Bonsoir à toustes !
la soirée a été dure pour Clarke, mais le réveil va-t-il être plus doux ?
Je vous laisse le découvrir.
Bonne lecture !
F.
J'ai envie de mourir à l'instant où j'ouvre les yeux. Une douleur me vrille la tête, mais ça n'est pas assez fort pour m'assommer et que j'oublie la soirée d'hier. Je peux encore sentir l'odeur de Lexa, le goût de sa peau. La drogue n'est définitivement pas faite pour moi. Comment j'ai pu me laisser piéger encore une fois !
Mon portable trône sur ma table de nuit, pas assez loin pour une nuit de débauche. Je le déverrouille rapidement, notant l'heure avancée de la matinée. Juste un message envoyé hier soir, plutôt sobre. Bien, un souci en moins. Mon comportement était déjà largement inacceptable pour ne pas y ajouter du harcèlement par message.
Je manque rentrer dans Octavia en sortant de ma chambre et la regarde continuer son chemin en direction de la cuisine. Elle m'adresse un sourire en me saluant de la main. À sa coiffure emmêlée et ses traits encore ensommeillés, je devine pourquoi ma colocataire a dormi sur le canapé. Elle rejoint Raven et Lincoln qui discutent à table, traînant devant leur petit déjeuner. L'image m'attendrit, et je souris. Mes amis qui deviennent amis, je ne pouvais pas rêver mieux.
Aller : douche, petit déjeuner, et après, j'appelle Lexa ! Il est hors de question que je fasse comme d'habitude en laissant traîner. Je lui dois des excuses et je compte bien les lui présenter au plus vite. Notre relation est encore fragile, ce genre de chose pourrait être catastrophique. Je lui suis reconnaissante de ne pas avoir cédé hier soir. Mais après tout, peut-être n'en avait-elle simplement pas envie. Cette pensée me tord l'estomac juste avant que je l'appelle, je tombe directement sur sa messagerie. Je réitère, il faut vraiment que je lui parle, je ne suis pas bien du tout là. Mon téléphone bipe, un message [C'est urgent ?] Oui ! Je réponds qu'il faut que je lui parle et reçois en réponse un message brutal : [Je suis occupée.]
L'angoisse me gagne, elle est fâchée. Pire, elle refuse de me parler. Je me fais des nœuds à l'estomac pendant deux heures, alternant entre stress et colère, je ne peux pas croire qu'elle me fasse ça, je sais que j'ai été en dessous de tout hier, mais elle pourrait au moins me laisser une chance de m'expliquer. Je lui concocte une douzaine de messages dans ma tête, tantôt plaintifs, tantôt agressifs, mais j'attends de me calmer pour lui répondre. Et puis mon portable vibre, me prenant au dépourvu. Je décroche machinalement.
— Salut.
— Désolée, j'étais en cours.
Qu'est-ce que je suis stupide ! Toute mon angoisse s'envole à ces mots. Ça ne change pas le fait qu'il faut qu'on parle, alors je lui donne rendez-vous en ville. Hors de question qu'elle vienne ici, cet appartement est trop bondé, je ne veux pas avoir cette discussion avec trois paires d'oreilles indiscrètes dans la pièce d'à côté.
On se retrouve dans un café du centre-ville, plus sobre que les bars que l'on fréquente habituellement. Plus sage aussi. En arrivant, j'évite de m'attarder sur Lexa, qui sait où mon cerveau déluré va encore m'emmener si je passe trop de temps à l'admirer. Je m'installe en face d'elle, me tortillant sur mon siège.
— Alors princesse, bien dormie ?
Elle ne m'en veut pas. Elle ne m'aurait pas taquinée de la sorte si c'était le cas.
— Assez bien. Grâce à mon ange gardien qui a eu la bonté de me préparer une aspirine et une bouteille d'eau, que j'ai avalée avant d'aller me coucher.
Je profite de l'élan qu'elle a donné à la conversation pour me lancer directement dans la phase d'excuses.
— Je tenais à m'excuser pour hier. La venue de Finn m'a un peu perturbée, je ne bois pas autant d'habitude, et je ne fume jamais en ayant bu. Visiblement, le mélange ne donne pas de bon résultat.
Finn, l'alcool, la drogue. Mauvais mélange, ils ont bon dos. L'attirance que j'ai pour elle n'a rien à voir avec ça. Mon manque de contrôle peut à peine leur être imputé, je sais que si je n'avais pas eu cette vision, je n'aurais pas autant dérapé. Au milieu de mon mea-culpa, elle prend ma main, et passe nonchalamment son pouce sur ma paume. Mes yeux fixent l'enchevêtrement de nos doigts, j'en étais où déjà ? Elle retire sa main à l'arrivée de la serveuse.
— Quand on est rentrées... Je suis vraiment désolée. Je n'ai pas l'habitude de me comporter de la sorte avec mes amis. J'étais vraiment perchée. Je sais que ce n'est pas une excuse... Mais on vient à peine de se retrouver, et moi, je me comporte comme la dernière des idiotes.
— Calme-toi Clarke.
— Non, mais je te jure, je sais vraiment pas ce qu'il m'a pris. Je ne suis pas branchée sex friends, et même si c'était le cas, tu es la dernière personne avec qui je voudrais une relation de ce type...
Le tressaillement ne m'a pas échappé lors de ma dernière tirade. J'ai l'impression qu'elle est vexée, pourtant, je continue à pédaler dans la semoule, me confondant dans de piètres excuses. Elle finit par m'interrompre.
— Ne t'inquiète pas Clarke, pour ma part, il ne s'est rien passé.
Cette fois-ci, c'est moi qui me sens humiliée. C'est ridicule. C'est beaucoup mieux qu'on oublie ce qu'il s'est passé la veille. Malgré tout, une partie de moi aurait voulu qu'elle réagisse différemment. N'était-ce pas l'occasion de me dévoiler ses sentiments ? À condition que sentiment, il y ait. Non, définitivement pas le bon moment. C'était tout sauf le bon moment. Mais quand même. Le sujet dévie sur le trio improbable qui campe chez moi, et nous décidons de rentrer dîner avec nos amis qui nous attendent. Tout est revenu à la normale. C'est ce que je voulais. Alors pourquoi je ressens cette frustration au fond de moi ?
Κ∞Λ
Les semaines s'égrènent doucement, nous approchant des examens de fin d'année. J'ai un peu négligé les cours ces derniers temps, alors je m'applique à rattraper mon retard. Sans pour autant sacrifier le temps que je peux passer avec Lexa, retrouvant une relation moins chaotique, loin de l'alcool et des soirées dansantes. Après l'incident lors de la soirée mousse, j'ai vraiment pris du recul sur mes sentiments, j'essaye d'y aller doucement, parce que j'ai besoin que notre relation soit stable. Et pas du tout parce que l'idée de lui avouer mon secret me terrifie au plus haut point. Non, pas du tout. Nous sommes donc amies, et jusque-là, ça se passe plutôt bien. D'ailleurs, je n'ai absolument aucune appréhension lorsque Raven m'annonce, que pour fêter la fin des cours, elle organise une super journée au parc aquatique avec toute la bande. Bien sûr que je suis capable de passer une journée entière avec Lexa en toute amitié. Sans moments gênant, sans perte de contrôle de la parole, ou pire : de mon corps. J'y ai beaucoup travaillé ces derniers temps. J'ai juste oublié un simple fait... Elle est foutrement trop sexy en maillot de bain.
J'arrive à l'esquiver dans les vestiaires, à regarder ailleurs quand on sort sur les grandes pelouses de l'espace extérieur du complexe, et même à assumer d'être dans une piscine avec elle. Bon d'accord, une piscine publique, avec une dizaine de nos amis qui nous entourent. Mais jusqu'ici, tout va bien.
— Aller, première descente, qui vient ? lance Bellamy à la cantonade, en s'extirpant du bassin d'un mouvement souple, invitant qui veut, à le rejoindre pour tester les toboggans.
— J'en suis ! confirme Lexa en sortant, elle aussi, mettant fin à ma tranquillité d'esprit. Mon regard coule sur ses cheveux, qui mouillés, lui arrivent au milieu du dos, sur ses bras musclés qui la propulsent hors de l'eau, sur ses abdominaux tout juste visibles sous son ventre plat, et ses jambes interminables. Alors qu'elle s'éloigne, mon regard finit par se poser sur ses fesses, et je m'en mords les lèvres. Je passe mon tour de glissade, préférant plutôt sortir de cette piscine, histoire de me calmer un peu. Ma réaction sans équivoque me conforte dans ma décision, pas d'alcool aujourd'hui !
C'est presque le milieu de l'après-midi lorsque le terrain de beach-volley se libère et que les athlètes de la bande se précipitent pour envahir l'espace. Je ne suis pas très sportive, mais l'ambiance est détendue et j'accepte avec plaisir de me prêter au jeu. Avec Monty, Jasper, Raven et Bellamy, notre équipe est clairement désavantagée. Déjà, mettre Lincoln et Lexa dans la même équipe, c'était du suicide. Quant à Finn, Murphy et Harper, ils sont bien plus en forme que nous, seul Bellamy pourrait éventuellement sauver la mise. On est foutu d'avance, mais on rigole bien tout de même. Tant qu'à me ridiculiser, j'en profite pour admirer Lexa en pleine action, j'avoue que ça ne doit pas jouer en ma faveur, côté concentration. Je ne loupe rien quand elle s'écrase sans raison dans le sable, mon regard passe rapidement de Lincoln à Lexa. Lui non plus ne comprend pas pourquoi elle se retrouve à manger la poussière. La passe de Raven était facilement récupérable. Inquiète, je m'approche et tends une main pour l'aider à se relever, qu'elle évite consciemment.
— Ça va, je laisse ma place à Luna cinq minutes.
Sans un regard en arrière, elle s'éloigne, m'abandonnant dans la confusion la plus totale. Je fais de mon mieux pour ne pas paraître blessée. Raven m'interpelle, elle veut reprendre le jeu, maintenant qu'elle croit avoir une chance de gagner. Mes yeux balayent le terrain, je ne vois pas comment je pourrais jouer à la balle alors que Lexa est partie, je ne sais où, pour je ne sais quelle raison.
—Je dois aller aux toilettes. Demande à Octavia de me remplacer !
Je détale à mon tour, occultant les grommellements d'Octavia, qui était contente d'avoir la paix cinq minutes pour finir son bouquin. Maintenant que les forces sont rééquilibrées, ils peuvent reprendre.
Lexa a pris à droite. C'est donc par là que je me dirige, scrutant les alentours pour la retrouver. Laissant agir mon sixième sens, il ne me faut pas longtemps pour la repérer de loin. Elle parle avec quelqu'un. Et si je ne l'ai croisé qu'à une brève occasion, il ne me faut pourtant que quelques secondes pour reconnaître Costia. Un monstre d'une violence incommensurable se réveille en moi, il grogne, il crache. Si j'ai su me contrôler à l'enterrement, parce que je débarquais dans la vie de Lexa sans préavis, je ne pense pas en être capable cette fois. Cette fois, c'est elle l'intruse ! Je me fige sur place, peu sûre de la suite des évènements. Si je m'approche trop, je serai capable de mordre. Sauf que… Lexa n'est pas ma petite amie. Sans compter que j'ignore encore les raisons de la rupture entre Costia et Lexa. Et si c'était Costia qui l'avait quittée ? Et si Lexa venait d'abandonner ses amis en pleine partie de volley, dans l'espoir de lui parler pour recoller les morceaux ? La jalousie et la peur font un très mauvais mélange, je passais pourtant une bonne journée. Je manque défaillir quand elle avance sa main vers Lexa pour lui relever tendrement le menton. Mes jambes reprennent leur marche, il faut que j'arrête ça. Cette fois, c'est Lexa qui réduit la distance entre elles, j'accélère. Costia me repère, peut-être m'a-t-elle repérée depuis un moment déjà, mais comme je vois rouge, je n'ai rien capté.
— Lexa ?
J'ai parlé avant de réfléchir, je n'ai pas la moindre idée, pas le plus petit début d'explication pour justifier cette interruption. "Désolée, je devais intervenir avant que tu lui tombes dans les bras ? » n'est définitivement pas une solution acceptable. On reste là quelques secondes, à se regarder sans trop savoir quoi dire, puis Costia brise le silence gênant.
— Il faut que je file. Clarke, j'étais ravie de te revoir. Lexa, prends soin de toi.
Elle se sauve, non sans embrasser Lexa avant. Un simple baiser posé rapidement sur ses lèvres, mais ça me met hors de moi. Deux yeux furibonds la suivent tandis qu'elle s'éloigne de nous, pas assez vite à mon goût. Mon envie de mordre est revenue et je pèse le pour et le contre. Il serait mal venu que je la poursuive à cette fin. Quand enfin, je me retourne vers Lexa, elle me contemple d'un air moqueur, elle n'a rien loupé à mon excès de fureur mal contenu. Je pique un fard comme jamais et bredouille la première chose qui me passe par la tête.
— Ton équipe a gagné, on va bientôt rentrer...
De toute évidence, je suis capable de passer une journée entière avec Lexa en toute amitié. Sans moments gênant, sans perte de contrôle de la parole, ou pire : de mon corps. Tu parles !
