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TWO WRONGS, BUT MAKE ONE RIGHT
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Peter s'estimait extrêmement chanceux.
Bon, il avait certes un petit problème d'intégration, pas beaucoup de succès, pas de parents, une vie romantique inexistante – mais il était Spider-Man. Cela réglait une grande partie de ses problèmes, non ? Il aidait la population, il avait rejoint un groupe de super-héros sous l'aile d'Iron-Man, il avait son propre fanclub, une glace à son image, de la merchandise ! Il n'était plus un reclus – enfin plus entièrement. Peter Parker en était un, mais bon, sa tante était adorable et compréhensive, il avait ses deux meilleurs amis, c'était déjà une immense avancée par rapport aux années précédentes.
Enfin, un seul point restait clairement négatif : sa vie amoureuse.
Il n'avait pas le temps de s'y intéresser – et personne ne prenait le temps de s'intéresser à Peter Parker. Il avait beaucoup de fan en tant que Spider-Man, mais cela ne lui apportait rien du tout (à part une petite estime de soi). Peter devenait frustré de n'avoir jamais connu ce que tous ses camarades avaient éprouvés encore et encore. Il aurait voulu avoir la force de s'y essayer, le courage d'approcher quelqu'un, mais au milieu de ses problèmes, un autre subsistait farouchement…
Son… endurance.
Peter avait terriblement honte, mais il avait une endurance monstrueuse – bien trop tenace pour être agréable. Jamais ne pourrait-il avoir de partenaire, puisque rien que ses moments de plaisirs personnels pouvaient durer une demi-journée. Il se sentait si… gêné, honteux ! Chaque fois que son corps le forçait à s'adonner vilement à de tels plaisirs, il mourrait d'humiliation. Chaque fois que son corps réagissait contre sa volonté, un embarras sans nom le faisait rougir.
Cette satanée araignée avait porté autant de bienfaits que d'inconvénients.
Peter en était à devoir porter quelque… dispositif la journée durant, pour parer les moments où son corps le trahissait.
Il avait beau se bourrer de suppresseurs, de calmants, de pilules, de prescriptions, son métabolisme refusait clairement et simplement tous ces composants. Le médecin de Peter ne pouvait rien faire, et il était hors de question de parler de ses problèmes à Bruce ou à Mr. Stark. Peter préférait souffrir seul, et même si le monde savait que le super-héros araignée était un Oméga, personne ne repérait le moindre moment d'égarement. Ses médicaments suffisaient déjà à calmer ses odeurs, là où un Alpha subissait régulièrement les faiblesses liées à leur condition, à savoir : leur période de rut, qu'ils ne pouvaient pas traiter du tout.
Chaque fois, ils n'avaient pas d'autre choix que de prendre la journée pour s'en occuper, seul ou avec leur.s partenaire.s. Peter était bien satisfait de ne pas être dans ce cas, il était persuadé qu'avec sa condition, il devrait prendre deux ou trois jours de repos pour s'en occuper. C'était ce qu'il avait deviné avec le capitaine Rogers ou Barnes, leur organisme était tout aussi amélioré que le sien – il se demandait comment Thor le subissait de son côté, mais il ne le voyait pas assez pour estimer le temps de repos auquel il avait besoin.
Bref, bien que son cas soit dérangeant, il y avait pire.
Peter zigzaguait et tourbillonnait entre les bâtiments pour rejoindre la Tour Stark. Il venait de terminer ses cours et au lieu de son habituelle ronde, il préférait aller embêter sa bande de super-héros préférée. De toute façon, KAREN était connectée au réseau de caméra, elle pourra lui dire si son aide était attendue quelque part. Il se projeta dans les airs et, dans une incroyable roulade avant, alla se plaquer à la paroi du soixante-cinquième étage. Les employés sursautèrent et, d'un salut désolé, Peter se mit à grimper le long de l'immeuble.
Il avait déjà vu des vidéos de lui sur le net, les gens le filmaient à la moindre occasion, et il devait avouer qu'il ressemblait vraiment à une araignée. Ce qui était un peu… répugnant : l'ironie voulait qu'il détestât les araignées.
Il ne mit que peu de temps à rejoindre la plateforme d'Iron-Man, qui s'ouvrit aussitôt pour lui. FRIDAY le salua mécaniquement et lui signifia que le labo était fermé pour lui aujourd'hui.
— Quoi ? comment ça ? s'outra-t-il aussitôt. C'est pas juste… !
— Mr. Stark semble vouloir vous punir pour la bavure de la dernière fois…
Peter se pinça les lèvres de culpabilité et eut un rire gêné. Il ne l'avait pourtant pas fait exprès ! Il avait voulu aider Mr. Stark à traiter les informations de la dernière mission de Natasha et, tout fier de ses capacités, avait voulu aller vite et n'avait pas vu le petit virus astucieusement placé là. Heureusement que FRIDAY, vive comme l'éclair, avait réparé le problème aussitôt… quoiqu'une petite partie des récentes recherches du milliardaire avait malheureusement péri sous les maux dudit virus.
Rien de gravissime certes, mais Tony avait tenté de lui attraper l'oreille à travers le masque, avant de le tirer par le col hors du labo. Il avait pensé que cet incident ferait partie du passé, mais être interdit de labo était… contrariant.
Les Alphas étaient si susceptibles…
Il tenta de plaider sa cause, marchandant autant qu'il pouvait avec l'IA, mais cette dernière restait fidèle aux ordres de son patron. Peter voulut se venger en trafiquant le système d'ouverture de la chambre du milliardaire, mais FRIDAY lui proposa plutôt de jouer avec la machine à café.
Brillante idée…
Il s'y rendit donc à pas légers et quelques saltos prétentieux, heureux de constater que les lieux étaient vides. Apparemment, Steve et Bucky se trouvaient dans la salle d'entraînement, Natasha était en mission depuis bien quatre jours, Wanda et Vision étaient en rendez-vous et Sam et Clint étaient au Compound avec les recrues. Bruce était évidemment avec Tony, et peut-être avec la doctoresse Cho. Peter démonta une partie de la machine à café, fit en sorte que l'eau n'atteigne jamais la capsule de café, avant de repartir.
… Il allait s'ennuyer. Sifflotant, il décida d'aller jusqu'à la porte du laboratoire. Cette dernière était évidemment fermée, mais Peter essaya de jouer avec le digicode pour rentrer. Il pourrait essayer de forcer la serrure, mais Tony s'était occupé de tout renforcer dès qu'il avait eu des camarades à la force surhumaine. Et ce n'était pas quelque chose de démontable.
— Ça ne sert à rien d'essayer, monsieur, dit FRIDAY en observant sa comédie.
Peter eut une plainte infantile et s'accrocha à la porte en geignant comme un enfant, mais puisque ça ne fonctionnait pas (« Lâche ma porte, gamin ! s'écria la voix de Stark), il bougonna et parti en direction du séjour. Le masque étouffait sa voix et un dispositif aggravait légèrement son ton, pourtant tout le monde savait que Spider-Man avait forcément moins de trente ans, et qu'il était donc un gamin.
Ce n'était pas très étonnant, vu son degré d'immaturité. Mais c'était également pour cela que, de tous les Avengers, il faisait partie des plus appréciés par les jeunes. Il y avait déjà plusieurs vidéos où on le voyait jouer à la marelle avec des enfants, aider d'autres jeunes à étudier, ou encore où on le voyait s'ambiancer à une soirée. Et c'était peut-être pour cela également que d'autres personnes ne l'appréciaient pas, car il leur semblait peu fiable.
Enfin bon, Peter préférait cent fois voir les enfants lui sourire et lui tendre les bras plutôt que des visages austères et distants.
Il se jeta sur le canapé et, tête à l'envers, laissa FRIDAY allumer la télévision. Tout était assez calme en ce moment – ce qui était très bien ! – mais il s'ennuyait un peu, ses petites rondes étaient devenues des balades sympathiques, il espérait néanmoins plus de piquant. Les Avengers avaient des missions pour démanteler les restes de Hydra, aidaient certains pays en difficultés, mais rien qui ne nécessitait la présence de tous les Avengers. Peter voulait participer, il voulait aider, mais il n'en avait pas le droit.
Il chantonna le générique de la série Spider-Man qui passa, pile lorsque les deux super soldats arrivèrent.
Peter déglutit en se crispant.
— Le petit spider-boy s'amuse devant les dessins animés ? rit Barnes en allant à la cuisine.
— En attendant, le spider-boy ne pue pas la transpi ! s'écria Peter en se redressant.
Il s'enfonça dans le rembourrage mou et serra les cuisses et les poings. Ce qui était bien avec son costume, c'était qu'il bloquait toutes les odeurs que Peter émettait. Il était épais et sécurisé, et Peter portait toujours ses « dispositifs » lorsqu'il était dedans.
Parce que l'odeur de Steve Roger lui faisait tourner la tête.
Le costume de Peter ne pouvait pas bloquer les odeurs qui lui parvenait, il en avait besoin de son travail de tous les jours, car cela complétait son spider-sense : l'enlever lui ferait défaut. Et malheureusement, lorsqu'il était à proximité de Cap, il finissait toujours par… suffoquer silencieusement.
Et mouiller.
Il se mordit l'intérieur de la lèvre lorsque Steve vint s'asseoir à sa gauche, et serra discrètement les cuisses. Peter réagissait un peu à tous les Alphas, leur odeur était délicieuse et sa solitude prolongée le rendait trop sensible. Mais Cap… Cap ! Il sentait si incroyablement, orgasmiquement bon… Peter voulait escalader son corps et s'enrouler autour de lui de mille façons différentes…
Heureusement que son costume était parfait.
— Pourquoi t'es pas avec la boîte de conserve ? demanda Barnes en venant s'asseoir sur le fauteuil plus loin.
Il jeta un œil à la télé et eu un reniflement moqueur ; il le cachait, mais il aimait bien cette série aussi. L'Oméga l'avait déjà entendu chantonner le générique. Il expliqua qu'il était privé de labo, se disputa avec Barnes tel deux enfants gâtés, avant de déglutir lorsque Steve s'adossa paresseusement au canapé.
— Tu vas le salir, lâcha-t-il en avisant la transpiration qui faisait luire son corps.
— On va y retourner de toute façon, dit Cap en prenant une autre gorgée. Ça fait longtemps que tu ne t'es plus entraîné avec nous.
Peter pouvait laisser de côté son… excitation. Il avait l'habitude de l'ignorer, de continuer malgré la chaleur dans ses entrailles, alors s'entraîner n'était pas un problème. Mais il n'aimait pas s'entraîner avec Cap parce qu'il était bien trop strict et rigide (et pas de la bonne manière). Il n'avait pas envie de répéter une manœuvre trente fois d'affilés, il n'avait pas envie de suivre bêtement toutes les indications qu'on lui donnait pour tester leur coordination, il n'avait pas envie d'entendre Barnes le charrier encore et encore.
Bucky tendit le bras pour lui coller une tape à l'épaule en arguant que la petite araignée ne saurait pas les suivre. Ce qui était complètement faux ! Peter était bien le seul à pouvoir rivaliser avec leur force et leur agilité. Il était le seul à pouvoir tenir la cadence – et à les forcer à se dépasser !
Dieu, ce que Barnes était énervant !
Alors il les suivit jusqu'à la salle d'entraînement – un étage plus bas. Il se plia à toutes les instructions, suivit les ordres, s'adonna à tous les exercices avant de détruire douze robots. En combat cependant, il se faisait avoir à chaque fois. L'expérience militaire des deux soldats le dépassait largement.
Et puis ils étaient deux !
— On peut s'entraîner au corps à corps si tu veux, répliqua Steve en s'essuyant le front.
— Euh, mh… non merci…
Il fallait pas abuser non plus.
Bucky eut un rire étouffé et Steve eut un sourire narquois, amusés par ce qu'ils pensaient être une peur de perdre ou de souffrir. La force de l'enfant équivalait presque celle des super soldats, mais il se perdait facilement dans son marasme de pensées, de blagues, de légèreté. Steve et Bucky avaient été formé au milieu de la poudre à canon, de la boue, du sang, de la mort. Ils avaient été mécaniquement entraînés pour réagir en toute circonstance, pour analyser, pour rétorquer. Queens apprenait vite mais il lui restait du chemin.
Et au fond, il se retenait quand même face à eux.
— Reviens t'entraîner avec nous de temps en temps Queens, ne reste pas enfermé avec Tony, dit Steve en s'essuyant la nuque.
— Je vais finir tout gonflé de muscles comme vous ! dit Peter en se relevant et en posant comme un bodybuilder.
Bucky, affalé sur un banc, tendit le pied pour le pousser sans une once d'hésitation. Il ignora la plainte du garçon et réceptionna la bouteille d'eau que Steve lui lança. Peter laissa ses yeux dériver le long du torse de Rogers, où son t-shirt trempé criait au supplice. Son masque cachait toujours assez bien où ses yeux pouvaient se poser.
— Bon, ben je vais patrouiller, puisque je peux pas faire mumuse avec daddy Iron-Man.
— Il t'a déjà dit de ne plus l'appeler comme ça, sourit Steve.
Peut-être, mais Peter aimait n'en faire qu'à sa tête. Lorsqu'il était dans le costume, il était libéré de tout, il pouvait se montrer un peu insolent.
Il les abandonna donc là non sans envoyer une canette vide sur la tête de Barnes et s'envola à renfort de toiles. Au fond, il aimait beaucoup embêter le soldat. Mais pour l'heure, il devait rentrer. Et s'occuper de son… excitation.
XxX
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Peter se mordit l'intérieur de la lèvre en voyant une fille à cheval sur son copain, en train de se dévorer la bouche. Toute l'université était pleine de jeunes adultes alanguis de désirs charnels, désespérés d'avoir la moindre relation, et Peter en supportait la vue tous les jours. Même Ned, traître qu'il était, sortait avec une jolie Bêta du nom de Camille. Ne restait plus que MJ et lui, mais son amie préférait de loin plonger le nez dans les bouquins, elle n'était nullement intéressée par les relations.
Peter montrait la même attitude, mais l'envie brassait sa gorge.
— Bon, je vais traîner au café, tu viens avec moi ? demanda-t-il à MJ en portant son gros sac.
— Nope, je dois aider ma mère et sa copine. Si je laisse ma sœur s'en occuper, elle me boudera à vie.
Peter la salua donc avant d'aller au café de la ville. Il travaillait plus efficacement lorsqu'il n'était pas chez lui, sans compter évidemment les économies sur sa facture d'électricité. Les bibliothèques étaient malheureusement prises d'assaut en ces temps de partiels, mais le proprio du café, Roberto, était un bon ami. Peter avait donné des cours à son fils qui avait réussi l'examen d'entrée d'une école privée.
Alors Peter avait le droit de rester à une table même sans commander. Il prenait généralement une grosse tasse de chocolat chaud ou un milkshake, et restait toute l'après-midi et toute la soirée s'il n'avait pas d'alerte. Dans son coin favori, avec son casque et sa capuche, enfoncé pour ne plus rien voir que l'écran de son ordinateur et ses notes sales. Sa tante serait exaspérée de savoir que son neveu passait quatre-vingt-dix pourcents de son temps hors de l'appartement étudiant qu'il avait, mais Peter s'applaudissait de voir que malgré son statut de super-héros proche du peuple, il parvenait à rester en tête de son université.
Heureusement, le temps qu'il passait avec Tony lui avait permis d'apprendre beaucoup. La pratique était la meilleure des éducations.
Il cligna des yeux en sentant une odeur capiteuse. Généralement, il était si pris par la musique et ses cours qu'il ne faisait pas vraiment attention à ce qui l'entourait, mais il leva les yeux tout en sachant très bien ce qu'il allait voir.
Sur le comptoir, Steve et Sam prenait un café en observant l'extérieur.
Et alors qu'il allait se renfoncer dans le siège, il croisa les yeux bleus de Rogers.
Merde, merde, merde, merde, merde…
Il déglutit en prenant une bouffée non intentionnelle du parfum qui venait jusqu'à lui et serra les cuisses. Son cœur se précipitait dans sa cage thoracique – il devait rentrer. Pourquoi ne l'avait-il pas senti arriver ?
Il eut cependant à peine le temps de ranger ses notes qu'il le senti là. Juste devant.
Merde, merde…
— Euhm, je…
Il perdait tout charisme dès qu'il n'était plus dans son costume. Peter était un peu pathétique.
—Salut. Est-ce que… je peux m'asseoir ? demanda doucement Steve en tentant de croiser son regard.
Mais Peter était trop intimidé et apeuré pour lever la tête. Il était bien trop proche et l'Oméga était bien trop frustré pour avoir une conversation normale. Normalement son parfum était à peu près retenu, mais ses médicaments n'étaient pas assez forts. Steve, qui était amélioré, devait très bien sentir ce qui se passait en lui.
Pour preuve, il leva les mains pour rassurer l'Oméga.
— Je m'en vais si je te mets mal à l'aise. C'est juste… hm.
Cette fois-ci, Peter leva la tête et ouvrit ses grands yeux noisette cachés derrière une frange bouclée et d'épaisses lunettes qui n'avaient pourtant aucune correction. Il avait l'air paniqué, ce qui était assez étonnant puisque Steve était au contraire un Alpha assez apprécié. Sa notoriété tendait généralement les Omégas vers lui, ce qui était aussi gênant qu'éprouvant. Mais cet Oméga-là sentait vraiment très très bon.
Peut-être que sans s'en rendre compte, il avait laissé échapper l'odeur de son intérêt. Derrière lui, il sentait Sam détourner le regard.
Steve déglutit sans pouvoir bouger.
— Je ne suis pas très doué dans ce domaine, s'excusa-t-il à mi-voix.
Peter cligna des yeux et coupa sa respiration. « Dans ce domaine »… ? Est-ce que…
La sonnerie de son téléphone le fit sursauter si fort qu'il envoya en l'air quelques feuilles. Il se dépêcha de fouiller ses poches pour en sortir l'horrible gadget pendant que Steve ramassait et empilait ce qui était tombé.
— J-je dois… je dois y aller, euh, merci, euh…
Il rangea tout ce qui traînait sur la table tout en s'excusant et déguerpi sans laisser le temps à Cap de parler. Il s'était cogné à la porte en sortant et avait failli renverser son sac. Mais il était parti. Le vent frais qui claqua lui permis de respirer un peu mieux.
Et alors qu'il se changeait pour retrouver le malfrat qui venait de voler le sac à main d'une pauvre maman, il ne pouvait empêcher son cœur de battre la chamade et le sang de rougir son visage.
Il n'aurait jamais cru que Peter Parker rencontrerait un jour Steve Rogers – et que ce-dernier viendrait pour lui parler. Peut-être que Peter sentait si fort qu'il était venu lui demander de faire attention. Qu'il était en train de perturber ceux qui l'entouraient, donc les Alphas. La pensée l'embarrassa tant qu'il se prit le visage entre les mains.
C'était une terrible humiliation.
Il avait été si gêné qu'il n'était plus allé à la Tour Stark pendant bien trois jours, et il s'était contenté de faire ses patrouilles et de réviser chez lui – pour finir par compléter sa collection de Lego ou regarder les dernières séries sorties. Pourtant son examen se passa très bien, heureusement.
Il décida ensuite d'aller étudier dans une librairie un peu plus loin, mais il n'avait pas le droit de rester bien longtemps. Il alla ensuite dans un fast food, mais en plus de devoir consommer, il y avait bien trop de bruits autour, et plusieurs petits Alphas étaient venu l'emmerder.
Peter prit son courage à deux mains et retourna au café. Le prochain examen était son point faible, il l'avait bien trop délaissé, il devait replonger le nez dedans.
Lorsqu'il poussa prudemment la porte et qu'il balaya les lieux du regard, il constata qu'il n'y avait aucun Avenger. La voie était libre, il alla donc saluer Roberto, commanda un milk-shake à la fraise, et alors qu'il payait, le gérant lui révéla avec bonne humeur que Captain America l'avait laissé prendre une photo et lui avait donné un autographe !
— Il n'en donne jamais d'habitude ! Quelle chance, sourit Roberto en montrant l'autographe, précieusement encadré derrière lui.
Peter eut un rire gêné. Il récupéra son milk-shake en le félicitant maladroitement et retourna à sa table. Il était vrai que Steve ne donnait jamais d'autographe, il détestait ce sentiment de célébrité qui l'accompagnait ; il était un soldat, un protecteur, un combattant, pas une starlette. Chaque fois que les gens insistaient pour avoir un selfie, qu'ils postaient des vidéos de lui sur Internet, qu'ils se faisaient tatouer son bouclier, Rogers avait cette ride de mécontentement.
Pourtant il ne disait jamais rien.
À part refuser des autographes, il laissait les gens le prendre en photo, ne répondait rien sur les nombreux posts, les spéculations, les attentes. Sa droiture et son sérieux en faisait un héros peut-être un peu moins mis en avant, mais Peter savait qu'il avait sa dose de popularité parmi les plus âgés et les personnes matures qui recherchaient un pilier de confiance inébranlable. Sam avait ce même genre de supporters d'ailleurs, lui qui soutenait Captain comme personne d'autre.
Les jeunes préféraient de loin le côté idiot et taquin de Spider-Man et d'Iron-Man. Clint et Natasha étaient bien trop discrets, Vision faisait encore peur à certaines personnes – et de ce que Pete avait vu, Wanda était extrêmement appréciée par les anarchistes et les métalleux. Quant à Bucky, il avait son petit lot de fans également, même si certains étaient très malvenus.
(Prier pour voir Bucky retrouver ses airs d'assassin et faire un bain de sang jusqu'à détruire le pays n'était pas très digne de bons patriotes. Heureusement, Barnes n'y connaissait absolument rien à la technologie, il n'était donc pas au courant de ces gens-là.)
Peter mit son casque et sa capuche, laissa sa playlist jouer, et s'enfonça dans ses révisions. Cette après-midi-là, il ne reçut aucune alerte. Tony lui avait bien envoyé un SMS pour lui demander s'il boudait, ce à quoi Peter répondit très honnêtement « oui ». Que pouvait-il dire d'autres ? cela faisait presque une semaine qu'il n'était plus allé à la Tour, ce n'était pas nécessairement nouveau mais il était du genre à aimer traîner dans le labo et embêter ses camarades héros.
« Fais pas le gamin, reviens. » reçut-il en réponse.
Peter eut une moue enfantine et répondit qu'il était occupé ailleurs. Habituellement, il aurait harcelé Tony et Bruce tous les jours pour pouvoir aller au labo avec eux, mais il était trop embarrassé pour faire cela. S'il croisait Steve, il risquait de s'humilier davantage et de changer de ville à vie.
Il monta le volume de son casque lorsqu'il entendit les personnes à côté de lui s'extasier sur le sex-appeal de Spider-Man.
Le corps de Peter était très bien formé, mais hors de son costume, il portait des vêtements amples, vieux, dépassés. Il donnait l'air d'être un minable – ce qu'il était si on prenait en compte tout ce qu'on disait de lui dans les couloirs de la fac. Tous ceux qui faisaient partie des « populaires » ne se lassaient pas de renverser son plateau repas, de le jeter contre les casiers, de lui faire des croche-pieds. Peter pourrait esquiver, pourrait retourner toutes ces méchancetés contre eux, mais il avait peur d'aggraver la situation.
Peter Parker était né pour être un minable, il devait l'accepter.
— Merci Roberto, dit-il alors que la nuit tombait et que le café fermait. Si Luka a encore besoin d'aide, n'hésitez pas.
— Oui, oui, attends !
Peter revint à l'appel, sourcils haussés. Roberto faillit faire tomber un plateau et se cogna la hanche au comptoir. Il lui demanda, étrangement gauche, si la prochaine fois il voudrait essayer la nouvelle recette de smoothie qu'il concoctait, pour savoir s'il devait l'ajouter à la carte.
— Oh ? Ouais carrément.
— Euh, oui. Et, justement, mon petit Luka a du mal avec ses cours de… de math. Il n'y comprend jamais rien, cet idiot !
— Je croyais qu'il était spécialisé en langue ? s'étonna Peter.
Roberto cligna des yeux et acquiesça soudainement, s'exclamant qu'il devait tout de même conserver un niveau décent en mathématiques, qu'il ne devait pas oublier les bases, mais que son idiot de fils était à la ramasse et qu'il avait besoin d'aide.
Peter resta sans voix.
— Euuuh… Oui, bien sûr. Pas de soucis patron, dites-moi juste quand…
Il se rendit jusqu'à la porte alors que le gérant continuait de lui parler, pour lui demander s'il serait disponible le week-end prochain, ou en semaine s'il voulait…
— Il n'est pas occupé, avec la période d'examen ?
— Justement ! Il doit en profiter pour réviser, hein ?
Peter accepta une séance de soutien la semaine prochaine et alla ouvrir la porte. Lorsque le gérant l'appela encore, il lui affirma revenir le lendemain, mais alors qu'il allait se retourner, il se cogna à quelqu'un et tomba par terre assez misérablement. Il s'était pris une épaule sur le visage et, en tombant, s'était cogné un genou et s'était râpé la main par terre.
— Pardon, désolé, j-je ne vous avais pas vu…
Il tendit la main pour ramasser son sac mais s'immobilisa et bloqua soudainement sa respiration lorsque le parfum de l'autre l'atteint. Peter releva précipitamment les yeux tandis que Steve Rogers se baissait vers lui. Il ne parvint pas à retenir la plainte choquée qui filtra à travers les doigts crispés qu'il avait inconsciemment plaqué sur sa bouche et son nez.
Alpha.
Heureusement qu'il se forçait à s'étouffer, sinon le mot lui aurait échapper dans un gémissement inapproprié. Cela n'avait pas empêché Steve de le dire cependant, dans un murmure incontrôlé enrobé d'un peu de… Peter ne savait pas comment appeler cette intonation, il baissa les yeux pour laisser sa frange cacher son visage rougissant.
Merde, Cap sentait si bon, plus encore qu'habituellement. Son parfum avait une lourdeur de cuir, de bois, et un soupçon dangereux de poudre à canon. Peter avait la tête qui tournait un peu.
Et puis Roberto apparut à la porte.
— Oh, j'avais peur qu'il parte avant que vous arriviez Captain !
Le traître, pensa Peter en lui jetant un regard choqué. C'était pour cela qu'il s'était conduit aussi étrangement… ! Luka n'avait sans doute pas besoin de cours, et il s'était fait avoir.
— Il n'a pas l'air très bien… Peter ? appela Roberto.
— Merci beaucoup, je vais l'aider, l'interrompit Steve pour renvoyer le gérant.
Une grande main ramena doucement ses cheveux en arrière. Lorsque la porte se referma et que l'odeur perplexe de Roberto disparut, Steve se pencha vers lui pour lui souffler qu'il était désolé.
— Je voulais juste… je voulais juste qu'on puisse parler. S'il te plaît ?
Peter releva à peine ses grosses lunettes et se mordit la lèvre. Il essayait de respirer par la bouche, mais l'odeur était forte et sinueuse. Il avait l'impression de goûter la peau et il n'osait imaginer ce qu'il ressentirait s'il laissait sa langue courir sur le derme brûlant du capitaine. Ce que sa bouche ressentirait une fois enroulée autour…
Peter se crispa en sentant l'humidité tremper la serviette qu'il avait eut l'intelligence de porter. Mais quelle différence cela pouvait faire face à un être amélioré ? pensa Peter en voyant les yeux de Steve se dilater et ses narines le sentir discrètement.
— Oméga, puis-je… pouvons-nous parler, s'il te plaît ? souffla doucement Steve sans jamais le quitter des yeux.
Ils devaient donner une impression étrange, par terre devant un café alors qu'il faisait nuit, l'Oméga si excité que cela devait se sentir à plusieurs mètres. Peter acquiesça brutalement pour partir, accepta la main tendue de l'Alpha et frissonna en voyant sa propre main se perdre dans sa paume chaude. Parker tenait précieusement son sac dans ses bras, et il regarda Steve se baisser pour ramasser les quelques affaires encore au sol. Lorsqu'il se redressa de toute sa hauteur, grand et large par rapport à Peter, si incroyablement beau, Parker ne put que serrer faiblement les cuisses.
Pourtant il eut l'air si gauche en tendant les effets personnels de Peter que le jeune homme faillit rire.
— M-merci…
Alors, ils marchèrent un peu mécaniquement, les yeux de Steve toujours tournés vers lui. C'était gênant et en même temps…
Satisfaisant.
— Tu le sens aussi, n'est-ce pas ? osa la voix profonde de Steve.
Peter garda les yeux baissés mais fronça les sourcils. Sentir quoi ? son parfum trop fort ? Muet, il tira le col de son sweatshirt jusqu'à son nez.
— Pas ton parfum, rit Steve en levant sa main pour l'arrêter doucement. Ça. Nous.
La main de Rogers était terriblement lourde et douce. Ils avaient arrêté de marcher, sur une rue à peine éclairée par des lampadaire jaunâtre et du bitume luisant de la bruine de la soirée.
— Je ne suis pas fou, je t'ai vue… je t'ai sentie, lâcha Steve en baissant les yeux sur le bassin de l'Oméga.
Rougissant, Parker se mordit la lèvre et se recroquevilla. Sa serviette était trempée, il avait honte d'être aussi sensible, d'être aussi frustré. Il se tint la joue pour tenter de rafraîchir sa peau brûlante et bafouilla des excuses trop basses pour quiconque autre que Steve Rogers.
— Non, non je ne voulais pas, l'interrompit Steve. Je ne voulais pas dire… c'est juste que je… merde, je ne suis vraiment pas doué avec ça.
— Doué avec… quoi ?
Son cœur battait trop fort, ses jambes tremblaient un peu. C'était la première fois qu'on lui accordait autant d'attention, c'était la première fois qu'il lui semblait sentir un parfum un peu intéressé.
Eh bien, envers Peter Parker, le petit nerd pathétique qui fixait le sol.
— Est-ce qu'on peut… peut-être, prendre un verre, un jour ? Et… et faire connaissance ?
Oh mon Dieu, pensa Peter en regardant les yeux trop bleus. Le léger sourire de Cap reflétait trop d'espoir, trop d'attente, et le ventre de Parker papillonnait.
— A-avec m-moi ?
Steve eut un sourire indulgent et d'une douceur exquise. Il ramena une partie des cheveux bouclés de Peter derrière son oreille et admira le visage timide de ce qu'il sentait être son compagnon.
— Oui. Avec toi.
xXx
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— La Terre à Peter, répondez ! appela Ned en claquant les doigts devant son visage.
Parker avait suivi ses cours la tête ailleurs. La rencontre avec Captain faisait encore pétiller sa poitrine, il n'arrivait pas à croire ce qui lui arrivait. Steve était… intéressé par lui. Il voulait apprendre à le connaître et… être avec lui. Peut-être.
Pourquoi ?
Il n'était pas stupide, il avait senti leur corps réagir spontanément l'un à l'autre, il savait, depuis des mois maintenant, que tout ce à quoi sa chair aspirait étaient les bras du capitaine. Mais il s'était attendu à un visage déçu ou dégoûté. Il aurait cru voir Steve le détailler des pieds à la tête et, jugeant son air misérable, l'aurait ignoré à tout jamais.
Mais Steve avait… Steve l'avait regardé comme…
— Peter !
— Ouais, ouais ? marmonna-t-il en se tournant vers son ami.
La cafétéria était bruyante, ils se trouvaient un peu à l'écart. Il valait mieux, il aurait moins de risque de croiser Flash et sa bande.
— Je te demandais si tu voulais venir construire l'Imperial Star Destroyer ce week-end ?
— Vous et vos Lego, dit MJ en levant les yeux au ciel. Pourquoi ne pas venir à la conférence sur le féminisme qu'il y aura à Staten Island ?
— Non, non, je ne peux pas ce week-end. Désolé…
Ned baissa la tête en se plaignant qu'il ne pouvait jamais, de toute façon. Peter avait donné l'excuse des révisions et des cours qu'il donnait à certains enfants. Ce n'était pas vrai, il n'avait pas le temps de donner des cours, mais ils n'avaient pas besoin de le savoir.
Cette fois, Peter voulait retourner à la Tour.
Il voulait voir un peu comment Steve se comportait, ce qu'il disait, s'il parlait de ce petit Oméga qu'il avait croisé ou s'il gardait le silence. Il avait encore tellement de mal à croire que Captain America s'était entiché d'un petit geek de quartier, il avait besoin de preuve !
Alors, après une semaine de bouderie, Peter s'était laissé virevolté jusqu'à la Tour, les sous-vêtements protégés à l'excès. Hors de question d'avoir un accident ! Son costume filtrerait son odeur, donc peu importait, Steve ne sentirait rien cette fois-ci, Peter devrait juste faire en sorte de ne pas se crisper chaque fois que son corps avait une réaction non désirée.
— Bonjour monsieur, enfin de retour, résonna la voix de FRIDAY lorsqu'il atterrit dans le salon.
— Aloooooors, je peux aller au labo cette fois ?
Il avança jusqu'à la cuisine pour ouvrir le frigo tandis que FRIDAY acquiesçait. La voix de Tony résonna également – « Allez ramène-toi morveux » – mais Peter était occupé à secouer toutes les boissons gazeuses. Oui, c'était un gamin, il l'assumait. Avec un peu de chance, Barnes viendrait prendre un rafraîchissement, et il savait que l'ancêtre raffolait de boissons pétillantes.
Son action terminée, il mit les poings sur les hanches, leva la tête et annonça qu'il ne voulait pas y aller.
— Où sont Cap et Barnes ?
— Ils s'entraînent monsieur. Madame Romanoff est avec eux.
— Hm.
Peter prit donc la direction de la zone d'entraînement, le pas léger mais le cœur un peu impatient. C'était incroyable comme le costume le libérait du poids de son identité, sa nervosité était bien moindre.
Lorsqu'il passa les double-porte, Steve était en train de cogner des sacs de frappe alourdi en acier et en kevlar, tandis que Natasha et Barnes s'entraînaient ensemble.
— Mais voilà le petit Spider-boy – Aïe ! cria Bucky lorsque Natasha lui donna un coup de pied à la mâchoire.
Elle portait sa combinaison amplificatrice, donc le coup était douloureux. Elle s'excusa en se détournant de lui dans un roulement de hanche et alla s'essuyer le front. Steve abandonné son punching-ball pour le saluer, et son corps brûlait de force et de transpiration.
— Tu as fini de bouder, l'araignée ? rit Barnes en se frottant la joue.
— Tais-toi Buck, sourit Steve. Tony commençait à s'impatienter. Pourquoi tu n'es pas au labo ?
Peter haussa une épaule et s'étira négligemment. Il se sentait paré pour mettre à terre des super soldats trop présomptueux, ce à quoi Barnes répondit qu'il se ferait une joie de lui montrer qu'il n'y arriverait jamais. Natasha lui frappa la tête et lui fit comprendre que leur tête-à-tête n'était pas fini.
— Entraînons-nous, Queens, dit Steve pour trancher. Laissons les deux tourtereaux se disputer.
— On n'est pas des tourtereaux, répliquèrent-t-il ensemble.
Pendant qu'ils se fusillèrent du regard, Steve et Peter traversèrent une partie de la salle pour s'isoler plus loin. Peter voulait en profiter pour faire la conversation, mais il ne parvenait pas à penser. Absolument tout lui semblait maladroit.
Il se concentra pour se battre.
C'était difficile bien sûr, parce que Steve fuckin' Rogers était face à lui, l'œil lourd et concentré, l'expression à peine narquoise et les mouvements durs. Son parfum était partout, Peter dû se mordre la lèvre jusqu'au sang pour ne pas geindre. Steve savait exactement comment faire pour restreindre ses mouvements, le canaliser sans lui faire trop mal, le garder sur ses gardes tout en le désavantageant.
Si Peter pouvait utiliser ses Webshooter, il pourrait le battre. Mais il devait renforcer son physique, blablabla.
(Peter aurait voulu renforcer son physique d'une autre manière…)
Il gémit lorsqu'un coup de l'avant-bras de Steve le plaqua durement au sol et lui coupa la respiration. Le choc aurait brisé la cage thoracique de quelqu'un d'autre, Peter aurait à peine un bleu durant une poignée de minutes.
— Tes mouvements sont un peu mieux, Queens.
Peter s'étouffa et frappa trois fois le bras pour que Rogers le libère. Il se tint la gorge en serrant les cuisses – Dieu, que cet homme était chaud.
— Et toi tu as l'air… vachement content. Quelque chose de nouveau ? trouva-t-il le courage de demander alors qu'il s'asseyait.
Steve eut un sourire en coin mais ne répondit rien. Il réarrangea les bandelettes de ses mains en les tournant avec tant de maîtrise que Peter l'imaginait l'attacher au lit…
— Il a rencontré quelqu'un, le petit Stevie grandit ! s'exclama Barnes en esquivant un coup de poing.
— Un mignon petit Oméga, renchérit Natasha en grimpant sur James pour l'étouffer.
— Mais laisse-moi parler, sale folle !
Steve eut un petit rire mais préféra se relever plutôt que d'affirmer cette information. Peter, lui, flottait sur un petit nuage. Steve avait parlé de lui ! C'était une bonne nouvelle !
— Oh ? Un « mignon petit Oméga » ? répéta-t-il en sautant sur ses pieds.
Il écarta le petit sentiment de culpabilité pour jouer ce double-rôle, mais il ne faisait rien de mal. Il voulait juste savoir comment prendre les choses à partir de maintenant.
— Quelqu'un qu'on connaît ? (normalement non). Plutôt « mignon » genre Jack Dawson, ou « mignon » du genre Clark Kent, dit-il avec malice. Parce que ce sont deux types trèèèèès mignons mais trèèèèèès différents… !
— Oh, tais-toi Queens, l'admonesta gentiment Steve en lui pinçant une joue.
— B'a qfoi ? ch'veux jushte shavoir !
Accroché à la grosse main qui le martyrisait, Peter était rouge comme une pivoine. Il tremblait peut-être un peu, mais rien qu'il ne pourrait mettre sur le dos de cet entraînement intense.
— Alors ? demanda-t-il lorsque Steve le relâcha.
Il se massa la joue tout en suivant Rogers. Il n'allait pas abandonner, il était Spider-Man, pas Peter Parker. Alors il demanda s'il était plutôt sucré ou salé, s'il aimait Star Wars (et, si ce n'était pas le cas, qu'il n'en valait pas la peine), s'il préférait les glaces ou les sorbets – et Steve lui dit qu'il n'en était pas encore là.
— Tu… penses que je devrais lui poser ces questions ? demanda Cap en tournant vers lui un regard concerné.
Peter rougit et s'empêcha de crier d'extase. Cap était adorable, terrible pour son petit cœur, il allait lui sauter dessus pour défaire ses cheveux impeccables et rougir ses lèvres trop pâles.
— Non ! Non, non, non, tu dois apprendre à le découvrir naturellement. Par exemple, si vous deviez allez au cinéma, tu lui demandes ce qu'il aimerait voir, quel genre de films il aime… et tu notes consciencieusement chaque information ! (Pause.) Dans ta tête hein, pas en vrai.
— Oui, oui, bien sûr…
Bucky essayait de sortir d'une clé de bras qui lui coupait la respiration et le rendait tout rouge. C'était un peu inquiétant à voir, mais Natasha savait parfaitement jusqu'à où elle pouvait aller. Peter se laissa tomber sur un siège fixé au mur et observa Steve s'asseoir juste à côté.
— Alors, ça fait combien de temps que tu le vois ?
Il ne savait pas où il trouvait l'assurance de lui parler aussi facilement, mais Peter se félicitait intérieurement.
— En fait… je lui ai juste un peu parlé hier.
— Hier ? Waouh, rapide Cap.
Rogers leva les yeux au ciel mais ne répondit rien. Bucky et Natasha terminaient leur entraînement, et alors que Romanoff les rejoignait, Barnes déclara qu'il allait se chercher une boisson fraîche.
Peter eut un petit sourire taquin.
— Il serait temps de lui envoyer un petit message, non ? Si ça se trouve, cet Oméga se demande si Captain America est sérieux ou s'il profite de sa réputation pour jouer.
— Je ne ferais jamais ça ! s'outra Rogers en se redressant presque.
— Je suis d'accord avec elle, tu devrais lui envoyer un message. Lui proposer un rendez-vous – n'importe où ! Moi je dois y aller, s'exclama Peter en repartant.
Il courut jusqu'à atteindre une fenêtre par laquelle il pouvait passer, avant d'entendre Bucky hurler son nom.
Et juste après, une icône apparut en haut à droite de sa vision pour lui signaler un message.
Peter Parker avait un rendez-vous avec Captain America !
xXx
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Peter avait passé deux heures à chercher comment s'habiller, mais il s'était rendu à l'évidence : aucun de ses vêtements n'étaient faits pour un rendez-vous. Il avait soit l'air d'un vieux de soixante ans (ce qu'il n'était pas), ou d'un nerd pathétique (ce qu'il était), ou d'un puceau qui essayait d'être cool sans l'être (ce… qu'il était aussi).
Tant pis, il avait décidé de rester naturel. Un vieux pantalon droit ennuyant, un pull rapiécé au niveau des manches, des basket autrefois blanches et aujourd'hui… d'une couleur innommable. Il avait voulu se coiffer mais une fois devant sa glace, il n'avait pas su par quoi commencer et avait abandonné aussitôt. Il devait avouer qu'il était pathétique, mais bon…
Il avait même essayé de ne pas emporter ses grosses lunettes, mais il se sentait si nu sans elles qu'il avait couru les récupérer avant de partir. Il avait besoin d'une barrière contre le monde réel.
Steve lui avait proposé de commencer par une balade de nuit dans le parc, pour éviter d'être trop facilement reconnu, et parce qu'il ne savait pas quel genre de restaurant ou d'activité il pouvait aimer. Peter appréciait sa prudence, et il aimait également le fait qu'ils le fassent dans la soirée, parce qu'il y aurait moins de monde et qu'il pourrait peut-être cacher ses rougissements.
Il n'aimait pas la lumière crue du soleil, il se sentait trop exposé.
Intimidé, Parker avait préféré ne pas dire à ses amis qu'il allait… à un rendez-vous. Il craignait d'être trop influencé par leurs conseils ou de prendre peur des quelques taquineries qu'ils lui auraient lancés. En se voyant dans le miroir, Peter se voyait tel qu'il était : un jeune adulte maladroit, pas très beau, pas très élégant, pas très intéressant. Face à lui, Captain America était l'essence même de l'Alpha que tous les parents rêvaient d'avoir en beau-fils.
Au contraire, Peter était l'image même de l'Oméga raté. Alors oui, il s'était déjà occupé de réduire sa confiance en soi, il n'avait pas besoin de voir le visage de ses amis et de deviner leur taquinerie.
Peter était parti en se demandant s'il aurait dû amener des sandwiches ou en tout cas de quoi grignoter. Il était tard et il ne savait pas jusqu'à quand ils comptaient rester. Il décida donc de passer acheter des burritos et, sachant à quel point Steve pouvait manger, en pris huit. Il décida également d'acheter deux bouteilles de soda et deux bouteilles d'eau, des gobelets, trois paquets de chips et une nappe.
Peut-être qu'ils n'allaient même pas rester assez longtemps pour manger, mais il était au moins paré.
Il arriva à l'entrée du parc et attendit sur un banc. Il ne faisait pas complètement nuit, le ciel était orange et les lampadaires étaient allumés. Peter avait posé ses deux gros sacs entre ses pieds et sorti son téléphone pour annoncer qu'il était arrivé. Il ne faisait pas encore trop froid, heureusement, mais le bout de son nez était un peu rouge.
« Je ne suis pas très loin non plus, je suis désolé de te faire attendre »
Peter cligna des yeux et répondit aussitôt que ce n'était pas grave. Est-ce qu'il avait laissé entendre qu'il était énervé dans son message ? Il n'aurait peut-être pas dû dire qu'il était arrivé aussi vite, il aurait dû attendre encore – ce n'était pas encore l'heure du rendez-vous après tout.
Il se promit de ne pas envoyer de message la prochaine fois (y aurait-il une prochaine fois ? Peter commençait déjà mal, il aurait dû faire attention et attendre qu'il soit au moins l'heure) lorsqu'il entendit quelqu'un courir vers lui. La lourdeur du pas indiquait tout de suite qu'il s'agissait de Cap. Il connaissait évidemment le pas de chacun de ses collègues.
— Je suis désolé – hey, salut… sourit Steve une fois assez proche.
— T-tu n'aurais pas dû courir, je suis désolé…
Steve balaya ses excuses et lui montra un bouquet de fleurs – qui avaient un peu souffert durant sa course. Il eut l'air surpris de son état et rit gauchement en le tendant.
— Je ferais plus attention la prochaine fois. Tu n'es pas allergique aux fleurs, n'est-ce pas ? s'enquit-il soudain avec horreur.
Il eut l'air si effrayé que Peter eut un sourire moqueur. Il nia doucement et accepta le bouquet en passant les anses des deux sacs dans ses bras pour caller le bouquet. Steve s'élança aussitôt pour lui prendre les sacs et hausser les sourcils à l'odeur.
— Oh ! Un pique-nique nocturne ? Je suis désolé, je n'avais pas pensé à prendre à manger…
— N-non, je, j'ai juste…
— Je t'invite la prochaine fois, promis, sourit Steve en lui effleurant le bout du nez.
Peter baissa la tête pour cacher son rougissement et suivit Steve jusqu'au parc. Les fleurs ne sentaient pas fort et le bouquet était assez simple, Peter l'aimait beaucoup. Il n'y avait qu'un lilas magenta garni et plusieurs feuilles autour. Il était content d'avoir reçu ce petit cadeau, son manque de confiance commençait par disparaître derrière le parfum des fleurs et l'odeur entêtante de l'Alpha.
Ils allèrent s'installer sur un carré de terre, Peter décida d'enlever ses baskets avant de s'asseoir sur la nappe. Il laissa délicatement le bouquet de côté et ouvrit les sacs pour en sortir les burritos.
— Ah, le vingt-et-unième siècle est si pratique, soupira Steve avec délice.
Peter releva les yeux dans un petit sourire et se mordit la lèvre inférieure.
— C'est vrai que vous faisiez tout bouillir avant ? Vous aviez des épices au moins ou pas ? Et c'est vrai qu'il mettait de la viande en conserve ?
Il écarquilla les yeux et baissa la tête. Il avait été… spontanément malpoli, c'était terrible.
— Oh non, c'est juste que… ça me change des habituelles questions, déclara Steve dans un sourire tendre.
Peter haussa les sourcils en entendant le plastique chuinter : il ne s'était même pas rendu compte que Rogers avait terminé son premier burrito.
— Ce qui est sûr, c'est que l'ancienne cuisine ne me manque pas. Je n'avais pas les moyens d'acheter des épices, ni même de sel, donc je peux t'assurer que tout était très fade.
Il croqua une bouchée qui faisait bien un tiers du burrito et gémit de bonheur. Il affirma qu'il aimait beaucoup ces burritos et que Peter avait très bien choisi. Évidemment, Peter ne pouvait pas dire qu'il savait très bien quel type de nourriture aimait leur capitaine car ils étaient en réalité collègue.
C'était reposant de se trouver ici, à l'écart, au milieu du bruit des grillons et des sauterelles. La voix apaisante et profonde de Steve lui creusait les entrailles, réchauffait ses oreilles et faisait frissonner de bonheur son petit cœur. Il rougit d'extase lorsque Steve lui demanda timidement s'il préférait les glaces ou les sorbets, qu'ils pourraient peut-être s'arrêter à un glacier.
Peter était chanceux.
Sa vie en tant que Spider-Man était merveilleuse, folle d'aventures et de rebondissements, de collègues attachants et de complicité. Et sa vie en tant que Peter Parker s'améliorait drastiquement. Il pouvait même conseiller Steve directement et s'assurer qu'il ne rêvait pas : Captain fuckin' America était vraiment, vraiment intéressé par ce petit nerd sans renommée.
Durant un bon mois, Peter Parker profitait de rendez-vous avec le capitaine des Avengers. Dans des restaurants, des cinémas, des bowlings, ils avaient même fait de simples promenades, s'étaient juste arrêtés en terrasse d'un café pour compter le nombre de voiture rouge et bleue qui passait. Peter avait gagné, donc Steve avait payé une tournée de milk-shake. L'Oméga avait frappé Rogers un peu fort sur le bras sous l'excitation, et Cap lui avait tourné un regard un peu surpris, mais ils étaient vite passé à autre chose…
Et lorsqu'il était Spider-Man, Peter passait son temps à demander des informations croustillantes (qu'il connaissait par cœur, mais cela lui réchauffait le cœur d'entendre le point de vue et l'avis de Steve) et à le conseiller. Il aimait le voir retenir tant bien que mal son petit sourire tendre et relater pudiquement leur rendez-vous, avec un regard si doux que Peter savait que l'Alpha le voulait absolument.
Il n'en doutait plus, même s'il ne comprenait pas trop.
— Alors, il a aimé le cadeau ? demanda Peter en se penchant vers Cap.
Ils se trouvaient dans le séjour, autour d'une sorte d'apéro/goûter devant la télévision. Steve tenait une bière et grignotait des chips. Bucky était parti en mission avec Natasha et Clint.
— Oui, il a aimé, sourit doucement Rogers. Il l'a porté aussitôt.
Steve lui avait offert son nametag. Il avait longtemps hésité, il s'était dit que c'était trop rapide, trop personnel, il craignait de faire peur à Peter. Mais Spider-Man l'avait convaincu de le faire, que l'Oméga que Steve décrivait tous les jours avait l'air d'attendre un pas en avant. Qu'il avait l'air gentil et sincère. Parker portait son collier sous son costume.
Il essayait de le pousser à l'embrasser depuis bien une semaine maintenant.
— Je t'avais dit qu'il aimerait. Et du coup… toujours pas de baiser ?
Il savait bien que non, c'était déprimant. Peter avait trop peur de faire le premier pas, il craignait d'avoir l'air trop désespéré, de perdre le contrôle. Et Steve avait peur de prendre trop les devants, d'effrayer l'Oméga.
Peter voulait que Rogers prenne les devants et le plaque contre la première surface plane autour d'eux.
— Je… Steve hésita en écrasant presque sa bière. Il est beau… Petit, timide, je ne veux pas le pousser.
Si seulement il savait que Peter pourrait le soulever d'un bras, il reverrait sans doute sa réflexion.
— Mais ça fait presque un mois que vous vous voyez ! Faudrait se lancer à un moment, genre montrer que ça avance ! Là ça stagne, ça se trouve il se dit que tu veux juste être ami… !
— Non, je lui ai dit que j'étais intéressé, nia Steve. Il le sait.
Peter soupira bruyamment et se laissa tomber sur le canapé en étoile de mer. Un de ses pieds frappa la cuisse de Steve, qui le repoussa en riant.
— Si tu le voyais tu penserais différemment Queens. Il est… il est adorable. Doux. Quand il sourit, ses yeux brillent, et il a les plus petites mains du monde.
Peter cligna des yeux et serra ses mains pour les cacher. Il fallait pas abuser non plus, Peter avait des grandes mains pour sa taille ! Lorsqu'il serrait la poigne de Widow, ils avaient la même taille ! Et la femme pouvait aisément tuer Steve avec discrétion. Donc bon.
Il avait l'envie irrépressible de vérifier la taille de ses mains mais il ne le devait pas.
— Je ne veux pas être brusque avec lui. Peter mérite tous les égards, continua Rogers sans voir le questionnement de son collègue.
C'était… si étrange de l'entendre dire cela. Devant lui, avec spontanéité et… tendresse. Peter rougit sous son masque et son cœur explosa dans sa poitrine. Il avait envie d'aller se blottir contre lui mais il ne le pouvait pas.
Il se demanda si Steve l'aimerait toujours s'il savait que Spider-Man était aussi Peter. De ce qu'il entendait, Cap aimait la personnalité douce et timide de Peter Parker. Mais Spider-Man n'était pas du tout ainsi : il était franc, taquin, léger… Steve le traitait comme un enfant, là où il traitait Peter comme un amant.
Il ravala la boule d'angoisse qui lui bloqua la gorge.
— Essaye quand même, réussit-il à dire. Quand… quand le mood sera au top, demande-lui si tu peux l'embrasser. Je te parie tout ce que tu veux qu'il le voudra aussi.
Steve rougit doucement en pinçant les lèvres pour cacher un sourire. Si seulement il savait à quel point Peter voulait juste obliger ses lèvres à embrasser une autre partie de son corps, il arrêtera de penser à quel point il était « doux » ou « timide ». Peter manquait de confiance en lui, mais il allait sans aucun doute s'accrocher à Steve et le supplier de déchirer leurs vêtements.
Et si jamais Steve apprenait qu'ils étaient la même personne, est-ce qu'il allait rompre aussitôt avec lui ? Est-ce qu'il allait être mal à l'aise et ne plus réussir à s'entraîner avec lui, à le regarder ?
Peter se redressa lentement.
— Peut-être que j'essaierai, alors, sourit Rogers en se grattant la nuque.
Parker prit une inspiration pour se calmer et tapa amicalement l'épaule de Cap. Il ne devait pas penser tout de suite au côté négatif. Peter Parker avait une chance unique de briller enfin, Spider-Man devait rester en dehors de cela.
Mais comment était-ce possible, puisqu'ils étaient la même personne ?
xXx
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Peter cacha son rire lorsque Steve faillit se cogner à un panneau publicitaire. Il s'était perdu dans l'explication d'une anecdote qui mettait en scène Tony et Thor, et n'avait donc pas vu le panneau qui affichait pourtant fièrement une marque de montre Avengers.
Steve lui lança un regard plissé de reproche amusé, et le sourire de Peter s'élargit.
— Captain America détruit par un spot publicitaire Avengers, j'aime le concept, pouffa Parker.
— Allez, arrête de te moquer Oméga ! rit affectueusement Rogers en lui prenant la main. Dépêchons-nous avant que ça ne finisse.
Peter se laissa gentiment traîner et avisa leur main enlacée. Il devait avouer que la main de Steve était géante par rapport à la sienne. Rogers pourrait facilement le broyer dans sa poigne. Il pourrait peut-être même enrouler sa main entière autour de la cuisse de Peter – et la pensée était bien trop délicieuse pour oser l'avoir ici, en plein extérieur.
Ils avaient décidé d'aller ensemble à un petit concert en plein air. Ils ne connaissaient pas les artistes, mais qu'importait ? C'était l'occasion de se blottir parmi la foule et de passer un bon moment. Steve savait que Peter était sensible au bruit et aux lumières, alors il décida de s'installer au fond, vers une buvette, et commanda deux cocktails. Peter jouait souvent avec le nametag de Steve, il aimait sentir le poids autour de son cou et le petit gling-gling qui résonnait.
Steve lui prit à nouveau la main et se pencha pour lui murmurer une phrase de drague ringarde à l'oreille qui fit rire Peter.
— Comment se passe tes études Peter ? demanda Steve une fois les rires estompés.
Il ramena une mèche de cheveux bruns derrière l'oreille et caressa vaguement sa pommette fraîche. Peter n'avait aucune inquiétude au niveau des études, il était quasi sûr de finir summa cum laude, mais c'était un sujet qui l'angoissait un peu car, s'il devait parler de ses aspirations de carrière, être Spider-Man figurait en tête. Il allait voulait faire un stage à SI et son niveau le lui permettait, mais en même temps, vu son train de vie, la balance entre ses études, son métier de super-héros, et sa vie amoureuse est déjà délicate, elle deviendra encore plus complexe.
Et il se sentait mal de mentir à Steve.
Il lui devait la vérité, n'est-ce pas ? Mais alors qu'est-ce que Steve aimerait chez lui ? Il connaissait très bien Spider-Man, ce petit gamin du Queens qui faisait des blagues de merde, qui sautillait dans tous les sens, se disputait avec Barnes, se plaignait sans arrêt, faisait des caprices – et rien de tout cela ne l'avait jamais attiré. Au mieux, Rogers avait un côté paternel avec lui, ce qui était terrible étant donné qu'il draguait le gars sous le masque.
Il allait sans doute être répugné par la double identité.
— Hey Peter, ça va ?
Peter releva les yeux et se rendit compte qu'il respirait un peu fort. Il se pinça les lèvres, sourit, et s'excusa doucement.
— Est-ce qu'il y a trop de bruits ? On peut aller ailleurs.
— Non, non, c'est parfait, répondit-il maladroitement en remontant ses lunettes. J'ai juste… je suis…
Du brouhaha à leur gauche détourna leur attention. Ils ne perdirent pas de temps à se lever, mais Steve lui demanda de l'attendre ici, qu'il n'en aurait pas pour longtemps. Ils avaient tous les deux reconnus le bruit : une petite bagarre avait éclaté. Leur instinct avait pris le dessus, mais Peter accepta de s'asseoir.
Je suis Peter Parker, je suis Peter Parker…
Il se concentra pour écouter. Tout s'était calmé, il entendait quelqu'un hausser le ton sans entendre vraiment les mots (la musique était forte) puis ce qui ressemblait à un coup. Et lorsqu'il entendit quelqu'un courir, Peter se releva pour y aller, juste à temps pour voir un homme fuir dans sa direction. Il ne perdit pas de temps pour lui faire un croche-pied puis l'attraper par le col de son haut et le tirer en arrière. Au moment où l'homme tombait, Steve émergeait. Il ne mit qu'une seconde à saisir la situation et attrapa l'homme par le t-shirt pour le lever sans effort.
— Peter ! est-ce que ça va ?
— Oui, souffla-t-il. On s'est rentré dedans…
Alors que l'homme allait parler, Steve le fit taire en le secouant et demanda à Peter de l'attendre. Il retourna en traînant l'homme derrière lui, Peter crut l'entendre appeler quelqu'un avant de revenir.
— La police ne va pas tarder. Je suis désolé, Peter, est-ce que tu veux qu'on parte ?
Il avait l'air si inquiet que la culpabilité de Peter décupla. Steve confondit son expression avec de la peur, et décida de s'approcher pour le prendre dans ses bras.
— Je suis désolé, je n'aurais pas dû te laisser tout seul…
Peter lui renvoya son étreinte, gorge nouée.
— Allons ailleurs, sourit doucement Steve.
Peter se laissa mener jusqu'à une patinoire encore ouverte. Il était tard, il n'y avait pas beaucoup de gens. Steve l'aida à lacer ses patins et le souleva d'un mouvement délicat. Et lorsqu'ils glissèrent sur la glace, main dans la main, le souffle embué et les joues rouges, Peter oublia son angoisse. Il trébucha et tomba tête la première, et Steve glissa en voulant venir l'aider, ce qui eut le mérite de faire rire le plus jeune aux éclats.
Steve vint lui caresser gentiment la joue, Peter serra ses cuisses alors que son cœur rebondissait dans tous les sens.
— Peter, commença Steve, pupilles dilatées.
Il allait le faire, il allait demander, ils allaient s'embrasser…
— Est-ce que… est-ce que-
— Oui, lâcha Peter. Ouais, je… ouais.
Ses doigts étaient engourdis sur la glace et la fraîcheur piquait un peu ses yeux. Un gamin passa à côté d'eux et les pointa du doigt, alors Peter cligna des yeux et recula.
— Et si… on allait ailleurs ? Quelque part de calme.
Il se triturait les manches sans le voir, jusqu'à ce que Steve prenne sa main. Il l'aida à se relever. Parker disparaissait devant l'énorme stature de Rogers, et il devait avouer que sa main sur son torse avait l'air… petite. Un peu. Peut-être.
— Je n'ai pas de si petites mains que ça… marmonna-t-il.
— Pardon ? s'étonna Steve.
Peter cligna des yeux et secoua fermement la tête avant de prendre sa main pour le tirer après lui. Il n'avait pas remarqué, mais l'attention des gens s'étaient tournés vers eux, certains tenaient leur téléphone.
Une fois à l'extérieur, Steve serra un peu plus fort sa main et, délicatement, lui fit comprendre de lui faire face.
— Je… je crois qu'ils ont pris des photos, s'excusa Peter.
Il se mordit la lèvre et laissa sa frange cacher ses yeux. Pourquoi est-ce qu'il était si pathétique, par rapport à Spider-Man ? Pourquoi Peter était si maladroit, simplet, incapable de regarder les gens dans les yeux ou d'accepter leurs regards ? Il trouvait toujours un moyen de tout gâcher.
Il ferma les yeux un instant pour s'obliger à repousser ces pensées. Il avait une envie terrible de mettre son costume et de voltiger dans le ciel.
Il avait une envie terrible de rester dans les bras de Steve.
— Est-ce qu'on peut… aller chez toi ? ou, ou chez moi ?
Rogers eut une ride d'inquiétude entre ses sourcils avant de hocher la tête.
— Tout ce que tu voudras, Peter.
Peter ne savait plus trop ce qu'il voulait.
Dissocier Peter et Spider-Man lui avait permis de mener deux vies différentes sans se noyer, lui avait permis de se libérer sans subir le regard, le jugement, les attentes. Aujourd'hui, il voulait pouvoir être avec Steve Rogers et Captain America à la fois. Il avait envie que Steve le voit dans son entièreté, il voulait pouvoir plaisanter avec lui comme Spider-Man le faisait, ressortir des anecdotes de leur équipe, s'agripper à lui et le retourner au sol pour le chevaucher, au lieu de marcher sur des œufs et faire semblant d'avoir à apprendre à le connaître.
Lorsque Steve ouvrit la porte de son appartement de Brooklyn, Peter retira poliment ses chaussures et le suivit jusqu'au séjour. Il n'était jamais venu ici, mais il aurait su à qui appartenait cet appartement même sans Rogers. Il y avait de belles photos au mur de leur équipe, une étagère avec des goodies marrants des Avengers qu'ils lui avaient tous offerts un par un, dont une peluche Captain America qui disait « Langage ! » dans la voix de Tony, et qui avait beaucoup exaspéré Steve à l'époque. Il n'était pas surprenant de voir qu'il avait absolument tout gardé.
Peter sentit son cœur fondre.
Tout était assez bien rangé. Il y avait une étagère de vinyle et de DVDs, un tourne-disque plus loin, des pochettes et des carnets de dessins. Et sur la table basse, un dessin à moitié ensevelie sous d'autres feuilles que Steve alla ranger.
— Ça te ressemble, murmura Peter en regardant de l'autre côté.
La cuisine était propre, il ne voyait aucun sachet ni aucune denrée traîner. Et sur le mur à côté du couloir, il sourit en voyant un poster de la série Spider-Man, que Peter avait signé et distribué à l'époque pour plaisanter. Barnes avaient dit qu'il manquait justement de PQ, et Tony l'avait accroché dans son labo. Il ne savait pas que Steve l'avait gardé aussi.
— Fan de Spider-Man ? taquina-t-il en allant s'asseoir.
— Le petit est un bon gars, sourit affectueusement Steve.
— Le vrai ou Miles Morales ?
Steve haussa les épaules sans répondre. Il lui proposa à boire, Peter accepta un chocolat chaud. Sans pouvoir s'en empêcher, le regard de Parker s'attarda sur le fessier musclé qui partait jusqu'à la cuisine tandis qu'il prenait une longue et discrète inspiration.
Tout l'appartement baignait de l'odeur de l'Alpha.
C'était si bon, si fort, Peter ferma les yeux et ouvrit la bouche d'appétit, prêt à goûter le musc directement sur sa langue. Il se crispa dans l'espoir de ne pas couler, et laissa tomber doucement sa tête en arrière pour se cambrer.
Il avait tellement envie, tellement besoin, il voulait…
— Je t'apporte aussi du sucre au cas où.
Peter revint à lui et acquiesça un peu trop fort. Steve arqua à peine un sourcil avant de venir avec deux tasses fumantes : café et chocolat. Parker en prit aussitôt une gorgée et cligna des yeux en voyant que Steve avait senti son excitation.
Le cœur tambourinant, il ferma les yeux de honte.
— Je… je…
— Est-ce que… Steve déglutit avant de reprendre : est-ce que c'est bon ?
Peter hocha aussitôt la tête en reprenant une gorgée. Sa main droite tremblait un peu, il serra l'anse pour reprendre pied. Il voyait très clairement les pupilles dilatées de Rogers, il entendait son cœur résonner fort, son souffle difficilement contrôlé, et tout cela alimenta sa propre excitation. Venir ici était une mauvaise idée, Peter avait finir par craquer et il n'allait pas réussir à maîtriser sa force…
— Tu… sens si bon, lâcha Steve.
Parker rougit sous son regard. Ses oreilles brûlaient, la bouffée de chaleur lui fit baisser les yeux.
— Steve, murmura Peter en serrant les cuisses.
— Est-ce que… est-ce que je peux, si tu veux, euh… bafouilla Rogers.
Il était encore plus rouge que Peter, c'était adorable, pensa-t-il en souriant. Courageusement, il posa sa tasse sur la table basse et se glissa sur le canapé pour s'approcher de Rogers. Il était massif même assis, ses épaules devaient faire deux fois la taille de celles de Parker. Il avait envie de s'y accrocher, de déchirer le tissu pour sentir les muscles.
Steve ne le lâcha jamais des yeux, et quoique son regard céruléen descendit bien trop souvent sur les lèvres rouges de Peter, il ne perdit jamais son expression d'attente mêlé d'impatience.
— Qu'est-ce que tu veux demander ? osa Peter.
Il n'y avait pas un son dans l'appartement, à part quelques bruits extérieurs et leurs cœurs un peu trop exaltés. C'était étrange en un sens, d'être face à un être amélioré et de ne pas pouvoir cacher ses réactions. Son costume s'en occupait très bien normalement, personne ne sentait ses odeurs, n'entendaient son cœur battre, le sang pulser contre ses temps – mais là, à nu devant Cap, il n'était rien de plus qu'un jeune humain qui avait – enfin ! – sa première relation.
Steve ne savait pas que Peter percevait tout également, mais le connaissant, il ne cherchait pas à se cacher. Il n'avait pas caché son visage lorsque le rouge lui était monté aux joues, n'avait pas chercher à retenir sa respiration profonde, à cacher ses déglutitions. Contrairement à lui, Steve avait toujours été honnête-
Tais-toi Spider-Man. Tais-toi.
— Est-ce que je peux… Est-ce que… nous pouvons nous embrasser ?
Sa formulation fit sourire Peter, attendri par les efforts timides que faisait le chef des Avengers pour plaire à un individu sans nom. Steve était crispé, sans doute parce que l'odeur de Peter lui retournait le cerveau, et Peter avait du mal à respirer en réponse.
La situation était un peu drôle. Si au moins l'un d'eux n'avait pas été amélioré, ils n'auraient pas eu autant de mal à rester calme. L'un d'eux aurait au moins pu apaiser la situation. Mais l'un comme l'autre ressentait dix fois plus de sensations qu'un humain lambda, et leurs réactions étaient de ce fait bien trop coincées.
Heureusement, Steve avait simplement l'impression que Peter était très sensible et timide.
— Oui, accepta facilement Peter.
Il repoussa la pointe de culpabilité (encore), et ouvrit les bras à la place. Steve s'avança, l'œil brillant d'une affection qui réchauffait le cœur de Parker. Il lui enleva doucement ses lunettes noires et embrassa chacune de ses paupières. L'Oméga posa ses bras sur les larges épaules, et une de ses mains remonta sur la nuque pour jouer avec les quelques mèches de cheveux qu'il pouvait atteindre. Rogers plaqua doucement leur front pour soupirer contre ses lèvres entrouvertes, les pupilles tremblantes d'anticipation.
— Je vais avoir mal aux yeux à force de loucher, sourit Parker pour le taquiner.
Il ne trompait personne cependant : son cœur battait si fort qu'il résonnait contre ses tympans, sur ses lèvres, jusqu'à ses doigts brûlants. Il se mordit la lèvre lorsque Rogers effleura les joues (sans doute cramoisies) et baissa les yeux.
Sa première relation, son premier baiser… Peter ne se serait pas attendu à ce que tout soit si intense, à ce que son corps soit aussi étiré par toutes ces émotions. Mais là où il trouverait ce manque de contrôle absolument terrible, Peter se surprenait à aimer ses réactions. Il aimait la joie qu'il ressentait en voyant Steve, il aimait sentir son cœur déborder lorsqu'ils se prenaient la main, il aimait sentir ses joues s'échauffer lorsqu'ils se regardaient dans les yeux… Il aimait entendre, voir et sentir chaque réponse du corps de Steve.
Son Alpha.
Il aimait bien le sentiment d'aimer.
La main de Steve prit délicatement sa mâchoire pour lui lever la tête, et ils s'embrassèrent enfin. Peter ne s'attendait pas à la bouffée de chaleur qui blanchi sa vision, ni au frémissement qui secoua son corps et qui crispa un peu trop fort sa main sur les cheveux de son capitaine.
Il gémit dans la bouche de Steve. Une main large s'était posée sur le bas de son dos et l'avait rapproché encore plus, torse contre torse. Elle avait ensuite glissé le long de sa cuisse pour lever sa jambe, la coller à la hanche de Steve et faire de même avec l'autre – et Peter était là, emboîté contre Rogers, incapable de ne pas geindre face à tout ce qui secouait son existence.
Ce ne pouvait pas être un baiser cela, si ? Sinon personne ne pourrait jamais s'embrasser à l'extérieur, jamais personne n'oserait être aussi vulnérable et sensible à la vue de tous.
Il hoqueta lorsque Steve passa ses mains sous ses fesses pour le soulever et l'installer sur ses cuisses musclées. Dans cette position, le visage de Peter était tourné vers le bas, et c'était Steve qui rejetait la tête en arrière, sa gorge large étirée et son parfum plus fort que jamais. Parker laissa une main sur sa gorge, juste sous sa pomme d'Adam et constata qu'il avait du mal à respirer à présent.
— Sh… Sht've, att… mmh…
Non, il ne pouvait décidément pas parler. Steve dévorait sa bouche comme si c'était de là que venait son odeur, comme s'il avait besoin de respirer par ses lèvres, de mordiller sa peau, de le noyer de son odeur. Ce fut pire encore lorsque Steve pivota sur le canapé pour le plaquer contre le dossier souple, nuque complètement renversé en arrière, jambes écartées, offert à la manipulation physique de Rogers. Dieu, il était si malléable, si souple entre ses mains autoritaires, Steve aurait pu simplement maintenir sa tête en place pour l'embrasser de tout son soûl que Parker se serait laissé faire avec plaisir.
Mais il allait s'évanouir si Rogers ne le laissait pas respirer.
Il raffermit sa prise sur les cheveux blonds et tira fermement la tête en arrière pour les séparer. Steve eut l'air de sortir d'un rêve, lèvres gonflées et cheveux en bataille. Peter ne devait pas être mieux, il se dépêcha de respirer au cas où son cher Cap décidait de conquérir encore une fois sa bouche.
— Peter, je… pardon, est-ce que ça va ?
— Oui, oui…
Il eut un sourire et alla essuyer le filet de bave qui menaçait de couler. Il aurait voulu se redresser mais Rogers se baissa encore, enfonçant son nez contre sa gorge. Il tenait sa taille de ses deux mains, si grandes qu'encore un peu et il pourrait en faire le tour complet.
Peter sursauta : il sentit l'entrejambe de Steve frotter contre le sien – et remarqua enfin à quel point il était dur et… trempé.
— Tu sens si bon, Peter…
Le pantalon de Steve était déformé, Peter sentit la longueur couverte appuyer contre son jean.
Merde, merde, merde, merde…
Les dents de Steve grattaient sa peau, ses mains pétrissaient ses hanches et sa taille, comme s'il mourrait d'envie de se fondre en lui. Ce n'était pas une pensée que Peter devait avoir, car il sentait très clairement que son humidité avait traversé son tampon, sa serviette et sa culotte pour mouiller son pantalon – ce qui était catastrophique.
Il repoussa encore une fois Steve mais accola leur front et, ramenant l'autre main sur la gorge de Steve pour le garder éloigné, déglutit silencieusement.
— Doucement… chuchota-t-il en tremblant. Juste…
Cap cligna des yeux avant de reculer brusquement et de lâcher Peter, qui s'affaissa aussitôt.
— Merde, je… je suis désolé Peter…
— Langage, sourit le garçon en se massant la nuque.
Les yeux de Steve se baissèrent sur l'entrejambe sombre de Peter et se relevèrent aussitôt, gênés. Peter l'entendit retenir sa respiration, avant de se relever.
— Est-ce que… tu veux que je te montre la salle de bain ?
— Oui, s'il te plaît, sourit doucement Parker en se levant aussi.
La sensation de son pantalon était répugnante, mais moins pire que les frémissements de son entrejambe. Il demanda pitoyablement si Steve avait un pantalon quelque part qu'il pourrait emprunter et… peut-être… des serviettes, ou quelque chose de ce genre.
— Oh, non je n'ai pas de… merde, je, je vais aller en acheter !
Il lui offrit un pantalon de pyjama souple (il n'avait rien d'autre qui aurait pu tenir sur ses hanches fines !) mais n'avait aucun sous-vêtement à lui proposer. Steve le laissa donc à la salle de bain en lui disant de prendre son temps, en lui montrant où étaient les serviettes de bain, les savons, les gel douches, avant de repartir.
Peter eut un sourire indulgent. Il était ravi que Steve soit parti.
Il pourrait ainsi se toucher.
xXx
.
Peter vivait un rêve éveillé. Il swinguait au milieu des gratte-ciels avec euphorie, attrapait voleurs et agresseurs avec un calme que rien ne pouvait briser. Il avait été d'une aide remarquable lors de la dernière mission des Avengers, s'était servi d'Iron-Man comme un véhicule, avait pris le bouclier de Cap pour le lancer (mal, parce qu'il n'avait pas l'habitude de son poids, son équilibre, sa rapidité, mais c'était drôle) et avait accroché une vingtaine de méchants dans sa toile.
Steve l'avait un peu réprimandé mais lui avait également dit qu'il avait fait du bon travail. Et le soir, Peter retrouvait Steve et ils s'embrassaient quand ils le pouvaient.
C'était si parfait !
(Presque, Peter…)
La ferme !
Parker se jeta sur la Tour et courut avant de sauter sur la plateforme. Il sautilla jusqu'à l'entrée et haussa les sourcils en voyant Steve, Tony et Bruce en train de grignoter devant la télévision – dont le son avait été coupé. Mr. Stark avait l'air euphorique.
— Yo, qu'est-ce qu'il se passe ici ?
— L'amourette de Cap est à tomber, j'adore, lâcha Tony en posant ses pieds sur la table. Tu devrais l'inviter ici, j'adorerais voir sa frimousse.
— Tu lui ferais sans doute peur, dit Bruce sans aucune compassion.
— Comment ça ? Je suis le héros préféré des gamins ! Enfin, après Spider-Man, mais uniquement parce que c'est un gosse aussi.
— Je ne suis pas un enfant !
Tony l'ignora et ramena son attention sur Steve, dont le petit sourire laissait entendre qu'il pensait à Peter.
— Aw, regardez-le, tout attendri l'ourson.
Steve lâcha un petit rire et lui demanda de se taire. Mais il avoua qu'il songeait déjà à l'amener ici pour le leur présenter, même si ceux qui lui faisaient le plus peur étaient Tony, Clint et Spider-Man.
— Même si je pense que tu vas l'aimer, Tony. Il est vraiment, vraiment intelligent. Mais vous allez bien trop l'embêter.
Tony mit une main outrée sur son cœur, bouche ouverte en un « O » offensé, et plaida que jamais il ne ferait cela, ô grand jamais ! Spider-Man aurait ri, normalement, mais il avait ressenti une énorme angoisse à l'idée d'être invité ici – d'avoir Peter Parker au milieu des Avengers. Dans un lieu familier, avec des gens familiers et des conversation familières, mais auxquels il ne devra pas répondre. Il avait déjà eu quelques accidents avec Steve en échappant des références qu'il n'aurait pas dû avoir, alors au milieu d'eux tous…
Il devrait essayer de refuser l'offre.
Mais pendant combien de temps ? Steve voulait évidemment que son compagnon rencontre ses collègues et amis, son lieu de vie, sa routine. Il voudra évidemment les rapprocher encore, peut-être rencontrer les amis de Peter, sa famille… Peter pouvait gérer cette partie, mais pas la première.
— Tu es bien silencieux, Spider-Man, remarqua Bruce.
L'attention se tourna vers lui. Peter sursauta et s'exclama que ce serait cool de rencontrer le petit Oméga, qu'il pourrait lui donner les détails croustillants de son côté, que ce serait fun de faire un giga repas où les Avengers pourraient chacun inviter quelqu'un…
—Bon, je vais y retourner hein, le crime m'attend !
— Tu ne veux pas venir au labo ? demanda Stark en haussant un sourcil.
Il ne fit qu'un geste de la main pour refuser et sauta dans le vide pour disparaître. Il allait devoir dire non à Steve, supporter sa bouille déçue, mais il devra forcément accepter un jour. Retarder l'échéance était vain. Le mieux était peut-être d'accepter…
Mais c'était bien trop tôt… !
Et puis cela ne s'arrangea pas beaucoup. Les réseaux sociaux et les journaux pullulaient de photos de Steve et Peter. Ned et MJ l'avaient appelé et avaient exigés de le voir parce que bordel de chiotte, tu sors avec Captain fucking America ?! Ils lui avaient demandés tous les détails, s'étaient énervés de ne pas être au courant avant. À l'université, toutes les têtes se tournaient vers lui, on le pointait du doigt – et Parker comprenait leur surprise, il n'avait pas le physique d'un top model. Steve, quant à lui, était d'un charme et d'une beauté saisissant, Peter comprenait les messes-basses.
Mais qu'est-ce que c'était gênant…
Steve lui avait envoyé des messages de soutien et avait avoué que ses collègues (Avengers de malheur) le charriaient beaucoup aussi, mais que cela devait être différent pour lui, qui devait être bombardé de questions à chaque fois. Peter était dérangé par des questions, mais lorsqu'ils se rendaient compte que le petit geek était incapable de dire plus de deux phrases d'affilés, ils se contentaient de le mépriser puis de partir. On l'avait même bousculé plus d'une fois pour se moquer de lui, et même si Peter pouvait parfois esquiver en utilisant ses capacités, il ne voulait pas mettre de l'huile sur le feu et subissait ce qu'on lui faisait.
MJ avait été si énervée qu'elle avait bombardé l'un des gars d'un spray au poivre.
Angoissé par la révélation, le désir de Steve de le présenter aux Avengers (qu'il ne lui avait pas encore proposé), sa culpabilité, Peter se plongea dans les révisions et se concentra sur les examens qui arrivaient. Il commençait à faire vraiment froid, quelques flocons tombèrent mais trop épars pour tapisser le sol. Steve lui parlait beaucoup par message et par téléphone, et Peter s'excusait de ne pouvoir passer du temps avec lui, que ses études étaient complexes, qu'il se rattraperait.
Il se sentait si mal, mais il ne mentait pas complètement. Il passait son temps à réviser, à se faire des mémos, à étudier avec MJ et Ned lorsqu'ils le pouvaient. Il utilisait les laboratoires de l'école pour développer ses connaissances, restaient tard pour éviter d'aller au café de Roberto – dans le doute où Cap y serait.
— Camille est occupée ce soir, ça te dit de venir traîner ? demanda Ned alors qu'ils terminaient.
— Va réviser, il reste un exam encore, sourit Peter.
Ned soupira dramatiquement en arguant qu'il s'en sortirait très bien, avant de se figer et de tirer sur la manche de Peter.
— Pete, Pete ! C'est… ?
Il montrait quelque chose du doigt, et lorsque Parker suivit la direction montrée, il vit une silhouette appuyée contre un poteau. Ned lui enfonça son coude dans le bras pour le chambrer :
— Alors c'est pour ça que tu veux pas venir, t'as un rendez-vous galant…
Peter rougit et bafouilla lorsque Steve leva les yeux vers lui et lui offrit un sourire. Il paniqua en le voyant venir vers lui et Ned lui donna un coup sur l'épaule sans pour autant bouger. S'il pouvait échanger quelques mots avec un super-héros, il ne s'ne priverait pas.
— Hey, Peter, sourit Cap en arrivant à sa hauteur.
Peter ne pouvait pas s'empêcher de sourire devant lui : il recroquevilla ses orteils sous le frémissement qui enroba son cœur. Steve portait une casquette qui suffisait pour le cacher à la vue des passants, mais il ne pouvait rien faire face à Ned. Ce-dernier, d'ailleurs, se racla bruyamment la gorge et tira encore la manche de Peter. Il était tard, heureusement, alors il n'y avait pas trop de monde, mais tous ceux qui étaient présents les regardaient et les pointaient du doigt.
— Oh, euh, Steve, je te présente Ned, un ami.
— Bonsoir Ned. Vous faites la même formation ?
— Oui monsieur Captain America !
Cap eut un sourire attendri et demanda l'autorisation de lui voler la compagnie de Peter. Ned accepta à renfort de grands gestes et poussa même son ami dans les bras musclés et de l'Avenger. Peter n'eut pas le temps de l'insulter que son ami était parti en courant et formant puérilement un cœur de ses mains à son attention.
Rogers eut un rire chaud au-dessus de lui, ses bras s'étaient naturellement refermés autour de lui.
— Il a l'air amusant.
Parker se mordit la lèvre en acquiesçant. Sa jambe tremblait un peu : le parfum de Steve l'avait pris par surprise. Il avait envie de rester dans ses bras, avachi comme s'il ne pouvait plus marcher, et laisser l'Alpha le mener où bon lui semblait.
— Est-ce que vous dormez sur moi, Mr. Parker ?
— Tu m'as manqué, lâcha Peter.
Il entendit le cœur de Steve battre contre son oreille et le câlina plus fort encore.
— Tu m'as manqué aussi, lui murmura Rogers.
Il embrassa le haut de sa tête et lui demanda s'il voulait bien manger avec lui. Ils allèrent donc dans un petit restaurant local prendre burger maison et frites de patates douces. Ils avaient à peine été dévisagé sur le chemin, la plupart des gens marchaient en regardant le sol ou en aillant la tête ailleurs, ils ne s'attendaient pas à voir Captain America et son nouveau petit copain se balader pour manger un morceau.
— Alors, où en est ta période d'examen ?
— Encore une épreuve dans deux jours et ce sera bon, sourit Peter en volant le verre de Steve pour boire.
Il arrivait à s'ouvrir de plus en plus. Il plaisantait avec Steve, le regardait dans les yeux, ne tripotait plus autant ses mains. Peter Parker prenait un peu confiance. Il était encore gêné par l'énorme frustration que son corps subissait mais il arrivait à l'étouffer sous la tonne de bonheur que l'Alpha lui faisait ressentir.
— Est-ce que les gens t'embêtent beaucoup ? Pour nous ? s'enquit Steve.
— Un peu, avoua timidement le garçon. Mais c'est normal. C'est bizarre de voir Captain America avec quelqu'un comme moi.
Steve haussa les sourcils sans comprendre. Lorsqu'il lui demanda ce qu'il entendait par là, Peter se mordit la lèvre.
— Tu sais… Tu es Captain America, tu es un Avenger – une célébrité. Et moi je suis… mh, personne. Les gens n'aiment pas quand une célébrité sort avec quelqu'un d'insignifiant.
Peter pensait entendre aussitôt que leur avis n'importait pas, qu'ils étaient heureux ensembles, mais il releva les yeux en avisant le silence. Les yeux bleus de Rogers le sondaient avec ce qui semblait être de la tristesse ? du choc ? Impossible à dire. Peut-être que Peter avait été un peu trop franc, il aurait dû enrober un peu la vérité.
— Je, je suis désolé, je ne voulais pas le dire comme ça…
— Je veux te présenter à mes amis, déclara Steve sans se départir de son expression.
Le changement de sujet était brutal, et Peter écarquilla les yeux en comprenant ce qu'il voulait dire. Il lui demandait de venir à la Tour, de rencontrer les Avengers, et Peter devait refuser.
— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée…
— Parce qu'ils sont des super-héros et pas toi ?
Peter grimaça et baissa les yeux. Ce n'était pas la raison principale du tout, mais Steve dû l'interpréter comme tel. Il se pencha pour prendre sa main dans la sienne, immense, protectrice, et chercha à capter son regard.
— Je ne suis qu'un homme qui travaille, et toi un homme qui étudie, sourit Steve.
— Mouais… marmonna Peter. Toi tu reçois des lettres de fans, des dessins, de la merchandise, et moi des croche-pieds.
Cap fronça les sourcils et Peter se pinça les lèvres. Il se rattrapa en disant qu'il exagérait, qu'il y avait toujours des petits rigolos dans les universités, qu'il était juste tout seul la plupart du temps – et lorsque le froncement de sourcils s'accentua, il se dit que ce n'était pas la chose la plus intelligente à dire.
— S'il te plaît ? plaida doucement Steve. Dans deux jours, pour fêter la fin de tes examens ?
Peter fit la moue. Il ne devait pas croiser son regard, il ne devait pas voir ses iris bleues, ses jolies lèvres, ses cheveux soyeux…
Il le regarda inconsciemment.
— Oui, d'accord, accepta-t-il sans pouvoir s'en empêcher.
Rogers lui sourit et lui demanda de venir. Un peu perplexe, Peter se leva pour s'asseoir à côté de lui mais à la place, Steve l'attira sur ses genoux.
— St-Steve ! Les gens… !
— Ils savent déjà. Je n'ai pas honte, Peter, sourit tendrement Cap.
Il alla embrasser le haut de sa tête et laissa Parker se fondre dans son étreinte. Peter sentait incroyablement bon, un mélange de chocolat noir, d'agrumes, de menthe et de pluie. De pommes caramélisés. Une odeur indubitablement sucrée, qui aurait normalement écœuré Steve, mais il en raffolait. Il voulait y enfoncer son nez pour toujours, garder le petit corps de l'Oméga contre lui et sentir son souffle sur sa gorge.
— Je t'aime, grogna-t-il contre son oreille, avec un sentiment de possessivité si fort qu'il aggrava sa voix d'aux moins deux octaves.
Peter frissonna violemment et sa respiration se coupa. Mais Rogers savait qu'il ne lui avait pas fait peur, il entendait son cœur, sentait sa température corporelle, chacune de ses réactions. Et il savait que Parker était excité.
— Je… t'aime aussi. Tellement.
Sa petite voix aurait pu être inintelligible, mais c'était Steve qui écoutait.
xXx
.
Peter commençait à paniquer.
Il s'était habillé trois fois, avait regardé l'horloge dix-sept fois, avait trituré son téléphone tout du long et avait joué tous les arguments « contre » dans sa tête. C'était une très mauvaise idée, que faire s'il lâchait des paroles incriminantes ? S'il laissait le doute ? Si Steve le regardait comme s'il l'avait trahie ?
(Ce qui était le cas de toute façon.)
Il n'avait rien dit à Ned ni à MJ parce qu'il ne voulait pas avoir à supporter leur excitation en plus de la sienne et il le regrettait un peu à présent. Il avait besoin de parler à quelqu'un, il avait besoin de parler de tout ce qui lui faisait peur et de demander des conseils, mais il était seul avec ses pensées et elles tournaient en boucle.
Lorsque la sonnette retentit, Peter sursauta si fort qu'il s'accrocha au plafond.
C'est lui ? il est là ?
Il vérifia sa tenue lorsque la sonnerie retentit à nouveau et se précipita pour ouvrir la porte… et ses épaules se détendirent brusquement en voyant Steve. Chaque questionnement, chaque problème se volatilisa derrière un nuage de contentement.
— Hey, commença-t-il maladroitement.
— Hey, répondit Rogers en souriant. Tu es très beau.
Peter n'avait mis qu'une chemise rayée (la seule qu'il avait), un pantalon noir et une veste noire (qu'il avait emprunté à un de ses voisins) – et il trouvait que l'ensemble n'allait pas bien. Surtout avec ses baskets, mais il n'avait pas les moyens d'acheter grand-chose. Il remonta ses lunettes d'un geste nerveux et attrapa sa veste pour suivre Cap.
— Ne sois pas si nerveux Peter, ils ne mordent pas, s'amusa Steve. Enfin, je vais les en empêcher.
Parker s'excusa maladroitement avant de recevoir un baiser qui le fit taire. Ils montèrent dans la voiture – il avait dû l'emprunter à Tony, parce que Steve n'avait que de motos). Il n'était pas très tard mais il faisait déjà quasiment nuit. Si Peter avait utilisé ses toiles, il serait arrivé à la Tour en moins de cinq minutes. Mais ils passaient par les routes et se retrouvaient dans le Traffic et les feux rouges. Ce n'était pas plus mal car le garçon pouvait se détendre au milieu des blagues de Steve et de sa bonne humeur.
— Tony va peut-être parler beaucoup, et Queens… enfin, Spider-Man ne va pas aider. Ils sont terribles ensembles, sourit doucement Steve.
Peter ravala la boule dans sa gorge. Spider-Man ne sera pas là ce soir, il avait prévenu Tony qu'il serait occupé ailleurs sans donner trop de détails.
Spider-Man serait là sans être là, ce que personne ne saurait.
Steve gara la voiture dans le sous-sol et le conduisit jusqu'à l'ascenseur du fond. Peter devait faire comme s'il ne connaissait rien, comme s'il découvrait les lieux pour la première fois, mais puisque Peter Parker était timide et réservé, il n'avait pas à trop en faire.
Heureusement.
Rogers lui avait pris la main tout du long et lui lorsque les portes s'ouvrirent, il lui donna un baiser d'encouragement.
— C'est partie, lança-t-il avec humour.
Il y avait déjà du bruit : musique, conversation, rires. Peter sentait les effluves de bonnes cuisines : steak, riz, pomme de terre, salade, vin. Quelqu'un avait cuisiné ? Ce n'était pas trop leur genre, peut-être Steve avant de partir ? Il se débrouillait, ou alors Wanda, il sentait son parfum.
Lorsqu'ils avancèrent, ils n'eurent pas le temps d'arriver jusqu'au bar qu'ils croisèrent Pepper et Happy, en route pour la cuisine. La jeune femme s'illumina d'un sourire ravi et se présenta en l'embrassant. Rhodey lui serra la main, et alors que Pepper commençait la conversation, Clint arriva derrière et les interrompit.
— On va peut-être le laisser aller s'asseoir, non ? demanda Rhodey.
— Oh, oui, bien sûr !
Pepper se décala tandis que Clint le guidait sans s'arrêter de parler. Steve leva les yeux au ciel avec affection et suivit le groupe en espérant que personne ne traumatiserait son petit-ami.
Arrivés au séjour, Thor leva haut son verre à leur approche et Sam lâcha un « Voilà la star du moment ! ». Tony était au fond, vers le billard avec Barnes, Jane et Scott. Peter se perdit dans un méli-mélo de poignées de mains, de présentations, de blagues légères et d'humeur chaleureuses. Lorsque Tony vint vers eux, et que Steve fit remarquer que Spider-Man n'était nulle part, Stark se contenta de soupirer.
— Il n'a pas pu venir.
Steve et Tony s'échangèrent un regard que Peter n'eut pas le temps de comprendre puisque Bucky vint lui souffler à quel point Steve était dingue de lui.
Peter se remontait ses lunettes régulièrement et gardait les yeux bas, un peu chamboulé par toutes les informations qui l'assaillaient. Steve restait près de lui pour le soutenir, reprenait la conversation au vol lorsqu'il voyait que Parker était éprouvé, mais tout le monde voyait bien comme il était sensible.
Peter aurait voulu parler comme d'habitude avec eux, il aurait voulu dire à la femme de Clint que son mari avait déjà raté une mission parce qu'une souris lui avait fait peur, ou encore rappeler à Tony que son expérience pour avoir une cuisine automatique avait failli détruire la Tour et que de ce fait, il n'était peut-être pas la personne la plus sûre qui soit. Mais il se contentait de sourire aux blagues, de les regarder du coin de l'œil, de refuser poliment lorsqu'on lui proposait un verre.
— Alors, comment vous êtes-vous rencontré ? demanda Natasha en ramenant ses cheveux en arrière.
Steve était en train de dire à Clint de ne pas jouer aux fléchettes avec Tony, parce qu'ils allaient se battre et que Bucky allait les rejoindre, et qu'ils finiraient par faire des paris idiots. Sarah, la sœur de Sam, demanda à Barton de l'aider à ramener les plats pour désamorcer la situation.
— Oh, on s'est rentré dedans. Dans un café…
— Ça a dû faire mal, Steve est une armoire à glace, rit Bucky en finissant son whisky.
— Il sait se contrôler contrairement à d'autres, lâcha Peter sans y penser.
Il écarquilla les yeux face à ses paroles et se mordit la lèvre sous les rires des autres. Sam se moqua ouvertement de Barnes, Bruce cacha son rire derrière une poignée de chips, et Wanda explosa de rire si fort qu'elle fit éclater un vase. Vision, quant à lui, lâcha simplement un « Mmh » qui laissait entendre qu'il était bien d'accord.
— J-je, pardon, je ne voulais pas…
— Sauvage, je vois pourquoi le punk t'aime, acquiesça Bucky en levant les yeux au ciel.
Il lui tapa amicalement l'épaule et Parker eut un petit sourire.
— Spider-boy t'aurait beaucoup aimé. Dommage qu'il soit pas là.
Steve vint à leur niveau pour annoncer qu'il était temps de manger. La table était grande et bruyante, remplie à craquer. Ils avaient tous amené un petit quelque chose, Peter se sentit mal d'être venu les mains vides.
— Tu plaisantes ? On a de quoi faire, rit Sarah pour le rassurer.
La Tour avait déjà accueilli des fêtes, mais jamais avec seulement les proches. Laura était aussi chaleureuse que si elle avait été chez elle. Sarah faisait taire toutes disputes et Jane écoutait toutes les conversations avec fascination. Vision avait encore un petit côté coincé qu'il n'arrivait pas à masquer, il penchait la tête chaque fois que quelqu'un était sarcastique.
Barnes avait l'air de bien l'aimer, ce qui était étrange. Il se penchait pour lui chuchoter (assez fort) des anecdotes sur Steve. Qu'avant, il mettait du journal dans ses chaussures, qu'il essayait désespérément de draguer sans y arriver, qu'il avait une fois arraché la perruque d'un passant qui l'avait trop énervé. Steve le faisait taire en menaçant de lui frapper le bras, mais rien n'arrêtait Barnes.
Chaque fois que Peter croisait les yeux de Steve, il lui souriait avec amour et lui caressait la joue. Et chaque fois, Tony sifflait et Barnes mimait un baiser.
— Ils sont idiots, ne t'en fais pas, murmura Steve tout bas.
Le repas était vraiment délicieux. Ils lui portèrent un toast pour ses examens, et Tony lui annonça d'ailleurs qu'ils devaient en parler ensemble. Apparemment, il avait jeté un œil à ses notes et trouvaient que son talent était gâché, et il voulait lui offrir un stage dans son entreprise, dans la section recherche et développement.
Peter rougit et ne put dire quoique ce soit, car même si l'offre était fantastique, il ne pouvait pas se le permettre. Il aurait bien trop de mal à cacher son identité s'il travaillait pour Tony et chez les Avengers – dont le bureau se trouvait en haut de cette même Tour !
La musique était sympathique, c'était sans doute Pepper qui avait forcé Tony à varier le son : il n'avait pas entendu une seule musique de AC/DC ou de Black Sabbath. Ils étaient allés s'installer sur les canapés, paresseusement, en formant quelques groupes de conversations. Clint, Laura et Sarah avaient dû partir, à cause des enfants. Pepper était restée plus longtemps mais était rentrée car elle avait un vol à quatre heures du matin et qu'elle voulait dormir un peu. Peter ne pouvait pas lui en vouloir.
Rhodey, Wanda et Sam étaient un peu pompettes. Jane et Tony étaient bien plus touché… Stark avait renversé son dernier verre et Vision avait décrété qu'il ne boirait plus. Il lui servait un cocktail sans alcool chaque fois qu'il voulait encore boire, sans l'informer de ce fait. Il s'était mis à se disputer avec FRIDAY pour des broutilles, Rhodes l'avait fait taire en lui enfonçant une madeleine dans la bouche. Jane s'&était évanoui sur Thor, par terre.
— Tu étudies la mécanique, Peter, c'est ça ? demanda Bruce en gardant un œil sur Tony, qui avait l'air d'être outragé par la cacahuète qui avait refusé de tomber dans sa bouche, et qui était à présent sur le sol.
— Ingénierie et mécanique quantique, oui… Je suis aussi des cours de biomécanique et de biologie, mais juste parce que je m'incruste…
Steve lui ramena une mèche derrière l'oreille alors que Natasha sifflait. Une autre grosse tête, dit-elle gentiment. Dommage que Tony soit si torché, il aurait adoré se perdre dans une conversation scientifique.
— C'est pas plus mal qu'il soit H. S., rétorqua Sam en prenant une gorgée de bière.
Barnes lui claqua le poing en secouant la tête. Ils n'étaient pas fans des discussions de nerds. Bruce les regarda du coin de l'œil et Wanda leur lança une poignée de pistaches.
Bruce lui posa des questions sur sa formation, ses projets, Peter se triturait le doigts en répondant, ils se perdirent vaguement dans la biologie. Banner fut impressionné par ses connaissances, puisque Peter ne suivait que quelques cours optionnels. Il ne savait pas que Peter – non, Spider-Man, parlait de science avec lui au moins une fois par semaine, et qu'il en avait donc beaucoup appris.
Encore une fois, la culpabilité pinça sa poitrine.
— Ce sera mon stagiaire dès le mois prochain, déclara Tony en louchant.
— Non, je ne crois pas, Tony, le reprit Bruce en voyant la panique de Parker.
— Dans deux mois ? tenta Stark.
Natasha le poussa doucement à s'allonger sur le canapé et le força à fermer les yeux. Il ne tarda pas à ronfler. Sam et Bucky s'amusèrent à faire tenir des objets en équilibre sur son torse et son visage.
— Vous êtes si stupides, souffla Natasha.
Wanda les aidait en faisait flotter les objets et en les gardant en équilibre. Peter cacha un rire sous sa manche et se laissa tomber contre l'épaule de Steve. Il avait bu trois verres, parce que ça sentait sucré (c'était un cocktail avec de la mangue et de l'ananas) et son petit cœur s'était allégé. Barnes était plus supportable que d'habitude, parce que même s'il essayait d'être naturel, il fournissait des efforts pour ne pas le charrier. Il se contentait de lancer des regards à Steve.
Peter se tourna pour s'appuyer contre Rogers, enfoncer son nez sur sa gorge.
— Hey, tu es fatigué ? chuchota Steve en souriant contre ses cheveux.
— Mmh, mmh…
Steve sentait bon et fort. Son corps était chaud, son cœur battait fort, et il avait les plus beaux yeux du monde.
Et Peter avait envie de coucher avec lui.
Il n'écouta plus trop la conversation. À un moment, Wanda et Vision firent un concours de bras de fer, et Tony se réveilla quelque part dans la soirée, pour leur faire un exposé détaillé sur le Starkium, ou l'onde des répulseurs, ou les bénéfices du titane, il n'avait pas trop suivi. Bruce avait essayé de le faire asseoir, mais il s'était pris un coup de coude, et Sam avait tellement rit qu'il était presque tombé.
Peter s'endormit.
xXx
.
Il faisait encore nuit lorsqu'il rouvrit les yeux, persuadé de s'être assoupi durant quelques minutes seulement. Il était toujours contre Steve, toujours dans la salle de bar, sauf qu'il n'y avait plus aucun bruit. Tony dormait toujours dans le canapé d'en face, mais il n'y avait plus personne.
— Déjà réveillé ? marmonna une voix, si grave qu'elle le fit frissonner.
Peter avait mal au dos. Il se tourna sur Steve en bâillant et l'enferma dans un câlin.
— Tu aurais dû me réveiller, je dors depuis combien de temps ?
— Eh bien, il est… quatre heures du matin, donc ça fait bien trois heures.
Il avait l'air un peu amusé, Parker se frotta les yeux en lui demandant pourquoi il ne l'avait pas réveillé.
— Comment aurais-je pu ? tu dormais si bien. Et puis la fête s'est terminée il y a seulement une heure.
Il lui frotta le dos et sentit que l'Oméga risquait de s'endormir encore, alors il lui proposa d'aller se reposer à son étage. Abruti de fatigue, Peter marmonna un acquiescement et se laissa soulever. Il s'accrocha comme un panda à son bambou, les yeux à moitiés fermés, les chevilles croisées dans le dos de Rogers. Tony n'avait pas bougé du tout.
Une vague de parfum l'éclaboussa lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur l'étage de Steve. Il ronronna de contentement et s'avachit complètement, Steve dû le soutenir pour éviter qu'il ne tombe. Il faillit trébucher en sentant le pic dans le parfum de Peter, et l'indubitable odeur sirupeuse de son excitation. Il se rattrapa au mur en grognant.
— Steve, gémit Peter en embrassant sa gorge.
Rogers parvint à l'amener jusqu'à la chambre, assez grande et confortable. Il y avait aussi des photos, des dessins, des cadeaux qu'on lui avait faits et même des poids pour s'entraîner (allant de six-cents à trois milles kilos, c'était Tony qui les avait créés). Steve ne les utilisait pas beaucoup, sauf s'il restait à son étage pour se détendre, il en attrapait alors un ou deux pour passer le temps.
Il déposa Peter sur le lit et tenta de s'arracher à sa prise, mais les bras et les jambes de Peter étaient solidement accrochés. Il ne voulait pas lui faire mal non plus, mais impossible d'enlever ces jambes tentatrices.
— Peter, lâche-moi s'il te plaît, murmura-t-il avec désespoir.
Mais les bras se raffermir autour de lui et d'un mouvement, Peter déséquilibra Steve et le fit tomber sur le lit. Bien que Rogers n'y ait mis aucun effort, se faire balayer restait surprenant. Ce n'était pas la première fois que Parker montrait une force étonnante, le petit cachait bien son jeu.
Il abandonna la lutte et dormit à côté de son Oméga en diminuant sa respiration autant que possible. Il ne dormit pas beaucoup, mais regarda longuement le visage apaisé de Peter. Il était si chanceux de l'avoir rencontré, si chanceux de pouvoir être avec lui… Pour la première fois de sa vie, Steve espéra que la nuit serait très longue.
Il était heureux.
xXx
.
Tout moment de bonheur avait une fin, n'est-ce pas ?
Peter Parker passait les meilleurs moments de sa vie – les pires également. Le bizutage avait cessé il y avait quelques années, mais il reprenait doucement. Sur Internet, il y avait des MEMEs méchants, moqueurs, des tweets cruels, des hashtags malveillants. Mais à côté de cela, le sourire de Steve était entièrement tourné vers lui, donc il s'en fichait un peu.
Ils avaient du mal à rester anonyme parfois, les gens les filmaient aussitôt et chuchotaient à leur passage, mais la plupart ne venait pas les déranger.
Dans la Tour, les Avengers étaient heureux pour Steve. Ils lui donnaient parfois des conseils pour leurs rendez-vous, demandaient des détails parfois, que Steve faisait taire autant que possible. Lorsqu'il regardait Spider-Man, il avait un air de gêne et de culpabilité que Peter ne comprenait pas du tout. Le garçon lui parlait normalement, continuait ses blagues, mais Steve avait l'air de ne pas vouloir trop en parler. Ils n'étaient pas moins proche, Cap continuait de le prendre sous son aile, de rire de ses idioties, de s'entraîner avec lui, mais chaque fois que la conversation allait vers sa relation, il éludait tout bonnement.
Il s'était rendu compte que Tony faisait cela aussi.
Est-ce que par hasard… ils avaient compris ? Était-ce une manière détournée de faire comprendre que Steve était à l'aise avec Peter, mais qu'il avait du mal à concevoir une relation avec Spider-Man ? Tony était amplement apte à effectuer des recherches sur une personne, il aurait pu décider de checker le background de Peter Parker et se rendre compte qu'à chaque disparition, Spider-Man survenait. Il aurait pu se rendre compte que Spider-Man allait souvent dans la direction où il habitait, il aurait même pu le voir se faufiler par une fenêtre ?
Peter angoissa terriblement après ces pensées. Il évita Steve durant une semaine, alors que la période d'examen était terminée. Il n'avait donc pas de réelles excuses, mais il utilisa la carte de sa famille et ses amis. Il alla rendre visite à May, il fit quelques sorties avec MJ, Ned et Camille. La jeune fille était gentille et vraiment amoureuse de Ned, c'était adorable. Et terrible, puisque Peter pensait sans cesse à Steve.
Il s'accrocha au plafond de la Tour Stark pour fuir une araignée qu'il avait vu vers le canapé. Tony avait décidé de partir pour ne pas s'infliger plus de stupidités et avait dit à Peter de le rejoindre quand il aurait fini, et Clint avait tuée l'araignée en lançant un cure-dent. La pauvre, il trouvait cela cruel, et Barton avait cligné des yeux en s'excusant et en promettant de partir la prochaine fois pour qu'il puisse s'en occuper seul. Peter avait repris ses paroles aussitôt.
Il avait donc gambadé jusqu'au labo en papotant avec FRIDAY, avait travaillé avec Tony sur un système de nanopuce qui aurait permis au milliardaire de garder un lien avec son IA si son armure était hors service. Peter lui avait dit que ce serait cool s'il pouvait téléphoner directement, et envoyer des messages, et Tony avait été d'accord, et il avait surenchéri en voulant contrôler toute sa Tour par l'esprit.
— La matrice est universelle. Elle est omniprésente…
— Tais-toi gamin, le coupa Stark en lui jetant une feuille virtuelle à la figure.
Steve, Natasha et Sam étaient apparemment allé faire une intervention auprès de la S.W.O.R.D. Bucky s'était isolé parce qu'il avait son rut, il serait donc indisponible durant les deux ou trois prochains jours. Normalement cela ne durait qu'un jour, mais il était amélioré. Tony avait eu le sien en début du mois, et il était frais comme un gardon le lendemain.
Peter se demandait quand viendrait la période de Steve. Peut-être était-elle déjà passée.
— Tu as raté la visite de ce très cher Peter Parker, Spidey, lâcha Tony alors qu'ils étaient concentrés sur des micros-technologies.
— Hein ?
— Reste concentré.
Tony poussa son visage pour le forcer à regarder leurs mains. Peter trembla et failli arracher une fibre.
— C'est dommage, tu l'aurais aimé. Un petit nerd fan un peu timide, mais une fois qu'il parle, il se lâche, hein. Il a même lancé des piques à Barnes !
— A-ah bon ?
Il l'écoutait en angoissant, il ne pensait devoir se préparer à ce que Spider-Man doivent parler de Peter Parker. Ils étaient la même personne, mais si dissemblable… Il avait un peu honte de penser que sous ce masque, le petit Peter Parker se libérait de son côté pathétique avec ce personnage.
En parler avec Tony était étrange. Ce fut pire encore lorsqu'il déclara que Peter ressemblait à Spider-Man.
— Vous avez la même façon de parler parfois. Vous vous seriez bien entendu !
Peter se redressa en tremblant. Il savait forcément, il voulait simplement que Peter soit celui qui le dise. Il demanda à Stark ce qu'il entendait par là, ce qu'il voulait dire, et Tony expliqua simplement qu'ils auraient pu être ami. Steve aurait été ravie, puisque Peter avait l'air extrêmement timide. Se faire des amis l'aurait peut-être donné davantage de confiance.
Parker déglutit et secoua la tête.
— J'étais occupé, je ne pouvais pas…
— La prochaine fois alors. Steve va lui demander de passer Noël ici.
— Oh, ouais, okay…
Certainement pas.
Il ne put voir Steve qu'une semaine après. Il ne neigeait pas, mais il faisait vraiment froid. Steve avait pris ses mains pour les réchauffer et lui avait déposé un baiser sur le front. Ils étaient allés visiter un musée, Rogers lui avait expliqué ce qu'il pensait des tableaux, des statuts, des gravures. Parker, qui ne s'était jamais intéressé à l'art, apprécia d'ouvrir ses perspectives.
Et puis, lorsqu'ils furent au restaurant, Steve lui demanda s'il voulait passer les fêtes avec lui, à la Tour.
— Oh, je ne peux pas, se désola Peter en remontant ses lunettes. Je vais aller voir ma tante.
— Elle est la bienvenue également, si elle le souhaite, affirma Rogers avec attente.
Mais Peter refusa en s'excusant mille fois, car ils allaient sans doute passer voir la tombe d'oncle Ben et de ses parents, c'était assez intime, il ne voulait pas la laisser seule. Heureusement, Rogers abandonna dans un petit soupir attristé qui brisa le cœur du garçon, qui s'en voulait de mentir aussi effrontément. Steve n'avait pas donné l'air de savoir la vérité, pourtant Stark lui aurait forcément dit.
Tante May fêtait Noël avec son nouveau copain à Miami, Spider-Man fut donc de la partie pour la soirée Avengers. L'ambiance était, comme habituellement, explosive et endiablée. La musique était forte, l'alcool coulait à flot, même Thor avait pu venir. Il avait rapporté trois barils d'hydromel Asgardien et de la viande d'une créature au nom imprononçable.
Peter avait parié avec Clint que Thor allait vouloir un concours de boisson, que Tony et Barnes allaient se lancer tête la première pour boire plus qu'autre chose, et que Steve allait les tirer par l'oreille en leur demandant de faire des efforts. Tout cela se passa exactement comme décrit, Laura, Darcy et Sarah furent impressionnées. Peter alla également danser avec Natasha. Black Widow et Spider-Man, ils faisaient un bon duo. C'était elle qui menait la danse, évidemment, Peter ne savait pas danser, mais il avait un beau déhanché.
Bucky, Tony, Darcy et Thor avaient fini par boire. Avec une dizaine d'autres agents/amis/familles. Pepper avait eu du mal à s'extraire des bras de Stark, mais elle avait reçu de l'aide de Bruce. La boule noire du billard avait disparue, puis elle avait été retrouvée dans la barbe de Thor – personne ne savait comment elle s'était retrouvée là. Jane avait vomi dans un saladier pendant que Darcy, plus loin, commençait un striptease.
Peter éclata de rire.
Steve avait pris deux verres de cet alcool Asgardien, ses joues étaient adorablement roses. Peter aurait voulu les mordre et se câliner contre lui, mais il devait se contenter de le regarder de loin. Cap avait parfois ce petit regard lointain de chagrin, qu'il écartait très vite pour reprendre conversation et blague. Lorsque Spider-Man pu s'approcher pour discuter également, Rogers avait cette expression coulante de tendresse qu'il pourrait avoir devant son fils.
Merde.
— Je te parie que Clint va vouloir chanter.
— Ce n'est pas un pari, mais une évidence, sourit Steve en prenant une gorgée.
Ils éclatèrent de rire lorsque Clint poussa belle et bien la chansonnette, que Vision décida de l'accompagner sans comprendre et que Bucky leur lançait une fleur en plastique. Tout était si stupide, c'était parfait.
— J'aurais peut-être dû demander à rester avec lui, lâcha brusquement Steve.
Peter sursauta en demandant de quoi il parlait. Rogers se demandait s'il aurait dû demander à son petit-ami s'il voulait passer les fêtes ensembles. Il était parti du principe que cela devait se faire à la Tour, mais il ne s'était rendu compte qu'après coup qu'il pourrait très bien les passer ailleurs. Avec lui, avec sa famille. Avait-il été insensible ?
Parker n'y avait pas pensé du tout. Il tenta de réconforter Steve autant que possible, mais l'homme tira son téléphone pour envoyer un message à Peter. La petite icône apparut, il cligna des yeux pour l'ouvrir et lu tout en affirmant à Rogers qu'il réfléchissait trop.
« Hey, joyeux Noël, passe le bonjour à ta famille aussi. Tu me manques. Je t'enverrais des photos de Bucky ivre, je crois qu'il arrive à sa limite. Si tu me le demandes, je peux te trouver des photos de Tony en train de parler à une bouteille vide. »
Peter failli rire. Il utilisa le morse pour taper une réponse, selon ses clignements d'yeux.
« Joyeux Noël à toi aussi, et je veux absolument ces photos ! Ma tante te passe le bonjour aussi. J'espère que tu t'amuses bien »
Si étrange de parler avec Steve et de lui envoyer des messages.
— J'aurais dû demander quand même, non ?
— Est-ce que tu lui fais si peu confiance que ça ? osa Parker.
Steve s'arrêta dans son message sans comprendre. Peter expliqua que s'il l'avait voulu, son copain le lui aurait proposé. Ils étaient ensemble depuis un peu plus de deux mois maintenant, c'était peu, mais vu comme Steve en parlait, ils avaient l'air de très bien s'entendre. Peter lui aurait demandé, et si Steve se mettait dans ces états seuls, c'était qu'il ne lui faisait pas confiance.
Rogers secoua la tête.
— Non, non, je lui fais confiance. Il est… timide. Conciliant. J'ai peur qu'il se force, parfois, pour me faire plaisir.
— Oh… C'est une conversation qu'il faut que tu ais avec lui…
Rogers soupira et se massa les yeux. Il avait l'air dévasté, mais Peter ne savait pas pourquoi.
— Je suis désolé d'en avoir parlé, je n'aurais pas dû…
— Quoi ? Non, je suis content de t'aider, Cap !
Pourtant Steve eut l'air désolé. Mais avant qu'il ne puisse demander pourquoi, Thor offrit un autre verre à Steve et le tira jusqu'à la télévision. Un nouveau message popa dans le coin gauche de sa vue.
« Je t'aime, j'espère qu'on pourra se voir bientôt »
Peter se demandait pourquoi Steve réagissait comme cela devant Spider-Man. Cela ne ressemblait pas à quelqu'un qui connaissait l'identité de son petit-ami, ni à quelqu'un qui se sentait trahi. C'était comme si… il se sentait coupable de quelque chose. Peter aurait voulu lui demander, il devait savoir, mais Steve se retrouva au milieu de la fête et bu un peu plus que d'habitude. Lui avait un peu de mal à manger et boire avec le masque, mais il avait développé une technique avec une paille qui faisait rire tout le monde – et qui avait failli donner une crise cardiaque à Clint. Et Thor avait cru à un accident et avait sommé Cho de venir sauver la vie de la petite araignée.
La fête était sympa.
Peter s'endormit de l'autre côté du bar, après avoir laissé Bucky attaché au plafond. Il s'était endormi là. Le plafond était juste assez haut pour que personne ne le voit sans le chercher.
Il avait la tête qui tournait un peu à son réveil mais rien de bien grave. Tout le monde dormait encore, sauf Vision et Wanda qui repartaient. Clint, Laura et Sarah étaient partis très tôt ce matin. Deux jours plus tard, Steve et Peter eurent un rendez-vous assez mignon et un peu coincé, parce que Cap s'excusait encore de n'avoir pas pensé à rester avec Peter et le garçon le rassurait comme il pouvait. Il sentait que, cette fois, pour le Nouvel An, il se sentait devoir accepter. D'être dans la Tour Stark. Même s'il ne se sentait pas prêt.
Mais Steve n'alla pas en ce sens : il proposa un petit week-end quelque part, peut-être en Californie, ou en Floride ou là il voulait. Ils pouvaient même passer quelques jours à l'étranger, cela leur ferait du bien. Peter était heureux de la proposition, cela lui ferait extrêmement plaisir, mais il n'avait pas les moyens pour un voyage et il ne voulait pas laisser Rogers payer. Il aurait dû avoir un job étudiant, maintenant qu'il avait une relation, il ne pouvait pas se permettre de n'avoir aucun argent.
— Et si… on passait la soirée chez toi ? souffla Peter. À ton appartement ?
Il sentit le souffle de Steve se couper, vit ses yeux s'ouvrir de surprise contenue. Peter savait que son message était passé, il sentait que Cap saisissait ses pensées. Où cela pouvait mener. Il n'avait pas cherché à être discret, justement, et il était heureux de ne pas avoir à subir la honte d'être incompris. Ils déglutirent tous les deux péniblement.
— O-ouais, d'accord. Je passerai te chercher.
Peter serra les jambes et acquiesça. Enfin, ils y arrivaient. Ils allaient passer le cap, approfondir leur relation… Et Peter perdrait sa virginité.
Évidemment, tout ne se passa pas comme cela.
Trois jours, ils avaient juste à patienter trois jours… ! Pourtant la veille du Nouvel An, alors que Peter stressait à mort, qu'il avait préparé trois tenues différentes, qu'il avait fait trois shampooings et qu'il avait hydraté tout son corps, un bruit inattendu lui fit lever la tête. Il regarda par la fenêtre sans rien voir avant de vérifier KAREN sur sa montre.
— L'entrepôt de Damage Control a été attaqué. Treize explosions simultanées ont quasiment détruit l'un des bâtiments.
— Comment est-ce possible ? La sécurité est niveau Stark Industries ! s'exclama-t-il alors qu'il était déjà changé et qu'il sautait par la fenêtre.
— Je repère une défaillance dans les caméras. Le flux a été brouillé durant 0,28ème de seconde, et un enregistrement est ensuite passé.
Il voyait la fumée de l'autre côté, un énorme amas noir qui s'évasait. Il s'y rendit le plus vite possible et reçu une communication de Tony.
— Où es-tu, petit ?
— Je vais sur place ! J'y suis dans quelques minutes.
Tony lui fit promettre de les attendre avant de sauter dans le tas. Peter rétorqua qu'il avait un doctorat pour sauter où il voulait, et comme cela sonnait un peu bizarre, il reprit ses mots et demanda s'il pouvait ramper dedans. Cela ne sonnait pas beaucoup mieux, Tony coupa la communication.
L'entrepôt était éloigné, heureusement, mais beaucoup de personnes avaient accourus pour voir ce qui se passait. Des journalistes étaient déjà là, Peter s'occupa de dresser des barrières à l'aide de ses toiles. Tony arriva à ce moment-là et félicita sa démarche. Ils rentrèrent dans le bâtiment et aidèrent à sortir les employés encore prisonniers.
— Bébé, retrace-moi l'origine de cette panne, demanda Stark alors qu'il éteignait les flammes.
— Oui msieur !
— Je parlais à FRIDAY, gamin…
— Oh… Je peux aider quand même, chéri, il n'y a pas que FRI-
Il soupira et coupa à nouveau sa communication. Ce gamin était une nuisance parfois, il devait trouver un moyen d'empêcher le son de sa voix de transparaître par son costume.
Cap et Natasha arrivèrent peu après. Les autres étaient dispersés, en mission ou en intervention. Tony avait eu le temps de comprendre qu'une énorme quantité de produits avaient été volés, mais aucune voiture n'était sortie. Ce qui était étrange, car comment auraient-ils fait pour…
— Les fondations ont été vraiment ébranlés de ce côté. Le sol est détruit.
… Peut-être par les sous-sols alors. Steve et Nat étaient déjà sur place, alors Tony et Peter s'y rendirent au plus vite. Mais ils entendirent Natasha lâcher un cri rauque dans leur com' et quelques bruits inquiétants.
— Kim Possible ? tenta Stark. Mister Freeze ?
Steve eut le temps de leur dire que certains malfrats étaient encore là avant de devoir y retourner – en plein combat sans doute. Peter était le plus loin, et il fut ralenti par une autre explosion. Il avait heureusement réussi à reculer à temps, merci la petite antenne, mais le choc l'envoya contre un mur et coupa sa respiration.
— Queens ? Queens !
— Ça va… ça va… ! Un peu soufflé…
Il se releva à peine que quelque chose lui cogna la mâchoire. Quelqu'un lui attrapa le col et l'envoya contre un mur avant qu'il ne puisse donner l'alerte :
— Les gars, j'en ai un aussi !
Il esquiva trois coups d'affilés et se colla au plafond alors que Tony lui demandait de quoi il parlait.
— J'en sais rien, mais j'ai une sorte de… mille-pattes géant qui m'attaque ?
— Je suis Ultra-Mecha !
— Oulà, quel nom pourri… va falloir te trouver autre chose ! s'exclama-t-il en esquivant ses bras… et sa queue.
Il entendit Steve annoncer qu'il viendrait l'aider avant d'être arrêté par un autre vilain, sans doute. Peter se demandait ce qu'il se passait de leur côté, mais il n'y avait qu'une manière de le savoir : terminer en vitesse. Il avait déjà réussi à arracher deux bras lorsqu'une autre secousse fragilisa le bâtiment. Il se reçut un bout de plafond sur la figure, mais au moins, le mille-pattes disparut derrière un amas de béton, de tuyaux, de câbles…
Il se dépêcha de partir en demandant ce qui se passait. Tony annonça qu'un gros camion avait explosé un mur et partait, qu'il était en train de le suivre pour l'arrêter. Natasha avait pu récupérer la moto de Steve pour partir, et Cap s'était retrouvé seul avec deux gars – qu'il venait de mettre à terre. Parfait donc, ils se rejoignirent à l'extérieur pour aider Iron-Man.
Et puis Peter se rendit compte qu'il était un peu coincé. Tout s'était effondré autour de lui, la poussière redescendait difficilement et il ne voyait aucune sortie. D'après KAREN, il y avait plusieurs tonnes au-dessus de lui, elle analysait tout à la vitesse de la lumière mais à part des zones dangereuses, il n'avait pas beaucoup de marge de manœuvre. S'il bougeait malencontreusement les gravats, il risquait de s'enterrer. Au fond, il y avait un énorme tuyau d'aération qui l'aiderait à traverser, mais il ne savait pas si l'autre côté serait libre.
Steve lui demanda de ne pas bouger.
Cap était déjà dehors, il contourna le bâtiment pour le rejoindre, et dû entrer par une fenêtre pour s'approcher de la partie détruite.
— Je ne vois pas le conduit auquel tu fais référence, Queens.
Il s'était pourtant placé au sud-est, mais il n'y avait rien… Il demanda à Spider-Man de s'y rendre, s'il s'approchait assez, il saurait où déblayer pour le sortir de là.
— Okay, okay… Si je meurs, dites à Mr. Stark que je l'aime… !
— Doucement Queens, tu seras dans le tuyau, ça va aller, rit Steve en s'accroupissant.
Cette partie n'était pas trop instable d'après KAREN, il pu donc dégager l'entrée, pendant que Tony immobilisait la camionnette et se retrouvait apparemment propulsé par une mante religieuse… ?
— Ça se complique, il y a deux autres voitures qui nous gênent, dit Natasha.
— On arrive au plus vite, assura Steve.
Lorsque Peter réussi à entrer dans le tuyau – il devait avoir l'air ridicule, heureusement que Clint ou Barnes n'étaient pas témoins. Il mourait de honte… Il appela Steve pour lui donner sa localisation tout en retirant ce qui bouchait l'autre côté. Cap se mit donc à dégager les gravats. Ils pouvaient se parler de vive voix à présent, mais il devait bien y avoir deux mètres de bétons en miettes qui les séparaient.
C'était idiot d'être retenu par cela.
Tony avait juste à passer à travers les murs, Natasha ne se serait jamais laissé enfermer comme ça, et Rogers… il aurait tout explosé sans que rien ne s'effondre, lui et sa chance légendaire. Parker était vraiment à la ramasse, mais bon, heureusement l'affaire avait l'air plus grave qu'elle ne semblait. L'entrepôt était vide, Tony et Natasha étaient en train d'arrêter les malfrats, les dégâts n'étaient que matériels.
— Oh, je crois qu'on y est ! dit-il en voyant les pierres retomber.
Et puis il entendit un énorme bruit résonner au moment où il voyait la lumière du jour. Il n'eut pas le temps de se retourner que quelque chose l'attrapa et le tira en arrière – lui arrachant le cri le moins viril du monde.
— Queens ! s'écria Rogers en passant le bras par réflexe.
Mais Peter était tiré en arrière par le mille-pattes, bien amoché certes, mais qui pouvait encore se battre apparemment. Il s'agissait d'un homme bien baraqué, qui portait une sorte d'exosquelette qui partait de sa nuque jusqu'en bas du dos. Il avait également une coque autour de la tête. Il éclata Peter contre une poutre en fer avant de le jeter contre un mur à l'opposé. Heureusement, il l'avait vaincu une fois, il pouvait recommencer. Il immobilisa les deux pattes restantes, se prit un coup de boule qui aurait pu lui casser le nez s'il n'avait pas tourné la tête.
L'homme sorti de sa combinaison et sorti un couteau qu'il pointa aussitôt vers Peter. Il suffit d'une clé de bras et d'un coup bien placé pour le neutraliser, juste au moment où Cap sortait du tuyau pour le rejoindre.
— Oh, on dirait que ça va, dit-il en l'aidant à se relever.
Peter était fort tout en étant léger, il sauta donc sur ses pieds dès la petite traction de Steve et se massa la tête. Le coup avait fait mal, il sentait le sang suinter à l'intérieur du costume. Il se laissa faire lorsque Steve prit son menton pour rejeter sa tête en arrière, et réalisa à peine que Cap le regardait avec plus que de l'inquiétude.
— Tu… tu es… ?
— Ça va, à peine blessé ! Ça sera guéri dans dix minutes. Ou peut-être trente, se ravisa-t-il en grimaçant.
Ils étaient très proches. Lorsque Peter releva les mains pour se tenir la tête, il effleura le torse de Cap et voulu reculer, mais Steve le rapprocha encore. C'était étrange – enfin, l'Alpha se serait naturellement inquiété pour lui, bien sûr, mais… mais il y avait quelque chose.
Il n'avait pas vu que son costume s'était déchiré au niveau de l'épaule et de la gorge. Et que son parfum était très perceptible.
— Vilains pas beau attrapé, Cap, dit Tony.
Peter allait dire qu'ils n'avaient vraiment pas fait grand-chose et qu'ils feraient mieux de sortir, mais il sentit la main de Rogers s'attarder sur sa mâchoire, et son autre main se poser près de son épaule. Les doigts étaient légers, hésitants, Peter sentait le sang descendre sur son œil. Il argua qu'il n'était que peu blessé, qu'il ne comprenait pas l'inquiétude de Cap, jusqu'à sentir ses doigts sur son épaule. C'était étrange, comme s'il avait la pulpe chaude de ses doigts directement sur sa peau et pas…
Peter écarquilla les sourcils et recula. Tête vide, il observa son épaule nue puis le visage de Steve et recula encore.
— Je, je…
Il l'avait senti, il l'avait reconnu, il n'y avait absolument aucune autre possibilité. Steve le regardait avec surprise, choc – déception aussi, quelque chose qu'il n'aurait jamais cru voir dans ces yeux bleus. Son parfum était brouillé, perturbé – c'était lui qui était responsable. La panique glaça son estomac et bloqua ses cordes vocales.
Durant une infime seconde, il revit le visage souriant et chaleureux de Steve lorsqu'il regardait Peter Parker, quand es grands yeux cyan se plissaient pour lui et que son rire chaud éclatait.
Avant de laisser Rogers parler, Peter se détourna pour sortir – et Cap ne le rattrapa même pas.
xXx
.
Peter se rendit chez lui, sauta hors de son costume et se recroquevilla dans sa salle de bain. Il avait vomi, s'était aspergé le visage, s'était assis dans la baignoire en allumant l'eau chaude dans l'espoir d'arrêter les tremblements. Sa blessure était guérie, mais il voyait le visage de Steve encore et encore, il sentait son odeur partout…
Il pleurait si fort que son corps se secouait.
Peter n'avait plus pleuré aussi fort depuis longtemps. Ses parents étaient morts lorsqu'il était très jeune, donc il n'avait pas beaucoup de souvenirs de cette époque. Lorsque son oncle était décédé, il était au collègue, et il en avait beaucoup voulu au monde. Il avait pleuré durant des jours, il avait refusé de manger, il avait voulu détruire le monde.
Aujourd'hui, il avait envie de s'arracher la peau, de s'exploser la tête, de mourir. Il n'avait jamais voulu blesser Steve, il n'avait jamais voulu le manipuler, il voulait juste… il avait juste envie…
« Est-ce qu'on peut… peut-être, prendre un verre, un jour ? Et… et faire connaissance ? »
Depuis le tout début, Steve avait toujours été attentionné et attentif, délicat, gentil. Il avait accepté toutes les limites de Peter, avait cherché à le connaître ingénument, s'était intéressé à lui – il avait été sincère. Et lui… il lui avait craché à la figure depuis tout ce temps. Peter lui avait menti, Spider-Man lui avait menti…
« Si tu le voyais tu penserais différemment Queens. Il est… il est adorable. Doux. Quand il sourit, ses yeux brillent, et il a les plus petites mains du monde. »
La chaîne de Steve était lourde autour de son cou, glacée, mais lorsqu'il l'entoura de ses mains, Peter ne trouva pas la force de l'enlever. La baignoire déborda d'eau, Parker pleurait encore, l'eau était agréablement chaude mais il ne sentait pas le bout de ses doigts.
« Je ne veux pas être brusque avec lui. Peter mérite tous les égards. »
Sans s'en rendre compte, Peter avait gardé une main sur son épaule tout ce temps, comme s'il voulait à tout prix caché cette partie de lui. Mais c'était trop tard, Steve l'avait regardé comme ça, Peter avait tout gâché avec une rapidité fulgurante. Il n'avait plus de relation, plus d'Avengers, plus d'estime – il avait fait du mal à l'une des plus gentilles personnes sur Terre.
« Je t'aime. »
Merde. Merde, merde, merde, merde… Il avait mal à la tête, aux yeux, à la gorge, à la poitrine… s'essuyer les yeux ne servait plus à rien, et sa morve coulait librement. L'eau était allée jusqu'au séjour, mais le bruit d'écoulement n'arrivait pas jusqu'à ses oreilles. Pas plus que le son de la porte qui s'ouvrait, ou des chaussures qui piétinaient jusqu'à lui. La première chose qu'il sentit fut le parfum avant d'être attiré dans une étreinte soudaine mais douce.
Il chercha à se dégager instinctivement, frappa le torse si fort que, s'il s'était agi de quelqu'un d'autre, il lui aurait cassé la cage thoracique. Mais Steve garda son visage contre son cou et lui caressa les cheveux sans rien dire, les vêtements complètement trempés mais la respiration calme et le parfum apaisant. Il sentait encore la poussière et le ciment, il n'avait donc pas fait de détour.
Peter aurait dû reculer, lui dire qu'il était désolé, qu'il aurait dû lui dire avant, qu'il n'aurait jamais dû mentir, mais il s'abandonna dans l'étreinte en pleurant, le corps secoué de sanglot, en priant pour que Steve comprenne à quel point il s'en voulait. Et ce ne fut que bien des minutes après, alors qu'il avait encore des spasmes de pleurs, qu'il entendit les petits chuchotements de Steve.
— Je t'aime, je suis désolé, je t'aime, je t'aime…
Il le soufflait à peine contre ses cheveux mouillés, caressait son dos sans s'arrêter. Il avait dû couper l'eau car Peter se rendit compte qu'il ne recevait plus aucune goutte sur la figure. À la place, une migraine atroce lui vrillait les yeux, sa poitrine tressautait sans arrêt, et ses yeux avaient dû gonfler. Déjà. Et lorsqu'il se calma à peu près, terrassé par la fatigue, Cap le sorti de la baignoire, le sécha et l'enroula dans une serviette, et alla l'allonger sur le lit. Tout habillé, encore un peu mouillé, à peine conscient, mais serré dans les bras de Steve.
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Peter dormit quatorze heures. Il n'avait jamais dormi quatorze heures, de toute sa vie – et paradoxalement, il avait l'impression d'être encore plus fatigué. Ses paupières étaient collées, sa joue était humide de bave, ses cheveux n'avaient jamais été aussi en pétard de toute sa vie. Lorsque l'odeur du café et du déjeuner l'atteignit, tous les souvenirs de la veille revinrent à lui et Peter se cacha sous la couette. Sa main trembla, son cœur s'enfonça loin dans ses poumons et sa respiration se hacha. S'il n'avait pas autant pleuré hier, il serait sans doute en larmes en ce moment, mais il était trop épuisé.
Steve l'entendit néanmoins. Il termina de préparer le petit-déjeuner avant de rendre dans la chambre et de soupirer en voyant la forme sous la couverture. Il déposa le plateau sur le fauteuil du bureau – car le bureau en lui-même était encombré au possible – et alla s'asseoir sur un coin du lit. Il vit très clairement Peter se tourner dans l'autre sens et se décaler un peu, comme s'il était invisible. Il entendait sa respiration aussi, qu'il essayait désespérément de calmer en vain.
— Peter ? appela-t-il doucement.
Etant donné l'état dans lequel l'Oméga avait été hier, Steve avait peur de ne pas avoir les mots. Le lit était encore vaguement humide, mais Peter n'avait pas l'air d'en être dérangé. Rogers avait vidé la baignoire, nettoyé le sol, séché et rangé ce qui traînait, puis était revenu dormir avec Peter.
Il se mordit la lèvre sans savoir quoi faire.
— Peter, s'il te plaît…
Dans un grand méli-mélo de draps et de couverture, Peter s'assit et sortit sa tête rouge et éprouvée. Il lui dit d'une voix énervée qu'il était désolé, mais la colère fondit aussitôt en regret et en sanglot. Steve voulut le prendre dans ses bras mais Peter pleurait et l'évitait, il ne put que prendre doucement sa main. Ses yeux étaient incroyablement gonflés, et il avait l'empreinte de son coussin sur la joue.
Il était adorable.
— J'voulais pas que tu l'apprennes comme ça, marmonna Parker d'une voix faible et cassante.
Il se frotta le nez et garda les yeux baissés. Steve avait mal au cœur de le voir ainsi, il se reprochait terriblement le comportement qu'il avait eu dans l'entrepôt, le silence choqué qui l'avait assaillie à la… découverte. Il avait été insensible et Peter avait interprété sa réaction et maintenant il était…
— Je voulais pas te mentir, je suis désolé, pleura l'Oméga en se frottant les yeux.
Cap caressait doucement le dos de sa main avec son pouce. Peter était épuisé, il avait du mal à articuler, il n'arrivait pas à bien ouvrir les yeux, sa respiration était lourde. Il avait besoin de manger un peu. De se laver, de s'habiller, de prendre l'air peut-être. Ou alors de paresser sur le canapé, avec lui, à regarder quelque idiotie que ce soit sur la télévision.
— Tu sais, j'ai cru que Queens m'aimait et qu'il était jaloux de toi, lâcha Steve d'une petite voix.
Peter renifla en clignant des yeux. Il ne s'attendait pas à entendre cela, il n'aurait jamais pensé que Spider-Man pût laisser entendre quelque chose comme cela, il avait toujours si bien détaché les deux personnages. Peter Parker et Steve Rogers étaient en couple, Spider-Man n'était qu'un collègue Avengers, quand aurait-il pu laisser filer des indices ?
— Lorsque je parlais de toi, lorsque j'ai dit que tu viendrais pour rencontrer les Avengers, Queens – toi, tu étais crispé et mal à l'aise, et Tony est venu me voir pour me dire que tu – que Queens m'aimait sans doute, et… s'embrouilla Steve en penchant la tête.
Il eut un petit sourire et osa un regard vers Peter.
— Mais du coup je comprends mieux, vu que tu es Queens, ça aurait été difficile de venir deux fois, rit-il doucement.
Peter fronça le nez et eut une moue de réflexion.
— Tu n'es pas en colère ? pourquoi tu n'es pas en colère ? c'est de la psychologie inversée ?
— Hein ? non, ce n'est pas de la psy- pourquoi je serais en colère contre toi ?
— Parce que j'ai menti ! pleura Peter.
Peter éclata en gros sanglot et tira la couverture pour s'essuyer les joues. Rogers s'approcha et l'attira dans une étreinte solide.
— Je comprends la nécessité de devoir garder son identité secrète, Peter, je ne t'en veux pas du tout. Je n'ai dit à personne qui tu étais, et je ne compte pas le faire.
— Tu as honte de moi ? sanglota Peter. Tu regrettes ?
— Mais non, Pete, s'il te plaît…
Pourtant Steve avait été gêné de penser que Spider-Man pourrait l'aimer, il avait été coincé et sec, Captain America n'avait jamais été coincé et sec avec Spider-Man, il s'était demandé pourquoi. Il avait toujours pensé que Peter Parker était un raté, un aspect à cacher, mais aujourd'hui il regrettait tellement Spider-Man… Mais peut-être qu'aucun des deux ne méritaient Steve Rogers, et alors qu'il débitait tout cela, l'Alpha lui prit la main.
— C'est moi qui suis désolé Peter, je… je ne m'y étais pas attendu du tout, je n'ai pas su comment réagir…
— Parce que tu regrettes… ! s'écria Parker en pleurant.
— Non, Peter, je trouve ça… excitant.
Voilà qui rendait Parker encore plus perplexe.
— Combien de fois je vais réussir à t'embrasser dans le dos des autres Avengers ? sourit Steve en séchant ses larmes chaudes. Est-ce que je vais même pouvoir te prendre la main au milieu des couloirs, et me moquer de Tony lorsqu'il me dira que Spider-Man est jaloux, alors qu'il m'a déjà.
Peter cligna des yeux, larmoyant et reniflant, et lui demanda d'une petite voix s'il faisait encore partie des Avengers. C'était une question bien stupide, car évidemment, Queens ferait partie de l'équipe tant qu'il le voudrait. Il n'en fallut pas plus pour que Parker lui tombe dans les bras – en le serrant si fort qu'il crut entendre ses os craquer – en lui scandant son amour et en lui promettant qu'il ne mentirait plus jamais.
— Tu as le droit d'avoir tes secrets Peter, et de me les révéler si tu en as envie. Je ne vais pas te forcer, jamais.
— Pourquoi est-ce que tu es si gentil ? marmonna Parker contre ses pectoraux.
— Ce n'est pas de la gentillesse, sourit Steve en lui caressant les cheveux. C'est normal, Peter.
Ils restèrent dans les bras l'un de l'autre durant de longues minutes. Le petit-déjeuner était moins bon, ils réchauffèrent les cafés et les assiettes d'œufs et de bacon, et parièrent sur qui remarquerait en premier. Natasha était très haut placée, puis Bruce et Pepper. Qui ne venait même pas les voir souvent, c'était dire.
Barnes, Stark et Barton étaient en bas du classement.
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Le secret durant deux semaines, ce qui était relativement court par rapport aux six mois qu'ils avaient prévu initialement. Ils s'étaient beaucoup amusés dans la Tour et avaient demandés à FRIDAY de ne rien dire de leur relation, ce dont elle avait convenu assez facilement.
Chaque fois que Steve parlait de Peter, Tony se tournait vers Spider-Man en plissant les lèvres. Parfois il essayait de changer de sujet, parfois il tentait de ramener Spidey jusqu'au labo. Lorsqu'ils se croisaient dans les couloirs, Peter tirait Steve dans un coin et relevait son masque pour l'embrasser et le tripoter – et d'autres fois, Cap utilisait les coms pour lui parler en privée et lui promettre mille douceurs qui trempaient indubitablement le pantalon de l'Oméga.
Ils avaient même réussi à s'amuser en plein dans la Tour. Dans un coin de la salle d'entraînement, après une séance particulière physique, Peter avait jugé qu'il serait bon de taquiner Cap, et puis il l'avait tiré à sa suite pour l'embrasser et mettre une main dans son pantalon.
Et cela avait conduit à une quinzaine de minutes de frottage enfantins mais ô combien satisfaisants. Steve l'avait embrassé comme si son souffle se trouvait au fond de la gorge de Peter. Il avait un peu galéré à lui enlever son costume mais une fois fait, il l'avait saisi sans une hésitation et avait glissé ses doigts jusqu'à l'antre moite et brûlant qui dégoulinait.
Steve avait des doigts incroyables.
S'ils avaient été ailleurs, ils auraient pu se laisser entraîné par leur enthousiasme et finir par se faire plaisir la journée durant, mais la précipitation les avaient aidé à garder les pieds sur terre. Ce qui était sûr, c'était que la suite était très prometteuse… Peter rêvait du moment où ils seraient seuls dans la chambre, et qu'il pourrait grimper sur la montagne qu'était Rogers.
Et puis, malgré tous les risques qu'ils prenaient, ce fut de la manière la plus stupide qu'ils se firent prendre. Et qu'ils perdirent tous les deux leur pari, car aussi incroyable que cela soit, ce fut Barnes qui les découvrit en premier, et qui fit passer le mot à absolument tout le monde.
Un bête jeudi matin, ils avaient été seuls pour le petit-déjeuner. Bruce et Tony étaient en train de dormir, Barton et Romanoff étaient sortis, Wanda était retournée la veille en Europe et Barnes et Wilson s'entraînaient.
— Et Mr. Stark se demande pourquoi sa réserve nourriture disparaît à vue d'œil, se désola Peter en voyant Steve remplir à nouveau son assiette.
— Tu peux parler, tu manges presque autant que moi !
Spider-Man ne mangeait jamais dans la Tour, car il ne voulait pas relever son masque. Il préférait ne pas donner d'indice sur son identité, et montrer son menton blanc et imberbe serait déjà trop d'indice. Il faisait une exception lorsqu'il n'était qu'avec Steve et, quoique son masque restât juste sous le nez, il restait à l'écoute pour pouvoir le rabaisser au moindre bruit.
— Heureusement que FRIDAY est prévoyante.
— Et en même temps, Tony se commande à manger quasiment tout le temps, rétorqua Steve en avalant quasi d'une traite quatre toasts.
Ils avaient mangé tranquillement, s'étaient chamaillés et taquinés, et lorsqu'ils avaient eu terminé de ranger, s'étaient embrassés.
Et puis une bouteille était tombée, et Barnes les regardait, yeux écarquillés.
— Hein ? avait-il dit intelligemment.
Comment Peter et Steve avaient pu ignorer sa présence ? Bucky n'était généralement pas très discret, mais ce n'était pas le plus important. Ce qui comptait, c'était la course qui avait suivi : Peter avait lancé une toile pour l'arrêter mais Bucky était déjà parti en courant, Steve derrière pour l'empêcher de tout révéler. Cela ne servit à rien, car l'enfoiré alla jusqu'au labo pour crier que Spider-Man se tapait Rogers, tout en sachant qu'il avait déjà un petit copain et que ça ne se faisait pas.
Tony et Bruce l'avaient regardé sans savoir quoi faire.
— Non, non ! s'exclama Steve en attrapant Bucky par les épaules. Je ne ferais jamais ça !
— Tu ne te tapes pas Spider-boy ? demanda Tony en le pointant d'une clé à molette.
— Je, non, c'est… plus complexe que ça…
Bruce cligna des yeux et déclara, sans aucun filtre, que Peter Parker devait être Spider-Man. Là, Bucky explosa de rire, Tony posa mille questions à la fois – sans même les terminer – et Peter arriva avant de repartir aussitôt.
Journée catastrophique, en somme.
Barnes l'avait rattrapé et, serrant sa tête dans son bras, s'était moqué de lui. Ils avaient tous suivis pour le harceler de questions – Steve tenta de calmer l'engouement sans y parvenir, Stark était difficile à maîtriser et mêlé à Barnes, cela devenait impossible. Lorsque Wilson revint car son partenaire d'entraînement prenait une pause trop longue, il fut si surpris qu'il renversa un vase. Et il avait envoyé la nouvelle par message aux autres Avengers.
Gé-nial. Malgré l'annonce générale, Peter n'avait pas enlevé son masque avant deux bons mois. Barnes, Wilson et Barton se moquaient de lui, mais il refusait d'enlever son masque. Pour être plus précis, on pouvait dire que Peter boudait.
— Ils ne veulent pas être méchants, ils sont juste contents. Savoir qui tu es te rapproche d'eux, expliqua doucement Steve lorsqu'ils furent dans son appartement.
Peter leva le nez en boudant. Il n'était pas vraiment en colère, mais il aurait voulu que son identité restât secrète un peu plus longtemps. Il n'aimait pas voir le visage suffisant de Barnes, maintenant qu'il savait que sous ce masque se cachait un gamin sans confiance, pas très beau, qui se cachait derrière une frange bouclée et de grosses lunettes noires.
Steve leva les yeux au ciel en souriant.
— Il ne se moque pas de toi, affirma Cap en s'asseyant à côté de lui. Tu sais que la première fois qu'il t'a rencontré, il m'a dit que j'avais intérêt à bien te protéger parce que tu étais trop adorable pour ce monde ?
Peter osa un regard en coin dubitatif. Barnes aurait dit cela ? Il en doutait beaucoup.
— Je ne mens pas, rit Steve en le prenant dans ses bras. Il m'a demandé plusieurs fois de t'inviter encore, parce qu'il voulait t'embêter.
Ce n'était pas une perspective très agréable, Spider-Man se faisait déjà bien trop embêter. Mais il savait que c'était une marque d'affection de sa part. Barnes adorait taquiner les gens, c'était un enfant incroyablement chiant et pourtant affectueux. Peut-être. Juste un peu.
(Il ne l'avouerait jamais à haute voix.)
— Mmh, marmonna Peter en posant son menton sur l'épaule de Rogers. Peut-être que je peux essayer… Mais c'est un peu gênant…
— Ne le fais pas si tu ne veux pas, susurra Steve en lui embrassant le front. Mais ne crois pas qu'il ne t'aime pas.
De toute façon, Peter était un peu hypocrite de réagir comme ça, car il était également le premier à chercher des poux au cher Bucky. Il avait un jour remplacé son bras métallique par une pince de Dum-E, il avait dû la garder durant trois jours avant de retrouver le bras – caché dans le lustre.
(Cela avait été si drôle que Peter, tête à l'envers au plafond, était tombé et s'était fracturé le coude. Cela en valait la peine.)
Alors Parker se dit qu'il pourrait bien essayer. Après une petite mission où il avait dû remonter le réseau de ces voleurs de Damage Control avec Falcon, il retourna à la Tour en portant le casque de l'un des méchant, une sorte de mélange entre un casque de motard et une tête de crabe (étrange oui, mais bon). Il rampa sur les murs, alluma la télévision sur un replay des premiers épisodes de la série Spider-Man – ce Miles Morales était stylé – et, puisqu'il n'y avait personne, commença à retirer son masque.
Et Dieu, ce que c'était gênant.
Il libéra d'abord sa bouche, se mordit la lèvre en regardant autour, avant de relever encore. Sans même y penser, sa main vint cacher le bas de son visage, et lorsque le tissu tomba complètement, il peigna ses cheveux de son autre main pour cacher ses yeux. Il se sentait terriblement exposé. Son cœur battait vite, ses mains tremblaient un peu. Il en était à faire attention au moindre bruit, au moindre mouvement, pour remettre le masque dès que quelqu'un viendrait.
Être ouvertement Peter dans le costume de Spider-Man avait un quelque chose de contre-nature. De monstrueux. Comment une personne misérable pourrait oser être le super-héros qui faisait rêver les enfants ? Il agrippa fermement son masque.
"When will I know I'm ready?" (Quand je saurais si je suis prêt ?)*
Peter leva les yeux vers l'écran. Le son avait été bas normalement, FRIDAY l'avait-elle monté ? Il se souvenait de cet épisode, il les avait tous regardés, et il avait toujours envié la confiance de Miles. Il avait oublié que dans les débuts, le jeune homme était la définition même de l'incertitude.
Il entendit le son de l'ascenseur venir jusqu'ici.
Peter recula dans le canapé, il entendait également le bruit de pas de quelqu'un qui descendait – Tony d'après la marche. Son cœur s'emballait bien trop.
"You won't. It's a leap of faith." (Tu le sauras pas. C'est un saut dans le vide.)*
Sur l'écran, Miles regarda ses amis partir. Peter, lui, les entendait arriver, alors il se força à baisser la main, qui couvrait encore sa bouche, et décrispa ses doigts du tissu doux de son masque. L'angoisse restait là, et lorsque Tony arriva dans le séjour, il ne s'arrêta qu'une fraction de seconde avant de venir vers lui et se jeter sur le canapé.
— À bas les masques hein, dit Tony en pressant son épaule. Pas trop tôt, dire que je t'ai proposé un stage, alors qu'on bosse déjà ensemble. J'étais bien idiot. FRIDAY, une petite fête ce soir ?
— Bien sûr boss, dois-je commander le gâteau Spider-Man géant ?
— Bien évidemment.
Peter eut un petit sourire et affirma que ce n'était pas nécessaire, au moment même où Bucky et Steve les rejoignait. Parker croisa le regard de Cap puis baissa les yeux, incapable de regarder Barnes.
— Une fête ? sourit Steve en s'approchant.
— Est-ce qu'on peut passer la vidéo du gamin qui faisait du pole-dance, pitié ? s'esclaffa Barnes en prenant au passage un sachet de fruits secs.
Parker leva les yeux au ciel en soupirant. Barnes adorait cette vidéo, on y voyait un Spider-Man un peu ivre (il avait réussi à boire avec la technique de la paille) et il s'était déhanché sur les barres de métal qui décorait la salle de bar. Ce n'était pas sa faute si elles ressemblaient bien trop à des barres de pôles dance ! Tony avait avoué que, dans sa jeunesse, il aimait certains types de fête plus que d'autres et effectivement, les traces étaient restées.
Et Peter s'était amusé avec. Il avait essayé de faire disparaître toutes les preuves, mais FRIDAY trouvait que la danse méritait d'être immortalisée. Traîtresse.
— Seulement si je peux poster la photo de toi avec le bras de Dum-E, rétorqua Peter en boudant.
Steve éclata de rire et lui frappa l'épaule. Tony argumenta qu'il avait encore bien d'autres photos et vidéos compromettantes, et alors que Barnes soulignait qu'il s'agissait de la fête du morveux et pas la sienne, Steve se pencha vers Peter pour croiser son regard. Un doux « Ça va ? » écrit sur ses iris claires, auquel Peter répondit par un sourire timide ourlé d'un « Oui ». Lorsqu'ils s'embrassèrent chastement, un nœud se délogea dans le cœur de Parker.
Peter Parker et Spider-Man semblaient finalement ne faire qu'un.
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* Citations de Spider-Man : Into the Spider-verse.
Bonjour à tous~
Eh voici un nouvel OS, sur un couple pas très répandu. C'était si long à écrire... C'est la première fois que je teste l'Omégaverse également, je n'aime pas trop d'habitude, mais j'avais envie x)
En tout cas, je les trouve trop chou ! Ca a failli devenir un BuckyxPeter, mais je voulais un StevexPeter ! J'adore le fait que Bucky et Peter se chamaillent sans arrêt. Je les aime aussi.
En tout cas j'espère vraiment que vous avez aimé ! C'est mon OS le plus long.
(J'ai pas trop relu, désolé s'il y a des fautes ou des incohérences, cette histoire m'a épuisé...)
Bise les gars !
Karrow.
