Petit mot de l'auteure : ce texte a été écrit pour un atelier drabble de chez Nanthana : sept minutes et un mot (ici dormir)
Cela faisait des années que Neal n'avait pas bien dormi.
Il fallait dire la prison c'était pas le lieu idéal pour passer une bonne nuit de sommeil. Il y avait la proximité, bien évidemment, mais aussi tous les sons qui faisaient de la nuit en prison un enfer pour les nerfs : entre les ronflements, les bruits de respiration sourds, les engueulades qui explosaient même à trois heures du matin..., il était difficile de trouver le repos. Le matelas inconfortable et le lit étroit étaient aussi responsables de ces insomnies. Mais ce qui empêchait Neal par-dessus tout de bien dormir, c'était avant tout la peur : on n'était jamais à l'abri d'un règlement de comptes nocturne. Même s'il tâchait de se tenir à l'écart des bagarres, certains avaient le chic pour forcer les âmes comme lui à y prendre part. À ça, et à d'autres choses, tout aussi désagréables et traumatisantes.
Ses nuits post-prison n'étaient pas vraiment meilleures. Il se réveillait en sursaut, des images de Kate valsant devant lui. Quand il reprenait pied avec la réalité, il se rendait compte que celle-ci n'était qu'un fantôme dont le rire cruel ne raisonnait que pour mieux lui faire prendre conscience du silence qui l'entourait. Il tournait ensuite dans le lit misérable qu'il louait, invoquant un sommeil qui ne venait jamais.
Il pensait ainsi ne plus jamais dormir correctement, jusqu'à ce qu'il ne s'installe dans l'hôtel particulier d'une inconnue croisée à une friperie. Il avait réussi à dormir d'une traite dès la première nuit. Et la raison de ce repos ne tenait pas aux oreillers moelleux, au lit confortable, à cette chambre spacieuse. Elle était en réalité due à la présence de June : pour la première fois en quatre ans, il s'était senti en sécurité.
En famille.
