Hermione fixait Drago. Elle attendait toujours qu'il réponde à sa question. Mais au lieu de cela, il lui lança un regard encore plus méprisant qu'à son habitude.

"Tu es dangereuse, Granger. Tu n'aurais jamais dû revenir ici."

"Parce que tu crois que j'avais le choix ?"

"Tu fais courir un danger à toute l'école, tu ne peux pas utiliser ta magie et faire comme si de rien. Autant de magie Noire, c'est mauvais. Si tu perds le contrôle, tu pourrais faire quelque chose de très grave !"

"Oh mon dieu, j'y crois pas… tu penses que je suis stupide, Malfoy, que je ne sais pas tout ça ! J'ai arrêté d'utiliser ma magie dès que j'ai compris ce que cela impliquait. Je n'utilise que des sorts de base de peur de ne pas me contrôler !"

Sa voix tremblait de peur. Hermione lui tourna le dos, elle sentait ses larmes qui menaçaient de sortir, et la dernière chose qu'elle voulait c'était qu'il la voie pleurer. Elle porta une main à son front pour se donner contenance et se concentra sur sa respiration.

"J'ai tout essayé pour retirer cette magie, mais rien ne fonctionne… c'est comme si elle faisait partie de moi, je la sens à chaque fois que je pose mes mains sur ma baguette."

Elle décida de se retourner et de lui faire face à nouveau.

"Ce n'est pas pour rien si je n'assiste pas aux cours de duel ou à celui de défense contre les forces du Mal."

Maintenant qu'il y pensait, c'était vrai que le Serpentard n'avait jamais vu la Gryffondor à aucun de ses cours. Il n'y avait jamais vraiment fait attention auparavant.

"Quel est l'intérêt d'être revenue à Poudlard si tu ne peux même pas exercer la magie ?"

"Ce n'est pas comme si j'avais d'autres options. On n'a pas tous le luxe de pouvoir choisir où aller, Malfoy."

Qu'est-ce qu'il pouvait bien savoir de la vie des autres ? Il était complètement déconnecté de la réalité. Sa famille possédait bon nombre de domaines à travers toute l'Europe, contrairement à elle. Ses parents ne possédaient qu'une maison modeste, et après leur mort, elle avait été détruite pendant la guerre. Voilà où elle en était maintenant. Elle n'avait plus de chez elle. Poudlard était sa seule option, mais elle ne laisserait pas l'occasion à Malfoy de la voir aussi misérable.

"Je n'ai pas choisi de revenir, le ministère me l'a imposé après ma dernière mission…"

"Qu'est-ce qu'il s'est passé?"

Hermione le scruta. Elle ne savait pas si elle devait lui raconter ce qui s'était passé, étant donné la réaction qu'il venait d'avoir. Mais d'un autre côté, il faisait partie de l'Ordre maintenant, au même titre qu'elle, Harry ou Blaise. Si elle n'apprenait pas à lui faire confiance, alors tout cela ne servirait à rien.

"Après m'être échappée, le ministère m'a demandé de fouiller une maison qui avait appartenu à la famille Lestrange. On pensait que peut-être je pourrais trouver des informations sur Leta. Les anciennes familles de sorciers de sang pur gardent toujours des traces écrites de leur héritage familial, mais quand je suis arrivée, je n'étais pas seule… il y avait des Mangemorts sur place, ils devaient chercher la même chose que moi. Et… quand ils m'ont attaquée, je n'avais pas d'autre choix que de me défendre. Mais c'était comme si toute la magie de cette maison s'était imprégnée en moi. Je pouvais sentir toute la magie Noire présente. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais quand je me suis réveillée, ils étaient tous morts, leurs corps étaient brûlés et il ne restait que des ruines de la maison. Tout avait été détruit… sauf moi..."

"Et tu ne te souviens de rien?"

"Non, les Aurors m'ont retrouvée inconsciente au milieu des ruines. Il était évident que j'avais causé tout ça. Alors le ministère a décidé que c'était trop dangereux que je reste dehors sans pouvoir utiliser ma magie."

"Pourquoi n'es-tu pas retournée du côté moldu alors ? Chez tes parents, si tu n'utilises pas de magie, il n'est pas possible de te localiser. Il n'y a pas de trace…"

"Je sais comment fonctionne l'empreinte magique, Malfoy… mais ce n'était pas une option possible. Mais j'ai quand même refusé de revenir ici au début. Alors je suis restée quelques jours sur le Chemin de Traverse dans un vieil appartement avant que des Mangemorts ne retrouvent ma trace. Il y avait trop de monde pour que j'utilise ma magie sans risque. J'ai réussi à leur échapper de justesse. J'avais un portoloin pour Près-au-Lard en cas de besoin, mais c'était comme s'ils savaient exactement où j'allais."

"Ce qui nous ramène à ce soir où nous sommes venus avec Blaise…"

"C'est ça…"

Drago semblait réfléchir à la situation. Il essayait de remettre de l'ordre dans ses pensées. Tout se rejouait dans sa tête, et il repensa à cette soirée dans leur appartement où des Mangemorts s'étaient introduits.

"C'est pour ça que ce jour-là tu t'es interposée ?"

"Qu'est-ce que tu veux dire ?"

"L'attaque des Mangemorts ici. Tu t'es jetée devant moi parce que tu ne pouvais pas utiliser ta magie."

"Tu sembles oublier que je n'avais pas de baguette ce soir-là."

"À d'autres ! Je t'ai vue utiliser des sortilèges informulés à plusieurs reprises et utiliser la magie sans baguette ! N'essaie pas de me mentir, Granger."

Il n'avait pas tort, elle avait eu peur de faire encore plus de dégâts si elle utilisait sa magie. Mais ce n'était pas la seule raison. Mais ça, elle ne pouvait pas lui dire.

"Pourquoi tu n'oublies pas simplement cette soirée, Malfoy !"

"Parce que j'ai horreur du mensonge, Granger, et je finirai par découvrir ce que tu caches."

"Laisse tomber, tu ne découvriras rien parce qu'il n'y a rien à découvrir."

"Laisse-moi en douter, Granger."

"Ce n'est pas possible d'être aussi têtu !"

"Je ne suis pas têtu, je sais que j'ai raison, c'est toute la différence, vois-tu. Je sais quand on me ment, et tu es une très mauvaise menteuse, Granger."

"Cette conversation ne mène nulle part," déclara la brune, désespérée.

"Pour une fois, je suis d'accord avec toi !"

"Je vais envoyer un hibou à Harry pour lui demander de revenir ce week-end. Plus vite on se mettra au travail, plus vite on découvrira ce qu'il faut savoir."

"Ce ne sera pas possible."

"Quoi ? Et pourquoi ça ?"

"Tu as déjà oublié ? Tu es irrécupérable, Granger…"

Elle le regarda incrédule, n'ayant aucune idée de ce à quoi il faisait référence.

"Le bal d'Halloween. Nous n'avons pas le choix que d'y assister."

Le bal. Elle l'avait complètement oublié. Comment pourrait-elle faire la fête après tout ça ?

"Merde. Ça m'est complètement sorti de la tête."

"Mhmm ! Un si vilain mot dans une si jolie bouche, Granger."

"Oh, la ferme, Malfoy !"

Elle monta les escaliers, laissant le Serpentard hilare dans le salon. Elle s'enferma dans sa chambre et se dirigea droit à la fenêtre pour l'ouvrir. Comment allait-elle faire ? Elle n'avait aucune envie d'aller à ce bal. Faire semblant devant toutes ces personnes. La seule chose positive était que personne ne saurait la reconnaître, peut-être ne serait-elle pas forcément obligée de faire d'efforts. Puis elle réalisa qu'elle n'avait toujours pas trouvé sa tenue. Elle n'y avait pas pensé une seule fois. Elle allait devoir se rendre à Près-au-Lard cette semaine.

Elle trouva le temps d'aller à Près-au-Lard mercredi après-midi. Elle s'y était rendue directement après son dernier cours du matin. Elle devait déjeuner avec Ron avant son shopping. Ils ne s'étaient pas revus depuis la soirée avec les Serpentards. Hermione était contente de pouvoir passer un peu de temps avec Ron avant d'aller chercher sa tenue.

Elle le rejoignit directement à la boutique de farces et attrapes afin de pouvoir saluer George.

"Hermione Granger ! C'est un réel plaisir, mademoiselle."

"Bonjour George."

Hermione le salua d'une accolade. Elle était sincèrement heureuse de le voir. Elle avait oublié à quel point le frère Weasley pouvait être de bonne compagnie. Elle se laissa vite envahir par sa bonne humeur.

"Comment va la sorcière la plus intelligente ?"

"Arrête, George," pouffa cette dernière. "Je vais bien, et toi ? Comment vont les affaires ?"

"À merveille, nous allons rentrer pleins de nouveautés. Tu veux voir !"

Comment refuser devant autant d'enthousiasme. Hermione accepta tout sourire, pour le plus grand plaisir de George.

"Suis-moi, c'est dans la réserve," dit-il tout excité. "Tu vas être la première à les découvrir !"

"C'est trop d'honneur, monsieur Weasley," plaisanta Hermione.

George passa une bonne vingtaine de minutes à présenter toutes sortes de bonbons, potions et accessoires en tout genre. L'imagination débordante de George étonnerait toujours Hermione.

"Et ça, qu'est-ce que c'est ?"

"Ça, très chère , c'est ma dernière invention," dit George en saisissant une petite bouteille marron-orange très ressemblante à de la bière au beurre. "Avec ça, plus de libre arbitre. Celui qui boit cette bière fait ou dit tout ce qu'il a envie sans se retenir, impossible de mentir."

"Quoi ? Comme du Veritaserum ?"

"Pas exactement, contrairement au Veritaserum, où on doit te poser les questions, ici tu le fais de toi-même. Cette potion expose tes désirs les plus enfouis. Si tu as envie de faire quelque chose mais que tu n'oses pas, elle le fera pour toi."

"Comment ça fonctionne ?"

"Grâce à la magie des émotions, car les émotions ne mentent pas. Tu peux faire croire ce que tu veux aux autres, mais les émotions ne peuvent pas être corrompues."

"Très astucieux, mais n'est-ce pas un peu dangereux ?"

"Je te rassure, cette potion a ses limites. Tu ne peux pas tuer quelqu'un ou blesser quelqu'un. Elle ne fonctionne qu'avec des intentions sans arrière-pensée."

Elle trouvait cela très intriguant et à la fois fascinant. Elle enviait l'innocence de George et sa capacité à utiliser la magie pour des choses aussi futiles.

"Je suis prêt, Mione, on peut y aller." Ron les avait rejoints dans la réserve. "Qu'est-ce que vous faites ici ?"

"Je montrais à Hermione nos dernières nouveautés !"

"Si vous avez fini, je meurs de faim," déclara Ron. "Je pourrais manger un Hippogriffe !"

"Quand n'as-tu pas faim, Ron ?"

"Très drôle ! Allons-y !"

"Tu ne veux pas te joindre à nous, George ?"

"Non merci ! Il faut bien que quelqu'un fasse tourner la boutique."

Ron et Hermione se sont installés au Chaudron Doré. Et sans grande surprise, Ron a commandé la moitié de la carte.

"Comment va Harry ? Il m'a dit qu'il t'avait croisée à Poudlard," demanda Ron la bouche pleine de tourte.

"Bien, je suppose. Le ministère le sollicite beaucoup, il venait de finir sa nuit."

"M'en parles pas, Ginny passe son temps à se plaindre. Elle trouve qu'il passe trop de temps au travail."

"Comment va Ginny ?"

"Bien, les entraînements lui prennent aussi pas mal de temps."

Ginny était devenue l'attrapeuse de l'équipe des Canons de Chudley. Elle avait passé les sélections avec brio et avait même eu droit à un article dans la Gazette du Sorcier. Elle était la première attrapeuse d'une équipe nationale depuis plus d'une décennie.

"Ma mère t'embrasse, elle demande quand est-ce que tu passeras au terrier. "

Hermione ressentie un pincement au cœur. Elle n'étais pas aller voir les Weasley depuis des mois. Elle se promis d'envoyer un Hibou à Molly pour s'excuser.

Ils sont restés presque deux heures au restaurant à parler de tout et de rien. Cela lui avait manqué de ne plus avoir de conversation légère. Elle avait oublié à quel point elle pouvait aimer ça. En quittant Ron après le restaurant, elle ne pouvait pas s'empêcher de se sentir coupable de lui mentir. Elle ne pouvait rien lui dire de ce qui se passait, car il ne faisait pas partie du nouvel Ordre. Mais elle se consola en pensant que moins il en savait, moins il serait impliqué. Il était en sécurité loins de tout ça.

Dans le début de l'après-midi, Hermione se retrouva dans la boutique de Mme Pieddodu à la recherche de sa tenue pour le bal. Elle ne savait même pas ce qu'elle devait chercher.

"Je peux vous aider ?" La vendeuse vint à sa rencontre et l'inspecta d'un œil expert, la détaillant de haut en bas.

"Je cherche une tenue pour le bal d'Halloween de Poudlard."

"Vous plaisantez ?" Demanda la vendeuse, avec un rire nerveux. "Le bal est dans deux jours, je n'aurais jamais le temps de faire les retouches nécessaires. Toutes les filles ont déjà leur robes depuis plusieurs semaines."

"J'étais pas mal occupée, je n'ai pas eu le temps de venir plus tôt," se défendit Hermione. "Inutile de faire de retouches, donnez-moi simplement ce qu'il vous reste."

La vendeuse la regarda d'un air ahuri, choquée par les paroles de la Gryffondor, habituée à ce que les jeunes demoiselles passent des heures, voire des jours entiers à choisir leur tenue.

"Eh bien ! Ce n'est pas tous les jours que quelqu'un me laisse carte blanche."

La vendeuse entraîna Hermione dans le fond de la boutique et l'installa sur un petit podium pour la détailler de plus près.

"De quelle maison faites-vous partie ?"

"Gryffondor. Quel est le rapport avec la robe ?"

"Tout justement. Voyez-vous, cela nous fait gagner du temps de savoir de quelle maison vous venez. Ça m'oriente vers le choix de la robe. Une Serdaigle ne porterait pas une robe destinée à une Serpentard, par exemple. Elles n'ont pas les mêmes attentes. C'est ainsi que je travaille."

Hermione laissa faire la vendeuse, mais au bout de deux heures d'essayage, la vendeuse n'était toujours pas satisfaite au garde désespoir d'Hermione. Soit la robe était trop grande, soit trop petite. À deux jours du bal, il ne restait pas grand-chose dans la boutique.

"Décidément, rien ne va ! Je me demande si... êtes-vous ouverte à l'idée de porter du vert ?"

"Du vert ? Je... je ne sais pas trop. Je suppose que c'est possible, ce n'est qu'une couleur..."

La vendeuse disparut et réapparut quelques minutes plus tard avec une housse à la main. "C'est ma dernière carte. Si celle-là ne va pas, je ne peux rien faire pour vous," déclara la vendeuse, dépitée.

Elle sortit la robe, et Hermione comprit pourquoi la vendeuse lui avait demandé si le vert la dérangeait. Cette robe était clairement faite pour une Serpentard. Il n'y avait aucun doute quant à la nuance de vert. Elle comprenais mieux pourquoi le choix de la maison était important.

Elle aida Hermione à l'enfiler, puis elle se tourna vers le miroir.

"Oh mon dieu, cette robe est parfaite sur vous ! J'aurais du y penser plus tôt! "

"Je... je ne sais pas trop..."

"Oh moi si! Je sais, faites-moi confiance !"

Hermione détailla son reflet dans le miroir. La robe était sublime elle le reconnaissait . Elle pouvait paraître simple de face, toute de velours, avec de longues manches fines. Le col remontait, laissant seulement apparaître les clavicules et elle tombait jusqu'aux chevilles. Mais quand elle se retourna, elle pouvait apercevoir un somptueux dos nu sans être vulgaire. Une légère fente laissait apparaître sa jambe droite quand elle marchait. Elle devait admettre qu'elle se trouvait très jolie dans cette robe. Mais maintenant qu'elle se voyait dedans, elle était mal à l'aise quant à la couleur.

"De toute façon, c'est la seule qui vous va !"

Hermione ressortit de la boutique, une housse à la main et une paire de talons dans l'autre. La vendeuse avait lourdement insisté pour qu'elle achète cette robe. Elle était allée jusqu'à lui faire une remise simplement pour être sûre qu'elle reparte avec.

Hermione regarda sa montre, il était passé 17 heures, mais elle avait encore le temps avant de rentrer au château. C'est d'un pas naturel qu'elle se dirigea vers la librairie, la Plume Enchantée. L'odeur de vieux livres lui chatouilla les narines, et un léger sourire se dessina sur ses lèvres.

Ses jambes la menèrent jusqu'au fond de la librairie, et elle se retrouva devant le livre qu'elle avait aperçu la dernière fois. Il n'avait pas bougé. Elle le saisit, hésitante, repensant aux paroles de Malfoy.

Elle reposa le livre ; c'était une mauvaise idée. Elle changea de rayon pour finalement revenir au même endroit et saisit le livre à nouveau. Elle avait besoin de réponses, et ce n'est pas en prenant ses précautions qu'elle avancerait.

Elle se dirigea vers le comptoir et paya. Elle se dépêcha de sortir avant de changer d'avis, puis mit le livre et les chaussures dans son sac à main ensorcelé avant de prendre la direction de Poudlard.

Les deux jours suivant étaient passer plutôt vite. Elle n'avait pas reparlé à Malfoy depuis. À chaque fois qu'elle l'avait croisé, il était en compagnie d'une nouvelle fille, et elle n'avait pas envie de reprendre leur dernière conversation.

Il était 16h quand elle rentra de sa course. Elle avait besoin de se vider la tête avant d'affronter cette soirée. À son arrivée, elle trouva deux boîtes posées sur la petite table du salon. Elle sut immédiatement qu'il s'agissait des masques ensorcelés.

Elle prit une boîte et monta prendre une douche. Elle avait entendu Malfoy entrer et ressortir trente minutes plus tard. Elle était soulagée de se retrouver seule pour se préparer. Elle ne voulait pas affronter son regard s'il l'a voyait dans la robe verte. Elle était persuadée qu'il aurait trouver le moyen de la charrier sur la couleur. Qu'elle avait trahie les Gryffondor ou qu'elle même admettais que les serpentards étaient supérieurs. Il trouverait forcément quelque chose à dire.

Contrairement à l'habituel bal de Noël, il était convenu que les élèves viennent seuls au bal. Cela leur permettrait de s'ouvrir aux autres. Après tout, c'était le but de ce bal : rencontrer de nouvelles personnes sans se soucier des préjugés ou des maisons. Hermione était soulager de ne pas avoir à trouver un cavalier.

Il ne lui fallut pas plus d'une heure en tout pour se préparer. Ne souhaitant pas utiliser sa magie elle c'était maquillé simplement, rien d'extravagant et de toute façon avec le masque on ne verrait pas grand chose. Elle avait attacher ses cheveux en un chignon pas sophistiqué mais simple. Puis elle enfila sa robe et ses escarpins. Il ne manquait plus que le masque.

Elle ouvrit la boîte beige en velours et en sortit un masque blanc. Elle le porta à son visage, et par magie, il se transforma pour s'accorder parfaitement avec sa tenue. Le masque ne cachait que ses yeux, mais avec la magie qu'il contenait, elle était méconnaissable.

Elle jeta un dernier regard à son reflet avant de saisir sa baguette et de sortir. Arrivée devant les grandes portes de la salle, elle marqua une pause. La salle était déjà bondée, et une douce musique résonnait à travers les murs. Elle regarda autour d'elle, plutôt satisfaite de la décoration qu'elle avait imaginée avec Malfoy. Puis elle jeta des coups d'œil aux gens qui l'entouraient. Elle était incapable de reconnaître qui que ce soit. Les masques fonctionnaient parfaitement bien. Un peu plus détendue, elle pénétra dans la grande salle et se dirigea directement vers le bar.

"Une bière au beurre s'il vous plaît " demanda t-elle au bar man. Elle se retourna et observa les gens qui dansait et discuter. La Gryffondor se demandait de quoi pouvait bien être alimenter leurs conversations. Ils n'étaient pas censés se reconnaître, alors ils pouvaient être qui ils voulaient.

Plusieurs garçons étaient venus lui parler, mais pas une seule fois elle n'avait accepté de danser avec l'un d'eux . Être présente était déjà un effort conséquent, mais danser était au dessus de ses forces. Elle ne pouvait pas juste tout oublier et faire comme si tout était normal dans sa vie. Elle en était incapable.

Elle se surprit à détailler quelques garçons, se demandant lequel pouvait être Malfoy. Elle n'avait vu aucune chevelure blonde avant de se faire la réflexion que probablement elle ne pourrait pas reconnaître ce trait de physique à cause de l'enchantement du masque.

Après presque deux heures à regarder les autres s'amuser, danser et manger, elle voulait quitter la soirée. Elle était arrivée au maximum de ce qu'elle pouvait supporter. Elle ne pouvait plus continuer à repousser les garçons qui venaient lui proposer une danse, et elle commençait à avoir chaud.

Elle posa son verre et prit la direction de la sortie. Elle avait besoin de prendre l'air, mais au lieu de se diriger vers le parc, elle monta à la tour d'astronomie en espérant qu'elle soit vide.

Elle croisa des élèves à chaque coin de couloir en pleine discussion ou en train de s'embrasser. Ils semblaient tous tellement à des années lumières de son monde à elle. Elle était jalouse de leur vie, de leur innocence. Tout ce qu'elle voulait c'était terminer son année de la manière la plus ennuyante possible. Être déborder de devoirs et stressé pour ses examens. Mais ça c'était impossible. Ce n'étais pas une option pour elle.

C'est avec soulagement qu'elle trouva la tour vide et se précipita vers le rebord, se penchant légèrement en avant pour inspirer une énorme bouffée d'air frais. L'air lui chatouillait la peau, et un léger frisson parcourut son dos nu. Elle s'agrippa à la barrière et regarda dans le vide, laissant son subconscient imaginer ce que ça ferait d'enjamber la barrière et de simplement se laisser tomber dans le vide. Elle mourrait probablement sur le coup. C'était une solution à laquelle elle avait pensé tellement de fois en venant ici. Elle pourrait en finir aussi facilement. Il suffisait juste de sauter.

Elle se pencha un peu plus, espérant ressentir ne serait-ce qu'un étourdissement.

"Si tu sautes la tête la première, tu seras sûr de ne pas te rater."

Hermione sursauta et manqua de peu de basculer à travers la rambarde quand un bras la saisit de justesse par la taille et qu'une main se referma sur son dos. Elle ne l'avait pas entendu arriver. C'était un garçon qui portait un costume noir et une chemise de la même couleur. Son masque était doré, et elle avait beau le détailler, elle ne se doutait pas de qui cela pouvait être.

Ils étaient tellement proches qu'elle sentait son souffle contre ses lèvres. Il sentait bon, et elle se surprit à le détailler, même si elle savait qu'elle ne pourrait pas le reconnaître. Sa main posée sur sa peau nue lui procura un frisson agréable, et son cœur se mit à battre très vite.

S'il ne la tenait pas aussi fermement, elle était persuadée qu'elle s'écroulerait au sol. Elle reprit contenance et poussa légèrement sur son torse avec ses mains qui s'étaient retrouvées malencontreusement sur lui.

Il desserra son emprise d'elle et recula d'un pas, maintenant une certaine distance entre eux, bien qu'ils restent tout de même assez proches. Elle sentit la peau de son dos la chatouiller à l'endroit où sa main l'avait touchée, et elle regrettait déjà qu'il ne la touche plus. Il ne la quittait pas du regard, se demandant probablement lui aussi à qui il parlait.

"Tu m'as fait peur, je ne t'ai pas entendu arriver", dit-elle.

"J'étais déjà là bien avant que tu n'arrives, il faut dire qu'il fait plutôt sombre."

Hermione regarda autour d'elle, maintenant elle pouvait constater les différentes zones de pénombre. S'il reculait encore de quelques pas, il disparaîtrait totalement de sa vue.

"Oh ! Désolée, je pensais qu'il n'y avait personne", s'excusa-t-elle en amorçant un pas pour partir.

"Inutile de partir. La tour est assez grande pour deux. Et ce ne serait pas très poli de ma part de te demander cela."

Elle s'arrêta dans son élan et le fixa. Après tout, c'était vrai, elle pouvait tout aussi bien rester. Il se détourna d'elle et s'appuya sur la rambarde au même endroit où elle s'était retrouvée quelques secondes plus tôt. Elle le vit sortir une cigarette et l'allumer à l'aide d'un briquet en argent. Chose rare venant de la part d'un sorciers. Elle en conclut qu'il devait probablement s'agir d'un né moldu. Elle se surprit à le trouver très charismatique et se rapprocha à nouveau de la rambarde pour s'appuyer à son tour.

"Tu viens souvent ici ?" lui demanda-t-il.

"Je…" Elle réfléchissait à ce qu'elle pouvait bien répondre. Donner trop d'informations pourrait la compromettre. "Ça m'arrive oui, quand j'ai besoin d'être seule…"

"Et toi ?"

"Ça m'arrive."

Il avait tourné la tête et la détaillait de haut en bas sans même s'en cacher. Hermione sentit ses joues devenir rouges. Personne ne l'avait jamais regardée comme ça.

"Pourquoi t'es-tu enfuie du bal ? Cherchais-tu à éviter quelqu'un ?" Il demanda avec un léger sourire en coin sur ses lèvres.

Oh mon dieu. Comment pouvait-il avoir l'air aussi sexy alors qu'elle ne pouvait même pas apercevoir son visage.

"Disons que je n'avais pas la tête à la fête."

"Puis-je te demander pourquoi ?"

"Eh bien… je crois tout simplement que ce n'est plus pour moi. J'aimais ça avant."

"Avant ?"

"Avant la guerre… tout a changé après…"

"Tout le monde change après une guerre."

"Mais certains se remettent plus facilement que d'autres."

"C'est vraiment dommage. Quand on porte une si belle robe, on devrait pouvoir en profiter et danser avec tous les garçons qui t'ont probablement demandé une danse ce soir."

"Eh bien, je laisse volontiers ma place aux autres filles."

"Tu n'as rien à leur envier. Je ne pense pas avoir vu une fille aussi jolie que toi ce soir."

Ça y est, elle allait s'évanouir.

"Je te remercie," dit-elle toute gênée. "Mais tu ne peux pas voir mon visage alors qui te dit que je ne suis pas repoussante sous ce masque. Je pourrais être n'importe qui…"

"Je n'ai pas besoin de voir ton visage pour savoir que tu es jolie. Disons que je peux ressentir ces choses-là. Et cette robe me laisse un petit aperçu vraiment très agréable."

Il s'était rapproché d'elle tout en parlant. L'inconnu était aussi proche qu'avant. Il souleva une main et caressa l'extrémité de sa mâchoire, et elle se surprit à fermer les yeux quelques secondes. Quand il passa ses doigts sur sa lèvre inférieure, elle entrouvrit la bouche instinctivement.

Ils étaient maintenant tellement proches que leurs nez pouvaient se toucher et que leurs souffles se mélangeaient. Il la saisit par la taille de sa main libre et de l'autre descendit de sa lèvre pour se nicher derrière sa nuque et l'embrassa.

Hermione se laissa faire et s'agrippa au col de sa veste. Le baiser était vraiment très agréable. Elle lui laissa l'accès complet à sa bouche, et leurs langues se rencontrèrent. Personne ne l'avait jamais embrassée comme ça. Elle se sentait revivre. Elle accentua le baiser et laissa échapper un faible gémissement de bonheur quand il lui mordit légèrement la lèvre. Elle ne voulait pas que ça s'arrête.

Il se détacha d'elle, et elle se sentait frustrée. Elle ne parvenait pas à se détacher de lui. Comment pouvait-il exercer une telle emprise sur elle alors qu'elle venait à peine de le rencontrer ?

"Comment ai-je pu passer à côté de toi sans même te remarquer…" lui dit-il avant d'être interrompu.

La porte de la tour d'astronomie s'ouvrit, laissant apparaître un autre inconnu.

"Putain Drago, je t'ai cherché partout ! J'aurais dû me douter que tu serais ici."

Hermione sursauta. Non, ça ne pouvait pas être possible. Ça ne pouvait pas être lui. C'était impossible. Non, non, non… Elle se détacha de lui, horrifiée, et recula de quelques pas, manquant de trébucher. Et comme si son masque ne faisait plus effet, elle le voyait à présent. Ses yeux gris acier, sa chevelure blonde. Il porta ses mains à son visage et le retira.

"Je crois que je suis démasqué," dit-il, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres.

Hermione recula encore jusqu'à heurter le mur derrière elle. Elle ne pouvait pas croire ce qui venait de se passer.

"Il… il faut… que je parte."

Hermione amorça quelques pas pour s'enfuir, mais il la saisit par le bras.

"Non, attends, dis-moi qui tu es…"

"Je ne peux pas… je, il vaut mieux pour toi que tu ne saches jamais !"

Elle retira sa main de son bras et partit presque en courant.

"Putain, Blaise, tu fais chier!"

"Désolé mec. De toute façon, elle n'avait pas très envie de rester, je crois," dit-il en rigolant.

Hermione ne s'arrêta pas de courir avant de se retrouver dans sa chambre et de verrouiller la porte.

"Merde, merde, c'est pas possible !"

Drago Malfoy venait de l'embrasser comme personne ne l'avait encore jamais fait, et elle avait aimé ça.