Entre le démon en costume de majordome et son cher Utsubo, son cœur balance...


Chapitre 370 : Far from over

"Comment est... le monde démoniaque, Sebastian ?"

"Ooooh... d'un ennui redondant, sans saveur. Voilà pourquoi tout nous pousse vers le vôtre." sur un petit sourire. "Votre... espèce nous fascine depuis la nuit des temps."

J'entortille autour d'un doigt les mèches sombres, plus longues sur l'avant.

"Et y trouver autant de divertissement que de plaisir est, pour un démon, chance sans nom. Vraiment, ce siècle demeure d'une richesse incomparable en matière de qualité d'âmes." laissant glisser une langue d'une commissure à l'autre. "Ce monde... m'a fait passer du statut de morfale à celui de gourmet." tandis que je repose sur son bras replié, visage proche du sien, fixant ses traits idéalement fins.

"Tu t'es sans doute adapté vu que, selon ce que tu prétends, la qualité des âmes s'est développée."

"La vôtre m'est exquise et il me tarde de m'en occuper. Tout comme mon jeune maître, elle a été souillée par la mort lorsque vous étiez très jeune. Ceci leur procure une saveur incomparable. Un enfant ne demande en aucune manière d'être confronté à des morts violentes. Si un tel événement se produit, les séquelles demeurent irréversibles. Voilà pourquoi les adultes racontent tant de contes aux enfants... pour leur épargner la rudesse de la vie. C'est le seul moyen que l'humanité ait trouvé pour camoufler ses actes ; les couvrir de mensonges édulcorés." sans travers.

"Pour l'instant, tu prends grand soin de mon corps. Et c'est très bien ainsi." passant une jambe par-dessus les siennes, le faisant sourire.

"L'appétit vous reviendrait-il ?..."

Je glisse le pouce le long de ses lèvres, soulevant légèrement la supérieure pour distinguer ses crocs.

"Même si je suis déjà sous contrat, j'apprécie le temps que nous passons ensemble. Chérir votre corps... avant de me pencher, de toute ma science, sur votre âme..." glissant la langue le long de sa lèvre supérieure. "... l'idée m'est délectable. Jusqu'à m'en tendre." attrapant ma paume pour la guider jusqu'à son sexe qui reprend consistance.


Je m'installe en terrasse avec Lune et Mia.

"Quelle mine radieuse !... J'aimerai connaître celui qui te rend si... épanouie."

Petit rire de ma part.

"Car, rassure-moi, il y a bien un homme derrière tout ça ?..."

"Un homme ?... Oui. Oui, disons... qu'il en a l'apparence."

"Accouche, Lévichoute !..." s'impatiente Lune, tapant presque des pieds sous la table.

Je la fixe. "N'y vois aucune offense, Lune, mais celui qui me remplit en ce moment ne t'est pas inconnu."

"Eeeeek ? QUI TU M'AS ENCORE PIQUE ?" furieuse, sautant sur ses jambes, remontant une manche.

Mia rit devant le tableau.

"Un démon qui se plaît dans le rôle du butler." d'une voix blanche.

"Seb... astian ?..." se rasseyant, comme frappée par l'annonce du nom.

"J'ose espérer que tu en avais terminé avec lui."

"C'est maintenant que tu demandes, pfff ?!"

Mia n'en peut plus de réprimer son rire.

"J'en ai marre que tu me piques mes ex, Lévichoute !..."

"Ben... puisque ce sont des ex, ça ne devrait pas te poser de problème, Lune. Et puis bon, pour deux sur dix, tu ne vas pas chouiner."

"SUR DIX ?!"

"Et... Leech ne moufte pas ?..." émet Mia, très au fait du côté possessif de son signe astrologique.

"Nope. Tu vois, la boucle temporelle est très pratique pour ménager certaines susceptibilités exacerbées."

Mia éclate de rire. "My ! Tu n'en finiras jamais de m'étonner !..."

"N'empêche que j'en ai marre que tu me piques mes ex !... C'est vrai, merde quoi à la fin !... J'vais aller voir les tiens si tu continues !..." me menace Lune.


Je tourne ses paumes vers moi, défaisant l'attache de ses gants immaculés pour venir glisser mes doigts à l'intérieur, soupirant d'envie contre la naissance de son cou.

"Que m'as-tu fait, Sebastian ?..."

"C'est vous qui êtes venue me trouver." me laissant libre d'agir à ma guise, approchant sa bouche impitoyable de mon oreille. "Je n'allais pas m'en défendre, n'est-ce pas ?... Que vous arrive-t-il ?... Allez-vous pleurer sur votre sort, à présent ?..."

Je lève les yeux pour capter le carmin profond des siens.

"Je vous préviens : les faibles me font horreur." reniflant de dégoût, me toisant.

Je quitte la chaleur de ses gants pour monter les paumes le long de ses bras.

J'enserre ses épaules, doigts atteignant son cou, se rejoignant dans sa nuque.

"Ce simulacre d'affection touche-t-il bientôt à sa fin ?" s'impatientant.

"Mets-y fin si cela te pèse." défiante.

Son regard donne vue sur sa véritable nature, pupille de rétrécissant, féline, carmin prenant une teinte irisée.

Il me retourne d'un tour de main, dos face à son torse, me faisant lever les bras, paumes descendant le long jusqu'aux seins qu'il empoigne, me faisant geindre.

Même si le démon a su s'accoutumer à la douceur, il apprécie l'associer à la vigueur qui le caractérise.

Souple, il penche légèrement en arrière, m'attrapant par l'intérieur des cuisses pour me hisser en haut et me laisser lentement glisser en bas, érection se renforçant à la manœuvre.

Ses pouces initient le mouvement, caressant mon sexe pour l'éveiller et obtenir de moi cette chaleur qu'il prise tant.

Retournement, bouche partant derechef à l'assaut de la mienne pour un baiser aux relents de fournaise, langue pourchassant agilement la mienne jusque dans les recoins, me pressant vertement contre lui, définitivement éveillé.

Je tombe sur le lit et il me défait, n'y ajoutant aucune frénésie, offrant mon corps à ses sens ultra-développés, me humant, léchant à l'occasion de découvertes, désir atteignant son point le plus culminant.

Chaque bras est passé au peigne de sa langue pleine, depuis l'aisselle jusqu'aux doigts.

Il mordille à l'occasion, dans la chair la plus tendre.

"Aaaah... delightful." se régalant.

Tenu sur un genou fléchi sur le matelas, il quitte hardiment sa veste, la posant sur le bas du lit, donnant du leste à son nœud de cravate avant de me rejoindre, brûlant comme la flamme.

Sa langue semble partout sur moi, de même sur ses lèvres et ses mains.

Je suis à présent au zénith des sensations, le moindre centimètre carré de derme rendu sensible à sa présence.

"Good. Are we talking now, miss ?"

"Bas... tard !..."

"Oh you have no idea." revenant prendre ma bouche avec férocité.

Je palpite, cœur lancé à pleine vitesse tant il frappe dans mes tempes, corps exigeant d'être satisfait dans l'instant !...

Il me hisse, jambes sur ses épaules, m'ouvrant à lui, dirigeant son sexe de telle façon qu'il pointe vers le bas, s'invitant dans mon antre diablement accueillant.

Sa paume, plaquée sur mon pubis, fait en sorte que son sexe demeure en place sans s'échapper et flatte en même temps mon capuchon gorgé.

Ses paupières s'ouvrent de moitié sur son regard originel qu'il demeure incapable de juguler lors d'une telle montée de plaisir.

Les mouvements sont calculés pour nous offrir un maximum de sensations.

Bientôt, nos souffles et nos geignements se font écho.

La jouissance nous cueille au détour d'une accélération inopinée et nous la saluons à voix hautes.


Il fourre le nez dans mon cou. "Vous rappelez-vous ?... Lorsque vous avez mis son monde à genoux ?... Et que, pour ce faire, vous avez usé du pouvoir de l'astre solaire ?... quelle vision... ses puissants rayons vous traversant de part en part, reflétant comme à travers un prisme, renvoyant autant de puissance destructrice que nécessaire... aaaaah... quelle vision !..."

"Tu... étais là ?..."

"Je n'aurai manqué ce spectacle pour rien au monde, Mademoiselle." caressant mon épaule. "Vous qui étiez destinée à embrasser la sérénité... quelle chute... croyez-moi je saurai m'en régaler des siècles durant."

Il vient me couvrir de son corps tandis que je gis sur le ventre, pesant pour partie sur moi, mordillant mon épaule, nus.

"Quel siècle !... les humains préférant les ténèbres à la lumière... l'invitation qui m'a été faite n'aurait pu représenter meilleure opportunité... des rencontres savoureuses... tout ce qu'il faut pour combler mon appétit de gourmet." mordillant et lapant à la fois, sexe se levant pour une nouvelle joute.


Je coiffe mes cheveux, ayant une vue pleine sur celui qui, assis sur le lit, penché en avant, noue les lacets de ses vernies sombres.

Sa forme... sa putain de forme humaine me plaît, par tous les dieux !... Je pourrai passer ma vie au lit avec lui !...

"N'as-tu pas... le sentiment de t'être abaissé en prenant forme humaine ? De même qu'en adoptant un prénom humain ?... Il me semble t'avoir entendu dire que c'était réducteur."

"Ça l'est. Mais cela fait partie du jeu. Les gens ne se méfient guère d'un majordome. Cela me permet de les surprendre, de frapper là où ils s'y attendent le moins. Strike !" se levant pour réajuster sa veste. "Et à vous, cette forme plaît. Vous pensez que je ne remarque pas vos regards ?... Détrompez-vous. Je sais quel désir cette forme suscite en vous et je compte bien en user, voire en... abuser." s'étant approché, main sur mon épaule, bouche proche de mon oreille, canines visibles, regard d'un carmin profond plongé dans le mien via le miroir de la coiffeuse.

"Ahhh... donnez." attrapant la brosse pour me coiffer.


Quelque chose vient me bondir dessus à mon entrée dans l'appartement, nichant contre moi, blotti. Je reconnais immédiatement le Tsum de Floyd. "Bah alors ?... Je t'ai manqué ?" frottant mon nez contre le sien, adorablement rond. Il agite ses petites pattes de délice, le tout sur un son joyeux.

"Où est Floyd ?..."

Il m'échappe des bras, volant dans les airs jusqu'à devant la porte close de la salle de bains, tapant dans la porte.

Je ris et frappe. "Floyd, tu as terminé ?"

La porte s'ouvre et il apparaît, serviette nouée autour de la taille. Le Tsum en profite pour entrer et se cacher dans l'armoire de toilette.

"Hey !... Sors de là, toi !..." amusé plutôt que furieux, attrapant une serviette pour sécher ses cheveux. "Bah, où t'étais passée, Shachi ?..."

"J'ai encore réglé deux ou trois points au sujet de l'organisation avec Jade."

Oh mais quel beau mensonge !... Je me prenais du bon temps avec un certain démon de l'époque victorienne dans une boucle temporelle... Je me hais !

"Ah ? Ça allait, il n'a pas trop pinaillé ?..."

Je secoue la tête, profitant de la vue, souriante, épaule contre l'ébrasement de la porte.

Il le note. "Bah, si tu veux en profiter, tu peux hein !... J'suis propre maintenant. Je sens même hyper bon."

"Tu sens toujours bon, Floyd."

"Gnééé ? Pas après un parkour, un match ou un service intense au Lounge !..."

"Si si, je kiffe quand tu embaumes la sueur, Leech."

"C'est pas... un peu animal, ça ?..." m'avisant en souriant de toutes ses dents.

"C'est très, très animal."

"Pun..." réalisant la présence immédiate du Tsum, ravalant ce qu'il allait dire, tentant de calmer l'ardeur qui lui anime les reins et que son sexe ne va pas tarder à exprimer.

Je ris, allant me préparer une boisson chaude dans la cuisine.

"Shachiiiii ? Tu crois que je dois l'enfermer si on fait des trucs ?..." depuis la salle de bains.

"Disons que... ça nous gênerait s'il venait à nous regarder, je pense."

"Ouais. Et moi j'ai pas envie de faire abstinence le temps qu'il décidera de squatter ici !..." brossant ses quenottes pointues. "Alors, il va..." cherchant le Tsum des yeux. "Il est passé où ?... Shachi, il est avec toi ?..."

"Euh... non. Je ne le vois pas."

"Raaaaah ! C'est pas le moment de jouer à cache-cache !..." terminant son brossage, enfilant un bas de pyjama en vitesse avant de quitter la salle de bains.

"Ah, je crois que je le vois !..."

"Il est où ?"

Je lui désigne le canapé d'un mouvement de menton. Là, notre brave Tsum gît au milieu des coussins, endormi.

"Pfiouuu ! Il a failli me tourner en bourrique !..." glissant une main jusqu'à l'arrière de sa tête, bombant le torse, s'étirant.

"Il est adorable." rinçant ma tasse.

"Ha, tu craques parce qu'il me ressemble un peu, avoues !..." cherchant de mon côté, tendre, mains commençant à se faire baladeuses.

"C'est certain."

"Si le Tsum s'est enfin endormi, on va pouvoir faire des trucs dans la chambre ?..."

Je ris. "J'ai l'impression d'avoir un enfant depuis qu'il est entré dans nos vies !..."

"Ah ben ça tombe bien, vu comment tu tripes sur les photos de moi gamin."

Je note soudain un étui posé sur le fauteuil. "C'est ta trompette ?..."

"Ah... nan, c'est un nouveau joujou."

Je le regarde, intriguée.

"J'voulais t'en parler mais pas eu le temps... j'me suis mis au saxo. La trompette, j'en ai fait le tour. Et j'me suis inscrit dans la fanfare du coin. Bon après je fais un peu tache avec le saxo au milieu des cuivres hein mais j'ai souvent des morceaux solo à jouer."

"Oh !... Et qui d'autre se trouve dans cette fanfare ?"

"Ben y'a Jack, Ruggie et... Hunt. Ouais, j'pensais que ça allait cartonner entre nous mais nan, il reste très pro et ça se passe bien."


J'observe les gants blancs officier ; le thé est servi dans de la vaisselle de prix.

Sebastian le fait en silence, tout à sa tâche.

"Pourquoi... apprécies-tu tant ce rôle, Sebastian ?..."

"Parce qu'il correspond, pour partie, à mon sens de l'esthétisme. Il exige doigté et précision. Et ne jamais se laisser déborder par des circonstances extérieures tout en se bornant aux règles édictées."

"Je vois." attrapant la soucoupe qu'il me tend.

"J'ai eu tout à apprendre. Fort heureusement, le sommeil ne m'est pas une obligation. C'est durant ces heures que je m'instruis."

"Le sommeil ne m'est pas non plus nécessaire mais j'apprécie dormir."

"J'aime beaucoup vous observer dans ces moments-là." petit sourire. "Vous paraissez si... inoffensive. Bien sûr je conserve à l'esprit qu'il ne s'agit là que d'un leurre." s'installant à mes côtés, goûtant le thé. "Mmm. Quel Darjeeling de qualité..." connaisseur.

"Nous nous sommes croisés durant si longtemps avant de finalement devenir amants..." en riant presque tant la situation m'amuse.

"En effet. Il faut croire que ni vous ni moi n'y étions décidés." posé.

"Ta saveur est... particulièrement épicée, Sebastian. Peut-être n'étais-je pas prête à y goûter."

"Oh, je vous faisais peur ?..."

"Un peu. J'ignorais dans quoi j'allais m'embarquer. J'ignorais même si tu allais rire au nez de mes avances !..."

"J'aurai sans doute trouvé une formule plus courtoise pour vous éconduire."

"Vas-tu vraiment... dévorer l'âme de ce pauvre enfant ?..."

"C'est bien là le but du jeu, la récompense suprême." souriant. "Je consomme les âmes comme vous le faites du sexe, pour peu qu'elles soient à mon goût. D'ailleurs, maintenant que nous l'évoquons... n'avez-vous vraiment pas apprécié la façon dont il vous a couverte telle une lionne ?..." plissant le regard pour heurter la corde sensible.

Je lui retourne son regard. "Parlons-nous bien du même animal ?" plissant à mon tour.

Petit rire qui lui échappe. "Il me semble." goûtant une nouvelle gorgée.

"Absolument pas." vexée.

Il rit derrière son gant. "A quoi vous attendiez-vous ? Cela se passe ainsi dans la nature..."

"Cesse. Tu deviens insultant."

"La corde me paraît extrêmement sensible, ce qui demeure follement plaisant."

"Aucune femme normalement constituée n'apprécie se voir traiter de façon aussi..."

"... sauvage ?"

"Cavalière. Kingscholar est un imbécile."

"Comme vous y allez !..." de plus en plus divertit par mon débat. "Donc... vous y trouverez également à redire si je venais à m'aventurer à vous prendre de la sorte ?"

"Toi, ce n'est pas pareil, Sebastian."

"Vraiment ? Dois-je vous rappeler que vous tenez dans vos filets une bête tout droit venue des profondeurs infernales ?..."

"Peut-être. Mais dieu, tu es bien meilleur amant que Kingscholar ne l'a jamais été !"

Petit rire flatté. "Je pourrai vous prendre de la même manière, vous n'y trouverez guère à redire. Aaaah... j'apprécie votre mauvaise foi, Mademoiselle."

"Sebastian, est-ce le sang du sacrifice qui t'a attiré ici ?"

"Il a permis le passage. Le sang a toujours été, de tout temps, un vecteur liant deux mondes. Un diable demeure toujours à l'affût. Nous tournons en rond dans notre monde... nous nous y ennuyons ferme. Beaucoup de mon espèce ressentent un tel manque qu'ils nouent plusieurs contrats à la fois, leur appétit étant sans borne. Je trouve cela laid. Cela heurte profondément mon sens éthique. D'ailleurs, pour la petite anecdote, dès mon apparition dans votre monde, la première chose que j'ai proféré a été un mensonge." sur un rictus purement satanique. "J'ai, en effet, fait croire à mon jeune maître qu'il était à l'origine du sacrifice de son frère."

"Tu es ignoble."

Il se courbe un peu sur l'avant. "Merci. Mais lorsque vous avez carte blanche, vous vous permettez certaines libertés dont celle-ci. Qui, en ce monde, serait apte à me corriger si je venais à enfreindre ne serait-ce que les règles basiques du contrat qui me lie à mon jeune maître ?..." regard crépitant de convoitise.