Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas.

Note : UA où quelques-uns des personnages ont du sang divin dans les veines mais l'ont oublié, sur une idée de Jessie (je voulais faire un OS mais voilà une fic, comme d'habitude).


Prologue


L'événement se produisit dans le plus grand des calmes, comme si un souffle léger venait d'éteindre une bougie pour plonger le monde dans les ténèbres. Un à un, les souvenirs s'effacèrent, remplacés par des illusions assez réelles pour ne pas les remettre en question, tissant des tapisseries familiales où les parents n'étaient pas parfaits et bien souvent absents. Dans un dernier râle, à la manière d'un mourant expirant une ultime fois, le passé devint poussière, recouvrant les meubles de la mémoire d'une fine couche cendrée, détruisant à jamais les vestiges d'un autrefois plus beau.

Dans un amphithéâtre du FBI, un homme cligna ses paupières, un peu perdu, avant de reprendre le fil de ses explications, replongeant dans l'histoire d'un tueur en série. Au fond de son esprit, une lueur indécise brillait encore mais elle vacilla à son tour. L'homme crut à une simple migraine, peut-être plus forte que les précédentes, sans toutefois être insupportable. Il remonta ses lunettes sur son nez puis laissa la parole à ses élèves.

Dans un cabinet, à Baltimore, dans le Maryland, un psychiatre eut un instant d'arrêt, un peu surpris, avant de se raccrocher aux sanglots d'une patiente. Peut-être avait-il rêvé ce moment d'égarement, ou peut-être allait-il devoir reprendre sa chasse pour ne pas sombrer dans la lassitude. Un bon repas bien saignant saurait le tirer de cette étrange léthargie pour lui redonner les forces qui lui manquaient. Inclinant la tête, il adressa un sourire compatissant à sa patiente.

Dans un bureau à Harvard, une femme stoppa sa rédaction d'un rapport, son stylo levé au-dessus de la feuille qu'elle était en train de remplir, les yeux dans le vague. Son dernier patient venait de quitter la pièce, un paquet de regrets dans sa poche, mais avec désormais l'envie de vivre et de ne plus être porté par ses idées noires. Elle se massa le nez, contempla le petit réveil posé sur son bureau et décida de s'octroyer une pause bien méritée.

Dans l'une des salles mortuaires du FBI, deux hommes penchés au-dessus d'un cadavre échangèrent un regard incertain. Le plus jeune se recula d'un pas, marmonna qu'il avait besoin de prendre l'air et ôta ses gants chirurgicaux avant de sortir de la pièce. Le plus vieux, lui, observa d'un œil vague le corps qui révélait les supplices dont il avait été victime. Tout comme son collègue, il se débarrassa de sa tenue puis quitta les lieux avant de rejoindre son coéquipier et ami qui, adossé au mur extérieur de la morgue, ne semblait pas dans son assiette. Peut-être avaient-ils trop enchaîné les autopsies ces derniers temps, il leur faudrait du repos.

Dans une maison luxueuse, les coups cessèrent de pleuvoir sur le corps d'une jeune femme. Elle aurait pu en profiter pour s'échapper si elle n'avait pas été elle-aussi perdue dans une étrange sensation. Au loin, dans la porcherie, les cochons préférés de son frère faisaient entendre leur faim par des grognements féroces. La jeune femme n'eut pas le temps de réfléchir, la ceinture reprit son œuvre alors que son tortionnaire ne paraissait pas s'émouvoir d'avoir eu un court instant d'inattention. Après tout, il aimait beaucoup sa sœur, il n'agissait que pour son bien.

Dans le bureau d'un hôpital psychiatrique pour criminels aliénés, un homme reposa son casque, vérifiant avec un brin d'incertitude si tous les paramètres de sortie audio de son ordinateur étaient connectés. Le son était bien activé, il n'y avait aucun blanc dans la bande de l'enregistrement. Sans doute n'était-ce qu'un bug inoffensif, rien de bien dangereux pour ses fichiers. Il reprit son écoute sans trop se poser de questions, bien qu'un instinct lui soufflât de faire attention. Il mordilla son stylo dans un geste réflexe et oublia ensuite toutes ses interrogations.

Dans un laboratoire, penchée sur des insectes en train de grimper le long d'un bocal, une femme se redressa brusquement, cherchant du regard si un papillon ne venait pas de traverser son champ de vision. Elle ne trouva que le silence habituel, ponctué parfois par le bruit d'une mouche, plus téméraire que les autres, qui heurtait le couvercle de son piège de verre. Elle considéra que le problème était d'origine électrique et se promit de vérifier l'état des lampes dès qu'elle en aurait terminé avec les larves qu'elle étudiait.

Dans sa maison, un homme était en train de remonter le drap sur le corps de sa femme endormie. Le tissu glissa entre ses doigts, s'échoua sur les courbes féminines et recouvrit la chair frissonnante. En retard pour son travail, l'homme prit cependant le temps de se frotter les yeux, de retirer le drap et de poser un baiser sur le front de son épouse. Il récupéra son manteau, son arme de service, son insigne d'agent et enfin, il quitta les lieux. Doucement, il ferma la porte d'entrée à clef, jeta un coup d'œil aux alentours puis entra dans son véhicule en direction de son boulot.

Dans une chambre obscure, alors qu'il détaillait un célèbre dessin représentant un être ailé, un homme laissa retomber son tube de colle. Il avait senti un effleurement dans sa tête et sur sa peau, mais tout portait à croire que ce n'était encore une fois qu'un effet de son imagination. Il évita les miroirs brisés avant de descendre à l'étage inférieur où brûlait un léger feu dans la cheminée. Il lui fallait une victime, de quoi se montrer aux autorités tout en leur prouvant à tous qu'il leur était supérieur. D'un pas assuré, il quitta sa maison.

Du sang divin, ils en avaient tous dans les veines. Un père ou une mère, originaire de panthéons divers, des dieux tombés peu à peu dans une forme d'oubli, dans les pages des livres, dans les récits des humains. Ces enfants à l'ascendance particulière, déjà adultes, allaient rejoindre le commun des mortels, poursuivre leur vie comme s'ils n'avaient jamais su la vérité.

Tout du moins, c'était là ce que la destinée leur prévoyait, sans prendre en compte leur libre arbitre.

Sans prendre en compte l'empathie excessive de Will Graham et la curiosité d'Hannibal Lecter.