- Chapitre I : le changement, c'est maintenant ! -

« Un café pour la table seize.

- Et fais attention cette fois-ci !

- Oui, oui, je ferai attention » promit Hermione.

Elle alla tout de suite amener le café au client qui l'avait commandé. Et quand la tâche fût faite, elle retourna en direction des cuisines. Mais avant de les avoir atteintes elle fût interpellée pas Abraham, son patron, qui l'invita à entrer dans son bureau. La pièce était assez petite mais tout de même chaleureux et parfaitement en ordre. Par une petite fenêtre au fond, on pouvait apercevoir les dernières lueurs du soleil qui déclinait de minutes en minutes.

« Bon, Hermione, qu'est-ce qu'il t'arrive ces temps-ci ? demanda-t-il brisant le silence. Aujourd'hui tu as renversé deux jus de fruits et un café. Tu t'es ensuite trompée dans tes commandes et tu as tout sauf l'air aimable. Tu pourrais quand même faire l'effort de sourire. Quelle réputation va avoir mon restaurant si mes serveurs sont froids et désagréables ! »

Il avait dit cela avec un air désespéré mais compatissant après avoir refermé la porte.

« Je suis désolée. En ce moment je suis un peu fatiguée » s'excusa la jeune femme en regardant le bout de ses chaussures, refusant de croiser son regard.

Elle ne dormait pas beaucoup, à cause de son matelas qui était tout sauf confortable mais aussi car elle se posait - comme d'habitude - un milliard de questions. Ces voisins bruyants qui passaient leur temps à se hurler dessus de jour comme de nuit n'aidaient pas vraiment. C'est donc à cause de cet amas de problèmes que Morphée l'évitait comme la peste depuis pas moins de trois semaines. Elle se fatiguait de jour en jour et même le maquillage avait du mal à cacher ses cernes de trois mètres de long.

« Je comprends, mais Hermione, pense à ta santé. Si tu n'arrives pas à dormir prends un rendez-vous chez ton médecin, fais quelque chose parce que tu ne peux pas rester dans cette situation plus longtemps, conseilla-t-il de plus en plus inquiet pour son employée.

- Oui j'y penserais, répondit la Gryffondor gênée de ce faire réprimander.

- Termines ton service et reposes toi bien. Demain restes chez toi, Amandine te remplacera pour le service de midi.

- Merci beaucoup Abraham ! » s'exclama-t-elle en retrouvant un peu plus le sourire.

Ce jour de repos lui ferais un week-end de trois jours, elle n'allait certainement pas s'en plaindre. C'était une occasion inespérée de glander et de chercher une solution pour son pauvre corps qui avait de plus en plus de mal à tenir le rythme.

« Allez dépêches toi de retourner au travail et évite de casser ou de renverser quelque chose d'autre. Sois en forme lundi ! » ajouta-t-il avant qu'elle ne referme la porte.

/...\

Enfin chez elle, Hermione se laissa tomber dans son canapé ridiculement petit. En soupirant, elle repensa – une fois de plus – à ce que serait sa vie si elle n'avait pas fait les mêmes choix.

Après la grande bataille, Ron – avec qui elle sortait à l'époque –, Harry et elle ont été le centre de l'attention dans tout l'univers sorcier. Quelques mois après la Bataille de Poudlard, ils avaient été décorés de la médaille de l'Ordre de Merlin, durant la soirée de réouverture de la majestueuse école. Les choses c'étaient ensuite empirer.

Ses deux amis avaient accepté d'être à la une de tous les journaux possible et inimaginable ainsi que de se rendre à toutes les fêtes, bals, et réceptions en tous genres dont ils étaient les invités ultimes. Hermione, elle, avait refusé tout ceci, elle ne se voyait pas serrer les mains d'inconnus en disant : « C'est un honneur d'avoir sacrifier toutes ces vies ! », « Ravie d'avoir tué tous ces gens pour sauver ma peau ! ». Non vraiment, ce n'était pas elle.

De plus ils n'avaient pas été les seuls à se battre, tous ceux sortis vivants et même ceux qui y ont péris méritent autant qu'eux ces remerciements. Bien évidemment qu'elle rêvait de gloire mais pas dans ces conditions-là. Pas pour une guerre qui avaient fait tellement de dégâts. Elle aurait voulu plus de calme pour réfléchir avec ses amis. Pour rattraper le temps perdu et pour savoir comment envisager l'avenir.

Malheureusement, le temps passait et les moments avec Harry devenaient de plus en plus rares. Sans compter que vivre avec Ron devenait insoutenable. Elle se sentait constamment observée. Ils recevaient des tonnes de lettres d'admiratrices à leur domicile et de nombreuses personnes venaient toquer à leur porte pour voir le « Grand Ron Weasley, le meilleur ami de La Légende, qui l'a aidé à tuer Vous-savez-qui » et « L'intelligente Hermione Granger, la tête du Trio d'Or ».

Après un an de torture, Hermione avait enfin osé leur parler et exprimer ce qu'elle pensait, cependant son meilleur ami et son copain n'avaient pas réagi comme elle l'espérait. Au lieu de ça ils se disputèrent et Hermione partie pleine de colère et de chagrin.

À la suite de deux semaines d'absence, elle en vient à regretter son geste. Elle était prête à revenir quand elle apprit que Ron avait déjà trouvé mieux qu'elle. À cette nouvelle elle partit pour de bon, mais cette fois-ci c'était le monde magique qu'elle quittait…

Pendant plus d'un an, elle avait sillonné le monde à la recherche de ses parents. Mais elle n'avait pas retrouvé leurs traces. Désespérée, elle avait abandonné et était retournée vivre à Londres en tant que simple moldue.

Elle avait réussi à décrocher un emploi dans un café-bar et c'était aujourd'hui grâce à ce travail qu'elle arrivait à vivre. Elle n'avait pu trouver mieux car sans diplômes moldu il était très compliqué de trouver un travail correct avec un salaire au-dessus du SMIC. Elle aurait très bien pu, grâce à la magie, se créer de faux diplômes, mais elle se refusait à le faire pour une question de lois et d'honnêteté, et aussi car elle ne savait pas exactement ce qu'elle voulait faire de la nouvelle vie qui s'offrait à elle. Ce boulot ne lui demandait pas de tâches avec beaucoup de réflexion, ce qui lui convenait parfaitement, et avec ses pauvres revenus, elle avait pu louer le petit appartement miteux dans lequel elle était désormais, elle ne demandait pas beaucoup plus.

Du côté de ses anciens amis sorciers, elle n'avait des nouvelles que grâce à Neville qui lui envoyait régulièrement des hiboux pour prendre de ses nouvelles et pour l'informer des grandes nouveautés du monde qui appartenait désormais à son passé. Au départ Ginny avait gardé contact avec elle, mais la jeune Weasley était tellement accrochée à Harry qu'elle oublia peu à peu Hermione. Malgré tout, celle-ci ne s'était pas découragée et c'était fait de nouveaux amis. Tout d'abord il y avait Abraham, son patron, et sa femme Kaitlyn, il y avait aussi Hannah et surtout Madison. Madison était vite devenue la meilleure amie moldue de la jeune rouge et or. Elle ne pouvait pas tout lui dire, certes, mais Madison savait trouver les mots pour la faire sourire et lui remonter le moral ce qui était d'une grande aide pour la jeune femme toujours blessée par le passé.

C'est d'ailleurs Madison qui l'avait obligée à s'inscrire sur un site de rencontre. Jusqu'à maintenant ça n'avait pas vraiment été concluant, chaque rancart s'était soldé par un échec.

Après dix minutes de repos dans le canapé usé – où l'on sent les ressorts ce qui est très inconfortable – Hermione se leva et alla se faire un bon thé en réfléchissant à ce qu'elle allait bien pouvoir faire de son week-end prolongé. Plongé dans ses pensées elle sursauta quand retentit dans son appartement la sonnerie de son téléphone. Elle venait de recevoir un message de Madison :

« Coucou, prête pour ton rencard de ce soir ? »