Ils s'affrontèrent tous les deux, du regard, sans se détourner, entêtés, et coriaces, ni l'un ni l'autre ne voulurent lâcher l'affaire. Harry ne recula pas. Au contraire il avança prudemment sans perdre confiance en soi. Il avait des choses à dire. Il n'allait pas garder cette façade d'un petit toutou qui ne fit qu'obéir aux ordres.
"Oui je connais que dalle sur ta vie mais cela ne te permet pas de me parler et de me traiter comme une merde. Je suis une personne comme toi j'ai une vie même si cela te plaise ou non mais je vais te dire ce que je pense maintenant."
"Je ne pense pas que tout le monde voudrait connaître ta pitoyable vie Potter !" Cracha Severus nerveusement en voyant que les autres clients avaient cessé de manger et venaient de tendre l'oreille.
"Tu vas te taire ! Tu as horreur du mensonge ; donc je vais te dire ce que je pense. Je vais te balancer la vérité en plein face s'il le faut. Depuis que j'étais petit. J'ai regardé mon émission préférée je faisais de mon mieux de ne rater aucun épisode. J'étais un fan de la course de Cross Foudroyeur. Je voulais même participer."
"Arrogant, et beau parleur comme ton père comme je vois. Pas besoin de le cacher, les gènes foireux étaient bien transmis de père en fils !" Fit-il, totalement scandalisé avant de sourire d'une manière effronté. Ses yeux noirs brillèrent d'une vilaine intensité malveillante. "Je sais qui tu es depuis le début. Le sourire narquois, les cheveux indisciplinés, le comportement dangereux d'un fou du volant ne trompent personne. Tu es comme ton père ! Un sale tricheur !"
"Je ne suis pas un tricheur. Et arrêter de dire du mal de mon père !"
"Toi et ton père vous êtes des salauds ! Et des tricheurs. Un fait que votre pauvre génération doive porter." Répliqua-t-il en balançant toute la froideur dans son ton, il voulait faire du mal, faire comprendre à ce sale mioche qui était le patron ! Severus posa ses coudes sur la table, les doigts se touchèrent, la tête posée sur son épaule gauche ; il paraissait bien plus intimidant qu'il ne le paraissait. Pour certain cette pose était pour trouver un semblant d'équilibre, mais pour d'autre ceux qui vivaient dans cette ville ils surent ce que cela signifiait. C'était une position offensive, pour montrer sa domination. Un comportement digne d'un époux d'un parrain de la mafia.
Mais Harry ne voyait pas le danger dans une telle chose qu'il considérait comme anodin. Il continua de parler.
"Mon père… est… oui tu as raison." Harry s'affaissait dans son siège, en passant nonchalamment ses mains dans ses cheveux. "Oui mon père est un tricheur, mais cela ne veut pas dire que ces actions doivent également me désigner. Je ne suis pas le faiseur de ses actes, je ne suis pas celui qui lui à murmurer à l'oreille ce qu'il doive faire. Ce n'est pas ma faute ni mon erreur mais la sienne. Ne confond pas son comportement et le mieux. Je ne suis pas lui !" Ceci déconcerta énormément Severus qui clignota bêtement des cils.
Ce fut une grave réalisation. Depuis le début dès leur première croisade, le mari du seigneur du crime voyait Harry en tant que James Potter, l'homme qu'il avait dénoncé durant la course du Cross Foudroyeur. Il détestait cet homme, qui gagnait tout le temps des courses sans s'arrêter, sans faire le moindre effort. Severus s'était beaucoup de fois demander comment il faisait une chose pareille. Jusqu'à ce qu'il trouvât la réponse à sa question. La découverte n'était pas celle qu'il espéra. Résultat il était toujours en colère.
L'essence pour faire fonctionner la voiture rouge était le sang d'humains. Pour alimenter cette terrible machine roulante il fallait tuer une dizaine de personnes pour qu'elle dura un mois entier sans perdre le fils de sa vitesse. Severus n'eut juste le temps de moucharder sur le conducteur, mais avant qu'il ne puisse avertir à propos de la voiture. Elle avait disparu. Depuis elle fut introuvable.
Il s'était contenté de l'emprisonnement de cet imposteur. Or, il fut moins ravi d'apprendre bien plus tard que ce dernier put sortir de prison juste ensuite. Il fut si dégoûté lorsqu'il avait appris que James Potter avait un fils et que ce dernier avait son apparence exacte. Il avait pris sur lui, un devoir désobligeant, de détester le père et le fils pour toujours. Cependant son plan avait beaucoup de défauts, à proprement parler, le fils ne se comportait pas du tout comme son géniteur, bien au contraire, dès le début il s'était attendu à croiser un jeune homme hautain, fier de lui, et sûr de soi, mais ce n'était pas le cas de ce qu'il venait de voir.
Harry, le jeune homme en question, se refermait beaucoup, il parlait bien sûr, mais il y avait aucune chaleur, aucune joie ne sortait de sa bouche. Severus était prêt à parier que ce dernier lui cachait quelque chose. Il ne voulait pas s'immiscer dans les affaires des autres mais il ne pouvait pas s'empêcher de faire son petit fouineur ; car il ne se passait vraiment pas grand-chose dans cette ville perdue. Avec réflexion, il vit une nouvelle vision, il put apercevoir que ce dernier lorgnait beaucoup son corps et il était vachement nul pour le cacher.
"Quand j'étais petit j'ai toujours rêvé de devenir un conducteur professionnel et de conduire une voiture de course pour pouvoir remporter ma toute première course. Et tu sais ce que les autres me disent."
"Je mettrais ma main à couper qu'ils te disent des compliments tout le long de la journée au point que ta tête deviendra si lourde car ton égo était tellement nourri !"
"Faux ! Ils m'ont dit que cela ne servait à rien. Que c'était une perte de temps. Ils m'ont regardé comme si je n'étais que de la poussière. Un garçon qui avait un rêve qui ne sera jamais réalisable ! On m'a traité de fou et cinglé ! Est-ce que tu peux comprendre ce sentiment d'être constamment réprimander, tous les jours, par là-même personne qui te tient à cœur, et ce n'est rien encore, imagine un peu que ladite personne était en réalité ton propre père !" Cet aveu fut un coup de poing dans l'estomac pour Severus qui ne s'attendait certainement pas à ce renversement.
Bien sûr la réponse à cet gênante question était : oui ! Severus avait lui-même un père cruel qui aimait le rabaisser comme il le voulait. Il savait les sentiments que cela procurait une telle trahison. Car lui-même avait subi les mêmes conséquences. Et juste comme ça Severus vit le fils de son ennemi juré d'une autre manière.
Ce jeune homme avait souffert dans sa vie. Il avait connu de l'intimidation, de la cruauté à un si bas âge, il a connu la violence et la solitude. Et le pire dans tout ça, il avait ajouté une couche de plus dans cette douleur en apportant sa propre haine personnelle. Le jeune homme avait raison. Ce fut un homme hypocrite. Severus détourna le regard. Lui, qui rejetait l'intimidation et l'injustice comme la peste en fut lui-même la cause dans la vie de ce jeune homme.
Harry de son côté, n'avait pas du tout conscience de ce qu'il se passait. Il continuait de parler, de dire ce qu'il ressentait tout bas, il se sentait plus léger, enfin il pouvait se lâcher. Mais quelque seconde plus tard, il vit que Severus avait détourné la tête sur le côté, frissonnant et sanglotant silencieusement.
"Severus je… Je t'ai encore fait pleurer." Harry s'agita sur son siège. Il commença à se relever pour laisser du temps à l'autre homme de se calmer. Il voulait se fracasser la tête contre un mur. Encore un fois il venait de faire pleurer la mauvaise personne. Il venait de foirer encore une fois.
"Non c'est ma faute. Ne t'en va pas. Reste avec moi." Sans un mot le jeune homme s'assit.
"Je t'ai traité si injustement alors que tu n'avais rien fait."
"Je ne t'en veux pas."
"Comment fais-tu pour…"
"Pardonner ? Tout simplement un homme sage m'a dit un jour, pour mieux avancer dans sa vie il faut savoir pardonner. Mais ce n'est pas la seule raison. Je suis tombé amoureux. Je suis amoureux de toi Severus Rogue."
"…"
"C'est à mon tour de poser la question. Est-ce que tu me permets de t'aimer ?" Harry se leva pour contourner la table il prit les mains de Severus doucement comme s'il avait peur d'effrayer un animal effarouché.
"…"
"Ne réponds pas si vite. Prends ton temps j'attendrai." Harry continua de parler, doucement. "Nous avons tout le temps qu'il nous faut. Je te ferai tomber amoureux de moi Severus. Je le promets." Les deux hommes se penchèrent, le visage face à l'autre, ils s'embrassèrent tendrement.
Le lendemain matin. Ce fut une nouvelle journée. Severus et Harry se rencontrèrent. Cette fois-ci ils s'entendirent bien. Ils firent un effort de se parler avec compassion, ils écoutèrent ce que l'autre voulait dire sans trop le brusquer.
"Dis-moi pourquoi tu voulais devenir un conducteur de voiture de course ?"
"Je… Tu vas trouver ça assez amusant."
"Vas-y je pensais que l'on ne se cachait plus rien !"
"Eh bien ! Je voulais devenir un conducteur c'est pour voir en chair et en os mon modèle préféré. Je suis amoureux du mutilateur."
"Tu étais amoureux de moi sans me voir. Et bien bravo quelle belle performance."
"Qui est encore plus incroyable c'est que j'ai réussi à tomber amoureux de la même personne deux fois de suite." Harry tira l'homme plus âgé contre lui, il toucha tendrement la joue de l'autre avant de déposer des baisers partout sur ce visage qu'il aimait. Il passa ses mains dans ses cheveux noirs en regardant chaque détail. Son esprit voyageait sur ce corps qui hantait indignement dans ses pensées. Ce corps interdit. Un péché criminel. Et pourtant Harry s'en fichait abandonnement il plongeait profondément dans cette noirceur pour déguster ce parfum funèbre.
Harry sentait le danger. Mais il ne s'en préoccupait pas pour le moment il regarda que le moment présent, il mit de côté l'avenir. Car pour l'instant, il fut concentré sur ce qu'il voyait. C'était un beau spectacle qu'il ne voulait pas rater. Pour le moment, il pensa qu'au bonheur que le présent lui présentait.
"Et si je te montre quelque astuce pour devenir un bon conducteur ?"
"Je ne dis pas non. Je te suis." Severus monta sur la banquette arrière de la voiture rouge. Bien qu'il détestât cet engin. Il n'en voulait pas du tout au nouveau conducteur. Car Harry avait prouvé qu'il était bien différent de son propre père. Harry s'installa sur le siège du conducteur, il inséra la clef dans le loquet. Il laissa le moteur se surchauffer avant de commencer quoi que ce soit.
"Quand tu conduis ta voiture il ne faut pas avoir peur il faut se concentrer. Regarde toujours devant toi ! Il ne faut pas écouter ce que les autres te disent. Ils chercheront tous un moyen de te perturber dans l'espoir que tu perds espoir."
"Je ne comprends pas pourquoi ils feront ça ?"
"Les trois doctrines les plus importantes pour devenir un bon pilote sont : la concentration, la méthode et l'espoir. Il ne faut pas perdre une seule doctrine sinon c'est l'échec assuré !"
"Très bien… Et qu'est-ce que je ne dois pas oublier d'autre."
"Tu dois suivre ta voie. Lorsque tu conduis ta voiture tu dois te sentir libre. Ne pense plus ! Sur la route il y a aucune limite."
"Mais et si…"
"Il faut que tu arrêtes de réfléchir."
"Mais c'est impossible."
"Tu sais pour une fois que l'on te demande de ne pas réfléchir tu ne le fais pas. Pourtant tu dois être drôlement fort car c'est ta spécialité de faire la dure à cuir et de faire ce qu'il te chante tout le temps. Quand tu conduis il ne faut pas penser. Si tu réfléchis trop ; jamais tu ne feras ce qu'il faut. Maintenant, essaye de passer cette pente pour que nous traversons ce gouffre."
"Quoi tu es fou."
"J'ai confiance en toi. Respire et ouvre les yeux !" Severus s'allongea.
Harry regarda ses mains moites. Il avait vraiment peur cette fois-ci. Il sortit de sa voiture pour jeter un coup d'œil vers le gouffre. C'était vachement profond. Il ne voulait pas connaître la douleur de se faire projeter au fond de cette chose. Il ne savait pas comment s'y prendre. Il devait chercher un moyen de traverser ce vide pour passer de l'autre côté.
Il avait peur. Il doutait de ses facultés et s'il échouait encore une fois. La dernière fois il était tout seul contre un immense danger poilu qui le balançait à ra-bort des pierres gigantesques. Cependant cette fois-ci ce fut bien différent que la dernière fois. Il transportait un passager, un passager qui ne devait pas du tout rester, qui plus ait était en train de s'allonger tranquillement en ignorant totalement le danger qui le guetta.
Il retourna vers sa voiture. Il s'assit mollement en soupirant. Le doute régnait langoureusement, alors qu'il essayait avec beaucoup de mal de se calmer lamentablement. Il était piégé.
"C'est de ça que je parlais i peine cinq minutes. Il ne faut jamais douter de toi ! Car le doute fait émerger la peur, qui fait chuter la volonté puis l'espoir. Il ne faut pas baisser les bras sans avoir tenter quoi que ce soit."
"Il faut que j'essaye."
"Il n'y a pas d'essais, soit tu le fais ou soit tu ne le fais pas."
"Mais je ne veux pas que tu te blesses."
"Jamais je ne me blesserai. Aie confiance en toi. Tu dois combattre tes peurs. Et pour le surmonter tu dois retrouver l'espoir qui se cache dans ton âme."
Harry posa sa main sur le volant, ramenant ses vitesses en première, il alluma la voiture qui rugissait comme un lion. Ses yeux verts fixèrent l'horizon comme un scanner, puis ils décolèrent rapidement. Lorsqu'il vit le bord du gouffre, il eut le réflexe de frapper de tout arrêter et de faire machine arrière. Mais il se souvint vivement des douces paroles de son futur compagnon de lit.
Ce fut ainsi qu'Harry oublia totalement sa peur, et plongea vers le danger sans aucune peur. Il fonça directement vers la pente. La voiture se souleva vers le ciel, avant de s'arquait vers le sol, faisant un petit plongeant. Mais le saut périlleux se finissait pas. La voiture se dandina vers l'autre bout du gouffre, pour avoir encore plus d'altitude Harry appuya le bouton vert qu'il avait autrefois très peur. Il actionna le pouvoir cacher, et comme la dernière fois, des jets de flammes entourèrent la voiture.
Severus vit les flammes rouges s'enrouler autour du véhicule, comme une protection, un bouclier de feu flamboyant indestructible. Il admira le courage du jeune homme. Il savait que ce fut si mesquin de sa part de jouer avec les sentiments de Harry mais ce dernier avait besoin de se bouger les fesses et de prendre son courage à son cou. Il en avait plus qu'assez de le voir, si introverti.
En sachant les sentiments du plus jeune, il sut que ce dernier fera tout son possible pour éviter le danger ; celui-ci se sentirait tellement mal qu'il se fasse du mal. Donc, ce fut avec espièglerie que Severus avait dit tout ceci.
Le deuxième moteur de la voiture rouge prit vie à son tour, donnant ainsi encore plus de vitesse et de hauteur. Et la voiture se reposa sur ses quatre roues sans aucunes égratignures.
"Tu vois quand tu veux. Tu peux." Dit Severus séditieusement en posant un doux bisou sur la joue de l'autre.
