Note : Cette histoire n'est pas terminée. Pour le moment, j'ai écrit 15 chapitres sur 37… Il y aura une coupure dans la publication au dixième chapitre (je vous jure il n'y aura pas de cliffhanger) pour que je puisse continuer d'avancer. Cette histoire a été mise en pause pendant des années mais je me suis remise à l'écrire grâce à vos commentaires donc faites vivre cette histoire, s'il vous plait, pour qu'elle puisse avoir une fin un jour !

Disclaimer : Rien ne m'appartient, ni Harry Potter, ni Hannibal (série), tout est à JK Rowling, Thomas Harris et Bryan Fuller.

Bêta-Reader : Chipuliara !

Série : Quelqu'un pour qui… Tome 3 : Quelqu'un pour qui revenir.

/ ! \ AVERTISSEMENTS / ! \ : Cette histoire est réservée à un public averti. Elle contient du slash (relations entre hommes). Il y a plusieurs sous-entendus sexuels et des relations sexuelles explicites. C'est un Dark!Harry et un Dark!A-peu-près-tout-le-monde. Les personnages sont donc OOC et plutôt timbrés. Présence de Violences physiques et morales, Cannibalisme, du gore, du drame, de l'humour noir (voir très noir…) et d'un langage vulgaire.

Il n'y a pas besoin d'avoir vu la série Hannibal pour comprendre la fiction PAR CONTRE IL EST NÉCESSAIRE D'AVOIR LU LE TOME 1 et le TOME 2 POUR COMPRENDRE CETTE HISTOIRE !

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Chapitre 6

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Date inconnue, Localisation inconnue, heure inconnue

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La salle était sombre, humide, immense. Tim n'avait jamais été dans un endroit pareil, c'était… intimidant. Prudemment, il commença à faire un pas en avant, découvrant son environnement faiblement éclairé. Il se trouvait sur une longue allée – très, très longue – où s'étalait au sol des dizaines de petites flaques d'eau. De part et d'autre se dressaient des colonnes où s'enroulaient des serpents sculptés. L'ambiance était étrange, plutôt verdâtre et peu commune.

Tim se demandait se qu'il faisait là et où était ce là en question. Par prudence, il sortit sa baguette magique et il continua à avancer jusqu'aux deux derniers piliers. Stupéfié, il se retrouva devant une immense statue, collée au mur du fond et qui grimpait jusqu'au plafond haut de la salle. Elle représentait un vieux sorcier comme en démontrait sa grande barbe fine qui descendait jusqu'au bas de ses robes. Deux pieds immenses reposaient sur le sol.

Et c'est là qu'il la vit. Une petite silhouette vêtue d'une robe noire. Elle était allongée sur le sol, ses longs cheveux roux s'étalant autour d'elle. C'était une fille, jeune et visiblement inconsciente. Tim ne l'avait jamais vue, il ne la connaissait pas. Et pourtant il ressentait quelque chose, là, dans sa poitrine. C'était bizarre, comme de l'angoisse – de la peur. Il se précipita vers elle, sans savoir ce qu'il allait pouvoir faire – il était seul, comme lorsqu'il avait sauté à l'eau pour sauver la baguette magique du professeur Molnar.

- Hey, est-ce que tu m'entends ? demanda-t-il en secouant les épaules de la jeune fille.

Son visage était blanc et froid. Ses yeux clos ne frémissaient pas. Peut-être était-elle pétrifiée ? Non, si ça avait été le cas, ses yeux n'auraient pas été fermés. Peut-être était-elle morte ? Tim en frémit.

- S'il-te-plaît, ouvre les yeux ! Ne sois pas morte, s'il-te-plaît, ne sois pas morte !

Il la secouait, espérant un signe de sa part, mais sa tête ballottait de gauche à droite, sans qu'elle n'ouvre les yeux ou ne lui montre un signe de vie.

- Inutile, elle ne se réveillera pas, dit une voix douce derrière lui.

Tim sursauta et se retourna. Adossé à un pilier, pas très loin d'eux, se trouvait un jeune homme de grande taille. Ses cheveux noirs tombaient élégamment sur son front. Tim plissa les yeux pour le voir plus précisément : ses contours étaient flous. Le garçon l'observait de ses yeux sombres, un étrange sourire aux lèvres.

- Qui êtes-vous ? demanda-t-il.

- Tom Elvis Jedusor, tu me connais, tu m'as déjà rencontré.

C'était faux, Tim ne se rappelait pas l'avoir un jour croisé, mais il n'en fit pas grand cas. Haussant les épaules, il montra d'un geste bref la petite fille.

- Que vouliez-vous dire par « elle ne se réveillera pas » ?

- Elle est toujours vivante, lui répondit le prénommé Tom. Mais c'est tout juste.

Tim se remit sur ses pieds, essuya ses mains mouillées, rangea sa baguette. Il s'accroupit pour attraper les épaules de la fille mais il arriva à peine à la soulever. Peut-être que l'autre pouvait l'aider, non ? Il devait partir, il le sentait. La colère commença à grandir en lui, agrémentée par la peur.

- Qu'est-ce que vous attendez ? Venez m'aider, nous devons sortir de là !

- Non, non, tu n'iras nulle part. J'ai longtemps attendu ce moment. LE moment de te voir, de te parler.

- Moi ?

Tim en lâcha la jeune rouquine. Qui pouvait être autant emballé à l'idée de le voir ? De lui parler ? Il était juste Tim, alors qui pouvait s'intéresser à lui ?

- On parlera plus tard, quand nous serons tous sortis d'ici.

- Non, on va parler maintenant, répliqua Tom en continuant de sourire. J'ai beaucoup de questions à te poser.

- Comme quoi, par exemple ?

Tim était perdu. Qui était ce jeune garçon flou qui le regardait d'un air inquisiteur, sourire carnassier accroché à ses lèvres ? Tim ne le connaissait pas, il n'avait jamais entendu parler de lui. Tom Elvis Jedusor.

- Par exemple, répliqua ce dernier, comment se fait-il qu'un bébé sans talent magique particulier ait pu vaincre le plus grand sorcier de tous les temps ? Comment as-tu réussi à t'en tirer avec une simple cicatrice, alors que les pouvoirs de Voldemort ont été détruits ?

Attendez… QUOI ? Tim ouvrit de grands yeux, le cœur au bord des lèvres. Il n'avait pas de cicatrice. Il n'avait pas vaincu le plus grand sorcier de tous les temps – d'ailleurs depuis quand Voldemort était-il le plus grand sorcier de tous les temps ? Il avait toujours pensé que c'était le mage noir Harry Potter le plus puissant ? C'était d'ailleurs lui qui avait défait Voldemort. Pas lui.

- Attendez, je ne suis pas celui que vous pensez, rétorqua lentement Tim en levant les deux mains devant lui.

- Voldemort est à la fois mon passé, mon présent et mon avenir.

N'avait-il pas entendu ? Et est-ce que ça voulait dire que Tom Elvis Jedusor était Voldemort ? Est-ce qu'il faisait face à un mage noir mort depuis des années ? Comment était-ce possible ? Par Merlin, il commençait sérieusement à flipper. A flipper grave. Qu'avait-il fait pour vivre ça ? Comment était-il arrivé ici ?

- Attendez monsieur Jedusor ou monsieur Voldemort ou enfin je sais pas comment je dois vous appeler, mais je ne suis pas celui dont vous parler.

Tom secoua la tête, défaitiste. Il souffla fort par le nez et Timothy se dit mentalement que c'était un geste qui ne lui allait pas du tout.

- Je me demande comment tu as fait pour me vaincre, chuchota-t-il pensif, tête penchée sur le côté. Maintenant, je vois bien que tu n'as rien de si extraordinaire, après tout. Je me demandais, vois-tu... Car il y a une étrange ressemblance entre nous. Même toi, tu as dû le remarquer. Nous avons tous les deux du sang moldu, nous sommes tous deux orphelins. Et probablement les deux seuls élèves de Poudlard qui aient jamais parlé Fourchelang depuis le temps du grand Serpentard lui-même. Même physiquement, nous nous ressemblons... Mais finalement, ce qui t'a sauvé face à moi, c'est la chance, rien d'autre. Voilà tout ce que je voulais savoir. *

Timothy se contracta, la peur au ventre. Mais de quoi parlait-il nom d'un chien ? Il sentit sa gorge se serrer douloureusement. Pourquoi… Pourquoi il avait l'impression de se reconnaître dans ce qu'il disait alors qu'il ne parlait pas de lui ? Il avait du sang moldu par sa mère. Il était orphelin. Il était Fourchelang et de ce qu'Hélia lui avait raconté, c'était un don rarissime. Et physiquement… Il y avait une petite ressemblance – la même couleur de cheveux, la même pâleur. Et pourtant… ce n'était pas de lui dont il parlait parce que ô nom de Merlin IL. NE. CONNAISSAIT. PAS. .

- Tu vas mourir ici, Harry Potter. Seul dans la Chambre des Secrets, oublié par ses amis, terrassé par le Seigneur des Ténèbres. Lord Voldemort finit toujours par vaincre.

Timothy ouvrit la bouche de stupeur. Il y avait trop d'informations d'un coup. Harry Potter. Chambre des Secrets. Lord Voldemort. Est-ce que ce dernier pensait réellement qu'il était Harry Potter ? Le plus grand mage noir de tous les temps ? Le sorcier qu'il haïssait le plus et qui lui faisait peur ? Le sorcier pour lequel Ron Weasley avait tué ses parents ? Et puis la Chambre des Secrets ? C'était quoi ça ? Était-ce la salle dans laquelle ils se trouvaient ?

Timothy avait la tête qui tournait et il sentit ses genoux lâcher sous son propre poids. Il s'écroula sur le sol poisseux. Que devait-il faire ? Il se sentait dépassé. Après tout il n'avait que douze ans. Il n'était pas prêt à faire face à un quelconque mage noir – même un mage noir qui aurait dû être mort depuis des années. Il était sûr que même le professeur Wealsey ou le professeur Thomas auraient été aussi paralysés que lui – surtout si on leur disait qu'ils étaient Harry Potter. Ça devait être un cauchemar.

Il ferma les yeux très très fort. Si c'était un cauchemar peut-être qu'il allait se réveiller s'il le souhaitait suffisamment fort. S'il-vous-plaît, s'il-vous-plaît, s'il-vous-plaît. Réveille-toi Tim. MAINTENANT !

- Ouvre les yeux.

L'ordre claqua dans l'air et pourtant la voix était douce, presque chantante. Elle n'avait rien à voir avec la voix de Tom Elvis Jedusor. Elle était beaucoup plus calme, presque apaisante. Timothy fronça les sourcils ne comprenant pas ce qui se passait. Cependant, il ne put aller à l'encontre de cet ordre et ses paupières s'ouvrirent d'elles-mêmes.

Son souffle se coupa brusquement quand il vit les deux prunelles vertes fixées sur lui. Il y avait de l'humour dans ses yeux – de l'humour et un brin de respect. Souhaitant s'éloigner, Tim tomba sur ses fesses et tenta de ramper loin de… de lui.

- Alors ?

L'homme haussa un sourcil en se redressant. Il avait été accroupi pour être à sa hauteur et maintenant qu'il était debout, Tim pouvait voir qu'il n'était pas aussi grand qu'il l'avait débord cru. Il ressemblait un peu à Jedusor – mais pas tout à fait. Lui aussi avait les cheveux bruns mais tellement en désordre qu'on aurait dit un nid de corbeau. Il était mince mais musclé – comparé à celui qui disait s'appeler Voldemort, lui ne portait pas de robe, juste un simple pantalon qui tombait sur ses hanches, laissant voir son torse nu. Il aurait pu avoir froid – il aurait avoir froid.

- Tu as peur ?

Il n'y avait aucun jugement dans sa voix. Tim avala difficilement sa salive. Que devait-il dire ? Qu'attendait de lui cet homme ? Où était passé Jedusor et… la jeune fille aussi avait disparu, alors… où avaient-ils disparu ?

- Qui êtes-vous ?

- Tu ne sais pas qui je suis ?

L'homme fronça les sourcils, l'air mécontent. Un peu surpris aussi, comme si c'était totalement incompréhensible pour lui que Tim ne puisse pas connaître son identité. Tim secoua la tête. Aurait-il dû le connaître ? Il n'avait aucun souvenir de lui. Il ne savait pas qui il était.

- Je suis sûr que tu as déjà entendu parler de moi…

Avant qu'il ait eu le temps de dire quoi que ce fût, le jeune homme leva la main pour le faire taire et il lui sourit comme s'il était un père qui réconfortait son fils apeuré.

- N'aies pas peur de ce Jedusor. Voldemort était un mage noir monstrueux, il a fait de grandes choses, terribles, certes, mais stupéfiantes…

Tim ne comprenait pas en quoi cela devait le rassurer.

- Mais j'ai tué Voldemort et je le referais si besoin.

Le jeune homme au torse nu tourna sur lui-même avec grâce, les bras tendus sur les côtés en croix et il rit joyeusement comme s'il ne venait pas juste de lâcher une bombe. Tim ouvrit et ferma la bouche plusieurs fois quand il comprit. C'était… C'était… Ce n'était pas possible.

- Vous êtes… Ha-Harry Po-Po-Potter…

Le mage noir s'arrêta de tourner, pointa un doigt bref sur lui en exclamant :

- Exact !

Il sauta en avant, s'accroupit et attrapa la cheville de Tim. Ce dernier se retint de donner un coup de pied pour se dégager de son emprise. Il ne voulait pas qu'il le touche, il ne voulait pas respirer le même air que lui. Qu'il parte, qu'il le laisse tranquille. Il avait tellement peur de lui, il était tellement en colère. Cet homme avait fait tellement de mal, il avait détruit tellement de vies à commencer par la sienne. C'était le mage noir le plus destructeur de tous les temps – il avait tué tellement de personnes. Il voulait qu'il parte, il voulait qu'il meure.

- Et tu sais quoi, dit-il sur le ton d'un secret. Je suis mille fois pire que Lord Voldemort.

Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres, il serra un peu plus sa cheville et alors sans le quitter de ses yeux si semblables aux siens, il ajouta d'une voix sûre et certaine :

- Et toi, Timothy, tu seras mille fois pire que moi !

Potter éclata de rire et Tim hurla de toutes ses forces.

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- Hey mon pote, réveille-toi !

Tim ouvrit grand les yeux, le souffle court. Penché sur son lit, Andréas le regardait avec compassion et avec un peu de soucis.

- Est-ce que ça va ? Tu hurlais…

- Je… J'ai fait un cauchemar.

Inquiet, Tim regarda autour de lui, s'assurant qu'il n'était plus dans la Chambre des Secrets – que Jedusor et Potter avaient disparu et qu'ils étaient très loin de lui. La dernière phrase de Potter tournait dans son esprit comme si la voix du mage noir résonnait encore dans son oreille – comme s'il lui chuchotait encore et encore. D'un geste las, il essuya son front plein de sueur. Ce n'avait été qu'un cauchemar. Mais ça avait semblé si réel.

Andréas s'assit à côté de lui. Il posa les mains sur ses propres genoux et Tim le remercia pour ça, il ne se sentait pas près à ce qu'on le touche. Pas alors qu'il avait l'impression que sa cheville le brûlait encore, là où la main ferme de Potter l'avait maintenu. Salazar, il tremblait des pieds à la tête.

- C'est normal que ça te travaille, c'est la première fois que tu perds Savannah.

Tim se rallongea, ferma les yeux, tenta de se calme. Ce n'était pas ça. Ce qui le travaillait surtout c'était d'avoir rêvé et de Voldemort et de Potter. C'était d'avoir été comparé à ces deux mages noirs. C'était d'avoir été qualifié de mille fois pire par Potter lui-même. C'était… c'était tout ce cauchemar qui le travaillait, parce qu'il avait semblé si réel par moment. Mais il ne pouvait décidément pas dire cela à Andréas – au mieux il ne comprendrait pas la gravité de la situation, au pire il appellerait les autorités pour qu'il fût enfermé à Azkaban.

- Oui ça doit être ça.

Par il ne savait quel miracle, il réussit à lui sourire pour le rassurer et il lui dit qu'il le retrouverait au petit-déjeuner. Ça ne servait à rien qu'il l'attende – Andréas était déjà prêt alors que lui devait encore prendre sa douche et s'habiller. Et surtout, il avait besoin d'être un peu seul. Au moins quelques minutes pour tenter d'oublier tout ce cauchemar qui s'attardait dans son esprit.

- Tu es sûr ?

- Certain ! Vas-y ! J'arrive bientôt !

- Ok.

Il attrapa ses affaires et lui jeta un coup d'œil par-dessus son épaule. Le sourire sur ses lèvres était bienveillant, rassurant. Tim s'y accrocha comme si c'était un phare à travers une tempête. Tout cela, ici et maintenant était la seule réalité. Ce qui s'était passé cette nuit n'avait été que le fruit de son imagination – Andréas était là pour le lui rappeler avec sa présence et sa douceur.

- Ne t'inquiète pas, tu trouveras Savannah, elle ne doit pas être bien loin.

Tim lui sourit simplement et il attendit qu'il fût sorti du dortoir pour attraper ses habits et aller se glisser dans la salle de bain. Après avoir enlevé son pyjama, il entra dans la douche, laissant le jet d'eau chaude délasser son dos tendu. Les gouttes d'eau vinrent couler le long de son visage et il ferma les yeux. Ce n'avait été qu'un rêve. Un cauchemar. Il devait oublier tout cela, ce n'était que le fruit de son imagination – et il n'y avait pas à dire il avait une imagination débordante. Comment pourrait-il être pire que Potter lui-même ? C'était impossible. Jamais il pourrait faire ne fut-ce que la moitié de ce que le mage noir avait fait au monde sorcier. Il ne pourrait pas tuer quelqu'un – encore moins des milliers de personnes. Ça lui donnait la nausée rien que d'y penser.

Ce n'avait été qu'un cauchemar. Réaliste, horrible mais pas moins des images tirées de son imagination. Et Tim devait simplement tourner la page et arrêter d'y penser pour ne pas y rêver de nouveau ce soir. Une fois lui suffisait amplement.

La disparition de Savannah l'avait peut-être plus troublé qu'il ne l'avait imaginé. Ça devait être une partie de l'explication de son cauchemar. Autrement, il ne voyait pas pourquoi il aurait rêvé d'une salle remplie de serpents – avec Voldemort et Potter. C'était la seule explication. Il devait absolument la retrouver et tout redeviendrait normal. Ses nuits seraient calmes – et ni Voldemort, ni Potter, ni une quelconque Chambre des Secrets ne viendraient plus le perturber. Plus. Jamais.

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XOXOXOXOXOXOXO

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Mardi 6 novembre 2018, Histoire de la magie, 11h45

- … avez-vous des questions ?

Tim retint un bâillement. Le cours avait été intéressant, mais sa nuit ne l'avait pas vraiment reposé. Il était fatigué, il avait du mal à se concentrer et il avait peur pour Savannah. Il ne l'avait toujours pas retrouvée, et il commençait sérieusement à s'inquiéter pour elle. Le serpent savait se débrouiller toute seule – Tim n'en doutait pas un instant – mais elle ne connaissait pas le château et les serpents n'étaient pas autorisés à l'école. Que deviendrait-elle si la directrice Weasley la retrouvait ? Est-ce qu'ils la jetteraient dehors ? Est-ce qu'ils la… tueraient ? Elle était inoffensive mais personne ne le savait – et si ce qu'Hélia avait dit était vrai, il était une des rares personnes à pouvoir discuter avec elle.

Merlin, comment avait-il pu perdre Savannah ? Comment avait-il pu perdre un serpent ? Putain, il avait perdu un serpent, nom de Merlin ! Il devait être le premier de toute l'histoire de la magie à qui ça arrivait. Tim souffla doucement, dépité. Il allait commencer à croire qu'il n'était pas prêt à avoir un animal de compagnie – tout ce qu'il avait voulu c'était protéger ce petit être atypique. Et visiblement, il avait échoué lamentablement vu qu'il l'avait perdu.

- Monsieur ? demanda quelqu'un.

Tim tourna la tête vers celui qui venait de parler. C'était un Gryffondor mais il ne connaissait pas encore son nom. Il avait l'air impatient, assis sur le bord de la chaise qui le soutenait, comme si sa question lui brûlait les lèvres – et les fesses.

- Oui ?

- Quand est-ce qu'on parlera des guerres des sorciers ?

Le professeur Thomas secoua légèrement la tête, un rictus désabusé se dessinant sur ses lèvres. Tim se redressa à son pupitre, plus à même d'écouter. Là, il avait toute son attention. Ça, ça l'intéressait – et ce devait être le cas de tout le monde parce qu'il n'y avait plus aucun bruit dans la salle. C'était un point de l'histoire qui l'intéressait beaucoup – il voulait tout savoir sur ce qui s'était passé dans leur pays. Tout connaître des heures noires connues par leurs compatriotes. Le professeur alla s'asseoir sur le bord de son bureau, croisa les bras sur sa poitrine et, comme il devait l'avoir fait des millions de fois avant aujourd'hui, il dit :

- Les différentes guerres des sorciers sont au programme des BUSEs. Nous les aborderons donc en cinquième année.

- Toutes les guerres ? demanda un autre élève.

- Oui, nous verrons la guerre de Grindelwald, ainsi que celles engendrées par Voldemort et celle qui a suivi avec le mage noir Potter.

Il y eut un blanc – Tim se dégonfla sur place. Cinquième année seulement ? Tim aurait voulu aborder le sujet dès maintenant. Il avait envie de savoir, de comprendre. Voir les horreurs qu'avaient engendrées Voldemort et Potter. C'était peut-être morbide – mais c'était un besoin, une envie qu'il avait eu depuis toujours lui semblait-il. Dès l'instant où il avait compris que ses parents étaient morts à cause de Ronald Weasley, il avait eu ce besoin presque viscéral de comprendre. De comprendre pourquoi sa mère, pourquoi son père l'avaient laissé orphelin.

- Ne vous en faîtes pas, votre cinquième année arrivera bien assez vite, sourit le professeur. D'autres questions ? Et lorsque je parle de « questions » je parle bien évidemment du cours que nous venons de voir.

Personne ne répondit, personne ne posa de question. Comme à chaque fois – ou presque – parce que le cours était généralement très clair. Et dans le silence qui suivit, Tim entendit quelque chose. Ce n'était pas très distinct mais Tim discernait un petit bruit. Un petit sifflement. Pas très loin mais suffisamment parce qu'il dû tendre l'oreille pour le discerner.

- Abrutis d'humains…

Savannah ! Tim ouvrit grand les yeux. Ça avait été à peine qu'un murmure – un susurrement presque inaudible. C'était son serpent – Merlin, il avait retrouvé Savannah. Enfin, il ne l'avait pas totalement retrouvée mais il était sur la bonne voie. Il savait à peu près où elle se trouvait, en tout cas.

Un brouhaha se forma dans la salle mais Tim ne bougea pas d'un pouce. Tous les élèves firent leurs affaires – parlant, riant en petits groupes. Orphéus les rejoignit précipitamment, lanière du sac sur l'épaule. Les mains au niveau de ses épaules, paumes ouvertes et les yeux écarquillés, le Gryffondor lui donna le sourire immédiatement. Ça lui manquait de ne pas le voir autant qu'à l'orphelinat. Leurs soirées à discuter et leur complicité lui manquaient quotidiennement. Même si Andréas était extra, ce n'était pas tout à fait la même chose – Orphy resterait à jamais son premier vrai ami.

- J'ai trooooop faim ! s'écria ce dernier en exagérant ses gestes de mains.

Tim lui sourit. Il savait à quel point Orphéus avait tout le temps envie de manger, surtout quand midi approchait. Doucement, presque à reculons, il essaya de s'éloigner de ses amis, soucieux de discerner le sifflement de Savannah qui lui permettrait de la retrouver.

- Tu ne viens pas ? demanda Andréas.

- Si, si mais je dois…

Il se mordilla la lèvre inférieure, essayant de trouver une bonne excuse qui lui permettrait de s'échapper de la présence de ses amis pour partir à la recherche de son animal. Il ne voulait pas empêcher Orphéus, Andréas ou Hélia d'aller manger. Tout ce qu'il voulait c'était retrouver Savannah, même s'il cela voulait dire qu'il ne pourrait pas déjeuner – Orphéus, Andréas et Hélia ne tiendraient pas le reste de la journée sans manger quelque chose. La jeune Malfoy le regardait en silence, un sourcil relevé, suspicieuse. Tim lui sourit, contrit et il haussa les épaules.

- Je dois demander quelque chose au professeur Thomas.

L'homme s'était éclipsé dans la pièce qui était adjacente à la salle. C'était l'excuse parfaite. Du moins selon lui. Hélia ne semblait pas de cet avis.

- Nous pouvons t'attendre, lança-t-elle, légère.

Mais Tim la connaissait suffisamment pour savoir qu'il n'y avait rien de léger dans sa phrase. Elle ne voulait pas qu'il leur cache quelque chose – qu'il se la joue solo comme avec le lac de l'année passée.

- Ne t'inquiète pas, je vous retrouve dans la Grande Salle, je n'en ai pas pour longtemps.

- Justement… répliqua Hélia.

Le regard impitoyable qu'elle lui lança le fit presque revenir sur sa décision de ne pas les impliquer mais déjà Orphéus – porté par la faim – attrapait le fin bras de l'héritière Malfoy pour l'emmener vers la Grande Salle.

- A tout à l'heure, Tim-Tim ! cria presque Orphéus.

Tim sourit en regardant Hélia suivre en levant les yeux au ciel – si aristocrate dans ses gestes et pourtant si enfantine dans sa façon de se faire presque traîner par le Gryffondor. Andréas lui adressa un bref sourire et un geste de la main avant de courir après les deux autres, lui aussi porté par la faim. Enfin seul. La pièce s'était vidée de toute présence et le silence régnait en maître.

Bandoulière sur l'épaule, Tim se concentra pour tenter de percevoir de nouveau le sifflement de son serpent. Il devait absolument trouver Savannah – elle pourrait peut-être le protéger de ses cauchemars. Il avait besoin d'elle – en peu de temps, elle était devenue tellement importante pour lui. Tim ne pouvait pas imaginer sa vie sans elle.

- Savannah ? chuchota-t-il dans la classe.

- Est-ce que je pourrais le mordre ?

Oula… Tim descendit les deux petites marches prestement, frissonnant à l'idée que Savannah pût faire du mal à qui que ce fût. Il se précipita vers la porte du bureau du professeur Thomas – le sifflement de Savannah lui semblait venir de derrière ce battant. La main posée sur la poignée, il prit un temps pour réfléchir. Le professeur Thomas était là-dedans, et ça semblait étrange de juste débarquer comme ça. Il pourrait… peut-être… trouver une excuse ? Une question qu'il aurait oublié de poser ? Ou quelque chose… d'autre.

Allez Tim, réfléchis, vite.

- Comment je vais faire pour retrouver Tim…

Savannah avait l'air tellement triste qu'il ne put attendre plus longtemps. Il frappa, attendit l'autorisation du professeur et ouvrit la porte. Il trouverait un truc, dans l'urgence. Il ne pouvait plus attendre plus longtemps – il n'était même pas sûr que Savannah était bien dans le bureau. Peut-être était-elle autre part, dans les parages ?

- Monsieur ?

Il passa à peine la tête dans le bureau que son regard fut attiré par le petit serpent blanc au sol. Elle s'était roulée en boule dans un coin, ses yeux rouges ne quittaient pas un instant le professeur de l'histoire de la magie. Immédiatement, Tim ressentit du soulagement quand il la vit, saine et sauve. Et en oubliant où il se trouvait, il se précipita vers Savannah.

- Ah ! s'étonna Dean Thomas. Il est à toi ? Je me demandais ce qu'un serpent faisait dans mon bureau.

Il rit et Tim ne put que lui sourire en retour alors qu'il s'accroupissait à côté de son animal.

- Je l'avais perdue, avoua-t-il, honteux.

Il avait peur que le professeur Thomas le juge et lui enlève Savannah pour maltraitance. Il avait lu ça dans un livre de la bibliothèque de l'orphelinat. Un hibou qui avait été enlevé à sa maîtresse parce que cette dernière ne s'occupait pas bien de lui.

- Ne t'inquiète pas, à ton âge, un de mes amis n'arrêtait pas de perdre son crapaud. Mais… Pourrais-tu le récupérer, s'il-te-plaît, Timothy ? Je ne suis pas très à l'aise avec ces bêtes-là…

Tim s'empressa de hocher de la tête, attrapa le serpent entre ses mains et se redressa. Il était soulagé de l'avoir retrouvée saine et sauve. Se promettant de ne plus jamais la quitter trop longtemps du regard, Tim sourit timidement vers son professeur.

- Elle n'est pas méchante.

- Elle ? releva le professeur Thomas. Eh bien, je n'en doute pas mais je n'ai jamais été fan des animaux qui rampe comme… comme elle.

A son ton, Tim crut presque à une excuse de la part du professeur mais il savait que peu de personnes aimaient les serpents – même parmi les Serpentards, il suffisait de voir les réactions de ses amis quand il leur avait présenté Savannah. Bien qu'il ne comprenait pas bien le pourquoi de cette frayeur commune, il acceptait. Tout le monde ne pouvait pas tout aimer, ça serait trop beau. Tim lui-même n'aimait pas trop les crapauds… Il n'en avait pas peur mais s'il pouvait les éviter, il ne s'en portait que mieux.

- Tu devrais te dépêcher Timothy, si tu désires manger un peu avant de reprendre les cours. Il me semble que les Serpentards ont potion après le déjeuner, n'est-ce pas ? Le professeur Greengrass n'aime pas les retardataires.

- Bien sûr, professeur ! Merci !

Tout en serrant son animal albinos contre lui, Tim tourna les talons, heureux d'avoir retrouvé Savannah et désirant rejoindre ses amis au plus vite. Lorsque la porte se referma derrière lui, il était déjà bien loin dans le couloir. Il marchait à grands pas, sans hésitation – son ventre commençant à gronder. Son appétit s'était ouvert lorsque ses doigts s'étaient refermés sur le serpent. Cette dernière s'échappa de sa poigne, glissa le long de son bras et vint s'enrouler autour de son cou.

- Ton professeur Thomas là, il m'a kidnappée ! s'insurgea Savannah dans son oreille.

Tim haussa un sourcil septique en continuant de marcher vers la Grande Salle, ses pas résonnant dans les couloirs déserts. Pourquoi aurait-il fait ça ? Pourquoi aurait-il volé un serpent ? Tim y réfléchit un court instant et il ne trouva aucune raison valable. Ça n'avait vraiment aucun sens.

- Tu dis n'importe quoi. Pourquoi il aurait fait ça ?

Savannah lui siffla dans l'oreille, mécontente qu'il ne la croie pas, mais elle n'avait aucun argument. Pourquoi le professeur Thomas l'aurait-il kidnappée ? Il n'y avait aucune logique à ça, c'était ridicule. Quel intérêt de voler un serpent ? Surtout s'il n'était pas à l'aise avec eux. Ça n'avait vraiment aucun – fichu – sens.

- T'en fais toujours des tonnes.

Nouveau sifflement – plus long, plus grave, plus méchant. Tim ne s'en formalisa pas. Déjà la porte de la Grande Salle se dessinait devant lui – un énorme brouhaha se faisait entendre puisque les deux pants étaient ouverts, laissant les discussions des élèves résonner dans les couloirs.

Sans que personne n'y fasse attention, Tim se dirigea vers la table de sa maison où il rejoignit Hélia, Andreas et Orphy. Ce dernier, même s'il faisait partie de Gryffondor venait parfois manger avec eux sur leur table – un jour sur trois, environ. La première fois qu'il était venu sur la table des verts et argents, un silence de mort s'était installé dans la Grande Salle. Mais Orphy avait fait comme si de rien n'était – venant s'asseoir à côté de lui comme si c'était horriblement normal. Les conversations avaient progressivement repris quand il avait commencé à rire, à manger – comme si de rien n'était. Tim le trouvait vraiment courageux.

Andreas tenait dans sa main un pilon de poulet et il parlait la bouche pleine. En face de lui, Hélia le regardait, visiblement dégoûtée s'il devait s'en fier à sa moue horrifiée. Tim retint un petit rire. Jetant de fréquents coups d'œil à droite puis à gauche, la jeune Malfoy se demandait manifestement ce qu'elle faisait là - Tim pouvait comprendre qu'avec son éducation elle voulait fuir la manière dégoûtante qu'avait Andreas de manger, même si ses yeux de glace pétillaient d'amusement. Elle faisait des efforts pour rester assise là, sans bouger – elle commençait à tenir beaucoup à leur groupe. Tim était plus qu'heureux de la voir être ainsi intégrée, même si ça n'avait pas été simple au début. L'animosité entre le fils Weasley et la jeune Malfoy aurait pu tuer dans l'œuf de dragon leur début d'amitié, mais ils avaient surmonté cela. A côté de la petite blonde, Orphy, quand à lui, riait à gorge déployée à une blague que venait de faire le rouquin. Ils semblaient tellement heureux, tellement joyeux.

Tim était fier d'eux. Fier de faire partie de ce petit groupe atypique – atypique mais aimant. Deux ans plus tôt, il n'aurait jamais pu imaginer avoir des amis aussi fabuleux – aussi… concernés. Ils l'écoutaient comme seul Orphy avait osé le faire pendant des années – maintenant il savait qu'il pouvait compter sur chacun d'eux. Il n'était plus seul. Et il ne le serait plus jamais.

Posant une main délicate sur l'épaule d'Andreas, il s'installa à côté de lui et sourit à ses amis.

- Qu'est-ce que j'ai manqué ?

- Andreas vient de nous raconter une blague, elle est trop drôle ! s'exclama Orphy en prenant à pleine main une brochette de dinde.

- C'est l'histoire d'un ogre, d'un hippogriffe et d'une sirène… commença alors Andreas.

- Le professeur Thomas a pu répondre à ta question ?

La voix presque froide d'Hélia coupa court à la blague d'Andreas. Les autres se turent quand elle parla comme si elle avait la priorité dans leur conversation. Tim inclina la tête sur le côté, innocent. Elle lui reprochait quelque chose – mais quoi ? De leur avoir demandé d'être seul pendant un moment ? Peut-être… Ça faisait un an et demi maintenant qu'elle était son amie et il savait qu'elle n'aimait pas être mise de côté – traumatisme sans doute de ce qu'avait été son enfance isolée. Tim reconnaissait qu'il n'avait pas été très diplomate tout à l'heure, qu'il aurait pu les mettre dans la confidence pour qu'ils l'aident à retrouver Savannah – mais ce n'était tellement pas dans ses habitudes. Il avait dû se débrouiller seul pendant des années – il lui faudrait plus de temps et beaucoup d'efforts de sa part pour ne plus leur cacher quoi que ce fût.

- Oui oui, dit-il évasif. Et vous savez quoi ?

Sans attendre une réponse de leur part, Tim dégagea le col de sa chemise, laissant les autres voir le serpent qui se reposait dans le creux de son cou.

- Tu as retrouvé Savannah ? s'exclama Andreas en laissant tomber le pilon de poulet.

- Il était temps, j'ai presque cru qu'elle était partie de son plein gré, lança Orphéus avec un clin d'œil.

- Où était-elle ? questionna Hélia.

D'un geste de la main, Tim remit en place son vêtement et il se servit dans le plat contenant les pommes de terre au four. Il en avait l'eau à la bouche – son ventre gronda quand le fumet du rôti monta jusqu'à son nez. Ça sentait tellement bon et il avait tellement faim.

- Dans le bureau du professeur Thomas justement…

- Qu'est-ce qu'elle faisait là-bas ? demanda la jeune Malfoy en haussant les sourcils de surprise.

Tim haussa les épaules en réponse, ne sachant pas s'il devait leur dire ce que Savannah lui avait sifflé à l'oreille. Mais peut-être le devait-il… Après tout, c'était ce que se confiait les amis non ? Il devait arrêter de garder tout pour lui, même si c'était compliqué. Il devait faire des efforts. Il ne voulait pas qu'Hélia, Orphy et Andreas se sentent… comme mis à part.

- Elle dit que le Professeur Thomas l'a enlevée. Mais ça n'a aucun sens…

Orphy éclata de rire, sa brochette toujours dans la main à demi mangée. A ses côtés, Hélia fronça des sourcils, visiblement soupçonneuse. Tim pouvait imaginer ce qui se tramait dans sa petite tête blonde – pourquoi un professeur aurait-il enlevé un serpent ? Lui-même n'avait pas de réponse à cette question silencieuse. Andreas les regardait, lui aussi ne comprenait pas pourquoi Savannah lui avait dit ça, c'était ridicule.

- Elle a dû se perdre dans le château mais elle est trop fière pour l'avouer, voilà tout ! expliqua Orphéus. La fierté des Serpentard doit se retrouver chez vos amis les serpents. Ce n'est pas pour rien que votre animal emblème est un serpent, vous êtes aussi sournois qu'eux !

Il rit, encore, et son rire adoucit les mots presque méchants qu'il venait de sortir. Tim ne s'en formalisa pas, bien trop habitué à la franchise de son ami – après tout, lui était à Gryffondor, il était hardi. Il manquait de tact, de convenance.

- Tu n'as vraiment aucune délicatesse, souffla Hélia avec dégoût. Pas étonnant que tu aies fini à Gryffondor. Tu es aussi délicat qu'un hippogriffe dans une boutique de boules de cristal.

Un partout, Souafle au centre. Une nouvelle fois, Orphy rit, pas marqué plus que ça par la semi-insulte de la jeune Malfoy. Andreas secoua la tête, petit sourire aux lèvres, et replongea dans son assiette, désireux de combler son estomac avant la fin du déjeuner. Tim, lui, écouta d'une oreille distraite quand Orphy répliqua et qu'Hélia surenchérit. Vu le ton employé, c'était plutôt bon enfant, alors il se hâta de manger. Le déjeuner prendrait fin dans peu de temps et comme l'avait justement fait remarquer le professeur Thomas, le professeur Greengrass n'aimait pas les retardataires. Et maintenant qu'il avait retrouvé Savannah, il n'avait plus de raison de s'inquiéter – son appétit était revenu, son mal de ventre disparu.

Alors qu'il enfournait dans sa bouche une belle fourchette de pommes de terre au four, Tim se demanda s'il aurait dû parler de son cauchemar – de la Chambre des Secrets, de Voldemort, de… Harry Potter. Peut-être était-ce des sujets de conversation qu'il aurait dû partager avec ses amis. Mais c'était trop bizarre, trop anormal pour qu'il leur en parle. Il devait faire quelques petites recherches avant – histoire de ne pas se ridiculiser. Après… après, peut-être qu'il leur en parlerait.

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Dimanche 9 décembre 2018, Poudlard, 9h35

- Timothy !

La voix de son amie le sorti de ses pensées. Il prit une profonde inspiration, resserra son emprise sur le balai que l'école lui avait prêté. Doucement, il se tourna vers Hélia qui venait de l'appeler, la cherchant du regard. Il la trouva rapidement, qui avançait d'un pas vif vers lui, un homme tout aussi blond qu'elle à ses côtés. Le même qu'il avait vu lors de son premier voyage vers Poudlard.

L'homme en question était grand – vraiment très grand – et mince. Vue la température froide qui touchait le Royaume-Uni depuis plusieurs jours, il avait mis de grosses robes d'hiver qui semblaient tenir bien chaud. Tim aurait tout donné à l'instant pour pouvoir se glisser dans de pareilles robes. Il faisait un vrai froid de canard.

- Timothy ! redit Hélia en s'arrêtant face à lui. Je voulais… Je voulais te présenter mon père. Lucius Malfoy.

Tim leva la tête pour pouvoir observer le visage de Malfoy père. C'était la première fois qu'il le rencontrait, officiellement. De longs cheveux blonds, presque blancs, des traits durs, tirés et un teint pâle, comme s'il était malade. Il avait de la prestance, ça c'était sûr, mais Tim l'avait imaginé plus… moins… comme ça. Ses yeux d'un gris semblables à ceux d'Hélia le jugeaient de sa hauteur et Tim comprit que même après avoir connu trois guerres, il n'avait rien perdu de sa fierté.

- Enchanté, Lord Malfoy.

A l'orphelinat, on leur avait appris à s'adresser correctement aux personnes issues d'une famille de Sang-Pur. On leur avait répété que ça pouvait faire la différence, que ça pouvait leur ouvrir des portes. C'était un peu bête, mais Tim avait peur que Malfoy père le juge à cause de son sang-mêlé. Ce n'était que des ragots bien sûr, mais il souhaitait continuer à côtoyer Hélia et il voulait vraiment faire bonne impression à Lucius. En retour, l'homme inclina brièvement la tête en un salut silencieux. Tim s'en contenterait.

- Hélia a, semble-t-il, omis de me donner votre nom de famille, jeune homme.

- Hamilton, Lord Malfoy. Timothy Hamilton.

Les sourcils de Lucius se froncèrent et il jeta un bref regard vers sa fille.

- Hamilton… Une bonne famille de sorciers. Votre père était très prometteur. C'est étonnant qu'il se soit marié avec…

Il se stoppa net laissant le silence finir sa phrase. Un genre de sourire étira ses lèvres pour compléter son discours. Mais c'était une mimique crispée. Ça le mit mal-à-l'aise, pour une raison qui lui échappa, mais il était tellement impressionnant qu'il n'osa rien dire.

- Votre mère était une sorcière très impressionnante pour une Née-Moldue. Et de ce que j'en sais, elle était très douée pour la divination.

Toutefois, après ce compliment, Tim lui sourit, sincèrement touché. Il savait que Lucius faisait des efforts manifestes pour sa fille mais ça le touchait d'entendre que son père et sa mère avaient été des sorciers doués pour leur génération. Ça faisait plaisir – surtout quand personne d'autre n'avait pu lui parler de ses parents jusqu'à présent. Cependant, il y avait une sorte de sous-entendu dans la seconde phrase de Malfoy qu'il ne saisit pas.

- Merci, Lord Malfoy.

C'était sincère. Il ne le connaissait pas vraiment mais il avait une certaine mauvaise réputation qui le précédait. Hélia en avait d'ailleurs fait les frais en première année. Mais qui était-il pour le juger ? Hélia était fière de son père, fière de ce qu'il était. Et Tim appréciait la jeune fille. Il ne connaissait pas toute l'histoire, il ne savait pas ce qu'il s'était vraiment passé – il n'entendait que les « on dit », les rumeurs murmurées. Mais qui était-il pour lui jeter la pierre ? Après tout… il était quand même passé devant la justice et s'il était ici aujourd'hui, en tout liberté, c'était qu'Elle avait rendu un verdict positif sur le passé de Lucius Malfoy.

Le regard impénétrable du Lord balaya le petit groupe derrière lui. Tim se tourna à demi pour essayer de voir ce qui avait attiré l'attention de Malfoy père. Mais il n'y avait que l'équipe de Quidditch de Serpentard – leur match n'allait pas tarder à commencer d'ailleurs.

Lucius fit claquer sa langue contre son palais, mécontent.

- Je pense qu'il est grand temps que Serpentard reçoive un petit don de la part de la famille Malfoy. Ces balais sont vraiment… dépassés. Je pense qu'un Météore pourrait convenir. Qu'en pensez-vous Monsieur Hamilton ?

Timothy ouvrit de grands yeux. Un Météore ? Pour de vrai ? C'était le dernier balai sorti sur le marché. Le plus rapide. Le plus maniable. Le plus onéreux aussi. Est-ce que les Malfoy pouvaient vraiment faire un don d'une telle ampleur ? Sûrement, puisque les Malfoy avaient beaucoup d'argent – beaucoup, beaucoup d'argent.

- Je vais en parler avec la directrice, dès cette après-midi. En tout cas, bonne chance pour le match Monsieur Hamilton. Je suivrai avec attention le résultat. Serpentard doit gagner, nous sommes d'accord ?

- Père…

- Oui, Lord, nous sommes d'accord. Je vais faire de mon mieux.

- Je n'en doute pas, répliqua Lucius. En tout cas, Monsieur Hamilton, ce fut un plaisir. Nous risquons de nous croiser régulièrement. Je viendrai couramment voir les matchs de Serpentard et j'espère pouvoir contempler ma chère fille sur le terrain, dès l'année prochaine.

Il se tourna vers sa fille, cette fois-ci un sourire sincère accroché à ses lèvres. Il se pencha, posa un baiser sur le front dégagé d'Hélia. Tim détourna les yeux brièvement, mal-à-l'aise face à cette démonstration d'affection. Il n'avait pas pensé pas que Lucius Malfoy serait aussi démonstratif avec sa fille devant témoin, mais visiblement il s'était trompé.

- Hélia je vais aller rejoindre ta directrice, elle me réserve toujours une place près d'elle. Je te vois plus tard.

Dans un tournoiement de cape et de robes, le patriarche Malfoy se détourna d'eux pour se frayer un chemin vers les gradins. Hélia le regarda partir, des étoiles dans les yeux.

- Il est vraiment extraordinaire, dit-elle pleine d'admiration.

C'était mignon. Lucius était vraiment son héros. Tim aurait aimé avoir ce genre d'admiration pour son père – et même s'il était fier de lui, il ne le connaissait pas, il ne le côtoyait pas. Ron Weasley lui avait enlevé son héros et il était tellement énervé pour ça, pour cette injustice.

- Il vient souvent voir des matchs amateurs de Quidditch ?

- Oui, il a rendez-vous avec la directrice après donc il en profite pour regarder l'équipe de Serpentard. Il aime beaucoup le Quidditch.

- Il sera vraiment fier quand tu joueras dans l'équipe l'année prochaine.

Elle le regarda, une petite moue dubitative sur le visage. Tim la trouva trop mignonne, pendant un instant, elle sembla douter d'elle alors que l'aristocrate ne montrait jamais qu'elle doutait de quoi que ce fût. Tim en fut étonné et diablement touché parce qu'elle était suffisamment à l'aise avec lui pour lui montrer ce qu'elle n'aurait jamais osé montrer à qui que ce fût auparavant.

- Encore faut-il que je sois prise.

- Douterais-tu de toi, Malfoy ? la taquina-t-il, gentiment.

Elle lui donna un coup de poing dans l'épaule, de façon très peu aristocratique. Il rigola en se frottant le bras, comme si elle lui avait fait mal alors qu'il avait à peine senti sa faible frappe. Il fut fier de la voir se retenir de sourire, visiblement heureuse.

- Jamais de la vie.

Elle se détourna de lui, le menton haut, les épaules basses dans une attitude fière presque hautaine. Elle fit quelques pas vers les gradins, se retourna à demi vers lui et lui cria :

- Tu as intérêt à attraper ce Vif d'Or, Timothy Hamilton.

- Oui, princesse Malfoy, à vos ordres.

Elle lui tira la langue dans une attitude à vingt mille lieux de son éducation aristocratique. Mais il y avait de la joie dans les yeux. De la joie et une amitié qui se forgeait au fur et à mesure des mois qui passaient. Dans ses gestes, dans ses paroles, dans sa manière de les chercher du regard quand ils étaient loin d'elle. Hélia était devenue importante – comme Savannah, comme Andreas, comme Orphy. Ils faisaient tous partie de sa vie et, sans eux, rien ne serait pareil. Tim lui répondit par un signe de la main puis retourna près de l'équipe vert et argent, la peur au ventre mais excité en espérant que le match se passerait pour le mieux. Il voulait que ses amis soient fiers de lui – et ses parents aussi, même s'ils le regardaient d'un autre monde.

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Boooon... Ca fait longtemps... Je suis désolée ! J'ai eu un soucis avec ce chapitre... Mais il est là... Je suis désolée aussi parce que je me rappelle pas si j'ai répondu aux commentaires reçus sur le précédent chapitre mais sachez que ça me fait énormément plaisir et que je lis absolument toutes les reviews ! Merci à vous ! A bientôt !