il redoutait que Voldemort ne se montre bientôt. Cette nuit là, il avait senti que quelque chose allait se passer et il n'avait pu trouver le sommeil, rejoignant le dojo pour plonger en méditation et se concentrer sur le morceau d'âme pour tenter de comprendre. Il l'avait senti agité et en activité, comprenant que cette fois, Voldemort était bien revenu et qu'il avait récupéré de sa rencontre avec Rui. Il en eut la preuve lorsque le lendemain, au déjeuner, une multitude de hiboux déboula dans la Grande Salle avec une édition spéciale de la Gazette relatant une attaque de mangemort sur le Chemin de Traverse, une photo de la marque des ténèbres brillant dans le ciel. Ce jour là, l'ambiance changea dans l'école, se faisant plus lourde et plus froide, plus tendue. Rien n'était encore officiellement confirmé mais la pensée était dans tout les esprits : la guerre reprenait. Ce fut le sujet de discussion du père et du fils ce soir là et ils ne tardèrent pas à avertir leur famille de ce qu'il se passait.

La semaine suivante, Kira senti nettement les élèves se faire plus tendus et plus agressifs, l'affrontement entre Serpentard et Gryffondor se faisant virulent. Et il n'aimait pas ça. Il sentait une véritable violence dans leurs échanges et il avait peur de l'incident. Il ne tarda d'ailleurs pas à en avoir l'exemple. Le jeudi soir, il faisait sa ronde dans le château alors que le couvre feu était déjà passé de peu. Ce fut de loin de ses perceptions qu'il sentit qu'il se passait quelque chose. Il s'était désormais fait à la magie de Poudlard et il n'était plus trop gêné par cette énergie qu'il n'aimait guère. Il avait donc réussi à adapter toute ses perceptions et ses sens, retrouvant toute sa vaste vision des choses. Il pouvait donc voir de loin et ce fut de loin qu'il perçut un affrontement entre élèves ce soir là. Une bagarre. Il accéléra pour finalement découvrir une scène qui le mit dans une colère lourde. Deux Gryffondor tenaient un Serpentard qui se faisait tabasser par un troisième rouge et or. Il les reconnu facilement, Ronald Weasley, Seamus Finnigan, Dean Thomas et le fils de son âme sœur, Draco. Voir je jeune blond ainsi le mis plus en colère encore que la scène elle même. Draco était le fils de son âme sœur et si savoir que sa moitié avait un fils avec une autre lui était très douloureux, il n'en restait pas moins que c'était son enfant et qu'il était plus qu'important pour lui à ce titre. Il se sentait donc protecteur pour le préfet de Serpentard, aussi paradoxal que cela soit.

Immédiatement, il se servit de sa magie pour paralyser la scène, les quatre protagonistes figés alors que Thomas et Finnigan tenaient Draco, et que Weasley avait levé le poing pour frapper le blond. Il sentit la surprise générale qu'il provoqua et il sortit de l'ombre, Katsuo sur les talons, s'avançant vers eux en se tenant droit et sévère, loin du doux sourire qu'il affichait habituellement. Il haïssait vraiment ce genre de scène ne lui rappelant que de mauvais souvenirs. La violence gratuite ainsi avait le don de le mettre en colère comme rien d'autre.

- Puis-je savoir ce que vous faîte ? demanda-t-il froidement.

Ne pouvant bouger, les élèves tournèrent pourtant le regard vers lui et il sentit nettement leur tension lorsqu'ils perçurent inconsciemment sa colère bien qu'il affiche une apparence froide. Il usa de nouveau de sa magie pour séparer les rouges et ors du vert et argent, sans faire un geste ou dire un mot. Le blond s'appuya contre le mur derrière lui, amoché et Kira l'analysa de son pouvoir, soulagé de voir qu'il n'avait rien de grave. Il vint se placer entre les deux groupes, son chien faisant face aux trois Gryffondor.

- J'attends une explication sur le champs messieurs, posa-t-il durement.

- Ce sale Serpentard nous a provoqué ! s'exclama Ronald en pointant Draco du doigt.

- Et vous vous mettez à battre lâchement tout ceux qui vous provoquent, claqua le jeune professeur. Je croyais que votre maison représentait le courage, remarqua-t-il en les vexant.

- Vous ne savez pas vous ! répondit le roux. Vous n'êtes pas d'ici ! Ce n'est qu'un sale mangemort qui n'hésitera pas à nous livrer et à livrer l'école à vous-savez-qui dés qu'il pourra ! Il devrait être à Azkaban !

- Cessez de hurler sur le champs monsieur Weasley, ordonna-t-il en le faisant taire. Ce n'est guère à vous de juger qui devrait être en prison ou non. Ce n'est pas non plus à vous de porter de tels accusations. Peu importe vos idées ou vos préjugés, ce que vous croyez savoir, vous n'avez aucun droit et je dis bien aucun droit de vous faire justice par vous même pas plus que vous n'avez le droit de manquer de respect à qui que ce soit. Nous sommes dans une école et vous avez des règles à respecter. Vous êtes préfet alors comportez vous comme tel ! Aucune violence n'est tolérable ici. Quand à la sécurité de l'école, moi, les professeurs et le directeur sommes là pour y veiller. Il est absolument hors de question de tolérer le moindre écart de ce genre. Rien ne vous permet d'attaquer ainsi l'un de vos camarades. Sachez que si je vous y reprend, je ne donne pas cher de votre place dans cette école.

Les trois Gryffondor pâlirent et le roux voulu répliquer mais il leva sèchement une main et les fusilla d'un regard si perçant qu'ils se turent.

- La violence n'a pas sa place dans une école et jamais je ne tolérais une telle chose, posa-t-il fermement. Messieurs Finnigan, Thomas et Weasley, je vous retire cinquante points à chacun, claqua-t-il en les faisant pâlir davantage, pour agression physique caractérisée envers un camarade. J'écrirais également à vos parents personnellement au sujet de cet incident, et je m'entretiendrai avec votre directrice de maison et le directeur au sujet de votre comportement inqualifiable de ce soir. Vous aurez tout trois une retenue. Messieurs Finnigan et Thomas, je vous retire en plus vingt points chacun pour vous être baladés dans les couloirs après le couvre feu. Contrairement aux préfets, vous n'en n'avez aucun droit. Maintenant c'est direction votre dortoir directement, sans détour et que je n'entende plus parler de vous, conseilla-t-il froidement. Partez.

Les trois rouges et ors ne se firent pas prier et ils détalèrent pendant qu'il se retournait vers Draco. Le jeune homme avait l'arcade et la lèvre ouvertes, plusieurs bleus en formation et il avait enroulé un bras autour de ses côtes.

- Venez monsieur Malfoy, dit-il bien plus doucement. Nous allons à l'infirmerie.

- Merci professeur mais ça ira, répondit-il en se redressant doucement.

- Je ne vais certainement pas vous laisser rentrer au dortoir sans avoir reçu des soins, répondit-il. Vous devez voir madame Pomfresh.

- Je vous assure que ça va professeur, tenta de le convaincre le blond. Je n'ai pas besoin d'aller à l'infirmerie.

- Je pense le contraire mais dîtes moi donc plutôt pourquoi vous ne voulez pas y aller ? demanda-t-il tranquillement en lui faisant relever un regard un peu surpris sur lui. Sachez qu'on ne me trompe pas monsieur Malfoy, sourit-il devant son air étonné. Pourquoi ne voulez vous pas voir madame Pomfresh ?

Le préfet détourna les yeux et serra les dents, Kira sentant que ce n'était pas tant les soins qu'il refusait mais l'infirmerie en elle même et son infirmière. Draco qui avait toujours l'air si confiant et assuré, un peu arrogant parfois, avait l'air douloureux maintenant et ce n'était pas à cause de ses blessures. Il était tendu et il redoutait quelque chose.

- Vous pouvez me parler, assura Kira avec douceur. Sachez que je ne vous jugerai pas.

Draco hésita encore un moment avant de finalement dire ce qui le gênait :

- Madame Pomfresh n'est pas vraiment une amie des Serpentard, dit-il lentement. Quoi que je puisse dire, elle me reprochera cette bagarre et je n'ai pas envie d'entendre un sermon ce soir.

Kira soupira. Si même les professeurs et le personnel s'y mettaient. Il avait bien vu que la guerre de maison touchaient même les adultes et que les verts et argents n'avaient pas beaucoup de soutient si ce n'était leur directeur de maison se montrant très partial en faveur de ses élèves et Lucius qui les privilégiait aussi. Les autres étaient plus ou moins contre les Serpentard et cela à cause de la mauvaise réputation de la maison et certainement des conflits présents. Sans parler que bien des noms à Serpentard semblaient avoir un lien avec Voldemort de ce qu'il savait et les adolescents le payaient cher. Il n'en restait pas moins que pour lui, de tels choses ne devraient pas exister dans une école. Le comportement des adultes était intolérable pour lui et pire, il permettait de laisser naître ce genre d'incidents dramatiques à ses yeux dans un tel endroit. Il fallait faire quelque chose mais pour le moment, il ne pouvait certainement pas laisser Draco comme ça et il sentait qu'il ne voulait vraiment pas aller à l'infirmerie.

- Venez avec moi dans ce cas, demanda-t-il. Je vais m'en charger, dit-il en le surprenant. Je ne vais pas vous laisser dans cet état.

Le blond acquiesça, grimaçant en se décollant du mur lentement et en suivant son professeur qui s'était mis doucement en route. Il ne leur fallut que peu de temps pour rejoindre la porte donnant sur le dojo vers lequel ils descendirent. Il faisait nuit et Draco put découvrir l'endroit dans ses lumières magiques, se détendant et s'émerveillant devant ce spectacle, aidé par l'ambiance énergétique des lieux. Ils se retrouvèrent finalement sur les tatami et Kira le fit asseoir, s'agenouillant devant lui.

- Laissez vous faire, je n'en n'ai pas pour longtemps, dit-il.

Il se servit de sa magie pour analyser plus précisément l'état du jeune homme qui avait tout de même des côtes fêlées et pas mal d'hématomes, le visage abîmé. Les soins magiques étaient une chose qu'il ne faisait pas du tout comme un médicomage classique mais il n'en restait pas moins plus efficace qu'eux. Il se mit donc à soigner chaque blessure sans dire un mot ou faire un geste vers le blond qui parût stupéfait en sentant son pouvoir agir, ses douleurs s'envoler et ses blessures disparaître sans laisser la moindre trace. Il ne fallut que quelques minutes et il releva finalement un regard émerveillé et reconnaissant vers son professeur qui avait retrouvé son sourire doux :

- Merci monsieur, dit-il alors l'air soulagé.

- C'est tout de même mieux ainsi. Maintenant dîtes moi ce qu'il s'est passé exactement.

- Je... je revenais des appartements de mon père, commença-t-il après un moment de silence. J'étais allé passer un moment avec lui. J'ai croisé Weasley dans les couloirs avec les deux autres et on s'est disputé comme à chaque fois qu'on se voit, ironisa-t-il. Et ça a rapidement dérapé.

- Tout le monde s'est tendu depuis l'attaque du week-end dernier et je pense vraiment que vous devriez sagement éviter les affrontements monsieur Malfoy. Qui que soit celui qui a initié celui d'aujourd'hui, cela n'a pas d'importance pour moi, mais essayez d'éviter ce genre de chose. Que l'on vous attaque ou vous insulte ne devrait pas avoir d'importance pour vous, vous devriez l'ignorer et passer votre chemin.

- Mais ça a de l'importance, répondit-il. Je ne peux pas les laissez salir mon nom, ma famille, mon père et les Serpentard, sans réagir.

- Savez vous qui vous êtes ? demanda Kira en s'attirant un regard confus. Savez vous qui vous êtes monsieur Malfoy ? répéta-t-il. Savez vous ce en quoi vous croyez vraiment ? Savez vous si les idées que vous défendez sont vraiment celles qui vous tiennent à cœur ? Savez vous si vous avez quoi que ce soit à vous reprochez ? Je pense que vous savez tout cela, remarqua-t-il. Vous vous montrez toujours arrogant et froid, mais au fond de vous, je sais que vous êtes plus que ça. Vous savez qui vous êtes, ce que vous voulez et ce que vous défendez. Est-ce que je me trompe ?

- Non monsieur, répondit-il.

- Il faut toujours se battre pour ce en quoi on croit vraiment, sans égards pour ce que les autres peuvent en penser. Vous êtes le seul juge de ce que vous croyez être bien ou non et c'est à vous de choisir votre chemin. Vous pouvez choisir d'ignorer ceux qui vous attaquent. Leur avis a-t-il la moindre importance à vos yeux ? Est-ce par eux que vous souhaitez être reconnu ?

- Non, répondit le blond.

- Alors vous n'avez pas de temps à perdre et des problèmes à vous créer en leur accordant de l'attention. L'ignorance est à mon sens la plus élégante et la plus cinglante des réponses à ce genre d'attitude. Il y aura toujours des gens pour vous dénigrer, vous insulter, vous jalouser. Il y en aura toujours pour tout le monde. Ce n'est pas en jouant leur jeu que vous leur prouverez que vous avancerez dans votre vie. C'est une perte de temps. Ignorez les et consacrez plutôt ce temps à ce que vous vous voulez faire. Si leur avis ne compte pas, vous n'avez rien à gagner d'autres que des soucis dans ce genre d'affrontement. En remportant ce type de confrontation, vous pouvez peut-être vous sentir plus fort, soulagé ou plus supérieur pendant un temps très court mais cela ne vous aura servi à rien d'autre au final et cela vous causera des ennuis. Et cela ne met pas en valeur celui que vous êtes. Si vous ne réagissez pas, ils se lasseront d'eux même. Laissez les donc perdre leur temps à parler dans votre dos pendant que vous vous avancez en les laissant derrière. Vous arriverez là où vous voulez aller pendant qu'eux seront coincés au départ, si loin que vous ne les entendrez plus.

Il garda le silence ensuite, sentant que le jeune homme pensait plus que sérieusement à ce point de vu.

- Pourquoi êtes vous si tolérant à mon égard ? demanda-t-il finalement. Tolérant envers les Serpentard ? Je suis sûr que vous connaissez notre réputation et celle de ma famille.

- En effet, je la connais, acquiesça-t-il. Mais jamais je ne me fie aux apparences ou à ce que les uns ou les autres peuvent dire et scander. Cette guerre, Voldemort, dit-il en le faisant frisonner, tout cela est bien obscure. Beaucoup de monde dit beaucoup de choses mais personne ne sait vraiment ce qu'il se passe de mon avis, dit-il en le surprenant. Je n'en sais pas assez sur ce conflit pour juger mais ce que je sais en revanche c'est que ni un camps ni l'autre n'est exempt de reproches et je sais aussi que n'y l'un ni l'autre n'a l'image de ce qu'il est vraiment au fond, dit-il en le laissant très étonné.

Il y eut un moment de silence, Kira sentant que le blond se posait mille questions sur lui.

- Pour ce qui est de ce soir, reprit le professeur, pensez à ce que je vous ai dit. Il serait plus sage de vous éviter ce genre d'ennuis. Venez maintenant, je vous ramène à votre dortoir.

Le préfet ne se fit pas prier et le suivit sagement en silence, réfléchissant à leur discussion. Il remercia son professeur une fois arrivé à destination puis ils se quittèrent. Kira profita de sa présence dans les cachots pour faire un détour par le bureau du professeur Snape où il y percevait sa présence, voulant le mettre au courant de cet incident. Il toqua à l'entrée et il fallut un moment avant que l'homme n'ouvre et ne lui dise d'entrer.

- Professeur Uizado ? s'étonna celui-ci assis à son bureau.

- Bonsoir professeur Snape. Excusez moi de vous déranger mais il s'est passé quelque chose durant ma ronde de ce soir et je pense que vous devriez être au courant.

L'homme l'invita à s'asseoir et écouta ce qu'il avait à lui dire, Kira lui racontant la bagarre qu'il avait surpris :

- Je me suis chargé de sanctionner les fautifs et de m'assurer que monsieur Malfoy allait bien avant de le ramener à son dortoir mais je voulais que vous soyez au courant en tant que son directeur de maison. J'irais voir le professeur McGonagall demain pour discuter de cela avec elle.

- Je vous remercie d'être intervenu et de venir me prévenir, répondit platement l'homme. Malheureusement, il nous faut nous attendre à voir ces incidents se multiplier dans le contexte actuel. Surtout avec monsieur Weasley.

- Pourquoi particulièrement lui ?

- Les Weasley ont toujours été vindicatifs envers les Serpentard et ça ne s'est pas arrangé depuis la disparition de leur cadette il y a quelques années.

Kira eu une étrange impression de déjà vu lorsqu'il lui raconta comment Ginny Weasley avait disparu lors de sa première année à l'école et comment de sanglantes inscriptions avaient annoncé qu'elle reposerait à tout jamais dans la Chambre de Salazar Serpentard. Snape lui expliqua que la légende voulait qu'un monstre habite cette chambre mais qu'elle n'avait jamais pu être trouvé. Il ne pouvait s'empêcher de repenser à ce serpent géant, à cette étrange salle et à cette gamine rousse dont-il avait rêvé exactement au moment où elle avait disparu. Il ne montra pourtant pas son trouble, écoutant attentivement :

- Les Weasley et particulièrement leur cadet n'est que plus violent dans ses pensées et ses idées vis à vis des Serpentard depuis cela, termina-t-il. Sans compter que sa famille et celle des Malfoy sont en querelle depuis longtemps.

- Je vois. C'est en effet délicat. Il va nous falloir être vigilants. Sur ce, je vais vous laisser, il se fait tard.

L'homme acquiesça et le salua avant qu'il ne quitte le bureau, pensif. Il faudrait qu'il fasse des recherches au sujet de cette chambre. Il termina sa ronde en y réfléchissant avant de regagner ses appartements pour un petite discussion avec son père au sujet de tout cela. Le lendemain, au petit déjeuner, il alla s'asseoir à côté de la sous-directrice pour lui parler de cet incident. Elle ne sembla pas choquée outre mesure, comme ses autres collègues, comme si cela était normal dans le contexte actuel et cela fit enrager Kira en silence. Tous ici avait accepté cette guerre des maisons et ses conséquences désastreuses et ça, ça ne passait pas pour lui. C'était intolérable dans une école. Elle accepta la sanction appliquée avec un pincement qui ne lui plu pas davantage et il laissa finalement tomber lorsqu'il sentit qu'elle était plantée sur ses idées. Il eut ensuite une discussion sur le sujet avec le directeur et celui-ci se comporta pareillement. Il éluda les problèmes flagrants que Kira soulevait d'un sourire faux et l'adolescent sentait qu'il se fichait bien de son avis sur la question.

Ce fut donc agacé que le jeune homme rejoignit son dojo pour s'y calmer tranquillement. Cela fait, il se décida à écrire aux parents des trois Gryffondor pour leur faire savoir ce qu'il en pensait, se fichant que cela ait ou non un quelconque impact. Au moins, il aurait fait ce que son devoir de professeur lui dictait. Cela fait, il se concentra sur autre chose. Il détestait entendre des insultes à tord et à travers envers tout le monde dans ce château et il voulait tenter de remédier à cela. Et pour cela, il avait de son côté un moyen qui semblait particulièrement efficace ici, les points pour lesquels chaque maison se battait pour gagner cette fameuse coupe à la fin de l'année. Les points, tout les élèves y tenaient et cela il l'avait bien compris. Il avait donc décidé de se servir de cela. Aussi, à partir de ce jour là, il s'appliqua a étendre constamment son esprit sur l'école, se servant de sa magie pour repérer toute insulte ou toute attaque. Lorsqu'il en repérait une, ce qui ne tarda pas à commencer, il faisait raisonner sa voix à l'oreille du fautif uniquement, retirant deux points à chaque fois, cinq quand l'insulte visait un professeur. Faire cela ne lui demandait que peu d'effort de son esprit puissant et il était bien décidé à montrer aux élèves que lui n'acceptait pas cette situation, se fichant de ce que les autres en penseraient. Il savait que s'il avait exercé à Mahotokoro, jamais il n'aurait subi un tel spectacle d'irrespect et si l'on pouvait mettre cela sur le dos de la différence de culture, il n'était pas prêt à l'accepter si facilement. Il se mit donc à en faire une chasse constante, ne laissant rien passer.

Ce jour là au déjeuner, il eut le plaisir d'avoir une discussion avec son âme sœur, Lucius venant le remercier avec gratitude d'être intervenu pour son fils la veille, le remerciant aussi pour les soins qu'il lui avait apporté. Ils discutèrent longuement du contexte de l'école mais peu de la guerre, le blond semblant éviter soigneusement le sujet. Il ne fallut pas longtemps pour que l'école tout entière ne se rende compte de la sévérité implacable du professeur Uizado qui s'était abattu sur les élèves attaquant les autres à coup d'insultes, de dénigrement ou d'humiliations. Personne ne savait comment il faisait pour les détecter alors qu'il n'était pas toujours présent physiquement, certains se faisant même réprimander alors que le jeune homme était en cours dans son dojo, loin du château. Kira surveillait désormais tout écart de conduite, sanctionnant sans pitié les écarts avec impartialité. Il ne privilégiait personne et ne laissait rien passer. Il ne retirait que peu de points à chaque sanction pourtant, les scores des sabliers se mirent à chuter dramatiquement, témoignant du nombre bien trop élevé de ces incidents. Lorsque le sujet fut abordé en salle des professeurs, les directeurs de maisons pas très heureux de voir les points de leurs maisons filer, Kira ne se gêna pas pour les confronter avec force et assurance, les mettant devant leur devoir de professeur et la situation intolérable de l'école. Son discours fut si lourd et puissant de sens que personne, pas même le directeur ne pu aller contre lui. Il leur assura ensuite qu'il n'espionnait pas les élèves, se contentant de détecter les écarts de conduites et de les sanctionner comme tous devraient le faire, argumentant que la situation tendue de la communauté anglaise n'était pas une excuse et qu'une école ne devait pas être un reflet d'une guerre mais plutôt de leurs espoirs pour l'avenir. Il était donc hors de question pour lui de laisser passer, peu importait ce qu'il se passait dehors.

Ce fut là dessus que se termina le premier mois de Kira à Poudlard. Depuis la première attaque signalée de Mangemort, on commençait à parler de disparition en tout genre et la situation se tendait. Dans tout cela, l'adolescent n'avait pas avancé d'un pouce avec son âme sœur. Il s'entendait bien avec lui comme avec Severus d'ailleurs mais leur relations restait très professionnelle sans plus, froide et distante à ses yeux. Et si leur relation n'avait pas évolué, le lien lui, commençait à faire savoir que sa patience ne serait pas à toute épreuve. Kira peinait de plus en plus à contenir ses émotions grandissantes. Il avait toujours cette envie de voir Lucius, d'être près de lui, de le toucher, de s'attirer son regard, de lui plaire... Et il n'avait rien, le lien commençant à se rebeller sous cette situation. Il se sentait plus tendu, plus agité, ses envies à l'égard de son âme sœur devenant difficiles à gérer parfois. Cela faisait un mois et une semaine qu'il avait eu sa révélation et rien n'avait changé, commençant à le torturer doucement. Pour le moment, cela ne s'en ressentait pas encore physiquement sur lui mais son moral commençait à en pâtir sérieusement, le déprimant. Akifumi avait fait venir leur famille tout entière pour un moment de calme et d'affection qui lui avait fait du bien mais tous savaient qu'il fallait que les choses bougent, pourtant, aucun n'avait de solution. Ils ne pouvaient parler à Lucius, ils ne pouvaient forcer ses sentiments à l'égard de Kira et celui-ci ne pouvait pas prendre le risque de se déclarer dans cette situation qui lui assurerait un rejet direct. L'adolescent tentait de passer autant de temps que possible avec le blond mais leur relation restait celle de collègues de travail bien qu'il y ait un respect mutuel certain entre eux. Lucius était un homme difficile à approcher sous ses manières parfaites et civiles et Kira en faisait l'amère expérience.

L'adolescent avait pourtant réussi à se faire sa place de professeur dans l'école, ne voyant plus sa place remise en cause. Ses élèves étaient tous accros à son cours désormais, y travaillant avec assiduité et tous avaient alors compris qu'il devait être un bon enseignant pour parvenir à les intéresser et à les motiver ainsi sans leur donner le moindre point ou la moindre chose les aidant dans leur scolarité proprement dîtes. Il se comportait toujours comme un professeur exemplaire, impartial et juste, toujours calme et souriant sauf lorsqu'il réprimandait quelqu'un, se faisant autoritaire et imposant. Il ne montrait aucune préférence envers aucune maison et envers personne, ce fait semblant plaire au plus grand nombre des adolescents. Il était ouvert à toute les discussions et ne refusait jamais de répondre à une question. Les élèves qu'il avait en cours commençaient à se rendre compte qu'il était de très bon conseil et qu'il pouvait répondre à toutes leurs questions quelques soit la matière, certains commençant à demander son aide lorsqu'il n'avait pas compris quelque chose en cours. Son accessibilité, son jeune âge et son ouverture facilitait le contact avec les élèves maintenant que son statu n'était plus mis en cause et son attitude faisait son effet. Si certains élèves furent outrés par la discipline stricte qu'il imposait, d'autres laissés pour compte jusque là en étaient soulagés. Parmi ceux là, les élèves victimes de ce genre de comportements ou simplement exaspérés par cette ambiance. Ceux là, nombreux dans l'école, semblaient reconnaissant qu'un professeur réagissent enfin. Doucement, il s'attirait donc le respect et la confiance de bien des élèves. Il s'entendait bien avec Lucius et Severus mais aussi avec Hagrid, Sinistra et Pince, sa relation encore distante avec les autres.

Ce fut début octobre qu'un événement vint faire bouger les choses. Ce soir là, ce fut juste après le dîner, alors qu'il regagnait son appartement avec son père que Kira fut prit d'un malaise, chancelant et agrippant ses vêtements sur sa poitrine. Son père l'avait rattrapé alors qu'il trébuchait et à son grand soulagement, ils étaient seuls dans le couloir à cet instant. Très vite, il avait compris que Lucius avait quitté le château. C'était la cinquième fois que cela arrivait et à chaque fois, la sensation était plus intense et douloureuse. Son père s'était donc empressé de le conduire dans leur appartement pour l'asseoir au salon, restant avec lui comme à chaque fois, tentant de lui communiquer du calme et de la détente. Cette fois là cependant, il semblait que Lucius avait envie de s'éterniser à l'extérieur, le temps filant sans qu'il ne revienne au château, agaçant prodigieusement Akifumi. Il était vingt deux heure lorsque Kira décida d'aller faire un tour seul, priant son père de rester chez eux. Il lui fallut un moment pour le convaincre et celui-ci fit promettre à Yoite de veiller et de le ramener au plus vite si ça n'allait pas.

C'était donc seul qu'il était sorti faire un tour et prendre l'air. Cette fois avait quelque chose de différent par rapport aux autres. Il sentait l'éloignement de Lucius mais il sentait surtout que quelque chose n'allait pas avec son âme sœur et cela l'angoissait profondément. Il sentait qu'il y avait un problème, un gros problème et il n'aimait pas ça du tout. Il se sentait agité et anxieux, le lien voulant le tirer, comme pour l'obliger à rejoindre Lucius. Sa poitrine était douloureuse et sa respiration lourde. Il alla se promener lentement pour tenter de se détendre, laissant ses pieds l'emmener alors que Katsuo collait sa jambe, la tête levée vers lui, Yoite volant près de lui pour le laisser respirer le plus librement possible. Une demi heure plus tard, il percevait de nouveau la présence de son âme sœur dans l'école, le malaise s'envolant progressivement en le soulageant. Il s'appuya contre un mur le temps de reprendre pleinement contenance, sa respiration redevenant plus aisée alors que la douleur s'effaçait. Sa mauvaise impression persista pourtant et très vite, il se concentra pour s'assurer que Lucius allait bien. Il le trouva dans le bureau du directeur, avec celui-ci et avec Severus. Très vite, il comprit que les deux professeurs n'étaient pas dans leur état normal et il s'en inquiéta, se demandant ce qui leur arrivait, son angoisse gigantesque pour son âme sœur.

Il se dirigea alors vers eux lentement, décidé à en avoir le cœur net. De loin, il suivit la sortie des deux hommes du bureau directorial et leur lente avancée dans les couloirs déserts à cette heure. Il s'arrangea pour les croiser et cela ne tarda pas. Il les trouva marchant lentement et péniblement, tremblant de tout leurs corps et atrocement pâles. Ils semblaient vraiment mal et une fois près d'eux, il put en découvrir l'origine. Tout deux portaient là trace de ce sort maudit, le doloris et il fut impossible pour lui de les laisser comme ça, sachant que rien dans la magie traditionnelle ne pouvait vraiment les soulager. Il était inconcevable de laisser son âme sœur dans cet état et il dut se retenir de toute ses forces d'accourir pour le soutenir et l'aider à marcher, le soigner sur le champs. Il ne voulait pas non plus laisser Severus ainsi, l'appréciant déjà. Ce fut donc déterminé qu'il se planta au milieu du couloir dans lequel ils avançaient, descendant vers les cachots. Ils ne tardèrent pas à le repérer alors que des vasques enflammées éclairaient les lieux. Lucius était appuyé contre le mur, plus touché que Severus visiblement mais tout deux se redressèrent, leurs visages douloureux se faisant de nouveaux neutres à sa vue. Kira sentit nettement que ni l'un ni l'autre ne savait comment réagir en le voyant là, hésitant.

- Soirée difficile, constata simplement l'adolescent. Venez avec moi, demanda-t-il alors que le dojo n'était pas loin.

- Nous avons à faire professeur Uizado, répondit Severus, ce sera pour une autre fois, tenta-t-il d'esquiver.

Sachant que les deux hommes pensaient lui cacher leur état, Kira n'y alla pas par quatre chemins alors qu'il avait enfin l'occasion de les confronter tout deux. Il usa de sa magie pour faire relever vivement leurs manches et dévoiler leurs marques des ténèbres. Ils sursautèrent brutalement, s'empressant de dissimuler de nouveau le tatouage avant de reporter un regard alarmé sur lui. Kira sentit leur surprise lorsqu'ils le virent totalement calme et pas du tout déstabilisé par ce qu'il venait de voir, leur faisant comprendre qu'il savait.

- Suivez moi, demanda-t-il plus fermement le regard lourd.

Il fit demi tour pour se mettre à marcher lentement, les deux hommes échangeant un regard avant de se mettre à le suivre. Ils atteignirent rapidement la porte du dojo que Kira ouvrit pour s'y engouffrer. Lorsque Lucius n'eut plus l'appui du mur qu'il n'avait pas quitté tout en tentant de se faire discret depuis son arrivée, Kira usa de sa magie pour le soutenir et l'aider à avancer, en faisant de même pour Severus qui peinait sans le montrer. Tout deux furent surpris en sentant son aide mais ils ne firent aucune remarque, le suivant alors qu'il ne s'était pas retourné une seconde. Ils arrivèrent finalement au dojo, l'adolescent les faisant entrer, la magie du lieu leur retirant leurs chaussures. Kira les pria de s'asseoir alors qu'il avait fait apparaître deux confortables coussins au sol et il s'exécutèrent avec mal, retenant de toute leur force une grimace de douleur. Il fit mine de ne pas l'avoir vu s'agenouillant juste devant eux avec élégance alors que Yoite et Katsuo allaient s'installer plus loin. Il leur tendit ensuite ses paumes alors qu'ils le regardaient avec tension :

- Vos mains, demanda-t-il simplement.

Les deux professeurs se regardèrent, confus avant de le fixer de nouveau avec méfiance.

- Je ne vous veux aucun mal, dit-il alors en les surprenant par sa clairvoyance. Le doloris n'a rien d'agréable, remarqua-t-il en les stupéfiant un peu plus, laissez moi vous débarrasser de ça. Vos mains, redemanda-t-il.

Ils hésitèrent encore quelques secondes, confus mais ils avancèrent finalement une main chacun pour la poser dans ses paumes, à la fois tendus et curieux. Sans le montrer, Kira savoura le contact avec son âme sœur, le lien répandant joie et chaleur en lui à ce simple toucher. Il mit cependant cela de côté pour refermer ses doigts autour des leurs, fermant les yeux et se concentrant pour infiltrer doucement sa magie en eux. Soigner les effets du doloris n'était pas aussi simple que des soins classiques, le sort de torture s'accrochant vicieusement à ses victimes longtemps après avoir été lancé et il faisait du dégât. Il analysa l'état des deux hommes, découvrant que Lucius était le plus touché. Sentir la douleur de son âme sœur fit monter la colère en lui plus que tout autre chose, maudissant celui qui avait osé le torturer. Il découvrit d'ailleurs très vite l'identité du lanceur. Voldemort dont-il reconnut la signature magique qu'il connaissait par cœur. Il l'avait gardé en mémoire depuis cette attaque il y avait trois ans et il avait pu l'analyser à chaque fois qu'il s'était intéressé au morceau d'âme qu'il avait en lui. Il était donc plus qu'en mesure de la reconnaître. Il manipula ensuite son pouvoir pour les soigner, demandant de l'aide à sa magie. Rapidement, il détruisit les dernières traces du sort avant d'en soigner les dégâts et d'effacer la douleur.

Il relâcha leurs mains lorsqu'il eut terminé, à contre cœur pour Lucius dont le contact physique et magique avait été divin pour lui. Il ouvrit ensuite les yeux pour trouver les deux hommes très surpris face à lui. Tout deux avaient repris des couleurs autant que leurs teints naturellement très clairs le permettaient. Ils ne tremblaient plus et ils étaient détendus. Il les sentait étonnés en regardant leur propre main, Lucius vraiment déstabilisé sans qu'il ne comprenne pourquoi. Il leur laissa le temps d'assimiler l'information avant que son beau blond ne relève le regard vers lui :

- Merci, dit-il simplement la voix pourtant pleine de gratitude.

- Comment faîte vous cela ? demanda Severus. Rien ne peut guérir le doloris ainsi.

- Ma magie n'a rien à voir avec celle que vous connaissez professeur Snape, dit-il doucement. Bien des choses que vous diriez impossibles ne le sont pas pour moi. Ce sortilège est trop tenace pour être soigné par la magie traditionnelle. Tout au plus, vous pourriez l'apaiser de moitié mais pas le résorber totalement lui et ses effets. Je peux le faire.

Le silence tomba ensuite, un peu tendu alors qu'il était évident qu'ils avaient à discuter et ce fut finalement Kira qui reprit la parole en sentant la tension monter. Lui se tenait toujours agenouillé, droit, les mains maintenant posée sur les cuisses, élégant et tranquille.

- Je ne vous jugerais pas, commença-t-il en les surprenant, puisqu'il est évident que c'est là la question que vous vous posez.

- Est-ce le directeur qui vous l'a dis ? demanda Severus avec suspicion en touchant sa marque.

- Non. Le directeur et moi n'avons jamais parlé de la guerre ou de la situation anglaise, expliqua-t-il en les surprenant de nouveau. Mes échanges avec lui n'ont jusque là concerné que mon poste de professeur.

- Alors comment saviez vous ? demanda Lucius.

- Cette marque a une signature magique perceptible pour qui sait la voir. Sachez que peu de choses peuvent me tromper en matière de magie. J'ai senti cette marque sur vous dés le premier jour.

Il y eut un moment de silence, Kira devinant qu'ils se demandaient tout deux pourquoi il s'était montré si sympathique avec eux malgré qu'il sache cela.

- Pourquoi ne l'aurais-je pas fait ? demanda-t-il en les surprenant. Cette marque et sa réputation ne fait pas de vous ce que vous êtes.

- Vous êtes légilimens ? demanda Severus sur la défensive.

- Mes élèves m'ont posé la même question, s'amusa-t-il. Au vu de vos barrières mentales à tout deux, vous l'auriez senti je pense si j'étais entré dans vos esprits, remarqua-t-il. Non, je n'utilise pas la légilimancie mais même le plus maîtrisé des hommes peut-être lu lorsque l'on sait s'y prendre. Vous ne faîtes pas exception. On ne peut pas me cacher grand chose mais cela ne veut pas dire que je sais tout. Alors dîtes moi, qu'est-ce qui fait que deux hommes comme vous se soient rendus ce soir chez Voldemort, dit-il en les choquant, et se soient fait torturer à coup de doloris par le Seigneur des Ténèbres en personne ? demanda-t-il tranquillement.

Les deux hommes gardèrent le silence une fois de plus et s'ils avaient une apparence froide et maîtrisée, Kira sentait aisément leurs émotions, leur trouble, leur confusion et leur tension.

- Je suis japonais messieurs, rappela-t-il finalement avec sérieux. Je n'ai que faire de l'opinion que les anglais peuvent avoir de la situation présente et des deux camps prenant partie ici, commença-t-il. Voldemort et ses partisans ont bien des choses à se reprocher mais leur cause partaient de très bonnes raisons au départ. Quand au camps adverse, il n'est pas plus brillant bien que cela ne se sache pas forcément et ses idées ne feront jamais avancer ce pays. Alors voilà ce que je pense de cette situation désastreuse : nul n'est plus blanc qu'un autre. Je n'en sais pas assez sur tout ceci pour juger alors je ne vous jugerais pas parce que vous portez cette marque. Je ne suis ni d'un côté ni de l'autre et je sais pertinemment pourquoi le directeur Dumbledore m'a proposé ce poste. Ce n'est guère pour ce que j'ai à enseigner mais plutôt pour ce que j'ai à offrir comme ouverture politique. Je reste neutre malgré tout et j'avoue avoir envie de comprendre. Alors j'ai une question pour vous bien que vous ne soyez pas tenus de répondre : qu'est-ce qui fait que deux hommes comme vous me semblant tout à fait respectables et censés, ont pris cette marque liée à un homme que l'on dit très sanglant et violent presque fou ?

Il ne fut pas surpris de n'avoir aucune réponse, les deux hommes tendus devant lui et ne sachant comment réagir.

- Autre question, reprit Kira très calme, qu'est-ce qu'il fait que deux mangemorts, dont l'un avait été reconnu espion à la fin de la dernière guerre, aillent directement voir Dumbledore après être allé chez Voldemort en sachant que tout deux sont les plus grands ennemis du moment ? Espion certainement, posa-t-il sans attendre de réponse. Mais pour qui, pourquoi et dans quel but ? J'avoue être très curieux à ces sujets.

- Qu'est-ce que vous voulez exactement ? demanda Severus dont la main avançait vers sa baguette discrètement.

- Je vous déconseille fortement d'entrer en affrontement avec moi professeur Snape, posa-t-il. Je ne vous veux aucun mal et je ne dirais rien à personne, assura-t-il. Je cherche simplement à comprendre ce qu'il se passe dans ce pays.

- Cela ne vous concerne en rien, remarqua simplement l'homme. Vous pourriez simplement rentrer au Japon si ça n'allait pas.

- Je ne suis pas homme à ignorer ce qu'il se passe et à s'enfuir se réfugier bien à l'abri, remarqua-t-il fermement. En acceptant ce poste, j'ai promis de rester au moins une année ici alors ce qu'il se passe me concerne d'autant plus que Poudlard est un centre de ces événements. Affolant d'ailleurs pour une école d'être au centre d'une guerre. Je souhaite comprendre simplement et peu de monde en Angleterre paraît disposé à l'expliquer. Mais vous ne l'êtes pas non plus, constata-t-il alors qu'il le sentait nettement. Je ne vous mettrais pas dans l'embarras plus longtemps, dit-il en se levant souplement, et il se fait tard et vous devez avoir envie de repos. Sachez que je ne dirais rien à personne sur quoi que ce soit, dit-il alors que les deux hommes se relevaient surpris de ne ressentir absolument aucune douleur.

L'adolescent commença à s'en aller et les deux professeurs suivirent, confus et un peu perdus. Kira lui, savait qu'il avait ouvert une porte et qu'il avait une chance pour que les deux hommes acceptent de lui parler lorsqu'ils auraient réfléchis et fait le point. Qui était mieux placé qu'eux qui semblaient avoir un pieds dans les deux camps et une histoire fortement liée à la guerre pour l'éclaircir sur la situation ? Il espérait vraiment arriver à en savoir plus grâce à eux et se rapprocher de son âme sœur par la même occasion. Il savait bien qu'il ne valait mieux pas s'adresser à Dumbledore pour les questions de la guerre, sachant qu'il ne pouvait avoir confiance en lui et qu'il chercherait à le manipuler avant tout. Severus et Lucius étaient de meilleures options et il avait un bien meilleur pré-sentiment avec eux. Restait à laisser le temps aux deux hommes de se faire à l'idée qu'il savait déjà certaines choses sur eux et juger s'ils acceptaient ou non de répondre aux questions qu'il avait posé. Ce fut en silence qu'ils retournèrent vers le château, Yoite revenant se poser sur les épaules de son maître, Katsuo sur les talons. Ils s'arrêtèrent une fois la porte du dojo passée et Kira se tourna vers les deux hommes qu'il sentait plus que pensifs alors qu'ils ne l'avaient pas quitté des yeux, marchant derrière lui.

- Je sais que je vous ai troublé ce soir, remarqua-t-il. Si vous consentez à répondre à mes questions j'en serais ravi. Quoi qu'il en soit, si vous avez encore des problèmes de sortilèges de ce genre, venez me voir, je vous en débarrasserai sans condition. Bonne nuit.

Sans un mot de plus, il s'en alla pour retourner vers son propre appartement et vers son père qui l'attendait avec inquiétude, lui racontant ce qu'il s'était passé.