Chapitre 3
Les policiers étaient arrivés au point de rendez-vous près d'une heure trente à l'avance ce qui leur avait permis de repérer les lieux et de se coordonner avec les officiers en civil de la police locale.
La presqu'île était reliée au continent par six ponts, tous surveillés par des policiers invisibles aux yeux des usagers. Lucy était quant à elle un éléphant mécanique installé au bord de la plage et qui permettait un accès facile depuis la mer.
Il avait été décidé que Steve et Matt attendraient chacun de leur côté sur la plage. John et Carlos s'étaient installés dans le ventre de l'éléphant qui était une petite salle des machines. Des policiers en civil parcouraient le remblai alors que d'autres lisaient un livre sur la plage.
Le piège était en place lorsque dix minutes avant l'heure du rendez-vous, un énorme orage éclata. Les policiers sur la plage furent forcés de se replier ainsi que ceux qui prétendaient se promener sur le remblai. Steve et Matt se retrouvèrent sous l'éléphant, le premier échangeant avec Kono sur son téléphone, le second faisant les cent pas pour évacuer son stress. Les dernières minutes avant l'heure du rendez-vous leur semblèrent durer une éternité. La pluie battante diminuait beaucoup leur visibilité et créait un boucan d'enfer sur la structure de l'éléphant. John et Carlos, à l'intérieur de Lucy, n'entendaient rien d'autre que le fracas des gouttes et les coups de tonnerre.
Steve fut le premier à entendre un bruit de moteur provenant de la plage et envoya un message à ses coéquipiers pour les prévenir, il fallut attendre presque une minute supplémentaire pour qu'il devine deux scooters des mers en approche, chacun avec deux passagers, .
Les policiers en civil tentèrent une approche, l'un en téléphonant sous un parapluie, un autre en courant ranger le matériel de plage abandonné sur le sable.
"MCGARRETT ! Ta vie contre la leur !" Hurla un des hommes qui venait d'arriver.
"Ce ne sont pas eux." dit Carlos, qui avait bien observé les silhouettes des prisonniers, à John.
"Steve !" Cria alors le plus âgé, mais c'était trop tard.
Le commandant avait déjà fait un pas en avant. Le son de la mitrailleuse retentit, suivi par plusieurs plaintes de douleurs.
Les deux policiers planqués réagirent au quart de tour, Carlos ouvrit la trappe située au milieu du ventre de l'animal alors que John se précipitait dans la tête. Le plus jeune, surpris par la mise en branle de Lucy, laissa tomber une échelle de corde qu'il avait trouvé à côté de l'ouverture, attachée au sol en étouffant un juron. Il se rattrapa aux bords de la trappe pour ne pas tomber et aida Matt à entrer, l'homme tremblait et semblait au bord de la panique.
Steve lui s'était couché au moment où les premiers tirs avaient retenti et avait rampé pour s'abriter derrière une des pattes de l'éléphant. Lorsque celui-ci s'était mis en marche, il s'était accroché à son immense jambe et avait souri en réalisant qu'un de ses coéquipiers avait le même genre d'idées que lui-même pourrait avoir. Il perdit cependant vite son sourire, il avait bien remarqué que les silhouettes sur les jet skis ne pouvaient en aucun cas être celles de Danny et de TK et craignait pour la vie des deux hommes, avec les tirs il craignait à présent aussi pour celles des passagers quels qu'ils soient.
Carlos tituba au rythme des pas géants pour rejoindre McClane qui semblait s'éclater comme un gamin.
"Ne va pas dans l'eau, hein ! lui cria-t-il.
- T'inquiète donc pas, je vais juste jouer au bowling !" répondit-il en faisant valser l'énorme trompe de gauche à droite.
Il arrêta la machine juste avant qu'elle n'entre dans la mer, mais lui fit continuer de donner des coups de trompe.
"Strike !" cria John après avoir renversé les occupants des jet skis.
Carlos se précipita à la trappe, se laissa glisser le long de l'échelle et se jeta dans l'eau pour aider la plus petite des deux silhouettes encapuchonnées à garder la tête hors de l'eau.
Steve lui aussi avait bondi dès que les tireurs avaient été jetés à l'eau et avait immobilisé l'un des deux avec efficacité avant de le ramener sur la plage, John s'était occupé de l'autre.
Carlos ramena une petite fille d'environ neuf ans sur la plage et la confia à son père avant d'aller aider la femme à sortir de l'eau, toutes deux allaient bien.
Les équipes de police sortirent de leurs abris pour aller aider leurs deux collègues qui avaient été touchés dans les échanges et les otages libérées. Steve, John et Carlos eux se concentrèrent sur les deux malfrats agenouillés sur la plage.
"Où sont Danny et TK ?"demanda Steve en prenant un des deux par le col de sa veste.
Il savait qu'il ne pouvait pas autant dépasser les limites qu'il le faisait à Hawaï, mais il demanderait à John et Carlos de partir si besoin.
Le gars avait la carrure et le visage d'un vieil ours mal léché, la bouche et le côté gauche du visage en sang. Il envoya un crachat ensanglanté à Steve avant de lui faire un grand sourire rouge qui fit trembler le commandant de rage et d'angoisse. Sans délicatesse, il se mit à faire les poches de l'homme pendant que John demandait à son comparse s'il avait quelque chose à dire.
"Ils doivent être morts maintenant." répondit ce dernier avec un sourire mauvais.
Steve fut à deux doigts d'aller mettre son poing dans le visage de cet imbécile alors que Carlos prenait ses propos comme un coup de poing, mais John ne se laissa pas déstabiliser.
"Comment ? Où sont leurs corps ?
- Jamais vous ne les retrouverez." répondit l'homme que Steve fouillait.
Le militaire ne retint pas son coup cette fois, ce qui ne provoqua qu'un rire mauvais et des éclaboussures de sang. Il posa son genou sur la poitrine de ce fou et reprit ses recherches pour trouver cette fois un téléphone portable qu'il lança à Carlos.
Le jeune homme le déverrouilla grâce au pouce de son propriétaire et alla en premier dans les messages. Son cœur battait à toute allure, il redoutait de trouver la preuve de la mort de TK, mais sans elle, il n'y croirait pas et chercherait son fiancé sans cesse.
"A 4h30, il a reçu un message disant : paquet +1 récupérés, informa Carlos qui avait vite trouvé ce qu'il cherchait. Puis à midi : en mer, RAS. Et un dernier : RDV confirmé."
"C'était où ce rendez-vous ? demanda Steve qui avait terminé de faire les poches au ravisseur.
- Tu devrais le savoir.
- Pourquoi ils ne sont pas là ?
- On te l'a dit, ils sont morts."
Hors de lui, le militaire saisit l'homme par le col et l'envoya la tête la première dans la mer. Carlos fut sur lui en une seconde.
"Eh, tu comptes faire quoi là ?
- Jouer avec leurs règles, répondit Steve avant de replonger la tête de l'homme dans l'eau.
- Parce que tu crois que ceux qui sont responsables de tout ça en ont quelque chose à faire d'eux ?
- Non, mais lui il le sait et ne va pas vouloir mourir pour eux."
Il laissa sa victime respirer alors qu'il continuait d'argumenter avec Carlos. Pendant ce temps, John avait fouillé son prisonnier, récupéré sa carte d'identité et en avait envoyé une photo à Kono.
"Tu veux rejoindre ton pote dans l'eau ?
- Elle est bonne…
- Un peu trop salée à mon goût, mais si elle te plaît…"
Il le saisit par le bras et amorça le mouvement pour lui faire rejoindre son collègue dans l'eau, mais s'arrêta quand ses protestations se firent entendre.
"Oh, lâche-moi ! ça va !
- Tu as des choses à me dire ?
- Une autre équipe devait nous rejoindre ici, mais ils ne donnent plus de nouvelles depuis que l'orage a éclaté.
- Pour qui vous bossez ?
- J'ai pas de nom.
- Comment tu reçois tes ordres ?
- Par Claynes." dit-il en désignant son collègue toujours à moitié dans l'eau.
John fit signe à des policiers d'embarquer son suspect et s'approcha de Steve et Carlos, toujours en plein débat. Il n'eut pas le temps d'intervenir, coupé par son téléphone portable.
"McClane.
- C'est Kono, alors votre ami est connu pour travailler avec un certain Claynes Voltz.
- Oui, je crois que c'est celui que Steve a pêché.
- Je vois, ne laissez pas Steve le noyer, il n'est qu'un homme de main. Ils se font engager pour faire le sale boulot.
- Une idée de qui les a engagés ?
- Vous devriez rendre visite à un certain Victor Nabbels. Je vous envoie les adresses que j'ai.
- Merci."
John raccrocha, regarda les énergumènes qui ne trouvait pas d'accord, récupéra leur suspect sans leur demander leur avis et le confia à un agent alors que le silence se faisait enfin.
"Si vous avez terminé, Kono nous a trouvé une piste : un homme qui aurait pu embaucher ces deux clowns."
Steve regarda son téléphone et constata le message de sa partenaire qu'il rappela en se dirigeant vers les motos.
"Kono, Danny et TK étaient sur un bateau, est-ce que tu peux voir avec les gardes-côte si une vedette aurait pu être accidentée ? Merci"
La boule au ventre et légèrement tendus, Carlos et Steve montèrent sur leurs motos sans s'adresser la parole alors que John souriait en se disant qu'il n'allait pas s'ennuyer avec ces deux-là.
