Je n'ai pas oublié "Les Contes de l'étang" ! Voici un nouveau chapitre. D'autres seront à venir, sans ordre chronologique particulier. la version anglaise sera postée bientôt. Et merci pour vos revues et commentaires.
« Tada ! » Patrick Jane ôta la serviette blanche qui recouvrait le seau d'un grand geste théâtral. Sur son lit de glace, une bouteille apparut, qui avait tout l'air une bouteille de Champagne. Assise confortablement dans le canapé du mobile home, face à la table, Teresa Lisbon - maintenant Teresa Lisbon-Jane - observait la scène avec incrédulité.
« C'est très sympa, mais je suis enceinte Patrick, tu ne te rappelle pas ? Je ne peux pas boire ça. »
« Tu le peux, très chère. Je sais que ça ressemble furieusement à du champagne, mais c'est sans alcool. J'ai récupéré cette bouteille le soir de notre mariage. Il en restait un carton entier, alors j'en ai pris une avant que l'équipe du traiteur ne remballe le tout. Je n'aurais pas pu faire ça avec le champagne, ceci dit. Il n'en restait pas une goutte. »
« Ah, d'accord… » dit son épouse. Elle prit une des flûtes posées devant elle et la lui tendit, « Bon, alors, qu'est-ce que tu attends ? »
Patrick sourit et ouvrit la bouteille avec un pop retentissant, puis remplit les flûtes avec le liquide pétillant.
La petite brune ajouta « Et je peux savoir en quel honneur ce pseudo champagne ? »
« Pour… célébrer » répond le consultant en s'asseyant à côté d'elle.
« Célébrer quoi ? »
Il fit semblant de réfléchir. « Euh… ton anniversaire ? »
« Ce n'est pas mon anniversaire, et tu le sais bien. »
« C'est vrai. Alors, ton non-anniversaire ? »
Teresa leva les yeux au ciel « On est pas dans Alice au pays des merveilles, et je ne fête pas les non-anniversaires, c'est stupide. »
Jane haussa les épaules. « Dommage pour toi. Et si je voulais juste célébrer ? »
« Patrick, tu ne peux pas juste célébrer. On doit célébrer quelque chose. »
« D'accord ! Alors célébrons quelque chose. »
Il leva son verre plein.
« À quelque chose ! » s'exclama-t-il avec un grand sourire.
Un éclat de rire lui échappa malgré elle, en voyant sa mine réjouie.
« À quelque chose » répondit-elle.
Ils trinquèrent, verre contre verre, puis Teresa vida sa flûte cul-sec, et grimaça aussitôt.
« Pas terrible. J'ai dû boire ce truc chaque fois qu'on a porté un toast pendant la soirée du mariage. Je mourrais d'envie de boire une bonne bière fraîche après qu'on ait dansé si longtemps. »
« Quand ils ont passé la série de morceaux disco ? »
« Oui, tous les hits des années soixante-dix ! Tu te rappelles la chorégraphie de Rigsby sur Night Fever ? »
« Oh oui, fantastique! Même Cho a essayé de la faire! » répondit Jane.
Soudain, son regard se remplit d'une telle tendresse, et de quelque chose de si intense que Lisbon, troublée, sentit une vague de chaleur se répandre en elle.
« À quelque chose, Teresa… » ajouta-t-il d'une voix douce.
Elle fondit.
« Tu es impossible » dit-elle en souriant.
« Ah, désolé de te dire ça, mais tu te trompes complètement. Je suis totalement possible. Regarde, je suis là, assis à côté de toi, et je suis aussi possible que possible se peut. Tu vois ? »
Il prit la main de Teresa dans la sienne et la caressa doucement.
Elle cligna des yeux, quelques secondes s'écoulèrent dans le plus grand silence. Puis elle posa sa flûte vide sur la table avec résolution.
« Viens. » dit-elle en se levant. Elle tenait toujours sa main. « On va célébrer. »
Elle se mit à marcher en le tirant vers l'arrière de l'airstream, là où se trouvait leur modeste chambre.
Tout en se levant pour la suivre, il demanda avec un air malicieux : « Comme pendant notre nuit de noces ? »
Elle tourna la tête vers lui et lui tira la langue.
« Pendant combien de temps encore tu vas me charrier avec ça ? Tais-toi et viens ! » dit-elle en atteignant la petit porte.
« Oh, avec plaisir… » dit-il en souriant comme le chat du Cheshire.
Mariage de Jane et Lisbon, cinq jours plus tôt
La mariée posa son verre vide sur la table avec un soupir. Elle réalisait qu'elle tenait à peine sur ses jambes. Ç'était bon pour aujourd'hui. Enfin, pour cette nuit. Pas n'importe quelle nuit : notre nuit de noces.
De là où elle se tenait, elle pouvait voir le marié, de l'autre côté de la piste de danse qui avait été installée près du chalet. Il était assis sur une des chaises, maintenant éparpillées tout le long.
Un brin décoiffé, avec sa cravate dénouée, son gilet ouvert, il avait l'air détendu et heureux.
Kimbal Cho était assis à sa droite, il sirotait un verre de ce qui ressemblait à du scotch ou du bourbon et, chose remarquable, souriait de toutes ses fossettes.
Il avait l'air passablement éméché, comme Rigsby d'ailleurs. Debout à côté d'eux, le grand brun se dandinait dans une dance maladroite au rythme de la musique.
Il venait sûrement de leur sortir une bonne vieille vanne alcoolisée, et apparemment ça marchait, car ils étaient tous les trois hilares.
Teresa décida de contourner les gens qui dansaient pour rejoindre son mari et lui dire qu'elle voudrait bien s'en aller. Il était près de deux heures du matin, mais la soirée battait son plein.
Elle calculait donc le meilleur chemin pour naviguer entre les invités quand, comme pas magie, Patrik Jane apparut à coté d'elle, sa veste sur le bras.
« Tu me cherchais ? »
« Comment tu sais ça ? »
« Oui ou non ? »
« En fait, oui… » lui dit-elle dans l'oreille, alors qu'il se penchait vers elle pour l'entendre mieux,
j'ai mal aux pieds et je suis épuisée. Ça t'embêtes si on s'éclipse et qu'on retourne au mobile home ? »
« Bien sûr que non, chérie, allons nous reposer. J'apprécie beaucoup cette soirée, mais la journée a été longue… »
« On peut dire ça, oui. Ce n'est pas tous les jours que j'arrête un tueur en série buveur de sang et que j'épouse mon consultant dans la foulée… »
« Techniquement, Keller ne buvait pas le sang de ses victimes, il arrosait le corps de son défunt père avec. »
« Ça revient au même. »
« Je suis d'accord, l'un est aussi dégoûtant que l'autre. Allons-y. »
Les enceintes de la sono crachèrent une nouvelle chanson, et pendant que Beyonce scandait qu'elle avait l'ai follement amoureuse, ils s'en allèrent discrètement et marchèrent à travers l'herbe longue pour rejoindre l'airstream de Jane.
Teresa était un peu instable sur ses hauts talons, alors Patrick enfila sa veste, et passa son bras sous le sien pour l'aider à marcher, comme un parfait gentleman.
Arrivé au véhicule, il en ouvrit la porte et se retourna vers elle. On lisait la malice dans ses yeux.
« Et maintenant… »
« Quoi, qu'est-ce… Oh non non non, tu ne vas pas faire ça, pas question. »
« Je vais me gêner. »
« Non, non, tu ne fais pas ça ! » protesta-t-elle, mais sans beaucoup de vigueur.
Avant qu'elle puisse dire ouf, Jane l'avait prise dans ses bras. Elle poussa un petit cri étranglé, mi protestation, mi rire, alors qu'il grimpait les marches.
Il passa le seuil du vieux camping car, et elle noua ses bras autour de son cou.
« Vive la mariée. La plus belle mariée de toutes les mariées ! Je t'aime. »
« Tu es limite ringard, Patrick Jane » dit-elle en secouant la tête, « Moi aussi je t'aime. ».
Et elle l'embrassa.
Quand leurs lèvres se séparèrent enfin, leurs sourires respectifs étaient tellement béats qu'ils en éclatèrent de rire. Il la reposa par terre, en reprenant son souffle.
« Désolé, je n'ai pas pu résister, c'est la tradition, après tout. »
« C'était super kitsch, mais c'était sympa. Au moins, tu ne m'a pas cogné la tête sur le montant de la porte, et tu ne t'es pas déplacé une vertèbre en me soulevant. »
« Ça ne risquait pas d'arriver. je me suis entraîné toute la semaine avec Cho. » plaisanta-t-il.
Elle pouffa et entreprit d'ôter ses chaussures.
« Oh mon dieu, j'ai l'impression que mes pieds et mes chevilles sont gonflés comme des ballons, et mes jambes me font mal comme si j'avais couru un marathon… », dit-elle en balançant les coupables sandales à talons compensés loin d'elle.
« Laisse-moi faire quelque chose pour ça, mais d'abord, au lit ! » dit-il d'un ton très sérieux.
Le marié enleva sa veste, son gilet et ses chaussures, puis ouvrit cérémonieusement la petite porte de la chambre.
La mariée y entra avec un petit sourire complice.
« N'allumes pas la lumière, je ne veux pas qu'on sache que nous sommes là dedans. » ajouta-t-elle, alors que Patrick repliait le dessus de lit et le drap de dessus.
Lentement, il la contourna, se plaça derrière elle et lui murmura à l'oreille.
« Comme tu veux, cela m'est égal. Laisse-moi juste t'enlever ça. » dit Jane.
La veste blanche atterrit sur le lit. Teresa retenait sa respiration, et ne put empêcher un frisson quand ses doigts trouvèrent le curseur de sa fermeture éclair et le firent lentement glisser jusqu'au bas de son dos.
Dans l'obscurité de la petite pièce, elle entendit le chuintement du tissu qui tombait à ses pieds.
« Tu devrais t'allonger, et reposer tes jambes. J'ai une huile de massage extraordinaire, je vais te la chercher et tu verras, elle fait des miracles ! »
« Un massage ? Oh oui, c'est une excellente idée ! » dit-elle en s'étendant sur le lit.
Pendant que Patrick fouillait dans le petit rangement qui lui servait de pharmacie, Teresa entendait la musique qui venait de l'extérieur. Le DJ passait des chansons plus calmes maintenant, peut-être le signe que la soirée allait toucher à sa fin. Elle avait l'impression que son corps pesait une tonne.
« Ah, la voilà » dit le jeune marié, « Avec ça, je vais te soulager et faire passer la douleur. »
Il s'installa au bout du lit et étala doucement l'huile sur ses mollets et ses chevilles. Puis il commença le massage réparateur, en descendant lentement vers ses pieds.
Teresa soupira de plaisir.
« Ça fait un bien fou, n'arrêtes pas, s'il te plaît… »
« Tu ne vois pas que j'ai une mission à accomplir ? Je n'arrêterais que quand tu te sentiras mieux. Allez, attention, ma petite chatouilleuse, je m'attaque à tes pieds maintenant. »
« Je ne suis pas chatouilleuse. Mmmh… Oh oui, c'est trop bon. Il faudra qu'on fasse ça plus souvent. »
« Vos désirs sont des ordres. » répondit-il avec un petit rire, en continuant le massage de la plante de son pied gauche.
Ceci dit, même s'il aimait s'occuper des pieds de Teresa, Patrick avait maintenant un autre projet en tête, impliquant massages et caresses sur d'autres parties de son corps. Pour lui montrer combien il l'aimait. Combien il était heureux de la merveilleuse nouvelle qu'elle lui avait annoncée ce soir. Combien le contact de sa peau blanche et douce aux jolies taches de rousseurs, là sous ses doigts, le rendait dingue.
« Ça va mieux maintenant ? » demanda-t-il doucement. « Tu veux que je continues encore ?… Teresa ?… »
Silence. Interrompu soudain par un léger bruit. Un bruit qu'il identifia tout de suite : le son caractéristique d'un ronflement.
Sa très chère femme s'était endormie. Et elle dormait comme une souche.
Son projet tombait à l'eau. Avec un soupir, Jane se leva doucement, se déshabilla, s'allongea avec précaution à côté de Lisbon, et les recouvrit du drap. Il embrassa son épaule nue.
« Bonne nuit, ma Belle au bois dormant, fais de beaux rêves. »
Dehors, près de l'étang, le DJ passait un slow. « I go to sleep » des Pretenders. Un classique.
