Merlin resserra à son tour ses doigts contre ceux d'Arthur appréciant, plus qu'il n'aurait su le dire, ce geste, d'apparence si simple mais qui se révélait pourtant si intime. Après quelques minutes passées ainsi, à seulement profiter de la présence de l'autre, Merlin rompit le silence.

-Désirez-vous un bain messire ?

Arthur secoua la tête.

-Si ça ne te dérange pas, attendons ce soir. Je sens que ... J'aurais peut-être à nouveau faim durant la journée ... Il lui offrit des yeux lubrique et Merlin, pour toute réponse, mordilla sa lèvre inférieure. Comme une promesse pour la suite.

-N'en dites pas plus ... Avant que je ne sois pris à mon tour de quelques gourmandises ...

Arthur sourit contre le velour de son oreiller tandis que Merlin déjà se relevait et commençait à se rhabiller convenablement. Ne supportant que mal le fait de rester inactif et espérant que ces vêtements constitueraient une barrière suffisante contre ses envies lubriques. En resserrant les liens de ses bas, il frôla sa poche qui émit un bruit de froissement. Il fronça les sourcils avant de glisser sa main à la découverte d'une enveloppe.

-Ho, c'est vrai, j'ai failli oublier. Une missive de messire calogrenant est arrivée pour vous ce matin.

Ce fût au tour d'Arthur de froncer les sourcils et c'est une main un peu plus tremblante qu'elle n'aurait dû l'être qu'il tandis vers ce parchemin que lui proposait son serviteur. Celui-ci avait nettement remarqué le trouble chez son roi.

-Peut-être veut-il seulement confirmer la nouvelle date que vous avez choisi pour votre traité.

-Ou peut-être elle ne lui convient pas et il désire en changer. Ou pire encore peut être vais-je le voir débarquer demain, comme nous l'avions prévu initialement... répliqua t'il, pessimiste. Il défi le cachet aux armoiries de ceux dont il voulait se faire des alliées, la boule au ventre. La cire rouge se craquela et c'est toujours à demi vêtu, assis dans son lit qu'Arthur parcourut, fébrile, les lettres aux caractères grossiers. Son visage devient livide devant celui impuissant du jeune sorcier. Qui, bientôt, n'en puis plus de cette attente.

-Enfin, mais que dit-il !?

Arthur replia soigneusement la lettre. Point du tout affecté par l'empressement de Merlin. Il semblait qu'il lui fallait du temps pour digérer ce qu'il venait de lire. Pour en accepter le contenu.

-Il... Il dit qu'il ne peut reculer notre rencontre que de 3 jours...Qu'il à pris des engagements envers d'autres des ces alliés pour la saison qui vient. Et que si je n'acceptais pas ce délai alors notre alliance serait caduque.

Merlin eut un hoquet de surprise. Calogrenant serai là dans quatre jours mais le roi ne serai débarrassé du sortilège que dans plus d'une semaine. Comment. Comment pourrait- il gérer une telle situation. Il ne pouvait pas se permettre de déplaire au chef de l'une des peuplades les plus puissantes de la région, mais s'il le voyait dans son état, Calogrenant aurait envie d'être bien plus que l'ami d'Arthur et ça, Merlin ne pouvait le souffrir. Il ne le supporterai pas. Que son roi soit obligé de s'humilier il ne pouvait s'y résoudre. Il posa son regard sur lui justement et constata avec horreur que son teint était plus que pâle et que sa respiration devenait de plus en plus hachée. Même ses lèvres entrouvertes d'où s'échappait son souffle lourd était devenue sans couleur. Ses yeux fixés dans le vide. Merlin se précipita sur le lit, lui faisant face, tenant ses épaules dans la paume de ses grandes mains, le secouant pour qu'il le regarde dans les yeux.

-Je vais trouver une solution messire. Regardez moi ... Messire.

Mais il ne le regardait pas. Ses yeux s'embuaient doucement de larmes. Sa vie était finie. Il avait failli en tant que roi. Si seulement il avait eu un frère ou une sœur qui ne se soit pas révélé démoniaque ... Alors il aurait pû quitter tout ça. Donner la responsabilité à quelqu'un d'autre parce que lui, lui il n'en était pas capable. Depuis des années maintenant il rêvait de partir, de vivre une vie simple loin de tous les rouages du pouvoir. Une ferme loin de tout. Il aurait pris Merlin dans sa fuite. C'est ce qu'il avait prévu depuis le début, bien avant de réaliser qu'il ne pouvait pas se passer de sa présence. à croire qu'une partie de lui devait savoir qu'il était plus pour lui que ce que la bienséance ne laissait paraître. Sa cabane dans les bois. Ce rêve qui n'avait comme seul défaut que d'en être un. Merlin ... C'est tout ce dont il voulait se soucier pour l'instant. Sa voix lui paraissait lointaine et c'est au prix d'un effort surhumain qu'il essaya de sortir de sa torpeur.

-Je vous en prie, écoutez moi... Arthur ! cria t'il un peu plus fort que le reste.

Et Arthur releva enfin la tête dans sa direction.

-Je vais trouver une solution pour que cet entrevue ait lieu. Arthur croyez-en moi. Je trouverai une solution, laissez moi deux jours et j'aurais trouvé j'en suis sûr.

Arthur l'écoutait sans conviction. Il voulait partir. Juste partir loin. Mais il regarda un instant les yeux déterminés de Merlin et il eut du mal à déglutir. Pour lui tout ça était important. Essentiel même. Il comptait sur lui pour pacifier et unir le royaume de Bretagne. Il ne cessait de répéter que c'était là sa destinée, d'offrir au monde un royaume prospère et sans violence ni injustice d'aucune sorte. Et pour Merlin, c'était l'idéal pour lequel il aurait sacrifié sa vie. Sa destinée était de veiller à ce qu'il parviennent à ce résultat. Pas lui. Mais un royaume où il n'aurait plus à souffrir d'être celui qu'il était. Cette réalité posait un fléau d'armes sur sa poitrine. Le simple soulèvement de son buste à chaque inspiration le brûlait de l'intérieur. Il voulait partir. Loin. Mais Merlin vivait pour cet idéal alors il allait le lui offrir. Peu importe ce qu'il pourrait bien lui coûter. Parce qu'il s'en rendait compte un peu plus chaque instants qui passait, lui ce n'était pas pour le royaume qu'il se levait chaque matin. Non, il fallait être honnête maintenant. Il fallait enfin grandir et accepter les vérités, aussi dure et inexplicable soit elle. Il vivait pour Merlin. Chacune de ses respirations difficiles était dans l'attente d'entrevoir encore l'un de ses sourires. Et au nom de tous les dieux de cette terre, comme il se sentait vide d'être le seul à ressentir ça. Il ne savait depuis combien de temps Merlin l'aimait mais, à y réfléchir sans cesse ces dernière semaines, Arthur s'était rendu à l'évidence que la réponse était sûrement; dépit le début. Depuis l'instant où il l'avait trouvé si arrogant et si cruel. Pourquoi vouloir d'une personne, dont on a cure, qu'elle devienne meilleure? Qu'elle fasse ce qui est juste, et ceux, à ces risques et périls. Maintenant il connaissait Merlin, sûrement mieux que quiconque sur cette terre, et il ne pouvait plus croire que ce n'était que de l'inconscience juvénile. ô certe ils avaient grandi depuis ce jour, mais Merlin avait toujours eu cette sagesse de vieil homme malgré ses espiègleries d'enfant. Et c'est une chose qu'il aimait tant chez lui. Oui Merlin était tombé en amour le premier mais c'est pour Arthur que la chute serait la plus forte. Et obligé de constater que s'il ne parvenait plus à tenir ce rôle de roi sans faille aucune, il serait prêt à moult sacrifices s'il pouvait voir les vœux de Merlin se réaliser. Alors il deviendrait le roi qui unifierai le royaume de Bretagne, et ceux peut importe les risques qu'il pourrait encourir. Il le ferait. Pour lui.

Arthur, après avoir été perdu un long moment en son esprit, releva vers Merlin de yeux froids. De cette glace qu'il réservait à son paraître. Il s'accrocha plus désespérément qu'il n'aurait dû aux bras de Merlin. Il fit en sorte que sa respiration hachée ne mette pas en péril la tenue de sa phrase.

-Comment ... Comment comptes-tu trouver un moyen ?

-Je ... Je sais que vous n'aimez pas recourir à la magie mais je suis sûr qu'il existe une sortilège que nous pourrions utiliser en notre faveur... Laissez moi en chercher un ...

Les yeux bleu d'Arthur tressaillaient. Il hocha doucement la tête. Relâchant la crispation de ses doigts sur les triceps de Merlin. L'angoisse lui frappait douloureusement les tempes mais il ne pouvait pas se laisser aller au désarroi. Pas qu'il crût perdre de l'estime au yeux de Merlin dans le cas où il fondrait en larme dans l'instant, mais il se devait d'être fort. Pour le rêve de Merlin. Il devait vraiment essayer. Et c'est d'une voix, surprenament ferme et sans bégaiement qu'il répondit enfin.

-Très bien. Fais donc ça. Mais si on ne trouve pas un moyen de tromper messire Calogrenant dans les trois prochain jours il faudra rompre cette alliance. Je ne prendrais pas le risque de me jeter dans une salle de trône remplie de soldats en armure.

Merlin hocha la tête.

-Même si vous étiez assez inconscient pour prendre ce risque, croyez moi, je ne vous laisserez pas faire... Je ne le supporterais pas Arthur ...

-Est-ce ton dévouement pour ton roi qui parle ou simplement ton égo de mâle jaloux ? Ricana Arthur. Merlin qui s'était relevé se retourna pour répondre.

-Je ne peux pas supporter que l'on vous fasse le moindre mal. Et tant les hommes de Calogrenant que les nôtres... Ils ne pourront se retenir...

-Toi tu pouvais te retenir et pourtant tu es celui qui m'a fait du mal en premier.

La gorge de Merlin était serrée et il n'osait regarder Arthur dans les yeux, de peur qu'il y voit des larmes se former.

-Je veillerais à demeurer le seul à vous avoir fait du mal. Parce que mon corps et mon âme tout entière sont à vous. Et que vous pouvez en disposer comme vous le voulez et si un jour mon visage vous rappelle trop une souffrance alors il vous suffira de me faire disparaître pour être apaisé. Voilà pourquoi, si il le faut vraiment, je suis le seul qui doit vous contrarier.

Merlin allait pour partir puisque sa voix s'était brisée, puisque tous ses muscles tremblaient de façon imperceptible et puisque la première perle d'eau salée avait glissé de sa pupille brouillé sur sa joue pâle et qu'il ne savait pas s'il pourrait empêcher les autres d'arriver à leurs tours. Arthur se redressa légèrement et attrapa la main de Merlin pour l'empêcher de faire un pas de plus.

-Merlin !

Leurs regards prirent quelques secondes à oser se rencontrer. Leurs respirations difficiles et tellement de profondeur dans leurs yeux.

-Merlin... Reprit -il, déglutissant difficilement. Ton visage m'évoque tellement, tellement de joie. Tellement de moments heureux. Des moments où j'ai pû être moi. Tu es le seul... à qui je me sois montré réellement comme j'étais ... Merlin.. Tu m'as sauvé tant de fois ... Les larmes coulaient aussi sur les joues du jeune roi à présent, ses reniflement n'avait rien de très élégant et Merlin aurait pû rire de ses suppliques s'il ne l'avait pas vu à cet instant comme l'être le plus beau du monde. - S'il te plaît ... Sauve moi encore une fois... Tu veux bien ?

Son corps tremblait. Trop d'émotions le subjuguaient. Et ce que fit Merlin ensuite n'arrangea rien. Rapidement. Animé par la fougue du moment, il se pencha sur lui et prit les lèvres de son roi. Et si leurs rencontres avaient été plutôt dures dans la précipitation, le reste de ce baiser était doux. Merlin passa une main fébrile sur la joue d'Arthur, la laissant glisser sur sa nuque. Lorsqu'il mit fin à leur baiser, il resta si proche de lui que lorsqu'il reprit la parole, leurs lèvres se frôlaient encore.

-Je vais vous sauver Arthur... Je reviens. Attendez moi ici.

-Où veux tu que j'aille ? Ironisa Arthur. Pour toute réponse Merlin sourit et se détourna. Mais Arthur n'avait pas lâché sa main et le questionnant du regard pour savoir pourquoi, Arthur donna son ultime ordre.

-Reviens vite.