Puis, Harry avait repris le travail en faisant mine de rien. Il entassa les briques les unes contre les autres, pour les rapprocher de son corps pour faciliter son travail et d'aller plus vite. Il savait que Severus le regardait attentivement, cependant Harry se contenta de hausser les épaules et qu'il devait se concentrer sur ce qu'il faisait sinon il devait tout recommencer. Le jeune homme ne voulait pas passer des jours à faire ce maudit mur. Il voulait récupérer sa voiture et s'en aller le plus tôt possible.

Mais l'homme aux cheveux noirs de minuit, attirait son attention comme une abeille qui voulait butiner le délicieux nectar de la jolie fleur, Harry était maintenant invulnérable contre les insultes. A force de se faire rejeter depuis son enfance, les mots dures et les paroles blessantes ne signifièrent plus rien pour lui, pour lui, les gens disaient des choses méchants que s'ils voulurent cacher des secrets occultes, ou ils avaient tout simplement peur.

Cependant cela ne voulait pas dire que lorsqu'une rose était couverte d'épines qu'elles perdaient vraisemblablement sa beauté ; malgré tout la rose gardait sa beauté et sa valeur. Harry avait la capacité de voir le bon dans chaque personne. Toutefois il se demandait parfois : pourquoi cet homme dont il venait tout juste de connaître le nom lui semblait si familier, et pourquoi ce dernier le haïssait tellement au point de l'insulter dès leur première rencontre ? Harry voulait connaître la réponse même si la vérité pouvait devenir un couteau tranchant.

Il voulait tendre les bras et murmurer des mots doux. Sur le moment il se demandait pourquoi il agissait comme un crétin sans cervelle, mais il était charmé par ce tempérament provoquant. Cet homme était étrangement courageux pour un handicapé il n'avait pas peur de dire ce qu'il pensait même si une simple claque l'aura achevé.

C'était cette vulnérabilité qui avait capté l'attention du jeune homme entêté, ainsi ce n'était pas qu'une question d'apparence, Severus était un phénomène qu'il ne connaissait pas et qu'il espérait connaître jusqu'au bout de sa langue – mais qu'est-ce ? - cette étrange sentiment qui bourdonnait, qui battait son cœur comme un matraque. Il ne… Harry secoua la tête avec mortification. Il refusait de reconnaître ce qu'il ressentait et pourtant ce fut le cas c'était ainsi qu'il se sentait. Il était follement amoureux de cet homme qu'il venait tout juste de rencontrer.

Il pouvait paraître pour un fou – était-il même un cinglé – mais Harry en était certain. Il était amoureux. Et il n'était pas content. Sa maman l'avait expliqué quand il était encore qu'un garçon que l'amour était une notion difficile et que certaines personnes confondaient l'amour et la folie amoureuse. Cependant Harry doutait encore de lui-même. Était-il amoureux, ou ce n'était que de l'amourette ou un béguin passager. Qui ne dura jamais longtemps ?

Il essaya de reprendre son travail pour son propre bien mais ce fut si facile de s'exprimer que de le faire. Severus continua de le regarder comme un faucon qui observait, depuis l'air, une petite proie fragile. Harry ne voulait pas devenir une proie il voulait être un faucon aussi devenir un égal. Mais ce sera une épreuve difficile.

Il s'était arrêté à midi pour prendre une petite collation. Cependant il se rappela qu'il n'avait pas de maison ni d'argents. Encore une fois Neville lui tendit ses bras et lui offrit son aide. Harry se sentait si gêner d'avoir autant d'attention.

"Neville, c'est si gentil. Mais je dois refuser. Tu as tant fait pour moi et je n'ai rien à te donner en retour."

"C'est vrai que tu n'as rien sur toi." Accepta l'autre jeune homme dans la pièce qui prit son sandwich dans sa main droit. Harry baissa la tête, légèrement blême. "Mais ce n'est pas ta faute. Tu n'habites pas ici. Je vis ici depuis que je suis tout petit du coup c'est normal que j'aie une maison et une voiture. Enfin quoi que pour la voiture ce n'est pas important."

"J'ai cette sensation d'avoir profité sur ta générosité. Je dois partir et je ne te dérangerai plus jamais."

"Tu ne me déranges pas du tout, c'est même l'inverse, je suis heureux de partager ma maison on ne rencontre pas tous les jours des nouveaux visiteurs. Je suis même contrarié que tu refuses mes invitations. Tu sais je suis très franche, je dis toujours ce que je pense. Et tu ne me gênes pas du tout." Rassura Neville en posa une assiette remplie de fromages et de jambons. Puis il donna un morceau de pain qui datait d'hier.

"Merci beaucoup Neville."

"Il me rappelle Ron, je me demande comment il va. Je suis un terrible ami. Je suis parti sans même le dire où je suis allé. Je ne veux pas revoir Ron je ne sais pas comment je vais réagir s'il me déteste pour ce que j'ai fait. Pour empirer les choses je perds de plus en plus confiance à mes propres capacités. J'ai perdu une simple course. Et je n'ai pas tenu une amitié. Qui me dit que je ne recommencerai pas ? Je suis condamné à vivre seul." Pensa-t-il tristement, en retenant ses larmes de couler. Il lâcha un bref merci puis il quitta la maison en traînant des pieds. Il retourna vers la maison de Severus pour reprendre la construction qu'il venait de délaisser.

Les jours passèrent. Ils devinrent répétitifs. Harry se leva très tôt et parla peu. Il contourna la ville pour éviter les autres personnes et d'entamer une conversation embarrassante. Il commença son travail, pour réparer le mur, il s'arrêta à midi pour prendre un bon dîner puis il retourna au travail. Harry devenait aigre et distant. Chaque fois qu'il croisait Severus il détourna le regard et quand celui-ci le provoquait et l'insultait, il ne se défendait pas comme le premier jour de leurs rencontres.

La plupart ignora le changement du comportement du jeune homme ; le policier avait repris sa garde et ne se préoccupait pas du tout du prisonnier qu'il était censé surveiller attentivement. Mais un jour Neville en avait assez.

"Pourquoi tu m'évites Harry je suis gentil avec toi, je t'invite chez moi, je te donne la moitié de mon repas et tu m'ignores comme un sac plastique, si je t'ai offensé quelque part il faut me le dire en face je déteste que l'on ne soit pas honnête avec moi !" Grommela Neville en poussant Harry dans le salon. Ce dernier se laissa faire, à cause de la surprise mais sa fatigue grandissante.

"Non ce n'est pas ça…" Tenta Harry de s'expliquer.

"Qu'est-ce que j'ai fait alors je ne te comprends pas ! Je pensais que nous étions amis et que les amis se disaient tous. Tous voulaient dire tout ! Et tu es là tu me caches des choses c'est sûr et pourtant tu ne dis rien. Pour une raison quelconque je ne sais pas si… Je comprends si tu me détestes et tout. J'étais si enthousiasme de me faire à l'idée d'avoir un ami qui a le même âge que moi que je n'ai pas fait attention à tes propres sentiments. Je suis désolé." Termina-t-il en lâchant des sanglots misérables. Sans se retourner Neville courra vers sa chambre puis il s'en ferma.

Harry resta interdit. Toujours dans le salon il ne bougea pas une seule fois. Il voulait crier de frustration et déverser sa rage et son indignation sur quelqu'un, mais Neville n'était pas le fugitif de tout ce tracas. Il était innocent dans l'affaire. Et pourtant il fut celui qui pleurnichait dans son lit. Harry se frappa le front contre le mur il ne comprenait pas ce qu'il venait de se dérouler, il pensait que s'il évitait les personnes au maximum ils ne penseraient pas à lui. Pourquoi Neville ne copiait pas les autres ? Pourquoi ce dernier ne l'ignora pas ? Comme les autres, non il fallait que cela se passa autrement.

Puis une chose le frappa en plein cœur, Neville n'avait jamais eu d'ami. Ce fut normale que ce dernier s'attacha à la première personne venue qui avait à peu-près le même âge que lui. Harry s'était contenté de faire attention aux erreurs de l'attachement il n'avait pas fait attention à ce que le détachement pouvait provoquer une une seule seconde. Avec épuisement il s'arma de courage puis il longea les couloirs. Devant la porte de la chambre de son meilleur ami Harry s'arrêta à mi-chemin. Il frappa juste ensuite la porte.

"Si c'est toi Harry va-t-en ! J'ai compris le message je suis juste un boulé ! Maintenant laisse-moi tranquille je veux continuer de pleurer sans que l'on me perturbe."

"Neville je suis désolé."

"C'est trop tard. La prochaine fois peut-être ?"

"Neville écoute je… ouvre ta porte." À peine qu'il eût le temps de dire une telle chose que la porte s'ouvrit, avec un tel fracas que Harry le reçut en plein face qu'il s'effondra par terre s'il Neville n'eut pas le réflexe de l'attraper.

"Je t'écoute et soit bien précis. Et je préviens d'avance que si je n'aime pas ce que tu vas me dire je te laisse tomber par terre et je m'enferme dans ma chambre."

"Neville c'est vrai que je n'étais pas honnête avec toi et je suis désolé. Je vais te dire la vérité. Récemment j'ai quitté ma ville natale, j'ai tout laissé derrière moi, au premier abord je voulais me tuer."

Sous le choc et l'horreur Neville le relâcha et Harry qui ne s'attendait pas à ce genre de chose, frappa le sol en plein face laissant échapper des cris de douleur. Il se redressa sur ses coudes et il se leva en chancelant.

"Je voulais me tuer car j'ai perdu un gage. C'était important pour moi je devais gagner cette course. Mais j'ai perdu, j'ai perdu mes économies, mes parents ne font pas attention à mes erreurs, je ne voulais pas inquiéter mon ami Ron. J'avais si honte que je voulais m'en aller. J'ai quitté mon travail. Je ne voulais plus revenir. Si tu me demandes ce que ça fait de vivre seul : je connais ce sentiment. C'est horrible. J'ai fait un long voyage. Afin d'oublier mon passé et ne plus vivre dans le présent je ne voulais pas me construire une nouvelle identité et fonder une nouvelle famille." Expliqua Harry en baissant la tête avec honte, il ne savait pas comment il devait exprimer ce qu'il pensait, mais à ce moment-là ses chaussures semblèrent les choses les plus précieuses au monde car il réfutait de détacher ses yeux du sol.

Neville renifla, et frotta la morve de son nez sur son tricot. Il s'adossa contre le mur en essayant d'assimiler toutes ses nombreuses informations. Ce fut un fait assez troublant en soit. Maintenant qu'il connaissait les véritables intentions de celui qu'il jugeait comme son ami, il ne savait plus du tout quoi dire, mis à part le fait qu'il était profondément blessé que ce dernier n'était pas venu le voir pour lui expliquer avant que ce jour fatidique n'arriva. Il décida de ne pas juger les valeurs de l'autre et de respecter ses choix. Et ses décisions par la même occasion.

Neville était une personne très joviale, très optimiste en soit, il puisa beaucoup d'efforts afin de juger bon le mieux que de ne voir que la crasse de la vie. Il n'aima pas se faire passer pour un menteur, par une bonne volonté, il affirma que plus un homme fut réduit à rechercher la vérité il aura que du bonheur dans sa vie et qu'il connaîtra très peu de malheur.

Cependant, Neville ne connaissait pas beaucoup de chose lorsque cela concerna l'amitié, il ne savait pas si c'était bien de tout confier à quelqu'un tous ses secrets cependant la confiance était, certes, un bon signe pour commencer une bonne relation mais est-ce que cela valait-il la peine de tous rejeter ? De tous dire ? De tous dévoiler ? Sans être certain que celui qui connaissait maintenant tes secrets les garderaient comme les siens. Il savait une chose, qu'il n'était pas une personne qui gardait sa langue dans sa poche.

Avec une expression remplie d'épouvantes, qu'il ferma rapidement la bouche de son ami, car même s'il y avait eu des hauts ou des bas Harry restera son ami, son premier ami, qu'il venait de connaître.

"Je comprends. Je sais. Je vois ce que tu ressens. Je n'aurai dû pas te pousser à bout. Je ne voulais pas te brusquer de cette manière. Tu n'as plus besoin de demander mon pardon car tu es déjà pardonné mon ami. Je ferai tout ce que je peux pour t'aider."

"Mais Neville pourquoi tu veux m'aider."

"Car tu as déjà réalisé l'un de mes rêves. J'ai toujours rêvé d'avoir un ami qui me confit ses secrets, ses faiblesses et qui me comprend. Nous n'avons probablement pas vécu dans la même ville mais nous avons presque une vie similaire."

"Merci."

"Oublions c'est du passé." Sourit-il, puis il reprit une expression sérieuse. "Il y a une chose que je voulais savoir à tout prix !"

"Euh, d'accords, vas-y accouche enfin je t'écoute !"

"Je ne sais pas si c'est vrai. C'est juste une hypothèse mais je ne sais pas si ma supposition est juste ou totalement fausse. Est-ce que tu aimes le râleur sur pattes ?"

"Le râleur sur pattes ?" Souligna Harry en répétant ce que Neville venait de lui dire. L'autre jeune homme le fixa durement comme s'il était stupide.

"Ben Severus Rogue monsieur le génie !" Bredouilla Neville en se pinçant le nez.

"Ah je vois c'est vrai qu'il se plaint pratiquement à longueur de journée."

"Harry, arrête de plaisanter je suis sérieux. Tu dois me répondre honnêtement. Est-ce que tu es amoureux du râleur de la ville ?"

C'était une question si active. Harry ne s'y attendait pas du tout. C'était comme si elle était posée à l'improvise. Il resta un moment sans voix, étourdi, et confus, comme s'il recherchait les bons mots pour s'exprimer ses sentiments. Mais la seule chose qu'il pensa, ce fut se rassembler ses mains pour former un gros poing alors qu'il méditait sur la question. Il était contraint de dire la vérité mais il n'était pas obligé de dire ce qu'il pensait. Il pouvait toujours mentir, cependant il venait tout juste de souder leur lien d'amitié qui était toujours fragilisé.

"Est-ce que je suis vraiment amoureux ? Cette question me tracasse. Je pensais que c'est juste un béguin passager. Mais je ne peux pas distinguer l'amour et une simple amourette. Chaque fois que je suis près de cet homme je veux le connaître, d'une manière intime et savourer tout son potentiel. Je veux connaître tout ! Tout c'est vraiment tout ! Je me demande qui se cache derrière ce masque sans peur."

"Neville pour être tout à fait honnête avec toi je ne sais pas moi-même ce que je ressens."

"Et c'est ça qui me fait le plus peur. Ne pas savoir quoi que ce soit me fait trembler de peur. Je déteste ne pas connaître la réponse ; or, même moi je ne sais pas ce que je ressens. J'ai peur de ne pas connaître…"

"Je vais te donner un conseil. Enfin, c'est plus un avertissement. C'est très important. Prend garde à mes paroles Harry je suis sérieux tu joues un jeu très dangereux et je veux que tu oublies ce que tu as l'intention de faire. Mais je t'en prie ne tombe pas amoureux de ce type."

"Je t'ai dit que je ne savais pas ce que je ressentais !" Fit-il par lâcher le concerné avec agacement. Il en avait vraiment marre que quelqu'un lui dictait chacune de ses actes. Il n'était pas un bébé à ce qu'il sache. Et pourtant, le voici, dans une drôle situation, Neville l'avertissait d'un danger. Mais était le mal d'aimer quelqu'un ?"