Chapitre 5 : Refuge dans la tempête

Note : À cause d'un beug du site, je n'ai plus accès aux statistiques donc je ne peux plus voir qui lit mes histoires et si elles sont lues. N'hésitez donc pas à laisser un commentaire pour me dire si vous avez lu et si vous avez apprécié. Bonne lecture !

Résumé : Mlle Parker trouve refuge auprès de Jarod dans l'hôtel de Blue Cove. Ce qui commence comme une conversation amicale se transforme en une confession profonde, qui à son tour évolue vers un jeu de séduction intrigant. Pendant ce temps, Thomas s'inquiète pour Mlle Parker et la stabilité de leur couple.

Hôtel de Blue Cove, Delaware

Dans la chambre, Jarod et Mlle Parker étaient enlacés dans les bras l'un de l'autre alors que l'orage grondait, présageant une tempête imminente. Les volets ouverts et les rideaux des fenêtres tirés, la pièce était plongée dans une semi-obscurité causée par l'unique petite ampoule défectueuse accrochée au plafond. Le caméléon ressenti comme un choc électrique en lui. Mlle Parker, aussi. Le tonnerre avait retentit avec une puissance impressionnante, secouant les murs de l'hôtel et faisant vibrer le sol sous leurs pieds. Des éclairs jetaient des ombres de couleur jaune sur leurs silhouettes, accentuant l'intimité du moment. Alors que la pluie tombait en grosses gouttes sur la fenêtre, Jarod serra davantage la jeune femme. Celle-ci était trempée jusqu'aux os, ses vêtements collant à sa peau, sa chevelure dégoulinait encore d'eau. Bien que tout son corps avait quelque peu refroidi, elle était envahie par une vague de chaleur. C'était comme si elle s'était, tout à coup, réchauffée de l'intérieur. Son désir l'emportait sur sa vulnérabilité. Le beau caméléon, drapé seulement dans une serviette autour de sa taille, vivait un conflit tout aussi intense. Il hésita comme jamais auparavant. Ils étaient sur le point d'échanger un baiser que tous deux attendaient depuis si longtemps. Et voilà, cela risquait de bouleverser un équilibre déjà bien trop fragile à son goût. Leurs respirations étaient irrégulières et le silence de la chambre amplifiait les battements de leurs cœurs. Jarod recula afin de maintenir une certaine distance entre eux. Il cherchait des réponses dans les yeux de Mlle Parker. Pourquoi était-elle venue jusqu'ici ? Elle secoua la tête. C'était à cause de Thomas. Jarod se doutait bien que la situation actuelle dans laquelle se trouvait Mlle Parker et le jeune charpentier n'était pas aussi simple. Elle lui avait demandé de ne pas se renseigner sur le Centre, et pourtant, c'était ce qu'il avait fait, l'obligeant a trouvé refuge auprès d'un autre que lui. Et elle, elle était là, avec le caméléon. La tension devenait quasi insoutenable entre eux, comme si le monde extérieur avait cessé d'exister pour au moins un demi-siècle. Peu à peu, elle revenait vers lui, leurs bouches s'effleuraient furtivement. « Embrasse-moi. » Et lui dans son esprit : « Bon sang ! Parker, si tu savais comme j'en meurt d'envie. » Non, non ! Il ne pouvait pas faire ça. Pas à Thomas, il était son ami. Et ce serait la pire des trahisons pour lui. La guerre venait de lui être déclarée. Il lui était impossible de choisir entre l'amitié et la tentation par lesquelles il était si ignoblement soumis. Elle était le fruit défendu. Le caméléon s'éloigna rapidement de cette délicieuse charmeuse, lui suggérant de prendre une bonne douche chaude. Pendant ce temps, Jarod s'occuperait de faire sécher ses habits. Face à la fenêtre, il lui tourna le dos. Elle pouvait sentir son regard sur elle. Il était à peine à quelques mètres d'elle. Et dans le reflet de la vitre, il la vit se déshabiller très lentement, presque érotiquement. Chaque mouvement était calculé, sensuel. Elle jeta sa veste sur une chaise. La robe humide glissait le long de son corps, révélant la douceur de sa peau. Le soutien-gorge tomba par terre, laissant apparaître les courbes de ses seins, la finesse de sa taille. La culotte rouge en dentelle se retrouva avec surprise au pied du caméléon, dévoilant la grâce de ses longues jambes. Son cœur battait si fort qu'il crût que celui-ci allait l'abandonner, avant même, d'avoir un jour, pu embrasser sa chasseresse adorée. Jarod se sentait défaillir, sa résistance s'effritait alors qu'elle affichait un sourire séducteur. Et si son geste était une invitation implicite à la rejoindre, elle, sous la douche ? Il ferma les yeux. Il n'en ferait rien.

Maison de Mlle Parker 431 Mountain Spring Drive, Blue Cove, Delaware, 01991

Au même moment à l'autre bout de la ville. L'atmosphère à l'intérieur de la maison était tout aussi orageuse. Thomas, assis sur le sofa du salon, était tout bonnement rongé par les remords. Comme il regrettait amèrement cette dispute avec elle. Il avait été trop loin et il le savait. Il avait outrepassé les limites qu'il aurait dû éviter. La limite qu'elle lui avait explicitement imploré de ne pas dépasser. L'avait-il écouté ? Non ! La culpabilité l'étreignait alors qu'il repassait mentalement les dernières paroles blessantes de la demoiselle. « Quel idiot ! Mais pourquoi ai-je agi de manière trop réfléchi ? J'aurais dû m'y prendre autrement. Ces recherches sur le Centre m'ont aveuglé. J'aurais dû écouter Jarod ! » Les secondes se transformèrent en minutes, puis en heures sans savoir ni où elle était ni dans l'état où elle était. Ne pouvant plus attendre aussi longtemps, il se leva brusquement, ne supportant plus d'être immobile. Le téléphone en mains, il composait le numéro de son ami. Il porta l'appareil à son oreille puis regarda les aiguilles qui faisait le tour de sa montre. « Jarod, réponds. Réponds, s'il te plaît. » Sa voix vibrait sous le coup de l'anxiété. Le téléphone sonna et resta sans réponse. Ce qui intensifia son angoisse jusqu'à son maximum. Où diable pouvait-elle bien être ? Était-elle en sécurité ? Peut-être était-elle blessée ? Était-elle encore en colère contre lui ? L'aimait-elle toujours ? Thomas se reprochait son comportement si purement égoïste qu'il en pleurait, incapable de faire quoi que ce soit d'autre que d'attendre et de s'inquiéter.

Hôtel de Blue Cove, Delaware

Jarod, une tasse de thé à la main, rejoignit la jeune femme. Mlle Parker, en peignoir, s'était assise sur le bord du lit, fixant le parquet en bois foncé, retenant malgré elle, ses larmes. Ne voulant pas aggraver la situation, Jarod, revêtu de son pantalon, se montra gentil, voire compatissant, il lui tendit le breuvage. « J'ai fait monter ça pour toi. Hey. Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu veux en parler, Parker ? » À quoi bon d'en parler ? Sa relation avec le jeune charpentier était bel et bien terminée. C'était ce qu'elle lui avait dit avant de venir dans cette chambre d'hôtel. Elle avait choisi de ne pas lui révéler la vérité sur le Centre dans le seul but de le protéger et tout lui était revenu en plein visage. Jarod s'assit près d'elle, l'observant du coin de l'œil. Elle formula une question des plus surprenante. « Jarod, parle-moi de Thomas. Comment vous-êtes vous rencontrés ? » Cet intérêt si soudain le laissa pensif. Jarod se souvint de ce jour, à New-York, à cette époque, environ un mois avant que Mlle Parker et Thomas ne tombent amoureux. La scène se déroula sur un chantier en construction d'un nouveau centre commercial de seize étages. L'endroit quoique recouvert de poussière et de saleté était un immense enchevêtrement de poutres d'acier, de béton brut et de câbles suspendus. Des grues imposantes dominaient l'horizon, se balançant telles des géantes endormies. Des ouvriers portant des casques de sécurité s'affairaient à différents niveaux, tandis que des échafaudages grimpaient tout le long des façades inachevées. Le chantier était bruyant, rempli du martèlement des marteaux-piqueurs du vrombissement, des engins de construction et du vacarme des machines. Jarod avait alors endossé le rôle d'un ouvrier se faisant engager auprès d'un des concurrents de Thomas, jeune charpentier. L'entrepreneur, à l'apparence méprisable, responsable des travaux en cours, répondait au nom de Monsieur Reynolds, un homme à la stature conséquente et sans aucun scrupule, prêt à tout et toutes les magouilles pour sauver sa peau. Jarod enleva son casque de sécurité, le laissant tomber par terre à la vue de Monsieur Reynolds et avec son air sadique, vengeresse et presque triomphant, il se baissa vers l'homme qui était suspendu dans le vide. Jarod fit signe au charpentier qui suivait le plan, actionnant les boutons de la nacelle, la faisant tanguer dangereusement près du rebord. Le vent siffla dans les oreilles de Reynolds, il avait le haut-le-cœur et était pris de vertiges, tantôt, il avait chaud, tantôt, il avait froid. Ça lui était insupportable. Au loin, il entendait les ricanements de Jarod, son rire accentua la nervosité de l'individu. Monsieur Reynolds, tout en sueur, tremblait de la tête au pied, ses poils se hérissaient et il retenait son souffle craignant le danger. Quant à, Thomas, il manipulait habilement la nacelle élévatrice. Ses gestes étaient précis, ses mains agiles sur les commandes. Il était déterminé. Malgré tout, il n'était pas à l'aise avec la méthode de Jarod. Leur objectif n'était pas de blesser physiquement Monsieur Reynolds. Non ! Leur intention était claire, lui faire avouer ses méfaits et lui rendre la monnaie de sa pièce.

Flashback

« Reynolds, vous pensiez vraiment que vous pouviez échapper à vos responsabilités ? Vous avez mis la vie de cet enfant en jeu pour économiser de l'argent, et maintenant, c'est votre tour de ressentir la peur. Vous ne vous en sortirez pas si facilement. Nous sommes déjà... Je dirais au neuvième étage ! Vous voulez monter encore plus haut ?

- Jarod ! Je te jure que je vais te tuer si tu ne me remontes pas tout de suite, il était pâle et venait de rendre son déjeuner.

- Vous voyez, Monsieur Reynolds, il y a des conséquences graves à négliger la sécurité. Et vous, vous êtes sur le point de faire cette fabuleuse expérience, déclara le caméléon avec le sourire. Thomas maintenait la nacelle en équilibre précaire qui continuait de vaciller à droite et à gauche intensifiant la pression.

- Je... Je ne savais pas que l'enfant était là. Je pensais que tout serait pris en charge par l'assurance. Je t'en prie, ne fait pas ça !

- Vous auriez dû y penser avant. Vous allez payer pour vos actes. Vous allez tout nous dire ou nous pourrions bien vous laisser tomber. Que choisissez-vous ? L'honnêteté ou la mort ? Jarod était très sérieux.

- Qu'est-ce que tu vas me faire ? il essuya son front mouillé. Jarod, je t'ordonne de me remonter sur-le-champ ! il paniqua, regardant Jarod à travers les rayons du soleil.

- Ne faites pas l'innocent. Avez-vous imaginé un instant ce que peut ressentir Henry ? Cet enfant de dix ans ne devrait pas être paralysé à cause de votre insouciance. Vous avez ruiné sa vie et maintenant, c'est à votre tour ! annonça le caméléon.

- Henry ?

- Voyez-vous c'est à cause de lui que vous êtes ici. Mais à partir d'aujourd'hui, vous n'oublierez plus jamais son nom.

- Qu'est-ce que tu veux, Jarod ? De l'argent ? Combien pour oublier cette histoire ? 5, 10 milles ?

- De l'argent ? Vous voulez m'acheter ? Henry se trouvait là par hasard, il observait simplement les travaux. Vous saviez que le chantier était dangereux et que les mesures de sécurité que vous preniez étaient insuffisantes. Et par cupidité vous avez choisi de garder le silence pour protéger votre entreprise. Et par votre négligence, Henry ne remarchera plus jamais.

- C'était un accident ! Ici, ce n'est pas un terrain de jeux !

- Vous auriez dû veiller à la sécurité de tous ceux qui étaient présents sur le chantier. Henry a perdu ses deux jambes et vous n'avez jamais accepté la responsabilité. Il est temps de réparer les torts.

- Réparer les torts ? Et si je refuse, que m'arrivera-t-il ?

- Vous aussi vous perdrez vos jambes, de la même manière que Henry. Mais grâce à Thomas qui m'à aidé à rassembler les preuves contre vous…

- Thomas ? Sale petite vermine. J'aurais dû l'éliminer quand j'en avais l'occasion, à bout de souffle, il fixa Jarod essayant de trouver un moyen de s'en sortir.

- C'est fini pour vous. Parlez tout de suite ou votre chute sera le moindre de vos problèmes.

- D'accord, je l'admets. C'est vrai, j'avoue tout ! Comprends-moi, Jarod. Mon entreprise était au bord de la faillite. J'avais des dettes, des créanciers qui me harcelaient. Un divorce en cours, et je devais payer une pension alimentaire pour mes quatre enfants. Alors oui, j'ai ignoré les normes de sécurité dans le seul but d'économiser de l'argent. Cet enfant ne devait pas se trouver là. Je pensais que ça ne porterait pas préjudice si je ne disais rien. Je croyais que l'assurance couvrirait tout. Je regrette sincèrement ce qui est arrivé à Henry, mais je t'en prie, ne me fais pas tomber.

- Et bien sûr, au passage, vous avez renfloué vos poches trouées, c'est bien ça ?

- Je ne pouvais pas me permettre de perdre mon entreprise. Mon travail. J'ai eu peur et j'ai été lâche. Je ne savais pas que ça irait aussi loin.

- Peut-être, mais vous devez répondre de vos actions, Jarod se montra compatissant. Henry va pouvoir retrouver un semblant de vie. Et vous, Reynolds, vous êtes au chômage ! Allons, souriez, vous êtes filmé.

- Tout est ok, Jarod ! C'est dans la boîte ! Nous avons ce que nous voulions. Ses aveux ont été enregistrés ! » cria Thomas.

- C'est tout ce que nous voulions savoir, Monsieur Reynolds. Vos aveux ont été enregistrés. Vous allez coopérer avec l'enquête sur l'accident, et vous prendrez toutes les responsabilités qui en découlent. Si vous ne le faites pas, sachez que nous avons d'autres moyens de vous rappeler à l'ordre.

Thomas abaissa ensuite la nacelle en toute sécurité, ramenant Reynolds sur un sol ferme. Ce dernier, soulagé que sa médiocre vie ait été épargnée, s'effondra en larmes, comprenant la gravité de ses actions et les conséquences qui l'attendait. La scène se termina avec Thomas remettant l'enregistrement des aveux de Reynolds aux autorités, assurant ainsi que justice soit rendue pour le petit Henry. Le chantier lui-même avait repris son tumulte habituel. Depuis cette tragédie, l'amitié entre Thomas et Jarod s'était consolidée au fil des jours.

Retour au présent. Mlle Parker impressionnée et intéressée avait écouté l'histoire sans rien dire. Le caméléon lui fit comprendre alors que Thomas, quoiqu'il eût fait ces derniers jours, n'en restait pas moins un homme bien et honnête. Elle le savait oui. Seulement, elle n'avait pas supporté son manque de confiance en elle. Il y avait autre chose qu'elle voulait savoir. Comment Thomas a-t-il su pour elle ? « Une autre fois, Parker ! » Au fur et à mesure de leur conversation, Mlle Parker et Jarod prenaient plaisir à se redécouvrir l'un l'autre, se rappelant les meilleurs moments de leurs existences, les pires également ainsi que des instants de proximités, de complicités, de rires, de pleurs, de mensonges et de trahison. Ce qu'ils avaient vécu tous les deux, ce qu'ils vivaient, Thomas, lui, ne pourrait jamais le comprendre. Elle tourna la tête vers Jarod et dans un climat chargé de doutes et de non-dits, un sourire se forma sur les lèvres du caméléon, suivi d'un regard significatif de Mlle Parker. Il était temps de mettre les cartes sur table.

« Jarod, tu es beaucoup plus intéressant que je ne le pensais.

- Oh, Parker, je pourrais dire la même chose de toi. Ton charme est irrésistible.

- C'est pour ça que tu ne tentes rien ? Parce que je suis irrésistible ? La vie est vraiment étrange, ce matin, Thomas et moi prenions notre petit-déjeuner ensemble et ce soir, je suis là avec toi.

- Parker, je te promets que je vais tout faire pour arranger la situation entre toi et Thomas. Je vais trouver un moyen. Ne t'inquiète pas.

- Jarod, c'est trop tard. Je lui ai dit que c'était fini entre nous.

- Tu lui as dit ? Pourquoi ?

- Thomas ne prend pas en compte mes désirs. Pas comme toi. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a quelque chose en toi, Jarod, quelque chose que je ne trouve nulle part ailleurs.

- Il n'est pas toujours facile d'entrer dans ton monde, Parker. C'est étonnant, n'est-ce pas ? il caressa sa joue. Comment une personne aussi séduisante que toi, qui mériterait d'être comblée, se refuses le droit au bonheur. Comment l'a-t-il pris ?

- Il devait être furieux, j'imagine.

- Je suis désolé pour toi, Parker. C'est sincère. Mais si tu n'as rien dit à Thomas à propos du Centre, c'est parce que tu n'es pas sûre de tes sentiments pour lui, n'est-ce pas ? Tu n'as pas confiance en lui ?

- Ça n'a rien avoir avec ce que je ressens pour lui. J'ai peur de lui faire confiance, de trop m'attacher à lui et de souffrir. Je crois que ce qu'on vit au Centre nous a laissé des cicatrices bien plus profondes que…

- Pourquoi ne pas lui dire ce qui te tracasse vraiment ? La communication est essentielle dans une relation. Parker. Il n'est pas le Centre, il n'est pas ton père. Jamais il ne te ferait de mal. Les blessures passées ne doivent pas t'interdire d'avancer et d'aimer librement. Tu devrais aller rejoindre Thomas. Arrête de le punir.

- C'est ce que je fais d'après toi ? Je le punis ? Non, Jarod. Je n'irai pas le retrouver. Pas ce soir. Cette nuit, je veux rester ici. J'ai besoin de faire le vide. Ma relation avec Thomas est sans espoir, de toute façon.

- Essaye de faire abstraction de ce qu'il a fait. Je veux dire que tes doutes t'empêchent de voir la vérité. Parker, la vie est beaucoup trop courte pour laisser tes peurs dicter tes choix. Peut-être que ce que tu cherches est juste là, devant toi. Prends le temps dont tu as besoin pour réfléchir et n'oublie pas de regarder au-delà de la tempête.

- Et toi, Jarod ? Qu'est-ce qui te retient, hein ? Maintenant que Thomas n'est plus dans l'équation ?

- Tu as raison, elle le pousse en arrière sur le lit, seulement… Parker, nous sommes en train de franchir une frontière dangereuse.

- Très dangereuse. Les frontières sont faites pour être repoussées, Jarod.

- Oui, mais et Thomas ?

- Tu retiens tes désirs depuis bien trop longtemps, Jarod. » Mlle Parker au dessus de Jarod, le dévisagea. Puis avec un sourire malicieux, elle monta à califourchon sur lui.

Maison de Mlle Parker 431 Mountain Spring Drive, Blue Cove, Delaware, 01991

Le charpentier mort d'inquiétude tournait en rond comme un lion dans sa cage, l'angoisse nouant son estomac à mesure que les heures défilaient sans la moindre nouvelle de sa compagne. En général, la jeune femme l'appelait toujours pour le prévenir de son absence ou de son retard. Et là. Rien ! Quelque chose avait dû lui arriver. Thomas, pour se rassurer, avait donc appelé l'aéroport de la ville, les hôpitaux, les services de police, et bien sûr il avait également pris le temps de contacter les membres de la famille de la demoiselle. Il entendait encore Monsieur Parker le sermonner à travers le téléphone. Ce dernier était en lune de miel avec sa nouvelle épouse Brigitte. Thomas, désemparé, poussa un long soupir, puis un autre. Personne n'avait vu ou entendu parler d'elle. C'était comme si elle s'était tout à coup volatilisée. Pire encore, le caméléon ne répondait pas à ses nombreux appels. Une anxiété s'empara de lui. Et si elle avait rejoint Jarod. Était-ce possible qu'elle ait pris cette décision spontanée de s'enfuir ainsi sans rien dire ? Le charpentier ne savait quoi penser alors qu'il ne supportait plus d'être enfermé dans l'incertitude. Il sortit du domicile, sa veste sous son bras. Sous la pluie, il se lança à sa recherche, parcourant en voiture les grandes rues de Blue Cove, scrutant chaque coin, espérant l'apercevoir. C'était la première fois depuis qu'ils étaient ensemble qu'il avait peur pour leur relation.

Hôtel de Blue Cove, Delaware

Jarod jeta un coup d'œil rapide à l'écran de son téléphone. Elle le lui arracha des mains. Elle secoua la tête. Ce n'était pas très galant d'éviter le regard d'une femme. Oui, d'une très belle femme. Rougissant et mal à l'aise, Jarod chercha un moyen de s'échapper de l'emprise qu'elle avait sur lui. « Non, tu n'iras nulle part petit génie ! » Craignait-il de franchir cette ligne invisible et de voir ce qui se trouvait de l'autre côté. Ou peut-être était-ce le tout début d'une nouvelle phase de leur jeu. Alors qu'elle était à califourchon sur le caméléon, la jeune femme qui avait laissé tomber l'appareil sur le sol avança ses lèvres vers lui.

« On dirait que tu as chaud, Jarod.

- Dis-moi, es-tu amoureuse de Thomas ? il détourna la conversation. Parce que je crois que tu l'aimes vraiment et que tu ne sais pas comment gérer la situation avec lui. Je peux t'aider.

- Tu veux m'aider ? Je suis assez grande pour me débrouiller toute seule.

- Pourquoi ne quittes-tu pas le Centre ?

- Et toi, Jarod, pourquoi est-ce que tu fuis toujours ? elle plongea ses yeux dans les siens.

- Je… il hésita avant de répondre. Je dois retrouver ma famille. C'est ma priorité.

- Non, Jarod. Je ne parle pas de ça. Pourquoi est-ce que tu me fuis, moi ?

- Ce n'est pas que je te fuis.

- Ne me dis pas que c'est à cause de Thomas, que c'est dangereux ou que tu veux me protéger. J'en ai assez de toutes ces excuses, Jarod.

- Ce n'est pas ça, Parker.

- C'est quoi, alors ? elle le fixa intensément. Tu ne me trouves pas assez belle et désirable, c'est ça ?

- Ne dis pas n'importe quoi, tu es magnifique. Parker, chaque fois que je me rapproche de toi, je sens que je m'égare un peu plus du chemin que je dois suivre. Et ça me terrifie.

- Jarod, il faut s'égarer pour retrouver son chemin, elle avait un sourire coquin. Toi, tu me connais mieux que personne. Tu sais tout de moi, elle tournoyait lascivement une de ses mèches brunes. Et je connais tout de toi.

- Eh bien, on a vécu quelques trucs ensemble.

- C'est vrai, elle s'approcha lentement de lui. Je vais te prouver que je ne suis pas tombée dans le piège de l'amour, que je suis encore capable d'être moi-même.

- Tu as quelque chose en tête ? il arqua un sourcil, intrigué par ses intentions.

- Oh, rien de bien compliqué. Juste un petit défi pour voir si je peux te faire perdre tes moyens, ses mains caressaient ses bras remontant jusqu'aux épaules.

- Tu veux me séduire, c'est ça ? Exercer ton pouvoir de séduction sur moi ? Me faire succomber à tes charmes ? se moqua-t-il. Tu es une femme très attirante, Parker, mais cela ne signifie pas que je vais tomber dans tous tes pièges, s'exclama-t-il en reniflant son parfum. C'est donc un nouveau jeu. Tu veux t'amuser, il déglutit, son touché augmenta son plaisir.

- Exactement. On va voir qui cède en premier, si tu peux résister à la tentation, elle se pencha sur lui, leurs corps étaient quasi en contact. Tu es prêt à jouer ? lui murmura-t-elle au creux de son oreille.

- Comment doit-on appeler ce nouveau jeu ? La séduction à la Parker ? Les Charmes de Parker ? Et quelles en sont les règles ?

- Les règles sont très simples. Nous devons résister à l'attraction autant que possible, sans jamais franchir la ligne. Le premier à craquer perd !

- D'accord, je suis partant. Mais sache que je suis un compétiteur acharné. Je ne céderai pas aussi facilement ! Et comment comptes-tu t'y prendre ? sa voix devenait plus grave.

- C'est un secret, Jarod. Je vais te montrer que je peux encore te surprendre, ses doigts se baladaient sur le torse-nu de Jarod, celui-ci attrapa ses hanches.

- Tu es pleine de surprises. Je suis curieux de voir ce que tu as en réserve, son rythme cardiaque s'accéléra. Et quel est le prix pour le perdant ?

- Oh, tu le sauras bien assez tôt, Jarod. Et tu comprendras que je suis loin d'avoir perdu mes atouts, leurs visages étaient maintenant à quelques centimètres l'un de l'autre.

- Alors, vas-y Parker, leurs lèvres étaient sur le point de se toucher. Montre-moi de quoi tu es capable, son souffle se mélangea au sien.

- Ça, Jarod, nous allons le découvrir ensemble. » déclara-t-elle, le sourire en coin.

Tandis que Mlle Parker lui ordonna de fermer les yeux, Jarod, lui, se montra réticent à jouer avec la jeune femme. Cette situation quoique plaisante échappa totalement à son contrôle. Jamais, il n'aurait imaginé que lorsqu'elle était apparue, ce soir, devant lui, elle se livrerait à lui de cette manière-là. Peut-être y avait-il une chance pour eux de vivre leur amour à la lumière du jour. Non, c'était insensé, une pure folie et pourtant si agréable. Et bien que leur relation prenait une tout autre direction, il ne souhaitait y mettre fin, finalement, il la laissa s'amuser avec lui si cela lui permettait de voir son sourire égayer son joli minois. Elle, de son côté, était confrontée à un dilemme. Elle prit conscience que ses sentiments pour Jarod étaient toujours ancrés en elle, se demandant si elle n'avait pas sacrifié un peu trop de son propre bonheur. Et pourquoi donc ? Pour la fierté de son paternel ? Ou son rôle au Centre ? Et pendant que tous deux flirtaient innocemment, une présence se tenait là, juste derrière la porte de la chambre de l'hôtel, le poing levé prêt à toquer. Alors qu'ils étaient dans une position plus que compromettante suscitant leur l'envie d'être plus proche physiquement, Mlle Parker toujours à cheval sur Jarod, s'était avancée davantage vers lui, les paupières closes, les lèvres légèrement entrouvertes, sa langue poussée vers l'avant, elle s'apprêtait à l'embrasser. Soudain, le bruit d'un toc toc les fit sursauter, l'arrêtant net dans son élan « Jarod ! Jarod ! Je sais que tu es là, le réceptionniste vient de me le confirmer. Jarod ouvre-moi ! Il faut qu'on parle ! C'est Parker, elle a disparue ! » s'écria le charpentier. À ces mots, ni l'un ni l'autre n'osait bouger. Jarod et Mlle Parker les yeux écarquillés avaient peur de se faire prendre sur le fait.

« C'est Thomas ! s'écria Jarod.

- Thomas ? Oh, non, non, non, pas ça ! Il ne faut surtout pas qu'il me voit ici.

- Calme-toi, Parker, il ne sait pas que tu es là. elle recouvra instinctivement de ses mains la bouche du caméléon afin de l'empêcher de parler, paniquée à l'idée que Thomas puisse la découvrir dans les bras d'un autre homme que lui. Hmm… Hmm.

- Tais-toi ! Je t'interdis de parler, je t'interdis même de respirer !

- Hmm… il enleva ses mains. Oh, Parker, j'adore quand tu es autoritaire.

- Silence, Jarod, c'est sérieux, chuchota-t-elle.

- Jarod, ouvre cette porte, bon sang ! Thomas, de l'autre côté du mur, frappa à nouveau.

- Je me demande si je devrais lui ouvrir ou non. C'est plutôt amusant, tout ça.

- Jarod, ce n'est pas le moment de plaisanter !

- Jarod, si tu ne m'ouvres pas immédiatement, je vais défoncer cette porte, le ton de Thomas devenait plus catégorique et menaçant.

- Eh bien, quel spectacle nous avons ici, Parker. Ton cher Thomas est à deux doigts de découvrir notre petit secret. Quel effet ça te fait ? » le cœur de Mlle Parker était en pleine effervescence alors qu'elle repositionna ses mains sur les lèvres du caméléon serrant de plus en plus fort afin de le faire taire.

La scène se figea, le charpentier continua de tambouriner. De l'autre côté, on entendait Mlle Parker, anxieuse, murmurer « Tais-toi, Jarod, s'il savait, ça lui ferait trop de mal. » Thomas désemparé ressentait une immense inquiétude quant à l'avenir de son couple avec Mlle Parker. Ses phalanges, posées sur la poignée de la porte, la pressèrent. Il n'allait pas tarder à découvrir la vérité qui pourrait bouleverser leur vie à tous les trois...