Chapitre 5 : Petit ami


Ils se sont retrouvés chez Ervyn, tout en se tenant la main, haletant tous les deux, alors que leurs excitations et leurs désirs s'emmêlèrent communément. Puis, ils avaient grimpés jusqu'au salon et sans même prononcer le moindre mot, Ervyn s'était jeté sur Alec avec tendresse et enthousiasme.

Très vite, Alec se retrouva torse nu, dans le canapé, sa chemise fut jetée dans un coin. Envahi par des sensations étranges mais agréables, il respira fortement, gémissant aux attentions de son nouvel amant. Ce dernier l'embrassait, le léchait, le caressait, parcourant chaque parcelle de son corps, indiquant qu'il était à sa merci.

Des frissons de plaisir le parcoururent lorsqu'Ervyn s'attaqua à son cou, le mordant alors, oubliant que le lendemain, il devra expliquer un suçon. Peu importait pour Alec, cet instant seul comptait actuellement. Il le partageait avec Ervyn, il allait en profiter. Jamais il ne s'était aussi bien et aussi impatient.

Un baiser possessif fit taire ses gémissements incontrôlés, une langue ravageuse s'accapara sa bouche, de ses bras, il attrapa le cou d'Ervyn, renforçant ce baiser passionné. Alec n'avait pas embrassé quelqu'un depuis si longtemps et il n'avait probablement jamais eu un baiser aussi intense.

Lorsqu'Ervyn le relâcha, il croisa ses yeux emplis d'un désir profond, presque sauvage, son corps réagit alors, sentant son entrejambe se durcir à cette vue.

« Tu…es magnifique, souffla Ervyn en passant ses doigts dans ses cheveux désordonnés, j'ai tellement envie de…te baiser toute la nuit.

- Eh bien…je crois que c'est l'occasion… »

Une main se faufila vers le bas, jusqu'à sa ceinture qui fut défaire en un rien de temps. Habillement, Ervyn l'avait dépouillé du reste de ses vêtements. Lorsque cette même main effleura son sexe, il tressaillit, anxieux. Il n'était pas ignorant, il savait comment se passer une relation sexuelle entre deux hommes. Mais c'était comme revenir en arrière, lors de sa première fois avec Tess. Car oui, il n'avait eu qu'une relation. Il n'avait pas eu autant d'amants qu'on pourrait le croire.

« Al', je sais que c'est ta première fois avec un homme, murmura-Ervyn en remarquant sa crainte , si tu veux que j'arrête, j'arrêterai.

- Non, c'est bon. Je…veux. Je veux que tu…me baises, putain. »

Il attrapa la nuque d'Ervyn et l'embrassa avidement, prouvant qu'il voulait cette relation sexuelle. Il en avait envie et ce n'était une peur d'adolescent vierge qu'il allait l'arrêter. Ervyn sourit alors, ses yeux encore plus brillants que d'habitude et sur un ton sensuel, il chuchota :

« Cela va être une longue nuit, chéri. »

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« Détends toi, laisse toi aller, je suis là, je te tiens. Détends toi, respire. Je suis là, Al', je te lâche pas. »

Accumulant trop de plaisirs, Alec avait les larmes aux yeux alors qu'Ervyn entra à l'intérieur de lui.

« Vyn…pantela-t-il tremblotant, je…pourquoi…qu'est ce qui se…passe…

- Ton corps ressent le plaisir, c'est ton troisième orgasme…Dis-moi si tu veux qu'on arrête.

- Non…non…c'est…trop bon…je…vas-y…. »

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Un téléphone vibra, perturbant son doux sommeil. Ervyn ouvrit les yeux. Il fut accueilli par un trait de soleil qui traversait sa chambre. Il s'apprêta à se frotter les yeux mais son bras gauche était inhabituellement lourd. Confus, il tourna la tête et découvrit une tête brune, endormi, contre sa poitrine. Il avait enroulé son bras autour de lui, l'enlaçant dans la nuit.

Les souvenirs de la nuit lui revinrent alors. Son cœur battit à tout rompre, lorsqu'il se rappela de cette nuit intense de sexes qu'il avait passé avec Alec. Il déglutit, il avait été un peu trop fort à son gout maintenant qu'il n'était plus dicté par le désir. C'était la première fois d'Alec et il s'était lâché plus qu'il n'en fallait. Mais son amant n'avait pas arrangé les choses, il se serait vraiment arrêté si Alec l'avait ordonné de le faire.

Normalement, il n'avait pas une libido aussi forte, c'était la première fois qu'il ressentait un désir charnel aussi puissant. Alec l'avait totalement rendu fou et son comportement d'hier soir l'avait vraiment excité. Lorsqu'il lui avait pris un ton qu'il ne connaissait pas de lui, ce ton de flic. Ce ton qui faisait comprendre à Ervyn qu'Alec n'était pas un inspecteur de police par hasard, qu'il méritait son grade.

Amoureusement, il effleura du doigt les mèches qui tombaient les yeux de son amant. Ce qui eut pour effet de réveiller légèrement ce dernier. Il grogna de mécontentement, non heureux qu'on ait perturbé son sommeil.

« Pas…l'heure, marmonna-t-il en se recroquevillant, la tête sous la couverture.

Ervyn se retint alors de rire face au comportement enfantin et inattendu d'Alec. Il réussit à extirper son bras de l'emprise de l'autre et sortit du lit. Il s'empara du téléphone vibrant qui l'avait sorti de sa torpeur et jeta un dernier coup d'œil à l'homme rendormi.

Avec un sourire satisfait, il se dirigea vers sa salle de bain.

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Alec ne tarda pas à se réveiller. L'esprit brumeux, à moitié somnolent, il se redressa dans le lit et regarda autour de lui. La chambre lui était inconnu, et pendant un instant, la panique lui rappela alors ce qu'il s'est passé cette nuit. Il se sentit subitement rougir et porta ses mains à sa tête, s'en prenant à sa chevelure.

« Putain de merde…grinça-t-il.

Les images de la nuit lui parvinrent en mémoire. Cette nuit de sexe folle qu'il avait passé avec Ervyn, c'était intense et pur plaisir. Il mentirait s'il disait que cela ne lui avait pas plu, mais son égo avait du mal à l'admettre que cela s'est bien déroulé ainsi.

Ses yeux tombèrent alors sur une petite chaise placée à ses côtés, où étaient pliés des serviettes, des gants de toilettes, sur le dos de la chaise, pendaient ses vêtements. Il glissa hors du lit, s'en saisissant et nota alors qu'il avait été lavé et séché, ils étaient encore chaud comme si quelqu'un avait pris la peine de les repasser.

Des papillons remuèrent de contentement dans son ventre et il me put s'empêcher de sourire malgré lui.

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Après une bonne douche, il se décida à descendre au salon. Ervyn était en train de ranger la cuisine, écoutant des musiques de Queen en même temps. Alec s'arrêta, ne sachant comment annoncer son arrivée. Mais il n'eut pas à le faire, Ervyn s'était retourné vers lui, avec un grand sourire chaleureux.

« Bonjour, Belle au bois dormant. »

Alec roula les yeux et s'installa au comptoir de cuisine, avec une certaine nervosité.

« Merci pour…les affaires, dit-il alors la gorge sèche.

- Il n'y a pas de quoi. Veux-tu un café, du thé, du lait ? J'ai préparé de quoi manger…

- Non, juste du thé avec du lait, je n'ai pas…très faim.

- Ok, pas de problèmes. »

Il lui prépara son thé au lait et s'assit auprès de lui, assez proche pour que leurs cuisses se touchent.

« Est-ce que tout va bien ? s'enquit-il.

- Oui, c'est juste que…je ne sais pas quoi penser, avoua Alec dans un soupir.

- A propos de quoi ?

- De nous.

- Tu réfléchis trop, Al'.

- Je suis désolé. C'est nouveau pour moi… »

Un main glissa derrière sa nuque, l'obligeant à se tourner vers Ervyn, croisant son regard pénétrant et pétillant.

« Tu es effrayé, n'est-ce pas ?

- Est-ce le psy qui parle ? marmonna-t-il nerveux.

- Non, c'est ton amant qui te parle. Sache que si tu as peur, si tu es terrifié, je serai là, pour toi. Mais si tu veux arrêter, alors j'arrête. Je ferai de mon mieux pour t'écouter. »

Alec était touché par les sentiments sincères de son amant, il baissa les yeux, embarrassé d'entendre des mots aussi passionnés. Personne ne lui avait dit ce genre de choses et c'était émouvant d'être aussi aimé de la sorte.

« Par contre, continua Ervyn plus sombrement, je ferai tout mon possible pour te garder auprès de moi. Tu es la plus belle et la plus fascinante créature que j'ai pu rencontrer sur terre et il est hors de question que je te laisse t'échapper. »

Il ne saurait dire s'il était sérieux ou pas, mais Alec avait apprécié cette certaine possessivité dont il faisait preuve. Etonnement, cela le rassura un peu car au fond de lui, une petite voix lui disait que Ervyn était tout autant à lui et que cette fois, il n'abandonnerait pas cette relation aussi facilement. Il se pencha en avant, attrapant le pan du t-shirt d'Ervyn et l'embrassa fougueusement. Peut-être était-il effrayé par leur avenir proche, peut-être se sentait-il perdu dans ce nouveau genre de relation, mais il était certain que son cœur n'avait envie que d'une chose, c'est d'être auprès d'Ervyn.

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Le lendemain

« Vas-tu enfin me raconter ce qu'il s'est passé ? »

Daisy s'était arrêté de marcher et avait rompu le silence, appréciable, entre eux. Ils étaient en train de se promener au bord de la mer, non loin de chez eux. Le vent fouettait leurs visages, les agressant doucement de son froid glacial. Pour s'en protéger, elle avait pris son plus grand caban. Son père, par contre, était toujours habillé de la même manière, mais ne semblait pas avoir froid. Il affichait toujours cet air sérieux et dur, mais son regard disait autre chose.

Il fit face, les mains dans ses poches, n'osant la regarder dans les yeux, embarrassé.

« Papa…soupira-t-elle, je ne suis plus une enfant, tu le sais, dans un an, je serai majeur…

- Je sais, merci de me le rappeler, grimaça-t-il, ça me fait toujours paraître vieux.

- Tu n'es pas vieux. »

Il ne la contredit pas, se contentant de rester silencieux. Daisy reprit alors la parole, décidée à le faire confesser.

« Est-il gentil au moins ? demanda-t-elle directement.

Cette fois, il posa ses yeux écarquillés sur elle, il n'était pas préparé à cette question, si simple et évident pourtant. Elle aurait pu rire devant son expression.

- Eh bien…il n'est pas méchant.

- Merci, papa, pour cette réponse, se plaignit elle en roulant les yeux, quoi d'autres ?

- Il est…je ne sais pas, il est juste…comme il est. »

Elle arqua un sourcils devant son hésitation et son peu de vocabulaire pour décrire Ervyn. Son père était-il trop timide pour le définir ou bien ne savait-il vraiment pas comment le décrire ?

« Comment est-il avec toi ? Que ressens-tu quand tu es avec lui ? »

Devant par ses questions, elle avait l'impression de discuter avec des amis du lycée, c'était étrange que cela soit son père, mais curieusement, elle appréciait ça. Elle découvrait une facette de lui qu'elle ignorait.

De son côté, Alec était toujours aussi surpris que sa propre fille lui pose ce genre de questions, elle était curieuse de nature, pourtant, elle n'avait jamais montré beaucoup d'intérêt quant à ses relations. Elle avait eu son rôle à jouer lorsqu'il avait tenté l'application Tinder, mais sans plus, elle avait toujours été déçu lorsqu'il lui racontait comment tout cela s'était terminé. Cela les avait tout de même rapproché plus qu'il ne le pensait.

Depuis que Daisy est revenue dans sa vie, sa présence était toujours constante lorsqu'il n'était pas au travail. Elle avait fait en sorte qu'elle ait une vie en dehors de son travail.

« Je…l'aime bien, avoua-t-il en inspirant et en évitant son regard, il est…gentil avec moi, il a l'air d'être à l'écoute et il ne veut pas me brusquer. Je…c'est quelqu'un de bien.

- Wow ! s'exclama Daisy ravie, Papa, tu n'as jamais autant parlé pour décrire un date.

- Ce…Ce n'était pas un date !

- Si, c'était un date.

- J'ai interrompu son date.

- Tu as fait quoi ?

- Ne me fais pas répéter, gémit Alec, c'était déjà assez gênant ! »

Elle se retint de rire devant lui, mais il voyait bien son sourire narquois qui l'exaspérait. Pour l'apaiser, elle le serra dans ses bras, appréciant ce moment avec son père.

« Tu n'as pas avoir honte de montrer tes sentiments, papa, le rassura-t-elle.

- Je n'ai pas honte, Daiz', soupira-t-il doucement, je suis juste…

- …terrifié ?

- …confus.

- De quoi ?

- Aimer un homme.

- Wow, bienvenue dans mon monde, plaisanta-t-elle en rompant son étreinte pour observer ses expressions.

Il roula les yeux, la faisant rire.

- Tu sais ce que je veux dire.

- Et cela te gêne d'aimer un homme ?

- Non, non, ce n'est pas…un problème. Tu sais, je pensais que ta mère serait la seule personne dont je serai tombé amoureux. J'ai toujours pensé que ce sera ainsi, que je serai seul et que je ne pourrai pas aimer à nouveau. Je n'aurai pas imaginé qu'en réalité je tomberai amoureux d'un homme. »

Face au révélation de son père, un silence plana autour d'eux. Daisy ne savait pas quoi dire en réalité, son père paraissait profondément troublé par ses propres sentiments, elle ne l'avait jamais vu en conflit avec ça. En général, il préférait même ne pas les montrer, les terrer ou encore les nier. C'était un grand pas pour eux, que son père puisse en parler si librement, à elle.

« Que veux-tu faire ? s'enquit-elle alors.

- Je veux croire en toi.

- Quoi mais…Pourquoi ? fit-elle déconcerté.

- Eh bien, c'est grâce à toi, que je l'ai rencontré et tu as magnifiquement bien insisté pour que…hum…lui dévoile mes sentiments. Donc, je vais croire en ma fille, qui est mon actuel Cupidon. »

Après un échange de regard, elle décela une lueur d'amusement dans les yeux de son père, puis ensemble, ils rirent de bons cœurs.

Jouer Cupidon pour son père ne la dérangeait pas et elle ferait tout pour que son père soit heureux en amour.


Le soir

Alec s'enferma dans sa chambre comme un adolescent. Intérieurement, il attendait ce moment seul pour enfin appeler la personne de ses pensées. Il avait passé une très belle journée avec Daisy mais Ervyn planait toujours autour d'eux et cela avait beaucoup intéressé la jeune fille.

Pour sa plus grande joie, Ervyn répondit plutôt vite.

« Hey, comment vas-tu, trésor ?

A ce surnom, Alec rougit brusquement et il fut heureux qu'Ervyn ne soit pas là physiquement pour le voir aussi embarrassé. Il s'allongea dans son lit, gardant le téléphone à son oreille, fixant le plafond.

- Je vais bien, répondit-il, j'ai passé la journée avec Daiz'.

- Oh, comment va-t-elle ?

- Elle se porte bien…et je te l'avais pas dit hier mais elle était au courant pour nous.

- Bien évidemment, rit Ervyn sans surprise.

- Quoi ?

- C'est elle qui nous a mis ensemble, Al', s'il y avait quelqu'un dans ce monde qui savait depuis le début, c'est bien elle.

- Je ne lui avais jamais dit que je te voyais pendant des semaines, avoua Alec.

- Elle est intelligente et elle te connait, c'est ta fille.

- Oui c'est vrai. »

Il ne devrait pas être aussi étonnée de la perspicacité de Daisy, elle avait toujours réussi à l'impressionner et il avait toujours été très fier d'elle. Leur relation s'était améliorée mieux qu'il ne l'aurait cru cette dernière année.

« D'ailleurs, si tu veux, toi et Daisy, si vous voulez venir un jour chez moi, il n'y a pas de soucis, offrit Ervyn, tu sais, dîner…ou un après-midi détente…

Cette perspective rendit Alec plus anxieux qu'il ne le pensait. En réalité, il n'avait jamais imaginé que Daisy puisse rencontrer officiellement Ervyn.

- Je…ne suis pas encore prêt pour ça, avoua-t-il, j'aimerai…qu'on puisse d'abord mieux se connaître en tant que…hum… et bien en tant que…

- Que couple ? continua Ervyn avec un sourire, oui, je comprends.

- Je suis désolé, c'est juste que je n'ai pas connu d'autres relations qu'avec mon ex et c'est…pour moi compliqué.

- Il n'y a pas de problèmes, on y va, à ton rythme.

- Comment fais-tu ça ? soupira Alec.

- Comment ça ?

- Pour être aussi compréhensif ?

- Je ne sais pas. Je le suis naturellement.

- Petit arrogant, rit l'écossais de bon cœur.

- Mais tu m'aimes quand même. »

Alec rougit alors, passant une main dans ses cheveux, embarrassés. Ervyn avait un don pour l'embarrasser.

- Tu veux qu'on se voit maintenant ? questionna-t-il alors en surprenant.

- Quoi maintenant, c'est un peu tard, on est dimanche et je dois me lever tôt demain.

- Je suis en bas de chez toi.

- Tu n'es pas sérieux ? »

Sans attendre, il se releva, se précipitant vers sa fenêtre. Et effectivement, Ervyn Logan se tenait contre sa propre voiture, devant chez lui et il lui fit signe.

« Tu me stalkes ? Tu sais que je peux porter plainte ? marmonna Alec en se précipitant en dehors de sa chambre pour le rejoindre.

- Je passais dans le coin et ça me dérange pas que tu portes plainte, y aura-t-il moyen que tu m'arrêtes ?

- En fait, je vais te laisser dehors.

- J'appelle Daisy alors ?

- Tu n'as pas son numéro ! »

Il entendit le rire d'Ervyn dans le combiné, puis quand il se trouva devant sa porte, il raccrocha et sortit. Son désormais petit ami se tenait à quelques pas de lui, une main dans les poches, l'autre tenant son portable.

« Je ne sais pas si je te laisse rentrer, déclara Alec en croisant les bras, Daisy dort et je ne veux pas la déranger.

- Je t'emmène en promenade, allons faire un tour.

- Tu n'insistes pas pour rentrer ? s'étonna-t-il.

- Parce que tu veux que je rentre ? »

Il roula des yeux cachant son amusement. Il ignorait si Daisy avait remarqué sa venue mais il n'avait pour l'instant pas le courage d'inviter officiellement Ervyn dans sa propre maison. Finalement, il referma la porte derrière, préférant suivre Ervyn plutôt que d'imposer sa présence chez lui.

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Ils n'avaient rien prévu. Ni Alec, ni bien même Ervyn. Lorsqu'ils avaient pris sa voiture, cela aurait du être une simple balade, pourtant au bout de quelques minutes, les deux hommes avaient ressenti une tension sexuelle entre eux, si forte, que ce fut Alec qui lui avait demandé de se garer dans un parking d'une plage à proximité. Ils ignoraient qui avait initié le premier, ce qui était certain c'est qu'ils étaient tous les deux attirés par l'un et l'autre charnellement.

Du sexe à l'arrière d'une voiture, c'était une première pour Alec et cela aurait du le déranger mais Ervyn l'avait tellement mis à l'aise, avait été si attentionné, prenant soin de le rassurer et de le satisfaire pleinement qu'il oublia même où il était, mettant de côté sa rationalité et son métier de policier, rejetant même l'idée qu'un collègue puisse les retrouver ici.

Quand les deux furent rassasiés, Ervyn l'avait aidé à remettre son pantalon et sa chemise tout en embrassant chaque partie de son corps nu. Il l'avait pris dans ses bras, sur ses genoux, continuant de lui donner des baisers dans le cou, tandis qu'Alec reprenait peu à peu son esprit, sortant d'un orgasme particulièrement intense. Lorsqu'il tourna la tête pour parler à son amant, ce dernier ne put s'empêcher de lui dévorer les lèvres.

« Tu n'es pas encore satisfait ? marmonna Alec haletant entre deux baisers.

- Je veux surtout profiter de chaque seconde avec toi, souffla Ervyn dans le creux de son cou.

- Romantique en plus de cela.

- Tu n'aimes pas ?

- Non.

- Pourquoi ?

- C'est gênant. Je ne sais pas faire ça.

- Être romantique ? fit-il dans un rire.

- Je ne suis pas…doué pour ce genre de chose. Tu risques d'être déçu si tu attends à ce que je sois…romantique. »

Les bras d'Ervyn le serrèrent dans ses bras.

« Je ne veux pas que tu sois romantique, Al', je veux juste que tu sois toi.

- Si tu veux…continuer notre relation, il se peut que tu sois déçu, dit Alec doucement le cœur battant, mon précédent mariage…j'en étais responsable, en partie.

- Al', penses-tu que je ne prends pas au sérieux notre relation ? s'enquit Ervyn.

Il resta silencieux face à sa question. Il n'avait jamais réfléchi, c'était tout nouveau, ils se connaissaient en tant qu'amis depuis quelques semaines, mais en tant qu'amant, ça ne faisait qu'une journée.

- C'est trop tôt pour le dire, déclara-t-il, je ne sais pas si…

- Pour moi, c'est du sérieux, coupa l'autre, dès que je t'ai vu, j'ai…rêvé d'une vie avec toi. Et je compte bien la réaliser. Même si je dois t'attendre, même si je dois te séduire encore et encore…

- Tsss, romantique, encore.

- Est si je te disais que je t'aime ? »

Alec se détourna alors vivement de lui, cachant son embarras, ne sachant quoi dire face à cette déclaration explicite d'amour. C'était étrange, rare sont ceux qui lui ont dit ces mots. Il avait toujours été gêné de les entendre, pensant qu'il ne méritait pas cet amour aveugle. Prononcé par Ervyn, cela lui faisait un effet inattendu, son cœur lui paraissait si léger et il ne s'est jamais senti aussi agité intérieurement. De son côté, Ervyn éclata de rire, l'embrassant dans son cou, ne pouvant s'empêcher de trouver son amant beaucoup trop mignon.

« Je t'aime, répéta-t-il alors.

- Arrête ça.

- Je t'aime.

- Ne dis pas ça, gémit Alec qui frissonna de plus en plus.

- Pourquoi ? Je t'aime, donc je te le dis.

- Putain de merde, mais ferme la ! »

Cette fois, l'écossais attrapa le col de son t-shirt et claqua ses lèvres sur celle d'Ervyn de manière possessive.

« Merde, j'aurai du te le dire bien avant, pour que tu m'embrasses comme ça, haleta-t-il conquis.

- Ramène moi chez moi, rétorqua Alec d'un ton boudeur en sortant de son étreinte.

- Très bien, inspecteur. »

Tout en ouvrant la portière, il lui jeta un regard noir mais une lueur d'amusement se lisait sur son visage à travers les lampadaires qui les éclairaient. Ervyn sourit et sortit de la voiture pour se placer à la place conducteur. Alec s'était installé rapidement sur son siège. Il avait remis sa veste et sa chemise plus correctement, ses cheveux étaient toujours en bataille et Ervyn se retint de les lui recoiffer.

« Tu sais, je peux t'emmener chez moi, proposa-t-il.

- Non, je rentre, Daiz est à la maison et demain matin, je commence tôt.

- Comme tu veux, soupira-t-il un peu déçu.

- Mais…une autre fois, si tu veux. »

Alec avait dit cela sans le regarder, mais cela suffisait à Ervyn. Si il voulait avancer doucement dans leur relation, alors il le ferait, il sera patient.