Note de l'Autrice : Bonjour ! Voici l'avant-dernier chapitre de la partie 2 aux couleurs des Maraudeurs. Le prochain chapitre arrivera dans 2 semaines. Puis, je reviendrai début 2024 pour la partie finale des aventures de notre brun à lunettes et son tuteur (ainsi que tous leurs amis et ennemis).
Réponse à Elia : Merci pour ton commentaire. J'ai adoré écrire cette scène à la fête foraine. A vrai dire, les vacances ont clairement été décidées par le Severus qui vit dans ma tête haha.
Bonne lecture tout le monde !
Partie 2 - Chapitre 37
La lumière aveuglante des flashs le déstabilisa un court instant.
Il devrait s'y faire.
Le mélange d'odeur de parfum, de sueur et des appareils photos des journalistes le prit à la tête. Ce fut lorsque Albus Dumbledore lui attrapa le bras pour fuir vers une porte dérobée que Sirius Black retrouva son ouïe, éclatant par la même occasion la bulle de coton dans laquelle il se trouvait quelques minutes plus tôt.
Il perçut au loin les cris des journalistes.
- Qu'allez-vous faire en tant qu'homme libre ?
- Y'a-t-il une femme dans votre vie ?
- Etes-vous soulagé de votre jugement ?
- Qu'allez-vous manger en rentrant chez vous ?
- Comment allez-vous payer votre amende pour avoir été un animagus non déclaré ?
- Que pensez-vous de la condamnation à mort de Pettigrow ?
La porte claqua et le tourbillon s'arrêta. Sirius souffla de soulagement. Autour de lui, dans ce minuscule bureau du Ministère de la Magie, trois personnes l'observaient dans un silence religieux : Albus Dumbledore, grand et imposant, Nymphadora Tonks, cousine déterminée qui lui avait offert toute sa confiance et Remus Lupin dont aucun mot n'aurait été assez fort pour le décrire en cet instant.
Tous les trois le regardaient, l'air soulagé.
Le procès avait duré une semaine mais Sirius avait l'impression qu'il avait vieilli de dix ans. Sa vie entière avait été passée au peigne fin. Il avait fallu l'aide de Dumbledore et de Remus pour qu'il n'explose pas de colère en plein procès. Les mots d'Albus combinés aux regards confiants de Remus l'avaient apaisé. Juste le temps de tenir bon.
Et puis finalement, les preuves étaient beaucoup trop évidentes concernant Peter Pettigrow. Son avocat avait tenté de plaider l'inconscience et la jeunesse. Il avait même essayé de faire porter la faute sur Sirius. Mais l'opinion publique se trouvait majoritairement du côté de Sirius : enfermé à tort, beau - ce n'était pas lui qui le disait mais Sorcière Hebdo -, parrain de Harry Potter… Les choses étaient telles que son innocence était déjà validée.
Cependant, le Ministère de la Magie avait chaud au chaudron. Et la justice ne s'accorde pas toujours avec la morale.
Pour s'être évadé d'Azkaban en tant qu'Animagus non déclaré, Sirius risquait gros. Mais dès lors qu'il était acté que Sirius avait été enfermé à tort, le Ministère ne pouvait décemment pas le remettre en prison. C'est ce que lui avait répété Dumbledore, Tonks et Remus.
- Les gens sont de ton côté Sirius, ne t'inquiète pas, lui avait dit Remus. S'ils t'enferment, c'est une révolution de la population sorcière qui attend le Ministère.
- Je ne veux pas retourner à Azkaban… Je ne veux pas…, avait-il bégayé dans un souffle d'angoisse.
Remus lui avait alors saisi la main et Sirius l'avait serré de toutes ses forces, incapable de parler.
Puis, Albus Dumbledore avait pris la parole. A cet instant, toute la salle s'était tue. On aurait pu entendre un lutin de Cornouailles voler. La voix puissante et imposante, le directeur de Poudlard et avocat d'un jour avait démonté les arguments de la défense un à un. Puis, il avait présenté des témoignages.
Le juge avait bien tenté d'évoquer le fait que les témoins étaient des amis de Sirius mais Albus Dumbledore avait sorti sa carte Joker.
Sirius lui-même en était tombé des nues.
Si on lui avait dit que Severus Rogue avait laissé un courrier témoignant de la bonne foi de Sirius, il aurait eu le plus grand fou-rire de toute sa vie. Et pourtant, Albus Dumbledore avait présenté le document tel le Saint-Graal. Le témoignage était édifiant. Sirius avait eu l'occasion à plusieurs reprises d'attaquer Harry au cours de l'année puisque l'enfant passait du temps avec son parrain sans le savoir. Mais Sirius n'avait rien fait, parce qu'il était innocent. Et surtout, Severus Rogue avait été témoin des aveux de Peter ce soir de pleine lune. Et tout cela, Severus Rogue l'avait couché sur papier dans les règles de la justice magique.
L'animosité entre Rogue et Sirius était connue de tout ceux ayant vécu à Poudlard dans les années soixante-dix.
Le directeur de Poudlard avait envoyé un clin d'œil à Sirius, l'air de dire "c'est dans la poche". Peter avait viré au blanc pâle puis au vert puis au gris.
La délibération fut rapide. Sirius était innocenté de tout lien avec Lord Voldemort et d'une quelconque trahison envers les Potter. Remus avait sauté dans ses bras, Tonks et Dumbledore souriaient.
Peter Pettigrow avait hurlé lorsque la sentence ultime avait été prononcée. Un cri déchirant qui sortait de ses entrailles.
A partir de cet instant, Sirius s'était déconnecté du monde. Il avait hoché la tête face aux questions des journalistes, laissant Dumbledore parler pour deux.
Et désormais, il se trouvait au milieu de cette pièce avec son unique ami restant et cette cousine qui s'était accrochée à lui depuis le premier jour où leurs regards s'étaient croisés, telle la petite sœur admirative qu'il n'avait jamais eu.
- On a une surprise pour toi, dit Tonks.
- Ah ?
- Avec tout ce qu'on s'est dit cette semaine, on pensait que cela te ferait plaisir, poursuivit la jeune femme dont les cheveux avaient pris une couleur fushia.
- Je vais vous laisser, déclara Albus Dumbledore d'un ton léger. A plus tard Sirius.
Son regard brillant et pénétrant salua l'assemblée et l'homme transplana.
Remus et Tonks échangèrent un regard chargé d'impatience. Sirius aurait aimé se joindre à eux mais pour le moment, il n'était qu'une coquille vide.
Il laissa sa cousine lui prendre le bras. La sensation d'écrasement le prit aussitôt, signe qu'ils transplanait en compagnie de ses amis.
Ce fut l'odeur de l'herbe fraîche et le vent tiède de ce début de mois de juillet qui l'intrigua. Il observa autour de lui. La campagne anglaise s'étendait à perte de vue. Le gigantesque espace, vert et boisé, qui se déployait sous ses yeux, envoya un souffle frais à Sirius. Au bout d'une petite pente, un moulin surplombait les lieux.
- Dumbledore a dégoté ce lieux pour nous, expliqua Remus. Bien sûr, tu pourras partir aussitôt que tu le voudras mais… Enfin voilà… C'était en attendant que tout cela se calme.
Remus avait toujours eu le don de bafouiller dès lors qu'il proposait quelque chose, encore hanté par ce manque de confiance en lui. Sirius s'en amusait beaucoup à l'époque. Cette fois, il lui offrit juste un sourire franc et sincère. Son ami était là et il avait gagné une cousine en guise de famille.
Finalement, ce vide qu'il ressentait depuis la fin du jugement pourrait sûrement être comblé. Après tout, Remus avait toujours été l'étoile de Sirius.
oOo
Peter Pettigrow était un Survivant.
Pas comme Potter. Pas comme Sirius. Mais un Survivant quand même.
Il le savait depuis le jour où cette petite bestiole avait quitté son subconscient pour se présenter à lui. Merlin ce qu'il avait eu honte ce jour-là !
Déjà qu'il freinait les autres depuis plusieurs semaines, incapable de trouver son animal intérieur, voilà maintenant qu'à côté du Cerf et du Chien de la nuit, il se trouvait n'être qu'un simple rat.
Mais ses amis l'avaient au contraire félicité : il pourrait atteindre le Saule Cogneur facilement, le rat était un animal dont l'instinct de survie dépassait tout et Remus avait même assuré que le rat guérissait.
- Il était un temps où on consommait ses crottes avec du citron et du miel pour favoriser la repousse des cheveux, avait-il dit avec douceur.
Ils avaient tous rigolé et Peter avait dédramatisé la situation. Après tout, il s'en était toujours bien sorti dans la vie.
Merlin ce que son existence était douce à cette époque ! Lui qui n'avait pas connu son père et avait été étouffé par sa mère hypocondriaque avait des amis forts et populaires. James et Sirius n'avaient peur de rien. Pas même de la mort.
A cette pensée, Peter se ratatina sur son banc.
La cellule du Ministère de la Magie était dépourvue de fenêtre, empêchant les prisonniers de se repérer dans le temps et l'espace. Aux yeux de certains sorciers, ce n'était pas bien grave. Mais pas aux yeux de Peter.
Il avait toujours su à quel point la prison était un lieu épouvantable. Presque pire que la mort.
Cela faisait bien longtemps qu'elle ne l'avait pas hantée et voilà qu'elle se faufilait dans chacune de ses pensées. Comme pour lui dire qu'elle le suivait depuis le début et qu'ils se retrouveraient bien vite.
La mort. La mort. La mort.
Douce ennemie. Souvent crainte, jamais oubliée.
Elle se tenait désormais en face de lui, prête à l'emmener très loin, pour une rédemption ultime.
Et c'était bien parce qu'il avait tenté de la fuir à tout prix qu'il se retrouvait dans cette cellule.
Le leitmotiv de Peter était la survie depuis que son père avait claqué la porte un certain soir de noël alors qu'il n'avait que trois ans.
Sa mère lui avait dit qu'ils s'en sortiraient tous les deux. Ils avaient volé dans les magasins, trafiqué quelques potions pour les revendre au marché noir et construit leur petit cocon l'un et l'autre. Maman et Peter.
- La mort ne viendra pas te chercher ici mon Peter, disait-elle tous les soirs. Promets moi de tout faire pour t'en sortir.
Peter avait promis.
Et Merlin comme il s'était bien débrouillé !
Au sein des plus populaires de l'école puis membre de l'Ordre du Phénix.
Mais Peter savait sentir le vent tourner. Au sein de l'Ordre, la sécurité s'était faite plus rare et le danger rôdait à chaque coin de rue. Les vainqueurs n'étaient pas forcément ceux que Peter avait toujours admiré.
Alors lorsque le Lord Noir était apparu à sa porte pour le recruter, Peter avait mis peu de temps avant de s'agenouiller. Car il avait toujours tout fait pour survivre.
Le Seigneur des Ténèbres dégageait une aura qu'aucun autre sorcier ne possédait. Puissant, inarrêtable, brisant toutes les barrières dont les sorciers lambdas n'osaient à peine rêver. Peter était totalement tombé à genoux devant ce puissant sorcier qui posait le regard sur lui.
Et pendant que Dumbledore lui donnait des missions sommaires, Peter faisait connaissance avec le Seigneur des Ténèbres.
- Tu seras mon espion et lorsque je serai au sommet, tu auras une place toute particulière, avait-il dit, flatteur et rassurant.
Peter avait suivi l'homme comme un fils suit son père. Pour sa survie. Comme il avait promis.
.
- Pettigrow ! Déjeuner ! Après ça, on décolle dans une heure pour Azkaban ! Tiens-toi prêt !
Un plateau repas passa à travers la trappe qui se referma aussi sec. Du pain rance, un peu de beurre et un verre d'eau. Peter en conclut que c'était le matin.
Il avait presque hâte d'aller à Azkaban. Au moins, il verrait le jour, juste quelques instants, et il pourrait connaître l'heure. Il aurait aimé parler à son avocat mais ce dernier l'avait lâché dès lors que la condamnation avait été déclarée. Il lui avait simplement expliqué que sa condamnation à mort lui serait annoncée à la dernière minute avant de lui souhaiter du courage en tournant les talons.
Un départ pour Azkaban était le signe qu'il s'approchait un peu plus de la faucheuse.
Remus et Sirius viendraient-ils le voir ? Le voulait-il seulement ?
Agacé, il croqua dans son bout de pain sans saveur.
L'un des Aurors lui avait conseillé de profiter des repas du Ministère. Bientôt, ce serait bien pire…
Épuisé, il s'endormit.
Lorsqu'on le gifla pour qu'il se lève, Peter aurait pu jurer qu'il ne dormait que depuis quelques minutes. Confus, il sentit deux paires de mains le soulever de son banc de pierre.
- Tu vas voir Pettigrow, tu vas aimer Azkaban ! Et maintenant que ton ancien copain s'est échappé, aucun risque pour que tu fasses la même chose ! Allez gros sac, avance !
Les mots le touchèrent en plein cœur mais il ne dit rien, cherchant à tout prix à voir le ciel, au moins une dernière fois.
oOo
Remus avait terminé de préparer la chambre de Sirius. Après une visite sommaire des lieux, il avait proposé à son ami de s'installer dans le salon et de se détendre pendant qu'il arrangeait les chambres.
Il connaissait suffisamment Sirius pour remarquer lorsqu'il était perdu et épuisé. Tous ces évènements en si peu de temps bouleversaient le monde sorcier mais personne ne pouvait se mettre à la place de Sirius.
Tantôt trahi, détesté puis idolâtré… Aucun homme ne pouvait en sortir indemne. Mais Remus était là pour Sirius. Sans compter Tonks qui se montrait rayonnante et d'un soutien sans faille pour son cousin. Et puis bien sûr, Albus qui avait trouvé ce moulin.
Le soir où Remus avait été dire au directeur de Poudlard qu'il ne reprendrait pas ses fonctions, l'homme n'avait pas paru surpris. Il lui avait proposé un pied-à-terre, lui assurant qu'avec les économies réalisées à Poudlard, Remus pouvait payer le loyer à la propriétaire qui se reposait à Ste Mangouste. Le directeur avait habilement suggéré que Sirius aurait aussi besoin d'un toit une fois innocenté.
Remus avait mouliné encore et encore. Sirius voudrait-il être son colocataire d'un jour ? N'était-il pas en colère contre lui ?
Mais ses inquiétudes s'effacèrent rapidement. Parce que Sirius restait Sirius. Franc, joyeux, bienveillant.
Et lors de cette semaine de procès, alors que Remus venait voir tous les jours son ami, il paraissait évident pour le brun qu'ils ne se lâcheraient pas à sa sortie.
- Hors de question que j'aille vivre à Londres dans l'ancienne maison de mes géniteurs, avait-il dit en début de semaine.
Mais Remus avait été anxieux malgré tout à l'idée de lui proposer de venir au Moulin. Pourtant, même si Sirius paraissait un peu éteint, cela semblait naturel pour lui de rester avec Remus. Le loup-garou avait la sensation d'être une bouée de sauvetage pour son ami qui demeurait perdu dans cette nouvelle vie.
Remus descendit les marches. Sirius n'avait pas bougé d'un pouce et observait la pièce autour de lui.
- Les meubles étaient déjà comme ça quand je suis arrivé, expliqua Remus avant de s'installer en face de lui.
Merlin que son visage lui avait manqué… Il en avait presque oublié à quel point il était beau.
- C'est vraiment grand ici, déclara Sirius. Ça va me changer de ma cellule à Azkaban. Combien y a-t-il de chambres déjà ?
- Sept chambres au total.
- Dumbledore compte te mettre à la tête d'un camp d'été ou quoi ?
- Arrête tes bêtises, rigola doucement Remus. Où est Tonks ?
- Dans la cuisine, répondit Sirius. Elle est un chouilla hyperactive, la petite cousine. Elle m'a parlé de sa mère et à quel point elle avait hâte de m'inviter.
- Qu'as-tu répondu ?
- Que c'était d'accord mais pas sans toi.
Sirius planta un regard taquin dans celui de Remus. Ce genre de regard qui avait toujours eu le don de le déstabiliser. Puis, il explosa de rire.
- On a du temps à rattraper, c'est moi qui te le dit !
- A table ! lança Tonks.
Ils dînèrent tous les trois sur la terrasse du jardin, admirant le coucher du soleil. Ils ignorèrent les dernières heures du procès, préférant se concentrer sur le Moulin, les travaux à envisager, la météo, le travail de Tonks.
- Que vas-tu faire à la rentrée Remus ? demanda alors la jeune femme.
- Et bien maintenant que ma lycanthropie a été révélée au grand jour lors du procès, je n'ai pas vraiment d'idée… Mais ça va être compliqué pour moi.
- Désolé pour ça Remus, dit Sirius d'un air penaud.
Le loup-garou haussa les épaules l'air de dire "ça allait bien se savoir un jour". C'était à peine s'il n'était pas soulagé de ne plus porter ce secret en lui. De toute façon, avec Sirius à ses côtés, il n'y avait plus rien qui l'effrayait.
- Il faudra bien qu'on se nourrisse alors je vais réfléchir sérieusement à ce que je pourrai faire.
- Pourquoi pas un travail en indépendant ? suggéra Tonks.
- Rogue me l'a suggéré.
Sirius grimaça. Même si l'eau avait coulé sous les ponts, les vieilles habitudes demeuraient. Remus préféra ignorer son ami sur ce point là pour le moment. C'était le premier soir de liberté pour Sirius.
- Le problème c'est que même en indépendant, il n'est pas dit que les gens ne freinent pas des quatre fers en voyant mon nom…
- On trouvera un truc à faire ensemble ! déclara Sirius. Pas vrai mon pote ?
La claque que lui asséna son ami permit à Remus de cacher son trouble. Faire équipe avec Sirius et monter un projet ? Il eut presque envie de débuter une danse de la joie.
Tonks s'en alla à la tombée de la nuit. Remus et Sirius sirotaient leur thé dans le salon. La fenêtre grande ouverte laissait passer un vent frais bienvenue.
Chacun resta silencieux pendant de longues minutes, appréciant la paix et le soulagement qu'avait apporté cette journée.
Sirius attrapait son quatrième carré de chocolat lorsque Remus s'autorisa à le taquiner gentiment :
- Molo sur les chocogrenouilles où le magnifique chien noir risque de se transformer en ours.
Sirius émit un bruit amusé.
- Tu n'as même pas idée à quel point tout ça m'avait manqué. Le chocolat, le calme, un dîner copieux, être avec ses amis… C'est presque irréel.
- Les choses reviendront naturellement tu verras.
- Je sais, répondit Sirius l'air pensif. Te souviens-tu du jour où j'ai découvert mon Animagus ?
- Comment oublier ça Patmol… Tu avais fait un cirque comme quoi tu portais malheur alors que tu étais, selon tes dires, le gars le plus hilarant de Poudlard. Un véritable dramaturge !
- Hé ! Je ne te permets pas ! J'avais parfaitement le droit d'être déstabilisé. M'enfin, quand on a vu ce que Peter était quelques semaines plus tard…
- Dire que je l'avais rassuré à ce sujet.
Ils ne dirent plus rien pendant de longues minutes. Un flottement chargé de malaise et de tristesse s'installa dans la pièce. Aucun des deux ne pouvaient le dire à voix haute mais ils savaient aussi bien l'un que l'autre qu'ils étaient passés à côté de quelque chose concernant Peter.
Mais c'était bien trop tôt pour en parler. Comme si le simple fait d'évoquer la trahison de Peter allait les renvoyer au procès.
- Au fait, tu aurais du papier et une plume ? demanda Sirius, le regard illuminé par une idée.
- Dans le bureau. C'est chez toi ici. Enfin aussi longtemps que tu le souhaites.
Remus sentit ses joues chauffer et il se précipita sur sa tasse de thé pour boire, cachant du mieux qu'il le put son malaise. Pourquoi fallait-il toujours qu'il ressente cette peur dès qu'il proposait à Sirius de rester un peu plus longtemps ? C'était immature et stupide !
Et s'il avait dans sa tête un millier de sous-entendus, Sirius ne pouvait pas le savoir. Il avait su cacher sa lycanthropie, il pouvait bien cacher ses sentiments pour son ami. Et puis à bien y réfléchir… Avait-il encore les mêmes sentiments qu'à l'époque de l'Ordre du Phénix ?
Sirius se leva et passa une main lasse dans ses cheveux.
- J'aimerais écrire une lettre à Harry et lui proposer de venir dès qu'il le souhaite, expliqua Sirius. Euh… La terre appelle Remus !
- Hein ? Ah…
- Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ? J'ai un truc sur le nez ?
- Non, non. Excuse-moi, je réfléchissais. Tu disais ?
Sirius mit les poings sur ses hanches, inclina la tête dans un sourire taquin accompagné d'un regard rieur.
- Toujours autant dans la lune mon Lunard ! Je disais que je vais écrire à Harry pour qu'il vienne ici. Tu es d'accord ?
- Oui. Mais il faudra l'accord de son tuteur.
Le regard gris de l'ancien prisonnier devint dur comme du métal. Remus leva les mains en l'air en signe d'apaisement mais il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche afin d'expliquer le fond de sa pensée.
- Rogue n'a pas à me donner l'autorisation de voir mon filleul !
- Certes mais il vaudrait mieux être en bons termes, tu ne crois pas ?
Sirius serra les mâchoires, emprunt d'une dualité que Remus ne pouvait que comprendre.
- Pourquoi est-ce que tu n'as pas été le chercher à l'époque ? Après la mort de James et Lily. Tu aurais pu aller le chercher et ça nous aurait évité tout ça.
Les mots perforèrent le cœur de Remus comme des flèches. Il aurait aimé lui expliquer et lui dire qu'il ne pouvait pas le faire… Mais il connaissait trop bien Sirius pour savoir qu'aucune des justifications qu'il lui donnerait ne serait valable.
Il était lâche et il le savait.
- Laisse tomber. Je vais écrire ma lettre.
- Attends Sirius ! s'exclama Remus en se levant et s'avançant vers son ami. Je… Je suis désolé. Je n'ai pas d'excuse. Aucune qui ne tiendra la route. Et je suis navré de t'avoir cru coupable… Pardon. Mais on peut sûrement recommencer sur de bonnes bases tous les deux, non ?
Ses mains tremblaient. Si Sirius le rejetait, il irait directement se noyer dans la rivière derrière le Moulin.
Mais Sirius soupira, retrouvant son regard malicieux.
- Inutile d'être aussi mélodramatique, Lunard. La vie est courte, n'est-ce pas ? Et il y a déjà eu trop de pertes depuis cette guerre. Alors on va tâcher de profiter du bon temps.
- T'as raison, dit Remus la bouche sèche et le cœur tambourinant dans sa cage thoracique.
- Je vais demander à ce que Harry vienne pour son anniversaire. Et pour faire bonne figure, je vais même proposer à Rogue de venir. T'as vu ? Je deviens sage, n'est-ce pas ?
Remus se contenta d'opiner du chef puis Sirius éclata de rire, doux son aux oreilles du loup-garou.
- Et avant l'arrivée de Harry, je vais profiter de la vie. Et ça commencera dès demain !
- Comment ça ? demanda Remus sur ses gardes. Je n'aime pas du tout ce regard…
- Dis-moi Lunard, ça fait combien de temps que tu n'as pas été dans un bar pour draguer et boire des coups ?
Remus vira cramoisi et, amusé, Sirius aboya de rire avant de filer dans le bureau. Décidément, l'abondance de chocogrenouille aidait le naturel à revenir au galop…
oOo
La première chose que constata Peter était qu'il régnait un froid glacial à Azkaban. Ensuite, il remarqua que le silence n'existait plus dans cet endroit. Les cris, les pleurs, la mer démontée se perdaient dans les abîmes de la prison. Tout semblait chaotique et vide et au bout du premier jour, Peter comprit que le jour ne se lèverait jamais.
Il était impossible pour lui de se transformer en rat.
Puis, Peter ne put rien faire d'autre que pleurer. Pleurer pour sa mère qu'il n'avait plus jamais revue, pleurer pour sa vie qu'il n'avait pas réussi à sauver, pleurer pour lui. C'est tout ce qu'il parvint à faire lors de son deuxième jour à Azkaban.
Les détraqueurs avaient ordre de ne pas trop aspirer son âme. Sa mise à mort devait être un parfait spectacle et s'il était déjà qu'une coquille vide, cela ne valait pas le coup…
Le troisième jour, il attendit que le temps passe, priant à la fois pour qu'il s'endorme vite et en même temps pour repousser son rendez-vous avec la mort.
A Azkaban, plus que nulle part ailleurs, la faucheuse semblait se cacher dans chaque recoin de la pièce, savourant le spectacle sous ses yeux et se délectant du prochain repas qui l'attendait.
Jamais Peter n'avait fait autant de cauchemar. Il s'en fit la réflexion lors de son quatrième jour dans cette prison maudite.
Le lendemain matin, l'ombre de James apparut au coin de sa cellule. Le James de onze ans, lunettes rondes et sourire taquin. Il lui tendait la main. L'emmenait-il dans le train de l'amitié ? Ou l'emportait-il avec lui de l'autre côté ?
- C'est donc le cinquième jour que je deviens fou, dit-il dans un marmonnement. Ma foi mon pauvre Peter, tu l'as toujours plus ou moins été…
Encore une nuit passa et le sixième jour, le corps entier de Peter le brûla. Il avait mal partout. Les muscles engourdis et les os défraîchis. Il n'arrivait même plus à se lever pour aller jusqu'aux toilettes. Il se sentit seul, désespérément seul. Même James avait disparu.
Il essaya de crier mais les grincements de dents des autres prisonniers couvraient sa voix. Il essaya de pleurer, mais sa gorge était comme enserrée dans des barbelés.
Peter s'écroula un peu plus sur ce banc de pierre. Le pantalon souillé, la sueur comme une deuxième peau, la peur s'échappant à chaque râle de douleur.
Tout homme parfaitement constitué aurait supplié pour que tout cela s'arrête, invitant la mort comme une vieille amie à sa table.
Mais Peter n'était pas un homme parfaitement constitué.
Il dormit tout le septième jour. Priant pour trouver un moyen de sortir d'ici.
Quoiqu'il en coûte.
oOo
Après une semaine au Moulin, Sirius avait pris ses marques.
Son amitié avec Remus semblait plus forte que jamais. Ils sortaient tous les soirs dans les bars moldus, aux quatre coins du Royaume-Uni.
Sirius avait eu cette idée géniale le lendemain de son arrivée au Moulin. Tonks se greffait à eux certains soirs.
Il avait tant à rattraper et rien de mieux que de s'oublier quelques heures dans les bières et les sourires d'inconnus.
Sirius avait oublié à quel point il aimait danser. Sur la piste de danse, sous les stroboscopes, il tournait, libre. Remus le rejoignait, un petit sourire au coin des lèvres. Il se mouvait délicatement, avec grâce, révélant sa beauté et sa douceur sans même s'en rendre compte.
Mais arrivait toujours un moment où il disait :
- Ça suffit pour ce soir, rentrons.
- Non, encore un peu… Le jour n'est pas levé !
- Justement, il faut aller dormir, Sirius.
- Je ne peux pas dormir mon Lunard… Tu ne comprends pas.
Remus ne disait rien. Un voile de tristesse couvrait son visage l'espace d'un instant puis l'homme reprenait contenance. Et Sirius ne voulait pas de conflit. Alors il lui offrait son plus beau sourire et dansait encore et encore.
Parce que Remus ne pouvait comprendre ce que ressentait Sirius au fond de son lit. La peur du noir, l'incapacité de s'endormir et l'angoisse qui lui enserrait la poitrine. Que pouvait-il dire ? Remus, est-ce que je peux dormir avec toi ce soir ?
Évidemment qu'il aurait dit oui par gentillesse. Car Remus était une pâte, un amour. Mais Sirius ne voulait pas être un boulet.
La journée, les choses coulaient de source. Sirius s'occupait du potager et coupait du bois tandis que Remus postulait à tous les emplois possibles.
Un matin où la pluie était enfin tombée dans la nuit, Remus s'était levé aux aurores et avait laissé un mot, informant qu'il reviendrait pour le déjeuner.
Sirius cueillait donc une salade et des tomates lorsque Remus apparut devant lui.
Sirius ne distingua que sa silhouette qui se tenait devant le soleil. Puis, un bêlement força Sirius à se relever pour faire face à son ami. Dans ses bras, une petite chèvre blanche aux tâches marrons observait Sirius les yeux ronds.
- Surprise ! Voici Cookie !
La chèvre chevrota et Sirius éclata de rire avant de prendre le petit animal dans ses bras.
- Je savais que ça te plairait, dit gentiment Remus. Il y en a trois autres qui attendent devant le grillage.
Sirius plongea avec sérieux son regard dans celui de son ami.
- Qu'est-ce que tu comptes faire avec ces chèvres ?
Remus passa une main derrière la nuque, un sourire en coin.
- Comme je ne me prends que des refus depuis le début de la semaine, j'ai réfléchi et j'en suis arrivée à la solution suivante : si je montais une ferme et devenait indépendant ? Et puis pourquoi ne pas vendre le fromage sur les marchés ? Enfin c'est peut-être stupide mais avec ma pathologie je…
- Mais c'est carrément génial Remus !
Sirius couvrit la petite chèvre de baisers avant d'observer les alentours. Une fois la zone repérée, Sirius pointa du doigt et dit avec une excitation qu'il n'avait pas ressenti depuis fort longtemps :
- On aura qu'à faire leur enclos à cet endroit ! Et puis, juste à côté, un poulailler !
- Un poulailler ? demanda Remus les yeux ronds.
- Bah autant faire les choses correctement non ?
Sirius sentit le soulagement émaner de Remus. Parfois, son ami était encore l'adolescent de quinze ans qui n'avait pas confiance en lui… Mais ça changerait. Ils étaient une équipe désormais !
Sirius posa la biquette à ses pieds. Cela venait peut-être de son aura de chien mais lorsqu'il siffla, les trois autres chèvres rappliquèrent. Elles le suivirent jusqu'au fond du jardin. Puis, Sirius sortit sa baguette, rendue après sa libération, et rassembla un tas de pierres pour créer un petit enclos.
- Elles auront besoin d'un abri, dit-il finalement. Allons chercher des planches !
Remus hocha la tête sans un mot. Il lui proposa de se rendre dans un magasin moldu mais Sirius refusa. Il lui tendit mystérieusement le bras et, après un instant d'hésitation, Remus le saisit. Ils tournèrent, tournèrent jusqu'à la destination que Sirius avait choisie.
Ils atterrirent avec légèreté, au milieu d'une casse à ciel ouvert. Le ciel était gris mais les rayons du soleil brûlait le sol chargé de tôle et autres objets abandonnés à leur triste sort. Le regard de Remus se posa un peu partout. Il semblait clairement se demander ce qu'il fichait là et comment Sirius avait eu vent de cet endroit.
- Avec mon frère, on aimait se rendre dans les zones désaffectées de Londres. On y trouvait tout un tas de choses, expliqua-t-il sans réfléchir.
Il se figea, incapable de comprendre comment le souvenir de son frère lui était soudainement apparu. Avec Regulus, avant que les choses ne se gâtent entre eux et que chacun emprunte sa voie, ils aimaient se balader dans les rues de Londres lorsqu'ils étouffaient au Square Grimmaurd, leur maison dans la capitale. Sirius croyait avoir oublié ces moments-là…
Il préféra chasser cette sensation d'inconfort dans un sourire ironique, accélérer le pas et surtout, changer de sujet.
- Alors Remus, c'était comment d'être professeur à Poudlard ? dit-il en se mettant à fouiller.
Remus saisit la perche aussitôt dans un sourire bienveillant. Il comprenait toujours tout.
- Épuisant mais incroyable ! Être avec des adolescents te fait retomber en enfance tout en te faisant grandir. C'est une expérience enrichissante. J'aurais vraiment aimé continuer si ma santé me l'avait permis.
Sirius reposa le morceau de tôle qu'il analysait et s'avança vers Remus pour le serrer dans ses bras.
- Je suis désolé, c'est aussi de ma faute. Sans le procès…
Remus le repoussa pour l'observer droit dans les yeux.
- Non ce n'est pas de ta faute ! Jamais ! C'est la faute de Peter. Et puis, de toute façon, je préfère ma condition connue aux yeux de tous plutôt que de te savoir à Azkaban ou évadé et jugé coupable !
Lorsque Remus s'emportait, Sirius se régalait de sa fougue. C'était tellement rare que depuis leur cinquième année, Sirius cherchait toujours à pousser à bout son ami dans des taquineries puériles. Ses joues qui rosissaient, son regard vif encore plus brillant qu'à l'ordinaire et son corps tendu.
Sirius éclata de rire, le cœur gonflé d'affection. Puis, il déposa un baiser sur la joue de son ami.
- Je suis heureux de te retrouver mon Lunard, dit-il avant de se remettre à fouiller. Tiens ! Regarde ! Ce sera parfait pour faire un toit ça !
oOo
Les deux amis rentrèrent en fin d'après-midi, leurs sacs chargés de morceaux de bois et de tôle. Remus avait passé la meilleure après-midi de ces dix dernières années.
S'il y avait parfois des instants de nostalgie qui semblaient flotter entre eux, Remus fut enchanté de savourer des nouveaux moments avec Sirius. Aussitôt arrivés au Moulin, ils montèrent un enclos et une petite grange pour les chèvres.
- Albus Dumbledore ferait un excellent Ministre de la Magie, répéta Remus qui faisait léviter une planche de bois.
- Hun hun, dit Sirius tout en secouant sa tignasse brune qui lui arrivait aux oreilles. Les grands sorciers ne sont pas forcément des grands politiciens.
- Qu'est-ce qu'un grand politicien ?
- Un homme ou une femme capable de fédérer un peuple, dit Sirius après avoir réfléchi un instant.
- Dumbledore sait très bien le faire !
- Parce qu'on est d'accord avec ses idées !
- Je pense que tu te trompes sur ce qu'est un grand politicien. Bien sûr qu'il doit fédérer mais il y a quelque chose de bien plus important.
- Et quoi donc Mr Lunard-je-sais-tout ?
- Les grands politiciens ne se battent que pour la dignité des faibles.
Sirius marqua un temps d'arrêt et Remus ne baissa pas le regard, au contraire. Lorsqu'il savait qu'il avait raison, Remus ne baissait jamais les yeux.
L'ancien évadé dévisagea Remus, comme s'il le regardait pour la première fois depuis qu'il était revenu. Il n'y avait aucune pudeur là-dedans, Remus avait l'affreuse sensation d'être mis à nu avant une sentence. Comme si d'une minute à l'autre, Sirius allait lui dire qu'il était soit trop stupide, soit carrément intelligent.
Un sourire en coin sur le visage, Sirius lui attrapa l'épaule. Remus ne savait plus s'il avait oublié à quel point Sirius était tactile où si c'était la prison qui avait rendu son ami particulièrement enclin à saisir la moindre occasion de toucher les gens.
- C'est beau ce que tu dis. Un peu utopique mais beau. J'avais oublié à quel point tu étais sage mon Lunard.
Remus découvrait un Sirius plus adulte, plus sérieux mais plus abîmé aussi. Parfois, son regard s'évadait au loin et puis il revenait auprès de Remus, les yeux rieurs pour lesquels Remus aurait pu donner la lune.
A cet instant, les deux orbes bleus de Sirius avaient viré au gris sous les rayons du soleil couchant. Remus rit avec douceur comme pour chasser ce moment où l'air commençait sérieusement à lui manquer.
Il tourna le dos à son ami et posa la dernière tôle sur la grange.
- Au fait, je veux bien t'aider pour la ferme, déclara Sirius qui s'était approché de Remus.
Remus sentit le menton de son ami se poser sur son épaule. Son estomac se contracta dangereusement, un pétillement agréable au fond de son cœur et des frissons sur les bras lui rappelèrent à quel point son corps parlait pour sa tête.
Il aurait pu faire un unique pas en arrière et son dos aurait collé le corps de Sirius qui aurait ensuite mis ses mains sur ses hanches et…
Remus fit un pas en avant, s'éloignant de son ami et chassant ses pensées volages loin, très loin. Il prit sa baguette fermement et fit léviter les chèvres à l'intérieur de leur parc.
Que Sirius l'encourage dans ce projet de ferme était déjà un bonheur pour Remus mais le voir s'impliquer… Cela dépassait toutes les attentes du loup-garou.
L'idée de monter une ferme avait germé depuis que Severus lui avait suggéré d'être indépendant. De cela, il n'était pas sûr d'en faire part à Sirius. Puis, une fois au Moulin, l'évidence l'avait frappé. Comme si Albus Dumbledore avait lu dans son esprit et lui avait donné un coup de pouce.
Jusqu'à la fin de la semaine, les deux amis organisèrent la ferme, achetèrent des poules et une ânesse que Sirius baptisa Gertrude. Sirius, qui avait besoin de grand air et d'activité physique passait son temps à l'extérieur tandis que Remus élaborait un emploi du temps pour vendre sur les marchés moldus.
- On s'en fiche ! Il suffit d'un petit sortilège et tu n'auras pas besoin de présenter des papiers !
- Tu es un véritable Serpentard quand tu t'y mets, déclara Remus qui s'était installé à la table de la cuisine pour à la fois travailler et manger.
Sirius grogna pour la forme puis monta sur le plan de travail d'un air nonchalant. Il se pencha en avant, les coudes sur les genoux. Ses yeux brillaient d'impatience et Remus lui envoya une grimace, l'air de dire "qu'est-ce que tu veux ?".
- On est samedi.
- Et donc ?
- On sort ?
Remus retint un soupir de justesse. Pendant toute la semaine, son ami l'avait tanné pour sortir mais Remus avait tenu bon. Un brin agacé, il répondit :
- Ecoute, tu ne crois pas qu'on devrait se reposer ?
Il demandait cela sérieusement. Sirius n'avait pas défait son lit une seule fois depuis son arrivée. Parfois, tôt le matin, il retrouvait son ami sur le canapé du salon, avachi et dormant du sommeil du juste. Et s'il avait repris du poids, les cernes entourant ses grands yeux bleus ne cessaient de s'approfondir.
- J'ai besoin de sortir. Si tu ne veux pas, je vais contacter Tonks et elle sera partante, j'en suis certain.
Une heure plus tard, Remus rongeait son frein au milieu d'un pub londonien. La pleine lune approchait et les bruits étaient plus forts, les odeurs plus nauséeuses et les lumières plus aveuglantes que d'habitude.
Au loin, Sirius enchaînait au moins sa sixième bière - Remus avait cessé de compter au bout de la quatrième - et discutait avec une femme et deux hommes. La femme, cheveux péroxydés au point d'en faire pâlir les Malefoy et sourire aguicheur, s'installa sur les genoux de Sirius l'air de rien. Sa main reposa mollement sur la taille de la jeune femme, comme un geste d'habitude. Il continuait de discuter avec les deux hommes, les yeux rieurs et un sourire charmeur. L'un d'eux entoura Sirius d'un bras avant de déposer un baiser dans son cou. C'était comme un jeu pour Sirius qui éclata de rire avant de boire une nouvelle rasade de bière.
Remus se mordit l'intérieur des joues pour ne pas hurler. Que pouvait-il faire de toute façon ? Sirius était un homme libre. Remus n'était personne pour lui dire qu'il ferait mieux de repousser ces trois énergumènes et rentrer au Moulin avec lui.
Si Sirius voulait vivre des expériences, il en avait parfaitement le droit. Mais Remus devait se protéger. Parce que son coeur ne pourrait pas longtemps supporter de voir son ami être tripoté par des inconnus.
Il se leva donc, la gorge serrée et les jambes flageolantes, s'approcha de Sirius et lui tapota sur l'épaule.
- Je vais rentrer, dit-il.
Sirius se redressa, repoussant sans commune mesure la jeune femme qui tomba maladroitement sur la banquette.
- Déjà ? Mais non reste, la soirée commence à peine.
- Je me lève tôt demain, répondit simplement Remus. Amuse-toi bien.
Il offrit un sourire qu'il espéra sincère à son ami avant de tourner les talons. Remus marcha à toute vitesse, les nerfs en pelote. L'air chaud du mois de juillet et la pleine lune en approche ne l'aidait pas à se concentrer.
Une fois au Moulin, Remus passa plus de temps que nécessaire sous la douche, cherchant à remettre de l'ordre dans ses pensées. Ses muscles le brûlaient et un gémissement de douleur s'échappa d'entre ses lèvres. La respiration courte, il enfila avec difficulté son pyjama et s'effondra sur son lit.
Un boucan dans la cuisine le sortit de son rêve. Un coup d'œil à son réveil l'informa qu'il était beaucoup trop tôt pour être réveillé par le bruit des casseroles.
Agacé, Remus bondit de son lit, baguette en main et descendit les marches à toute vitesse. Sans surprise, Sirius s'affairait en cuisine sans se gêner du raffut qu'il pouvait faire lorsqu'il cognait les assiettes de la sorte. Les gestes lourds et maladroits laissèrent peu d'espoir à Remus quant à l'état dans lequel se trouvait son meilleur ami.
- Comment as-tu réussi à rentrer sans te désartibuler ?
Sirius sursauta et se retourna vivement. Sa tête pencha sur le côté et il offrit un rire idiot à Remus.
- J'ai toujours été bon en transplanage. Si tu savais le nombre de fois où j'ai transplané cette année pour échapper à un Auror.
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda Remus, peu enclin à discuter évasion avec un Sirius désinhibé par l'alcool.
Le brun tentait de laver une casserole avec une éponge. Son corps accompagnait son geste à tel point qu'il tanguait dangereusement dans la cuisine.
Remus s'approcha de Sirius et se saisit de la casserole pour la reposer dans l'évier. Sirius s'approcha de Remus, faisant fi des distances sociales, l'haleine pleine d'alcool.
- Je voulais te faire des œufs, expliqua-t-il en détachant chaque syllabe.
Malgré tout, on aurait dit qu'il avait une patate chaude dans la bouche tant il était difficile pour lui d'articuler.
- Ce n'est pas l'heure, il faut aller dormir, dit Remus en prenant son ami par le bras.
- T'es pénible ! répliqua l'autre en se dégageant d'un geste sec et brusque.
Le loup-garou se tourna vers son ami, choqué. Sirius n'était jamais violent physiquement. Il observa son ami comme s'il le découvrait une nouvelle fois. Là, dans pénombre de la nuit, Sirius n'avait jamais eu l'air aussi triste et perdu.
Remus se passa une main dans les cheveux tandis que Sirius retourna à l'évier pour se remettre à laver sa casserole. Il le regarda faire sans rien dire pendant plusieurs minutes. Puis, Remus se décida à servir des verres d'eau et à en tendre un à Sirius. Il observa le liquide quelques instants avant de boire une rasade du breuvage salvateur et de se resservir trois fois.
Voyant qu'il en aurait pour la nuit et incapable de laisser son ami dans cet état, Remus prit place sur la table de la cuisine.
L'ambiance était lourde.
L'agacement, la tristesse et la mélancolie flottaient dans l'air.
- Tu ne vas pas bien, lâcha-t-il simplement.
Sirius laissa échapper un rire sarcastique.
- Je pensais que tu découcherais ce soir, ajouta Remus malgré lui. Tu avais l'air d'être en bonne compagnie.
Sirius mordit ses lèvres et s'appuya contre l'évier sans rien dire. Il se contenta de secouer la tête, l'air de dire "tu ne comprends rien". Et Merlin ce que ça agaça Remus ! Le manque de sommeil, la pleine lune à l'approche, la peur de voir Sirius lui échapper… Le parfait mélange pour un cocktail explosif.
- Par Merlin Sirius ! On a toujours parlé toi et moi ! Tu aimes faire la fête mais jamais au point de te mettre la tête à l'envers comme ça.
- Arrête, répondit l'intéressé, se pinçant l'arrête du nez. Ses cheveux cachaient la moitié de son visage mais on pouvait y voir distinctement les cernes de fatigue et l'épuisement.
Sa jambe s'agitait, signe d'une nervosité encore maîtrisable. Remus ne poussa pas le bouchon plus loin et soupira pour reprendre contenance.
- Excuse-moi Sirius, dit-il avant de se lever pour retourner dans sa chambre. Tu devrais aller dormir.
- Arrête avec ça ! lança Sirius. Je ne peux pas dormir !
Remus se figea. Cette fois, Sirius semblait avoir désaoulé tout d'un coup. Du moins, suffisamment pour qu'il ne tangue plus et se tienne droit comme un i, le corps raide.
- Arrête de me faire des reproches, c'est tout ce que je te demande. Tu ne comprends pas…
- Alors parle moi ! Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas dit que tu ne pouvais pas dormir ? On peut se procurer des potions pour…
- Mais non ! coupa Sirius. Aussitôt que j'aurais les yeux fermés, je les reverrai ! Les détraqueurs, les gardes, les autres prisonniers. J'entendrais les cris et je sentirai même les odeurs de pisse et de moisissures. Je ne peux pas dormir. Les potions n'y feront rien !
Cette fois, son corps tremblait de haut en bas. Remus, la bouche sèche, s'approcha de son ami sans trop savoir quoi dire.
Évidemment qu'une potion ferait l'affaire pour une bonne nuit de sommeil. Rogue pourrait même lui en faire une sur mesure. Il se garda cependant de le suggérer à son ami et se contenta de s'approcher de lui.
Sirius appuya ses paumes contre ses yeux, comme pour remettre ses idées en place et chasser les larmes qui menaçaient de couler. Remus aurait voulu lui dire qu'il était là, qu'il pouvait pleurer sur son épaule, qu'il lui prêtait son lit pour dormir avec lui s'il avait peur des cauchemars.
Mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge.
- Je ne peux pas dormir, c'est tout.
- Sirius… Je ne te reproche rien mais je ne suis pas sûr que se mettre la tête à l'envers dans les bras d'inconnus est la bonne solution pour…
- Ne me dis pas ce que j'ai à faire ! explosa Sirius. J'ai été enfermé douze ans à Azkaban ! Douze ans de perdu. J'avais des rêves, des projets et des envies. C'est tout un pan de ma vie qui m'a été arraché. Alors pardonne moi Remus mais si je veux me mettre la tête à l'envers comme tu dis et que ça me permet de me sentir vivant, tu n'as rien à me dire. Ce n'est pas toi qui était enfermé entre quatre murs avec des créatures répugnantes qui t'aspiraient régulièrement l'âme. J'essaye de trouver un sens à tout ça, tu comprends ? A l'heure qu'il est, je devrais être avec Harry pour l'élever. A la place c'est notre ennemi d'enfance qui a sa garde ! Et je ne peux rien y faire parce que ce môme est heureux avec lui ! C'est injuste et j'ai le droit de ressentir ça !
Sirius ne semblait plus pouvoir s'arrêter. Ses yeux rouges et son menton tremblant ne laissait aucun doute quant aux émotions qui le traversaient. Remus se sentait stupide et incapable de faire autre chose que de l'écouter.
- Mais parfois je me dis que ce n'est pas plus mal car j'ai l'impression de devenir fou, les soirs, même si je sais que je suis sortie de cette prison, j'ai l'impression d'y être encore.
Cette fois, un sanglot douloureux passa les lèvres de l'ancien évadé. Remus n'osa rien faire, figé. Sirius jura puis finalement, s'effondra au sol, les mains cachant son visage.
- C'est un cauchemar, c'est un cauchemar, répéta-t-il dans des pleurs déchirants.
Remus prit place à ses côtés sans réfléchir et l'entoura de ses bras.
- Je suis désolé, dit-il simplement. Mais on est ensemble maintenant.
- Pardon mon Lunard… Pardonne moi. Je cherche juste à retirer les mauvaises images de ma tête. Ça marche la journée… Jamais le soir. Tu ne mérites pas que je craque comme ça… Mais je n'en peux plus… Je suis tellement fatigué… Et je me sens ingrat car je devrais être heureux mais il y a comme un truc dégueulasse au fond de moi. Je me sens usé et je n'arrive même pas à me réjouir de la mort prochaine de Peter. Je pensais que ça me ferait du bien mais ça n'y fait rien. Cela ne change rien. James est mort, Harry est orphelin et jamais on me rendra ces douze années de perdues. Je me sens ingrat de pleurer sur mon sort. J'aimerais être fort mais la nuit est plus forte que moi…
- Je suis là, dit Remus avec toute la sincérité et l'amour qu'il ressentait pour son ami. Je te comprends pour Peter. Je ressens la même chose… La peine de mort n'apporte pas tant de réconfort que ça…
Il le serra fort contre son torse, lui envoyant tout le courage qu'il put. Et lorsque les larmes de Sirius cessèrent, Remus fut le plus heureux des hommes.
- Tu peux dormir dans ma chambre si tu veux, proposa Remus. Je resterai à côté de toi. On est ensemble, on ne se lâche pas. Hein Patmol ?
Sirius releva la tête, se redressa un peu pour déposer un baiser sur le menton du loup-garou. Remus lui offrit un doux sourire, lui caressant le crâne avec affection. Le regard endormi de Sirius confirma à Remus qu'il valait mieux se mettre au lit. Il se leva et aida son ami à faire de même.
Lorsqu'ils arrivèrent dans la chambre, Remus prit quelques minutes pour passer à la salle-de-bain. Lorsqu'il revint, Sirius dormait sur le ventre à poings fermés.
Lunard s'approcha à pas de loup et s'installa sur le lit sans faire de bruit. Il observa pendant de longues secondes le dos de son ami se lever au rythme de sa respiration. Son visage, partiellement caché par ses mèches de cheveux paraissait enfin détendu. Remus leva sa main timidement puis repoussa les cheveux noirs dans une caresse légère.
oOo
- Debout Pettigrow ! C'est le Grand Jour !
Il fallut dix bonnes secondes à Peter pour se souvenir où il était et comprendre ce qu'il se passait. Puis, un gémissement plaintif franchit la barrière de ses lèvres.
La peur le paralysait et deux grosses mains l'attrapèrent pour le mettre sur pieds. Il ne savait plus dire si le jour était levé et si cela faisait une heure ou dix ans qu'il était à Azkaban.
Il s'accrochait aux souvenirs de sa mère, aux journées dans le parc de Poudlard avec les Maraudeurs ou aux moments où il était certain d'avoir fait les bons choix pour sa survie. Et plus que tout, il s'accrochait à l'espoir que la chance allait tourner. Après tout, son étoile avait toujours su briller au bon moment.
Ce fut pourtant le désespoir qui s'empara de lui lorsqu'il se retrouva sur une barque, menotté et aveuglé par la lumière du soleil qu'il revoyait pour la première fois.
- T'as de la chance Pettigrow, lança un des gardes. Croupton ne voulait pas attendre pour que ta sentence s'applique. Au moins, tu auras bien le temps de voir la mort venir.
Les autres gardes éclatèrent de rire. Peter grinça des dents, submergé par une colère sourde. Ces gardes auraient pu être à sa place. Ils étaient trop jeunes lors de la montée du Seigneur des Ténèbres mais ils avaient tous le profil pour le rejoindre : soif de sang, sans empathie et sans coeur.
Ils débarquèrent sur une petite plage coincée entre une forêt de conifères et la mer agitée. Peter s'attendait naïvement à ce qu'un représentant du Ministère de la Magie soit présent mais il n'en fut rien. L'un des gardes, celui qui parlait le plus et se régalait du spectacle à venir, l'agenouilla au sol, dos à la mer.
- Alors Pettigrow, vas-tu vomir ou pleurer en premier ?
Les trois autres rigolèrent brièvement, l'un disant à l'autre qu'il fallait rester professionnel.
- Tu as raison Selwyn, répliqua l'autre. Bon Pettigrow, on doit te lire les faits et ensuite les détraqueurs arriveront par la forêt pour aspirer ton âme. Ils ont très faim.
S'il n'avait pas déjà été au sol, Peter se serait effondré. La bouche sèche, les mains liées dans le dos, il ne put retenir une larme de désespoir et d'humiliation. Puis, il se reprit bien vite. Il essaya de se transformer l'espace d'un instant mais ce fut impossible. A la place, les menottes lui envoyèrent une décharge électrique. Peter grogna à la fois de douleur et de rage.
Il ne pouvait pas mourir comme ça.
Le garde commença à lire les charges. Peter n'écouta pas, priant de toutes ses forces pour une porte de sortie. Son regard fixé sur la forêt, il sursauta lorsque les branches des arbres craquèrent dans un bruit sinistre. Le vent s'éleva, balaya le ciel bleu pour assombrir le ciel de nuages noirs.
Les détraqueurs approchaient, les gardes reculèrent.
Le souffle court, Peter comprit que cette fois, il ne serait pas un survivant. Et il l'accepta aussi vite que cette violente bourrasque de vent qui le fit tomber sur ses fesses. Il regarda la mort arriver droit dans les yeux.
Et s'il tremblait, ce n'était plus qu'en raison du froid. Les embruns de la mer s'abattaient sur son dos et il plissa les yeux pour apercevoir les détraqueurs s'approcher
Un nouveau craquement résonna. Plus proche, plus ténébreux, plus angoissant. Mais Peter garda la tête haute.
- Quelque chose cloche, hurla un garde.
Peter tourna la tête vers l'Auror de seconde zone. Son visage était grave, sérieux. Les autres fronçaient les sourcils.
Tout se passa très rapidement. Dans un bruit de claquement, l'un des gardes fut projeté au loin au bord de la mer. Sa nuque se brisa dans sa chute.
Cherchant l'origine de l'attaque, Peter se tourna et étouffa un hurlement de terreur.
Devant eux se tenaient trois créatures que Peter n'avait jamais vu de sa vie. On aurait dit une nouvelle race d'acromentules géantes évadées de l'enfer. Leur chair semblait à vif, possédait huit pattes et une épine fourchue sur le dos. Les gardes brandirent leur baguette et les sorts fusèrent.
Peter comprit alors pourquoi ces hommes n'étaient que de simple garde. Des années au milieu de l'Ordre du Phénix puis chez les Mangemorts formaient pour la vie au combat. Ces hommes n'avaient aucune puissance, aucune rapidité, aucune intuitivité.
Sans surprise, l'un d'eux fut projeté au sol. Le monstre sauta sur le garde qui hurla de douleur tandis que l'épine transperçait sa poitrine dans un bruit visqueux et sanguinolent. Du sang sortait de sa bouche et bientôt, son regard se figea.
Les deux autres hurlèrent de terreur mais sans grande organisation, il se trouvèrent rapidement submergés par les violentes attaques des trois monstres. Ces derniers ne semblaient d'ailleurs pas s'intéresser à Peter qui regardait la scène sans en croire ses yeux. Merlin qu'il était terrorisé ! Mais ce qu'il voyait dépassait toutes ses attentes.
Rapidement, les acromentules écrabrouillèrent les deux autres gardes.
Elles se tournèrent vers Peter, s'approchèrent comme pour le sentir puis, leur attention fut happée par la forêt. Elles replièrent leurs pattes, comme pour s'incliner et Peter jura devant ce spectacle avant de suivre l'objet de leur attention.
Le vent se calma et une masse noire s'éleva dans l'air. Peter comprit qu'il s'agissait des détraqueurs qui rejoignaient Azkaban.
Il se mit à trembler de joie et d'excitation. Les yeux écarquillés, il observa son sauveur du jour. Il semblait marcher sur le monde. Un sourire mêlant victoire et vice accroché au visage.
Peter le croyait mort depuis longtemps.
L'homme arracha les cheveux de chaque garde dans un pas lent, se préoccupant peu de Peter.
- Tut, tut, dit le revenant à l'adresse d'un des monstres qui essaya de bouger.
La bête se replaça, docile.
Puis, il se positionna de toute sa hauteur face à Peter qui ne bougea pas d'un pouce, glacé. Le sorcier leva sa baguette vers Peter qui ne savait encore à quelle sauce il allait être mangé.
D'un mouvement circulaire, il fit exploser les chaînes et Peter se leva doucement, les jambes engourdies et la gorge sèche.
Il n'en croyait pas ses yeux.
- Enchanté de te connaître, l'espion.
