Uriel pouvait qualifier la situation comme un cas de désespoir ! Ses ailes ne frappèrent pas l'air aussi vite comme il le voulait. Il ressemblait à une tortue en comparaison aux deux débiles qui se courraient entre eux. Il pouvait utiliser son pouvoir pour se téléporter devant ses deux crétins ; mais dans une course poursuites les individus ne restèrent pas sur place, ils se déplacèrent. Et Uriel avait horreur d'utiliser ses pouvoirs ancestraux juste pour se déplacer, mais ce n'était pas ça qu'il craignit le plus. S'il utilisait autant de pouvoirs avec gourmandise, il n'était pas sûrement qu'il pourra surmonter la puissance d'un dieu aussi coriace.
Uriel était peut-être un archange mais c'était un ange céleste qui faisait attention aux moindres détails il savait qu'il ne devait pas gaspiller ses compétences spirituelles car elles étaient grandement limitées. Avec une chance irrationnelle, les deux personnages qu'il tentait de suivre depuis une demi-heure s'approchait de sa cachette. Profitant du fait qu'il avait l'avantage, il saisit l'occasion pour faire un canular ou une embuscade.
Il croisa les doigts avant de faire une courte prière pour faire apparaître un arc magique et béni, qui pouvait créer autant de flèches à l'infini. Uriel s'assit sur une fontaine abandonnée, son pouce et son index se plièrent sur la corde, puis il visa. Il attendit le bon moment. Quand il vit la voiture rouge qui dépassa une poubelle, il tira vers le sol frôlant le dieu du mal qui était encore sous une forme gluante et gélatineuse.
Harry regarda à travers le rétroviseur, il vit que le monstre dégoulinant ne lui suivait plus du tout, il profita pour rejoindre de nouveau la course. Uriel, pendant ce temps, allait s'en charger de ce gênant !
"Je constate que tu es une personne incroyablement têtue. Tu ne prends pas non pour une réponse hein ? Ta vie est si ennuyante que ça ! Cela t'amuse d'aggraver la situation des autres ! Ce n'est pas drôle. Le bonheur est une étape que tout le monde veut atteindre arrête de penser qu'à ta petite personne. Tout le monde souffre. Encore une fois je vais te demander la-même chose : éloigne-toi de mon humain je ferai tout pour le protéger !" Annonça héroïquement l'archange en levant son arc et se mettant en position défensive.
"Tu crois vraiment ce que tu viens de me dire me fait peur. Tu te trompes sur toute la ligne. J'écoute que moi-même !" Protesta le concerné en prenant une forme plus ou moins humaine. Mephilis portait des vêtements classiques mais royaux qui lui donnèrent un air viril et puissant. En voyant la mine confus et distraite de son adversaire le dieu du mal souriait diaboliquement, dévoilant des dents blanches et pointus comme des dents de requins.
"Ne remet plus les pieds ici. J'ai prévenu mon père. Il a ordonné aux exorcistes de te retrouver et de te chasser d'ici !"
"Les exorcistes ne peuvent rien contre moi, je fais des vilaines choses mais je ne suis pas un démon pour autant je suis un dieu. Un dieu qui opère le mal comme une source de vie et de besoin. Je ne fais que mon travail. L'âme de cet humain va m'appartenir !"
"Comme je l'ai dit bien plus tôt tu ne toucheras pas un seul cheveu de cet humain. Je te prierai de t'éloigner de lui si tu ne veux pas que je me fâche !" Essaya-t-il de paraître menaçant, en sachant qu'il venait d'échouer littéralement...
Uriel tremblait de peur, il serra son arc le plus fort possible. En prenant une grande inspiration il leva son arc et tira une flèche qui atterrit devant le dieu du mal. Ce dernier garda son sourire démoniaque et se pencha vers lui. Battant des ailes, Uriel prit de la hauteur pour mieux viser son ennemi. Mais comme c'était la nuit. Mephilis profita de l'obscurité qu'avait créé la nuit pour se cacher.
L'ange de la liberté observa tout, tout ce qu'il se trouvait autours de lui avec frénésie, et avec peur aussi, le dieu du mal s'approchait rapidement, il devait l'arrêter. Mais comment attaquer quelque chose dont il ignorait totalement le déplacement ? C'était pratiquement impossible. Mais il savait que c'était une question de vie et de mort. L'archange prit sous son aile une nouvelle mission qu'il venait de créer lui-même, il devait affaiblir le plus possible le dieu du mal pour éviter que celui-ci ne fasse des nouvelles apparitions. Il ne savait pas comment il allait le faire. Mais Uriel n'était pas du genre à laisser tomber les choses sans avoir essayer quelque chose.
Il décida de faire sembler de se mettre dans la peau de Méphilis. C'était dérangeant voire troublant. C'était très compliqué d'essayer de deviner ce que l'autre pouvait bien y penser. Après tout comme le philosophe Pascal la démontrer c'était inconcevable ou irréalisable de pouvoir lire dans les pensées des autres sans être l'autre. Car le moi restait son propre moi et non celui d'un autre. Cependant, cela ne voulait pas dire qu'il ne fallait pas faire des efforts, à force de croiser le dieu du mal, Uriel commença à comprendre les points de vue et les projets de Mephilis.
Ce fut donc avec surprise et une agréable sensation d'avoir accompli l'impossible, qu'un crie étrangler surgit derrière un mur. Ce fut la pointe de la flèche brillante qui permettait de voir le pauvre démuni qui a été touché par cette attaque. Mephilis grommela en tenant la flèche qui perça sa jambe droite, brisant son fémur par là-même occasion. Pour un humain, cette attaque était un massacre, car cela conduisait le malheur à une vie de rescapé _ ou handicapé_ une chose que beaucoup de monde refusait de le devenir.
Mais le mauvais dieu se contenta de grogner de douleur et de murmurer des méchancetés, il se redressa sur ses coudes comme s'il essaya de trouver une meilleure position, après il ne gémit plus de douleur. Il reprit ce même sourire agaçant sur son satané visage, clairement plus infecté par la douleur. Il arracha la flèche de son pied en hoquetant avant de lécher son propre sang qui était sur la point divine. Sa langue serpentine s'enroulait sur la manche lavant la larme avec sa salive, puis il jeta la flèche. Il s'agenouilla un moment avant de se lever complètement.
"Surpris ? Saches que je suis déçu. On ne doit pas être surpris lorsque nous voyons la perfection incarnée. Je ne suis pas n'importe qui ! J'ai compris ta motivation petit ange je ne vais pas me laisser faire. Mon taux de magma est gigantesque. Je peux détruire une planète si je le veux. Mais la vie est tellement ennuyant quand nous n'avons plus personne que l'on peut embêter !"
"Comment peux-tu te relever ? Ma flèche est bénie tu dois te sentir faible et tu ne dois pas pouvoir te tenir sur tes jambes."
"Comme je l'ai dit plus tôt je ne suis pas un démon mais un dieu ! Ta flèche ne peut rien me faire ! C'est comme si je sentais un pincement rien de plus c'est vraiment navrant. Tu peux faire que ça mon ange ?" La façon dont il a prononcé le mot ange fit frissonner de peur le pauvre tireur. Il ne voulait pas savoir les pensées perverses que l'autre homme pouvait imaginer dans sa tête. Il sauta en arrière pour se tenir à une bonne distance du méchant ; comme s'il savait pertinemment ce que l'ange allait faire, le dieu se téléporta juste derrière sa dernière victime. Criant de surprise, la première chose qu'Uriel pensa dans sa captivité était de resserrer ses ailes pour se protéger des attaques mineures.
"Tu as une si belle gueule pour un ange gênant." Chuchota le dieu en baissant la tête, léchant la clavicule exposée du plus jeune. Uriel se tortilla et grimaça de répulsion. Il préféra mille fois recevoir un coup de poing qu'un bisou ou encore des léchouilles de n'importe qui !
Pour ainsi dire, voici la seule bonne action qu'il pensa qui pourrait améliorer sa triste situation, l'ange décida d'entrer dans le même jeu que le dieu maléfique, qui le retenait contre lui comme une bouée de sauvetage. Il tourna la tête et donna un bisou sur la joue de l'autre. Penaud, Mephilis, le relâcha. Uriel profita de créer un portail derrière le dieu puis il tira une flèche dans son torse. Toujours dans un état de transe le dieu abominable tomba à la renverse et passa le portail qui se referma derrière lui.
Uriel, cligna des yeux, il n'arriva pas à y croire que son plan allait marcher à merveille, son but n'était pas de transformer le dieu en une statut de pierre, il voulait juste le contrarier ou le pousser à bout juste pour affaiblir sa garde. Finalement cela ne changeait pas grand-chose, car au final il avait gagné ce petit combat.
Pendant ce laps de temps, Harry était de retour dans la manche, tenant le volant comme un acrobate qui tenait son bâton, il fit preuve de vigilance, il ne fallait pas qu'il croisa encore une fois ce maudit monstre qu'il lui avait fait perdre un temps précieux. Il ne pouvait plus repousser ce qu'il venait de faire. Tout ça le torturait l'esprit de ce pauvre jeune homme. Il savait ce qu'il fallait faire. Il pouvait voir qu'il était presque… il atteignait presque la victoire. Les personnes qui les avaient accompagnés les attendaient de l'autre côté.
Harry franchit la ligne d'arrivée en souriant. Il avait réussi. Il se sentait si fort. Il sortit de sa voiture en s'attendant à ce que les autres l'acclamèrent ou le félicitèrent. Mais il ne rencontra que le silence. Vincent se tenait devant lui en souriant avec ce sourire de gosse de riche vantard qui disait je t'avais dit que tu perdras cette course Harry ferma les yeux en pinçant son nez. Il n'y avait aucun doute sur le perdant. C'était lui le perdant. Harry se sentait comme un moins que rien. Il avait échoué.
Les gens autour de lui rirent de sa débilité. Il avait fondé dans son propre monde un arôme aux douces fleurs. Son père avait probablement raison à propos de sa performance. Il n'était qu'un crétin qui ne méritait que ce qu'il sema.
Ne fait pas ça ! Tu le regretteras. Je te préviens mon fils. Je sais ce que j'avance. Je ne veux pas que mon garçon souffre. Tu te sentiras débile quand tu découvriras ce qu'est la honte !
Les paroles de son papa tranchèrent le pauvre Harry qui baissa la tête, il regarda ses mains avec incompréhension. Il avait tout préparé. Il avait écouté les conseils de son père de substitution. Mais il avait échoué comme un gros nul. Il ne savait pas ce qu'il avait fait pour faire un tel gâchis. Il avait promis à la grande dame qu'il allait réussir mais il avait lamentablement échoué. Aura-t-il la force de lui dire la nouvelle en face ! Harry ne croyait pas à la chance. Mais en ce moment il se maudit pour cette poisse !
Son père avait raison. C'était horrible ! Un étrange sentiment le frappa comme un éclair ; qu'est-ce que c'était ? Harry avait mal ! Pas physiquement. C'était un autre type de douleur. C'était plus profond que d'habitude. C'était un mal douloureux bien plus grave. Est-ce que c'était un mal psychologique ? Harry n'avait aucune idée. Il voulait juste creuser sa propre tombe pour se cacher !
Et ce n'était pas mieux. Cet homme qui ne cacha pas sa joie, qui continua de le pointer du doigts en tenant sa tête, s'adossant contre sa voiture en ricanant comme un canard. Harry voulait juste un moment pour apaiser ses peurs. Mais apparemment même une simple demande n'était pas favorable aujourd'hui ! L'homme avait probablement remarqué son tourment, pour brouiller encore plus le couteau dans la plaie il s'approcha de Harry en rigolant.
"Je ne suis pas étonné. Allez gamin ! J'attends ! Je veux mon pognon !"
Harry redressa rapidement la tête et regarda Vincent dans les yeux avec peur, il fouilla dans sa poche et prit une fine enveloppe qu'il avait préparé en avance elle contenait toutes ses économies. Il trembla d'angoisse. Il tenait le papier avec acharnement. C'était son gagne-pain ! Mais un marché restait un marché.
"Donne gamin j'ai assez vu ta tête dans les parages." Vincent arracha l'enveloppe des mains de Harry avant de reculer et d'entrer dans sa voiture. Puis il s'en alla.
Une femme s'approcha de lui en grimaçant, ses douces lèvres se plissèrent, elle se pencha et le pointant des doigts, tapotant son torse.
"Maintenant dégage. Je dois préparer une autre course. Toi et ta caisse gène le passage. Sois-tu te barres soit j'appelle les boloss pour te fuir tu choisis avant que je ne fais mon choix."
Harry hocha la tête et retourna dans sa voiture pour partir. Il retourna chez ses parents pour laisser un petit mot qu'il ne prit pas la peine de signer. Il le posa sur la table près du pot de fleur il était sûr que son père le verrait dès qu'il entrera dans la pièce.
Chers pères,
Tu n'as pas toujours été le meilleur papa que je puisse espérer. Cependant j'ai apprécié les efforts que tu as accomplis jusqu'à ce que je deviens grand. Dire adieu à une personne comme toi, c'est comme perdre une partie de moi-même. Je sais que nous n'avons jamais eu une relation aimable depuis notre prise de tête. Tu étais, tu es, tu seras à jamais une partie essentielle de ma vie je te demande de prendre soin de maman. Je vous aime tous les deux. Mais je dois vous dire adieu. Tu as raison sur toute la ligne.
Je ne suis qu'un raté. Je vous quitte. Ce n'est pas votre faute. C'est la mienne. La vie était trop dure pour moi. Et je vous remercie pour tout. Papa je viens d'apprendre la nouvelle je ne t'en veux pas mais je voulais connaître la vérité de ta propre bouche au sujet de la voiture rouge. Maman, tes biscuits me manqueront beaucoup. Mais je dois partir. Et je ne rentrerai jamais à la maison !
Puis il prit une petite collation avant de quitter la maison sans se retourner. Pas une seule fois il tourna la tête. Clairement décidé par sa décision. Harry se laissa tomber dans une grande mélancolie, il s'installa sur son siège. Le bruit de la voiture grogna dans l'air, comme un rugissement volcanique. Il savait bien ce qu'il allait faire changera la donne. En fermant les yeux, et en les ouvrant. Harry fit son prochain pas, appuyant sur la touche.
Il conduisit. Il conduisit. En prenant conscience de son environnement. Il venait de perdre sa dignité, sa valeur et son honneur. Pour rester respectueux à ses aînés il laissa une lettre de demande de retraite pour quitter son poste. Cet embarras le tuait !
Uriel suivit son petit protégé avec inquiétude. Il était si triste ; est-ce qu'il venait de rater son coup ? Il souhaita simplement que ce dernier n'eut pas la brillante idée de se jeter contre un mur. Il planait au-dessus de la voiture, il était profondément confus. Cette indignité méritait-il autant de naufrage ? L'archange ne savait pas ce qu'il devait faire mais il ne pouvait pas intervenir directement.
En se concentrant sur Harry ce dernier avait les larmes aux yeux, il essayait de se tenir droit et de ne pas pleurer comme une mauviette. Mais les sentiments le frappèrent comme un coup violent. Il continuait de conduire toujours vers le sud sans s'arrêter.
Avec angoisse, Uriel regarda la suite de cette épouvantable scène avec faiblesse. Parce qu'il venait de se dérouler venait d'effondrer tous les espoirs de l'ange surpuissant : Harry venait de quitter la ville de sa naissance.
