Attention ce chapitre contient une scène explicite un peu particulière.
CHAPITRE 20 : Expérimentation
De longs grincements, des craquements sourds, tels des complaintes lugubres, qui s'étendent dans la nuit noire. Ces bruits qui lui parvenaient forts et clairs au travers de l'obscurité, maintenaient son esprit en alerte. Comme tout navire, la structure en bois du Sunny travaillait, à cause de la houle, à cause de l'humidité, mais aussi à cause du vent. En soit, ces bruits n'avaient rien d'anormal et n'étaient pas inhabituels, car ils berçaient ses nuits depuis pas mal de temps maintenant, mais en cet instant, ils lui suscitèrent un profond mal-être. Allongée dans son lit, Nami avait la sensation d'être dans le ventre d'un animal géant, en train d'être lentement digérée. Ils l'oppressaient, et l'obscurité implacable ne faisait que renforcer ce sentiment. Tout n'était que calme et silence, et pourtant, elle avait l'impression d'être plongée dans un vacarme assourdissant. Le moindre petit bruit, aussi futile soit-il, prenait une ampleur exacerbée grâce à la perte de sa faculté visuelle.
Même la respiration, pourtant légère, de Zoro à côté d'elle, lui semblait pesante. Depuis qu'il avait éteint la lumière, Nami n'avait pas réussi à fermer l'œil. Dès que les ténèbres l'avaient englouti, la jeune femme piégée dans un corps d'homme, s'était retrouvée pétrifiée, en proie aux tribulations de son esprit agité. Ce baiser l'avait perturbé, et la réaction tout aussi gênée de Zoro, n'arrangeait en rien son tourment. Pourtant, ils n'avaient rien fait de mal, c'était normal de s'embrasser dans un couple… mais ce n'était peut-être pas tant le baiser en lui-même qui la dérangeait, mais plutôt ce que cela laissait suggérer.
Le regard vissé au plafond malgré les ténèbres, la navigatrice luttait pour brider son esprit un peu trop volage. D'ordinaire, Nami était loin d'être puritaine, elle assumait pleinement sa sexualité, et elle savait qu'il en allait de même pour l'épéiste. Il n'y avait pas vraiment de tabou entre eux, la grossesse l'avait beaucoup aidé de ce côté-là en débridant sa libido, et de ce fait, cela leur avait permis d'expérimenter des choses, ou non (car parfois certaines envies n'étaient pas partagées) sans aucune gêne.
Mais se retrouver dans le corps de son compagnon, venait de mettre un frein à tout cela. Rien que l'idée d'envisager qu'il puisse se passer quelque chose en eux, au-delà d'un simple baiser, la bloquait. Elle avait la sensation d'abuser de la confiance de Zoro, de corrompre son honneur. Après tout, ce n'était pas son corps, alors de quel droit pouvait-elle songer à s'en servir pour assouvir ses plus bas instincts ? Non, quoi qu'elle puisse imaginer, c'était forcément une mauvaise idée. Et rien ne dit que Zoro éprouvait le même dilemme de son côté. Si tel était le cas, cela ne l'empêchait pas de dormir, lui, ce qui était d'autant plus frustrant.
Pourquoi devait-elle être la seule à batailler avec sa conscience ? Pourquoi était-elle la seule à souffrir des ravages de l'affrontement entre sa raison et sa curiosité ?
Ce qui était terrible, c'était que plus le temps passait et plus sa raison faiblissait. Elle avait bien du mal à repousser les arguments plutôt convaincants de son côté impulsif. Cette situation était assez exceptionnelle, et il y a peu de chance pour qu'ils la revivent un jour, alors pourquoi ne pas en profiter pour en apprendre un maximum l'un sur l'autre ?
Son regard dériva par côté, où son amant lui exposait son dos. Bien qu'elle ne puisse pas le voir au travers de cette noirceur, Nami l'avait entendu bouger peu de temps après qu'il ait éteint la lumière, afin de se mettre sur le flanc gauche, qui était, par expérience, la position la plus confortable dans son état. La jeune femme se mordit l'intérieur de la joue alors qu'elle débattait intérieurement pour savoir si oui ou non elle devait le réveiller. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait, mais le doute lui clouait le bec et immobilisait ses mains sur son ventre.
- Je croyais que tu étais fatiguée ?
L'échos de sa voix, clair et vif, manquât de la faire sursauter.
- Je croyais que tu dormais, rétorqua-t-elle d'un ton accusateur.
Elle s'était peut-être montrée un peu sèche, mais pour sa défense, il l'avait surprise. Au moins cela réglait la question de savoir si elle devait le réveiller, mais maintenait, elle n'était pas sûre de préférer cette solution. Zoro émit un petit soupir agacé et replongea dans le silence, prétendant dormir une nouvelle fois. Il avait dû sentir qu'elle était préoccupée, et c'était là sa façon de l'encourager à s'exprimer, à partager ce qui la troublait sans la forcer, mais une fois encore, la jeune femme était retombée dans ses vieux travers en détournant le problème.
Les minutes qui suivirent, elle les passa à se mordre soucieusement l'intérieur des joues en tentant de formuler dans sa tête, de la meilleure façon qui soit, ce qui la tourmentait.
- Dis Zoro…
Sa voix s'éteignit, sans trouver une suite adéquate, alors qu'elle était presque certaine de l'avoir il y avait quelques secondes.
- Est-ce que…
Si elle continuait de s'exprimer petit bout par petit bout, ils en avaient pour la nuit à ce rythme-là et cela l'énervait. Nami se pinça l'arête du nez entre son pouce et son index, puis prit une grande inspiration. Pourquoi c'était si dur de lui demander ça ? alors que ça ne devrait pas…
Tout à coup, elle entendit les draps se froisser et de sentir le matelas bouger. Cependant, la navigatrice réalisa très vite que son intention n'était pas de se tourner vers elle mais plutôt d'allumer la lumière lorsqu'elle l'entendit farfouiller à côté de la table de chevet.
- NON ! s'écria-t-elle soudainement.
- Hein ?
- N'allume pas, marmonna la jeune femme.
Elle avait déjà du mal à s'exprimer dans l'obscurité, alors sous la clarté d'une lampe, ce n'était même pas la peine d'y penser. Bizarrement, Zoro ne fit pas de commentaire, et n'émit aucun bruit trahissant d'un agacement comme il en avait l'habitude. Au lieu de quoi, il remua pour enfin se tourner vers elle et attendit qu'elle ne développe ce qu'elle avait en tête.
- Est-ce que… le baiser de tout à l'heure… était seulement bizarre ? Ou bien…
Sa question finit en suspens. Si l'obscurité lui semblait être rassurante car elle assurait une certaine sécurité en la protégeant de regards choqués ou réprobateurs de la part de son compagnon, en revanche, elle faisait tout l'inverse lorsque ce dernier décidait de s'enfermer dans le mutisme. Ce silence allait la rendre folle ! Elle était suffisamment sur les nerfs comme ça sans qu'il n'ait besoin d'en rajouter !
- Nami, dis-moi clairement ce que tu as en tête, intima-t-il très sérieusement.
L'avertissement dans le son de sa voix était on-ne-peut-plus évident, il n'avait pas la patience de l'écouter tourner autour du pot pendant des heures. D'autant plus lorsque cela empiétait sur ses heures de sommeil, ce qui eut le don d'agacer la « chatte-voleuse ».
- Tu ne ressens pas de la curiosité à découvrir… disons, autre chose avec… ce nouveau corps ?
- Parce que toi, oui ? C'est ce qui t'empêche de dormir ?
Au moins il ne jouait pas les idiots. Zoro la connaissait suffisamment pour se douter que sa question n'était pas anodine et qu'elle ne le concernait pas uniquement. Mais le fait qu'il réponde par une autre question, était franchement frustrant.
- Tu pourrais me répondre au lieu d'esquiver ! s'énerva-t-elle. Je sais que tu as dis qu'il ne se passerait rien ce soir, mais… dis-moi au moins si ça t'a traversé l'esprit ?
Elle l'entendit prendre une profonde inspiration et son cœur s'affola. Qu'allait-il lui répondre ? Que non, ça ne l'avait même pas effleuré parce que c'était trop dérangeant. Qu'elle avait vraiment les idées mal placées. Que ça ne l'intéressait pas.
Trop absorbée à imaginer tous les cas de refus que son partenaire pourrait lui sortir, Nami ne prêta pas attention au bruissement des draps à côté d'elle. Soudain, une main douce, bien qu'un peu froide, se posa sur son pectoral, la faisant sursauter et écarquiller l'œil. La main remonta doucement vers son cou, pour atteindre sa joue et elle sentit le souffle chaud de son amant, contre ses lèvres. Sans qu'elle n'ait le temps d'analyser ce qui était en train de se passer, Zoro pressa délicatement sa bouche contre la sienne, un peu comme tout à l'heure, mais la sensation dérangeante de la première impression n'était plus aussi prononcée. L'effet de surprise la paralysa. A aucun moment elle n'avait envisagé que Zoro fasse le premier pas.
Il mit doucement fin au baiser et ne s'écarta que très légèrement, laissant sa main sur sa joue.
- Alors ? Ça t'a semblé aussi bizarre que la première fois ? murmura-t-il lentement.
Son œil papillonna pour s'ouvrir alors qu'elle ne se souvenait pas de l'avoir fermé. C'était toujours un peu étrange de sentir des lèvres différentes de celles auxquelles elle était habituée, ainsi que d'associer mentalement l'image de Zoro à une voix féminine (qui était la sienne), mais c'était plutôt… agréable. Et le corps de l'épéiste paraissait assez réceptif à son contact, cependant, Nami n'osait pas encore bouger.
- Non, souffla-t-elle. Et toi ?
- Ça l'est toujours un peu…
Son aveu la déstabilisa et s'accompagna d'une pointe de déception, car elle avait espéré qu'il serait plus à l'aise qu'elle ne l'était.
- Mais ce n'est pas désagréable. On peut peut-être continuer comme ça pour voir où ça nous mène ? Je n'ai plus tellement sommeil, compléta-t-il avec un sourire dans la voix.
Le cœur dans sa poitrine fit un bond et elle sentit une subite vague d'excitation l'envahir. Zoro recaptura ses lèvres avec douceur, puis la main sur sa joue glissa derrière sa nuque, caressant les petits cheveux verts à sa base. Cette fois-ci, Nami ne se perdit pas dans des réflexions inutiles, et répondit au baiser avec une certaine réserve, comme s'il s'agissait de la première fois qu'ils s'embrassaient. Délicatement, sa grande main vint épouser la courbe arrondie de la hanche de son amant et effectua de petits ronds de son pouce sur le côté du ventre tendu. Zoro se tenait en appuie sur ses genoux à côté, pour laisser un peu de distance entre eux afin de se familiariser avec ces nouvelles sensations. Le seul contact se limitait aux mains, en dehors des baisers qu'ils échangeaient, tels deux ados. Les gestes étaient lents, mesurés, révérencieux. L'un comme l'autre prenait son temps, profitant de cette opportunité qui leur était offerte, pour explorer les nouvelles étendues de leur relation, pour se découvrir d'une nouvelle façon. Nami réalisa que c'était la première fois qu'ils prenaient le temps de se bécoter avec tendresse et curiosité, eux qui d'habitude, se faisaient happer par la chaleur brulante de leur désir.
Et elle aimait chaque seconde de ce moment privilégié car cela la rapprochait un peu plus de Zoro. Elle aimait la sensation de sa peau douce qui glissait sous les doigts rugueux de l'épéiste, de sentir son corps réagir au sien d'une façon différente. Elle aimait la façon dont Zoro faisait preuve de délicatesse pour l'embrasser et la toucher. Connaitre son propre corps était une chose, mais l'explorer d'un point de vue externe, avec les mains d'un autre, c'était… surréaliste, voir même excitant. Et chaque sensation, chaque petit détail, qu'elle découvrait, lui donnait envie d'en apprendre plus.
Rapidement, ses attouchements se firent moins sages, ils étaient plus aventureux, plus effrontés, alors que ses doigts glissaient vers la rondeur de ses seins sous le petit débardeur à bretelles. L'effet fut immédiat sur Zoro, qui approfondit leur baiser, le rendant plus passionné, plus intense. Sa respiration se fit également plus lourde contre ses lèvres, sa poitrine se gonflait plus rapidement pour se presser contre ses paumes. Nami se remémora la façon dont son amant caressait ses seins, dont il flattait les deux petites pointes de chair pour qu'elles s'érigent fièrement et ne lui procurent de délicieux frissons.
Avec la grossesse, elle les savait beaucoup plus sensibles, et la réaction chez son partenaire ne tarda pas à se faire entendre. Il émit un petit gémissement et rompit le baiser pour coller son front au sien. La navigatrice en profita pour poursuivre ses explorations en partant à la conquête du cou de son amant. Elle avait un nouvel objectif : montrer à Zoro ce que son contact suscitait habituellement comme réactions chez elle. Ce ne serait peut-être pas exactement pareil, car il avait développé une dextérité que lui seul maitrisait, mais la jeune femme ferait de son mieux pour diriger ce corps masculin afin de procurer du plaisir à son amant.
Elle l'entendit soupirer d'aise quand ses lèvres embrassèrent un point particulier le long de sa trachée, puis se cambrer lorsqu'elle descendit vers le clivage vallonné de sa poitrine. Zoro enfonça ses ongles manucurés dans les épaules puissantes de sa compagne, sifflant entre ses dents lorsqu'elle referma sa bouche autour d'un mamelon durci. Nami joua avec la petite boule de chaire du bout de sa langue puis la suçota doucement.
- Ah ! haleta Zoro tandis que ses doigts se crispaient.
Tout à coup, une saveur nouvelle s'ajouta à celle de sa peau et un liquide chaud et épais roula sur sa langue. Surprise de cette expérience, Nami s'écarta. De son autre main, elle pressa l'extrémité et sentit son pouce et son index s'enduire de cette substance huileuse. C'est vrai qu'elle avait commencé à avoir de petites montées de lait. L'idée de goûter son lait aurait pu lui paraitre rebutante, mais au final, cela ne la dérangeait pas.
- Qu'est-ce qu'il y a ? S'enquit son amant d'une voix troublée par l'émoi.
- Tu as une montée de lait, répondit-elle d'un air taquin.
- Quoi ?!
La légère pointe de panique dans sa voix, la fit sourire.
- Ça ne fait rien, le rassura-t-elle. C'est même plutôt normal. Ça ne s'était pas produit quand tu me faisais la même chose ?
- Non, je pense que je m'en serais rendu compte. Et c'est… dérangeant ? Demanda-t-il timidement.
- Tu as peur que j'arrête ?
- Bah c'est-à-dire que… c'était plutôt agréable jusqu'à maintenant.
Dans l'obscurité, le sourire de Nami s'élargit, et elle regretta à cet instant, d'avoir insisté pour garder la lumière éteinte. Sans un mot de plus, Zoro s'écarta quelque peu et la jeune femme comprit ce qu'il attendait. Ses paumes remontèrent le long de ses flancs, hérissant la peau délicate d'une fine chair de poule. Elles entrainèrent dans leur sillage, le petit haut pour le faire passer par ses bras tendus vers le ciel. Dès que le tissu ne fut plus une entrave, l'épéiste scella à nouveau leurs bouches dans un baiser passionné et vint loger sa petite main dans la sienne. Zoro l'attira à lui en même temps qu'il se mouvait pour s'allonger sur le dos et l'incita à venir se placer au-dessus de lui. Elle le suivit docilement, veillant à ne pas heurter le ventre qui s'interposait entre eux.
Lentement, Nami survola la poitrine généreuse, souffla sur les petites pointes érigées avant de les effleurer de ses lèvres, pour taquiner le bretteur qui se cambra. La main de ce dernier s'engouffra dans ses cheveux courts et d'une pression sur sa tête, l'incita à stopper à son petit jeu.
Chaque gémissement qu'il poussait, le sentir s'arquer à son contact, l'emplissaient de fierté et d'envie. C'était signe que l'expérience lui plaisait. L'un comme l'autre, ils se familiarisaient avec leur corps d'emprunts, se l'appropriaient, jusqu'à profiter pleinement de toutes ces nouvelles sensations. Ils vivaient l'instant présent, tout simplement, pour s'aimer d'une façon différente.
A mesure qu'ils se découvraient, les corps s'échauffaient, se tendaient, se réclamaient, les mains se faisaient plus entreprenantes, plus exploratrices. Les derniers vêtements finirent au sol, vite oubliés, au moment où leur peau nue se retrouvèrent enfin. Nami se lova près de son amant, l'enveloppa par derrière pour le tenir étroitement contre elle. Son corps d'apparence si frêle et vulnérable entre ses gros bras, lui donnait envie de le chérir comme s'il était la chose la plus précieuse sur terre. Ce qui, en un sens, était bien le cas, avec le petit être qui s'abritait sous son nombril.
Elle le caressa lentement, faisant courir ses mains rugueuses sur sa peau douce pour dénouer les dernières traces de tentions. La position n'était sans doute pas celle qu'aurait adopté Zoro en tant normal. Tourner le dos à quelqu'un dans n'importe quelle situation, était contraire à son étique. Mais avec elle, il faisait l'effort, il avait suffisamment confiance en elle pour l'autoriser à se placer ainsi.
Alors, pour l'aider à se détendre, Nami déposa une succession de baisers papillons dans le cou de Zoro, tandis que l'une de ses mains venait empaumer un sein pour le malaxer, et que l'autre dévalait la courbe de sa hanche pour poursuivre sa course sur sa cuisse. Elle l'agrippa dans une poigne délicate et la tira doucement en arrière tout en collant son pelvis contre la croupe de son amant. L'un et l'autre soupirèrent à ce contact et marquèrent une halte de courte durée, afin d'assimiler ce qu'ils s'apprêtaient à faire. La jeune femme ignorait si Zoro ressentait la même chose, mais elle avait l'impression de revivre sa première fois, et si sa première vraie expérience n'avait pas été formidable, elle s'assurerait d'en faire un moment agréable pour tous les deux.
Finalement, le bretteur commença à se frotter timidement contre son bassin, pour lui signaler qu'ils pouvaient continuer. Nami ramena sa main devant, puis la fit glisser entre ses jambes où ses doigts vinrent s'immiscer dans cette chaleur moite. Un juron appréciateur échappa au chasseur de pirates, qui se pressa un peu plus contre elle, alors que la jeune femme commençait à le caresser. Dans le noir, Zoro inclina la tête sur le côté et chercha son visage, qu'elle rencontra sans hésiter pour l'embrasser.
La baiser se fit moins tendre, plus provocateur, et les caresses plus pressantes. Ils attisèrent le feu qui coulait dans leurs veines, et accrurent la tension entre eux pour atteindre ce point de non-retour. Le premier doigt qu'elle inséra en lui, le fit se tendre légèrement, mais il soupira d'aise lorsqu'elle commença à faire de petits va-et-vient. Les soupirs se transformèrent rapidement en gémissements, à mesure qu'elle s'aventurait plus profondément et qu'elle y ajoutait son majeur. L'érection coincée entre ses fesses s'avérait de plus en plus douloureuse, d'autant plus quand celui-ci haleta son nom de façon aussi érotique.
Ce fut son point de non-retour. Elle retira sa main pour venir se saisir de ce sexe tendu à l'extrême, et l'approcha de l'antre humide qu'elle venait de quitter.
- Prêt ? souffla-t-elle dans le creux de son oreille.
- Vas-y.
D'un léger coup de rein, son membre poussa les douces parois et s'engouffra petit à petit dans la chaleur suffocante de son corps dans son entièreté. Elle dû s'arrêter aussitôt. Le plaisir la submergeait, il lui faisait tourner la tête, s'en était presque trop, si bien qu'elle dût lutter pour reprendre le contrôle. Nami ferma étroitement la paupière et plongea le nez dans le cou de son amant tout en l'étreignant. Elle refusait d'écouter l'instinct primaire qui résidait dans ce corps de mâle, qui lui dictait de se retirer pour s'enfoncer à nouveau, sans relâche et de toutes ses forces. Comment faisait Zoro pour ne pas perdre le contrôle ? Est-ce cela qu'il ressentait à chaque fois qu'ils faisaient l'amour ?
- Ça va ? demanda-t-il le souffle court.
Sa voix perça à travers le bourdonnement dans ses oreilles et la ramena à la réalité. Elle se rendit compte qu'elle l'étreignait peut-être un peu trop fort et desserra son emprise pour ne pas le blesser. Jauger sa force était encore difficile, et c'était l'une de ses principales inquiétudes quant à la suite des évènements. Cela ne lui était pas venu à l'esprit avant, mais maintenant, Nami craignait de se laisser emporter, n'ayant pas du tout la même maitrise que Zoro sur son corps, et de lui faire du mal ou encore de blesser le bébé. Non ! ça n'arriverait pas !
- Oui. Et toi ? Je ne t'ai pas fait mal ?
Un petit reniflement dédaigneux fit écho à sa question.
- Même si ce n'est pas mon corps, je sais encore résister à la douleur, et crois-moi, il n'y a rien de douloureux en ce moment même. Comme tu me le dit souvent « je suis enceinte, pas en sucre ».
L'entendre la paraphraser avec son aplomb naturel, dans ces circonstances, lui extirpa un ricanement qui finit étouffé dans le cou de son partenaire.
- Donc je peux y aller ? s'enquit-elle avec un brin de malice dans la voix.
Pour réponse, Zoro l'attrapa par les cheveux et plaqua avec force sa bouche contre la sienne, tout en remuant du postérieur. Nami sourit au travers du baiser et se retira lentement dans presque son intégralité, avant de se réintroduire avec la même lenteur. Pas question de précipiter l'instant, elle voulait que tous les deux savourent ce moment, elle voulait lui faire l'amour, lui montrer ce qu'elle pouvait ressentir lorsque lui, faisait de même, à quel point elle se sentait bien, à quel point elle se sentait aimée.
Cette nouvelle façon de faire l'amour était indescriptible. Ce n'était pas juste du sexe, pas simplement physique, c'était bien plus intime, bien plus émotionnel, bien plus unique et exceptionnel. Chaque coup de rein, chaque mouvement synchronisé de leurs deux corps qui ondulaient avec sensualité, symbolisaient l'union parfaite de leurs âmes. Ils n'étaient plus qu'un, physiquement et mentalement.
Puis le rythme de leur cadence s'accéléra progressivement, les respirations se firent plus lourdes, plus haletantes, les mains plus agrippantes, et les lèvres plus dévorantes. Jusqu'à ce qu'ils atteignent l'apogée ensemble dans un mélange de souffles saccadés et de plaintes extatiques. Les bouches se scellèrent maladroitement encore et encore, et ce bien après qu'ils soient redescendus des hauteurs vertigineuses de l'orgasme.
Ils restèrent ainsi, entremêlés dans un enchevêtrement de bras et des jambes, les corps encore unis, les mains entrelacées sur son ventre rond, pendant de longues minutes, où ils reprirent doucement leur respiration et où la réalisation de ce qu'ils venaient de faire se faisait de plus en plus claire.
- Je t'aime, murmura Nami avant de l'embrasser sur l'épaule où il y avait son tatouage.
Une main lui caressa tendrement la joue, et même si elle ne le voyait pas dans l'obscurité, elle devinait qu'il souriait.
- Je t'aime aussi Nami.
La rareté de ces petits mots dans sa bouche, ne les rendaient que plus précieux lorsqu'il se décidait à les prononcer. Ils faisaient gonfler son cœur et l'emplissait de joie, qui la laissait complétement béate. L'ombre d'Hiyori ne l'inquiétait plus depuis un bon moment, mais désormais elle n'apparaissait plus que comme un vague souvenir lointain.
…
Quand elle se réveilla, Nami se sentit d'une humeur rayonnante. Elle tendit les bras et s'étira longuement tel un gros chat, avant de se frotter les yeux puis bailler à s'en décrocher la mâchoire. Cela faisait un fou ! Elle n'avait pas si bien dormi depuis des lustres, et la soirée d'hier soir qui lui revint en mémoire, avait été tout bonnement exceptionnelle.
Ce fut donc tout naturellement qu'elle se tourna vers son conjoint, sourire aux lèvres, pour voir si celui-ci dormait encore. A sa grande surprise elle le trouva réveillé, adossé à la tête de lit, avec une mine de six pieds de long, les bras croisés entre sa poitrine et son ventre. Avant même qu'elle ne lui pose la question, Nami fut accablée par l'humeur massacrante de Zoro.
- Bien dormi ? tenta-t-elle innocemment.
Pas manqué, le regard assassin qu'il lui lança en biais, rafraichit instantanément sa jovialité. Aïe. Puis le doute s'éveilla en elle. Était-ce à cause de ce qu'ils avaient fait hier soir ? Est-ce qu'il avait des remords ? Ou pire, est-ce qu'elle lui avait fait mal ? Soudain, sa bonne humeur s'évapora au profit de l'inquiétude. Nami se redressa rapidement et chercha à capter le regard de l'épéiste qui fusillait un point sur le mur devant lui. De là, elle put mieux l'observer et fit une amère constatation : ses traits étaient tirés par la fatigue et il semblait bien plus pâle que d'ordinaire.
- Quelque chose ne va pas ? Tu as une mine affreuse…
Un rictus ironique déforma le coin de sa bouche.
- Tout va parfaitement bien, coupa-t-il sèchement.
Avec une moue dubitative, Nami le scruta quelques instants. Il mentait, c'était évident, en revanche, elle souhaitait savoir pourquoi, et elle ne le lâcherait pas avant d'avoir obtenu ce qu'elle voulait. Que c'était-il passé depuis qu'elle avait fermé l'œil ? Car il s'était forcément produit quelque chose pour qu'elle se réveille à côté d'un bretteur aussi ronchon.
- Zoro, gronda la navigatrice en guise d'avertissement. Dis-moi ce qu'il se passe !
L'intéressé garda les lèvres obstinément closes, et Nami se sentit perdre patience. Très bien, il voulait bouder ? eh bien qu'il boude ! songea-t-elle en jetant les draps sur le côté. L'air frais vivifiant du matin lui mordit la peau qui se trouvait encore nue. Si Zoro s'était apparemment rhabillé à un moment dans la nuit, elle, avait préféré s'endormir tel quel, en tenu d'Adam. Elle balança ses jambes par côté du lit pour se lever puis enfila un sous-vêtement propre.
- Si c'est à cause de hier soir…, commença-t-elle sur la défense.
- J'ai pas fermé l'œil de la nuit, ok ?! l'interrompit Zoro. Et ça n'a rien à voir avec ce qu'on a fait hier soir !
Nami se retourna pour lui faire face, les mains sur les hanches, alors qu'il n'avait pas bougé du lit.
- Alors quoi ?!
Elle le vit hésiter une seconde, pendant laquelle il ferma les yeux avant de les rouvrir pour les poser sur ses pieds, dans une expression qu'elle jugea de penaude.
- Le bébé n'a pas arrêté de bouger… je ne sais pas quelle bataille il a mené là-dedans, en tout cas ça l'a occupé quasiment toute la nuit.
Les sourcils de la jeune femme bondirent sur son front. C'était une première ! Il est vrai que cela lui arrivait de remuer pendant qu'elle dormait, ce qui parfois la réveillait, mais ça ne durait jamais plus d'un quart d'heure lorsque Zoro n'était pas là pour l'apaiser. Lui qui se désespérait de ne pas sentir son enfant bouger… il était servi.
- Quand il s'est enfin calmé, et que j'ai commencé à m'endormir, une violente envie de vomir m'a fait bondir du lit. J'ai voulu me précipiter aux toilettes, mais je n'ai pas réussi à les atteindre… du coup… j'ai vomi aux pieds d'un de tes mandariniers…
- QUOI ?!
- Et comme si ça ne suffisait pas, quand je suis retourné dans la chambre… j'ai… j'ai croisé le cuisto…
En quoi était-ce dérangeant ?! D'accord, c'était peut-être un peu tendu entre eux en ce moment, mais ils pouvaient encore se croiser sur le navire et se conduire en adultes, non ?! Ce n'était pourtant pas compliqué, si ?
- Sauf que quand je suis sorti de là, j'étais un peu pressé, et je n'ai pas pris le temps de regarder l'heure ni de m'habiller…
Oh non… ne me dites pas que… Nami ferma les yeux, s'imaginant très bien la scène, et un frisson d'effroi lui traversa l'échine. S'exhiber ne lui posait aucun problème à partir du moment où c'était elle qui décidait de quand et comment elle le faisait. Surtout parce qu'elle pouvait rançonner ou châtier les malheureux qui avaient eu l'audace de la reluquer. Or là, elle ne maitrisait absolument rien de la situation, et le fait de savoir que son corps avait été exposé sans son consentement, lui donnait l'impression d'être vulnérable. Certes ce n'était pas vraiment la faute de Zoro, il n'avait pas fait ça volontairement, mais tout de même !
- Du coup… je ne suis pas sûr qu'il soit encore vivant, après tout le sang qu'il a perdu, ce crétin.
- Attend ? Tu l'as laissé seul ?!
- T'aurais voulu que je fasse quoi ?! J'étais à poil ! Dans ton corps ! s'énerva-t-il. Et puis… il n'était pas seul…, ajouta-t-il à demi-mot.
Une veine enfla sur sa tempe. Est-ce que les mauvaises nouvelles allaient s'arrêtées à un moment ?
- Qui ?
Pitié, faites que ce soit Robin ! Faites que ce soit Robin ! Implora-t-elle silencieusement.
- Franky…. Et Brook
Nooon ! Evidemment, si Sanji était débout, c'était que le soleil allait bientôt se lever et que les deux compères devaient avoir fini leur tour de garde. Pourquoi n'avait-elle rien entendu de tout cela ? En tout cas, il lui fallut mobiliser toute sa volonté pour ne pas s'énerver contre ce pauvre Zoro, qui avait tout de même une tête à faire peur.
- Tu n'as plus de nausées ?
- Si, elles sont toujours là, c'est pire quand je ferme les yeux ou que j'essaye de me lever… alors je reste assis dans ce fichu lit, à t'écouter ronfler.
Une deuxième veine doubla de volume quelque part sur son front. Cette réflexion avait un goût de déjà-vu, sauf que cette fois, c'était elle qui était visée.
- Je ne RONFLE pas !
Ou alors c'était la faute de ce corps, ce qu'elle n'avouerait jamais, parce qu'elle ne ronflait pas ! Enfin… elle aurait pu poursuivre ces petites chamailleries encore longtemps, mais elle eut pitié de lui. Nami soupira et récupéra ses vêtements pour les enfiler.
- Je vais chercher Torao pour qu'il nous fasse réintégrer nos corps.
Sa proposition fit l'effet d'un coup de fouet. Zoro redressa fièrement la tête et avec un regard outré.
- Pas question ! siffla l'épéiste. On avait convenu d'échanger après le petit-déjeuner !
- Oui, que tu ne peux visiblement pas avaler et parce que tu es incapable de te lever…
Une lueur de défis s'embrasa dans ses grandes prunelles ambrées, et Nami eut un mauvais présentiment. Incapable n'était peut-être pas le meilleur choix de mot pour qualifier Zoro. Ce qui se confirma lorsque ce dernier se glissa hors du lit et se hissa sur ses jambes. Il posa les poings sur les hanches et leva le nez, l'air de dire « tu vois, j'en suis tout à fait capable ». Malheureusement, il ne fallut pas plus de deux secondes pour que son expression arrogante ne vire à la grimace, en même temps que son teint pâlissait. Il tangua dangereusement et Nami bondit à ses côtés pour le saisir par la taille. Aussitôt, Zoro porta la main à sa bouche alors que ses joues se gonflaient avec le renvoie de son estomac. Prise de panique, la navigatrice chercha la poubelle du regard, qu'elle localisa dans un coin, à l'opposé de la pièce, puis déposa le bretteur sur le lit avant de se jeter sur celle-ci. Dès qu'elle lui tendit, Zoro plongea directement la tête dedans, avec un bruit peu ragoutant, et une odeur âcre de bile parvint à ses narines.
- Je vais demander à Chopper s'il n'a pas quelque chose de plus fort pour les nausées, annonça Nami tout en lui caressant le dos.
Elle n'attendit pas la réponse de son compagnon et fila directement à l'infirmerie, retrouver le petit renne. Une chose était certaine, Zoro n'était pas prêt d'oublier son expérience en tant que femme enceinte.
A suivre...
Et ceci, mes amis, marque la fin de la seconde partie. Je ne vous le cache pas, je ne suis pas hyper satisfaite de ce chapitre, j'ai même hésité à le poster, mais bon, quitte à avoir écrit un truc, autant l'assumer jusqu'au bout, lol. Après ça, on entre dans la troisième et dernière partie de l'histoire !
A bientôt !
