Salut tout le monde,
Petit message important avant votre lecture du chapitre, prenez le temps de le lire svp.
Je souhaite déjà m'excuser pour le retard de publication, qui n'était vraiment pas prévu. Je sors de quelques jours très compliqués personnellement et je n'étais pas en capacité de poster ce chapitre. J'enchaîne avec un petit covid des familles, donc autant dire que ce n'est pas la grande forme ! Mais il m'importait d'au moins vous poster ce chapitre.
De plus, entre temps la journée mondiale de prévention au suicide a eu lieu et je souhaite vraiment en profiter, même si un peu en retard, pour rappeler à celleux d'entre vous qui êtes concerné.es que des tas de solutions existent pour vous accompagner et que vous n'êtes pas . Si vous vous sentez concerné.es, sachez que mes mp seront toujours ouverts à la discussion. Vous n'êtes pas . Cette histoire mentionne plusieurs fois le suicide, les pensées suicidaires et tout ce qui tourne autour de ce sujet, et c'est primordial pour moi d'essayer de sensibiliser au maximum les personnes qui me lisent.
En vous rendant sur le site d'infos suicide, vous retrouverez de la documentation et les différentes plateformes d'écoute pour la prévention au suicide en France.
Le mois de février pointait le bout de son nez et les montagnes étaient couvertes de neige. La plupart des animaux et petites bêtes qui, d'ordinaire, peuplaient les forêts alentour étaient cachés depuis des semaines. On aurait pu croire à une nature vide et sans vie.
Pourtant, Drago savait que la réalité était toute autre. Sous cette neige et derrière ces arbres se cachaient tout un tas d'oiseaux, de lièvres, voire même de renards. Il s'amusait à les chercher du regard depuis la fenêtre de la cuisine lorsqu'il était occupé à faire la vaisselle ou à cuisiner.
Il se sentait chanceux d'habiter dans une maison si proche de la forêt, de la faune et de la flore des Pyrénées. Cela lui rappelait les jardins du manoir où il avait grandi. Cela lui rappelait toutes les fois où il s'était enfui de sa chambre au lever du soleil pour aller explorer en cachette l'orée du bois qui entourait la résidence. Cela lui rappelait les balades qu'il avait faites avec sa mère autour de leur terrain occupé par des paons blancs et autres oiseaux en tous genres.
Il pouvait les reconnaître lorsqu'ils n'étaient pas trop éloignés. Il avait même fait des recherches dans les livres de la bibliothèque en espérant y trouver un imagier de toutes les espèces de la région. Il était tombé sur une petite collection de carnets écrits à la main et tous signés par une certaine Elisabeth Landry. Ils rassemblaient tout un tas d'informations à propos de la nature qui entourait la maison. Une vraie mine d'or.
Ainsi, Drago était rapidement devenu un expert en ce qui concernait la faune et la flore environnante. Il se trouvait d'ailleurs bien idiot d'avoir mis tant de temps à comprendre qu'Albert était un chien alors qu'il était désormais capable de différencier tout un tas de races d'oiseaux.
Il mettait cela sur le compte de la peur, c'était une bonne excuse, bien que pas moins humiliante.
Il lui arrivait même d'entrouvrir la fenêtre de la cuisine pour y laisser quelques graines, puis de la refermer aussitôt pour ne pas laisser entrer le froid. Ou bien laisser place à ses anxiétés, il ne voulait pas vraiment savoir. La fenêtre n'était jamais ouverte longtemps, et cela lui convenait.
Il apercevait souvent des mésanges ou des rougegorges, voire même des nuées d'étourneaux lorsque le temps s'y apprêtait. Ses préférés étaient les bouvreuils pivoines, qui pourtant étaient si rares. Ils venaient parfois se poser sur le fil à linge déserté duquel Drago avait une vue imprenable.
Ce matin-là, alors qu'il était occupé à nettoyer les assiettes qui avaient servi pour le petit-déjeuner, Hermione apparut à la place habituelle des bouvreuils et secoua le fil pour en retirer les quelques millimètres de neige qui s'y étaient accumulés.
En la voyant couverte de la tête aux pieds, il eut un frisson rapide. Il était lui aussi habillé chaudement, il ne quittait plus les vêtements du grand-père d'Hermione, mais la voir ainsi, les pieds dans la neige, lui donnait froid.
Il fallait dire que Drago avait toujours été frileux. Il se souvenait très bien des deux couvertures et des sorts de réchauffement dont il avait besoin pour s'endormir à Poudlard l'hiver.
La maison d'Hermione était bien chauffée, il ne s'en était jamais vraiment soucié ni ne l'avait remarqué avant que l'hiver n'arrive. Cependant, malgré une bonne isolation, il avait tout de même besoin d'accumuler les couches de vêtements depuis le début du mois de janvier. Par sécurité, pour être certain de ne pas avoir froid.
Lorsqu'il s'était retrouvé devant sa penderie, deux heures plus tôt, il n'avait pas hésité longtemps avant de choisir l'un de ses pantalons en velours, une grosse paire de chaussettes, des bottines en cuir rembourrées, un marcel, une chemise épaisse, ainsi que son pull le plus chaud. C'était le strict minimum. Il les avait presque tous retouchés à la main, après s'être entraîné de nombreuses fois sur les vêtements de Blaise qu'il ne portait plus.
Le tout pour rester à l'intérieur et être certain de ne pas attraper froid ou laisser le moindre courant d'air le frôler. Il était terrifié à l'idée de tomber malade, cela serait bien trop embêtant. Il s'était préparé à l'une des journées les plus froides de l'année, selon les dires d'Hermione lors du dîner de la veille.
Il suivit cette dernière du regard lorsqu'elle s'agenouilla près du potager. Il se demanda comment il lui était possible de laisser ses jambes entrer en contact avec la neige avec une telle température. C'était inhumain.
Elle sembla ensuite tenter de retirer la neige qui s'y était accumulée, mais la grimace qu'elle fit indiqua à Drago que ses efforts étaient vains. Elle avait balayé assez de neige avec sa main gantée pour que des plantes gelées et défraîchies apparaissent, mais pas assez pour que cela arrange vraiment quoi que ce soit.
Drago songea alors qu'elle aurait peut-être mieux fait de les protéger dès le début de l'hiver avec un sort, ou l'un de ces parapluies géants en plastique. Une serre, peut-être. Il n'était pas certain du nom moldu.
Le froid affaiblirait les plantes dans tous les cas, mais au moins, la terre serait moins abîmée et les racines aussi.
Il fallait qu'il le lui dise. Maintenant. Elle devait faire quelque chose. Il devait l'aider. Il en était capable, n'est-ce pas ?
Il posa l'assiette qu'il venait de laver sur le côté de l'évier, se rinça les mains en vitesse, puis les essuya. Il ne quittait pas Hermione des yeux, alors qu'il se répétait les mots qu'il allait lui dire.
Peut-être qu'il faudrait protéger le potager avec une serre. Peut-être qu'il faudrait protéger le potager avec une serre. Peut-être qu'il faudrait protéger le potager avec une serre. Peut-être qu'il faudrait protéger le potager avec une serre. Peut-être qu'il faudrait protéger le potager avec une serre.
Sa main entra en contact avec le métal froid de la poignée sans même qu'il ne l'ai vu arriver. Il se répétait cette phrase. C'était tout ce qui importait.
Il actionna la poignée et la porte vitrée s'ouvrit sur l'extérieur. Le froid pénétra dans la pièce et frôla les pores de son visage, la peau de ses mains et celle qui dépassait de ses chaussettes sous son pantalon.
Peut-être qu'il faudrait protéger le potager avec une serre.
Il quitta Hermione des yeux l'espace d'une seconde et comprit aussitôt la terrible erreur qu'il avait faite.
Son regard se perdit dans l'horizon et il fut pris de vertige. Le paysage bougeait, tout à coup, il chancelait comme s'il reproduisait une chorégraphie étrange. Drago avait l'impression de flotter dans l'air alors que les images devant lui s'approchaient, puis s'éloignaient. Les arbres dansaient et les montagnes sautaient. Plus rien n'avait de sens. La gravité n'était plus.
Tout était si grand, d'un coup. Si vaste. Des hectares de vide s'étendaient devant lui, des hectares de liberté, des hectares d'inconnu. Son sang battait à ses oreilles et il n'entendait plus que ça. Il ferma les yeux pour se soustraire à ces images en mouvement qui lui donnaient la nausée.
Il s'en voulait. Il aurait dû attendre. Comment avait-il pu croire qu'il en serait capable ?
La présence de Granger ne voulait rien dire, plus rien dire.
Le monde disparut autour de lui alors que sa respiration se bloquait dans sa poitrine.
oOo
Hermione soupira une énième fois en découvrant ses plants de carottes gelés. Elle s'y était attendue, bien sûr, elle était réaliste. Pourtant, elle avait eu le minime espoir qu'ils auraient fini par reprendre vie.
Elle se trouva bien naïve. Comment une telle chose aurait-elle pu arriver ? Elle aurait presque trouvé ironique de penser que la magie ait pu agir dans la nuit. Si seulement elle était encore capable d'utiliser sa baguette, le tout sans risquer de faire exploser la maison.
La dernière fois qu'elle l'avait sortie de sa poche pour allumer le feu sous son chaudron, ce dernier s'était brisé. Elle avait dû le jeter et abandonner le début de potion qu'elle y avait préparé. Elle ne s'y était pas réessayée depuis et se contentait donc de boire chaque soir les potions de moins en moins efficaces qui lui permettaient de dormir. Elle avait trouvé un moyen de l'améliorer, mais sans chaudron, elle ne risquait pas d'aller bien loin.
Elle en venait même à se demander pourquoi elle continuait de garder sa baguette sur elle. Il était si improbable qu'elle parvienne à se défendre si on l'agressait qu'elle songeait parfois à l'enterrer dans un coin du jardin. Ce morceau de bois était devenu un poids dans son quotidien, dans ses vêtements. Hermione ne voulait plus d'elle, elle en avait peur. Elle était incapable de s'en servir et pourtant, elle était terrifiée à l'idée de s'en séparer.
Elle continuait de se méfier de chaque passant, de chaque client. Elle sursautait lorsqu'on l'appelait dans la rue. Elle ne supportait aucun contact physique. Elle avait peur. Elle se trouvait ridicule, faible. Et pourtant, elle ne pouvait se soustraire à l'idée de se séparer de sa seule défense, aussi discutable soit-elle.
Elle la sentait contre sa cuisse alors qu'elle écartait la neige de ses plants de thym. Elle la sentait vibrer d'une magie qu'elle ne contrôlait plus.
Elle eut l'envie soudaine de la balancer au loin, de ne pas regarder de quel côté et de la perdre dans la nature. Et alors qu'elle s'apprêtait à le faire, que chacun de ses atomes lui criait de se lever et d'agir, Hermione entendit du bruit derrière elle.
Elle se leva et se tourna vivement vers l'entrée de la maison. Elle s'attendait à voir Albert, à ce qu'il l'eut rejointe dehors pour aller jouer dans la neige ou embêter les chevaux.
Elle ne s'était pas attendue à faire face à un Drago tremblant et à l'air hagard. Elle eut un hoquet de surprise.
Son regard était perdu dans le vide, ses poings étaient serrés de chaque côté de son corps et des larmes dégoulinaient sur ses joues. Il avait l'air si perdu que les battements du cœur d'Hermione s'arrêtèrent l'espace d'un instant. C'était impressionnant. Elle était figée sur place.
Drago était dehors, il se tenait debout dans la neige, et pourtant, il semblait prêt à s'effondrer à tout instant. Il fixait l'horizon comme s'il lui était douloureux, comme s'il lui faisait du mal. Elle se demandait comment il tenait encore sur ses pieds alors que tout son corps semblait aussi rigide que fragile.
Le temps s'était comme figé alors qu'Hermione le regardait. Elle attendait un mouvement, une parole, un indice qui lui prouverait qu'il était en vie, qu'il allait bien. On aurait cru à une statue de marbre sur laquelle dégoulinait des larmes de pluie. Un spectacle à la fois beau et désolant.
Puis soudain, elle le vit fermer les yeux et il tomba à genoux, la respiration hachée. Elle resta pétrifiée pendant quelques instants, effarée de voir une telle chose. Son corps l'avait lâché, abandonné. Il semblait avoir rendu les armes, comme s'il s'avouait vaincu d'une bataille qu'il venait à peine de commencer.
Une seconde plus tard, Hermione se précipita à ses côtés, la gorge serrée.
– Drago ! s'écria-t-elle en s'agenouillant près de lui.
Elle ne sut quoi faire. Elle était paniquée.
Devait-elle le soulever ? Le secouer ? Devait-elle ne serait-ce que le toucher ?
Ses mains se mirent à trembler de manière incontrôlable. Elle ne savait pas quoi faire, elle n'était pas qualifiée pour l'aider. Ses muscles étaient raides, son propre corps ne voulait pas répondre.
– Drago, répéta-t-elle d'une voix moins énergique. Drago, lève-toi.
Qu'est-ce qu'elle s'imaginait ? Qu'il allait tout à coup l'écouter et bouger, que cela suffirait ? Drago était effondré au sol, il tremblait et pleurait. Et elle ne faisait rien.
Il se trouvait à seulement quelques centimètres de la porte vitrée. Il lui suffirait de le tirer à l'intérieur pour arranger quelque peu les choses.
Peut-être qu'ainsi, il ne tremblerait pas de froid, les genoux dans la neige. Peut-être qu'ainsi il se calmerait. Peut-être qu'ainsi il ouvrirait les yeux et cesserait de respirer si rapidement que cela en devenait inquiétant. Peut-être qu'ainsi, l'inquiétude qui retournait l'estomac d'Hermione s'apaiserait.
Pourtant, elle n'arrivait pas à s'y résoudre. Et Drago semblait s'enfoncer un peu plus dans sa terreur, dans la neige. Son corps tremblait à la fois de froid et de panique.
Car c'était ce dont il s'agissait, n'est-ce pas ? Hermione la reconnaissait. Cette panique, cette peur qui la hantait depuis des années. Ces réactions incontrôlables que leurs corps subissaient à toute heure de la journée. Ces tremblements soudain qui les empêchaient d'entreprendre quoi que ce soit. Ces pensées sombres et négatives qui envahissaient leurs esprits dans les moments les plus inopportuns. La panique, la peur. La lâcheté.
Hermione ne les connaissait que trop bien. Et la panique était sa plus vieille ennemie.
Drago suffoquait alors qu'il tentait de s'en remettre. Ses épaules étaient secouées par des sanglots étouffés et une respiration incontrôlable. Ses joues étaient humides de larmes glaciales qui devaient brûler sa peau. Ses vêtements et ses cheveux étaient trempés par la neige. Il semblait souffrir.
Alors elle se décida à agir. Elle en subirait les conséquences s'il le fallait, elle encaisserait sa colère s'il lui en voulait de l'avoir touché ou ne serait-ce qu'approché. Elle était prête à tout pour l'aider. Car c'était ce qu'elle aurait voulu qu'on fasse pour elle, car c'était ce qu'elle voulait faire pour lui.
Elle l'attrapa sous les aisselles et le tira du mieux qu'elle put jusqu'à l'intérieur. Elle fut surprise par son poids, qu'elle aurait pensé bien plus léger. Il avait repris plus de poids qu'elle ne l'aurait cru, et cela la ravit plus que jamais. Il devait être bien ici.
Ses bras peu musclés et tremblants ne lui furent pas d'une grande utilité et elle peina à le traîner jusque derrière la porte. S'il avait repris du poil de la bête en quelques mois, elle avait fait le contraire. Elle n'avait pas une bonne condition physique, elle le savait parfaitement.
Tirer son corps sur ces quelques mètres était éprouvant. Elle était essoufflée. Il était comme inanimé et le cœur d'Hermione se serra un peu plus dans sa poitrine lorsqu'elle se souvint de toutes les fois où elle avait vécu une telle chose. Toutes ces fois où elle s'était éveillée autre part sans se souvenir de s'être déplacée.
Épuisée par l'effort qu'elle venait de fournir, et ce malgré la petite distance qu'elle avait parcourue, Hermione se laissa tomber contre la porte vitrée une fois que Drago fut à l'intérieur.
Sa tête retomba sur ses cuisses, mais Hermione ne bougea pas. Ses mèches blondes chatouillaient la peau de ses bras, mais elle ne bougea pas. Il avait froncé les sourcils et semblait peiner à bouger le moindre muscle, mais elle ne bougea pas.
Elle resta assise contre la porte, la tête en arrière et la respiration rapide.
Un élan de fierté lui traversa le corps alors qu'elle réalisait qu'elle avait réussi. Elle l'avait sauvé, d'une certaine manière. Elle le sentait se calmer contre elle et elle y était pour quelque chose. Elle avait réussi.
oOo
Son esprit était embrumé, comme absent. Drago se sentait vidé, épuisé.
Il avait l'impression de sortir d'un trou noir, il ne savait pas combien de temps s'était écoulé depuis qu'il avait quitté Hermione des yeux. C'était le dernier souvenir lucide qu'il avait.
Pourquoi avait-il fait une telle chose ? Comment avait-il pu penser qu'il pourrait sortir sans conséquence ?
Il s'était bercé d'illusions, voilà tout. Il s'était souvenu du regard réconfortant d'Hermione dans la cave et s'était persuadé que sa présence changeait tout. Cela n'avait rien changé.
Il était toujours aussi faible, aussi couard et aussi incapable. Il se détestait pour ça. Il s'était ridiculisé devant elle.
Il se souvenait de quelques paroles murmurées près de lui, sans qu'il les comprenne vraiment. On lui avait parlé. Hermione lui avait parlé.
Et petit à petit, alors qu'il reprenait connaissance, il réalisa que cela n'avait pas cessé. Elle lui parlait toujours. Et surtout, elle le touchait.
Il sentait sa main dans ses cheveux alors qu'elle chuchotait quelques paroles qu'il avait encore du mal à comprendre. On le touchait et c'était agréable. Il se demanda depuis combien de temps cela n'était pas arrivé, mais ne trouva pas la réponse.
– Tout va bien, l'entendit-elle lui murmurer.
Il se figea. Son cœur battait la chamade. Elle arrêta aussitôt de caresser ses cheveux, sans retirer sa main pour autant.
– Drago ? murmura-t-elle après un certain temps.
Il battit des paupières et son regard croisa le sien, au-dessus de lui. Elle semblait mortifiée, comme prise sur le fait. Elle ne dit rien et il crut voir une étincelle de gêne dans son regard. Comme si elle avait peur de ce qu'il pourrait dire.
– Je suis désolé, se contenta-t-il de lui répondre.
Sa bouche était pâteuse. Il se sentait tout engourdi et cela ne fit qu'alimenter ses questionnements. Depuis quand était-il là ?
Il réalisa qu'il était à l'intérieur et comprit qu'elle l'y avait traîné. Il se sentit d'autant plus coupable, honteux. Tout était sa faute. Il l'avait dérangée. Il avait tout gâché. Il…
– Comment tu te sens ? demanda-t-elle alors.
Elle reprit ses caresses dans ses cheveux et il sentit son cœur rater un battement. Il aurait pu s'endormir ici, la tête sur ses genoux. Cette sensation était exquise.
Il voulut s'excuser une nouvelle fois, mais elle le fit taire d'un regard lorsqu'elle le comprit. Il déglutit et détourna le regard vers le plafond. Il sentit son visage chauffer sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi. C'était juste Hermione.
– Mieux, répondit-il à voix basse.
– Ron me demandait de faire ça pour l'aider à se calmer, se justifia-t-elle ensuite. Je crois que ça l'apaisait. Après la guerre, quand j'étais encore en Angleterre, il était comme ça presque tous les jours. Je me suis dit que… Je me suis dit que ça pourrait aider.
Drago hocha lentement la tête et ferma les yeux. Elle se justifiait d'une chose qui lui semblait pourtant si naturelle, si agréable. Pansy aussi avait fait ça lors de leur sixième année. Il comprenait mieux que personne à quel point cela permettait de se calmer. Et cela fonctionnait à merveille.
– Tu ne le vois plus ? demanda-t-il pour changer de sujet.
Il ne voulait pas laisser ses souvenirs l'envahir. Pas encore. Pas maintenant. Il préférait se concentrer sur sa main dans ses cheveux.
– Ron ?
Il hocha de nouveau la tête et entrouvrit les yeux pour la regarder. Elle fixait un point invisible devant elle d'un air pensif. Elle avait froncé les sourcils en entendant sa question et il la vit se mordiller l'intérieur de la joue. Il referma les paupières pour lui laisser de l'intimité, pour lui laisser du temps.
– Non, finit-elle par répondre. Plus depuis des années.
Elle prit une longue respiration, tremblante. Elle cherchait ses mots, il le sentait.
– Il n'est jamais venu ici, se confia-t-elle en passant son pouce sur le haut de son front. Je ne l'ai pas vu depuis… au moins sept ans. Au début, il m'envoyait des lettres pour prendre de mes nouvelles, mais il a fini par arrêter. Puis plus rien.
Drago fronça les sourcils. Le parfait trio brisé ? Il n'avait jamais pensé à cela, il s'était contenté d'observer Potter et de constater les différences frappantes qu'il y avait dans son amitié avec Hermione. Il n'avait jamais réalisé que Weasley ne faisait plus partie de la vie de sa colocataire.
Il ne s'était pas posé une seule question à ce propos. Peut-être qu'inconsciemment il avait pensé que tout allait bien, qu'ils continuaient de se voir d'une certaine manière, ou de s'envoyer des lettres. Après tout, il n'avait pas vraiment de raison de s'intéresser au rouquin.
– Tu sais ce qu'il est devenu ? demanda-t-il tout de même.
Il réalisa trop tard que sa question était peut-être trop intrusive. Il entrouvrit à nouveau une paupière pour vérifier qu'Hermione ne lui en voulait pas.
Elle n'avait pas bougé. Elle fixait toujours le mur en face d'elle d'un air concentré. Elle n'avait pas retiré sa main de ses mèches blondes et trop longues.
Les semaines passaient et il songeait à les raccourcir. Sa barbe aussi, lorsqu'il oserait approcher à nouveau un rasoir. Il ne voulait plus jamais ressembler à ce qu'il avait été durant ses années à Azkaban.
– Il a épousé Lavande Brown, lui apprit-elle d'un ton plat.
Elle semblait si peu impliquée dans la conversation qu'il songea à changer de sujet. Néanmoins, elle poursuivit son récit et il oublia cette idée.
– Ils ont eu un fils, il y a deux ou trois ans. Maurice Weasley. Harry n'a pas assisté au mariage, il s'est fâché avec lui il y a quelques années. Ron a… sombré après la guerre. Plus que n'importe lequel d'entre nous, j'ai l'impression. Après la mort de son frère, Fred, il s'est perdu et il n'a plus voulu entendre parler de nous au bout d'un certain temps. Je ne sais pas vraiment ce qu'il est devenu après, seulement qu'il a fini par épouser Lavande et qu'il a arrêté de…
Elle se tut et prit une nouvelle longue inspiration. Drago serra les poings. Il entendait à sa voix à quel point ce sujet lui était difficile et s'en voulut d'autant plus de l'avoir abordé. Encore une fois, elle continua avant qu'il ne puisse ouvrir la bouche.
– Il a arrêté de se droguer, lâcha-t-elle comme un fardeau qu'elle aurait gardé en elle trop longtemps. Je ne sais pas comment il est tombé là-dedans, comment il… comment il s'en est sorti. Je sais simplement qu'Harry a essayé de l'aider pendant des années, jusqu'au jour où Ron a explosé.
Elle se tut à nouveau et sa main s'arrêta dans ses cheveux l'espace d'un instant.
– Je crois que j'aurais aimé l'aider, poursuivit-elle d'une voix frêle en reprenant ses caresses. J'aurais voulu le soutenir.
– Mais tu ne pouvais pas, finit-il pour elle.
Elle ne répondit pas et il l'imagina avoir hoché la tête. Il avait compris sans même qu'elle ne lui explique.
– C'est pour ça que tu es partie, que tu es venue ici, n'est-ce pas ?
– Oui, avoua-t-elle dans un murmure.
Il hocha la tête et expira longuement l'air qu'il avait contenu dans ses poumons sans s'en rendre compte. Il se sentait apaisé, ici, allongé contre elle. Il se sentait bien malgré l'importance et la dureté de leur discussion. Il avait confiance.
Il retrouvait ce sentiment si particulier qu'il avait ressenti dans la cave, un mois plus tôt. Cette émotion si agréable qui l'avait traversé et lui avait donné la force de continuer. Il se sentait invincible. Il avait confiance.
– Et toi, Drago ? murmura-t-elle en passant son index sur son nez.
Il frissonna incontrôlablement. Son prénom entre ses lèvres était encore si étrange. Pourtant, il se sentait bien, c'était normal. Il avait confiance.
– Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?
Et voilà pour aujourd'hui ! Merci à Lyra et Damelith pour leur aide et soutien !
On se retrouve le 24/09 pour la suite !
N'oubliez pas de laisser un commentaire et de suivre l'histoire pour me soutenir !
