La douleur lancinante de son bras la réveilla. Où était-elle ? C'est avec difficulté qu'elle réussit à ouvrir les yeux. Un bras pendait sur sa hanche et une chaleur confortable l'enveloppait lui donnant une sensation de cocon, de bien-être. Lorsqu'elle bougea, le bras se resserra autour de sa taille et le souffle chaud qu'elle sentait dans son cou s'arrêta.
- Comment vas-tu ? s'inquiéta Drago.
Elle se retourna et se lova un peu plus contre lui.
- Ça peut aller. Juste que je nous aie foutu dans la merde… Futur mari… dit-elle avec sérieux.
- En effet… On ne peut plus faire marche arrière tu sais… Mes parents ont déjà discuté avec ton père de la date. Je n'avais pas vu mes parents aussi heureux depuis longtemps… J'ai eu l'impression hier d'être leur pion afin de se rapprocher du Seigneur des Ténèbres.
- J'ai vu ça. Comment on va faire ?
- On va se marier, que veux-tu faire ? Je te l'ai dit. Plus de marche arrière.
- Je suis désolée. Tout est de ma faute, s'excusa-t-elle en enfonçant sa tête dans son torse.
Elle sentit la main de Drago lui caresser les cheveux.
- T'inquiète, au moins nous on sait ce que ce mariage signifie. Par contre il ne faudra en parler à personne Helena. Sinon, nous sommes morts, ajouta-t-il avec gravité. Ni Potter, ni Granger, ni Weasley, je te préviens. On est dans le même bateau.
- Ne t'en fais pas Drago.
Le jeune homme s'extirpa du lit pour aller chercher une fiole sur son bureau. Sa chambre était assez grande. Le plafond blanc vouté était soutenu par des poutres en bois sombre et un chandelier luxueux pendait au milieu de la pièce. Son lit à baldaquin et en bois vert foncé ouvragé était aussi vouté. Les tables de nuit étaient magnifiques, trois serpents sculptés tenaient une plaque en verre et les détails étaient impressionnants de réalisme. Il avait même sa propre cheminée en pierre.
- Ton père m'a donné ceci hier soir emmenant tes bagages, expliqua-t-il en s'asseyant sur le bord du lit. Du dictame. Tu veux que je t'en passe ?
- S'il te plaît. La douleur est insupportable.
- Ça ne durera pas longtemps. Le dictame va te soulager. Crois-moi sur parole.
Ses doigts débouchèrent délicatement la fiole et déposèrent le bouchon sur la table de nuit avant de se tendre vers elle. Elle tendit sa main pendant qu'il faisait couler délicatement quelques gouttes sur la marque. Une fumée verdâtre s'éleva et la douleur se dissipa quelque peu.
- Les rôles sont inversés, sourit Helena.
- Comment ça ?
- C'était moi qui te passais du dictame il y a quelques mois, après ta dispute avec Harry.
Prononcer son prénom lui était douloureux.
- Je ne savais pas, dit-il concentré sur la blessure.
- J'ai aidé Mme Pompfresh à t'en mettre.
- Je vois. J'ai encore les cicatrices sur la peau. Le professeur Snape m'a dit qu'elles ne disparaitront jamais. Je me souviendrai de lui à chaque fois que je me déshabillerai, annonça-t-il en grimaçant. Foutu Potter.
Helena éclata de rire par le double sens de sa phrase.
- Arrête de rire ! Je vois pas ce qu'il y a d'amusant ! Ça va sûrement être un tue l'amour à chaque fois que je voudrais coucher avec une fille !
Cela la fit rire de plus belle. Son ventre lui faisait mal et des larmes commençaient à venir lorsqu'on frappa à la porte, cela la coupa net.
- Oui ? cria Drago.
- C'est moi, Severus ! Je peux entrer ?
- Deux minutes ! répondit Drago.
Il reboucha la fiole et la posa sur le bureau pendant qu'Helena se relevait, encore vêtue de sa robe de la veille. Des taches de sang apparaissaient dessus au niveau de ses genoux.
- C'est bon ! cria Helena.
La porte s'ouvrit et Severus entra. Le sourire de la jeune femme s'effaça aussitôt en croisant le regard noir de son père.
- Mr Malefoy, si vous pouviez nous laisser s'il vous plaît.
Drago regarda Helena comme pour lui demander si elle était d'accord qu'il parte et elle acquiesça d'un signe de tête. Après qu'il ait fermé la porte, elle entendit son père murmurer le sortilège d'Assurdiato avant de se retourner vers elle.
- Tu as perdu l'esprit ? explosa-t-il. Je t'avais dit de partir à l'étranger ! Pas de venir ici ! Encore moins de devenir une Mangemort ! Dans quel pétrin tu t'es mise ?
- Pourtant tu n'as rien dit hier, répliqua-t-elle en voulant le pousser à bout.
- Tu te moques de moi ? Comment voulais-tu que je dise quelque chose ! Il était devant nous ! Tu aurais pu te faire tuer ! Et moi avec !
- Ah c'est donc ça qui te dérange, s'énerva-t-elle en se relevant. Tu as peur d'y laisser ta peau si je fais un faux pas. Ne t'inquiète pas, très cher « père ». Je sais ce que je fais.
- Tu vas me rendre fou ! N'as-tu donc aucune idée de ce qui s'est passé hier soir ? Tu es marquée à vie ! Tu ne pourras jamais partir ! Et en plus de cela, tu dois te marier dans dix jours à Drago !
Elle vacilla sous le choc. Dix jours seulement ? Elle pensait qu'ils attendraient au moins quelques mois.
- Je…
- J'espère que tu es heureuse !
- Tu plaisantes ? C'est toi qui as tué Dumbledore ! Toi qui es parti sans un mot à part ton ignoble lettre ! Comme si tu pouvais justifier ce que tu as fait ! Et bravo d'ailleurs pour avoir vendu Harry ! Par ta faute, Maugrey est mort ! Tu n'es qu'un lâche ! hurla-t-elle.
Une colère froide se lisait dans les yeux de son père. Sans un mot, il s'approcha d'elle et la gifla.
- Ne me traite plus jamais de lâche, tu m'entends ? dit-il froidement en la pointant du doigt. Ce n'est pas parce que tu crois tout savoir que cela est vrai !
Une larme coula sur la joue d'Helena et Severus se rendit compte de son geste.
- Je suis désolé. Tu peux m'insulter de tous les noms, mais pas celui-ci. Je fais tout mon possible pour te protéger et toi tu te jettes dans la gueule du loup. Je n'ai pas à justifier mes actes, tu sauras tout bien assez tôt et j'espère que tu me pardonneras, expliqua-t-il sincèrement. Tu es la seule personne qui compte à mes yeux, je pense savoir pourquoi tu es venue ici et ça me tue. Quand nous serons rentrés à Poudlard, je te promets de t'expliquer certaines choses, pas tout car je ne le pourrai pas et j'ai l'espoir que cela te suffira. En attendant, nous avons un mariage, faux mariage si j'ai un bon instinct, à préparer. Il y aura une réunion dans deux jours avec les Malefoy pour l'organisation.
Il se retourna pour partir quand Helena lui attrapa le bras.
- Tu me promets que tu es quelqu'un de bien ? demanda-t-elle avec tout l'espoir qu'elle avait dans son cœur.
- Je ne peux pas te promettre cela, beaucoup de mes actions te démontreront le contraire. Je peux juste te demander de me faire confiance et de suivre mes instructions sans poser de questions. S'il te plait.
- Je ne le regretterai pas ?
- Non, tu ne regretteras pas.
Helena inspira profondément et prit la décision de croire en lui. Elle n'avait pas d'autres choix et n'avait pas assez d'énergie à perdre en s'opposant à lui. L'avenir lui dirait si elle avait raison.
Helena et Drago étaient assis côte à côte dans le bureau de Lucius. La somptueuse décoration qui ressemblait au reste du manoir pouvait se réduire en un mot, fastueuse. Tout était dans le détail ici. Le canapé était si confortable qu'elle aurait pu s'y endormir, surtout avec la conversation ennuyante qui avait lieu. Leurs parents présents discutaient des moindres détails du mariage à venir sans trop leur demander leur avis. Enfin, c'était surtout Narcissa qui parlait et leurs pères qui écoutaient. Le lieu, la robe, le menu et maintenant les invités. La nuit devait être tombée depuis une heure environ, la discussion n'en finissait pas. Elle se demandait bien pourquoi ils devaient y assister. Une pression sur sa main la sortit de sa torpeur et croisa les yeux gris de son futur époux. Un regard rieur sous l'absurdité de la situation la réveilla quelque peu et elle dut se retenir de sourire.
- Je pense que nous pouvons dire que la liste d'invités est terminée, cela se fera en petit comité de toute manière, conclut Severus, apparemment à bout.
- Oui, répondit tristement Narcissa.
- Je suis vraiment heureux de cet arrangement Severus, se félicita Lucius.
- Moi également, répondit-il sur un ton qu'Helena trouva ironique.
Lucius se tourna vers eux.
- Alors ? Cela vous… commença-t-il avant de s'arrêter en grimaçant.
Automatiquement, il dirigea sa main vers son bras, geste que copia Severus. Ils se jetèrent un regard grave, hochèrent la tête et transplanèrent sans un mot.
- Dans votre chambre, tout de suite, ordonna Narcissa.
Dans une confusion apparente, Helena et Drago se levèrent et sortirent de la pièce pendant que la mère de ce dernier partait à toute vitesse.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? s'inquiéta Helena en suivant l'allure rapide du jeune homme.
- Aucune idée, mais nous n'avons pas été appelés au moins, se rassura-t-il en passant la porte de sa chambre. Il est absent depuis deux jours donc je pense que nous serons tranquilles.
- Au moins, on en a terminé avec cette discussion de mariage. Je suis épuisée, se plaignit-elle. J'ai l'impression d'avoir le cerveau retourné.
- Tu n'es pas la seule… Qu'est-ce qu'on fait ?
- Je sais pas, j'aurais bien envie de m'allonger sincèrement. Ça te dérange pas ?
- Non vas-y. J'ai un livre à finir de toute façon.
La jeune femme s'étendit dans le lit et se recouvrit avec l'édredon tandis que Drago s'installa à ses côtés. Une fois au chaud, le sommeil ne mit pas longtemps à venir.
Un coup la réveilla en sursaut. Drago s'était aussi réveillé et la regardait avec inquiétude. Il se leva rapidement et se dirigea vers la porte qui s'ouvrit sur Severus.
- Réunion urgente dans le salon, vite ! annonça-t-il avant de partir.
Helena sortit rapidement du lit encore habillée de sa robe de la veille et suivit Drago en courant vers le rez-de-chaussée. Une discussion agitée avait lieu et, lorsqu'ils entrèrent, ils virent que plusieurs Mangemorts parlaient avec animation.
- Les Weasley n'avaient aucune idée de l'endroit où il se trouve, ils nous l'auraient dit ! s'exclama un homme massif aux traits difformes.
- Mais bien sûr… Je suis d'avis qu'il aurait fallu les interroger de manière plus brutale, s'exclama Bellatrix.
- Brutale ou non, ils ne nous auraient jamais dit où le trouver, répliqua Severus.
- En tout cas, maintenant que le Ministère est tombé et que cet imbécile de Scrimgeour est mort, nous avons la voix libre pour la suite.
- Le Maître lui-même l'a torturé et a fait chou blanc aussi pour Potter, raconta une femme qu'Helena ne connaissait pas.
- Quelqu'un a des nouvelles de Dolohov et Rowle ? demanda Severus.
- Le tabou fonctionne, ils ont été voir si c'était Potter, ils ne devraient plus tarder.
L'agitation les empêchait de voir la panique sur le visage d'Helena, mais cela ne manqua pas à Severus qui s'approcha vers elle et lui chuchota de se calmer. Elle essaya d'inspirer et d'expirer profondément afin de calmer les battements de son cœur mais c'est seulement lorsque Drago glissa sa main chaude dans la sienne qu'elle réussit à reprendre une expression impassible. Au même moment, deux Mangemorts apparurent au milieu de la pièce. L'un était brun, le visage long, pâle et déformé tandis que l'autre, blond et musclé, ressemblait à un colosse.
- Alors ? demanda Bellatrix en souriant. Il est où ?
- Qui ? demanda le brun, le regard dans le vague.
- Potter, Dolohov ! Où est Potter ? Vous l'avez trouvé ?
Les deux hommes se regardèrent sans comprendre la question.
- Ils ont dû être soumis au sortilège d'oubli, remarqua Severus.
Ce dernier se rapprocha d'eux, leva sa baguette et murmura une formule inaudible. Les deux hommes papillonnèrent des yeux comme s'ils se souvenaient au fur et à mesure des évènements passés.
- Il nous a échappés, souffla le blond, confus. Ils étaient dans un café moldu et…
- Et Potter l'a stupéfixé. J'avais réussi à ligoter le traître à son sang quand la sang de bourbe m'a lancé un Petrificus Totalus.
Bellatrix cracha par terre.
- Pas foutu d'arrêter trois gamins ? cria-t-elle. C'est le Maître qui va être content ! Lui qui était heureux d'avoir éliminé Scrimgeour…
- Je devrais l'appeler non ? Mieux vaut lui dire maintenant que plus tard non ? demanda le blond.
Personne ne répondit à sa question. C'est avec une peur flagrante que l'homme leva sa manche et toucha sa marque de sa baguette. En deux secondes, le Seigneur des Ténèbres apparut.
- Oui Rowle ? demanda Voldemort d'une voix doucereuse.
- M… Maître, le tabou fonctionne…
Voldemort regarda autour de lui l'assistance silencieuse comme s'il cherchait quelque chose du regard.
- Et ?
- Et… Nous avons trouvé Potter… Mais il a réussi à s'échapper.
Une expression alors de fureur intense apparut sur le visage de Voldemort.
- Drago ? cracha-t-il. Ici !
La main tremblante du jeune homme se détacha de la sienne et il se dirigea vers son maître.
- Fais le souffrir, ordonna-t-il en posant sa main sur son épaule.
Helena regarda le spectacle qui se déroulait sous ses yeux avec dégoût. Un haut-le-cœur la prit lorsque son ami s'exécuta. Jamais elle n'avait entendu de pareils cris dans sa vie. Rowle se tordait au sol de douleur. Il le fit recommencer une fois, deux fois avant de lui dire d'arrêter.
- Tu en veux davantage, Rowle, ou bien on en reste là et on te donne à manger à Nagini ? Lord Voldemort n'est pas sûr de pardonner, cette fois… Tu m'as rappelé pour ça, pour m'annoncer que Harry Potter s'était à nouveau échappé ? Drago, fais sentir encore une fois à Rowle l'intensité de notre déplaisir… Vas-y ou c'est toi qui subiras ma colère !
Helena put lire sur le visage de Drago qu'il était terrifié en s'exécutant encore une fois.
- C'est bon Drago, brave garçon, dit-il en lui tapant sur l'épaule comme on pourrait le faire à un chien. Alors Rowle ?
Le Mangemort se mit à genoux devant son maître et lui agrippa la cape en implorant son pardon.
- Au prochain faux pas, c'est Nagini qui sera contente, siffla-t-il en tirant sur son vêtement. C'est valable pour tous ceux qui sont présents.
Au moment où Voldemort disparut, l'agitation reprit et Helena se dirigea vers Drago. Son visage pâle l'alarma et elle prit délicatement sa main pour le diriger hors du salon avant que ses parents ne puissent interférer. Ils montèrent silencieusement les escaliers et, une fois dans leur chambre, Drago lui tourna le dos et éclata en sanglots en se cachant à l'aide de ses mains. Son corps se dirigea vers lui, comme hypnotisé, et elle prit délicatement son visage pour qu'il la regarde. Ses yeux étaient rouges, gonflés et elle pouvait lire la détresse dans son regard. Elle le conduit doucement vers le lit et l'aida à enlever sa robe. Son torse amaigrit était blanc et strié de cicatrices. Les larmes ne tarissaient pas sur son visage. Gentiment, elle lui indiqua de s'allonger sur le lit et le couvrit avec la couverture avant de se déshabiller elle-même et de le rejoindre. Son bras passa sous son cou et elle l'attira à elle, posant sa tête sur sa poitrine en essayant par cette étreinte de lui montrer tout son soutien et sa compassion. Après quelques minutes, son tee-shirt était humide mais elle sentit la respiration du jeune homme plus régulière. Il s'était enfin endormi. Sa décision de venir était finalement un mal pour un bien. Elle ne pouvait imaginer comment il aurait pu traverser cette période seul.
