Bonjour à tous ! J'espère que vous allez bien !

Bon moi je vais mieux, j'ai découvert que j'avais une allergie en plus : l'armoise ! Après avoir galéré plusieurs jours, ça s'est ENFIN calmé et j'ai cessé de ressembler à un véritable déchet...

Merci beaucoup à Auroree pour sa review que je réponds juste en dessous :

Auroree : Ravie que tu sois si investie dans la fic, c'est trop gentil merci :') ! Et je suis contente si ça a paru crédible le coming-out de Rose, comme parfois ce n'est pas facile en tant qu'hétérosexuelle de rendre un point d'intrigue queer "crédible" (comme ça arrive parfois dans de nombreuses histoires, en particulier dans les fanfictions...), si ça passe, j'en suis ravie ! J'espère que la suite te plaira en tout cas ^^

Chapitre un peu plus court que d'habitude, c'est un peu une espèce de transition, je vous souhaite une bonne lecture !


Chapitre 16 : Mayday

La vieille horloge de Mrs Queenie Zabini fit bouger sa plus grande aiguille sur le numéro dix dans un grincement sinistre, mais à peine audible. Dans la plus large salle à manger de son humble manoir d'hiver, celle qu'on surnommait en basse société « La veuve noire », aimait à chaque changement de saison, aller et venir entre ses demeures et ses résidences de vacances. Elle en avait cinq en tout, celui-ci était le plus modeste avec seulement ses deux salons, trois salles de bains et six chambres à coucher. Pas besoin d'avoir plus de pièces que nécessaire lorsqu'on logeait dans l'une des régions les plus glacées de l'Écosse. Elle vivait seule et interchanger ses habitations l'aidaient à ne pas se lasser de son environnement.

La semaine dernière, pour les fêtes de fin d'année, elle avait passé quelques jours dans l'une de ses plus larges résidences, celui réservé aux festivités mondaines, les galas et les grandes occasions. L'unique maison qu'elle présentait en premier à chaque nouvel invité avec son colossal hall marbré, sa salle de bal, l'immense pièce à déjeuner et ses divers salons tapissés de velours. C'était une tradition pour Queenie Zabini d'organiser Noël et Saint-Sylvestre en grande pompe avec des sorciers triés sur le volet, d'importantes familles bien entendu. Depuis quelque temps déjà, son fils avait renoncé à y participer, ne supportant plus les réceptions autres que celles planifiées par son travail. Il ne voyait donc que sa mère avec sa femme et ses enfants que le dernier week-end avant la fin des vacances.

Cela ne gênait aucunement Queenie qui se contentait parfaitement de voir à petite dose sa descendance. Une décennie s'était écoulée depuis la mort de son précédent mari, bien qu'elle se soit bien conservée avec l'âge, les fortunés ne s'intéressaient plus tellement aux vieilles dames. Cette chasse aux compagnons, elle s'en était même lassée au fil des années. Désormais, il n'y avait plus qu'un seul homme dans sa vie : Blaise Zabini, fils de son quatrième époux.

Depuis qu'il était devenu adulte, Queenie pouvait s'en vanter d'être fière de lui. Grand businessman de renommée, au mariage solide (bien que Queenie eût longtemps à redire sur le sang un peu trop mêlé Moldu de sa belle-fille, Tracey Davis) avec deux beaux enfants. Quand Blaise était petit, Queenie avait eu plus de mal avec lui, jamais elle n'avait voulu d'héritier à l'origine. Contraignant, braillard et sale, telle avait été sa vision des nouveau-nés, son ventre ne fut plus jamais le même après son accouchement, ce qu'elle regrettait amèrement. Le père de Blaise de son côté, un magnifique sorcier nigérien, avait péri pitoyablement dans un incident de tapis volant alors que leur fils avait à peine deux ans.

Chacun de ses maris mourrait en l'épousant, nombreuses étaient les rumeurs qui l'accusaient à chaque fois de ces tragédies, la réalité était pourtant ailleurs. Cela faisait parler dans les chaumières d'imaginer une femme vénale et avide d'argent. Mais personne ne s'intéressait à ses quatre premiers mariages malheureux. Comme l'assassinat déguisé en empoisonnement, que Queenie fut incapable de prouver à la justice, orchestré contre son troisième mari, son seul et unique amour. Quiconque ne comprendrait qu'elle avait tué le deuxième après ses brutalités répétées, une épouse ne pouvait être violentée par son concubin de toute façon... Son premier mariage avait été arrangé avec un vieillard, emporté finalement par la dragoncelle au bout de deux années.

Le père de Blaise n'avait pris sa main que pour sauver son honneur après l'avoir mis enceinte. Le cinquième et sixième, leurs morts en revanche bien prémédités, seul le manque de preuves lui permettait d'échapper à la prison. Ils n'avaient été que des unions de dépit, d'avidité et de ruse, se terminant en une vengeance parfaitement orchestrée. Le premier périt dans un incendie plusieurs mois après que Queenie fut assurée que son testament fut modifié en sa faveur. Le suivant fut rendu fou par ses brimades et humiliations quotidiennes si bien qu'il avait fini par se pendre, non sans laisser un joli coffre-fort derrière lui.

Ainsi, sa fortune et sa réputation s'étaient multipliées au cours des années. Son septième mariage fut légèrement plus agréable, mais Blaise avait renoncé à l'époque à entretenir le moindre lien avec son nouveau beau-père, lorsqu'il eut seize ans. Ce pauvre homme mourut peu avant la fin de la Deuxième Guerre lors d'une bataille de mangemorts et de résistants, après avoir été au mauvais endroit au mauvais moment… Et puis vint le huitième et dernier mariage entre elle et un individu lui aussi fatigué et solitaire, ayant peur tous deux de périr seuls. Il en était devenu comme un meilleur ami et son plus long engagement, mais la malédiction frappa une ultime fois : une simple chute dans l'escalier eut raison de lui.

Queenie avait passé presque trente ans de sa vie mariée, détenait des dizaines de coffres en étant une des sorcières les plus riches d'Angleterre. Mais elle avait oublié le sentiment de bonheur et d'amour véritable depuis. Elle n'affectionnait l'argent que pour pallier l'ancienne addiction au jeu et à la boisson de feu son père et pour ne plus tomber dans la déchéance. En accouchant de son fils, elle s'était juré que jamais Blaise ne connaîtrait cette humiliation. Mais sa belle fortune se méritait, si sa descendance voulait en voir la couleur un jour, il fallait lui prouver leur valeur. Sa chère Victoria était en bonne voie, son frère Jason un peu moins.

Assis sur sa chaise, le cadet de la famille s'ennuyait profondément. Il ne cessait de tourner la tête vers l'horloge en priant pour que ce déjeuner se conclut enfin. Jason n'avait rien de particulier contre sa grand-mère, mais il n'aimait guère séjourner chez elle, là où l'austérité et le silence étaient maîtres quand l'apparence et la réputation ne revenaient pas au galop dans leurs discussions. Il avait déjà dû se coltiner sa sœur pendant deux semaines alors qu'il faisait de son mieux pour l'éviter dans la vie courante (objectif bien plus facile depuis l'obtention des ASPIC de cette dernière) ! Il ne comptait plus toutes les interventions où Victoria l'avait agacée à Noël chez leurs grands-parents maternels. Jason commençait même à se demander si Lily n'avait pas raison quant aux merveilleuses fêtes parmi les Weasley. Aurait-il pu oublier le caractère superficiel de cette fête dans une famille plus chaleureuse et aimante ?

Jason souffla du nez : il fallait le reconnaître, ses après-midi avec ses nouveaux amis lui manquaient. Lui qui n'avait jamais eu pour objectif de se lier d'amitié avec quiconque, voilà désormais qu'il était sentimental à leur égard. Quelle ironie, avec une bande composée d'un Weasley, d'une Londubat et de la jeune Potter ! Sacrée Lily qui l'avait intrigué avec ses histoires bien naïves…cela dit parfois, qu'est-ce qu'elle pouvait l'agacer avec son petit monde si joli, sa fragilité, sa maturité bancale et son caractère soupe au lait. Mais elle avait pourtant quelque chose en plus, sinon jamais il ne se serait intéressé à elle et son groupe.

- Jason, tiens-toi droit à table, tu n'écoutes pas ta sœur non plus, lui reprocha sa mère.

Jason s'échappa de ses pensées et voyant que toutes les œillades s'étaient tournés vers lui, ne camoufla aucunement un râle exaspéré tandis qu'il s'avançait de nouveau avec sa chaise.

- Pour qu'elle nous débite la même chose sur les Héritiers Noirs ? J'ai déjà l'école et les journaux pour me tenir au courant…

- Leur point de vue n'est pas pour autant à négliger, le corrigea sa sœur en le fusillant du regard. Si nous continuons de laisser autant de pouvoir aux Moldus et aux traîtres à leur sang, ce sera la fin de notre race.

- Très bien pour toi, rejoins-les alors tes néo-mangemorts si tu es si en accord avec eux, balaya de la main Jason.

- Je ne pense pas que cela puisse être comparable, ils n'ont pas tout à fait la même idéologie, les Héritiers Noirs sont bien plus réalistes que Voldemort à l'époque, rectifia Victoria, ne cédant pas à la colère qui la gagnait.

- Vous-savez-qui n'était qu'un homme grotesque, commenta Queenie Zabini avant de vider son verre de vin, les yeux dans le vague.

- Que les Moldus interfèrent et saccagent notre société je veux bien l'entendre, mais je ne suis pas non plus d'accord avec les pratiques des Héritiers Noirs, argumenta Tracey Zabini en fixant sa fille, guère en accord avec son point de vue.

- Ce ne sont que des parasites maman, insista Victoria, plus calme. Ils n'ont pas hésité à nous traquer pendant des siècles et maintenant le monde court à sa perte à cause d'eux. Pourquoi ne pouvons-nous pas leur rendre la pareille et qu'ils subissent les conséquences de leurs actes ?

- Je ne pense pas que ce soit très mature d'utiliser la torture et jouer avec leurs cadavres néanmoins, trancha Tracey en se souvenant du dernier article de la presse à ce sujet. Nous pouvons peut-être tout simplement les restreindre et les menacer, en punissant les responsables certes, mais vouloir les exterminer tous, tiendrait de l'utopie. Les Héritiers Noirs sont peut-être influents, mais ils n'ont guère beaucoup de soutien s'ils veulent accomplir un tel travail. Ce serait également passer à côté des lignées de cracmols qui ont peut-être engendré des nés-Moldus, si nécessaire au renouvellement de notre race tant que nous sommes en infériorité.

- Si votre père n'en était pas un, de sang-de-bourbe, vous auriez tenu le même discours ma chère ? laissa échapper d'un rire sans joie sa belle-mère.

- Maman, il suffit, haussa le ton Blaise Zabini.

Mais Jason ne manquait pas le sombre regard que sa mère adressa à Queenie Zabini. La condition de Ruben Davis demeurait taboue dans sa famille, en particulier devant une fervente défenseuse de la pureté du sang qu'était la grand-mère de Jason. Même si Tracey Zabini ne reniait aucunement son paternel, de par son statut de né-Moldu, il semblait être l'exception à la règle. Tout comme les différents membres du clan Zabini, la mère de Jason souhaitait le retour de la « grandeur sorcière », valeur fondamentale également prônée par les conservateurs majoritairement Sang-Pur.

- Nous avons suffisamment évoqué les Héritiers Noirs, reprit le père de famille. Victoria, tu connais déjà l'avis de ta mère et moi sur ce sujet : tu es trop jeune et tu dois être sûre dans quoi tu te lances ainsi que les conséquences que cela pourrait amener sur nous et ton entourage.

- Conséquences qui ne pourraient être que positives si leur influence continue à prendre de l'ampleur, balaya Victoria. Il serait enfin temps que tous les sorciers se réveillent à ce sujet, comment peut-on être aussi aveugle ?

- Peut-être parce qu'ils ne sont pas complètement stupides eux, marmonna Jason en se resservant une troisième part de dessert pour s'empêcher de répliquer.

La bûche glacée eut un arrière-goût amer quand elle glissa dans son palais. Entendre avec quelle facilité celle qui était sa sœur pouvait être en accord avec les Héritiers Noirs sans que ses parents ou sa grand-mère ne puissent être en totale contradiction le rendait malade. On pouvait débattre de l'impact terrestre et sociétal que laissaient les Moldus, mais il rejoignait sa mère sur ce point : espérer pouvoir les neutraliser en multipliant les attaques, les fausses accusations et les atrocités commises étaient de la simple bêtise. Et ces éternels débats moyenâgeux sur le statut sanguin pour retrouver un semblant de pureté factice…

Quatorze heures sonnèrent, les elfes commencèrent enfin à débarrasser la table, ce qui fit pousser une exclamation de soulagement à Jason. Les sourires forcés firent place aux précédentes discussions houleuses tandis que ses parents d'un côté, sa sœur et sa grand-mère à l'opposé, démarrèrent une nouvelle conversation d'une voix fallacieuse en se levant de leurs chaises. Agacé par cette vision, Jason se détourna et croisa le visage d'un des pauvres elfes de maison que Queenie refusait toujours de payer malgré les veines amendes qu'elle recevait. L'être fragile baissa automatiquement la tête, tenant dans ses mains un plateau d'argent qui contenait la théière avec le pot de sucre et de lait.

- Tiens mon vieux, glissa Jason en tendant le reste de son dessert à peine entamé. Mange-le, c'est ma bonne action de la journée.

Sans que l'elfe ne puisse répliquer, Jason quitta la table sans regarder en arrière et fila directement dans la chambre où il résidait. Hors de question de passer au petit salon avec la vieille mégère et la harpie pour subir une nouvelle fois leurs discussions une minute de plus !


- Voilà…je vous ai tout dit…

Lily baissa les yeux et fixa ses mains croisées sur ses genoux sous les regards de Mary, Solange et Alice, assises en face d'elle. Normalement, les garçons étaient à ses côtés, mais Lily avait profité de leur absence (Jason voyant sa copine du moment et Hugo étant avec son groupe de roleplay) pour raconter les précédents évènements pendant les derniers jours des vacances.

Même si Rose préférait que le moins de monde possible soit au courant au sujet de sa sexualité, Lily ne put s'empêcher d'en parler à ses amies les plus proches. On ne manque jamais assez de soutien et Rose les aimait bien, c'était donc naturel pour Lily qu'elles le sachent. C'étaient des personnes de confiance et elle ne voulait pas créer d'éventuel malaise s'ils se revoyaient à La Tanière et que Rose n'était pas en forme. Ou peut-être même avec Willow un jour ? Pour Jason, cela attendra un peu, c'était trop tôt encore pour lui en tant que dernier arrivé dans la bande.

Lorsque Lily était rentrée au Terrier ce soir-là, tout le monde l'avait regardé comme si elle allait annoncer une nouvelle guerre. Elle était restée plus de trois quarts d'heure avec Rose et ce ne fut que durant le trajet du retour que Lily se rendit compte que doigts et orteils étaient complètement gelés. Mal à l'aise devant tous ces regards anxieux face à elle, Lily ne prononça pas un mot et se réfugia dans la cuisine pour se faire une tasse de chocolat chaud. Rose et Hermione ne revinrent qu'au bout d'une heure. L'atmosphère ne fut guère plus chaleureuse, si bien que lorsqu'oncle George sortit quelques pétards avant d'aller se coucher, les applaudissements furent presque timides.

De leur côté, Mary, Solange et Alice demeuraient silencieuses. Lily remarqua que Solange semblait avoir la larme à l'œil, visiblement très touchée. Mary avait un drôle de regard, comme si elle était à la fois désolée et consternée par la révélation de Lily. Alice à l'inverse, paraissait perturbée.

- Ce n'est pas…illégal techniquement, d'être homosexuel, chez les sorciers ? s'osa-t-elle après une hésitation.

- Bah…au vu de la loi non, répondit Lily un peu perdue. Mais je suppose que ce n'est pas très bien vu, si on se réfère à tout ce que m'a raconté Rose et les problèmes qu'ont eu Seamus Finnigan et Dean Thomas.

- Pas bien vu du tout tu veux dire, corrigea Mary. Dans les vieilles familles de Sang-Pur, tu peux clairement être chassé et déshérité, si on n'essaye pas de te marier de force pour te soigner…

- C'est horrible ! s'affola Solange à ses mots.

Mary haussa les épaules, comme dépitée et s'appuya contre la fenêtre de leur compartiment, pensive avant de se tourner vers Lily, visiblement mal à l'aise.

- Tu sais Lily…bien que je fasse tout pour aller à l'encontre de l'éducation que m'a donnée ma mère…j'ai grandi avec cette idée que ce genre de couple était…mauvais tu vois ? Alors attention, reprit-elle au moment où les trois autres filles se retournèrent vers elle avec une expression choquée, je ne dis pas que je rejette Rose et Willow. Je dis juste…que je dois reconsidérer mes aprioris sur le sujet parce que je n'ai pas de…bonnes images dessus. De plus…comme Lily l'a évoquée, notre société n'est pas frayante de ce type de relation à l'origine donc c'est plus « facile » d'être influencé par leur opinion. Vos familles sont aussi plus ouvertes que les miennes.

- Pas tout le monde a accueilli la nouvelle avec philosophie chez nous, grimaça Lily.

- Mais qui sait, peut-être que cela passera différemment ? osa Solange. Chaque génération accepte plus de nouveautés que l'ancienne, la nôtre pourrait davantage approuver le couple de Rose et Willow au bout de plusieurs années ?

- Tu n'étais pas avec Harry quand leur père a été moqué et insulté à Poudlard, intervint Alice, plus froide. Les élèves ne sont pas mieux que les adultes à ce sujet. Clairement, ce n'est pas tout de suite que les choses s'amélioreront...

- Et Rose n'a pas envie de patienter une éternité pour qu'elle soit amoureuse en paix…reprit Lily en croisant les bras. Gardez-le pour vous donc. On va attendre avant de le dire à Jason vu qu'il est dans le groupe que récemment. James n'est pas non plus au courant, c'est compliqué pour Rose d'expliquer ça dans une lettre…

- Comment va-t-il d'ailleurs ? questionna timidement Solange dans une tentative de changer de sujet.

- Je ne sais jamais trop, avoua tristement Lily en se calant contre la banquette. Il a passé les fêtes de fin d'année là-bas tout seul… Mes parents sont partis le voir le vingt-quatre décembre et le premier janvier avec plein de cartes de la famille, mais ce n'est pas ça qui va l'aider à aller mieux… Si seulement je pouvais lui rendre visite…

Solange se mordit les lèvres et baissa la tête, regrettant de ne pas avoir amené une meilleure discussion…

En abordant le cas de son grand frère, les pensées de Lily vagabondèrent également sur le Nouvel An. D'habitude, elle ne le fêtait que principalement avec James, Albus et ses parents, mais avec l'absence de James, Harry et Ginny avait fait le choix de festoyer chez Ron et Hermione. Il y avait même eu une éventualité que Luna, son mari et les jumeaux passèrent, mais sa marraine étant sa marraine, ils eurent un contretemps et ne purent se joindre à la soirée. Lily l'exprimait peu verbalement, mais Luna lui manquait. Ses frères voyaient bien plus leurs parrains, Hagrid et Neville. Sa marraine elle, ne cessait de parcourir le monde le plus possible avant que ses fils ne rentrent à Poudlard dans deux ans. Dès que Lily était à la maison, Luna était ailleurs ou ne pouvait pas venir lui rendre visite. Si elle avait été parano, Lily pourrait penser que sa marraine l'évitait. Elle lui écrivait pourtant, une lettre par mois, mais Lily recensait parfois le désir d'avoir une confidente adulte excepté sa mère ou une de ses tantes. C'était tellement si simple quand elle était petite...

Il eut du mouvement dans le couloir et Lily aperçut du coin de l'œil Julie Crivey et Lisa Shi, les amies d'Alice, traverser devant leur compartiment. Elles lui firent un signe de la main avant de s'éclipser. Mary les remarqua à son tour et se tourna vers Alice :

- Tes copines ne disent rien quant au fait qu'il t'arrive de rester plus avec nous qu'avec elles ?

- Oh non ça va, haussa les épaules Alice en répondant naturellement. On se voit en cours, dans la salle commune, quand on mange, à la récré, je passe également du temps avec elles. Seulement, elles savent aussi que je suis proche de ma sœur, de ses amis et que j'aime bien être avec vous.

- Malgré la présence de Jason ? voulut glisser un trait d'humour Mary.

- Ah, ne m'en parle pas de lui, s'emporta presque Alice. Il m'énerve ! Il n'a pas arrêté de m'envoyer des stupidités par lettres durant les vacances !

- Mais ça ne gêne pas qu'Alice soit là, n'est-ce pas ? se risqua Solange qui avait commencé à rougir en dévisageant les deux filles.

- Rassure-toi Solange, sourit Mary. On aime ta sœur, ça ne dérange personne qu'elle reste avec nous.

- Jason repète souvent que je suis une petite gnome collante…grogna Alice, peu convaincue.

- C'est juste son humour lourd…le réconforta Lily.

- Il ne faut pas que ça aille trop loin non plus, recommanda Solange en regardant sa cadette. Si ça te vexe trop, n'hésite pas à lui dire.

- Mais c'est ce que je fais !

- Pas avec des coups ou des sortilèges Alice…

Lily eut un léger rire et vit que Mary n'était pas loin de les imiter. Elle fut coupée par la venue d'Hugo, suivie derrière du chariot de sucreries.

Une fois arrivée à la gare, Alice se sépara du groupe et ce fut Jason qui prit sa place, après avoir passé tout le trajet avec sa conquête. Dehors, la température était glaciale et la route pour remonter jusqu'aux diligences était jonchée de verglas.

- J'ai encore vu Rose et Scorpius se faire des messes basses en sortant du wagon des préfets, annonça-t-il avec une fierté qui se voulait narguante. Je me demande bien ce qu'ils peuvent se dire, n'est-ce pas Lily ?

La jeune fille haussa un sourcil.

- Je m'en fiche totalement, ce sont leurs affaires, où veux-tu en venir ?

- Oh je ne sais pas, ce n'est pas toi qui étais, c'est quoi déjà le mot…ah oui, jalouse qu'ils soient tous les deux, ensemble, proches, leurs visages se touchant ?

- Mais qu'est-ce qui lui prend ? glissa discrètement Solange près de Lily, déconcertée par l'attitude du garçon.

- Attends, sérieusement Jason ? réagit plus sur la défensive Lily. Qu'est-ce que tu me fais là ? Tu penses vraiment que…

- Il faut dire, on ne peut pas t'en vouloir, la coupa Jason avec un ricanement. Il n'est pas laid le Malefoy, mais de là à être jalouse de ta propre cousine, Lily voyons, ce n'est pas raisonnable…

- QUE QUOI ?!

Plusieurs têtes se retournèrent vers elle tandis que les élèves avançaient à pas de fourmi pour ne pas glisser.

- Pas si fort Lily, il ne manquerait plus que l'école soit au courant et s'y mette également, dit Mary entre ses dents.

- Ce serait le pompon…grogna Lily. Et toi, reprit-elle en pointant Jason du doigt, tu dis n'importe quoi ! Je ne suis…comment peux-tu croire que…lui ?!

- C'est dans tes romans aussi, deux cousines qui entrent en rivalité pour un garçon ? remit une couche Jason. Les repas de famille doivent être beaux…

- Mais Rose…

Lily se mordit aussitôt la langue pour s'interrompre et maudit intérieurement Jason. Elle ne pouvait même pas se défendre en lui avouant la vérité sur Rose, certainement pas devant les trois quarts des élèves !

- Qu'est-ce qu'il se passe Lily ? s'inséra Hugo dans la discussion. J'ai entendu ta voix depuis le bout de la file.

- RIEN ! répondit sa cousine profondément agacée. On avance, il gèle !

Elle n'adressa plus la parole à Jason pour le reste de la soirée et le trajet en diligence se fit dans un calme presque religieux. Seul Jason, un sourire sadique aux lèvres, s'amusait à lever ses sourcils dès que Lily croisait son regard, mais il s'en lassa rapidement quand il vit que la jeune fille l'ignorait complètement et ruminait en silence. Qu'est-ce qu'il lui était passé par la tête pour que Jason pense qu'elle, Lily Potter, soit potentiellement amoureuse de…grrr ! Rien que le fait d'y songer lui donnait des frissons.


- Rose s'il te plaît…arrête…

Lily tentait vainement de secouer de sa cousine, mais cette dernière, dans sa transe, l'ignorait complètement. À coups de fourchette effrénée, elle engouffrait la troisième part de son gâteau d'anniversaire, les larmes aux yeux.

- On ne devrait pas appeler Willow ? Pourquoi n'est-elle pas là en plus ? Elle ne pouvait pas sécher le Quidditch pour une fois ?

- Tu connais Lucy et son esprit de compétition…

- Et où est Scorpius ? Peut-être saura-t-il la calmer ?

- Si Hugo lui-même n'y arrive pas tout seul, je ne suis pas sûr que lui puisse faire quelque chose de plus.

Derrière Lily et Rose, le groupe d'amis de Lily en compagnie de Louis et Roxanne, n'osaient plus bouger. Lucy, Alice et Harry ne venaient pas tout de suite, ayant une session d'entraînement de Quidditch à finir et Hugo, directement alerté par l'attitude de Rose lorsqu'elle se rua sur les sucreries, avait couru chercher Scorpius pour obtenir de l'aide.

C'était la première fois que Lily découvrait ce type de réaction chez sa cousine. Si Hugo n'avait pas eu un élan de sursaut en la voyant agir ainsi, Lily n'aurait jamais compris que son comportement n'était pas normal. Même maintenant, elle ne saisissait pas tout à fait ce qui arrivait, mais une chose était sûre : Rose s'empiffrait violemment, refusait d'écouter lorsque certains tentèrent de la raisonner et plus elle mangeait, plus ses larmes coulaient.

- Lily, lâche-la, dit calmement Mary à son oreille. Il faut attendre que la crise passe.

- Mais si elle vomit ? gémit Lily en se tournant vers son amie. On ne peut pas la regarder sans rien faire et agir comme ça !

- Tu risques d'envenimer la situation si tu la forces à s'arrêter. Laisse Hugo et Scorpius s'en charger, ils la connaissent bien mieux que nous, peut-être savent-ils quel comportement aborder.

- Et qu'est-ce que tu en sais ? Pourquoi on découvre que maintenant que Rose fait ce genre de choses ? Pourquoi on nous cache sans arrêt la vérité à propos de tout ?! s'emballa Lily qui malgré son chuchotement, se retenait d'exploser.

Fort heureusement, Hugo et Scorpius revinrent à ce moment précis. Ni une ni deux, le meilleur ami de Rose se précipita vers elle avant de s'accroupir, lui parlant doucement. Mary entraîna Lily avec le reste du groupe pour leur laisser de l'espace, Hugo avec elle.

- C'est ma faute ? demanda nerveusement Solange en se grattant le bras gauche. Je n'aurais pas dû apporter ce gâteau ?

- Non Solange tu n'y es absolument pour rien, la rassura Louis en mettant une main sur son épaule en voyant que ses lèvres commençaient à trembler. Si ce n'était pas ça, cela aurait été déclenché autrement…au vu des circonstances.

- Mais qu'est-ce qu'elle a du coup ? pressa Lily en se tournant vers Hugo. C'est à cause de Miu qu'elle réagit ainsi ?

- Non…dit Hugo d'une voix blanche en s'essuyant le front. Rose…est comme ça depuis longtemps.

- Est quoi ?!

- Boulimique, trancha Jason qui s'était isolé un peu plus loin contre un mur.

Lily fut confuse, elle regarda autour d'elle pour guetter les réactions, mais hormis Solange qui affichait le même visage d'incompréhension qu'elle, personne ne semblait autant surpris.

- C'est quoi, une maladie ? demanda timidement la jeune Serdaigle.

- Pour simplifier, la boulimie, c'est quand quelqu'un, lorsqu'il ne va pas bien du tout, pour se consoler, mange beaucoup, expliqua Roxanne en marchant sur les œufs. Et il y en a qui peuvent regretter juste après, donc pour compenser ce qu'ils ont ingéré, ou pour se punir, ils font une tonne de sport ou…

Elle déglutit, désormais mal à l'aise, et refusa de finir sa phrase.

- J'ai une fille de mon dortoir qui faisait ça…c'est pour ça que je sais ce que c'est…mais je n'avais jamais fait le lien avec Rose.

- Parce qu'elle ne se pénalise pas, lui répondit Hugo qui fixait le sol. Elle alterne juste les périodes où elle ne mangera rien et d'autres où dès que quelque chose de trop gros pour elle arrive…elle va tout avaler jusqu'à l'écœurement.

- Mais tu as dit qu'elle avait ce souci depuis un moment, c'est ça ? l'interrompit Louis. Ce n'est donc pas que lié qu'à Miu ou à son coming-out ?

- Non…soupira Hugo. Ça a commencé…je ne sais plus exactement, mais avant qu'elle ne rentre à Poudlard. Ça venait que très occasionnellement au début, si bien que je ne l'ai pas su tout de suite, car mes parents ne voulaient pas m'alerter pour peut-être quelque chose de temporaire. Mais ça reprit de plus en plus…avec les Héritiers Noirs, quand elle a eu ses nouvelles matières en troisième année, mais surtout lorsque les BUSE se sont rapprochées. Que ce soit pour des cours, des révisions, les exams, attendre les notes… et puis entre-temps, tu as eu…tout son questionnement sur son identité qui n'a pas aidé non plus… Je pensais qu'elle irait un peu mieux après les fêtes mais là…

Abattue, Lily s'affaissa sur la première chaise venue. Du coin de l'œil, elle voyait que Rose avait cessé de manger, mais avait le visage caché derrière ses mains.

- Je me dégoûte…dit-elle d'un son étouffé.

- Mais non…fit la voix de Scorpius, à peine distinguable. Ce n'est pas de ta faute…on est là pour toi.

- Pourquoi...me trahir comme ça…?

Rose, entre toutes ses cousines aussi minces que des mannequins, se démarquait le plus en termes de poids. Sans être boudinée ou ronde, elle avait des formes plus prononcées, mais Lily avait cru que c'était un gène du côté paternel apparu à l'adolescence ou qu'elle était juste le portrait craché de sa grand-mère Molly au même âge. Jamais elle n'aurait soupçonné que cela aurait pu venir d'ailleurs…ni que Rose allait en réalité si mal depuis longtemps. Comment avait-elle pu être aussi aveugle ? Ou est-ce que Rose cachait parfaitement son jeu à l'école, lors des réunions de famille ? Et depuis quand certains avaient-ils fini par comprendre avant elle, mais sans pour autant l'aider ? S'étaient-ils rendu compte pour la plupart uniquement aujourd'hui ?

Encore un anniversaire qui tournait au cauchemar… Deux jours plus tôt, Miu Ravenel, la meilleure amie de Rose, du moins « était », avait confronté cette dernière après avoir reçu par lettre, la confession de Rose sur son homosexualité. Mais au lieu d'en parler toutes les deux en privé, Miu avait décidé de l'exposer publiquement dans leur dortoir en se disant écœurée par ce qu'elle appelait « sa déviance ». Elle refusait entre autres de dormir dans la même pièce que Rose, ayant soi-disant peur qu'elle l'agresse durant la nuit. Au point qu'il avait fallu l'intervention de plusieurs préfets de Serdaigle et du professeur Flitwick pour calmer le jeu, mais le mal était fait : tous les Serdaigle furent mis au courant de la situation de Rose et les rumeurs allèrent de bon train le lendemain matin.

Miu Ravenel ne voulait plus lui adresser la parole ni entendre parler de celle qui fut sa meilleure amie pendant presque six ans, ne se gênant aucunement pour participer aux messes basses contre elle. Le résultat était que Rose fut désormais la cible de nombreux détracteurs, les mêmes ayant contribué au lynchage du nouveau couple du père d'Harry et Perrine. Certains plus jeunes souhaitaient même que Rose démissionne de son rôle de préfète, ne désirant plus être en contact avec elle ou qu'elle tente de les « corrompre ». Willow, dont Rose n'avait pas évoqué l'identité dans sa lettre, était épargnée par toutes les injures. Subirait-elle également un manège similaire si cela s'apprenait ? Demanderait-on son renvoi de l'équipe de Quidditch ?

- Pourquoi tu ne nous en a pas parlé Hugo ? déclara soudainement Lily la voix cassée. Nous sommes tes amis…et tes cousins.

- Je ne pouvais pas, ma mère me l'a exigé… Il y a des choses qui ne se doivent pas se dire, même pour les plus proches.

- Tout ça est un tissu de bêtises ! reprit sévèrement Lily en fusillant ses interlocuteurs du regard. On est une famille ! On est ensemble ! Ça sert à quoi sinon, si on ne s'avoue rien au moindre problème ? J'en ai marre de ses secrets et qu'on se retrouve…comme des idiots quand c'est trop tard ! Rose, Fred, James et Lucy (Lily pensa très fort à Dominique, mais réussit à se retenir), qui sera le suivant maintenant ? Je déteste ça, on dirait juste qu'on ne nous fait pas confiance !

- La vie n'est pas aussi simple Lily, intervint Jason. Ce n'est pas si facile que ça d'avouer ce genre de chose.

- Et ça l'est bien plus devant ceux qu'on aime, conclut Mary.

- Et bien ça devrait !

La chaise où Rose était assise grinça tandis que Rose se levait, soutenue par Scorpius.

- On va s'en aller marcher un peu, déclara ce dernier d'une petite voix.

- Je viens avec vous, s'avança Hugo en se dirigeant immédiatement vers sa sœur. Si jamais Lucy et Alice arrivent, dites-leur ce qu'il s'est passé.

- Je préviendrai Willow, assura Roxanne.

Chacun acquiesça mais Lily ne prononça pas un mot. Elle suivit des yeux les trois adolescents jusqu'à ce qu'ils disparaissent derrière le trou de la Tanière. Une fois parti, Louis proposa de ranger la pièce, n'allant de toute façon pas continuer le goûter sans la concernée. Lily s'exécuta au ralenti, toujours bouleversée par ce qu'il venait d'arriver et avec un immense sentiment d'inutilité en tant qu'aide extérieure. C'était pourtant les dix-sept ans de Rose, tout le monde aurait dû faire la fête en ce moment même…et ne pas ainsi finir sans avoir réellement débuté, avec des invités manquants (dont Albus qui n'avait en outre, pas pris la peine de se justifier).

Les cours n'avaient recommencés que depuis quelques jours et Lily voulait déjà repartir au vu de l'atmosphère ambiante. Mais pour aller où ? Chez elle où l'absence de son frère aîné n'était guère mieux ? Alors, à défaut de trouver un lieu (voire un univers au point où elle en était) qui la rassurait sans le moindre souci, Lily passa le reste de la journée enfouie sous les couvertures sans parvenir à dormir un peu. Mécaniquement, elle se caressait ses cheveux, mais rien ne changeait : la sensation réconfortante qu'elle avait vécue l'année dernière à l'infirmerie ne revenait pas.


Et voilà, j'espère que ça vous a plu !

Décidemment, Rose mange pas mal dernièrement...j'espère que j'ai réussi à rendre également "crédible" sa boulimie, j'ai essayé au mieux de représenter ça avec ce que j'ai pu trouver en ligne. Je souhaite beaucoup de courage à ceux qui souffre de ce maux ou qui connaissent quelqu'un qui vit avec...

Á la semaine prochaine pour le prochain chapitre "Faded" !