Résumé du chapitre précédent :

Pomfresh alerté par l'état de santé de son élève, fait sonner l'alerte. Soucieuse de ne pas faire les mêmes erreurs que dans le passé, concernant notamment Pamela Alton, elle fait comprendre aux directrices que cette affaire doit être prise au sérieux et qu'il faut avertir les autorités compétentes.

Elle fait bien, car Remus souffre d'un mal profond, mais pris en charge suffisamment tôt, les traces de magie noire en lui ne devraient laisser que très peu de séquelles.

Remus ayant été pris suffisamment tôt en charge, les séquelles ne seront que minimes dans le temps. Si cela le rassure, il est bien plus inquiet quant à sa relation avec Sirius maintenant qu'ils ne sont plus ensemble.

À Poudlard, tout le monde ignore encore ce qu'il s'est passé. Les professeurs et les directrices font de leur mieux pour que l'affaire ne s'ébruite pas et que la panique ne revienne pas à l'école de magie. Sirius préoccupée par l'état de son ami, se sentant en partie responsable de sa tristesse, ne croit pas aux excuses qu'on lui sert. Il tente de communiquer avec Remus mais ses tentatives n'aboutiront pas. Il est à la fois agacé et encore plus inquiet quand Isabelle se refuse à lui en dire plus et quand les parents de Remus affirment ne pas en savoir plus.

Il fait part de ses inquiétudes à son frère qui n'arrive pas à le rassurer. Tous les deux s'interrogent sur le rôle de Jedusor là-dedans. Ils sont encore plus méfiants en apprenant le départ du psychomage.

De son côté Pamela tente de faire face aux menaces et aux manigances de Nott avant le procès. Avec difficulté, elle trouve finalement le courage de prévenir ses parents. S'ils sont bouleversés, ils tentent néanmoins de lui faire parvenir tout leur amour et leur apportent leurs soutiens avant le procès. Le jour du procès, rien ne se passe comme prévu, Pamela vacille et voit ses espérances s'éteindre petit à petit. Finalement Nott est innocenté faute de preuve et malgré les recommandations de son avocat, elle décide de ne pas faire appel. Désireuse de reprendre le cours de sa vie, elle préfère oublier cette histoire.

James qui n'est plus à Poudlard ignore presque tout des bouleversements qu'il s'y passe. Avec son équipe de chroniqueur finalement au complet, il lance la publication du premier numéro de Harry, un magazine sur la sexualité. S'il est un peu nerveux, le succès est au rendez-vous.


Chapitre 55 :

En ordre de bataille

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Remus avait attendu ce moment depuis longtemps et il s'y était préparé. Malheureusement, dans aucun de ses scénarios il n'aurait pensé que cela se déroulerait ainsi. Dès les premiers jours de son hospitalisation, on lui avait expliqué ce qu'il avait et ce qui se passerait ensuite. On ne lui avait certes pas donné toutes les informations en même temps et il avait parfois dû demander, mais au moins n'avait-il plus été dans le doute et l'incertitude. Le médecin qui le suivait l'avait informé que son état nécessitait de prévenir les Aurors. Sa maladie n'avait rien de naturelle.

Remus avait donc toujours su que ce jour viendrait et il y était enfin, en quelque sorte.

L'Auror Dawlish et sa collègue Katrine avaient décidé de venir aux premières heures des visites pour enfin recueillir son témoignage. Le 7ème année avait déjà rencontré plusieurs fois le premier sorcier après l'évasion de Greyback. Sa famille avait eu droit à une protection par les Aurors et Dawlish et Maugrey avaient passé quelques semaines à assurer la sécurité de la famille Lupin. En revanche, la femme qui accompagnait Dawlish lui était inconnue. Elle avait les cheveux bruns avec quelques mèches grises et même si sa voix était douce, son visage paraissait figé.

Le Poufsouffle ne voulait pas leur faire perdre leur temps mais avec les lourds traitements qu'il suivait encore, il était souvent assez fatigué et dormait beaucoup. Il avait eu toutes les peines du monde à se lever ce matin et n'avait même pas eu le temps de se débarbouiller avant leur visite. Ceux-ci avaient simplement frappé pour s'annoncer et il avait répondu sans réfléchir. Il avait bêtement pensé qu'il s'agissait d'un médecin venu surveiller son état ou encore de l'infirmier qui passait pour lui déposer son repas ou lui donner son médicament.

Généralement, peu importe de quel membre du personnel il s'agissait, Remus n'avait pas à sortir de son lit et pouvait rester caché sous ses draps. De plus, toutes les personnes qui s'occupaient de lui à St-Mangouste connaissaient son état de santé et n'allaient certainement pas le juger parce qu'à 9h, il ne s'était pas encore lavé les dents ni changé. Il était donc un peu déboussolé face aux regards des deux adultes. Malgré les sourires que tentaient d'arborer les Aurors, Remus était mal à l'aise. Il tenta finalement de se concentrer sur l'instant présent.

Donner son témoignage ne devrait pas être quelque chose de compliqué, il lui suffisait de dire la vérité après tout. Les jours précédents, il avait réfléchi à ce qu'il devait dire, il s'était préparé à cette entrevue. Mais avec la fatigue et le sentiment d'être pris au dépourvu, il n'était plus sûr de l'ordre de ses mots ni des termes exacts qu'il devait employer.

-Les médecins nous ont donné le feu vert pour t'interroger mais si tu ne te sens pas bien, nous pouvons repasser plus tard, lui proposa l'agent Katrine.

-Néanmoins, je ne te cache pas que plus vite nous pourrons faire la lumière sur cette affaire, plus vite cette histoire sera derrière toi. Pour attraper la personne qui t'a fait ça, chaque minute compte, prit soin d'ajouter Dawlish.

-Oui, je comprends.

Remus se racla la gorge.

-Je suis désolé, le traitement me rend parfois un peu amorphe. Est-ce que je peux prendre deux minutes pour me passer un peu d'eau froide sur le visage ? demanda-t-il.

Les deux agents s'écartèrent sans répondre et Remus se dépêcha d'aller dans la petite salle d'eau de sa chambre. Le châtain ne perdit pas de temps et se passa de l'eau sur le visage avant d'inspirer profondément. Il prit ensuite quelques secondes pour se concentrer. C'était un moment important, il ne devait pas se rater et être suffisamment convaincant pour qu'on le croit.

Les idées de nouveau plus claires, Remus retourna dans sa chambre. Il ne désirait pas faire attendre ses visiteurs plus longtemps. De plus, retarder l'inévitable ne servirait à rien.

-Si tu es prêt, nous allons pouvoir commencer, fit l'agente.

Remus acquiesça. Il s'installa sur le lit et les Aurors restèrent debouts.

-L'Auror Maugrey n'est pas là ? demanda-t-il soudain sans réfléchir.

Devant les regards interloqués des deux agents, il se sentit rougir. Bien sûr qu'il voyait bien qu'il n'était pas là. Il n'allait quand même pas commencer à choisir à qui il voulait parler ! Ce n'était pas une demande capricieuse, mais Remus avait besoin d'être cru et s'il ne pouvait avoir la certitude que ce serait le cas avec l'Auror ronchon, il savait qu'il aurait toujours plus de chances que face aux agents devant lui. Maugrey le connaissait un peu et savait qu'il n'était pas du genre à inventer des sornettes.

-L'agent Maugrey est en congé, lui apprit alors Dawlish.

Remus hocha simplement la tête et tenta de cacher sa gêne.

-Quand as-tu commencé à remarquer les premiers symptômes ? L'infirmière de l'école a signalé que tu t'étais toi-même présenté à elle pour signaler que quelque chose n'allait pas, commença sa collègue.

-C'est exact.

Il se passa une main dans les cheveux.

-Je ne me sentais pas très bien, j'étais tout le temps fatigué et je broyais du noir. Je n'avais pas d'appétit et j'avais du mal à me concentrer en cours. Je pensais que c'était quelque chose de passager, les aléas de la vie comme le stress mais aussi l'approche des Aspics. Mais quelque chose sonnait faux dans mon état, ce n'était pas naturel. Je me connais et ce n'est pas mon genre de me mettre dans des états pareils pour ce genre de choses.

Remus ne considérait pas sa rupture avec Sirius comme un fait anodin mais dans les faits, c'était le cas. Ça arrivait tous les jours à des couples de rompre. Mais il y'avait des situations qui faisait que c'était plus compliqués à vivre à expliqués. Quand on avait aimé quelqu'un comme Remus avait et aimait toujours Sirius, se n'était pas facile de tourner la page. Quand ils avaient vécu autant d'épreuves qui avait consolidés leur couple, on pensait que ce serait toujours comme ça, qu'on continuerait à tout affronter ensemble. Quand il suffisait de regarder son ou sa partenaire pour sourire et se sentir bien, on n'imaginait pas que cela puisse s'arrêter si brutalement.

Remus savait que c'était cette raison là surtout qui l'avait autant atteint, autant blessé. Lorsque Sirius lui avait imposé son choix, il avait l'impression d'avoir reçu un coup de massue derrière la tête. Aujourd'hui encore, il se sentait sonné. Il mettrait du temps à s'en remettre, il le savait, pourtant une partie de lui se trouvait minable, voir misérable. Il avait à la fois l'impression que ses amis et encore moins Sirius ne comprenait à quel point il se sentait mal, mais d'un autre côté il se sentait stupide et avait l'impression d'en faire trop.

Il l'avait compris à présent, il ne pouvait plus récupérer le Gryffondor, il n'avait pas la force de se risquer de nouveau à se prendre un mur. Il devait passer à autre chose et s'il devait museler ses sentiments pour cela, il le fera. Ce ne serait pas la première fois. Jusqu'à présent, Remus s'était toujours négligé pour les autres. A croire que c'était ce qu'on attendait de lui…

-Peux-tu dater précisément le jour de l'apparition des premiers symptômes ? poursuivit Dawlish.

-Il y a dix jours peut-être. C'était léger au début, alors je ne peux pas être sûr.

-As-tu des ennemis ? Est-ce que pour une raison quelconque, quelqu'un pourrait t'en vouloir assez pour faire ça ? Ou alors est-ce que tu penses que c'étaient plutôt tes parents qui étaient visés à travers toi ? continua l'Auror.

-Je suis quelqu'un de plutôt ordinaire, bredouilla Remus. Je ne suis pas du genre à m'attirer des ennuis. Tout se passe bien au boulot de mes parents, mais j'imagine qu'ils ne me disent pas tout.

Les deux Aurors échangèrent un regard.

-Le sort qui a été utilisé contre toi n'est pas un Impardonnable car il a été classé dans la catégorie des sorts oubliés. Plus personne ne l'utilise car il constitue un acte hautement immoral. C'est devenu déshonorant de l'utiliser du fait de sa cruauté. Il était exclusivement utilisé pour de l'espionnage, un moyen efficace d'obtenir des informations discrètement, lui apprit la femme.

-L'agent Katrine a raison, approuva son collègue. Ce n'est pas n'importe quel sort et nous sommes sûrs que tu n'as pas été choisi pour rien.

-Je le pense aussi, acquiesça Remus. Mais je ne pense pas que j'étais spécifiquement visé. Je connais un peu tout le monde à Poudlard, je discute avec pas mal de personnes même si je n'ai pas beaucoup d'amis. Je suis également Préfet-en-chef et il m'arrive souvent d'accomplir des tâches importantes pour les directrices ou les professeurs. Je suis probablement un simple pion. Je me dis que peut-être, comme pour la fois d'avant, Poudlard était directement visée.

-C'est une piste que nous explorons également, lui confirma la sorcière. As-tu une idée de qui a pu te faire ça ? Comment la personne a pu procéder ? Les premiers résultats de l'analyse ont démontré que ce n'est pas un sort qui t'a directement visé, mais qu'une autre méthode a été utilisée. Quelques fines traces du maléfice ont été retrouvées dans ton organisme, ce qui prouve qu'il a été assimilé par voie orale.

-Est-ce que ça change quelque chose pour moi ? demanda Remus. Je veux dire, est-ce que cela l'a rendu moins dangereux pour moi ? Est-ce que le fait que je n'ai pas été touché directement par un sort va compliquer l'analyse ? s'inquiéta-t-il ensuite.

Les deux Aurors échangèrent un regard et Remus compris qu'ils hésitaient à lui dire la vérité.

-S'il vous plait...

Le châtain avait besoin de savoir s'il pouvait véritablement croire dans les chances que l'analyse puisse prouver que Jedudor était responsable. Peut-être qu'il voulait aussi savoir si le psychomage se fichait totalement de son sort ou s'il lui restait un semblant d'humanité et qu'il avait choisi cette méthode pour l'épargner un minimum.

-L'ingurgitation du maléfice ne change pas ses principes, les effets secondaires mettent simplement plus de temps à se manifester. Étant plus discret et exposant moins le coupable, c'était plus pratique. Cette méthode était la plus utilisée lors des temps de guerre. Heureusement, elle n'altère en rien le processus d'analyse du maléfice, lui expliqua finalement Katrine.

Remus soupira de soulagement.

-Pour en revenir au potentiel coupable, reprit Dawlish. Il peut s'agir de quelqu'un qui travaille à Poudlard, ou qui était de passage pendant un bref moment ces derniers jours.

Le Poufsouffle fit semblant de réfléchir.

-Comme je vous l'ai dit, je suis plutôt ennuyeux, je vois toujours les mêmes personnes ou presque et je suis mes cours avec assiduité. Il y a juste un événement qui m'a marqué parce que ça sortait de l'ordinaire…

-Quoi donc ? voulut savoir la brune.

-Le psychomage de l'école a demandé à me parler. Si je suis sincère, il a même insisté, c'était assez bizarre. Avant ça, je n'avais pratiquement jamais eu d'échanges avec lui.

-De quoi voulait-il te parler ? S'il a insisté, c'est que cela devait être important ? lui fit remarquer l'agente.

Dawlish arborait une expression étrange et Remus se demanda si c'était parce qu'il analysait ce qui lui racontait ou qu'il était perdu et ne comprenait pas l'intérêt de ces informations.

-C'est ça qui est bizarre, je ne me souviens que vaguement de ce qu'il s'est passé. Il m'a proposé du thé, m'a parlé de l'attaque de Poudlard et d'un ami que j'ai perdu ce jour-là.

-Très bien, nous l'interrogerons à ce sujet, décida Katrine.

-Il était vraiment étrange, je n'étais pas à l'aise en sa présence, insista Remus. Je ne l'accuse pas, mais… Il officie à Poudlard depuis seulement quelques mois et je ne le connais pas comme je connais mes camarades et les autres professeurs.

Remus n'ajouta rien de plus, il avait peur d'en faire trop. Il espérait tout de même avoir été assez convaincant pour les persuader de creuser de ce côté-là. Les résultats de ses analyses mettraient plusieurs semaines à sortir. En attendant, Jedusor avait le temps de faire encore tellement de mal, ou même de s'enfuir, et alors il ne paierait jamais pour tout le mal qu'il avait fait.

xXx

Padfoot observa Sirius assis par terre dans la pièce blanche. Il n'aimait pas venir ici, dans son subconscient. Cela lui renvoyait une mauvaise image de lui. Celle d'un Sirius empli de défauts qui n'arrivait pas à faire face, et celle d'un autre Sirius qui en profitait. Il était égoïste.

-Tu avais dit que ça irait, lâcha douloureusement Sirius.

Padfoot sentit son cœur se serrer. Non, il n'aimait pas venir ici. Le Gryffondor pointait avec bien trop de précision ses défauts. Il savait ce qu'il lui avait promis. Il se sentait suffisamment coupable comme ça. Il n'avait pas réussi à respecter sa part du marché. Il devait faire attention s'il ne voulait pas que Sirius se rebelle et demande à reprendre sa place. Ce serait une catastrophe car il n'était pas encore suffisamment remis.

L'esprit ne voulait pas que les choses se terminent ainsi alors qu'il n'avait pas encore atteint son but. Il devait arrêter Jedusor avant que celui-ci ne fasse d'autres victimes. Il voulait simplement faire bien les choses pour une fois.

-Je m'occupe de tout, répondit simplement Padfoot, la mine penaude.

Sirius releva des yeux ternes sur lui.

-Je vais trouver ce qu'il se passe et al-

-Remus est à l'hôpital ! s'écria soudain Sirius et ses yeux s'embuèrent.

-Ce n'est pas de ma faute, lui fit remarquer l'esprit.

-Tu aurais dû le protéger, être là pour lui !

-Je sais, et ça me brise le cœur, admit-il.

-Tu as brisé le sien en premier.

Padfoot n'osa pas répondre. Sirius ne pouvait pas comprendre, cela ne servirait à rien de tenter de le convaincre. Il savait que le sujet Remus était sensible. Ils aimaient tous les deux le Poufsouffle, mais pas de la même manière.

-Je vais découvrir ce qu'il a. Je t'assure que je fais au mieux. Si tu n'es pas content, tu peux toujours reprendre ta place et affronter la réalité.

Sirius tressaillit.

Padfoot s'en voulait d'agir ainsi, mais c'était la triste réalité. Il pouvait passer pour le méchant, avoir ce rôle ne le gênait pas. Pourtant, Padfoot avait toujours pensé faire le bien, épargner au mieux les autres des horreurs de la vie. Il avait simplement tenté de profiter, de prendre la petite part de bonheur qui lui était accessible.

Sirius, après ce qui lui était arrivé, n'était pas en mesure d'affronter le danger de l'extérieur. Mais Regulus méritait d'avoir un frère qui l'épaulerait pour arrêter Jedusor. Malheureusement, la vie ne laissait pas le temps au brun de se remettre convenablement de son traumatisme.

L'esprit observa son jeune lui se replier sur lui-même, fatigué. Il ne savait pas s'il avait confiance ou si Sirius s'en remettait à lui car il n'avait pas d'autre choix. Dans tous les cas, Padfoot savait ce qu'il avait à faire. Il n'avait eu qu'une seule mission depuis le début et il avait peut-être dévié certaines fois, mais il était de nouveau concentré sur son objectif.

Considérant que lui et Sirius n'avaient plus rien à se dire, il lui tourna le dos. Le Gryffondor avait du mal à tenir une conversation si celle-ci était trop longue, il préférait la plupart du temps rester prostré et fixer un point pendant des heures. Ce n'était pas facile pour l'esprit de le voir ainsi, mais il était dans cet état parce qu'il n'avait pas encore pu se remettre de son choc. Il restait bloqué dans le même état qu'avant qu'il ne prenne possession de son corps. Peut-être même qu'il l'aidait d'une certaine manière. Padfoot ne parlait pas du fait qu'il lui ait volé son identité, mais bien qu'il vienne lui parler, car personne à part lui n'avait pu l'atteindre jusque-là.

À la fois déterminé et chamboulé, l'esprit quitta le long couloir blanc qui se faisait de plus en plus lumineux. Il ferma les yeux et se réveilla dans son lit, dans le dortoir des Gryffondor.

Une autre journée commençait.

xXx

Parlons bien, parlons sexe !

Le pénis

La taille du pénis chez l'homme varie chez un même individu et entre les individus. La longueur se mesure depuis l'angle formé par le pubis et la face supérieure du pénis, jusqu'au gland.

Au repos, le pénis d'un homme adulte mesure en moyenne 9 cm de long, et 13 cm en érection.

L'érection est un mécanisme naturel et normal chez l'homme. Elle survient suite à un stimulus qui peut être de plusieurs sortes :

Physique : par le toucher, une stimulation tactile du pénis ou une caresse de son ou sa partenaire ou de l'individu lui-même ;

Psychique : le fait de désirer son ou sa partenaire, de l'imaginer, etc. ;

Sensoriel : en regardant un corps désiré, en sentant un parfum qui séduit ou en touchant son ou sa partenaire, etc.

Elle peut donc être obtenue à tout moment de la journée et même parfois la nuit sans aucun stimulus particulier. Il s'agit alors d'une érection spontanée liée au cycle du sommeil et à ses phases paradoxales.

Liées au non à un contexte sexuel, les érections sont fréquentes dans la vie d'un homme, mais peuvent également rencontrer quelques troubles du fonctionnement. On appelle cela le dysfonctionnement érectile.

Grand nombre d'hommes accordent de l'importance à la taille de leur pénis, signe de virilité et de puissance. Pour la plupart, l'idée est de posséder un organe masculin de grande taille pour pouvoir satisfaire son ou sa partenaire. Certains se mettent d'ailleurs dans la tête que tout repose sur eux et qu'ils doivent faire preuve de grandes capacités lors du rapport sexuel. Oubliant ainsi qu'on fait l'amour à deux – ou plus - et qu'on doit donner autant que recevoir.

Je rappelle d'ailleurs que dans l'antiquité, c'était tout le contraire. Avoir un petit pénis était bien mieux vu ! Enfin, peu importe ce que vous avez dans le pantalon, personne n'ira voir si vous ne les y autorisez pas. Inutile d'en faire une fixette, n'ayez crainte de la réaction de votre partenaire. À présent que vous connaissez la moyenne, vous pourrez douter de cette connaissance ou de cet ami qui vous sortira avec sa voix grave « la mienne fait 22cm ! »

Cela dit, ça peut être vrai mais alors là, c'est moi qui plains son ou sa partenaire pour qui la pénétration ne doit pas être agréable !

Dans le prochain numéro, on abordera ensemble l'organe sexuel féminin.

Croyez-moi, vous allez en apprendre des choses !

La petite souris.

Parlons bien, parlons sexe

Le consentement

Partie 1

Que dit la loi ?

Posons ici les bases afin d'être sûr qu'on soit tous d'accord. La notion de consentement est définie par la loi. C'est le fait de consentir, d'accepter.

Cela peut se faire clairement, avec un oui ou alors avec un hochement de tête, un sourire ou pour les cas plus formels, une signature.

Toutefois, en cas de doute, il faut impérativement s'assurer du consentement de sa/son partenaire.

La loi prévoit également qu'une personne peut changer d'avis pendant l'acte. Si vous n'êtes plus à l'aise à un moment donné, vous n'avez pas à vous forcer.

J'en profite également pour stopper les idées reçues. Ce n'est pas parce qu'on est un garçon qu'on ne pense qu'à ça et qu'on guette la moindre opportunité pour sauter le pas. Chacun est différent. On peut être romantique, vouloir attendre la bonne personne, être angoissé, ne pas se sentir prêt ou intéressé.

Enfin, revenons au vrai sujet, le consentement, et ce qu'en dit la loi.

Chacun des partenaires doit consentir à une activité sexuelle. C'est-à-dire que chacun accepte que l'activité ait lieu, que ce soit une relation sexuelle, un baiser ou tout autre geste de nature sexuelle. Le consentement des partenaires doit être clair, libre et éclairé. Si ces conditions ne sont pas réunies, il s'agit d'une agression sexuelle.

Il est à noter qu'une personne qui garde le silence ou ne fait rien ne donne pas son accord à un geste sexuel. Elle n'a pas besoin de résister physiquement pour montrer qu'elle n'est pas d'accord.

Le consentement doit être donné par la personne qui participe à l'activité sexuelle. Il ne peut pas être donné par quelqu'un d'autre.

Une personne peut consentir à certaines activités sexuelles et ne pas être d'accord avec d'autres. Par exemple, on peut avoir consenti à un baiser et refuser d'avoir une relation sexuelle.

J.P

xXx

Dans d'autres circonstances, la situation l'aurait fait rire. Son meilleur ami qui sortait un magazine sur le sexe, il n'y aurait jamais pensé. Le James avec qui il avait partagé tant de choses n'aurait jamais fait ça ! Mais il y avait toujours ce lien fort entre tous ces univers alternatifs. James avait nommé son magazine Harry, était-ce un signe de cette connexion ? Padfoot avait toujours eu l'impression que pour une certaine raison, cet univers-là était spécial.

Cela le rendait à la fois triste et nostalgique de penser à son filleul. Parfois, son monde lui manquait, mais il avait déjà tout vu là-bas. La vie avait continué sans lui et il n'avait rien à y apporter, rien à espérer. Il ne devait penser qu'à une seule chose : le petit Harry avait pu avoir la famille qu'il désirait tant. Héros national, il avait débarrassé le monde de Voldemort et vivait une vie tranquille, heureux et entouré des gens qu'il aimait.

Sans lui.

Les choses étaient supposées se passer ainsi. Même dans cette réalité-là, il devrait à un moment ou à un autre s'effacer. Lorsque Sirius irait mieux, il devrait lui laisser la place. Il pourrait peut-être alors enfin reposer en paix. Cependant, il désirait que ce ne soit pas trop tôt. Pour pouvoir accomplir sa mission mais également pour profiter quelques jours de plus, de semaines même, avec James et Remus ainsi qu'avec son petit frère. De son vivant, Padfoot ne lui avait pas accordé l'attention qu'il méritait. Il lui avait tourné le dos et il se sentait responsable de la manière tragique dont celui-ci avait fini sa vie.

L'esprit savait que le temps lui était compté.

L'effervescence causée par la sortie récente du magazine avait grandement perturbé le château. Tout le monde en parlait et Padfoot avait même surpris un de ses camarades tenter maladroitement de mesurer son sexe pour savoir s'il était ou non dans la moyenne. Un spectacle qu'il voulait oublier... Padfoot devait reconnaître que James, Frank, Rita et la sexologue de leur équipe avaient bien fait les choses. Pour les moins de 13 ans, les illustrations n'étaient pas disponibles, peu importe qu'ils prennent le magazine de quelqu'un de plus âgé. Les professeurs qui voulaient à tout prix ramener l'ordre et le calme au sein du château avaient tenté de s'en débarrasser. Pour eux, ce magazine qu'il n'avait pour la plupart pas pris la peine de lire, était obscène. Les pauvres avaient alors dû se confronter à un bien vilain sort. Les magazines étaient indestructibles et si on tentait de les détruire, ils produisaient à un volume sonore élevé, des gémissements féminins.

Padfoot reconnaissait bien là l'esprit de taquinerie de son ami Maraudeur !

Il l'avait d'ailleurs félicité pour son ingéniosité. Et puis, il devait le reconnaître, le magazine était bien fait. Éducatif, informatif et drôle. À la dernière page, l'équipe évoquait la manière dont s'était déroulée l'écriture du premier numéro sans filtre, avec les disputes, les taquineries et les moments de gêne.

Padfoot avait ainsi pris conscience qu'à part chasser Voldemort, il n'avait eu l'occasion de ne rien faire d'autre dans son ancienne vie. Il n'avait pas connu le grand amour, pas pu se lancer dans de grands projets. Sa vie avait tourné autour de la mort de son meilleur ami et de la destruction de Voldmort. Avant ça, il avait fait le pitre à Poudlard et enchaîné les conquêtes.

L'esprit se disait aujourd'hui qu'il aurait fait les choses autrement s'il en avait eu l'occasion.

Il voulait que le Sirius de cette réalité s'en sorte, ce serait en quelque sorte sa revanche. Et celle-ci commençait par le fait de démasquer Jedusor. Remus était à l'hôpital et l'esprit avait beau avoir insisté auprès de Pomfresh, celle-ci n'avait rien lâché. Et dire qu'à une époque, elle lui passait tout ! Le bon temps était définitivement fini.

Chassant ses pensées sur sa vie passée, Padfoot arriva devant le bureau de Jedusor. Il avait décidé de voir le psychomage car il considérait que comme d'habitude, dès qu'il arrivait un fait grave à Poudlard ou à ses proches, cela ne pouvait être que le fait de l'adulte. Il était prêt à s'immiscer dans son bureau et à interrompre un de ses rendez-vous même si ce n'était pas tout à fait intelligent. Il était même prêt à lui demander de le recevoir pour discuter d'un fait très important avec lui. Peu importe que les élèves qui faisaient la queue en attendant leur tour râlent.

Mais étrangement, il n'y avait personne devant la porte fermée du bureau. Padfoot pouvait même voir que sur celle-ci, un mot était accroché. Intrigué, il s'approcha. L'esprit apprit alors que Jedusor ne prenait plus de consultations, et ce jusqu'à la fin de l'année. Ses rendez-vous les plus urgents étaient transmis à sa collègue.

-C'est quoi ce bordel !?

La note faisait à peine trois phrases et n'expliquait en rien son absence. Padfoot s'étonna que sa désertion ne provoque pas une émeute et la colère des élèves. C'était tout sauf professionnel d'abandonner les élèves de Poudlard après ce qu'ils avaient subi ! De plus, la fin de l'année approchait. Quoi qu'il ait à faire, cela ne pouvait pas attendre un mois ? L'esprit soupira. Il en demandait probablement trop à cet énergumène. Jedusor devait bien se ficher du sort des élèves, il avait lui-même créé la plupart de leurs traumatismes. En y pensant, c'était étrange de se dire qu'il tentait de soigner les peurs et les blessures qu'il avait déclenchées.

Énervé, l'esprit fit demi-tour et chercha dans le château le Serpentard Nott. Il ne l'appréciait pas du tout car il ne se souvenait que trop bien de son rôle lors de la guerre. Au-delà de ça, Padfoot ne supportait pas le personnage. Il était cynique, arrogant, moqueur et aimait rabaisser les gens autant qu'il aimait être le centre de l'attention. Il avait un besoin inquiétant de reconnaissance, d'être le meilleur.

Avoir une conversation, même courte avec lui, s'annonçait compliqué. Padfoot en avait déjà mal à la tête. Il arrivait à donner le change avec les autres. Il soufflait le chaud et le froid si bien que les gens se méprenaient souvent sur son compte. Comme tout le monde, Padfoot avait entendu l'histoire du procès. Pamela Alton avait attaqué Nott. Le procès avait déjà eu lieu et elle avait perdu. Et lui, au lieu de faire profil bas, il se pavanait.

Cependant, s'il ne désirait pas lui parler, il n'avait pourtant pas le choix. Le Serpentard admirait Jedusor et avait été un des premiers adeptes à assister à ses réunions. S'il ne devait pas tout connaitre de la vie du psychomage, il pouvait savoir quand est-ce qu'il reviendrait, et avec de la chance, pourquoi il s'était absenté... Padfoot n'y croyait pas trop mais il n'avait pas beaucoup de pistes, il devait faire avec ce qu'il avait. Plus tard, il pourrait interroger McGonagall, elle devait forcément avoir des informations. Le Gryffondor espérait simplement qu'elle ne l'envoie pas paître en prétendant que cela ne le regardait pas. Il n'avait eu qu'une seule consultation avec le psychomage et n'avait pas demandé de suivi. En soi, il n'avait pas besoin de le voir ni de savoir ce qu'il faisait quand il n'était pas au château.

Padfoot évita d'y penser encore plus et se rendit en premier lieu dans la salle commune des Serpentard. Il ne connaissait pas le code, alors il se contenta de faire appeler Nott mais le tableau ne lui répondit pas et personne ne sortit. Il dut donc rebrousser chemin. Il le chercha ensuite dans la salle d'étude puis fit un tour dans les jardins du château, en vain.

Fatigué, il dut se résoudre à attendre le dîner car il verrait alors forcément le Serpentard. À l'heure dite, il observa la Grande Salle, se mettant à l'écart de ses amis. Lorsque Nott arriva, Padfoot se leva et le rejoignit avant qu'il n'aille s'installer. Même si les différentes maisons n'étaient plus séparées, du moins en théorie, les Serpentard avaient gardé l'habitude de se regrouper.

-Il faut que je te parle, attaqua-t-il.

-Black, qu'est-ce que tu me veux ? C'est trop tard pour que je t'invite aux fiançailles de ma cousine.

Padfoot leva les yeux au ciel. Comment pouvait-il croire que cela l'intéressait ? Il ne savait même pas de qui il parlait et il s'en fichait bien.

-Ne rends pas les choses plus compliquées qu'elles ne le sont déjà. C'est une véritable épreuve.

-Et pourquoi ça ? sourit le brun.

-Parce qu'habituellement, je ne parle pas aux violeurs.

Le visage de Nott se ferma et il le fusilla du regard. Ses lèvres se serrèrent de colère et Padfoot sentit qu'il préparait sa prochaine réplique même s'il ne ferait rien de trop visible ici. Il tenait trop à sa réputation.

-Tu crois cette folle de Pamela ? Elle a dû te sucer un peu trop fort, on dirait que ton cerveau est venu avec, se força-t-il à rire.

Padfoot savait qu'il était probablement l'une des rares personnes à s'opposer frontalement à lui sur ce sujet, peut-être même la première. Ne voulant pas perdre plus de temps encore, l'esprit évoqua le sujet qui l'intéressait.

-Le psychomage Jedusor se fait discret ces derniers temps. J'ai lu qu'il ne prenait plus personne en consultation. Tu sais pourquoi ?

-En quoi ça t'intéresse ?

-C'est bizarre, c'est un bourreau de travail qui parle constamment d'aider les autres. Et là, il se rend indisponible au pire moment. Tu sais où je peux le joindre ? J'ai à discuter d'une affaire importante avec lui.

Nott jeta sur lui un regard ennuyé. Il n'y croyait pas du tout. Plus que ça, il ne semblait pas déterminé à l'aider d'une quelconque manière.

-Je ne suis pas son secrétaire, comment veux-tu que j'en sache autant sur ses allées et venues ?

-Tu n'étais pas un de ses premiers adeptes lors de ses réunions secrètes chez les Serpentard ? Je sais très bien que Jedusor en était l'instigateur.

-Pourquoi tu ne demanderais pas à ton frère alors, il y participait également il me semble.

Le Gryffondor voulut répondre, mais Nott continua.

-De toute façon, même si je savais quoi que ce soit, je ne te dirais rien.

Nott le bouscula en partant et Padfoot soupira. Il le regarda marcher jusqu'à la table où se trouvaient ses amis. Devait-il tenter de lui parler encore ? Il devait se montrer plus persuasif. Nott n'était pas complètement lâche, mais il ne prendrait pas de risques pour un simple psychomage s'il n'avait rien à gagner. Pour l'heure, même si Jedusor était un homme charismatique aux idées que certains qualifiaient de brillantes, malgré sa prétendue puissance, il ne restait qu'un simple psychomage. Pour l'instant, il n'était encore personne et n'avait pas les ressources pour se construire une troupe d'adeptes prêts à tout pour lui.

Questionner Nott n'avait pas été une bonne idée, il n'avait été d'aucune utilité et avait plus énervé l'esprit qu'autre chose. Il ne représentait qu'un dernière année lambda pour Jedusor. Il n'avait pas encore dû l'approcher pour l'entraîner dans ses plans macabres.

Déçu, le Gryffondor alla se rasseoir auprès de ses amis. Il attendit que les plats arrivent dans le silence. Les professeurs arrivèrent ainsi que les directrices et celles-ci s'avancèrent au niveau du pupitre. Elles avaient une annonce à faire.

Padfoot eut un mauvais pressentiment.

Il écouta ensuite pendant presque deux minutes les deux femmes tourner autour du pot, prendre un ton solennel et marquer des pauses inutiles avant que la nouvelle ne tombe enfin.

Tom Jedusor avait quitté son poste de psychomage de Poudlard.

xXx

-Elle mesure combien la tienne ? lança un des compagnons du dortoir de Regulus.

Le 6ème année qui n'était passé dans la chambre que pour déposer ses affaires s'arrêta et regarda son camarade. Il fronça les sourcils et pencha la tête dans une parfaite attitude d'incompréhension.

-Pardon ?

-Allez, fais pas genre tu comprends pas ! rigola-t-il.

Un autre garçon s'esclaffa et Regulus soupira.

Le garçon roux qui lui avait parlé agita alors le magazine Harry devant lui. Regulus craignit de comprendre. Il aurait même dû s'en douter. Tout le monde ne parlait que de Harry depuis dimanche. James avait été ravi de l'entendre, tout comme Rita qui souriait tant que son visage semblait étrangement figé.

Parfois, Regulus avait l'impression que James et son équipe avaient donné une arme beaucoup trop puissante à des enfants immatures. Néanmoins, il ne niait pas le fait que ce genre de magazine était d'utilité publique. À Poudlard, il n'y avait pas de cours d'éducation sexuelle, ni même quelqu'un qui intervenait dans ce but. Ne parlons pas de Pomfresh qui était toujours débordée et que Regulus ne voyait pas parler sérieusement de ce sujet sans bafouiller.

Au-delà de cet aspect, les élèves ne venaient pas à l'école pour ça et Poudlard n'avait pas vocation à faire d'adolescents de parfaits connaisseurs à ce sujet. Probablement que plusieurs parents s'empresseraient de porter réclamation auprès du ministre de l'Éducation si l'école s'y aventurait. Le souci était que très peu de parents abordaient ce genre de sujet avec leurs enfants, pensant probablement qu'ils allaient tout apprendre seuls et que ce serait très bien ainsi.

Orion et Walburga n'avaient jamais abordé ce thème avec lui et Regulus aurait été horriblement gêné s'ils l'avaient fait. Innocemment, il avait pensé que savoir toutes ces choses se faisait naturellement en grandissant, qu'il n'y avait rien de compliqué, que ce serait comme quelque chose d'inné ou presque. Sirius semblait d'ailleurs s'en donner à cœur joie sans trop de difficulté alors Regulus avait pensé que ce serait aussi son cas. Eh bien, il s'était trompé. Il avait d'ailleurs appris que si Sirius s'était montré assuré, il ne l'avait pas été tant que ça. Le Gryffondor avait surtout montré un talent pour la séduction. Pour le reste, il était aussi expérimenté qu'un adolescent pouvait l'être. Son frère avait toujours plus aimé séduire et plaire qu'être en couple.

Alors même que Regulus l'avait pensé fou amoureux de Remus, son frère avait d'ailleurs mis fin à leur histoire. Parfois, le 6ème année ne comprenait pas son frère. Comme Erd, il avait de plus en plus une sensation étrange à ses côtés.

-Black ?

Regulus avait espéré que son camarade ait compris que son silence voulait dire qu'il ne comptait pas lui répondre. Apparemment non.

-Laisse-le, tu ne vois pas qu'il n'a pas envie de répondre, soupira un autre de ses camarades. Il n'a pas envie de te dire que la sienne est toute petite.

Ils éclatèrent de rire et Regulus sentit un mal de tête poindre. Il préférait ne pas s'attarder. Il déposa donc ses affaires, prit son miroir magique et quitta le dortoir.

Il se rendit dans la chambre d'Erd. Le 2ème année était toujours très heureux de le voir. Il sortait plus qu'avant, mais toujours en sa présence. Regulus pouvait le comprendre, mais le Serpentard ne voulait pas que Erd pense que parce qu'il était à ses côtés, tout irait bien.

Il pensait à la situation délicate qu'avait traversé Severus et au fait que lui aussi pourrait se retrouver dans la même position. Il ne voulait pas que l'adolescent soit une fois de plus déçu.

-Erd, c'est moi, Regulus Black.

Le 6ème année frappa trois coups à la porte et attendit. Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit lentement. Erd lui sourit, comme soulagé de le voir.

-Monica Martin, la spécialiste des loups-garous, m'a fait une proposition, l'informa-t-il dès que Regulus entra dans la chambre.

Il le fixait, plein d'appréhension, et Regulus eut l'impression que le 2ème année avait eu envie de se confier depuis un moment. Mais surtout qu'il voulait savoir ce qu'il en pensait.

-Une proposition ? Quel genre de proposition ? demanda-t-il.

-D'aller dans un village de loups-garous cet été, souffla-t-il.

Regulus ouvrit de grands yeux surpris. Il n'aurait pas dû être étonné pourtant, il savait que la spécialiste en lycanthropie avait déjà été dans certains villages de loups-garous. Elle affirmait même que beaucoup d'entre eux étaient en paix avec eux-mêmes et n'avaient rien de dangereux.

-Je ne sais pas si c'est une bonne idée mais c'est quelque chose qui se tente, répondit finalement Regulus. Ça pourrait peut-être te faire du bien.

Erd haussa simplement les épaules.

-Si tu ne te sens pas à l'aise, ne le fais. Je ne pense pas qu'elle t'y obligera, lui fit alors remarquer son aîné.

-Je sais.

Regulus prit le temps de la réflexion.

-Cela pourrait probablement t'aider à mieux te comprendre mais c'est vrai que tu ne sauras pas vraiment où tu mets les pieds. On nous a tellement toujours appris que les loups-garous étaient des monstres, c'est difficile de changer d'avis. Là-bas au moins, tu pourras te rendre compte de la réalité des choses. T'accepter aussi...

Erd acquiesca.

-Madame Martin dit qu'elle pourrait me trouver un foyer pour la rentrée.

Erd se tritura les doigts, anxieux.

-Enfin, elle dit aussi qu'il sera compliqué de continuer l'école, que je devrais me débrouiller seul pour m'instruire...

Regulus y avait déjà pensé et de ce qu'il avait entendu de la part de l'école, c'était là où ils se dirigeaient. Il n'avait pas envie de blesser Erd, mais en même temps il ne pouvait pas lui mentir. Mal à l'aise, il préféra garder le silence.

-Sinon, comment se passent les cours ? tenta-t-il maladroitement.

Erd n'était ni bon ni mauvais en cours, il doutait que ce soit véritablement un sujet qu'il avait envie d'aborder.

-Bof, répondit l'adolescent. J'ai vu que la liste a été mise à jour. Tu es le premier, c'est cool pour toi.

-Pardon ? fit Regulus.

La dernière fois qu'il y avait prêté attention, Nott s'était fait dépasser par Severus et Lily était 3ème. Il se situait alors juste derrière elle, Remus ayant dégringolé à la 6ème place et Alton le devançant alors de quelques maigres points.

-Tu vas obtenir la récompense, c'est super pour toi, continua Erd.

Le comptage des points se finissait dans deux jours. Tout pouvait encore changer, mais effectivement, si Regulus se débrouillait bien, il pourrait gagner. À cette idée, il sentit son cœur faire une embardée. Il était excité. Mais il ne devait pas se réjouir trop vite, il ne voulait pas être déçu comme pour le Grand Tournoi de duels…

-Ce serait merveilleux, effectivement.

Pour lui, ce serait une manière de finir l'année en beauté.

xXx

-Je ne reconnais pas l'endroit, remarqua James. Tu n'es pas dans ta chambre ?

Regulus secoua la tête.

-Je suis dans la chambre d'Erd.

-Il est là ?

Le visage de James se rapprocha du miroir comme s'il s'agissait d'un zoom et le Serpentard se demanda si un jour, son petit-ami comprendrait que c'était une manœuvre inutile.

-Oui, il fait ses devoirs dans son bureau. Je suis dans la salle de bain.

Le Serpentard tourna le miroir pour montrer l'environnement à son petit-ami.

-J'ai senti qu'il avait encore besoin d'un peu de compagnie. C'est plus calme que dans mon dortoir, alors je me suis dit que j'allais rester un peu. Erd était content, il m'a laissé la salle de bain pour que je puisse t'appeler tranquillement.

-C'est génial ! s'extasia James. Comment va-t-il d'ailleurs ?

-Ça va mieux, je crois qu'il commence enfin à remonter la pente.

James sourit puis remonta ses lunettes sur son nez qui avaient glissé lorsqu'il s'était penché.

-Tu sais, je me disais que ce serait peut-être bien qu'Erd et moi, on passe plus de temps ensemble, qu'on puisse se soutenir, continua-t-il. On vit un peu les mêmes galères et j'aimerais lui montrer que je peux être là pour lui. J'ai la chance d'avoir un entourage qui me soutient et je sais que ce n'est pas son cas. S'il a des difficultés, je peux peut-être l'aider. Comme un grand frère ou un ami.

-James, l'arrêta Regulus. Il ne comprendra pas pourquoi tu t'intéresses autant à lui.

Assis par terre, le brun se passa une main dans les cheveux. Il devinait ce qu'allait dire l'ancien Gryffondor. James avait déjà évoqué l'idée une fois de manière abstraite et Regulus aurait aimé qu'elle ne se concrétise pas davantage.

-Je sais ce que vous pensez tous de cette idée, mais je continue à dire que c'est en quelque sorte injuste pour Erd, insista effectivement James. Et puis, je ne sais pas, je me fais l'effet d'un lâche de mentir sur ce que je suis ! Je n'y peux rien, c'est comme ça, je n'en ai pas honte. De toute façon, je ne peux plus rien y faire.

James tenta ensuite un timide sourire pour rassurer Regulus.

Le Serpentard se souvenait de sa conversation avec l'experte en lycanthropie. Elle avait avancé l'hypothèse que plus le sorcier acceptait les gènes de son loup-garou, plus la cohabitation se faisait facilement. Il ignorait à quel point cela pouvait être vrai, mais force était de constater que James s'en sortait mieux qu'Erd. Sans forcément aller jusqu'à la joie, il ne luttait pas et prenait sa nouvelle condition avec philosophie. Le 6ème année pensait que l'âge devait peut-être jouer. Erd était jeune, il trouvait la situation injuste et avait l'impression que son monde s'écroulait. James était plus autonome même si ce n'était pas flagrant au premier coup d'œil. Il pouvait être indépendant financièrement et avait déjà un diplôme. Il était également majeur et il n'était pas seul.

Bien entendu, le rejet de la famille du Serpentard jouait. Il avait moins de soutien et surtout, à l'heure actuelle, il lui était impossible de cacher sa malédiction. A contrario, l'ancien joueur de Quidditch pouvait prétendre encore pendant un temps être normal. Le fait de taire sa vraie nature n'avait rien de lâche. Il se protégeait, tout simplement. La population sorcière n'était pas prête à accepter ce type de différence. Dans plusieurs années, les choses commenceraient probablement à changer quand quelques personnes prendraient position. Ainsi, du point de vue de Regulus, cacher sa lycanthropie revenait à agir intelligemment. Les idéaux de l'ancien Gryffondor étaient honorables, mais ce n'était pas ce qui le protégerait du racisme et des coups bas. Regulus devait réussir à le faire comprendre à son copain, mais comment ?

Quand il regardait James, il voyait quelqu'un de déterminé et de buté. S'il avait déjà pris sa décision, il serait compliqué de le faire revenir en arrière. À l'entendre, il n'y avait pas débat. Il le ferait, point barre. Il informait Regulus simplement pour ne pas qu'il ait l'impression qu'il agisse dans son dos. Regulus soupira. Une partie de lui doutait que James mesure la haine que les sorciers avaient pour les loups-garous. Une fois de plus, il semblait vivre dans son monde où chacun pouvait s'aimer et vivre en paix...

Soudain, Regulus observa le brun poser le miroir sur la table de la cuisine et s'éloigner quelques secondes pour surveiller la cuisson de ses œufs. Le Serpentard haussa un sourcil stupéfait. Depuis quand James Potter savait-il faire autre chose que chauffer de l'eau pour le thé ?! Le plus extraordinaire était qu'il ne se servait même pas de sa baguette !

L'ancien Gryffondor l'étonnerait toujours. Il s'émancipait de la magie et était à présent propriétaire d'un magazine. Qui l'aurait cru ?

-Tu sais ce que j'en pense, mais c'est ta décision. Prends simplement bien le temps de la réflexion, lui rappela-t-il.

Regulus s'avoua vaincu. Il ne pouvait pas lui imposer sa vision des choses. De plus, il aurait suffisamment à faire dans quelques jours quand il rentrerait à Godric's Hollow. Avec son frère, il parlerait à James de la dernière nuit de pleine lune. Peut-être qu'alors, l'ancien Gryffondor prendrait la pleine mesure du problème. Loin de lui l'idée de se servir de ce terrible incident comme moyen pour l'influencer, mais son copain devait posséder toutes les informations pour prendre une décision qu'il ne pourrait pas regretter plus tard.

-D'accord. Au fait, j'ai reçu une lettre de Sirius, fit James devant la poêle. Il me dit que vous n'avez toujours pas de nouvelle de Remus. De mon côté, j'ai essayé de lui rendre visite à St-Mangouste, mais on m'a dit qu'il ne pouvait pas en recevoir. Ça m'inquiète assez, je dois dire.

Le brun arrêta la cuisson de ses œufs au plat et les mit sur une assiette avant de venir s'installer à table devant le miroir.

-Hier, les directrices nous ont annoncé que Jedusor avait quitté son poste. Ça va être compliqué pour Maugrey et Hugo de le surveiller s'ils ne savent plus ce qu'il fait, lui apprit alors Regulus.

James goba ses œufs sans rien dire. Il avait annoncé la nouvelle aux frères Black en début de semaine après que le français l'ait tenu au courant. Ils savaient que Maugrey était parti en Russie pour tenter d'en savoir plus et que l'explorateur cherchait ici.

-Je ne sais pas si c'est une totale mauvaise nouvelle. Je suis rassuré qu'il ne soit plus à roder autour de toi, fit James.

-Il ne rôdait pas.

-C'est une image, tu vois bien ce que je veux dire.

Il agita ensuite sa baguette pour ranger le désordre qu'il avait mis pour simplement cuire deux pauvres œufs. Regulus le regarda faire en souriant : il n'avait pas complètement changé non plus.

-J'ai lu le magazine, tout le monde en parle. Je pense que vous avez réussi votre coup, le félicita-t-il ensuite.

James eut un énorme sourire et ses joues se colorèrent à la fois de gêne et d'excitation à ces mots.

-Je le savais ! Rita m'inonde de courriers et avec les autres, on programme déjà notre prochaine réunion pour parler du deuxième numéro !

Comme à chaque fois que James parlait de son projet, il était tout excité et Regulus se demanda alors si aborder le sujet avait été une bonne idée. James allait être inarrêtable !

-Vous avez fait un travail titanesque pour faire livrer un magazine à chaque élève de Poudlard, reprit-il pourtant.

-Oh, crois-moi, ça n'a pas été simple. Mais on voulait frapper fort. Et encore, on n'a ciblé que Poudlard mais quand on commencera à cartonner et qu'on sera célèbre, on réfléchira à faire une petite sœur à Harry ! Ce magazine-là s'adressera aux adultes. On évoquera le célibat, la sexualité après un certain âge ou même la vie de couple. J'ai tellement d'id… Aie !

Regulus fronça les sourcils.

-Je me suis mordu la langue, bougonna l'ancien Gryffondor.

Regulus éclata de rire si fort qu'il en eut mal au ventre.

-Oh, James, je t'aime tellement ! lâcha-t-il quand il eut repris son souffle.

-Par Marlin et tous les dragons en rut de…

L'ancien Gryffondor fit un petit son étrange et termina par un juron qui fit mal aux oreilles du Serpentard.

-Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu jures comme ça ? s'inquiéta-t-il.

-Tu viens de dire que tu m'aimes ?! Tu fais de moi le plus heureux des hommes ! hurla son petit ami en retour. Je t'aime, Regulus Black !

Un silence s'installa et Regulus se cacha le visage de gêne. Il n'avait pas eu conscience d'avoir prononcé ces mots-là. Néanmoins, il n'allait pas les retirer, pas quand il faisait tellement plaisir à son petit-ami. De plus, il ne les regrettait pas. C'est ce qu'il ressentait et il était heureux de pouvoir le lui signifier.

Après quelques secondes à ne pas savoir quoi dire, il reprit la parole et changea de sujet. James joua le jeu et ne l'embêta pas plus. Ils continuèrent ainsi de parler de Harry, Regulus gardant ses réflexions sur le choix du nom du magazine. Ils étaient heureux tous les deux. Il n'avait pas envie de tout perturber pour des futilités.

xXx

Plusieurs jours étaient passés depuis l'opération et Remus se remettait très bien. A présent, il se sentait suffisamment en forme pour se balader dans les couloirs et prendre l'air dans le jardin magique de l'hôpital. C'était toujours le même infirmier qui s'occupait de lui et il avait appris à faire avec. Il avait son caractère, mais ses visites lui permettaient de tromper son ennui. De plus, il ne voulait pas passer pour un patient ingrat et râleur. Il savait combien le travail du personnel soignant pouvait être compliqué et il ne voulait pas poser de problème.

Il n'en avait plus pour longtemps de toute façon. Hier, il avait eu un entretien avec le chirurgien qui l'avait opéré et le directeur de l'établissement. À la fin de la semaine, il pourrait rentrer chez lui et les visites lui étaient à présent autorisées. Mais celles-ci étaient limitées. Remus avait ainsi été dans l'obligation de fournir une liste de trois dont les informations seraient analysées et traitées auprès des renseignements magiques.

Sans trop d'hésitation, il avait inscrit ses parents et sa meilleure amie. C'étaient les seules personnes qu'ils se sentaient le courage de voir. Le Poufsouffle avait donc pu recevoir en début de soirée la visite de ses parents. Ils avaient tous les trois pleurés à chaudes larmes et n'avaient finalement échangé que très peu de mots mais cela lui avait apporté du réconfort. Il ne savait pas encore quand Isabel pourrait venir. C'était probablement compliqué avec Poudlard et les examens. Elle lui avait écrit pour lui dire qu'elle avait fait une demande à la direction et que celle-ci était en cours d'analyse. Heureusement, les autorités de renseignement avaient déjà effectué leur travail de leur côté. Ainsi peut-être la procédure prendrait un peu moins de temps.

Toutefois, Remus gardait en tête que l'école pourrait mettre tant de temps à se prononcer qu'il aurait peut-être déjà quitté St-Mangouste. À ce moment-là, il la verrait alors chez lui. Le Poufsouffle s'interrogeait beaucoup sur la suite. Quand allait-il pouvoir retourner à Poudlard ? Serait-il prêt à temps pour ses Aspics ? Les Aurors avaient-ils déjà des pistes sur le coupable ?

Il n'était pas dans une situation facile. Il avait déjà reçu la visite des Aurors et il aurait un autre entretien avec eux plus tard. Il ne savait pas bien quoi faire. La première fois qu'ils étaient venus, Remus avait demandé pourquoi Maugrey n'était pas son agent référent et on l'avait regardé bizarrement. Le Préfet-en-chef n'avait pas pu s'en empêcher. Il connaissait l'agent et cela aurait été plus facile de lui parler, de tout lui raconter sur Jedusor. Là, il ne pouvait que les laisser enquêter sous peine de porter des accusations sans fondements. Il avait parlé de Jedusor, donné quelques éléments.

Les agents Dawlish et Katrine n'étaient pas idiots, ils devaient déjà savoir que le psychomage correspondait au profil. Et que comme l'avait souligné le châtain, en Grande-Bretagne, personne ne connaissait vraiment le sorcier. De toute façon, l'enquête préliminaire avait déjà estimé que la personne qui lui avait lancé le sort était puissante et qu'il s'agissait de quelqu'un qui était suffisamment proche de lui pour que le châtain le laisse approcher. Si ce n'était pas suffisant, Remus était prêt à en dévoiler bien plus lors du second entretien. Il pourrait parler de l'acharnement de Jedusor sur Regulus et du côté sombre qu'il montrait parfois. Mais s'il le faisait, alors Regulus serait obligé de parler aussi.

Malheureusement, le 7ème année ignorait si Regulus était prêt. Tout comme son frère et James, Regulus restait très secret sur leur source. Remus était certain que ses amis ne lui avaient pas tout dit et que ce n'était probablement pas un étrange correspondant qui leur avait fourni toutes ces informations sur un plateau. Si ça avait été le cas, ils n'auraient pas été si réticents à l'idée de parler.

Mais à bien y réfléchir, Remus préfèrait mettre Marlene McKinonn dans une situation embarrassante plutôt que le Serpentard.

Une fois de plus, il allait devoir se prendre la tête pour faire en sorte que son entretien se passe bien.

Le Poufsouffle en profiterait également pour demander aux Aurors si l'enquête avançait concernant Poudlard. Dans les dernières lettres de Sirius, celui-ci expliquait les changements qui s'opéraient depuis qu'il n'était plus là, l'atmosphère lourde et la paranoïa de certains professeurs. Les élèves eux restaient dans l'ignorance.

Sirius était très inquiet et dès qu'il avait pu, Remus lui avait écrit pour le rassurer et pour le tenir au courant. À présent que les premières grosses frayeurs du Gryffondor étaient passées, leurs échanges étaient plus classiques. Néanmoins, Remus ressentait encore cette gêne d'après rupture. C'était étrange pour lui de faire comme si de rien n'était alors que le brun lui avait brisé le cœur. Sirius l'inondait de lettres et en quelque sorte, il se sentait un peu obligé d'y répondre.

Dans sa chambre d'hôpital, celles-ci commençaient à s'entasser sur sa table de chevet d'ailleurs. Il n'y avait pas que celles de Sirius, heureusement. James aussi prenait de ses nouvelles, ainsi que ses autres amis de Poudlard. Dans une certaine mesure, avec ce qui lui était arrivé, Remus avait pu prendre conscience à quel point il comptait pour ses proches. Tout comme il avait cru perdre pied à la mort de Peter, sa famille et ses amis proches qui connaissaient une partie de la vérité avaient ressenti la même chose.

Le châtain espérait de tout son cœur qu'arrêter Jedusor mettrait vraiment fin à ce cauchemar. Il y avait eu assez de malheurs et de larmes.

xXx

Maugrey n'était revenu en Grande-Bretagne que depuis quelques heures. Il était fatigué à cause du décalage horaire et n'avait qu'une seule envie, prendre une douche. Peut-être qu'il valait mieux dormir avant malgré tout. Mais alors, quand est-ce qu'il mangerait ? Il n'avait pas pris de repas sains ni même de repas tout court depuis une éternité. Il fallait dire qu'il avait eu une mauvaise expérience dès le premier jour de son voyage en se laissant tenter par un plat local…

Grossière erreur. Il avait été cloué au lit par un mal de ventre horrible et de ce fait, l'Auror n'avait pas pu commencer son enquête sous les meilleurs hospices. N'ayant un visa valide que pendant quelques jours pour visiter le pays, il n'avait pas eu une minute à perdre. Il n'avait pas pensé chuter bêtement alors que le temps lui était compté. Lui, vaincu par un simple plat...

De ce voyage intense et court, le châtain en était revenu avec 2 kg de moins, qui ne lui manquaient pas, et quelques informations intéressantes. La Russie avait un mode de fonctionnement différent de la Grande-Bretagne. Il y faisait encore plus mauvais temps et les gens ne parlaient pas forcément anglais. Au début, l'Auror avait eu pour but d'aller directement dans l'école de magie car il avait su dès le début que ce serait compliqué. Il savait quel genre de réputation avait Dumstrang. Il n'oubliait pas non plus que Gellert Grinderwald y avait étudié et que c'était un établissement qui refusait les nés-moldus.

En plus d'ignorer la position exacte de l'école de magie, tous ceux qui s'y rendaient devaient subir un sortilège d'amnésie en repartant, histoire de ne pas divulguer d'informations sur l'établissement ni sa position exacte. Maugrey ne pouvait pas imaginer le genre d'ambiance qui y régnait.

L'Auror avait donc vite dû se résoudre à trouver une autre manière de s'informer. Il lui était impossible d'infiltrer l'école, mais cela ne signait pas la fin de sa mission. Il enquêtait sur Jedusor, par sur Dumstrang après tout. Il avait donc commencé à enquêter discrètement sur l'homme. Le châtain savait, grâce à une enquête préliminaire, le rôle qu'avait joué Jedusor à Dumstrang et ses lieux de fréquentation en dehors de l'école. Ce n'était pas grand-chose, mais c'était une piste et il ne pouvait se permettre d'en négliger une seule.

Cela n'avait pas été facile et cela lui avait d'ailleurs rappelé ses débuts en tant qu'enquêteur, à travailler comme un acharné, à interroger toutes personnes qui pouvaient potentiellement avoir des informations, à suivre des pistes infructueuses. Là-bas, il n'avait ni pu se servir de son nom ni de sa réputation. À partir de là, la collecte d'information s'était faite plus difficilement.

À force de trop fouiner, Maugrey avait même empiété accidentellement sur les plates-bandes d'une petite bande de la mafia locale dans un village isolé. Il ignorait comment cela avait pu arriver, mais il remerciait encore sa formation pour lui avoir permis de s'en tirer sans trop de casse.

À présent qu'il était de retour chez lui, il devait contacter Hugo pour lui dire qu'il était rentré et convenir d'un rendez-vous pour qu'ils mettent leurs informations en commun.

Le sorcier pensa au bienfait de la douche, de son matelas défoncé qui l'attendait dans sa chambre et du plat à emporter qui lui restait dans ses placards. Il l'avait mis sous longue conservation grâce à un sort, donc logiquement il était toujours consommable. Après ce qui lui était arrivé, il allait y aller prudemment avec la nourriture…

Mais avant de penser à toutes ces bonnes choses, il devait envoyer cette lettre. S'il partait se coucher, peut-être qu'il ne se réveillerait pas avant trois jours. Sur le chemin de chez lui, il avait croisé bon nombre de regards étranges qui lui étaient adressés. Une petite fille avait même pleuré lorsque leurs regards s'étaient croisés. Il était certain que son état ne devait pas être si horrible pourtant, cette gamine exagérait forcément, comme tous les enfants qui apprenaient à contrôler leurs émotions. Prenant son courage à deux mains, il se munit d'une feuille de parchemin et d'une plume pour écrire au français. Hugo se cachant de Jedusor, il changeait fréquemment d'endroit, ce serait donc à lui soit de venir le voir, soit de lui proposer une date et un lieu.

Il expédia cette tâche puis la confia à la va-vite à son faucon. Il commençait à voir trouble et son ventre criait famine. Il tenta de rester concentré pour voir son oiseau prendre son envol depuis sa fenêtre et une fois qu'il fut assuré que Mulygan ne s'était pas bêtement écrasé sur le trottoir, il se détourna. C'était déjà arrivé une ou deux fois. Son faucon était comme lui, un peu abîmé et vieux avant l'heure.

L'Auror soupira et commença à se diriger vers son lit en se disant que la douche pourrait attendre. Si déjà il pouvait dormir trois heures avant que la faim ne le tire du lit, ce serait déjà pas mal. Il entendit soudain sonner et pensa alors avoir rêvé, mais le son de la sonnette retentit de nouveau.

Il prit alors sa baguette et se dirigea sans un bruit jusqu'à sa porte. Il regarda à travers le judas et toute fatigue le quitta soudain. Il avala difficilement sa salive et eut un mauvais pressentiment.

Maugrey prit une discrète inspiration, enleva le loquet et, tout en pointant sa baguette sur l'intrus, ouvrit la porte. Derrière celle-ci, Marlene ne sembla même pas surprise par son accueil.

-Que fais-tu là ?

Il imaginait qu'un malheur l'avait frappée ou alors qu'il s'agissait d'une supercherie de Jedusor pour savoir ce que la jeune femme lui avait révélé.

-Qui me prouve que c'est bien toi ? attaqua-t-il.

-Vous avez une horrible tête, lâcha la Serdaigle. Néanmoins, ce n'est pas une raison pour être malpoli. Vous êtes venu me rendre visite il y a quelques semaines en France et vous m'avez demandé si je n'avais pas de regrets quant à ma situation. Vous m'avez dit que vous arrêteriez Jedusor. Ça m'avait fait sourire, je trouvais votre souhait irréaliste. Pour moi, la seule façon de l'arrêter était de le tuer. Vous m'avez alors répondu que vous n'en aviez pas le droit, qu'il fallait qu'il soit arrêté et jugé, qu'il paye légalement pour ses crimes.

Elle souffla.

-Que c'était l'essence même de votre métier, terminèrent-ils en même temps.

Il y eut un silence.

-C'est bien moi, Marlene McKinonn.

-Pourquoi es-tu là ? continua-t-il sans commenter ce qu'il venait de se passer.

Une gêne se peignit sur son visage. Elle remit alors une de ses mèches de cheveux derrière son oreille gauche.

-Est-ce que je peux entrer ?

Maugrey faillit dire non avant de réfléchir. Il était évident que quoi qu'elle ait à lui dire, cela ne pouvait pas se faire dans le couloir de son étage. Mais pour une raison qu'il ne voulait pas s'avouer, il ne voulait pas que la jeune femme voit son appartement. Il n'était pas chic et Maugrey ne faisait même pas l'effort de l'entretenir pour le peu de temps qu'il y passait. Pourtant, il n'avait pas plus réagi que ça lorsque Regulus et Hugo étaient passés. D'ailleurs, il se demandait comment toutes ces personnes pouvaient connaître son adresse. À croire que Remus Lupin communiquait cette information bien trop facilement !

Malgré qu'il soit réticent à l'idée, Maugrey laissa entrer Marlene.

-Alors ? la relança-t-il.

Marlene soupira.

-J'ai beaucoup repensé à ce que vous m'avez dit en France. Je pense que je me suis mis des œillères trop longtemps. En voyant ma famille réunie, je me suis dit que ça valait le coup, mais j'avais toujours ce sentiment bizarre. J'ai construit mon bonheur sur la douleur des victimes de l'attaque de Poudlard.

Maugrey ne sut quoi dire. Il comprenait que ses mots avaient vraiment touché l'ancienne Serdaigle. Pas seulement ceux dits en France, mais ceux prononcés chez elle, ici en Grande-Bretagne, lorsqu'il avait tenté pour la énième fois de l'interroger. Ou encore lors de ses aveux près de Godric's Hollow dans la forêt.

Maugrey se disait qu'il devait peut-être s'excuser car il ne l'avait pas épargnée. Mais il avait pensé chaque mot et il savait que s'il avait agi autrement, Marlene n'aurait pas pu se remettre en question.

-Peut-être que c'est trop tard ou juste une manière de me racheter, mais j'aimerais réparer mes erreurs. Je voudrais faire les bons choix cette fois-ci.

Elle avait les larmes aux yeux et Maugrey sentit son cœur lui faire mal.

-S'il vous plaît, dites-moi que ce n'est pas trop tard !

Elle essuya rapidement ses larmes et observa l'Auror. Maugrey ne savait que lui dire. Il était certain qu'elle n'accepterait pas de réponse du type que ce serait trop dangereux.

-Je…je reviens d'un long voyage, il faut que j'aille dormir. On en reparlera plus tard, dit-il en espérant qu'elle ne serait plus là lorsqu'il se réveillerait.

xXx

Marlene était encore stupéfaite de la réaction de l'Auror. Mais en vérité, cela n'aurait pas dû l'étonner. L 'Auror avait toujours été bourru et sans gêne. Lorsqu'il avait tiré la porte et qu'elle avait vu ses cernes, elle s'était presque sentie coupable de le déranger alors qu'il était si fatigué. Puis elle s'était rappelée que ce n'était pas elle qui l'avait mis dans cet état, mais son enquête sur Jedusor. Et puis vu la manière dont il l'avait traitée, il méritait bien de galérer un peu.

Après la visite du châtain, elle avait passé des jours à ressasser la situation. Les regrets l'accompagnaient chaque jour mais pour les faire passer, elle se disait que cela avait valu le coup. Elle se l'était répété sans arrêt. Malheureusement, elle était arrivée à un stade où ça ne suffisait plus et où elle remettait tout en question.

L'ancienne Serdaigle ne savait pas ce que l'avenir lui réservait. Au fond, elle s'en fichait bien. Elle n'arrivait pas à se projeter, pas avec Jedusor toujours en liberté. Elle n'avait plus d'avenir. Elle ne pouvait pas retourner en Grande-Bretagne sans être frappée par le déshonneur malgré sa grâce. Marlene avait dû apprendre à aimer la France et si sa famille avait vite intégré le fait que leur vie était là-bas à présent, ce n'était pas encore son cas.

Elle regrettait souvent la manière dont elle avait dû couper les ponts avec ses amies. Probablement parce qu'elle l'avait fait dans la douleur et sans explication. Aujourd'hui, aucune d'entre elles ne voulait probablement avoir de ses nouvelles. Surtout Pamela qui avait été très déçue.

Elle voulait se racheter, faire les bons choix comme elle l'avait souligné à Maugrey. Mais c'était également plus que ça. Arrêter Jedusor n'était pas simplement une manière de réparer ses erreurs et de laver son honneur. C'était aussi sauver des vies. La jeune femme ne voulait plus de morts pour rien.

Elle espérait que Maugrey ne la traiterait pas d'inutile et accepterait qu'elle apporte sa participation. Elle ne savait pas si elle pouvait réellement venir en aide à un Auror, mais elle pourrait d'une manière ou d'une autre apporter sa contribution. Elle serait forcément utile à quelque chose.

Le châtain étant parti dormir, l'ancienne Serdaigle se retrouvait sans trop savoir quoi faire en l'attendant. Vu son état de fatigue, elle avait entre 4 et 6 heures devant elle pour trouver des arguments. Marlene soupira et observa l'appartement délabré tout en se demandant comment elle allait bien pouvoir occuper son temps. Elle avait pris avec elle une valise avec ses vêtements et une malle où elle avait rangé ses livres et d'autres objets personnels. Maugrey prendrait très mal le fait qu'elle s'impose ainsi chez lui, mais avait-elle d'autres options ? Elle n'allait pas utiliser ses économies pour se payer une chambre d'hôtel. D'autant plus qu'elle était certaine que Jedusor saurait tout de suite où elle se trouvait et viendrait la refroidir.

C'était aussi pour sa propre sécurité qu'elle voulait rester avec lui.

Peut-être que si elle lui prouvait sa bonne foi, il serait plus clément ? Après tout, elle était venue les mains vides alors qu'il était de coutume de se présenter chez les gens avec un présent. Marlene fit la moue en observant le bazar dans la cuisine et la poussière sur les fenêtres.

Allait-elle véritablement devoir faire le ménage ? Elle grimaça à la perspective. Elle agita cependant sa baguette, prête à se mettre à l'œuvre. Si avec ça l'Auror ne lui était pas reconnaissante à vie ! La tâche ne l'enchantait pas, mais elle comptait vivre dans ce lieu au moins pendant plusieurs semaines, elle n'avait pas envie de voir des araignées et autre mauvaise surprise débarquer…

Pendant plusieurs heures, la sorcière s'attela ainsi au ménage, au rangement et au réaménagement du lieu. Sur les coups de 14h, elle commença à avoir très faim et voulut se prendre à manger. Mais sans surprise, les placards de la cuisine étaient vides, à part un plat étrange qu'elle préféra ne pas prendre le risque de goûter. Marlene se résolut donc à aller faire des courses. Elle revint moins d'une demi-heure plus tard et se fit un sandwich avant de manger un fruit. Elle s'installa ensuite dans le séjour et commença à faire des annotations sur Jedusor. Elle avait déjà dit tout ce qu'elle savait à Maugrey, mais noter noir sur blanc ces informations pour y voir plus clair et penser à un plan pouvait être une bonne idée.

Le temps continua de passer et Maugrey dormait toujours. Marlene avait jeté un discret coup d'œil, craignant qu'il se soit échappé d'une manière ou d'une autre de l'appartement pour ne pas avoir à lui parler. S'ennuyant, elle avait entamé un des livres qu'elle avait amenés, était partie prendre une douche, puis avait encore cuisiné. Il était à présent presque 21 h et elle avait pris la décision d'aller réveiller l'Auror. En espérant qu'il dormait bien et qu'il n'était pas mort. Cela l'inquiétait assez qu'il ne se soit pas encore réveillé. Elle alla de nouveau dans sa chambre et se pencha vers lui. Elle observa alors pendant quelques secondes son visage paisible et sa poitrine qui se soulevait lentement. Au moins maintenant était-elle assurée qu'il était toujours en vie.

D'un coup, Maugrey sursauta et tandis qu'il était encore dans les limbes du sommeil, il chercha sa baguette. Marlene sursauta en retour et recula d'un pas. Elle craignait qu'il ne lui lance un sort alors elle s'empressa de dire quelque chose pour le ramener à la réalité.

-C'est moi, Marlene Mckinonn ! Tout va bien, souffla-t-elle précipitamment.

Maugrey cligna des yeux et la regarda fixement avant que ses idées ne s'éclaircissent.

-Hum… j'ai fait à manger si vous avez faim.

Le ventre du châtain se manifesta et Marlene sourit.

-Qu'est-ce que tu fais là ?

Il se passa une main fatiguée sur le visage.

-Bon sang, quelle heure est-il ?!

-20h40. Vous avez dormi si longtemps, on dirait que vous étiez vraiment fatigué.

-Bon sang, soupira-t-il encore.

Il se leva et Marlene haussa les sourcils en voyant qu'il s'était endormi en sous-vêtement. Elle se racla alors la gorge et sortit de la chambre sans le regarder.

-Tu n'as pas répondu à ma question, qu'est-ce que tu fais en-…

L'Auror s'interrompit et observa son logement rangé et propre. Il fronça les sourcils et Marlene tapa dans ses mains.

-Bon ! Et si vous mangiez pendant que je vous explique ma vision des choses ?

L'Auror devait vraiment être affamé car il ne protesta pas. Marlene sourit. Il était temps de montrer ses talents d'oratrice.

xXx

Hugo n'avait pas pensé retourner dans le village de Humington avant longtemps. La première fois déjà, il avait compris qu'Albus s'était retranché dans ce petit village dans le but de profiter de sa retraite. Débarrassé de toutes ses responsabilités, il pouvait profiter de ses journées en paix. Le français avait fait aussi le choix de ne pas solliciter son ami avant parce qu'il ne se souvenait encore que trop bien de l'état dans lequel il avait été en partant.

Après avoir discuté avec Albus, il s'était rendu compte qu'il avait idéalisé l'homme. Il avait longuement repensé à ce qu'il lui avait dit, au fait qu'il s'était douté d'une grande partie des plans du psychomage, mais qu'il n'avait rien fait ou presque. Hugo avait essayé de ne pas le juger et de ne pas lui en vouloir, mais comment ne pas le faire ? Comment continuer à le regarder de la même manière alors qu'il connaissait des adolescents qui avaient pris des risques considérables pour tenter d'arrêter Jedusor ? Hugo ne pouvait pas imaginer ce qu'ils avaient vécu pendant tous ces mois. Cela faisait à peine un mois qu'il était sur l'affaire et il avait déjà reçu des menaces et eu droit à des méthodes d'intimidation bien regrettables.

Le sorcier avait alors compris que le problème ne venait pas tant d'Albus que de la manière dont il l'avait toujours vu. Il avait été naïf et si Albus ne lui avait pas parlé avant, c'était probablement parce qu'il ne le pensait pas prêt à entendre certaines vérités.

Aujourd'hui, Hugo allait le confronter, lui faire comprendre qu'il avait perdu cette âme d'enfant et qu'il était suffisamment adulte et prêt pour tout entendre. L'explorateur y avait réfléchi et il se disait que ce que lui avait dit le psychomage sur son grand-père avait de grandes chances d'être vrai. Le blond avait tenté de se renseigner. Il connaissait toute sa famille du côté de sa mère et avait donc déduit que peut-être, son lien de parenté venait plus de son père qui ne connaissait pas son propre père.

Néanmoins, il avait été impossible pour lui d'en parler avec lui. Il voulait laisser son père, un simple moldu, en dehors de ces histoires. Hugo s'était donc renseigné sur le plus grand mage noir de l'histoire. Ils ne se ressemblaient pas tant que ça. Il y avait néanmoins un air, une légère similitude. Mais cela pouvait être une coïncidence et ne rien vouloir dire. Il avait ensuite lu quelques articles relatant des prouesses du sorcier. Le blond avait eu un étrange sentiment de malaise en voyant que certains termes qui étaient utilisés pour le décrire étaient les mêmes que pour parler de Grinderwald avant qu'il ne sombre dans les ténèbres.

Tout était si confus pour le blond. Voilà pourquoi le mieux était de parler avec Albus, celui qui avait apparemment le mieux connu l'homme.

Quand son vieil ami lui ouvrit la porte de sa petite maison, il arborait une mine sérieuse et inquiète. Comme s'il savait déjà que cette conversation ne serait pas simple. Hugo ne souriait pas non plus, l'atmosphère n'était pas à de belles retrouvailles.

-Je présume que tu as déjà été confronté à Jedusor.

Hugo acquiesça.

-Est-il plus redoutable que tu ne l'imaginais ? lui demanda son ami.

-En quelque sorte, il est plus sournois et malveillant que je ne le pensais. C'est mon opposé complet. Il m'a pourtant dit qu'on se ressemblait. Je ne voulais pas y croire et je n'y crois toujours pas. Je n'ai rien en commun avec lui. Cependant, je comprends pourquoi il pense ainsi. Il y a des points similaires dans nos parcours de vie.

Albus ne dit rien. Les deux hommes se regardèrent longuement, échangèrent des informations, des questions muettes. Puis, le vieux sorcier l'invita à s'asseoir et d'un coup de baguette magique, il fit apparaître du thé au citron et des mignardises. Habituellement, Hugo en était friand mais là, il y jeta à peine un regard. Il se força tout de même à boire deux gorgées de son thé chaud pour ne pas vexer son hôte.

Et puis, décidant qu'il avait suffisamment attendu, le français décida de rentrer dans le vif du sujet.

-Pourquoi ne m'avez-vous pas parlé de Gellert Grinderwald ?

Pour la première fois depuis longtemps, l'explorateur vit de la surprise et du trouble chez son ami. Cela était à coup sûr un sujet sensible.

-Est-ce Jedusor qui t'a parlé de lui ?

-Comment le savez-vous ?

Albus joua un instant avec l'anse de sa tasse.

-Ce serait bien son genre, souffla-t-il.

-Comment peut-il être au courant ? J'ai beau avoir fait mes propres recherches, je n'ai pas trouvé grand-chose !

-Ce n'est plus le même homme qu'avant. En très peu de temps à Poudlard, il a beaucoup changé. Il a étendu son influence et s'est lié avec des personnes puissantes politiquement, entre autres. Je dirais également que cela doit faire un moment qu'il s'intéresse à toi. Il pensait probablement que tu serais mon point faible, il voulait savoir comment t'exploiter.

Hugo se passa une main dans les cheveux. Il arrivait à peine à y croire. Le calme d'Albus l'aidait à relativiser les choses cependant, à y voir également plus clair. Malgré tout, une part de lui aurait aimé que pour une fois, l'ancien directeur de Poudlard se laisse complètement aller. Son trouble du début était déjà parti et Albus assumait une fois de plus le même rôle face à lui. Un rôle paternaliste, de protecteur et de guide.

-Et vous, comment avez-vous su ? Le saviez-vous avant de me rencontrer ? voulut-il savoir.

Le français savait que jamais Albus n'aborderait le sujet le premier. Il ne reconnaîtrait jamais ses fautes ni ses choix controversés ou discutables sauf s'il y était obligé. Pas qu'il soit obstiné, mais simplement parce que c'était dur pour lui d'accepter ses erreurs et leurs conséquences.

-Précise ta pensée, mon petit.

Hugo plongea son regard dans celui de son vieil ami et Albus ne dit rien, son expression ne changea pas. Il était toujours illisible. A cet instant, il semblait même loin, reclus derrière ses barrières qui le protégeaient et l'empêchaient de s'effondrer.

-Que veux-tu savoir exactement et que sais-tu déjà ? souffla finalement Albus, résigné.

-Les seules choses qui m'intéressent sont sur Gellert Grinderweald, mon grand-père si je comprends bien.

C'était vraiment la seule chose qui l'intéressait. Les à-côtés, la relation qu'avait pu entretenir Albus avec lui, il voulait les laisser de côté. Il ne voulait ni juger ni s'en mêler. Le blond ignorait si cela rassurait l'ancien directeur de Poudlard. Il en avait l'impression, mais ne pouvait être sûr de rien.

-Notre rencontre a été un hasard, je ne savais rien de toi avant de te rencontrer pour la première fois. Ton potentiel magique m'a intrigué, alors je t'ai observé. Gellert… je l'ai côtoyé pendant longtemps, j'étais celui qui en connaissait le plus à son sujet. C'est pourquoi il ne m'a pas été compliqué de reconnaître son empreinte magique en toi. Elles sont presque similaires. Ce n'est pas pour rien que tu as un potentiel si élevé. J'aurais aimé te le dire plus tôt, soupira-t-il.

-Ce n'est pas la peine de vous excuser, Albus, je comprends pourquoi vous ne l'avez pas fait quand j'étais encore à Beaux Bâtons.

Albus sourit, soulagé.

-Cela dit, je comprends moins pourquoi avoir continué à me mentir après. Mais ce qui est fait est fait, je n'ai pas envie de revenir là-dessus.

Le vieux sorcier lissa sa barbe pensivement. Hugo le regarda faire et se décida une fois de plus à boire son thé. Il avait légèrement refroidi, mais ce n'était pas grave.

-M'avez-vous dit de chercher dans le passé de Jedusor parce que vous aviez vu en lui la même chose que pour moi ? Était-ce une manière détournée de me mettre sur la piste de mes propres racines ?

Albus secoua la tête.

-Je pense que tu surestimes beaucoup trop mes compétences. Je suis clairvoyant, mais pas omnipotent. Je ne sais pas tout. Cependant, il est vrai que je pense que si Jedusor agit comme il le fait à présent, cela vient de ses racines, de son manque de reconnaissance. Il idolâtre son ancêtre et se prend pour un tout puissant. Lui qui a été abandonné et a grandi dans un orphelinat, il pense qu'en devenant quelqu'un de puissant, qui a du pouvoir, ce serait comme une sorte de revanche sur la vie.

-De quel ancêtre parle-t-on exactement ? reprit le français.

-J'y ai beaucoup réfléchi et il y a très peu de personnes capables de parler fourchelang et qui connaissent en plus le lieu de la chambre des secrets. Ce n'est qu'une théorie, mais elle devrait être facilement vérifiable.

-Donc vous n'en êtes pas sûr ?

Albus secoua la tête et Hugo fronça les sourcils.

-Veux-tu tout de même savoir ?

-Oui, répondit-il sans hésiter. Ce serait un début de piste ou au mieux, une information qui pourrait toujours servir aux Aurors plus tard pour arrêter Jedusor ou le déstabiliser.

-Très bien. Comme je le disais, les sorciers capables de parler fourchelang sont rares. Le plus connu est celui qui a participé à fonder Poudlard et donné son nom à la maison Serpentard. C'est également un des premiers sorciers recensés associé à la magie noire.

-Vous voulez parler de Salazar Serpentard ? comprit Hugo, pétri d'effroi.

-J'en ai bien peur, souffla Albus.