Chapitre 18 :
Risque
Une fois Nathaniel profondément et paisiblement rendormi, tous se réunirent de nouveau au salon. Nevonne et Lyniam prirent naturellement place près de Caïus, non loin de Severus, les Cullen éparpillés un peu partout dans le salon. L'ambiance se fit alors plus lourde et plus sérieuse, le démon et l'elfe noir réclamant plus de précisions sur ce qui était arrivé au jeune homme depuis la dernière fois qu'ils l'avaient vu. S'ils avaient suivis avec fureur la descente dont-il avait été victime dans la société sorcière, ils voulaient savoir ce que lui avait vécu pendant ce temps. Severus, Caïus et les Cullen se relayèrent pour leur raconter et répondre à leurs questions. Tout deux eurent l'air à la fois tristes, en colère et très touchés par tout ce qu'il avait traversé ces derniers mois. Ce fut longuement qu'ils se renseignèrent ensuite sur son état de santé, Carlisle prenant alors le relais pour expliquer.
- Ces enfoirés l'auront vraiment détruit jusqu'au bout, ragea Lyniam montrant aussi beaucoup d'inquiétude et d'agitation.
- Et moralement ? demanda Nevonne qui se maîtrisait parfaitement mais dont-on sentait l'angoisse.
- C'est difficile, répondit Severus en attirant son attention. Cette fois, il a complètement lâché prise avec la guerre terminée et tout ce qui lui est tombé dessus entre la perte de sa magie, ses yeux et le reste. Il n'a pas résisté et c'est plus que normal.
- Je pensais déjà qu'il aurait cédé bien avant, s'attrista Lyniam. Ces barbares ne lui ont rien épargné. Heureusement qu'il n'a pas pu lire ou entendre toutes les horreurs qu'ils ont sorti sur lui ces derniers mois. Est-ce qu'il... est-ce qu'il a pensé à...
- Au suicide ? demanda Carlisle qui saisissait.
- Il n'a pas pensé au suicide, répondit Jasper. Il ne voulait pas faire ça à ceux qui s'étaient sacrifiés pour lui. Mais il avait perdu l'envie de vivre, ça c'était plus que clair et je l'ai senti plus d'une fois avec mon empathie. Maintenant, il n'a pas repris goût à la vie mais il est moins sombre depuis qu'il vit ici et que Severus est arrivé. Il a encore beaucoup de chemin à parcourir pour commencer à remonter la pente. Il a beaucoup de mal avec la cécité et maintenant que je sais pour sa magie, je suppose que c'est aussi cela qui lui fait ressentir un vide et un manque atroce.
- Assurément, répondit Nevonne. Mais l'effet pour lui est bien pire que pour une personne ordinaire. Perdre la vue est déjà traumatisant pour n'importe qui mais pour lui, c'est encore pire ajouté à la perte de sa magie. Altraz avait l'habitude d'utiliser quasi constamment sa magie pour renforcer ses perceptions sensorielles. C'était même permanent les derniers mois avant la fin de la guerre. Ce qui veut dire que ses sens étaient presque aussi performants que ceux d'un vampire, dit-il en surprenant la famille. Il voyait très loin très précisément et grâce à la magie, il sentait tout, absolument tout ce qu'il y avait autour de lui à un minimum de cinq cent mètres à la ronde. Il n'a pas perdu simplement la vue, il doit avoir l'impression de ne plus pouvoir percevoir quoi que ce soit. Et pour lui qui a toujours été en danger de mort et donc sur ses gardes à chaque heure du jour ou de la nuit pour sa sécurité, il a dû se sentir en danger constant, surtout en ne sachant pas s'il avait quelqu'un à ses trousses ou non. Il a perdu bien plus que la vue dans cette histoire.
- Sans parler de sa magie, soupira Lyniam en serrant les dents.
- Sans parler de sa magie, approuva gravement le démon avant de se mettre à expliquer devant les mines interrogatives des Cullen. La magie d'un sorcier, c'est bien plus qu'un simple pouvoir comme vous pouvez en avoir. C'est comme sa propre vie, son âme. Se faire arracher sa magie de la sorte, c'est comme se faire arracher une énorme part de soit même. Dans le cas d'Altraz, sa plus précieuse amie, ce qu'il avait de plus cher au monde, la seule chose en laquelle il a pu avoir confiance, ce qui lui a permis de survivre tout ce temps. Perdre sa magie donne lieu à une abominable sensation de faiblesse, de solitude, de manque... C'est comme si on avait creusé un trou immense en lui. C'est une blessure très douloureuse au quotidien et qui ne guéris jamais. Un puits sans fond qui vous avale lentement. Et c'est aussi un choc énorme pour son corps et son esprit. Il y a de quoi devenir fou et il faut ajouter à cela le fait que Altraz était le sorcier le plus puissant de ce temps. Au plus le sorcier est puissant au plus sa magie lui est vitale et au plus sa perte provoque des dégâts lourds et des séquelles permanentes graves.
- Où voulez vous en venir ? demanda Caïus qui semblait avoir compris un certain sous-entendu. Ne tournez pas autour du pot Nevonne, cela m'énerve prodigieusement.
Il y eut un moment de silence lourd, le démon semblant chercher comment dire ce qu'il avait à dire.
- Les sorciers ne survivent pas à la perte de leur magie, dit-il sombrement.
- Il y a de rares cas, répondit Severus, Nathaniel en est l'exemple parfait. Il a survécu.
- Pour l'instant, posa le démon. Personne n'a jamais survécus à la perte de sa magie quel que soit la puissance de la magie. Les rares cas dont on parle sont des individus qui ont survécus sur le coup à la perte de leur pouvoir. Mais aucun n'a résisté très longtemps à pareille épreuve.
- Est-ce que vous êtes en train de dire que Nathaniel va mourir ? demanda Carlisle aussi horrifié que toute sa famille.
- Il est déjà extraordinaire qu'il ait tenu si longtemps, lâcha-t-il. Mais il ne tiendra pas éternellement, soupira-t-il l'air douloureux. Sa santé va se dégrader de plus en plus jusqu'à ce qu'il ne tienne plus. Sa magie était une part vitale de lui, les sorciers sont dépendant de leur pouvoir. C'est comme si on lui avait arraché le cœur.
- Mais il doit bien y avoir un moyen de l'aider ! s'exclama Rosalie. On ne peut pas lui redonner de la magie ?
- Non, c'est impossible, trancha le démon. Aucune magie étrangère ne peut remplacer une magie perdue ainsi. J'ai même déjà vu le cas d'un sorcier dont la magie avait été prise de force par un rituel. Rapidement, il a récupéré grâce à des amis sa magie contenue dans un objet dans lequel ses voleurs l'avaient scellé. Il a voulu la récupérer, ça n'a jamais fonctionné. Il faut comprendre que lorsqu'une magie est séparée de son hôte, il y a blessure inguérissable du côté de l'hôte qui ne pourra plus accueillir de magie même la sienne. Le cas que j'ai vu pouvais très bien tolérer la présence de sa magie près de lui, au contraire de toute autre magie qui le faisait souffrir, comme Altraz, mais il n'a jamais pu se la réapproprier et il mort peu après. La perte d'une magie est définitive.
- Mais tu as une solution n'est-ce pas ? intervint Lyniam qui avait vu tout le monde se décomposer.
Lui même refrénait d'ailleurs difficilement sa terrible inquiétude pour le jeune homme surtout en sachant que Nevonne savait parfaitement ce qu'il disait. Le démon était une encyclopédie d'un savoir aussi vieux que lui et il en savait énormément sur la magie dans toute ses formes. Mais surtout, il adorait Altraz et donc, il savait bien qu'il ne dirait pas n'importe quoi sur son état de santé actuel. Cela faisait des mois maintenant que tout deux le cherchaient désespérément, incapables de croire qu'il était mort comme le disaient les sorciers. Le retrouver avait été un soulagement monstrueux pendant quelques instants, jusqu'à comprendre son état de santé. Ils l'avaient retrouvé mais ils n'avaient pas eu besoin de dessin pour comprendre qu'ils risquaient de le perdre à tout instant. Seulement, une chose gardait l'elfe en dehors de la panique : Nevonne avait l'air terriblement inquiet et préoccupé mais pas au point de croire fermement au trépas prochain de leur jeune ami. Si cela avait été le cas, il savait que le démon serait déjà parti à la recherche d'une solution pour le sauver sans attendre. S'il était encore là à discuter, c'était qu'il avait probablement une solution. Peut-être pas certaine mais il avait un début d'espoir.
- Ce n'est que très théorique, soupira-t-il, ça n'a jamais été tenté par aucun de ceux ayant été victime de perte de magie. Mais ceux qui se sont penchés sur le problème ont émis une supposition qui à mon sens, après étude, est tout à fait vraisemblable. Je pense cela possible mais tout ça n'est que très hypothétique. Seulement, c'est le seul et unique moyen qui n'ait jamais été envisagé comme possibilité de sauver un sorcier de la perte de sa magie.
- De quoi s'agit-il ? demanda Carlisle fébrile.
Comme toute sa famille, apprendre que leur petit Nathaniel risquait de mourir prochainement et peut-être rapidement sans qu'on puisse le sauver l'amenait au bord de la panique. Alors il n'attendait que l'explication du démon pour vite faire en sorte de le sauver.
- Tout les sorciers qui ont perdus leur magie sont morts rapidement, commença alors le démon. Mais il y a aussi déjà eu des créatures magiques aux pouvoirs semblables aux sorciers qui ont perdu leur magie. Eux ne sont pas morts, dit-il en les surprenant. Ils ont été très touché mais ils ne sont pas mort et leur état a été étudié par leurs congénères pour tenter de les aider et les soigner. Bref, ces recherches ont révélé beaucoup de choses intéressantes sur la magie et son fonctionnement dans les êtres magiques. On a découvert que si les créatures magiques pouvaient survivre à la perte de leur magie, c'était parce que leur énergie vitale principale n'était pas leur magie. On distingue une ou plusieurs part en chaque être vivant. Prenons les êtres à forme humaine ou hybride. Les moldus, n'ont qu'une part : la part humaine. Les sorciers en ont deux : humaine et magique en sachant que la partie magique prend la place la plus grande et la plus puissante. C'est aussi pour ça que les sorciers sont les êtres potentiellement les plus puissants en matière de magie, parce que ce sont les êtres qui renferment la plus grande part de magie en leur être, tout en eux y est relié : corps, cœur, âme, esprit. Et c'est pour ça qu'ils ne peuvent pas survivre à sa disparition. Les créatures magiques elles, ont trois parts : humaine, magique et celle de leur peuple. Vampire, démon, elfe, veela, centaure, loup garou... et j'en passe. Et dans leur cas, c'est leur part créature qui est la plus vitale et à laquelle tout est relié. Donc, ils peuvent survivre à la perte de la partie magique bien que cela ne se fasse pas sans conséquence.
- Donc, il faut donner une partie créature à Nathaniel, remarqua Severus qui avait compris. Une transformation. Ainsi, ce serait la partie créature qui deviendrait source vitale et qui remédierait donc au manque de magie.
- C'est la théorie, approuva Nevonne. On pense qu'une transformation d'un sorcier sans magie pourrait le sauver en lui donnant pour ainsi dire un nouveau cœur prenant place de source de vie pour remplacer celle de la magie. Cela n'a pourtant jamais été tenté parce que les rares sorciers dans ce cas à qui on a soumis l'idée préféraient mourir plutôt que de devenir une « sale créature magique », dit-il avec ironie. Mais Altraz n'a pas cet état d'esprit alors je sais qu'il accepterait. Seulement, si en théorie je suis d'accord avec le procédé et ses chances de succès, ça n'a jamais été prouvé et on ne sait pas ce qui pourrait se passer.
- Quelle transformation serait la plus adéquat ? demanda Lyniam. Il y a plusieurs possibilités. Vampire, loup garou, démon, ange...
- En vérité, on a que deux possibilités, répondit Nevonne. Démon ou ange, on peut oublier. Altraz est un équilibre parfait de lumière et de ténèbres, de blanc et de noir. Il est l'être le plus harmonieux que je connaisse. Une transformation en démon ou en ange nécessite de pencher franchement d'un côté ou de l'autre. Cela ne fonctionnerait pas dans son cas. Ensuite, il y a les formes de transformation spectrale ou de possession, de symbiose avec autre chose. Comme les kistune japonais par exemple ou autre du genre. Mais cela ne conviendrait pas non plus parce que pour espérer sauver Altraz, il faudra une transformation profonde, forte et puissante capable de remplacer sa magie en source vitale. Il faut une transformation qui change complètement sa nature et l'éloigne de la magie. Il ne reste donc que le loup garou et le vampire, lâcha-t-il. Les seules transformations assez profondes et puissantes pour espérer que cela fonctionne. Vu le passé d'Altraz avec les loups garous, je ne lui ferai jamais l'affront de lui soumettre l'idée. Mais le vampire, dit-il en regardant la famille, me semble tout à fait envisageable que ce soit pour espérer que cela fonctionne autant que pour assurer une vie qui lui convienne ensuite. Il n'y a qu'à regarder la nouvelle famille qu'il s'est trouvé pour comprendre, sourit-il en tirant la même expression au clan.
- Mais il y a de gros risques n'est-ce pas ? nota Lyniam.
- Oui, approuva-t-il. Comme je l'ai dit, cette solution n'est que théorique pour le moment même si sur le papier, elle a de bonnes chances de fonctionner. Le pire des scénarios serait qu'il meurt dans le processus bien entendu.
- Mais peut-il seulement supporter la transformation ? demanda Severus. C'est un acte magique et il ne supporte plus la moindre magie.
- C'est un acte de magie en effet mais de magie vampirique, expliqua le démon, comme vos pouvoirs respectifs, dit-il à la famille. Ce n'est pas une magie qui lui porte préjudice parce qu'elle est très différente de celle qu'il portait en lui. C'est une magie attrait aux créatures magiques et ceux qui ont perdu leur magie, sorcier ou créature, supportent toujours très bien ce genre de pouvoir autour d'eux.
- Autour d'eux d'accord, mais agissant sur eux ? demanda Lyniam.
- C'est plus difficile mais faisable, répondit Nevonne. Il peut le supporter mais... la transformation sera certainement dix fois plus douloureuse pour lui que pour n'importe qui d'autre, dit-il alors que les vampires serraient les dents autours de lui.
- Je croyais qu'un sorcier ne pouvait que très difficilement être transformé, remarqua Caïus en regardant Severus.
- Oui, parce que leur magie prend toute la place et n'accepte que très difficilement l'intrus mais Altraz n'a plus de magie pour rejeter la transformation alors il n'y a pas de raison que ça ne fonctionne pas, posa le démon.
- Bon et en supposant que la transformation fonctionne, à quoi doit-on s'attendre ensuite ? demanda Carlisle.
- Toujours en théorie, cela lui sauvera la vie et fera de la créature en lui, sa part vitale. Mais ça ne fera pas de miracle. Il restera aveugle et ses yeux resteront dans l'état où ils sont avec l'hypersensibilité à la lumière et le reste. Ensuite, il ne retrouvera pas ses forces. La transformation le gardera en vie et lui permettra de gagner l'immortalité comme tout vampire mais il restera faible, rapidement fatigué, manquant de force parce que malgré tout, même les créatures magiques tirent leurs forces de leur partie magique, part qu'il n'a plus. Sans parler du fait que le vampire ne pourra jamais combler l'incroyable puissance qu'avait la magie d'Altraz. Il vivra mais il n'aura pas toute la force d'un vampire ordinaire. Il aura les mêmes capacités que vous mais contrairement à vous, il fatiguera rapidement et cela m'amène aussi à croire que sa soif pourrait être bien plus puissante que les vôtres parce qu'il manquera justement de force. Il se peut qu'il ait un bien plus grand besoin de sang que vous.
- Est-ce qu'il sera capable de gérer une telle soif ? se demanda Edward.
- J'aurais dit oui sans hésiter il y a quelques mois mais dans l'état mental où il est maintenant..., soupira Severus.
- Il en est plus que capable, trancha Caïus, pour la simple et bonne raison que rien dans l'univers ne pourra jamais l'obliger à tuer un innocent peu importe son état. Il est comme ça profondément et on le sait tous, dit-il en regardant Nevonne et Lyniam.
- C'est vrai, sourit l'elfe. Il ne cédera pas au point de tuer quelqu'un. Et puis on fera en sorte de lui trouver des proies animales s'il en a besoin ou du sang. Ce n'est pas un problème.
- Je suis d'accord, approuva Nevonne. Si vraiment il a besoin de plus de sang, on pourra toujours l'aider à en avoir assez. Il faudra juste s'adapter. Avec assez de sang, contrôler la soif sera facile pour lui. Je ne m'inquiète pas pour ça.
- Il y a autre chose à redouter ? demanda Esmée.
- À redouter ? Non je ne crois pas. Mais il faudra certainement s'attendre à des particularités. Il y a un vide immense en lui et il n'est donc pas exclus que le vampire prenne plus de place et de puissance que chez n'importe quel autre membre de votre peuple. Il sera peut-être différent. Peut-être aura-t-il plus de pouvoirs que vous. Si on suit la logique, il sera plus vampire que n'importe quel autre vampire alors je crois qu'on peut aisément dire qu'il se rapprochera plus de l'originel : le tout premier vampire, entièrement vampire sans part humaine ou magique. L'originel de votre peuple est mort depuis des millénaires et il ne reste plus trace de lui nul part. On sait juste qu'il a existé. Il se rapprochera certainement davantage de lui. Ce n'est cependant qu'une supposition. Les créatures qui ont perdu leurs magies n'ont pas vu d'évolution de leur part de créature mais lui sera transformé après cette perte alors on ne peut savoir quelle place le vampire prendra au juste.
- Et si on ne le transforme pas, est-ce qu'il y a d'autres possibilité ? demanda Severus.
- Je n'en connais pas, répondit Nevonne.
- Combien de temps a-t-il ? demanda douloureusement Emmet.
- Il a déjà survécu plus qu'on aurait plus l'espérer alors je dirais que ça se compte en jours désormais, posa-t-il lourdement.
Un silence pesant s'installa dans la pièce, tous comprenant qu'on n'avait pas trop le choix mais qu'on risquait tout de même de perdre Nathaniel dans l'opération, de lui infliger de lourdes souffrances et si ça fonctionnait, il aurait peut-être une terrible soif à gérer sans espoir de retrouver force ou vue. Pourtant, c'était la seule chance de le sauver.
- Il n'y a donc pas vraiment lieu d'hésiter, fit soudain une voix faiblarde.
Tous se tournèrent d'un bloc vers l'escalier, trouvant Nathaniel lourdement assis contre le mur en haut des marches, à peine visible du salon. Tous étaient tellement concentrés sur leur discussion qu'ils n'avaient même pas fait attention à sa présence.
- Altraz ! s'exclama Lyniam en bondissant pour le rejoindre.
Il monta les marches quatre à quatre en une seconde venant délicatement cueillir l'aveugle tremblant comme une feuille, pâle et visiblement très faible, une grimace de douleur au visage. Il cala l'humain dans ses bras avant de redescendre doucement, Carlisle le rejoignant rapidement au pied des marches.
- Tu as l'air épuisé, s'inquiéta-t-il en touchant son front légèrement fiévreux.
- Ça va, assura le jeune homme sans convaincre personne.
Lyniam vint l'installer dans le canapé entre lui même et Nevonne, attrapant une couverture posée là pour en couvrir ses jambes.
- Tu étais là depuis longtemps ? demanda Alice.
- Depuis un peu avant que vous ne commenciez à parler de ma magie, avoua-t-il. Alors... je vais mourir si ça reste comme ça ? demanda tristement en se tournant légèrement vers le démon.
- Oui, approuva lourdement celui-ci en passant un bras autour de ses épaules.
- Je le savais depuis le moment où j'ai perdu ma magie, dit-il sombrement. Inconsciemment, je le savais. Je sentais que ce vide qui grandi finirait par m'avaler.
- Mais ça ne va pas rester comme ça, posa le démon. Il est hors de question que nous vous laissions mourir ainsi après tout ce que vous avez fait. Je ne saurais même pas dire combien de fois je vous dois la vie.
- Vous ne me devez rien du tout, sourit-il doucement. On ne sauve pas la vie de quelqu'un en attendant quelque chose en retour, dit-il en faisant sourire les autres. Transformation alors ?
- Je crois vraiment que c'est la meilleure chance, répondit le démon. Et le vampire me semble être le meilleur choix. Mais c'est dangereux.
- Plus qu'une mort certaine ? ironisa-t-il. Caïus ? Vous aviez raison tout à l'heure. J'ai tout ce dont j'avais rêvé aujourd'hui. Plus de guerre, plus de Survivant. J'ai trouvé une famille absolument géniale, dit-il en touchant profondément les Cullen. Severus est revenu et vous êtes là tout les trois, dit-il pour ses trois amis. C'est tout ce que j'ai toujours voulu : des amis, une famille, une maison. Ce serait vraiment bête d'abandonner maintenant.
En face de lui, Jasper souriait largement, sentant qu'enfin, Nathaniel retrouvait l'envie de se battre au moins un peu. Et sa force, il la trouvait en eux. L'arrivée de Severus avait commencé à l'apaiser, la révélation de son histoire et son acceptation complète par sa famille d'adoption lui avait fait un effet positif énorme et avoir ses trois compagnons autour de lui l'avait rassuré. Caïus semblait avoir réussis à le toucher en lui parlant un peu plus tôt et maintenant, Nathaniel retrouvait une raison de se battre, en s'appuyant sur eux comme ils n'avaient cessé de le pousser à le faire.
- Alors je veux prendre le risque.
Un léger silence s'installa, tous plutôt heureux de le voir vouloir vraiment vivre alors que ça n'avait pas été le cas depuis des mois. Carlisle se leva alors et vint s'accroupir devant lui, prenant sa main :
- Et on sera tous avec toi pour gérer la situation et ce qu'il pourrait se passer, assura-t-il. Je suis sûr que tout ira bien.
Nathaniel sourit, serrant les doigts du blond alors que malgré tout, on sentait sa peur et son appréhension. Ce qui était largement compréhensible. Sa transformation serait assurément très mouvementée et sans garantie de survie.
- Carlisle ? reprit alors l'aveugle tendu. Est-ce que tu voudrais bien être celui qui... qui...
- Qui te transformera ? termina le père de famille.
- Oui, approuva-t-il en serrant ses doigts.
- Comme si je laisserai quelqu'un d'autre s'en charger, répondit-il en le soulageant visiblement. Et je ne te laisserai pas une seconde pendant tout le processus. Combien de temps a-t-on ? demanda-t-il ensuite plus sérieusement en se tournant vers le démon.
- Je ne sais pas mais il vaudrait mieux ne pas tarder, répondit-il. Je l'ai dit : c'est une histoire de jours maintenant.
- Alors il n'y a pas à tergiverser, remarqua Nathaniel.
- Tu es prêt pour ça ? demanda Carlisle.
- Oui. Je veux... rester avec vous, dit-il en serrant un peu plus la main du blond.
- Et tu resteras avec nous encore longtemps, sourit-il. On fera tout ce qu'il faut pour ça. Si tu es prêt, on ne va pas attendre et tenter le diable.
- Mais on ne peut pas faire ça ici avec les Quileute, remarqua Nathaniel. Je ne veux pas que vous ayez des ennuis à cause de moi.
Lyniam demanda de quoi il parlait et Carlisle expliqua ce qu'était les Quileute et leur traité avec eux, leur brève rencontre avec Nathaniel.
- Ce n'est rien, conclut-il en retournant son attention sur le jeune homme. Nous avons des amis qui vivent en Alaska. Le Clan Denali. Ils sont végétariens eux aussi. Ils sont comme de la famille pour nous. Je vais appeler Tanya, la chef de clan, et lui demander si elle veut bien nous accueillir le temps de ta transformation. Je suis sûr qu'elle n'y verra pas d'inconvénient.
- Vous êtes sûr de ce clan ? demanda Lyniam inquiet pour son ami.
- Oui. Ils sont vraiment comme de la famille. J'ai toute confiance en eux. Ils vivent près d'une grande réserve naturelle, celle de Denali. Il n'y a presque personne à des kilomètres à la ronde et largement de quoi chasser. C'est un bon endroit pour un nouveau né. On y sera tranquille. Il faudra deux jours pour faire la route mais on y sera vite. Est-ce que ça t'irait ?
- Oui, approuva-t-il. J'ai toute confiance en toi Carlisle.
- Bon, alors je vais appeler Tanya et si elle est d'accord, on partira demain matin. En attendant, je veux que tu te reposes et que tu te détendes. Tu en as besoin.
- Ok, approuva Nathaniel.
Le patriarche se redressa et vint déposer un baiser sur son front, s'en allant ensuite pour appeler Tanya, déterminé à ne pas perdre de temps pour son fils qui n'en n'avait plus beaucoup. La seule idée de perdre Nathaniel le glaçait d'effroi. Dans le salon, tous retournèrent leur attention sur le jeune homme une fois le médecin parti vers son bureau.
- On vient avec toi, assura Lyniam en prenant sa main. On ne te laissera pas c'est promis.
- On sera tous là, assura Rosalie. Et quoi qu'il se passe, on sera là pour t'aider.
- Merci, répondit-il avec un sourire reconnaissant.
- Est-ce que tu as faim ? demanda Esmée avec plus d'enthousiasme. L'heure du déjeuner est passée.
- Je veux bien merci, approuva-t-il.
- Je vais te préparer quelque chose, assura alors la mère en se levant.
Avant de partir vers la cuisine, elle vint néanmoins embrasser son front, lui assurant d'un murmure que tout irait bien. Nathaniel engagea ensuite la discussion avec Lyniam, Nevonne et Caïus, voulant savoir ce qu'il s'était passé pour eux depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vu. L'elfe et le démon qui étaient partis demander l'aide des créatures magiques avant la bataille finale, lui expliquèrent comment aucun chef de peuple n'avait voulu l'aider, craignant trop Voldemort et n'ayant pas assez confiance en lui et sa force. L'adolescent n'en fut pas surpris bien que très déçu et attristé par cela. Ils expliquèrent ensuite comment tous avaient eu atrocement honte de leur comportement après sa victoire, réalisant que leur Sauveur aurait certainement pu faire plus vite et avec bien moins de mal et de dégâts s'ils avaient eu confiance et s'étaient joint à lui plus tôt. Mais pour Altraz, Nevonne, Caïus et Lyniam, c'était bien beau d'avoir des regrets après mais ça ne ferait pas passer leur colère d'avoir été abandonné de la sorte dans ce combat. Ils expliquèrent ensuite que contrairement aux sorciers, eux n'avaient pas cru un mot de tout ce qu'on avait dit sur lui, de toutes les accusations dont-il faisait l'objet. À défaut d'avoir été de son côté durant la guerre, ils l'étaient maintenant. Les peuples de créatures magiques espéraient qu'il avait survécus et qu'il allait bien, lui vouant un immense respect et beaucoup de reconnaissance. Mais tout cela n'importait que peu au jeune homme. Tant que le monde magique lui fichait la paix et qu'il n'en n'entende plus parler, cela lui allait. Il était fatigué des sorciers et des créatures magiques. Aujourd'hui, il voulait garder le peu de force qu'il avait pour sa famille et pour lui même, pour parvenir à survivre encore une fois avec l'espoir d'avoir ensuite enfin une vie normale... ou presque.
Carlisle rejoignit rapidement son bureau pour appeler Tanya. Elle lui répondit rapidement et il la salua, prenant des nouvelles de sa famille comme il le faisait régulièrement, heureux d'entendre que Kate, Irina, Carmen et Eleazar allaient parfaitement bien. Cela fait, il prit une voix plus grave pour lui faire sa demande. Il lui expliqua qu'il y avait quelque temps, il avait rencontré un jeune humain auquel il s'était beaucoup attaché, un adolescent gravement malade. Il lui dit ensuite qu'il avait découvert qu'il était mourant et qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps. Il lui parla de la relation que toute la famille avait développé avec lui. Ne voulant pas révéler la vie et l'identité de Nathaniel sans sa permission à des inconnus, il se contenta de dire que son état de santé était dû aux sorciers et qu'on ne pouvait le soigner. Après toute ces explications, Tanya ne fut pas surprise qu'il en vienne au fait qu'il voulait transformer l'adolescent. Carlisle lui précisa que c'était la décision du jeune homme et qu'il connaissait les vampires depuis longtemps grâce au monde magique. Il lui demanda finalement si elle accepterait de les accueillir le temps de sa transformation, cela se révélant problématique à Forks avec les Quileute. Il fut très touché lorsqu'elle n'hésita pas un instant à accepter. Il lui demanda si ça allait s'ils arrivaient dans deux jours, la chose pressante et elle approuva. Il la remercia chaudement, la prévenant que quatre amis du jeune homme risquaient fort de les accompagner. Deux vampires et deux créatures magiques. Elle en fut intriguée mais elle accepta avec l'assurance de Carlisle qu'ils ne risquaient rien.
Soulagé bien qu'il ait peu douté de l'aide du clan Denali, Carlisle retourna au salon, assurant que la chose était entendue. S'il ne fut pas vraiment surpris de voir Lyniam et Nevonne suivre, ne s'étant même pas posé la question pour Severus, il le fut bien plus de voir le roi imposer sa présence. Visiblement Caïus était déterminé à s'assurer que tout irait bien pour Nathaniel, démontrant une fois de plus son attachement surprenant au jeune homme. Si on pria l'adolescent de se reposer tranquillement le reste de la journée, les Cullen et Severus entreprirent de faire les valises. Nathaniel resta en compagnie de Nevonne, Lyniam et Caïus, discutant avec eux jusqu'à s'endormir lourdement contre l'épaule du démon.
- Il est dans un piteux état, soupira Nevonne le ton bas pour ne pas le réveiller.
- Est-ce que vous croyez qu'il lui reste beaucoup de temps si on ne le transformait pas ? demanda Caïus.
- Non, répondit-il. Une ou deux semaines au plus. C'est déjà incroyable qu'il soit encore en vie dans cet état. Je sentais sa magie autrefois. Je ne la sens plus du tout aujourd'hui évidemment mais je perçois les dégâts que sa perte a laissé. C'est atroce à sentir. C'est comme si on avait creusé un trou béant dans son corps et qu'il y survivait dans une douleur atroce. Je ne sais pas comment il a tenu ces mois dans cette situation avec tout ce qu'il s'est passé. Encore une fois, il encaisse encore un million de fois plus que n'importe qui. C'est un miracle qu'il soit encore en vie, dit-il alors que toute la maison l'entendait. Au plus la magie est puissante au plus sa perte est atroce. Il est... était le plus puissant sorcier depuis au moins cinq ou six siècles. La perte sur le coup a du être la plus abominable des tortures et je ne parle pas de la sensation que ça a provoqué. De quoi devenir dingue. Je le sens encore maintenant. N'importe qui d'autre serait paralysé de douleur parce que croyez moi ça fait mal constamment, ça provoque des états dépressifs très graves. Il n'a pas lâché prise depuis son arrivée ici en réalité, il se bat encore de toute ses forces et il en faut beaucoup pour résister à ça. Dans ma longue vie, j'ai croisé ou entendu parler de plusieurs cas de perte de magie. Ceux qui ne sont pas morts à cette perte n'ont survécu que deux mois pour le plus résistant et ceux qui n'ont pas succombé à la perte, ont eu une période de presque folie et de douleur avant de se suicider, dit-il gravement.
- Même parmi les créatures magiques ? demanda Caïus.
- Il y a eu quelques suicides parmi les créatures, répondit-il. Et ceux qui ont résisté ont toujours été plus mal en point qu'un autre. Si Altraz survis à la transformation et que tout se passe comme on l'espère, sa magie manquera toujours et j'espère que les sensations s'atténueront avec la transformation mais il ne faudra pas s'étonner s'il a des épisodes douloureux ou dépressif. Il aura besoin de soutient. Je vais aller le mettre dans son lit, dit-il en entreprenant de le prendre dans ses bras sans le réveiller. Il aura besoin de tout le repos qu'il pourra avoir avant la transformation.
Lyniam l'aida alors, couvrant Nathaniel avec soin avant d'accompagner le démon à l'étage où Rosalie les guida à la chambre du jeune homme. Nathaniel se reposa toute l'après-midi alors que les Cullen, faisaient les valises. Ce fut une crise de toux qui le réveilla et Carlisle accourut sur le champs en détectant un problème de respiration. Tout le monde rappliqua d'ailleurs en entendant Nathaniel presque s'étouffer, ce qu'il aurait sûrement fait si Carlisle n'était intervenu si vite. Il fallut un long moment pour faire passer la crise, le jeune homme calé dans les bras du médecin inquiet entièrement concentré sur lui. Nathaniel sembla épuisé par cet épisode et il se blottit un peu plus contre le vampire :
- Je peux... rester là encore un peu ? demanda-t-il dans un murmure à peine audible.
- Je reste là ne t'en fait pas, répondit Carlisle en le serrant contre lui. Repose toi et respire doucement. Les médicaments vont t'aider.
Nathaniel acquiesça lourdement, trop sonné pour sentir son angoisse. Il se tassa simplement un peu plus contre lui, cherchant visiblement à être rassuré et réconforté, ce que Carlisle lui apporta sans condition. La nuit fut un peu agitée pour Nathaniel qui comme la nuit précédente, n'eut guère le droit à un sommeil tranquille. Malgré tout, son sommeil fut l'occasion de terminer de préparer les affaires de tous, Esmée se chargeant de celles du jeune homme mais ce fut aussi l'occasion pour la famille de faire connaissance avec Nevonne et Lyniam qui semblaient très reconnaissant envers eux pour tout ce qu'ils avaient fait pour leur ami. Caïus lui, ne se mêla que peu aux discussions, passant une bonne partie de la nuit dans la chambre de l'aveugle à veiller, surprenant les Cullen qui ne se seraient jamais attendu à cela de sa part. Au matin, ce fut tôt que l'on prépara les voitures au départ. Il y avait eu débat pour savoir qui monterait en voiture avec Nathaniel. Carlisle s'était imposé pour veiller sur lui au cas où, mais les autres, hormis Severus, Nevonne et Caïus, se battaient presque pour une place près de lui dans la voiture. Ce fut le médecin qui trancha, décrétant que Esmée et Rosalie viendraient parce qu'elles étaient celles qui rassuraient le plus l'adolescent qui s'apaisait toujours sous leur attention maternelle. Severus et Lyniam iraient avec Edward et Emmet et Caïus et Nevonne iraient avec Alice et Jasper. On avait libéré Hedwige, Severus assurant qu'elle saurait les suivre.
Carlisle avait lui même préparé l'arrière de sa voiture pour la rendre le plus confortable possible et en mettant à porter de main tout ce dont il pourrait avoir besoin si Nathaniel venait à se sentir mal pendant le trajet. On avait réveillé l'aveugle à une heure raisonnable et Esmée lui avait offert un bon petit déjeuner puis on avait fermé la villa, prit place dans les voitures et prit le départ pour l'Alaska. Nathaniel avait été installé à l'arrière avec Carlisle, entouré de coussins et soigneusement couvert. Il n'avait pas fallu longtemps pour qu'il se rendorme, épuisé par sa nuit difficile. Les premières heures de trajets furent tranquilles mais ils furent obligés de s'arrêter vers la mi journée lorsque Nathaniel se sentit malade, Carlisle détectant immédiatement une montée de fièvre alors que l'adolescent serrait les dents. Le voyage en voiture n'aidait pas vraiment, son état favorisant un mal des transports le rendant nauséeux. On fit donc une pause pour lui laisser le temps de récupérer un peu, Carlisle faisant ce qu'il pouvait pour le soulager alors qu'une migraine l'avait pris. Ce fut finalement Nathaniel qui assura qu'ils pouvaient se remettre en route quand tous voyaient pourtant que ça n'allait pas beaucoup mieux. Carlisle le réinstalla confortablement et ils reprirent la route, Esmée au volant faisant de son mieux pour conduire le moins brusquement possible.
L'après-midi fut compliquée, Nathaniel finissant par être définitivement malade, rendant ce qu'il avait mangé au bord de la route. L'épisode n'arrangea en rien sa migraine, provoquant aussi une intense bouffée de chaleur et une crise de toux qui le laissa plus affaibli encore. Carlisle décréta un arrêt plus long, ramenant bien vite son protégé au chaud dans la voiture. Il s'adossa lui même à une portière, installant Nathaniel contre lui, allongeant ses jambes sur la banquette et le tenant semi assis confortablement pour l'aider à respirer. Il le poussa ensuite à essayer de dormir un peu après lui avoir redonné des anti douleurs et ce qu'il jugea nécessaire pour calmer les palpitations qui l'avaient pris et le soulager au mieux. L'adolescent finit par trouver le sommeil contre lui, s'apaisant progressivement. Ce fut un peu plus d'une demi heure plus tard, lorsque ses tremblements s'apaisèrent, qu'il respira mieux et qu'il fut profondément endormis qu'on reprit la route. Tous furent un peu rassurés de voir Nathaniel resté endormis plusieurs heures entre les bras de Carlisle. On s'arrêta de nouveau dans la soirée lorsqu'il se réveilla pour faire une pause et lui permettre de manger un peu, Esmée ayant prévu bien des repas pour qu'il ait le choix. Il opta pour quelque chose de léger, encore barbouillé. Carlisle lui fit prendre ses médicaments avant de l'examiner soigneusement. Cela fait, il le réinstalla contre lui dans la voiture, le poussant à s'endormir pour la nuit. Une fois encore, on attendit qu'il soit paisible et bien endormis avant de reprendre la route dans le noir.
- Comment va-t-il ? demanda Rosalie après un moment alors qu'elle n'avait pas raté l'inquiétude de son père.
- Sa tension est beaucoup trop basse à mon goût, sa température n'arrête pas de varier et il a du mal à respirer, soupira-t-il. Son rythme cardiaque varie aussi beaucoup trop sans parler de son épuisement. J'espère que ça ira mais au plus vite on arrivera, au mieux ce sera. Et j'espère vraiment que la transformation marchera. Son état empire de jour en jour voir d'heure en heure. Je crois vraiment que Nevonne n'exagérait pas du tout en disant qu'il ne lui restait que quelques jours. Il n'y a pas de temps à perdre, dit-il sombrement en faisant serrer les dents des deux dames.
Rosalie prit son portable pour donner des nouvelles aux deux autres voitures comme elle le faisait régulièrement depuis le départ. Si le début de la nuit fut tranquille, les ennuis revinrent bien vite pour Nathaniel qui fut très vite réveillé, ne parvenant plus à se rendormir. Ce fut blotti dans les bras de Carlisle qu'il trouva du réconfort, assurant qu'il n'y avait pas besoin de s'arrêter et que ça irait. Le médecin fit une nouvelle fois tout ce qu'il put pour l'aider, Rosalie et Esmée tentant de l'apaiser et de lui remonter le moral autant que possible. Au matin, Carlisle sonna un autre arrêt, angoissé par la faiblesse et la fièvre de l'adolescent. Un petit déjeuner, un examen et un petit tour à l'air libre plus tard, tous venant voir Nathaniel, on repartit, Rosalie mettant des musiques appréciées du jeune homme dans la voiture. Ce deuxième jour de voyage fut encore plus pénible que le premier pour l'aveugle qui avait trouvé refuge contre Carlisle auquel il s'accrochait, le médecin se forçant au sang froid total pour le soutenir et l'aider au mieux. Aussi, tous furent plus que ravis d'arriver à destination en fin de journée, sous les neiges d'Alaska. Carlisle avait pris le temps d'appeler Tanya pour lui demander si elle pouvait préparer une chambre chauffée pour leur arrivée, ce à quoi elle avait déjà pensé lorsqu'il lui avait expliqué qu'il venait avec un jeune humain malade.
Ce furent les voitures d'Emmet et Alice qui arrivèrent les premières devant le chalet et immédiatement, les Denali sortirent au grand complet pour les accueillir. Ils se figèrent d'ailleurs net de surprise en découvrant le roi Caïus sortant d'un véhicule, aussi froid, fier et hautain qu'à son habitude. Nevonne et Lyniam qui avaient repris forme humaine au cas où pour le voyage n'attirèrent pas vraiment leur attention mais le roi lui l'attira complètement et le clan se tendit d'appréhension, jetant des regards interrogatifs aux Cullen qui leurs sourirent d'un air rassurant. Edward fit les présentations de Lyniam, Severus et Nevonne, expliquant rapidement qui ils étaient et tous se saluèrent poliment.
- Seigneur Caïus, salua ensuite prudemment Tanya en venant au devant du roi qui lui rendit d'un froid signe de tête désintéressé. Que nous vaut la visite des Volturi ? demanda-t-elle inquiète.
- Je ne suis pas là en tant que Volturi, dit-il en étonnant les Denali. Je suis là en mon propre nom. Je ne viens ni pour vous ni pour les Cullen.
Ce fut là dessus que la voiture conduite par Esmée arriva, attirant l'attention générale.
- Tanya ? interpella Edward. Excuse moi mais la chambre est prête ?
La blonde acquiesça, se concentrant ensuite sur la voiture se garant comme toute sa famille. À l'intérieur, Carlisle était soulagé d'être enfin arrivé, très inquiet pour son protégé plongé dans la fièvre et plus vraiment conscient lorsqu'il était éveillé, respirant mal et grimaçant de douleur. Nathaniel était faible et il était pressé de l'allonger dans un vrai lit pour qu'il puisse vraiment se reposer. Une fois la voiture arrêtée, il demanda à Esmée et Rosalie d'attendre qu'il ait bien couvert Nathaniel avant d'ouvrir les portières sur le froid d'Alaska. Il l'enroula donc dans une grosse couverture avant d'autoriser l'ouverture des portières, prenant délicatement son protégé dans ses bras. Esmée vint immédiatement lui ouvrir, l'aidant à sortir de la voiture avec Nathaniel dans les bras sous l'attention de tous.
- Comment va-t-il ? demanda Jasper inquiet en sentant l'angoisse de son père.
- Pas très bien, répondit Carlisle sombre en se hâtant vers le chalet.
- Je vais te montrer la chambre, proposa alors Tanya.
- Merci. Tu peux prendre mon sac Rosalie ? demanda-t-il.
Sa fille acquiesça et il rentra dans la grande demeure de bois pour gagner la chambre préparée pour l'adolescent. Ce fut rapidement que Nathaniel fut allongé dans un lit, tout le monde rassemblé dans la chambre, les Denali curieux de découvrir celui que Carlisle avait présenté comme son dernier fils. Rosalie lui apporta sa sacoche et il s'empressa d'examiner une fois encore l'adolescent. Après un moment, il soupira lourdement, le couvrit soigneusement avant de se relever et de faire signe à tout le monde de sortir. Tous se réunirent alors dans le grand salon du chalet, Carlisle saluant enfin les Denali, remerciant Tanya de les accueillir.
- Ce n'est rien, tu sais que tu peux compter sur nous Carlisle, répondit Tanya.
- Comment va Nathaniel ? demanda Emmet.
- Le voyage l'a épuisé et éprouvé. Il est inconscient et plongé dans la fièvre pour le moment. Il a besoin de repos, dit-il.
- Ne vaudrait-il mieux pas amorcer la transformation tout de suite ? demanda Alice.
- Je préférerai attendre qu'il se réveille, qu'il soit en mesure de réaliser ce qu'il va se passer, répondit son père. Sans compter que... qu'il ne survivra peut-être pas alors...
Tous comprirent le sous-entendu de vouloir lui parler une dernière fois et d'être certain encore une fois qu'il voulait vraiment prendre ce risque maintenant.
- Pourquoi ne survivrait-il pas ? demanda Kate.
- Le cas de Nathaniel est particulier, répondit Carlisle.
Il leur expliqua alors plus en détail. Il ne révéla pas la vérité sur lui, prenant pour prétexte que les sorciers lui avait retiré son énergie vitale en grande partie pour expliquer son état et les risques pour lui, sa cécité et sa très faible espérance de vie.
- Les sorciers sont vraiment des monstres en puissance, gronda Irina.
- Quand vas-tu le transformer ? demanda Kate.
- Quand il se réveillera et qu'il donnera son feu vert ou alors si son état se dégrade trop, répondit-il.
- Puis-je demander la raison de votre présence seigneur Caïus ? questionna prudemment Eleazar.
- Nathaniel est un ami, lâcha-t-il simplement en ahurissant les Denali n'arrivant pas à croire qu'il dise avoir un ami humain dans cet état. Je veux m'assurer que sa transformation se passe bien.
Se remettant de leur surprise face à cela, on se mit ensuite à discuter, Lyniam et Nevonne révélant ce qu'ils étaient, parlant un peu de Severus aussi. Les Cullen remercièrent chaudement leurs amis de les accueillir. Cela fait, certains entreprirent d'aller décharger les voitures et de s'installer un peu alors qu'ils resteraient certainement un bon moment le temps de transformer Nathaniel et de l'aider à s'habituer à son nouvel état quel qu'il soit. Cela fait on s'organisa pour que tout le monde aille chasser et se nourrir avant la transformation de Nathaniel. Un premier groupe ne tarda pas à partir, composé de Tanya, Eleazar, Carmen, Esmée, Jasper, Alice et Edward. Carlisle quant à lui, retourna bien vite au chevet de Nathaniel, heureux de voir que quelques heures de sommeil dans un bon lit, au chaud et confortablement installé au calme avait commencé à l'apaiser. Il dormait plus paisiblement et respirait mieux. La fin du voyage en voiture semblait lui être salvateur et le médecin n'en n'était pas surpris. Voyager ainsi dans son état n'avait rien d'agréable. Mais ils étaient arrivés à bon port et lorsqu'ils feraient le chemin inverse pour rentrer à Forks, Nathaniel irait certainement beaucoup mieux. La nuit fut relativement calme pour l'adolescent et ce fut aux alentours des quatre heures du matin que le groupe de chasse était rentré, pour laisser sa place aux suivant, repus. Carlisle eut bien du mal à se détacher du chevet de son cadet, faisant tout un tas de recommandations à Esmée pour le jeune homme, promettant de rentrer au plus vite. Il s'en alla donc avec Irina, Kate, Emmet, Rosalie et Severus. Pour leur surprise, Caïus se joignit à eux et ne fit pas mine de se trouver une proie humaine, partant chercher une proie animale sans protester.
Pendant ce temps dans le chalet, tous s'étaient réunis dans la chambre de l'aveugle, qui dormait tranquillement maintenant, veillant. Tanya, Eleazar et Carmen avaient profité de l'absence du roi pour en savoir plus sur sa présence, croyant d'abord qu'il voulait peut-être récupérer le futur vampire pour les Volturi. Aussi, ils eurent bien du mal à avaler qu'il était réellement l'ami de Nathaniel et qui s'inquiétait vraiment pour lui. Eleazar et Carmen qui avaient bien connu les Volturi, l'homme ayant longtemps fait parti de la garde, furent encore plus surpris d'apprendre qu'il avait défendu l'humain contre ses propres gardes et férocement interdit à ses frères d'oser l'approcher. Nevonne et Lyniam rassurèrent le clan un peu tendu en présence du roi, lui assurant qu'il ne ferait rien qui pourrait contrarier Altraz, tenant trop à lui. Cela les laissa perplexe mais l'assurance d'Esmée qu'ils n'avaient rien à craindre du Volturi les tranquillisa un peu plus. Les deux créatures magiques avaient finalement décidé de reprendre leur apparence d'origine, attisant la curiosité des vampires qui, s'ils connaissaient leur existence, n'avaient pas l'habitude de voir d'autres créatures magiques, les peuples n'interagissant quasiment jamais entre eux. Ce fut donc d'eux que l'on parla ensuite un peu, usant de voix inaudibles pour ne pas gêner le sommeil de l'humain sur lequel ils veillaient.
Comme il l'avait dit, Carlisle fut rapidement de retour avec les autres, soupirant de soulagement en trouvant Nathaniel tranquille dans son lit. Ce ne fut que plusieurs heures plus tard que l'adolescent commença à se réveiller bien difficilement. Le médecin vint s'asseoir près de lui, passant une main dans ses cheveux avec délicatesse.
- Carlisle ? bredouilla-t-il finalement la voix pâteuse.
- Je suis là. On est tous là, répondit-il. Prend ton temps.
- On est arrivé ? demanda-t-il.
- Oui. Hier soir. Tu as dormis toute la nuit, tu en avais besoin. Comment tu te sens ?
- Ça va, répondit-il automatiquement.
- Nathaniel, soupira Severus comme un avertissement. Comment vous sentez vous vraiment ? Nous savons tous très bien qu'après ce voyage difficile ça ne va pas fort alors dîtes le que Carlisle puisse vous aider.
- Mal à la tête, murmura-t-il alors l'air gêné.
- Tu as encore un peu de fièvre, constata le médecin. Le voyage t'a pas mal secoué. Je vais te donner quelque chose.
- Attend, je t'aide crevette, intervint Emmet en accourant lorsqu'il fit mine de se redresser.
Comme souvent maintenant, le colosse l'aida délicatement à se redresser pour le caler contre lui en voyant bien qu'il n'en n'avait pas la force, comme trop souvent ces derniers temps.
- Merci Emmet, dit-il une fois installé.
- C'est rien crevette. Il y a autre chose à part ta tête et la fièvre ? demanda-t-il alors que Carlisle sortait quelques médicaments.
- Mes yeux brûlent un peu aussi, avoua-t-il, et je suis fatigué.
- T'en fait pas, ça va aller, rassura Rosalie en le rejoignant pour venir passer une main douce dans ses cheveux.
Rapidement, le médecin lui fit prendre des anti-douleurs et quelques autres médicaments qu'il prenait tout les matins, le faisant boire un peu. Esmée lui proposa ensuite un petit déjeuner qu'il accepta et elle partit vers la cuisine pour lui préparer ça.
- Je peux te présenter les Denali ? demanda finalement Carlisle une fois sûr qu'il était bien réveillé.
- Bien sûr, répondit-il l'air gêné.
- D'accord, détend toi, sourit-il en comprenant qu'il devait être embarrassé d'avoir fait une telle entrée auprès d'eux. Ils sont ici avec nous. D'abord, il y a Tanya qui dirige le clan.
La blonde sourit et accepta sans problème de venir donner une main à l'aveugle.
- Bonjour, salua-t-il timidement. Merci d'avoir accepté que l'on vienne ici.
- C'est normal, sourit-elle. Les Cullen, c'est la famille, alors toi aussi maintenant tu fais parti de la famille, dit-elle en serrant doucement sa main.
- Merci, répondit-il la voix chevrotante alors qu'il était très touché.
Elle recula ensuite et ce fut alors Irina qui s'approcha, curieuse de découvrir l'adolescent qui avait happé les cœurs de leurs amis. Elle fut donc la seconde à être présentée, donnant sa main à Nathaniel puis ce fut Kate, Carmen et Eleazar, tous venant donner leur main et précisant leurs pouvoirs lorsqu'ils en avaient. Il les salua tous et ne manqua pas de les remercier chaudement d'avoir accepté qu'ils viennent chez eux. Cela fait, Esmée revint avec un petit déjeuner pour lui qu'il prit tranquillement avant de laisser Carlisle l'examiner minutieusement. Et personne ne manqua son air soucieux.
- Ce n'est pas brillant, c'est ça ? demanda finalement Nathaniel en brisant le silence lourd.
- Non, répondit-il en l'entourant d'un bras pour l'attirer contre lui. Je n'aime pas ça du tout. Ton cœur s'affaiblit de plus en plus.
- Alors il ne faut pas attendre plus, répondit-il.
- Tu es sûr ? redemanda le père en caressant ses cheveux.
- Je crois que je n'avais jamais été aussi sûr de rien, répondit-il en se blottissant contre lui. Tu sais, Caïus m'avait déjà proposé la transformation il y a quelques temp, dit-il en surprenant tout les autres vampires ordinaires qui jetèrent de petits coups d'œil au roi impassible d'apparence. J'avais refusé parce que je ne pensais pas survivre longtemps même en vampire et je ne voyais pas pourquoi j'aurais envie de vivre et d'être immortel. Mais aujourd'hui, vous êtes tous là et je n'ai vraiment pas envie de vous quitter, dit-il en touchant sa nouvelle famille. Et j'ai une raison d'avoir envie de vivre plus longtemps avec vous alors je suis sûr. Je vais mourir de toute façon alors si ça dois arriver, autant que ce soit en essayant. En me battant comme je l'ai toujours fait, dit-il faiblement.
- Mais tu ne seras pas tout seul cette fois, assura Esmée en venant prendre sa main. On sera là tout le temps et quand tu reviendras à toi, on sera là et ce sera aussi et pour tout le reste ensuite.
- Je sais, sourit-il en serrant sa main.
Toute la famille, Nevonne, Lyniam, Severus et même Caïus passèrent chacun leur tour pour venir l'encourager et prendre sa main.
- Et n'oubliez pas Altraz, dit Caïus qui était le dernier à passer, vous êtes toujours aussi fort que par le passé lorsque nous nous battions l'un à côté de l'autre, dit-il en ahurissant les Denali. Vous avez toute la volonté qu'il faut en vous et aujourd'hui, vous avez une bonne raison de vous battre pour vous et seulement pour vous. Et si vous manquez de courage ou d'énergie, nous serons là pour vous le fournir.
- Merci Caïus, sourit-il en réponse. Vous devriez vraiment parler plus souvent comme ça. Vous êtes arrivé à me secouer un peu, s'amusa-t-il.
- Avant je n'avais pas besoin de vous secouer, c'était vous qui le faisiez pour moi. Je ne fais que rendre la pareille. Je vous l'ai dit nous sommes amis alors si vous en avez besoin, je le fais. Montrez nous encore une fois à quel point vous êtes fort. Ensuite vous aurez toute la vie devant vous avec entre les mains tout ce que vous avez toujours voulu.
- C'est tentant, remarqua-t-il.
- N'est-ce pas ? s'amusa Caïus. Et puis l'invitation en vacances à Volterra tient toujours et il me semble que vous vouliez rencontrer mon épouse.
- Oui, sourit-il.
- N'oubliez pas tout ce que vous voulez encore faire et vous le ferez, assura le roi.
- Caïus a raison, approuva Nevonne. Je suis sûr que tout ira bien et ensuite, vous pourrez enfin faire tout ce que vous voulez.
Nathaniel approuva avec un sourire tendu, cherchant Carlisle lorsque le roi s'éloigna. Le médecin ne tarda pas à revenir près de lui, le prenant dans ses bras.
- Est-ce que tu es bien sur le lit ou tu préfères t'installer ailleurs ? lui demanda-t-il.
- Je ne pense pas que ça aura beaucoup d'importance quand ça commencera, tenta-t-il d'ironiser. Mais c'est bien ici je crois si ça vous va.
- Alors ici, approuva Carlisle. Tu veux quelques chose avant qu'on commence ?
- Est-ce que Hedwige est arrivée ? demanda-t-il.
- Pas encore, répondit Severus. Il lui faudra certainement encore quelques jours pour arriver ici.
- Si... si jamais ça ne marchait pas, vous vous occuperez d'elle n'est-ce pas ?
- Bien sûr, approuva Rosalie. Mais ça marchera ne t'en fait pas, rassura-t-elle.
- J'espère, sourit-il. Je n'ai pas envie de mourir, dit-il alors qu'on sentait la peur dans sa voix. Je n'avais jamais eu peur de mourir avant, je m'en fichais même.
- C'est normal d'avoir peur, tranquillisa Carlisle en caressant ses cheveux, cela fait peur à tout le monde.
- Je n'avais jamais eu peur de perdre la vie avant, répondit-il.
- Parce que tu ne vivais pas vraiment, répondit le père. Mais ça a changé et c'est pour ça que tu as peur. C'est normal et il n'y a pas de honte à ça. Cela ne fait que prouver que désormais, tu as une vraie raison de vivre.
- Et c'est vous, dit-il en s'apaisant un peu. Tu sais Carlisle, je crois que je n'ai jamais eu autant de chance que le jour où on s'est rencontré.
- Et moi aussi j'ai eu beaucoup de chance, répondit le blond ému. J'ai trouvé un nouveau fils, dit-il avec tendresse.
- Merci, bredouilla l'adolescent la voix tremblante de larmes.
- Ça va aller crevette. Je suis sûr que ça va aller, dit Emmet confiant.
- On restera avec toi tout le temps, promis Jasper.
Nathaniel acquiesça avec tension et Carlisle le sera contre lui.
- Tu es prêt ? demanda-t-il.
- Oui, approuva-t-il en déglutissant. Tu... tu ne lâcheras pas hein ?
- Pas une fraction de seconde, assura-t-il.
- Alors allons-y.
Carlisle prit soin de l'installer confortablement contre lui, le laissant volontiers se blottir contre sa poitrine et s'accrocher à ses vêtements. Il dégagea ensuite son cou dans la lourde tension silencieuse de la chambre. Il embrassa tendrement son front avant de se pencher sur lui, de le prévenir et de mordre, tendant toute la pièce à l'extrême en sachant ce qui était en jeu. Désormais, plus de retour en arrière possible. Tout les vampires serrèrent les dents, se souvenant quelle avait été leur douleur à cet instant. Le corps de Nathaniel se tendit d'un coup entre les bras du blond qui le tint fermement. Quelques secondes plus tard, il retirait ses crocs de sa gorge sans mal apparent et un instant plus tard, le premier hurlement de douleur déchirait l'air...
