Diri-Chan : Si tu précises que ce n'est pas "franchement" rassurant, dois-je en conclure que ça l'est quand-même un peu ?
(non, je plaisante, je ne suis pas team 1er degré à ce point XD )
Guest : Encore un début de chapitre mignon :D
Melynee : Alors, c'est une sacrée colle que tu me poses là... On m'a déjà dit que j'étais neuroatypique, mais j'ai beaucoup de mal à me retrouver dans cette appellation (j'ai du mal à admettre qu'il puisse exister des gens neurotypiques), et du mal à comprendre exactement ce que ça veut dire et ce que ça implique... Partant de là, quand je crée un perso, j'ai du mal à juger si ils agissent "normalement" ou non...
Funfact not fun : J'aime les tisanes hyper fleuries, fruitées, et les "vrais bons thés" me font autant d'effet qu'une biscotte au beurre sans sel, à savoir aucun... Donc, j'ai demandé à Chatgpt une sélection de thés "luxueux", et je pioche dedans à chaque fois que j'en ai besoin en lui demandant à nouveau "quels sont les plus fruités, quels sont les plus amers, quels sont les plus accessibles, avec quoi les accompagner ?" Pour ce genre de truc, les IA sont tout de même bien pratiques
(C'est chatgpt aussi qui m'a trouvé le nom des croquettes Gullgrub pour oiseaux marins X,D Probablement sa meilleure trouvaille jusqu'ici)
Il ouvrit la porte aux chariots magiques et se rendit directement à la cuisine pour préparer deux tasses de thé bien chaudes. Il était à la fois vexé et étrangement satisfait. Potter avait le don de faire naître en lui des sentiments contradictoires.
Il était en train de verser l'infusion dans les mugs aux armoiries du château quand il entendit le propriétaire des lieux entrer à son tour. Un nouveau bruit de cartons, paquets et bouteilles se posant sur le sol, un froufroutement, puis il fut là, dans l'embrasure de la porte, son sourire joyeux aux lèvres.
« Tu n'en finis pas de me gâter, ce soir, prétendit-il en voyant les breuvages fumants.
– C'est le Menghai Pu-erh », précisa Drago avec un sourire mauvais en lui tendant sa tasse. Le thé aux notes les plus amères et terreuses qu'il avait en stock. Celui que Potter appréciait le moins. La vengeance était mesquine, mais son sourire s'élargit quand il vit le joli nez de Potter se froncer en reniflant les effluves entêtants.
« Miam », prétendit tout de même ce dernier avant de prendre une gorgée et de grimacer. « J'ai aussi un cadeau pour toi ! Viens, je te raconte ! J'ai passé une après-midi incroyable ! »
Drago suivit docilement Potter au salon en sirotant son thé avec un plaisir décuplé par le dégoût de son adversaire.
« Okay, je sors du cabinet, et j'hésite à aller au chemin de Traverse à pied ou en métro, d'accord ? commença Potter en dégageant la table. Il fait relativement bon, surtout comparé à ici, alors je me dis, allons bon, une petite marche me fera du bien. Et là, j'ai à peine fait trois pas, tu ne devineras jamais sur quoi je tombe : Un restaurant de sushis à emporter ! »
Potter sortit de son sac en bandoulière un sachet de papier vert et blanc orné d'un dessin de baguettes japonaises qu'il posa sur la table. Drago sentit son sourire prendre une forme plus douce, tandis qu'il se demandait combien de sushis Potter lui aurait laissé.
« Évidemment, ce n'était pas la devanture noire dont tu m'avais parlé, mais ça aurait stupide de rater l'occasion. Je continue ma route, et à peine je dépasse un panneau indiquant la gare, paf ! Je la vois ! La devanture noire. Évidemment, je n'hésite pas une seconde », continua Potter un sortant un deuxième sachet, noir celui-ci, qu'il déposa à côté du premier. Drago sourit de plus belle.
« Je suis heureux, je suis fier, j'arrive à la gare… Catastrophe. Je m'aperçois que j'arrive par la gauche ! Je me souvenais que tu avais dit qu'il était à droite ! C'aurait été trop bête de s'arrêter maintenant, alors je poursuis ma route, et sur quoi je tombe ? »
Drago hésita. Il commençait à comprendre le piège dans l'histoire. Il vit Potter sortir de son sac un troisième paquet, rose, qui rejoignit ses compagnons.
« Ce n'est pas la bonne devanture, mais l'endroit et le bon, alors j'ai hésité un peu, mais j'ai quand-même tenté le coup, tu vois. Je continue quand même, par acquis de conscience, et à peine 50m plus loin… »
Un deuxième sachet noir. Drago plissa les yeux.
« Là, je me dis, ce n'est pas possible, c'est fou, c'est incroyable, quelle imagination, ces Moldus décidément, et je demande à une femme si c'est habituel, cette quantité de nourriture à emporter, et tu ne devineras jamais ce qu'elle me répond ?
– Je pense avoir saisi l'idée, Potter.
– Elle me donne trois adresses. D'après elle, les meilleurs sushis de Londres. Qu'est-ce que je fais ?
– C'est bon, j'ai compris… »
Il sortit trois nouveaux sacs qu'il déposa au milieu de la table sans se départir de son large sourire.
« D'accord, Potter, admit Drago. Je pensais que c'était un concept original mais…
– Évidemment, à un moment, je suis rentré dans la gare…
– Potter, ne me dis pas que… »
Il ferma les yeux, mais avait eu le temps de le voir sortir encore deux sachets.
« Est-ce que l'histoire est terminée ? demanda-t-il, finalement.
– Presque ! Ensuite, il fallait que j'aille au ministère, et là…
– Est-ce que tu aimes les sushis, au moins, Potter ?
– Pas particulièrement. »
Drago ouvrit de nouveau les yeux. Près d'une quinzaine de sachets multicolores s'alignaient sur la table. Potter souriait de toutes ses dents, fier de sa plaisanterie.
Drago aurait préféré qu'il s'abstienne de perdre autant de temps et qu'il rentre plus vite, mais il ne pouvait s'empêcher d'apprécier l'attention.
« Je vais mettre ça au frigo », annonça finalement Potter en débarrassant les chariots de leurs assiettes.
Ça faisait une éternité que Drago n'avait pas consommé de cuisine japonaise, si bien que même les plus insipides des makis au thon lui donnèrent l'impression de déguster un mets raffiné. Potter l'encouragea à sélectionner ses bouchées préférées pour son repas du lendemain midi, et lui affirma qu'il lui suffirait de laisser les autres traîner dans la salle des Surveillants pour qu'il n'en reste pas une miette une fois le soir tombé.
Au cours du repas, Drago l'interrogea sur son entrevue avec sa moldue, et Potter répondit, avec un nouveau sourire : « Elle pense qu'on devrait s'appeler par nos prénoms. »
Drago se figea, un sushi à mi-chemin de la bouche, et répondit farouchement : « C'est stupide. Nous ne sommes pas amis.
– Non, en effet. On reste sur Potter et Malfoy, alors ?
– Oui, s'il te plait. »
C'était comme s'il avait 10 ans, à nouveau : Un enfant gâté. Drago ne s'arrêta de manger que quand il eut l'impression que son ventre allait exploser. Il repoussa finalement la barquette en plastique encore aux trois quarts pleine et vit que Potter l'observait toujours en souriant. Il choisit soigneusement ses mots avant de prendre la parole :
« C'était délicieux, Potter. Vraiment très attentionné de ta part. Je te suis réellement reconnaissant. »
Potter s'adossa confortablement dans le fond de sa chaise et continua de le dévisager en souriant.
« Tu te doutes que j'attends quelque chose de toi en échange, non ? »
Drago se crispa légèrement, appréhendant la suite.
« Demain matin, reprit Potter, je voudrais que tu ailles voir Nguyen à 11h.
– Pourquoi ?
– Pour me remercier de t'avoir offert un bon repas. »
Drago fronça les sourcils. « Je viens de te remercier.
– Non.
– Si. Ce n'est pas parce que je n'ai pas prononcé le mot merci que…
– Demain matin, à 11h », répéta Potter en lui coupant la parole.
Drago lâcha un soupir. « Très bien », admit-il. Au moins Potter ne lui avait-on pas demandé les noms de ses agresseurs, ou une faveur sexuelle, ou un acte d'insubordination envers son père, ou…
S'il avait su…
Le lendemain matin, à l'heure imposée, il se rendit à l'infirmerie d'Azkaban, attendit patiemment son tour entre les détenus assommés par les médicaments et les Surveillants qui les accompagnaient, et quand l'infirmier appela son nom, il se leva avec respect et humilité pour pénétrer le cabinet de consultation.
Une pièce qu'il connaissait bien et qu'il détestait presque autant que les sanitaires crasseux dans lesquels Waren l'emmenait, à l'époque. L'infirmier Ward avait probablement été le pire de ses tortionnaires. Avec le recul, en ayant désormais vécu ce qu'il avait fait subir à un autre, Drago se disait qu'il avait peut-être bien eu de la chance.
Les lieux avaient un peu changé depuis que Nguyen avait remplacé Ward : Les affiches aux murs n'étaient plus les mêmes, un parfum permanent d'encens dissimulait un peu l'odeur des médicaments et du sang, et divers instruments de soin étrangers étaient exposés sur une commode, chacun protégé par une cloche de verre. La table d'opération avait disparu, ainsi que l'espèce de fauteuil de dentiste.
Drago s'assit devant le bureau de bois blanc de l'infirmier, et vit Nguyen faire de même, face à lui. L'infirmier lui adressa alors un regard sévère et blasé qui lui rappela vaguement celui que le professeur Rogue réservait à ses élèves.
« Monsieur Malfoy. Je suppose que vous savez pourquoi Monsieur Potter vous a demandé de venir me voir ?
– Mon visage ? tenta Drago en regardant ailleurs, mal à l'aise. Vous aviez dit de patienter une semaine, mais…
– Non. Thiên Y A Na, il n'a pas été jusqu'à me faire l'affront de sous-estimer mes compétences médicomagiques. »
Drago remua, de plus en plus incommodé.
« Monsieur Potter craint que vous n'ayez des pulsions suicidaires. »
Drago ferma les yeux.
Évidemment ! La paille et la poutre ! Drago réfréna son réflexe immature de balancer le Survivant et la suggestion qu'il avait faite à l'un de ses pires ennemis, après l'avoir violé, de lui balancer un Sortilège de Mort… Au lieu de quoi, Il se força à répondre, à voix lente et mesurée, en regardant poliment l'infirmier :
« Tous les prisonniers ont des pensées suicidaires. Je n'ai jamais essayé de passer à l'acte.
– Vous auriez des réflexes d'automutilation.
– Ce n'est pas… ! » Encore une fois, il avait failli surréagir. Il respira profondément et expliqua calmement : « Non. J'ai simplement de vieilles blessures sur les mains et la mauvaise habitude de trop y toucher. Mes doigts sont fragiles et une simple contraction un peu brutale peut provoquer des meurtrissures impressionnantes, mais loin d'être alarmantes. »
L'infirmier baissa brièvement les yeux sur les mains de Drago, qu'il avait sagement posé sur ses genoux. Le prisonnier compta : Cela faisait des jours qu'il n'avait pas tiré sur ses doigts. La disparition de sa main valide rendait l'action impossible. Il n'y aurait pas de trace récente visible.
« Il pense que vous vous reposez trop sur lui. »
Cette fois, Drago vit rouge. Comment osait-il ?! C'était lui qui insistait pour l'aider à changer son pansement, à se laver, à s'habiller. C'était lui qui l'avait forcé à rester à ses côtés ! C'était lui qui réclamait sans arrêt à ce que Drago lui parle de ses problèmes, se confie, se plaigne, afin de pouvoir soi-disant l'aider ! La veille, c'était lui, encore, qui avait finalement décider de ne pas quitter l'île ! Drago avait presque dû insister !
« Et que suggère-t-il, demanda-t-il d'une voix venimeuse, pour faire cesser ce supplice ?
– Avez-vous déjà entendu parler de Thérapie Comportementale et Cognitive ? »
Il n'avait jamais entendu ces mots associés les uns aux autres, mais la formule ridicule avait des accents affreusement révélateurs.
« Il veut que je consulte sa Soignante moldue, devina-t-il avec des nuances d'horreur dans la voix.
– Si seulement, Monsieur Malfoy. Non. Il serait impossible, même à Monsieur Potter, de faire venir une moldue à Azkaban. Il ne peut pas davantage vous envoyer en Angleterre chaque jour jusqu'à ce qu'il soit satisfait. » Drago faillit être rassuré, jusqu'à ce que l'infirmier n'achève : « Non, c'est à moi qu'il a attribué le devoir de me former à cette… pratique, et de l'utiliser pour vous soigner. »
Nguyen se tût en observant Drago, et le prisonnier comprit soudain le regard agacé et culpabilisant qu'il lui avait adressé.
Ils restèrent silencieux quelques instants. Drago avait presque envie de présenter ses excuses à l'infirmier, mais plus que tout, il avait envie de hurler sur Potter. Les sushis ne valaient pas cette humiliation.
« Je… croassa-t-il finalement. Je devine à votre ton que la médecine moldue ne vous convainc pas plus que moi. Vous devez avoir beaucoup de travail à effectuer et peu de temps à perdre. Dîtes-moi en quoi consiste cette… pratique, et je lui dirais qu'elle a été efficace. Vous pourrez m'enchainer à un brancard le temps qu'est sensé durer la séance. »
Enfin, Nguyen lui adressa un sourire crispé.
« Je suis heureux de constater que nous sommes sur la même longueur d'onde. Malheureusement, les choses ne seront pas aussi simples… »
Tout en parlant, il sortit d'un tiroir de son bureau un épais livre moldu jaune et noir que Potter lui avait, semble-t-il, offert. Il lui expliqua ce qu'il avait compris de sa lecture et ce que Potter espérait de leurs séances quotidiennes.
« Quotidiennes ? s'alarma le patient.
– Quotidiennes », confirma l'infirmier.
Le livre indiquait également qu'une dizaine de séances étaient un minimum pour espérer voir le début d'un résultat.
Potter avait réclamé à l'infirmier un bilan écrit de chaque séance, ce qui les empêcherait de simplement lui mentir.
« Et que doit comporter ce compte-rendu ? interrogea Drago, affligé.
– Les moldus eux-mêmes ne semblent pas le savoir. Nous devons discuter, et je dois noter ce que je juge pertinent sur des critères obscurs et parfaitement personnels.
– Êtes-vous en train de me dire qu'il raconte réellement tout sur sa vie ou notre monde à une moldue ?!
– Je le suppose. »
Une nouvelle fois, Potter et les règles. Potter et son insupportable égo. Potter qui pensait peut-être manquer de notoriété en n'étant connu que de l'ensemble du monde magique… Drago poussa un profond soupir.
Finalement, Nguyen rédigea, sous la dictée de Drago, un bref résumé de sa vie : Il décrivit son arbre généalogique, sa naissance, son enfance dorée, son adolescence contrariée, et enfin, son allégeance au Seigneur des Ténèbres. Après quoi, Nguyen l'attacha à un brancard en le laissant ruminer jusqu'à ce qu'une heure entière fût écoulée, et qu'il puisse quitter l'infirmerie sans éveiller les soupçons.
Drago avait prévu de se venger. Plus cruel que le Menghai Pu-erh, il avait préparé une théière entière de Yellow Gold Oolong au lait, le préféré de ce douceurophile immature. Il avait promené le breuvage dans tout l'appartement pour que les effluves parfument absolument chaque pièce, mais ne lui en avait pas laissé une goutte.
C'était puéril, et il le savait. S'en rendre compte n'aidait pas à améliorer pas les choses, et il cherchait obstinément ce qu'il pouvait faire d'autre pour riposter de façon moins immature. Cette quête de vengeance l'était tout autant, et Drago se sentait pris au piège d'un insupportable cercle vicieux.
Il ne voulait pas non plus blesser Potter. Il ne voulait pas reparler de son comportement quasi-suicidaire quand ils avaient trouvé le Détraqueur et qu'il était retourné l'affronter, le lendemain, complètement seul. Il ne voulait pas lui jeter à nouveau à la tête ses défis d'Avada Kedavra ratés. Il ne voulait pas parler de toutes les opportunités qu'il avait laissé à Drago d'empoisonner sa nourriture, de lui trancher la gorge pendant son sommeil, d'utiliser sa propre baguette contre lui, quand ils étaient encore ennemis… Il ignorait s'il avait peur des possibles réponses de Potter, ou bien de le blesser en évoquant le sujet.
Lui-même s'était senti blessé.
Il ne voulait pas se disputer avec lui, il ne voulait pas le menacer de quitter à nouveau les appartements, il ne voulait pas que le Sorcier se sente mal en sa présence.
Il ne savait pas ce qu'il voulait.
Quand Potter était rentré, ce soir-là, il avait l'air épuisé, et Drago s'en était aussitôt voulu de son petit manège.
Il l'avait salué d'un « hey » tranquille, puis s'était installé dans le canapé où il avait fermé les yeux.
Drago l'avait observé quelques secondes, se demandant vaguement s'il irait jusqu'à jouer la comédie pour éviter une dispute.
« Ça sent bon… avait alors fait observer Potter.
– Je vais t'en préparer. »
Drago s'était dit qu'il attendrait le lendemain pour lui faire une scène.
Pendant que Potter se chargeait de changer son pansement, il osa l'interroger :
« Ça n'a pas l'air d'aller.
– Ça va, mentit Potter avec un petit sourire fatigué. »
Drago n'avait pas le droit de l'interroger, et il garda donc le silence.
Ils se couchèrent tôt, et Potter s'endormit presque immédiatement.
A nouveau, Drago observa longtemps son visage. Potter n'avait pas tout à fait tort : Il devenait effectivement un peu trop dépendant de sa présence, de son plaisir, de son bonheur… Il cherchait de nouveau désespérément l'approbation d'un autre. Il avait passé des années à reprocher à Potter sa soif de célébrité et de reconnaissance, mais s'il fallait être tout à fait honnête, lui-même n'était pas en rade pour réclamer de l'attention…
Et lui accorder de l'attention était forcément épuisant.
La nuit était franchement tombée depuis des heures, et son visage avait disparu dans l'obscurité, mais Drago continuait de l'observer. Il le connaissait désormais par cœur et n'avait plus besoin de ses yeux pour cela.
Et puis, soudain, un son affreux se fit entendre et résonna puissamment dans tout le château. Il rappelait le blatèrement affreux d'un chameau que l'on torturait, et Drago le connaissait bien : C'était le charme du Cridurut d'Azkaban, qui indiquait qu'une émeute était en cours.
