9. Rose
C'était sans espoir. Bien que j'essaie de compter mes mouvements, de compter les longueurs et de garder un œil sur mes temps, il y avait bien d'autres choses dans mon esprit.
Je flottais, tant littéralement que figurativement. Mes pensées flottaient çà et là, des morceaux brisés éparpillés dans tous les coins. C'était penser à tout et n'importe quoi, sauf à nager. Faisant un nouvel effort pour me concentrer, je levais les yeux vers l'horloge digitale à l'autre bout du bassin. Je me rendis compte que je fixais le jour et la date, pas l'heure. Nous étions mercredi, le vingt-neuf septembre.
C'était un mercredi, trois semaines auparavant, lorsque James avait réapparu dans ma vie. Seulement vingt et un jours, ce qui n'était pas long du tout. Pourquoi me manquait-il autant ?
L'anniversaire de Lily était un vingt-neuf. Pas le vingt-neuf septembre sa date d'anniversaire était, comme celle de mon frère, inoubliable. Je pouvais l'entendre s'en plaindre auprès de lui.
"Ferme-la juste avec tes feux d'artifice d'anniversaire, Hen. Je n'ai de vrai anniversaire qu'une fois tous les quatre ans, tu as oublié ?
Secouant la tête, je regardais de nouveau l'horloge et essayais de me concentrer sur ma nage. Au zéro, quatre cents mètres nage libre, bras uniquement. Parti !
C'était mercredi, le jour central de notre cycle de natation très matinal. James avait manqué le lundi aussi, mais le lundi était dédié à l'endurance, il suffisait donc d'enchaîner les longueurs les unes après les autres pendant une heure. Je n'avais pas eu besoin de compter, lundi. Il aurait été utile de savoir quelle distance j'avais nagé, et je me demandais à nouveau où était passé ma montre natation connectée. J'avais retourné ma chambre dans tous les sens sans être capable de la retrouver. Elle ne m'aurait pas été utile aujourd'hui, car ce jour était dédié à la technique. C'était dédié à James m'observant et à moi observant James.
Le mercredi était dédié à moi observant James, les muscles de ses larges épaules et avant-bras ondulant lorsqu'il se tirait à travers l'eau. C'était moi observant James, son torse légèrement parsemé de tâches de rousseur, son caleçon moulant enserrant ses muscles fessiers sculptés, tandis qu'il propulsait sa silhouette luisante d'eau hors de la piscine et me souriait.
Quand j'atteins le bord du bassin, je m'arrêtais. Je haletais, mais pas à cause de la fatigue. Au lieu de compter les longueurs, j'avais fantasmé sur James. Je levais les yeux sur l'horloge et réessayais. Au zéro, quatre cents mètres nage libre, bras seulement. Parti !
Le second samedi, une semaine après notre visite à Hathersage, nous avions roulé de nouveau jusqu'à Castleton et marché jusqu'au château de Peveril. Ce jour-là, j'avais été raisonnable. Durant ma recherche de ma montre de nage, j'avais découvert mes vieilles bottes Karrimor avachies et usées au fond de ma penderie. Je les avais pris, ainsi que la seule paire de chaussettes de marche que j'avais pu retrouver, avec moi. L'effort avait à peine été nécessaire : la marche jusqu'au château n'était ni longue ni difficile. Malgré l'absence de randonnée décente, nous avions passé quelques heures plaisantes à déambuler dans cet endroit.
James avait insisté pour visiter tous les coins et recoins. Au bout d'un moment, j'avais commencé à être un peu ennuyée par sa progression lente au milieu des ruines. Son enthousiasme bouillonnant pour le lieu était débordant et presque enfantin, je le laissais donc faire. Il était tout particulièrement intéressé par la zone autour de la garde-robe, prétendant qu'il y avait quelque chose de magique à propos de cette partie du donjon. Je lui avais dit que les toilettes médiévales, même magiques, n'étaient pas très haut dans ma liste des choses à examiner de près.
Pendant qu'il batifolait, Je m'étais assise sur l'herbe pour regarder au loin vers Mam Tor. C'était sans difficulté un point de repère plus facilement identifiable que le château ne l'avait été le week-end précédent, et la vue à travers la vallée de Hope en direction de son sommet était époustouflante. Au-dessus des murs brisés du château, au-dessus des arbres, le sommet et la crête étaient saupoudrés de minuscules créatures faisant ce que nous avions fait le samedi précédent. Le soleil brillait et les nuages étaient haut et rares. Ça avait été un de ces glorieux jours de fin d'été qui faisait remonter les souvenirs d'enfance. Je m'étais assise dans l'herbe, me remémorant nos explorations d'enfance des collines autour de Drakeshaugh et m'imprégnant du soleil de septembre.
Quand nous rentrâmes ce soir-là, j'avais préparé un 'crapaud dans son trou'. Ma pâte était un désastre, l'ensemble avait à peine levé. Vicki ne dit rien, mais James avait on ne sait comment perçu mon agacement. Il m'avait dit que c'était très bon, et quand j'avais protesté, il m'avait rétorqué que bien des cuisiniers étaient obsédés par la présentation alors que le goût était de loin la chose la plus importante.
Je jetais un œil vers l'horloge et constatais que soit j'étais ridiculement lente, soit j'avais mal compté les longueurs. Après quelques secondes de réflexion, je sus que c'était la seconde raison. Si j'avais fait le nombre pair de longueurs que j'avais compté, l'horloge aurait dû se trouver à ma gauche elle était à ma droite. Quand j'avais commencé à sortir avec Simon, m'entraîner seule n'avait pas posé de problèmes. Contrairement à James, il n'avait jamais vraiment mis les pieds dans une piscine.
Vaincue par mon esprit s'égarant follement, je me hissais hors de l'eau. Il n'y avait pas réellement d'intérêt à rester si je ne pouvais tenir les comptes. Les progrès que j'avais faits en six séances de nage avec James semblaient s'être évanouis avec lui. Furieuse contre moi-même, j'attrapais ma bouteille d'eau et me dirigeais vers les douches. Il n'était que huit heures et quart j'avais largement le temps de prendre un petit-déjeuner oisif avant le premier cours de ma troisième année.
Tandis que je me tenais sous la douche, je repensais au samedi, la dernière fois que j'avais vu James.
Nous avions initialement programmé une virée à Nottingham mais, à cause des prévisions météo, nous avions décide d'emmener la moto vers Loxley à la place. Même ce trajet bien plus court avait été une erreur. La pluie avait commencé à tomber juste lorsque nous étions partis et avant même la mi-chemin, j'avais découvert que mon pantalon étanche et ma cagoule, si utile quand j'allais randonner, n'était pas à la hauteur pour me protéger des éclaboussures de la route.
Quand nous arrivâmes à Loxley, James avait de nouveau été stupidement excité, j'avais donc prétendu ne pas être frigorifiée et trempée. Après l'avoir suivi çà et là dans ses déambulations forcenées pendant près d'une heure, au cours de laquelle il avait indiqué l'emplacement où toutes sortes de choses se seraient trouvées huit cents ans plus tôt, j'en avais assez et étais assez cassante. Son enthousiasme, tellement attachant le week-end précédent, n'avait pas été suffisant pour dissiper mon calvaire, pas quand il n'y avait rien à voir. Quand James avait indiqué avec excitation quelques arbres et avait annoncé que c'était l'emplacement où la grande forêt de Loxley, à une époque, s'étendait loin au sud jusqu'à Sherwood, j'avais finalement craqué.
"Ouais, eh bien la région au sud s'appelle maintenant Sheffield, et ce n'est plus une putain de forêt," lui avais-je dit.
À cet instant, James avait réalisé combien j'étais frigorifiée et trempée et malheureuse. Il avait été prêt à repartir immédiatement, mais j'avais ergoté, lui disant avec entêtement que j'allais bien. Heureusement, il m'avait ignoré. Nous étions revenus ruisselant jusqu'à la moto et, tandis que James chassait les gouttes d'eau de la selle, je fulminais. Malgré le fait que je lui avais caché mon mal-être, et malgré son action immédiate lorsqu'il avait su que j'étais mécontente, j'avais été agacé qu'il ne l'ait pas remarqué plus tôt.
Quand nous étions arrivés à l'appartement, j'avais été trempée jusqu'aux os et glacée jusqu'au fond de mon âme. J'avais arraché mes vêtements étanche au pied de l'escalier, les avais jetés par terre et avais été encore plus énervée lorsque James avait retiré ses propres vêtements étanches pour révéler que, en dessous, il était parfaitement sec. Ma réaction immédiate avait été, évidemment, parfaitement déraisonnable.
"Regarde-toi, bien au chaud et au sec !" avais-je craqué. "Je suis putain de trempée, à moitié crevée, et carrément furibarde !" lui avais-je dit tout en tremblant de froid. "Je vais prendre une douche, et j'espère pour ton cas que tu vas préparer quelque chose de génial pour le dîner."
Alors que mes doigts frottaient mon cuir chevelu désormais parfaitement rincé, je revenais à nouveau au présent. La douche sous laquelle je me trouvais était à la piscine, pas dans mon appartement, et j'étais resté dessous bien assez longtemps. Attrapant mon gel douche et mon shampoing, je m'enveloppais dans ma serviette.
Séchée et habillée, j'ignorais le café de la piscine et me dirigeais à la place vers l'Épicerie de Daniella pour un panini bacon, tomate et cheddar et un pot de thé Breakfast écossais – le seul thé décent de leur carte. Je m'assis sur un tabouret, toute seule, et regardais par la fenêtre.
Quand j'avais enfin émergé de la douche, propre et – plus important – réchauffée, l'odeur de cuisine m'avait assailli. Mon irritation dissipée, je m'étais enveloppée dans une serviette et m'étais aventurée dans le salon.
"Qu'est-ce qui se mijote ?" avais-je demandé.
"Waouh," avait dit James, détournant le regard.
"Anna !" avait sifflé Vicki, regardant fixement ma poitrine.
"Oups," avais-je dit, remontant la serviette pour couvrir mon téton gauche accidentellement exposé.
"Qu'est-ce qu'il y a pour le dîner ?" avais-je redemandé.
"Lasagnes," m'avait dit James. Il m'avait regardé de biais et, pendant un instant, j'avais été tentée de laisser tomber la serviette, juste pour voir ce qu'il ferait.
"Toutes prêtes ?" avais-je demandé dédaigneusement.
"Faites entièrement à la main," m'avait-il répondu d'un ton blessé. "Du style de celles de Maman, mais avec un peu de variation."
J'avais regardé Vicki. Elle avait hoché la tête.
"Sérieusement ?" avais-je demandé.
"Oui, sérieusement," avait dit Vicki. "Maintenant va te sécher et t'habiller, s'il te plaît !"
"Des lasagnes, rien d'autres ?" avais-je demandé nonchalamment en me tournant pour partir.
"Une salade," m'avait dit James. "Il n'y a rien dessus, mais visiblement ça ne te dérangera pas."
Vicki avait éclaté de rire. Je n'avais pas pu étouffer un sourire.
Terminant mon thé, j'attrapais mon sac de sport et me dirigeais vers l'Université. Il était tôt, très tôt. La salle de classe était inoccupée, ce qui n'était pas étonnant car j'étais en avance d'une demi-heure. Prenant place au premier rang, je sortis ma tablette et essayais de relire mes notes du semestre précédent.
Les lasagnes de James avaient eu bien plus de mordant que je m'y étais attendu. Cela était dû à son usage parcimonieux de piment en plus des oignons rouges et des petits champignons tranchés que sa mère ajoutait toujours au bœuf haché. La salade était simple et surtout composée de verdure. Le mélange de feuilles de cœur de laitue, de roquette et de fanes de betterave était agrémentée de deux tomates cœur de bœuf tranchées. Il y avait également une bouteille de balsamique, 'Au cas où ce ne serait pas assez aigre," m'avait dit James.
Ma mauvaise humeur résiduelle avait finalement été transformée en rire sous l'effet du repas, de la bouteille de vin que Vicki et moi avions partagé et des plaisanteries de James. Ce ne fut que lorsqu'il s'était levé pour partir qu'il me rappela qu'il partait pour quelques jours.
"Je retourne à l'école demain," avait-il dit alors que nous descendions l'escalier. "Je dois discuter d'un Moine Gras avec un moine gras. J'y serais allé directement, mais j'avais besoin de tout un tas de permissions pour accéder à l'école pendant la période scolaire. À cause de mes… enfin, ça n'a pas été aussi facile que j'espérais. Je ne serais pas de retour avant je ne sais quand jeudi, mais je passerai te chercher comme d'habitude pour aller nager vendredi, d'accord ?"
"Tu n'es pas obligé de partir maintenant, tu pourrais rester avec moi ce soir," avait suggéré ma libido débridée par le vin. "Et on pourrait s'amuser encore plus."
"Je… Merci de la proposition, Annie, mais je dois préparer mon sac, et je dois partir vraiment très tôt demain matin. Salut."
Attrapant ma main tendue, m'empêchant de l'étreindre, il avait effleuré mes lèvres des siennes et presque bondi sur la Tiger. Surprise et embarrassée par sa réaction, et un peu fâchée contre-moi-même, je m'étais simplement tenue là, à le regarder se préparer à partir.
"Ce n'est pas que je ne veuille pas…" avait-il commencé tristement. "C'est juste… je pense… Rose a dit que toutes mes relations étaient basées sur un mensonge. Je voudrais que tu saches quelque chose… des tas de choses, mais c'est compliqué." Il était parti, et ça avait été la dernière fois que je l'avais vu.
La salle de classe avait commencé à se remplir. Entendant mon nom, je levais la tête de mes notes que je n'avais pas lu et me retournais. C'était la première fois que je revoyais Simon depuis le jour où James était arrivé et je dus regarder à deux fois pour m'assurer que c'était lui. Est-ce que ses joues avaient toujours été si creusées, ses lèvres si minces, ses épaules si étroites ? Il me vit le regarder et me jeta un regard noir.
Simon et ses amis étaient assis au dernier rang de la salle de classe. Les commentaires acerbes qu'ils faisaient étaient ridiculement puérils et je n'avais aucune idée de ce qu'ils essayaient d'accomplir. Selon leur bruyante discussion, l'infidélité de Simon était, apparemment, de ma faute.
J'étais devant ils étaient au fond. Tandis que la classe continuait de se remplir, les nouvelles discussions assourdirent leurs voix. Il était facile de les ignorer une fois que le professeur Landis fut entré dans la salle. Tout le monde se tut et je les oubliais simplement lorsque je me concentrais sur ma prise de notes.
Le cours se termina à midi et Simon et ses amis furent les premiers hors de la salle. Il fallut une ou deux minutes pour que les étudiants avançant lentement franchissent la porte, donc quand j'émergeais enfin dans le couloir, je fus surprise de voir qu'ils étaient toujours dans le bâtiment. Je me demandais pourquoi d'habitude, ils fuyaient Bartholome House à l'instant où le cours se terminait.
Le quatuor était serré au bout du couloir, près de la sortie principale. Simon me tournait le dos pendant que Matt, Pete et Stu se tenaient servilement en demi-cercle devant lui. J'avais toujours eu un peu de peine pour Stu il était le quatrième membre d'une bande de trois. Ses tentatives pour s'attirer les faveurs des autres étaient surfaites et un peu pathétiques. Les vacances à Kos à Pâques avaient été organisées à son insu et les trois autres avaient été plus condescendants que repentants quand Stu avait découvert leur projet trop tard pour pouvoir se joindre à eux.
Stu me vit en premier. Je le vis me fixer et observais son expression se charger d'impatience. Bien que je ne puisse pas l'entendre, je fus certaine qu'il révélait ma présence aux autres. La confirmation arriva quand Matt et Pete me jetèrent un coup d'œil. Simon, en revanche, ne se retourna pas pour regarder.
Afin de quitter le bâtiment par l'entrée principale, je devais passer à côté d'eux. Me demandant s'ils me testaient d'une façon ou d'une autre, je continuais d'avancer. Je n'allais pas me retourner pour chercher une sortie alternative cela aurait été le signal qu'ils me faisaient peur, ce qui n'était pas le cas. C'était un plan bizarre, ça ne pouvait être que ça. Pete était le plus vieil ami de Simon, ils avaient grandi ensemble à Welwyn Garden City, mais Pete préparait un diplôme en comptabilité et gestion financière. Il n'y avait aucune raison pour lui d'assister à un cours de droit civil avec les autres.
Ils préparaient clairement quelque chose. Armée de ce savoir, je me dirigeais vers la porte. Je pouvais les ignorer, mais ils n'avaient aucune intention de m'ignorer en retour.
"Salut Anna." La voix traînante de Pete était lente et condescendante. "Ça fait longtemps qu'on ne s'est vu. Comment vas-tu ?"
"Je vais très bien, merci," lui dis-je, continuant sans m'arrêter.
"Au revoir Anna," ajouta-t-il acerbement. "Content de t'avoir parlé."
"Au revoir, Anna."
"Au revoir, Anna."
"Au revoir, Anna." Matt, Stu et finalement Simon firent leurs saluts.
Simon renifla bruyamment lorsque je le dépassais. "Fleur de Javel, le nouveau parfum de chez Piscine," ajouta-t-il. Ils se mirent tous à rire.
Bien que leur comportement m'agace, je n'étais pas suffisamment stupide pour réagir à la provocation. Il me semblait que la plupart des élèves autour étaient conscients que quelque chose se passait mais essayaient d'ignorer les commentaires puérils. Je fis de même. Refuser d'entrer dans leur jeu mesquin m'offrit un sentiment de supériorité. Alors que je quittais le bâtiment, je me demandais ce qu'ils espéraient me voir faire. Étais-je censée être bouleversée ou énervée ? S'attendaient-ils à ce que je m'emporte, que je crie et pleure ? Je n'en avais aucune idée, et je n'avais aucun moyen de le savoir.
Traversant la cour intérieure en direction de la rue, mon esprit vagabond essaya de découvrir comment je pourrais les espionner et découvrir leur plan. Ce dont j'avais besoin, réalisais-je, c'était une cape d'invisibilité. Cette pensée me réjouit et je souriais joyeusement alors qu'un nouveau bout de souvenir oublié depuis longtemps remontait brusquement à la surface de ma mémoire.
Je jetais un coup d'œil par-dessus mon épaule ils m'avaient suivi hors du bâtiment et Simon était ennuyé. Cela ne me dérangea pas du tout. J'étais trop occupée à sourire en souvenir d'un James de huit ans avec une couverture en tartan sur la tête.
"C'est une cape d'invisibilité, vous pouvez pas me voir," dit James.
"James !" Sans raison évidente, Rosie était scandalisée. "Tu ne peux pas dire ça !"
"C'est rien qu'un jeu, Rosie, ne sois pas aussi nigaude," dit Henry. Il tira la couverture de sur la tête de James. "À mon tour, Jamie."
"Tu peux pas l'avoir, Hen," protesta James, essayant de reprendre la couverture. "Je t'ai dit ! C'est une cape d'invisibilité, donc tu peux pas me voir !"
"Tu as marché sur cette branche et elle a craqué. Je l'ai entendu, donc j'ai pu savoir où tu étais," lui dit Henry.
"Ouais," approuva Lily. "C'est vrai, James. Je l'ai entendu aussi, mais Hen a pris la cape en premier. Henry l'a gagnée sur toi, donc c'est son tour d'être invisibibile." Elle croisa les bras. "C'est au tour de Henry de l'avoir."
"On a besoin de règles sur comment ça marche," dit Rosie.
"Facile. On peut rien voir de ce qui est dessous la couverture," dis-je.
"Pas couverture, cape d'invisibilité," corrigea Hugo.
"Ouais," approuva Lily.
"C'est ce que je voulais dire," protestais-je, acquiesçant en m'immergeant pleinement dans le jeu.
"Mais on peut voir les branches se plier et casser et on peut entendre quand tu bouges, Henry," ajoutais-je. Je lançais un regard mauvais à mon frère pour m'assurer qu'il me comprenne. Ce fut inutile il ne pouvait pas me voir parce qu'il avait une couverture – une cape d'invisibilité – sur la tête. Il ne bougeait pas. "Mais quand tu la portes, tu ne peux pas rester immobile," annonçais-je en tirant la couverture de sur sa tête.
"Hé !" protesta henry. "J'ai jamais bougé, et j'ai rien dit, donc tu pouvais pas m'voir."
"Non," approuvais-je, "mais j'ai vu quand tu l'as mise et t'as jamais bougé, t'as dit. Donc je savais où que tu étais ! J'ai vérifié pour voir si tu étais toujours là."
"Bien joué," Annie," me dit James, impressionné par ma logique.
"Mais…" commença Henry.
Je lançais la couverture par-dessus ma tête et partis en courant, puis je fis quelques pas de côté sur la pointe des pieds avant de me tenir finalement immobile et silencieuse. J'étais certaine d'être cachée en sécurité. Mais il me fallut toute ma volonté pour ne pas jeter un coup d'œil par-dessous la couverture. Les autres se disputaient toujours sur les règles.
"Pas juste, Annie," continuait de protester Henry.
"C'est ça les règles, Hen," annonça James.
"Ouais," entendis-je les autres approuver.
"Pas vrai Annie ?" ajouta James.
J'approuvais presque, mais identifiais la roublardise dans sa voix juste à temps. Comprenant ce que James faisait, je fermais résolument la bouche. Je ne pouvais pas parler, car cela révèlerait ma position. Tenant la couverture écartée de moi pour pouvoir voir s'il y avait la moindre brindille que je devais éviter, je fis quelques pas de côté. Il y eut un bruit de course et Rosie la souleva de ma tête.
"Hé !" protestais-je.
"Ton pied est sorti de sous la couverture," dit Al, défendant sa cousine. "J'allais t'attraper, mais Rosie a été plus rapide.
Rosie lança la couverture sur sa tête et commença à bouger. La couverture balaya une brindille. Al l'attrapa.
"Mais…" protesta Rosie.
Nos discussions sur les règles d'un jeu où nous essayions de trouver quelqu'un que nous pouvions – en réalité – voir avaient duré plus longtemps que le jeu lui-même. Je continuais à sourire à ce souvenir.
Quand je revins pleinement au présent, j'étais au milieu de Weston Park et j'étais suivie. Un regard m'indiqua que Simon et ses amis étaient toujours derrière moi. Il me regardait fixement, les sourcils froncés. Il semblait que mon sourire provoqué par mes rêveries l'agace, et cela me fit sourire encore plus grand.
Il ne me suivait pas, pas vraiment, m'assurais-je. C'était l'heure du déjeuner je prenais le chemin le plus court entre la Faculté de Droit et le bâtiment de l'Union, et il le faisait aussi. La plupart de mes camarades étudiants en droit me suivaient également. Malgré cela, quelque chose me tracassait. Il ne me fallut pas longtemps pour découvrir ce que c'était : Simon ne mangeait jamais, jamais, à l'Union Étudiante.
Simon et ses amis traînaient toujours derrière moi ils étaient suffisamment proches pour me voir, mais assez loin pour pouvoir prétendre que leur présence était une coïncidence. À ce moment, cependant, j'étais entièrement convaincue qu'ils me suivaient.
J'envisageais de les confronter, mais je savais qu'ils nieraient et que je ne serais pas capable de prouver quoi que ce soit. J'étais lancée dans une voie vers une carrière dans le droit et je pouvais aisément parvenir à une solide défense pour leurs actions. Ils n'avaient rien fait. Nous avions assisté au même cours et nous étions à présent à l'extérieur de l'Union à l'heure du déjeuner. Ce n'était pas du harcèlement il faudrait des semaines d'un comportement bien plus intrusif avant que je ne puisse étayer la moindre accusation. Décidant de prendre note des événements sur ma tablette, juste au cas où, j'entrais dans le bâtiment.
Cinq minutes plus tard, je faisais la queue pour m'offrir un repas bon marché. J'étais toujours une Rémi sans famille, je n'avais vu personne que je connaisse dans le bâtiment. C'était de ma seule faute, j'en étais bien consciente. J'aurais pu envoyer un message à Vicki, Alex ou Corrine et leur demander ce qu'elles faisaient pour déjeuner, mais je me sentais coupable. C'était un douloureux rappel à la réalité que de m'apercevoir que je n'avais pas déjeuné avec la moindre de mes meilleures amies depuis que j'avais commencé à sortir avec Simon. Manger seule serait ma punition auto-infligée pour les avoir négligées.
Alors que j'avançais dans la file d'attente, je me demandais pourquoi les amis de Simon le soutenaient aussi loyalement. Pas même Stu, que j'avais toujours soupçonné d'avoir un faible pour moi, n'avait dit quoi que ce soit pour me défendre des remarques puériles de Simon. Vrai, ils étaient les amis de Simon, mais il n'y avait aucune admission que Simon ait fait quoi que ce soit de mal.
Pendant que j'attendais d'être servie, je me surpris à ressasser les commentaires qu'ils avaient faits dans la salle de cours. Ils étaient vrais, en partie. Pendant que nous avions été ensemble, Simon avait été très généreux. Avec le recul, c'était mon plus grand regret. Je ne pouvais nier cette vérité. L'opinion exprimée bien haut de Pete m'avait énervé. Simon méritait mieux, j'étais une ingrate ! Il semblait que Pete me prenait pour une sorte de marchandise. Simon avait dépensé beaucoup d'argent pour moi, par conséquent il avait toujours des droits sur moi.
"Je suis une personne, pas un bien mobilier," grommelais-je dans ma barbe. La personne devant moi dans la file se retourna, décida que j'étais folle et m'ignora soigneusement.
Simon m'avait persuadée d'abandonner mon emploi de surveillante de baignade et, jusqu'à ce que je renouvelle mes qualifications de Maître Nageuse Sauveteuse, je ne pourrais pas postuler à nouveau. Avec uniquement mon emprunt étudiant pour subsister et ayant dépensé plus que je n'aurais dû pour le petit-déjeuner, je choisis de la salade comme garniture de mon wrap au falafel et commandais de l'eau du robinet comme boisson.
Alors que je payais pour mon repas, je repensais à James. Il serait de retour le lendemain, mais je ne le verrais pas avant le vendredi. Nous nous étions vu, ou du moins parlé, presque chaque jour depuis notre ballade à Mam Tor. Je m'étais habituée à sa présence et, après trois semaines en sa compagnie, il me manquait plus que je ne l'aurais cru possible.
Trouvant une table libre, j'essayais de me convaincre que je ne me languissais pas de lui. C'était un partenaire d'entraînement, c'était tout ce dont j'avais besoin. J'essayais plus fort quand il était là. Il faisait ressortir mon côté compétitrice. J'étais prête à m'épuiser pour essayer de le battre.
Je savais que je me voilais la face. Ses bavardages joyeux et ses blagues idiotes m'avaient maintenue saine d'esprit. C'était une bonne chose, car mes rêves devenaient de plus en plus délirants. Inquiète que mes stupides avances à moitié saoule alors qu'il partait pour l'Écosse ne l'aient fait fuir, j'envisageais une vie sans lui.
Assise là, je retournais les yeux vers le comptoir. Simon, Matt, Pete et Stu regardaient la carte avec confusion, demandant des conseils à la femme remplissant le bar à salade. C'était comme s'ils n'avaient jamais mangé à l'Union auparavant.
Je les observais soigneusement et me demandais ce que je ferais s'ils essayaient de s'asseoir à ma table, quand quelqu'un s'approcha de moi par-derrière. Avant que je ne puisse me retourner pour regarder, une voix oubliée depuis longtemps parla.
"Annie Charlton ?" demanda-t-elle avec hésitation, s'avançant à côté de moi.
Je vis d'abord ses mains. Ses doigts étaient longs, pâles et entièrement dénués de bijoux le dos de ses mains était largement couvert de tâches de rousseur. Elle avait dû être à l'un des autres comptoirs, car le plateau qu'elle portait supportait une théière, une soupe de légumes, un petit pain au fromage et une grosse part de gâteau de carotte. Je levais les yeux vers son visage et souris.
Elle était grande et dégingandée. Ses cheveux courts bouclés étaient du même rouge vibrant que ceux de son père elle avait également son long nez couvert de tâches de rousseur. La dernière fois que je l'avais vue, elle avait porté un appareil dentaire et, toutes ces années plus tard, son sourire révélait toujours des dents un peu en avant. Elle portait un pull tricoté assez abîmé et un pantalon de velours d'un brun délavé difforme.
"Rosie Weasley," dis-je en souriant. "Ça fait si longtemps. C'est si bon de te revoir ! Tu veux te joindre à moi ?"
"C'est Rose," dit-elle sérieusement en plaçant son plateau chargé sur la table et s'asseyant directement en face de moi. "Personne ne m'a appelé Rosie depuis…"
"C'est Anna," interrompis-je en souriant. "Mais James ne semble pas m'entendre quand je lui dis. Et ça ne fait pas si longtemps que quelqu'un t'a appelé Rosie. Je sais que c'est le cas ! J'ai entendu James t'appeler Rosie-Poésie au téléphone."
"James !" dit-elle en levant les yeux au ciel. Ce mot seul suffit.
"Le thé ici est carrément atroce," lui dis-je en regardant le pot sur son plateau. Leur Earl Grey n'est pas mal…"
Distraite, je regardais par-dessus son épaule. Simon avait regardé dans notre direction, froncé les sourcils et quitté la file d'attente. Rose remarqua ma distraction et se retourna pour voir ce que je regardais. Elle le fit juste à temps pour voir les amis stupéfaits de Simon le suivre par la porte.
"Mon ex-petit-ami et ses potes," expliquais-je. "Je pensais qu'ils me suivaient, mais maintenant ils sont partis. Je dois devenir paranoïaque. Je me demande pourquoi ils sont venus jusqu'ici pour repartir sans rien acheter ? Ça n'a pas d'importance – oublie-les tout simplement. C'est bon de te voir, Rosie… Rose. Comment les choses ont été pour toi ?"
Je lui avais posé une question et sa réaction était exactement la même qu'elle avait toujours été. Malgré sa ressemblance physique avec son père, son expression tandis qu'elle considérait soigneusement sa réponse appartenait à sa mère. J'avais toujours un peu craint Mme Weasley, j'attendis donc.
"Pas mal," dit-elle après une longue réflexion. Subitement, elle avait l'éclat malicieux de son père dans les yeux.
Alors que je riais, elle prit une cuillerée de soupe.
"Sacré bon sang, Rose, après autant de réflexion, je m'attendais à un peu plus qu'une réponse en deux mots. Pas génial, même pas bien, seulement pas mal ?"
Elle haussa les épaules et prit une autre gorgée de soupe avant de répondre.
"Quand j'ai emménagé ici, je cherchais à faire des changements dans ma vie. Je voulais me retrouver. Je ne m'attendais pas à avoir James comme colocataire," admit-elle.
"Il a un boulot. Et il te paye un loyer," protestais-je.
"Il grille des steaks hachés ! Tu étudies le droit, Anna, et James fait des heures dans un fast-food."
"Il écrit aussi." Je la regardais dans les yeux, subitement inquiète. "Il écrit, n'est-ce pas ? Il m'a dit qu'il travaillait sur "L'Homme des Bois" depuis le jour où on est revenu de Mam Tor."
"Oui," m'assura-t-elle. "Ça fait longtemps que je ne l'avais pas vu aussi passionné pour quelque chose. En fait, je ne me souviens pas l'avoir déjà vu aussi obsédé par quelque chose, et certainement pas pour deux choses."
"Deux ?" demandais-je. "Il fait aussi des recherches sur le Château de Peveril ? Il m'a dit que ça attendrait."
Elle me regarda comme si j'étais folle et continua à engloutir sa soupe. "Qu'est-ce qu'il y a entre toi et James ?" Sa question était directe.
"J'sais pas." Je haussais les épaules. Si elle se contentait de réponses minimalistes aux questions importantes, je ferais de même.
"Il n'arrête pas de parler de toi," me dit-elle.
"Bon ou mauvais ?" demandais-je, essayant de la jouer détendu et n'osant pas demander si la seconde chose qui l'obsédait était moi.
"Tu ne sais pas ?" demanda-t-elle avec incrédulité, tellement proche de confirmer mes suspicions que c'en était frustrant. Posant sa cuillère, elle me regarda droit dans les yeux. J'essayais de garder un visage impassible.
"De ce que j'en sais, nous sommes juste bons amis," dis-je prudemment. Tout en parlant, je réalisais à quel point c'était cliché et combien nos baisers d'au-revoir faisaient mentir mes paroles. Malgré tout, j'étouffais mes émotions et continuait avec le narratif que James et moi nous disions. "James dit qu'amis est une bonne situation, on a toujours été amis. C'est le cas, tu le sais, Rosie. Toi et moi sommes amies aussi. Du moins on l'était. On était une bande, tu te souviens ? On a fait un serment, par le sang !"
"Sacré bon sang," dit-elle. "On l'a vraiment fait, hein ? Un serment de sang ! Qu'est-ce qui a bien pu nous prendre ? Comment j'ai pu oublier tout ça ?" Paraissant horrifiée, elle me regarda fixement. Elle me faisait me sentir gênée, je détournais donc le regard et essayais de la mettre un peu mal à l'aise.
"Quand tu t'es assise, tu as dit que tu voulais faire des changements dans ta vie. T'éloigner d'un petit copain ?"
Surprise, Rose essaya de simplement hausser les épaules. "Qui ?" la pressais-je.
"Il y avait un garçon à l'école. C'était le meilleur ami d'Al, donc il traînait tout le temps avec nous. Il n'arrêtait pas de me demander de sortir avec lui, du moins à partir de la quatrième année. Papa ne l'aimait pas. Enfin, c'est pas tout à fait vrai. Papa n'aimait pas son père, donc j'ai dit non. J'ai continué de dire non jusqu'à mes seize ans."
"Comment il s'appelait ?" demandais-je avec curiosité.
"Peu importe." Elle secoua la tête, visiblement peu encline à ne serait-ce que prononcer son nom à voix haute. "James m'avait prévenue." murmura-t-elle. Son commentaire semblait être plus fait pour elle-même que pour moi. "Quoi qu'il en soit, il était intelligent, très intelligent ! On était en quelque sorte rivaux. Il avait toujours de meilleures notes que moi aux examens pratiques, mais j'ai toujours été bien plus douée pour les trucs théoriques. Je pensais, enfin… quand on a quitté l'école… je pensais qu'on serait… ensemble… tu vois ?"
Je hochais la tête et mon esprit partit en chasse des bribes de souvenirs brisés. Un visage pâle, des cheveux blonds.
"Il a eu un boulot en travaillant pour son père, mais je voulais aller à l'université. Il a dit que c'était une perte de temps, que je devais oublier le monde Mol… le monde commun et rester avec lui. Je l'ai ignoré, je me suis inscrite à un cursus de Maths à Reading et j'ai été prise. Il n'a pas aimé ça. Il venait me voir, du moins pendant un temps, mais…" Elle regarda la cafétéria autour d'elle et fit des gestes dans toutes les directions. "C'était très semblable à ici, et il n'a pas aimé ça. Il vivait un peu reclus, à son aise dans l'univers qu'il connaissait et perdu par tout ce qui était hors de sa zone de confort. Il exigeait que je choisisse entre lui et l'Université, donc j'ai choisi."
"Et te voilà ici," observais-je.
"Oui, ce n'était pas le choix qu'il pensait que je ferais. On s'est séparé juste avant Noël dans ma deuxième année."
"Ça doit faire presque deux ans, Rose. Tu ne peux quand même pas toujours être en train de l'accepter ?"
"Je suppose que c'est le cas," admit-elle. "Depuis ce moment-là il n'y a eu personne d'autre. Je ne voulais personne d'autre j'étais convaincue que je lui manquerais, qu'il réaliserait qu'il s'était trompé et qu'il changerait d'avis. Mais maintenant… Je ne le connais que depuis quelques semaines, on s'est rencontré le même jour que toi et James vous êtes retrouvés. Gunther…" Elle me regarda dans les yeux. "C'est un Mo… Il est comme toi… Non…" S'interrompant, elle essaya de rassembler ses pensées. Je n'avais jamais vu les mots manquer autant à Rosie. "Est-ce que tu penses vraiment que toi et James pouvez être ensemble ? Les secrets…"
"Des secrets ?" demandais-je, confuse. "James aussi a dit quelque chose au sujet de secrets, mais on est les Sept de Drakestone, on n'a pas de secrets." Avançant ma main sur la table, je plaçais ma main sur les siennes.
"Allez Annie, cours !" Agrippant ma main, Rosie me tira sur mes pieds, mais mes jambes tremblaient toujours. Tirant mon bras sur ses épaules, elle m'aida à descendre la colline, bancale.
"… ça va ?" demanda Rose.
"Quoi ?" demandais-je.
"Tu as eu une absence, juste une seconde," dit Rose. "Qu'est-ce qui s'est passé ?"
"Je me suis juste rappelé de la fois où tu m'as aidé à revenir à Drakeshaugh," lui dis-je. "Quand je… Quand on… Je ne me souviens pas vraiment de quoi, ni de quand." Je m'interrompis et agitais les mains. "J'ai fait des rêves très étranges ces derniers temps. Je les oublie toujours, mais je pense que je me suis souvenue d'un."
"Je suis dans tes rêves ?" demanda Rose.
"Vous y êtes tous," admis-je. "Ils ont commencé la nuit où j'ai retrouvé James. Qu'est-ce qu'il t'a dit ?"
"À quel propos ?" demanda-t-elle.
"Sur ce qu'on fait quand on est ensemble."
"Vous allez nager trois matins par semaine et, maintenant que tu as ton emploi du temps de cours, vous comptez passer à quatre fois. Tous les samedis vous partez pour la journée sur sa vieille moto bruyante vous êtes allés au cinéma quelques fois, toujours le mardi à cause de l'offre deux places pour le prix d'une. La semaine dernière James a dit que vous pensiez tous les deux que les films Marvel étaient de moins en moins bons. Et qu'il n'y avait rien d'autre qui se passait entre vous deux !" termina-t-elle d'un ton guindé.
"On ne baise pas, si c'est ce que tu veux dire," lui dis-je. Elle parut scandalisée, je décidais donc de tout lui dire. "Mais c'est un carrément bon embrasseur, Rosie, et je serais partante. Tu peux même le lui dire, tant que tu ne lui dis pas que je t'ai autorisé à lui dire. Bien qu'après samedi dernier, je pense qu'il le sait probablement."
"Que s'est-il passé samedi dernier ?"
"J'étais un peu ivre et je l'ai invité à rester passer la nuit," admis-je. Je me sentis bien en l'avouant, mais je ne voulais pas qu'elle insiste sur le sujet. "Et pour toi et Gunther ? Est-ce qu'il est une amélioration vis-à-vis de l'étrangement nommé Scorpius Malloy ?"
"Malfoy," corrigea-t-elle. Elle eut une expression de surprise flagrante et elle me regarda droit dans les yeux. "Comment connais-tu son nom ? Je ne te l'ai pas dit ?"
"Tu l'as fait," lui dis-je.
Elle secoua la tête.
"Si, tu l'as fait," dis-je. "Scorpius Malfoy, le meilleur ami d'école d'Al. Hen et moi l'avons rencontré, même si je pense que ce n'était qu'une seule fois. C'était un gars pâle, blond et maigre. Il était bizarre. Pas certain de savoir s'il devait être terrifié par Hen et moi ou s'il devait agir comme si on était de la racaille et complètement inférieurs à lui. Je pense que c'était pendant les vacances de Pâques de la première année de Lily."
Rosie me regarda comme si j'étais folle. "Quand nous sommes-nous vues pour la dernière fois ?" demanda-t-elle.
"Mon inoubliable fête de onzième anniversaire," dis-je prestement.
"C'est ce que je pensais aussi," dit-elle. "James et moi en avons discuté. Mais Scorpius est bien allé à Drakeshaugh pendant les vacances de Pâques de la première année de Lily."
"Ce qui veut dire que j'avais douze ans," dis-je. "C'est dingue ! Comment est-ce que je peux me souvenir de quelque chose qui s'est passé une année complète après qu'on se soit vus pour la dernière fois ?"
"Est-ce que James t'en a parlé ?" demanda Rosie.
"Pas que je me souvienne, " dis-je. J'essayais de percer la brume soudaine qui obscurcissait mes souvenirs, mais c'était sans espoir. "Mais c'est la seule explication, n'est-ce pas ? Il a bien dû mentionner le nom de ton ex-petit-ami. Probablement quand nous étions à la piscine, il jacasse de tout et de rien quand on est à la piscine. J'en oublie la majorité."
"Je lui demanderai quand il rentrera demain," me dit Rosie. "Alors, comment vont tes parents, et comment va Henry ? James a dit qu'il avait abandonné ses études et était devenu mécanicien automobile."
"C'est ça," lui dis-je. "Combien de temps as-tu, Rosie ? Je viens de terminer mon premier cours et je n'en aurai pas d'autre avant demain matin. Tu vas devoir tout me raconter sur tes parents, et sur Hugo. Mes parents vont bien, même si ton père manque au mien. Personne ne rit à ses blagues pourries ces temps-ci."
Le sourire de Rosie la transforma. "J'avais oublié," admit-elle. "Quand ces deux-là étaient ensemble, les calembours étaient…"
"Carrément lourds ?" suggérais-je.
Elle prit sa tête dans ses mains et gémit.
