La proposition
Le bruit du moteur chauffant dans l'allée du pavillon familial résonna dans les oreilles du sorcier enfermé non loin de là dans le garage. Ce début de journée avait définitivement mal commencé. Encore légèrement étourdi par son altercation avec le père de famille, Harry fut soulagé d'entendre les portières de la petite voiture se refermer et le véhicule quitter l'allée.
Il préférait cent fois rester seul et enchaîner dans ce minuscule garage rempli de divers objets, qu'avoir proche de lui, ceux qui l'y avaient enfermé. Las des événements, le sorcier s'installa par terre là où l'usure avait laissé sa marque. Essayer de se débarrasser de ses chaînes était une mission impossible, trop pesante, trop résistante et surtout, il ne pouvait pas utiliser la magie sans une baguette. Vernon devait s'être bien amusé à la cacher quelque part dans la maison, peut-être même était-il parti avec.
La tête remplie, Harry se recroquevilla sur lui. L'été ne comptait que deux malheureux mois par an, des longues journées qu'ils avaient la ferme intention d'oublier rapidement après sa rentrée. La chaleur estivale commençait déjà à flatter la peau rougie du survivant, Harry s'y attendait, la température allait grimper rapidement. Le garage mal isolé allait rapidement se transformer en étuve. Comme à chaque fois, qu'il se retrouvait seul et prisonnier Harry ferma les yeux pour tenter de relativiser sa condition. En plus de son isolement forcé, il n'avait ni de quoi boire, ni manger, ni même de quoi se reposer.
Pendant son attente, le temps passa et celui de ressasser de vieilles histoires aussi.
Qu'avait-il réussi à obtenir de sa famille après toutes ses années de vie commune ?
Ordres, coups, insultes et en particulier l'isolement perpétuel. Harry n'aimait pas la solitude, entrer à l'école de Poudlard lui avait apporté une bulle d'oxygène. Tandis qu'au 4 Privet Drive sa vie semblait avoir toujours été un puits de rejet et jusqu'à maintenant, il avait essayé de leur plaire. Sans trop se rebeller, il s'était contenté de les faire réagir, essayant de leur faire admettre qu'il avait, lui aussi, besoin de leur acceptation.
Mais les années avaient passées, les doutes et les peurs avec elles. Il s'était accroché à eux dans l'espoir d'un avenir de famille paisible, ce faible sentiment avait été érodé au fil des ans. Harry était conscient qu'il s' immergeait dans une névrose dont il ne pouvait pas guérir.
Durant les vacances, les journées se rythmaient pour Harry à l'humeur changeante de Vernon, le sorcier ne pouvait pas prédire qu'il allait être enchaîné. Ça le rendait presque paranoïaque. Il fut lentement englouti par les maux d'une voix inconnue, reflet de ce qu'il considérait parfois comme sa conscience. Cet intrus avait pris du plaisir à éteindre toutes les lumières qu'il avait laissées allumées. Probablement pour pallier ce manque de sociabilité, se disait-il. Harry avait laissé l'intrus l'attaquer au plus fort de sa solitude.
Mais son Alter Ego condamné à chaque fois d'un avis tranché sa condition. En plus de débattre de la question, il lui proposait de façon quasi systématique une aide plus que douteuse qu'harry n'avait jusqu'ici pas eu le courage d'accepter.
" Écoute" lui dit la voix un soupçon de moqueries dans son souffle.
- Je ne veux pas d'un monstre à ma table! Retourne dans ton placard !" S'époumonait de rage l'oncle Vernon le soir du Noël avant son entrée à Poudlard.
- Tu dois payer ta place dans cette maison. " Résonnait encore la voix autoritaire de la tante pétunia."
Se souvint Harry qui se tortillait mal à l'aise.
" N'as-tu pas honte de vivre en esclave? Susurra cette voix doucereuse sous couvert de bruit d'assiettes cassées par ses nombreuses tentatives de rébellion.
- Honte? S'interrogea Harry. Évidemment que j'en ai honte, car je suis incapable de leur donner tort ou raison.
- Tu leur donnes déjà raison et leur prouve tous les jours qu'ils ont toujours eu la bonne façon de procéder avec toi. Dit-elle accompagnée d'un rire gras et mauvais.
- Que veux-tu dire?
- C'est si facile pour eux de prendre le dessus. Tes petits efforts n'ont fait que les motiver à continuer. Tu es leurs chiens, leur chiot, le bichon potelé qui rapporte le bâton pour un régal, une caresse.
Harry ne put répondre, de peur de paraître hypocrite à défaut du déni.
- Dans le mile. Ajouta avec amusement la voix sifflante qui ressemblait de plus en plus à celle d'un serpent. " N'as-tu donc aucun désir de vengeance ?
Harry se retourna sur lui-même dans le bruit de tintement de ses chaînes raclant et s'entrechoquant.
- Je n'ai rien de ce que tu cherches dans ma tête. Tes fouilles rigoureuses sont donc vaines même avec autant de rigueur… Acheva Harry essayant d'ignorer l'intrusion.
- Tu crois que je cherche quelque chose? Coupa la voix du serpent. Inutile de chercher, car je l'ai déjà trouvé. J'ai déjà trouvé un sorcier incapable de se battre. Un sorcier qui n'en est en réalité pas un, parce que tu es trop occupé à être le boursouflet de vulgaires et arrogants moldus. La voix riait un rire qui aurait fait frémir un mort. Quand tes entraves t'achèveront, que tu me supplieras de mettre un terme à tes souffrances, quel choix penses-tu que je ferai?
- Dans deux mois, c'est terminé. Je n'ai pas de leçon à recevoir de ma conscience ou de quoi que ce soit. Je n'ai pas le droit d'utiliser la magie, encore moins pour assouvir une pulsion qui me ferait torturer à Azkaban pour le restant de mes jours.
- Tu es un crétin. Provoqua à nouveau le serpent. Quelles grâces penses-tu encore accorder à ceux qui te laissent moisir ici en disant cela. Pense tu que ces moldus n'utilisent pas de méthodes aussi cruelles que dans leur propre prison? Je pense même qu'ils sont relativement plus cruels.
Harry ne répondit pas, il n'avait aucune envie d'entrer dans le jeu de cet esprit tordu.
- Repenses-y en temps voulu. Je n'ai aucun scrupule quant au fait de t'offrir la liberté sous n'importe quelle forme, je peux te rendre libre ou te rendre puissant. Je peux même t'offrir une place de choix proche de moi. Les derniers mots furent murmurés presque inaudibles.
- Qui es-tu ?
- Ne réfléchis pas trop à cela, tu sais déjà qui je suis." Fut tout ce qu'accorda le serpent avant de quitter l'espace qu'il avait comblé dans la tête d'Harry jusqu'à maintenant.
Le survivant s'étala de tout son large, le souffle semblait lui avoir manqué pendant cet échange. Il était conscient de connaître cette voix, personne ne sifflait si bien la mort. Personne n'égalait son sens du service pourvu qu'il inclue le pouvoir, la fin et la domination.
Ce ne pouvait être que lui, n'est-ce pas ? profitait-il de sa faiblesse actuelle pour l'atteindre ?
Harry se retourna, se tortilla sur le sol, la chaleur qui en émanait se propageait dans tout son corps. Il avait chaud, trop chaud au point où même la chaîne qui entourait son poignet lui brûlait la peau.
Pour passer le temps et essayer de penser à autre chose, le sorcier ferma ses yeux espérant ainsi que les heures passeraient plus vite.
Plus tard dans la journée, la voiture familiale entra de nouveau dans l'allée du jardin. L'angoisse que harry s'était gardé de ne pas montrer jusqu'à présent refit soudainement surface.
Quand la porte d'entrée claqua et que les pas lourds de sa famille se ruèrent presque dans le salon. Harry se mit de nouveau assis, prêt à voir la porte du garage s'ouvrir et voir entrer Vernon.
Le père de famille entra, sans un mot, il décrocha les chaînes autour du poignet du sorcier et le força à se lever en le tirant par le bras.
" Va voir ta tante Pétunia, elle a besoin de ton aide pour défaire et ranger les affaires. Dépêche-toi. " dit-il avec autorité sans un regard pour le sorcier.
Harry avança jusqu'au salon, son corps tremblotait d'engourdissement, il vacilla plusieurs fois dû au manque de force. Sa tante l'y attendait, elle avait déjà commencé à défaire le festin qu'ils s'étaient préparés pour leur journée à Londres. D'un geste, elle invita Harry à s'approcher.
Un chien, c'était tout ce qu'il représentait à leurs yeux, pensa-t-il. Et encore, un chien avait le droit de manger à sa faim.
En voyant la nourriture à moitié mangée loger dans les divers sacs de pique-nique, le sorcier se lécha à plusieurs reprises les lèvres et avala difficilement le peu de salive qui lui restait. Il avait faim, si faim que même l'idée de manger derrière ces gens-là ne le dérangeait pas.
"Harry ! Le rappela à la réalité la voix cinglante de Pétunia, Aide-moi à ranger." Réclama-t-elle en apercevant son neveu perdu dans le sac de nourriture.
Elle piétina pour s'éclipser pensant ainsi éviter le regard vert menaçant braqué sur elle, mais aussi, l'horrible bruit de gargouillis provenant de l'estomac de son neveu.
Comprenant qu'il était enfin seul face à quelques kilos de nourriture, Harry jeta un regard à travers la pièce, puis piocha d'une main tremblante dans la glacière. Il en ressortit un tupperware, butin qu'il pensait enfin pouvoir déguster. Mais c'était sans compter sur l'arrivée fracassante de Vernon appeler par pétunia, un sourire aux lèvres qui n'annonçait rien de bon.
Merci infiniment pour vos follows !
Je suis ravie de pouvoir lire vos commentaires et de voir que cette histoire éveille quelques curiosités !
Merci Hinatatkae, 77Hildegard, Angemewmew et Misshermione8 !
Très bonne lecture et à tout bientôt.
