Tout d'abord, merci d'avoir prêté attention à cette histoire ! Le français étant ma langue maternelle, le sentiment originel de la fiction n'est vraiment visible que si je la publie avec mon écriture la plus aboutie. Il existe une version anglaise de cette fiction, mais la version française sera probablement plus actualisée que la l'anglaise puisque je dois traduire en anglais ce que j'écris en français. Si jamais vous êtes pressé.e pour la suite et que les traductions sont lentes, n'hésitez pas à lire ma fiction ici pour une meilleure régularité !
Soit dit en passant, cette fiction aura beaucoup d'action, de connotation romantique, d'angoisse/tragédie et de proximité émotionnelle avec les personnages.
J'espère que vous apprécierez votre lecture !
Long résumé de la fiction :
Dans un monde rongé par des guerres et crises de toutes sortes, dans lequel Celestial Being n'existe pas, les armées des trois blocs (AEU, LRH, UNION) se sont réunies d'elles-mêmes dans la Fédération de la Terre. Au sein de cette organisation, existe des êtres humains dotés de facultés spéciales, capable de contrôler ou piloter des Mobiles Suits, des machines de guerres ultra-développés. Parmi ces machines, existent les Gundams, des unités qui à elles-seules peuvent faire la différence à chaque conflit et sont suivies de près par les gouvernements du monde entier.
Mais tout le prestige de ces machines, et l'espoir qu'elles portent, ne suffisent pas à braver la nature humaine... Feldt Grace, Setsuna F. Seiei et leurs camarades l'apprendront à leurs dépends, mais toujours animé de l'espoir de faire la différence.
Il pleuvait ce jour-là. Dans la noirceur de la nuit, elle n'était ainsi perceptible que par le bruit de ses pas rapides qui martelaient contre les flaques d'eau du bitume. Mais au fur et à mesure, sa respiration devint perceptible, se perdant dans plus d'intermittence encore et prenant plus d'ampleur.
Elle devait se dépêcher.
Elle savait qu'elle n'arriverait pas à temps.
Mais il fallait qu'elle le fasse.
Quand bien même l'espoir était déjà loin.
Alors, elle continuait de s'engouffrer plus profondément dans les ruelles abyssales, ruisselante d'eau jusqu'au plus petit centimètre de sa peau. Ses vêtements la collaient désagréablement, ses cheveux se plaquaient contre ses yeux et ses joues mais elle les balaya d'un geste impatient sans plus y faire attention.
Elle avait l'impression que jamais ne s'arrêterait cette course contre le temps, et elle ressentait un paradoxe immuable : elle voulait en finir avec toute cette peur et cette angoisse, et parallèlement, pouvoir arrêter le temps autour d'elle pour pouvoir réagir convenablement, arriver à temps.
Enfin, après un énième virage, elle l'avait aperçue au plus profond de la ligne droite qui se profilait. Une porte semi-entrouverte, d'où ressortait une légère lumière dorée, contrastant avec toute la noirceur du paysage. Ses membres brûlaient encore de la course forcée et bien trop intense et longue pour son petit corps d'à peine sept ans. Pourtant, elle s'y dirigea avec encore plus de ferveur.
Si elle était assez rapide, elle pourrait la sauver.
Lorsqu'elle atteignit la poignée, elle la poussa d'un énorme coup qui causa un puissant grincement, s'exclamant dès son entrée en trombe :
-PAPA ! C'EST MAMAN, ELLE A ETE—
Elle s'arrêta net, ses yeux bleu-vert s'écarquillant avec une expression de choc et de douleur, achevant davantage son innocence déjà brisée quelques dizaines de minutes auparavant.
-P-Papa…
Son propre murmure fantomatique la ramena légèrement à la réalité, et elle esquissa quelques pas dans la pièce, titubante cependant. Le bruit sous ses chaussures, semblable au précédent, la surprit un peu plus, et elle s'exclama d'une voix méconnaissable sans baisser la tête :
-C'est dehors qu'il pleut… Alors pourquoi il y a une flaque par terre ?... Oh j'ai compris ! Tu as fait tomber de l'eau, c'est ça ? Tu devrais nettoyer Papa. Avant que Maman…
Elle s'arrêta net, son corps suivant son esprit.
-Maman… Papa… Papa ! Maman, elle a été attaquée par des méchants ! Ils lui ont mis pleins de coups de couteau dans le ventre !... Papa, c'était effrayant… Maman… Y'a eu du rouge partout… Et elle répondait plus… U-Un peu…
Elle retint un sanglot en s'approchant encore de la silhouette de son père, qui était affaissée au sol.
-Un peu… Comme toi.
Sa propre réplique fut suffisante pour qu'elle comprenne. Et elle fut incapable de contrôler son propre corps, s'écrasant à genoux dans un bruit sourd.
-Nan… P-Papa… Réponds-moi… S'il te plait.
Elle approcha alors ses petites mains des épaules de son père, le secouant doucement pour le faire réagir, mais ses cheveux rouges lui cachaient la vue de ses yeux qui paraissaient de toute manière clos.
-Papa ! Je t'en supplie, Papa ! Tu peux pas ! T'as pas le droit ! Si tu restes comme ça, Maman, elle va—
Les larmes coulèrent à une vitesse déraisonnable sur ses joues, tandis que chacun de ses mots était comme de violents coups dans l'intestin.
-J-Je t'en supplie, Papa… Ne me laisses pas toute seule… Finit-elle dans un chuchotement brisé, commençant à s'affaisser davantage dans la fatalité de sa condition.
-F-Fel-…
La voix grave prit moins d'une seconde à résonner dans ses oreilles. Ses sens s'éveillèrent alors immédiatement, et elle se reprit avec une vivacité inattendue, s'écriant en le tournant un peu plus vers elle, avec du soulagement et de l'excitation :
-Papa ! Papa, tu vas bien ! Je vais t'aider, alors ne t'inq—
-Feldt...
Son intonation était douce mais froide, et quand elle croisa son regard ambre, elle comprit indéniablement ce qu'il essayait de lui faire comprendre.
Alors les larmes revinrent, tandis qu'il se servit de ses dernières forces pour saisir sa petite main tremblante. Il avait tellement de choses à lui dire, mais si peu de temps lui restait pour lui en faire part… Il devait faire de multiples concessions… Lui laisser une chose irremplaçable et la sauver des conséquences de ce jour néfaste au maximum…
-Peux-tu me promettre quelque chose, Feldt ?
De sa seconde main, elle fit pression sur la sienne, hochant la tête avec une telle force que ses larmes éclaboussèrent un peu ce qui se trouvait autour.
-Dans la vie, rien ne sera jamais facile, Feldt… Tu vas… Probablement rencontrer plein d'obstacles… Peut-être… Tout aussi dur que celui d'aujourd'hui… Tu vas vouloir possiblement tout laisser tomber… Mais Feldt… Il faut rester courageuse… Je sais que tu en es capable, et tant que tu continueras à l'être… Tout finira par aller bien…
Bon sang, chaque mot était comme milles brûlures, et il sentait son regard vaciller, notamment parce que l'image de sa fille en pleurs devenait de plus en plus vague alors qu'elle l'observait avec toute l'attention du monde.
-Alors… Je veux que tu me le promettes, Feldt… Promets-moi que quoiqu'il arrive, tu n'abandonneras jamais. Même… Même quand une situation parait désespérée et vouée à l'échec, continue d'y croire jusqu'à la fin. Continue de croire en l'espoir.
-Promis, Papa ! Tu peux me croire ! Jamais je n'abandonnerais !
Il lui offrit un sourire dans la douleur, lâchant sa main pour la monter sur sa joue, la caressant d'un mouvement indolent. Il ne put retenir une larme de s'échapper de ses yeux.
Il ne pourrait pas la protéger. Ni même la voir grandir. Il allait devoir la laisser là, elle, sa mignonne petite fille, seule, dans ce monde cruel et sans pitié. Elle allait souffrir, probablement énormément. Tout ça, parce qu'il n'avait pas su être assez fort pour survivre.
Il ne voulait pas. Il ne devait pas mourir. Il devait rester avec elle… Rester avec sa petite et innocente Feldt. Il ne devait pas lui infliger cette vision, pas lui faire assister à une scène aussi horrifiante. Aussi forte qu'elle fût et deviendrait, le traumatisme sera réel. Et qui prendra soin d'elle ?
Il angoissait, se sentait encore plus mal. Pourquoi ne pouvait-il juste pas rester aux côtés de son seul enfant ? Pourquoi… Pourquoi avait-il été aussi incapable et irresponsable ?
-Je suis désolé, Feldt… Tellement désolé…
Les perles salées coulèrent de ses yeux, la rendant encore plus floue tandis qu'elle échappa quelques sanglots en s'agrippant à lui avec force.
C'était tout ce qu'il était capable de dire pour excuser tout ce qui allait lui arriver ? C'était pathétique. Il le savait. Mais une partie de lui, malgré tout, était comblée d'avoir la chance de passer ses derniers instants près d'elle, la deuxième femme de sa vie qu'il n'avait pas encore assez aimée, pas assez préparée à vivre.
-Papa…
-Je t'aime, Feldt. Et Maman aussi t'aime... Et nous serons toujours là… Ne l'oublie jamais, Feldt…
La fin était proche. Il ne distinguait plus rien d'autres que des tâches de couleurs abstraites, son souffle était en train de partir, il se sentait incapable de réfléchir plus, et ce fut sa seule volonté qui lui permit de dire ses derniers mots :
-Jusqu'à la fin… Nous serons toujours… Près de… Toi…
Ses yeux se fermèrent, sa pression sur sa joue disparut d'un coup, et ce fut à elle de retenir sa main pour qu'elle ne tombe pas dans le sang qui les immaculaient tout deux complétement à cet instant. Et enfin, son souffle disparut.
Ce fut fini pour lui.
Ce n'était que le début pour elle.
Dans la connaissance de ce qui venait de se passer, elle se mit à trembler avec davantage de véhémence. Malgré son jeune âge, elle ne pouvait plus faire le déni sur ce qui se déroulait. D'un mouvement lent, elle s'approcha du corps sans vie de son père et l'agrippa avec frénésie. Quand bien même le sang échappait une odeur des plus nauséabondes et sa couleur rouge écarlate semblait drainer sa santé mentale, elle n'hésita pas à se coller à lui.
Puis lorsque ce fut chose faite, elle se mit à pleurer pour de bon. Silencieusement mais sans intermittence.
Son papa… Sa maman… Venaient de mourir.
Elle n'avait plus rien. Sans même savoir pourquoi cela avait dû se produire. La veille encore, ils riaient ensemble aux éclats. Et maintenant, elle se rendit compte qu'elle n'aurait plus jamais cette occasion. Que plus rien ne serait plus jamais comme avant.
Alors, elle ne le lâcha pas. Elle voulait arrêter le temps, et pouvoir profiter de ce moment, le dernier, avec son seul géniteur, tout en gardant la pensée de sa seule génitrice qu'elle ne pouvait plus sauver. Etre plus longtemps avec les seules personnes qu'elle n'avait jamais aimées.
Lorsqu'on la retrouva, ce fut seulement quelques heures plus tard, et malgré l'engouement paniqué autour d'elle, elle ne changea pas de position et n'avait pas arrêté une seule seconde de pleurer.
Si une chose était sûre, c'était qu'elle avait probablement lâché les larmes de toute sa vie entière ce jour-là. Ce jour funeste où tout avait basculé, où elle s'était enfin rendu compte à quel point le monde était injuste.
Ce jour qui, même dans une centaine d'années, restera gravée au plus profond de sa mémoire, marqué à l'encre rouge indélébile.
