Voilà, c'est la fin de cette histoire.
Bonne lecture !
Chapitre 15 : La Fin
Tony travaillait beaucoup. Il avait mis au point une intelligence artificielle révolutionnaire qu'il s'apprêtait à mettre sur le marché de l'informatique et de la domotique, et les préparations étaient longues et stressantes. L'IA était une version très élaborée de OSCAR, mais la base était la même.
Système Opérationnel Pour Hyper Intelligence Artificielle (ou SOPHIA pour les intimes) intéressait un grand nombre de compagnies et de gouvernements partout dans le monde, et les contrats affluaient toujours plus nombreux et lucratifs.
Il courrait littéralement partout pour des démonstrations spectaculaires. La semaine précédente, il était allé en Europe pour une « tournée », où il était passé par la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et l'Autriche. Il avait rencontré le président Turc, le président Russe, la présidente Bolivienne et la présidente Brésilienne. Il avait été contacté par le gouvernement chinois et le gouvernement japonais.
Virginia avait été une aide précieuse. Elle vérifiait chaque demande en lien avec le département juridique, avant de la faire suivre à Tony, annotée et chaque piège explicité. Tony n'avait plus qu'à donner son avis sur la vente de son IA.
Rhodey aussi était au front pour faire la liaison avec l'armée américaine, qui était l'un des plus gros clients de Stark Industries.
Ce soir-là, Tony devait présenter son IA devant un parterre de journalistes, à la manière des keynotes de la compagnie à la pomme.
Il était présent pour les derniers réglages dès le matin, répétant son texte, se laissant maquiller et coiffer par une armée de personnel qui voletait autour de lui, lui donnant le tournis. Des techniciens traçaient des repères au sol pour indiquer à Tony où se placer sans gêner le public pour regarder l'écran géant derrière lui.
Il avait découvert qu'il était très bon à ce genre d'exercice, captiver un auditoire, le mener là où il le voulait pour vendre. Il était le meilleur VRP de sa société, et donc mettait son talent à profit.
Le parterre de journalistes était acquis à sa cause, débordant d'impatience de connaître la nouveauté de Stark Industries, ne connaissant que ce qui avait fuité les forums spécialisés, et dont les informations étaient au mieux parcellaires.
Tony devenait peu à peu une célébrité médiatique et désormais son simple nom lui ouvrait des portes et des carnets d'adresses. La salle de conférence était pleine de journalistes, blogueurs et autres influenceurs, prêts à diffuser sa parole dans tous les médias et sur toutes les plateformes.
Cinq ans après le casse chez Hammer et sa fuite éperdue loin de Malibu, Tony monta sur scène sous les applaudissements nourris. Il attendit le silence et sortit un téléphone Stark Industries de sa poche.
« Ceci est une révolution, annonça-t-il, déclenchant des rires dans la salle. Sérieusement. Oubliez le logo, oubliez que c'est moi qui le tiens. Ce petit rectangle est un bijou de technologie. Vous avez tous dans la poche un ordinateur miniaturisé, dont la puissance de calcul est plus élevée que le calculateur qui a envoyé les premiers hommes sur la Lune. Difficile à l'heure actuelle de faire plus futuriste que ça. Un ordinateur, ultrapuissant, ultrarapide, dans votre poche. Ceci est une révolution, non pas parce que ce serait particulièrement nouveau, mais parce que ce petit appareil, qui semble être la continuité de ce que vous connaissez, bouleversera le monde comme jamais.
« Une révolution est un retournement complet de situation pour revenir à son point d'origine. Mais contrairement à ce qu'on pourrait penser, le point d'origine ne veut pas pour autant dire point de départ. Quand la Terre effectue une révolution, elle revient au même endroit par rapport au soleil, pour autant, un an s'est écoulé, et une nouvelle année commence. Ceci est une révolution, car nous retournons ensemble au point d'origine, l'invention, la réinvention du smartphone, mais si différent désormais que plus rien ne sera jamais pareil.
« Mesdames et messieurs, je vous présente SOPHIA. SOPHIA, bonjour.
— Bonjour Tony, répondit une voix féminine. »
La salle éclata en applaudissements.
Pendant une heure, Tony fit la démonstration brillante des capacités de son intelligence artificielle, puis il fit monter des personnes sur scène, des inconnus présents dans la salle, pour montrer que tout cela n'était pas préenregistré.
Enfin, on passa aux échanges avec la salle. Pour éviter que cela ne durât trop longtemps, les journalistes avaient dû s'inscrire en amont de la présentation et une quinzaine de questions étaient prévues pour clôturer la soirée. On lui demanda toutes sortes de choses, plus ou moins pertinentes, et Tony dut faire quelques pirouettes rhétoriques pour esquiver les interrogations trop intimes.
Mais alors qu'il finissait de répondre à la dernière question et qu'il se préparait à conclure la conférence, quelqu'un dans la salle intercepta le micro qui circulait. Les aléas du direct.
« Pardonnez mon interruption, Monsieur Stark. Loin de moi l'idée de perturber la fin de votre splendide démonstration, mais je crois que ma question peut vous intéresser. »
Tony plissa les yeux pour essayer d'apercevoir la personne qui parlait. Depuis des mois, il s'interdisait de trop penser à saon colocataire parti vers d'autres cieux, et voilà que la diction d'un fauteur de trouble lui rappelait étrangement le génie.
« Si vous aviez un vœu à faire pour le futur, quel serait-il ? »
Tony manqua de trébucher. La coïncidence était trop grosse.
« Faire un vœu est une trop grande responsabilité. Cela demande d'y réfléchir longuement, de peser toutes les alternatives et cela ne nous dispense pas d'agir, au contraire. Vous m'offrez une parfaite conclusion et je vous en remercie. L'intelligence artificielle n'est pas un génie sorti d'une lampe à huile. Elle peut répondre à beaucoup de choses, révolutionner nos vies, notre manière de penser ou d'aborder le monde, mais jamais, jamais, elle ne pourrait être un prétexte pour ne pas agir. Peut-être peut-elle écrire un roman à votre place, mais ce ne sera pas votre roman. Peut-être peut-elle vous livrer une analyse géopolitique, mais ce ne sera pas votre analyse. SOPHIA n'est pas humaine. Elle peut réaliser beaucoup, elle corrige ses erreurs et apprend chaque jour de nouvelles choses, mais elle n'a pas d'âme, pas de sentiment. Elle est l'outil le plus puissant jamais créé par l'homme, mais à l'instar du silex taillé il y a dix mille ans, elle n'est qu'un outil. Prenez-le en main, utilisez-le, et à votre tour, révolutionnez le monde. Merci. »
Tony sauta littéralement de la scène et se précipita vers le public, mais il eut beau demander autour de lui, personne ne put lui indiquer où était passé la personne qui était intervenue en dernier. Dépité, il retourna dans sa loge et demanda à Pepper si elle avait une idée de l'identité de cette mystérieuse personne, mais en vain.
Attristé et mélancolique, Tony rentra chez lui, seul. Sur la route, il parvint à se convaincre qu'il s'était fait des films et que les coïncidences existaient malheureusement. La vie n'était pas un roman à l'eau de rose. Il était à deux doigts de proposer à Rhodey et Happy une soirée entre mecs, quand il s'aperçut que la porte de son appartement, pourtant situé dans un immeuble ultra sécurisé, n'était pas verrouillée.
Tony avait vécu suffisamment de péripéties traumatisantes pour deux ou trois vies, il était donc quelqu'un de globalement prudent. Néanmoins, il était aussi tête en l'air. Rhodey n'avait pas tort quand il affirmait que sans lui, il n'aurait pas survécu plus d'une semaine. Sans doute avait-il eu la tête dans les nuages quand il était parti pour la conférence, mais il ne pouvait pas non plus prendre de risque.
Il ouvrit la porte silencieusement, téléphone en main, prêt à demander à SOPHIA d'appeler les secours. L'appartement était aussi silencieux qu'à l'accoutumée.
Soulagé, il referma la porte derrière lui et retira sa veste de costume pour la poser négligemment sur le dossier du canapé. Dans leur immense parc, les deux lapins mâchonnaient des feuilles de chou fraîches.
Fraîches ?
Il était parti le matin et leur avait donné des fanes de carotte, pas du chou.
À nouveau inquiet, il décida de fouiller son appartement. Sans rien découvrir.
Peut-être que Rhodey ou Happy était passé et avait nourri les lapins. Distraitement, il ouvrit le parc à lapin pour permettre aux deux léporidés de se dégourdir les pattes. Les portes des autres pièces étaient fermées et le salon avait été spécialement sécurisé pour permettre aux deux bêtes de folâtrer sous la supervision d'un humain adulte.
« SOPHIA ? A-t-on une vidéo de la conférence de ce soir ? Le public était-il filmé ?
— Je vérifie Tony, répondit l'IA aimablement. Je suis navrée. Il apparaît que le public n'était pas filmé ce soir. Dois-je demander à ajouter cette option pour les autres conférences ?
— Non, inutile. Merci. »
Déçu, Tony se servit un verre de whisky et fit tourner le liquide ambré dans le tumbler avant de l'avaler d'un coup. Depuis que Loki était parti, depuis qu'il l'avait renvoyé chez lui, Tony n'était pas retourné dans sa chambre ni dans la bibliothèque. Il savait que l'employé de ménage s'occupait de cette dernière pièce, mais la chambre du génie était condamnée.
Pourtant, ce soir-là, Tony se sentait plus mélancolique, et même plus triste que jamais. L'inconnu de la conférence et sa question avaient rouvert une plaie qui n'avait jamais vraiment guéri. L'absence de Loki était plus douloureuse que ce qu'il avait imaginé. Tony s'autorisa un deuxième verre et se dirigea vers la porte de la chambre du génie.
Elle n'était pas verrouillée.
Pendant un moment, Tony se demanda s'il ne devenait pas fou. D'abord sa porte d'entrée, puis les lapins, et là, la porte de la chambre. Le cœur battant, incertain de ce qu'il allait trouver derrière, Tony ouvrit le battant.
La pièce était plongée dans le noir, puisqu'il faisait nuit depuis longtemps, mais dans la pénombre, Tony aperçut une silhouette assoupie dans un fauteuil près de la fenêtre.
Quelqu'un dormait dans la chambre de Loki.
Le sang de Tony ne fit qu'un tour. Outré par le comportement de la personne qui s'était introduite chez lui, furieux et peut-être aussi un peu apeuré par l'absurdité de la situation, il alluma brutalement la lumière.
La personne dans le fauteuil ouvrit les yeux et cilla plusieurs fois. Tony s'apprêtait à lui crier dessus quand les mots se bloquèrent dans sa gorge.
L'intrus dans le fauteuil lui était complètement inconnu, et pourtant, Tony læ reconnut tout de suite. Sa peau n'était pas bleue, mais foncée, à la manière des méditerranéens ou des Arabes, néanmoins, les autres traits de son visage, sa carrure et sa manière de se tenir n'avaient pas changé.
« Loki ? croassa Tony après un petit moment à béer de surprise. Loki, c'est toi ?
— Oui. »
Il y eut comme une légère brume autour d'ellui, et soudain, la peau sombre disparut pour laisser place à l'apparence réelle de Loki, glorieusement bleue. Ému, Tony s'approcha lentement.
« J'ai des questions, mais je les poserai plus tard, dit-il finalement alors qu'il n'était plus qu'à quelques centimètres du visage de Loki. Je peux t'embrasser ? Pour te souhaiter un bon retour sur Terre. »
Loki fit le dernier pas et leurs lèvres se touchèrent.
Dans leur étreinte passionnée, Tony savait qu'iels devraient répondre à des questions, décider ensemble de ce que leur couple allait devenir. Il n'y avait plus de malédiction, plus de lampe entre eux, plus d'asservissement magique. Leur relation était neuve et iels la construiraient ensemble, main dans la main.
Alors que leurs mains se faisaient exploratrices, Tony repoussa toutes ces pensées. Demain était un autre jour, et il comptait bien profiter de l'instant présent.
J'espère que cette histoire vous aura plu ! Merci à toutes les personnes qui ont ajouté Le Génie de la lampe à leurs favoris, à leur liste de suivi, et merci à toutes les personnes qui ont laissé un commentaire, malgré mon irrégularité dans les réponses.
Un merci tout particulier à makiang4, petit blabla, holy bleu et hinatanatkae pour vos reviews tout au long de cette fic !
Sur ce, je retourne à la préparation de mes cours.
A la prochaine !
