Chapitre 62
Tu t'es frotté au mauvais équipage !
Elise se réveilla dans sa chambre d'un blanc étincelant, le cœur lourd.
Elle sortit de son lit en portant seulement une simple robe blanche et s'approcha de la large fenêtre qui donnait sur la ville où le calme régnait mais son regard se perdit sur le ciel bleu.
Ce ciel qu'elle avait tant aimé regarder car il ravivait en elle la flamme de l'aventure, cette flamme qui lui brûlait les tripes car elle sentait au plus profond d'elle que sa vie n'était pas ici mais sur les mers du globe, à explorer des terres encore inconnue et débordante d'or pour certaine. Oui, Elise était ce genre de personne taillée pour l'aventure.
Mais la rouge entendit du bruit venant des étages inférieurs et, dans un soupir las, enfila la tenue des dragons céleste pour sortir de sa chambre.
Elle croisa des gardes qu'elle salua d'un mouvement de tête et rejoignit la table où se trouvait sa mère en train de déguster son café et son frère qui avalait son petit déjeuner d'un air élégant tandis qu'une de ses esclaves, une jeune femme d'à peine vingt ans, se tenait en retrait, la tête baissée. En signe de total soumission.
- Bonjour Elise, commença Howard.
- Salut.
Elle prit place et entreprit de se servir une copieuse assiette de bacon et d'œuf brouillé, son petit déjeuner habituel sous le regard sévère de sa mère qui rouspéta.
- N'oublie pas que tu dois entrer dans ta robe de mariée dans quelque heure, alors évite de te gaver.
- Je sais, grommela la rouge.
Elle coupa une tranche de bacon et l'avala avant de se tourner vers la pauvre esclave dont la maigreur faisait peine à voir.
- Tu veux un truc à manger ?
Cette dernière ne réagit pas, mais son frère, si.
- Pourquoi tu demandes à une raclure si elle veut manger ? Elle ne mérite que nos restes.
- Parce que moi, je suis sympa. Et puis, si tu veux conserver tes esclaves longtemps, tu devrais les nourrir correctement, fit-elle remarquer.
Elle prit une assiette et servit quelque tranche de bacon ainsi que des légumes frais et déposa l'assiette devant le nez de l'esclave.
- Tiens, tu devrais manger.
- Elise ! S'écria sa mère, outrée.
- Je t'interdis de toucher le contenu de cette assiette, ordonna Howard de son côté.
La jeune femme, tremblante, détourna la tête de l'odeur appétissante de nourriture mais son ventre gronda, donnant une idée malheureusement tordue à son propriétaire. Howard se leva et s'approcha de sa sœur méfiante, il saisit l'assiette avant de violemment la briser à terre, déversant le contenu de la nourriture qui se mélangea au débris coupant de l'objet.
- Pourquoi tu fais ça ?! Beugla Elise, choquée par le geste.
Mais son frère se tourna vers l'esclave et ordonna en claquant du doigt :
- Mange, raclure !
Elise fut horrifiée de voir la jeune inconnue se baisser et commencer à manger le reste de nourriture sans se préoccuper des débris qu'elle pourrait potentiellement avaler. Elle serra le poing mais sut qu'elle ne pouvait rien faire car elle savait que son titre n'avait pas était rétablie, du moins, jusqu'au mariage. Elle se promit intérieurement de foutre une baigne à son frère dès qu'elle serait protégée de la menace d'un amiral.
Elle foudroya son frère du regard.
- T'es vraiment qu'un enfoiré !
Elle s'éloigna pour se préparer pour la cérémonie sous le regard fière de sa mère et de son frère, sauf qu'elle ne souhaitait qu'abréger cette journée ridicule.
Cylia étudia longuement la serrure de sa cellule d'une mine concentrée.
- Que fais-tu ? Demanda une voix fatiguée.
- Je cherche un moyen de sortir d'ici.
D'un mouvement de la main, la brun dégrafa son soutien-gorge et, après l'avoir étudié de plus près, elle extirpa une pince à cheveux. Abandonnant le morceau de tissu, elle parvint à ouvrir la porte de sa cellule d'un rapide coup de main sous les yeux surprit de ses camarades de cellule.
- Toujours avoir une épingle sur soi, répondit-elle.
- Ils te feront exploser la tête si tu mets le moindre orteil dehors, lui dit une autre voix.
Un soupir amusé franchit les lèvres de la bricoleuse qui détacha le collier d'un mouvement de la main et reprit en l'exhibant.
- Tout le monde sait que ce modèle de serrure est complètement obsolète.
- Alors libère nous ! Cria un esclave.
Cylia s'immobilisa, comprenant que soit elle s'échappait seule avec plus de chance de réussir, soit elle faisait le choix de les aider mais elle n'était pas sûr de revenir en vie. La brune mit quelque minute à se décider quand une voix la convainquit :
- Saisis ta chance et fuie cet endroit de malheur.
- Je reviendrais vous cherchez, je vous le jure.
Mais alors que la brune s'apprêtait à quitter les geôles, la porte de la sortie s'ouvrit brutalement dévoilant trois gardes venus faire leur ronde et qui s'arrêtèrent de surprise en voyant la Whiteman immobile et hors de sa cellule.
- Que faites-vous hors de votre cellule ?!
Un coup d'œil rapide pour s'assurer qu'elle avait toujours le collier explosif entre ses doigts, elle l'envoya au visage de l'un d'entre eux, qui fut assommé, avant de s'élancer. Elle voulut attraper le fusil tombé au sol mais on lui saisit l'avant-bras avant et fut ramener brutalement contre le garde qui lui administra une violente gifle. Elle fut malheureusement envoyée dans les vapes pendant quelque précieuse seconde.
Mais elle revint brutalement à la réalité quand elle sentie des doigts se poser contre son cou et donna un violent coup de tête dans le nez du garde derrière elle qui lâcha un cri de douleur et se libéra de la poigne d'un coup de pied à l'entre jambe. Il la lâcha aussi vite.
Cylia reprit sa route mais elle sentit un violent coup de crosse à l'arrière de sa tête et se souvint qu'il y avait trois gardes.
Dans la chambre de sa demeure, Elise avisa une dernière fois sa tenue de cérémonie le cœur lourd, car bien qu'elle resplendissait de beauté elle faisait une croix sur un avenir qu'elle chérissait du plus profond de son cœur.
Le mot liberté était maintenant mort à ses yeux.
- Es-tu prête ? Demanda une voix masculine.
Ravalant ses larmes, elle abaissa le voile blanc qui recouvrait sa vision, permettant de se préverser jusqu'à se dévoiler aux yeux du futur époux. Elle se leva pour faire face à son père, laissant la quantité de mousseline et de tissu prendre place correctement sur ses jambes musclé. Elle attrapa au passage le bouquet de muguet et annonça à son père :
- On peut y aller.
Ce dernier lui offrit son bras que la jeune femme accepta sans plaisir et c'est dans un silence de tombe que les deux se mirent en route en direction du lieu de la cérémonie qui se trouvait au dernier étage de la demeure Sinclair, dans une vaste salle aux nombreuses baies vitrées qui donnaient sur une terrasse d'une vue dégagée de l'ensemble de la ville sainte.
- Je ne pensais pas vivre cela un jour, annonça le père.
- Moi non plus, répondit sombrement la jeune femme.
- Ne sois point si désagréable le jour de ton mariage.
- Tu veux dire le jour de ma mort ?
- Tu es intenable.
- Et toi, un bel enfoiré, termina la rouge sombrement.
Ils terminèrent leur route devant les immenses doubles portes de la cérémonie et la rouge reprit, déterminée :
- Ne va pas t'imaginer que je suis revenue parce que tu l'as demandé, crétin de géniteur, je suis revenue uniquement parce que je connais la puissance militaire d'un dragon céleste. J'ai fait ça uniquement pour les garder en vie.
La tête haute, elle attendit que les immenses portes s'ouvrent, dévoilant la totalité des dragons célestes qui se retournèrent à son entrée. Accompagnée de son géniteur, l'ex-pirate s'avança d'un pas sûr avant de continuer seule comme son père l'abandonna au pied de l'escalier.
Elle saisit alors un pan de sa robe et se trouva face à Charlos qui affichait toujours un air niais mais cette fois-ci sur le dos de son esclave le plus fort de sa collection, parce qu'il était bien trop petit pour elle.
La rouge tenta de cacher son dégoût quand le prêtre commença à prendre la parole.
- Chers Seigneurs et dames, nous sommes réunis en ce jour saint pour célébrer une nouvelle union...
- Dans combien de temps on arrive ?! Pesta Clara impatiente, a bord du bondolas.
- Combien de temps ? C'est un ordre, demanda Ani à l'homme sous son emprise.
- 20 min, madame.
- C'est trop long !
- On ne peut pas faire plus rapide, rétorqua Claire en voyant Red-port en proie aux flammes de la dragonne.
Mais la blonde prit sa forme hybride pour s'envoler du Bondolas avant de reprendre sa forme zoan laissant place au dragon qu'elle était. Et d'un coup d'aile sec, elle s'envola, disparaissant de la vue de ses amies.
- Ah, bah, si, on peut faire plus rapide, se corrigea Claire.
Mais la blonde était déjà loin, la colère parcourant à présent ses veines. Elle n'hésita pas un instant, et tandis que son corps imposant cacha pendant quelque seconde le soleil, à laisser sa gueule s'illuminer d'orange.
- Qu'est-ce que-
- FEU ARDENT ! Hurla-t-elle.
L'élément destructeur se déversa en ligne droite sur les gardes et pulvérisa la large porte en pierre. Clara s'élança à tire d'aile sans une seconde à perdre.
- Dame Elise, souhaitez-vous prendre pour époux Saint Charlos ici présent ?
Elise ouvrit la bouche mais un puissant rugissement fit trembler la salle entière ainsi que les fondations de la demeure en elle-même.
- Que veut dire tout ceci ?! Demanda Saint Anatol d'une voix sèche.
- Impossible, murmura Elise sous le choc.
Sans perdre une minute, la rouge descendit précipitamment les escaliers de l'office et se jeta contre les larges baies vitrer pour les ouvrir à la volée.
- Elise ! Cria Howard derrière elle.
Mais la rouge sortit précipitamment et constata, avec effroi, les résultats de la colère de sa capitaine. Les flammes commençaient à dévorer les bâtiments autrefois d'un blanc éclatant et les gardes étaient en train de se rassembler pour faire face à la menace des Dragons Forces. Menace qui se manifestait à l'heure actuel par la présence de chaque membre d'équipage aligner, y compris Célène. Mais la présence qui faisait le plus peur fut sans doute celle de la capitaine qui avait gardé sa forme zoan.
- Comment osez-vous ! Raclure de bas étage ! Hurla Saint Anatol.
- Votre insolence ne sera pas restée impunis ! Hurla un autre.
La menace résonna chez les Dragons Célestes mais la dragonne braqua son regard acéré et poussa un puissant rugissement de colère faisant taire toute la grogne.
- Elise ! Hurla Clara.
Mais la rouge sut qu'elle devait les faire partir par tous les moyens. S'en prendre à la noblesse mondiale pouvait être mortel et contrairement à ses comparses, la jeune femme ne le savait que trop bien pour y avoir témoigné.
- Mais qu'est-ce que tu fiche ici !?
- Je suis là pour te ramener !
- Arrête de raconter n'importe quoi ! Tu ferais mieux de te tirer d'ici et vite !
- Pas tant que tu ne reviennes pas parmi nous ! Tu es mon amie !
- MAIS JE NE SUIS PAS TON AMIE ! Hurla la rouge à bout de nerf.
Elle voulait juste que cette journée se termine, elle voulait juste mettre un terme à cette vie qu'elle avait passé à courir. Juste en finir une bonne fois pour toute.
- Je suis de la noblesse mondiale ! Mon rôle est de rester ici ! Je ne serais jamais comme vous !
- Ne raconte pas de connerie !
- Ce ne sera pas des conneries quand tu m'abandonneras ! Quiconque frappe un dragon céleste aura affaire à un amiral ! C'est une loi ! Tu m'abandonneras quand tu auras peur de tutoyer le ciel ! Hurla la rouge en pleure.
Clara resta silencieuse aux détresses de la rouge, de son regard violet la jeune femme chercha un objet et s'immobilisa soudainement.
- Regarde bien, Elise.
La rouge fut intriguée de voir son ancienne capitaine déployer ses ailes et décoller rapidement, faisant tomber de large pierre au sol dans un fracas sourd. Elle se demandait qu'elle était son but quand elle vit le drapeau des dragons célestes « la griffe qui fend les cieux » être épargner des flammes. Du moins pour l'instant.
- Elle ne va pas-...
- Feu ardent !
D'un trait de flamme, le drapeau prit soudainement feu, sous les yeux horrifiés de la noblesse mondiale et des marines présents pour leur protection. La blonde se reposa sur son perchoir et hurla à plein poumon d'une voix rauque :
- Tu crois vraiment que j'ai peur de tutoyer le ciel après ce que je viens de faire ?!
- Comment osez-vous ! Beugla Saint Anatol.
Pour toute réponse, la blonde pointa sa serre sur le noble et cracha :
- Tu t'es frotté au mauvais équipage ! Face de citrouille !
- Et vous vous êtes frotter à la mauvaise famille ! Cracha Célène.
Puis la blonde fixa Elise.
- Vas-y, Elise ! Redis-le ! Redis-moi que tu veux être libre !
Liberté ? Ce mot n'avait pas résonné dans ses oreilles depuis des lustres, y'avait-il ne serait-ce que le moindre espoir d'être débarrasser, à tout jamais, du poids de sa famille ? Mais avait-elle le choix, l'opportunité, de quitter cet endroit ? Qu'importe. Aujourd'hui, elle était bien décidée à hurler ce besoin qui lui vrillait les tripes.
- JE VEUX ETRE LIBRE ! EMMENE MOI AVEC TOI !
- J'arrive, dans ce cas, répondit la capitaine avec son sourire d'idiote.
- Pas si je m'y oppose, cracha le paternel.
Il s'apprêtait à ouvrir la bouche mais une voix le coupa :
- Dites-moi, seigneur.
Il se tourna vers le groupe de Félicia qui se tenait en retrait, observant la scène avec sérieux.
- Combien êtes-vous prêt à payer pour mettre la main sur la détentrice du mythique zoan du dragon occidental ?
- Vous pensez pouvoir l'arrêter sans problème ? Renchérit le Noble.
- Cela dépend si vous voulez une capitaine assez dingue pour mettre à sac la ville sainte ou encore une vampire à la sinistre réputation dans votre collection ? Susura Félicia.
Les yeux turquoise de la brune prirent une teinte à la fois plus vive mais aussi bien plus inquiétante, confirmant Elise que sa tarée de capitaine venait de se mettre dans de beaux draps.
