La sonnerie du téléphone résonna dans la pièce principale et Joe s'empressa de décrocher en terminant de mastiquer son morceau de beignet. Il échangea rapidement quelques mots avec son interlocuteur avant de raccrocher et de jeter un coup d'oeil à Paul.
« - C'était le légiste, il a trouvé de l'ADN sur les parties génitales de notre cher juge.
- Oh ! L'assassin lui aurait fait une gâterie avant de le tuer ?
- Je crois qu'il est temps d'interroger la veuve. »
… … … …
Paul referma la porte de la salle d'interrogatoire et s'installa en face de la femme du juge, celle-ci se tenait bien droite dans un tailleur sombre orné d'une broche représentant une fleur en or, son visage semblait exprimer à la fois la tristesse mais également la gêne de se retrouver entre ses quatre murs. De l'autre côté de la vitre, la psychologue du service étudiait le dossier de l'affaire en cours.
« - Quand on vous a téléphoné hier, vous nous avez dit que votre mari n'était pas rentré la veille au soir.
- C'est exact.
- Est-ce que ça ne vous a pas inquiété ?
- Mon mari travaillait toujours très tard, j'ai pris l'habitude de m'endormir seule.
- Et hier matin quand vous ne l'avez pas vu ?
Mme Varella serra les lèvres tout en haussant les épaules.
- Warren partait en général bien avant que je ne me lève.
- J'ai l'impression que vous ne passiez pas beaucoup de temps avec votre mari.
En face de l'inspecteur, la femme du juge écarquilla les yeux.
- Ca se voit que vous n'êtes pas marié.
Rachel esquissa un sourire alors qu'elle prenait des notes.
- Vous aviez encore une vie intime avec votre mari ?
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
Charlie grimaça en voyant la veuve se redresser de toute sa hauteur, visiblement scandalisée par la question de l'inspecteur, le chef du service regarda Rachel en lui faisant un petit signe de la tête.
- Vas-y.
La jeune femme frappa contre la porte avant d'entrer et de se présenter.
- Bonjour Mme Varella je m'appelle Rachel Berckley je suis psychologue pour l'unité et je vous présente toutes mes condoléances pour la disparition de votre mari.
- Merci.
Rachel s'installa sur la chaise avant de faire signe à Paul de poursuivre son interrogatoire.
- Mme Varella, nous avons toutes les raisons de croire que l'assassin de votre mari est une femme, est-ce que vous lui connaissiez des ennemis potentiels ?
- Mon mari gérait des dossiers de violences conjugales parfois compliqués, il se faisait peu d'amis parmi les gens qu'il rencontrait dans son travail, en dehors de cela Warren et moi avions une vie sociale tout à fait épanouie.
- Est-ce qu'il avait une maîtresse ?
- Je ne sais pas...je...
Discrètement la femme du juge Varella chercha l'appui de la psychologue qui esquissa un sourire.
- Mme Varella nous avons besoin de précisions pour pouvoir avancer et découvrir qui aurait pu en vouloir à votre mari, au point de le tuer, vous comprenez ?
Elle hocha la tête et soupira, Paul qui se tenait maintenant dos à la porte, les mains dans les poches fronça les sourcils.
- Où étiez-vous avant hier soir ?
- J'étais au club de bridge avec quelques amies.
- Et après ?
- Je suis rentrée chez moi...et j'étais seule, où voulez-vous en venir ?
Rachel en profita pour sortir un document du dossier qu'elle avait posé devant elle.
- Le médecin légiste a découvert des traces d'un composant mélangé à base de glycérine et cristaux colorés roses autrement dit du rouge à lèvre...alors éclairez-nous Mme Varella, votre mari avait-il une maîtresse ?
Cette dernière serra fortement les dents avant de répondre d'un ton sec.
- Si Warren avait une liaison, vous pensez bien que j'aurais été la dernière à le savoir...comme toujours. »
… … … …
Le jeune inspecteur referma la porte du bureau de Charlie et soupira.
« - Tu crois vraiment qu'elle joue la comédie ?
Rachel hocha la tête.
- Les épouses savent toujours, surtout quand elles ont une position de pouvoir. Prends Hilary Clinton par exemple, en général ces femmes se battent pour elles comme pour leurs maris jusqu'à la fin de leur mandat et même après. Elles les poussent vers l'avant, elles appuient leur position sociale en ayant parfois plus d'influence que leurs époux, c'est une manière de protéger l'unité familiale, le modèle américain par excellence.
Charlie se massa la nuque en soupirant, ce dossier était un vrai nid d'embrouilles.
- Essaye de creuser la piste de l'adultère et demande à Elliot et Letty de fouiller les dossiers des délinquants qui sont sortis de prison durant ces deux dernières semaines.
Paul hocha la tête et lança un clin d'oeil discret à Rachel qui esquissa un sourire. Une fois la porte refermé, la jeune femme se plaça face au capitaine.
- Charlie je voulais vous remercier pour le dîner à l'hôpital et pour...
Le chef de la brigade fit un geste sec de la main.
- Chut...tu n'as rien eu besoin de faire de spécial pour intégrer la famille alors pas de remerciement.
Les joues de la psychologue se colorèrent légèrement avant qu'elle ne baisse la tête sur ses mains.
- J'aurais un service à vous demander par contre.
- Je t'écoute.
- Promettez-moi que vous n'en parlerez à personne.
- Je ne dirais rien si c'est ce que tu veux.
- Voilà euh...Ca fera bientôt quatre ans que je travaille dans cet immeuble et euh...non c'est pas ça...euh...
Elle se racla la gorge en cherchant ses mots avant de respirer profondément.
- J'ai fait un stage de fin d'études à l'ADX de Florence dans le Colorado dans le cadre de ma thèse sur l'étude des comportements violents et...quand Emily a repris la direction du département, elle m'a dit que pour parfaire ma licence il serait probablement utile que je fasse une sorte de...
La jeune femme plissa les yeux alors que Charlie restait impassible en face d'elle, attendant son explication. Le cœur de Rachel trembla et une angoisse sourdre lui tordit le ventre.
- Euh laissez tomber c'est stupide je...C'est pas important tout ça, je suis désolée vous avez d'autres choses à faire...Je vais y aller, j'ai des patients à voir...A plus tard Charlie.
Elle recula et sortie pratiquement en courant du bureau. Ce qu'elle n'avait pas prévu c'est que le chef l'interpellerait en plein milieu de la salle commune.
- RACHEL !
La voix forte du chef fit sursauter la plupart des flics présents dans la pièce. Letty fit les gros yeux à la jeune psychologue alors que Paul fronçait les sourcils et que Joe et Elliot esquissaient un sourire en voyant la jeune femme se ratatiner sur elle-même.
- Tu viens là !
Rachel grimaça et fit quelques pas discrets en avant. Charlie fit un geste de la main.
- Allez...envois.
- Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée.
- Moi je pense que si alors vide ton sac avant que je ne sois forcé de deviner.
Elle serra les paupières et soupira avant de sortir une feuille de la poche arrière de son jean qu'elle hésita à tendre au chef.
- N'oubliez pas que vous avez promis de ne rien dire Charlie.
Il s'empara rapidement de la feuille et la déplia avant de la lire. Soudain il haussa les sourcils et mima un O silencieux avant de la regarder attentivement en souriant.
- C'est sérieux ?
- Oui, quand Emily est arrivée, elle m'a dit que ça me permettrait d'approfondir mes connaissances pour mieux gérer mes prises en charge, sur le fond j'étais plutôt d'accord même si je ne vois ce qu'ils pourraient m'apporter de plus que les cours que j'ai reçu à la fac mais bon à la limite pourquoi pas. Seulement...elle a débarqué un matin avec les recommandations imposées et là encore elle a usé de son pouvoir de persuasion. Et autant vous dire que si je passe mon temps derrière un bureau ce n'est pas pour rien...La partie théorique est intéressante, je ne peux pas le nier mais ça...
Elle désigna la feuille que tenait Charlie.
- C'est pas possible.
- Tu ne pourras pas valider ta formation si tu n'obtiens pas cette signature.
La jeune femme grimaça en poussant un léger gémissement de frustration alors que Charlie souriait à pleines dents .
- Juste par curiosité, tu l'as déjà tenté ?
- Oui...Et si on m'a renvoyé cette feuille, vous vous doutez bien que c'est parce que ça n'a pas été une franche réussite.
- C'est la combientième ?
- Quatrième...Ne faites pas de commentaire !
Le chef de la brigade criminelle étouffa un rire et se pencha en avant pour embrasser la jeune femme sur la tête avant de lui rendre sa feuille.
- Je vais t'aider...mais en tout honnêteté, c'est pas à moi que tu devrais demander un coup de main.
La psychologue fronça les sourcils, étonnée, avant d'écarquiller les yeux en comprenant l'allusion de son supérieur.
- C'est hors de question.
Elle recula rapidement pour sortir du service.
- Et vous n'avez pas intérêt à dire quoi que ce soit...Rappelez-vous que c'est moi qui fait les évaluations de fin d'années.
Charlie rigola en secouant la tête avant de regarder son équipe en levant les mains.
- Je ne dirais rien...j'ai promis. »
… …. …. ….
« - Ou il trompait sa femme ou il touchait des pots de vin.
- On a deux mobiles possibles mais aucune piste sérieuse.
- Il faut suivre la trace du pognon...demandez le listing de ses comptes.
- C'est déjà fait il n'y a rien...Si c'était de l'argent liquide il pouvait en brasser autant qu'il voulait.
- D'accord et au niveau des anciens détenus ?
- Elliot est partie faire une première tournée.
- Tiens-moi au courant.
- Ok...Euh dis-moi un truc, qu'est-ce que...
- Non...n'essaye même pas de me tirer les vers du nez...j'ai promis.
- C'est pas ce que j'avais l'intention de faire.
- Oui c'est ça ! Je te connais depuis vingt-huit Paul...Bien sûr que c'est ce que tu voulais faire, mais non je ne céderais pas et ça n'a rien à voir avec toi et non elle n'a pas d'ennui...Rassuré ?
- Pas du tout. »
Ils rigolèrent ensemble avant que le chef de la brigade ne quitte les lieux sous les soupirs de son jeune inspecteur qui n'arrêtait de se poser des questions sur la requête de Rachel auprès du capitaine.
… … … …
Elliot referma la porte de la salle d'interrogatoire, il s'installa en face d'une jeune femme rousse d'environ trente-cinq ans, Alison Ratburry, qui occupait la place de responsable à la fondation d'aide pour les femmes que le juge Varella avait créé.
« - Le juge touchait des dons des libérés sur paroles.
L'inspecteur soupira en repoussant le dossier de l'affaire.
- Ecoutez Mlle on n'arrivera à rien avec ce genre d'euphémisme. Le juge touchait des pots de vin...Pourquoi ?
- La plupart de ces délinquants étaient des maris violents, le juge essayait de les convaincre que s'ils versaient de l'argent à des refuges pour femmes, ça améliorerait leur image et donc que ça leur donnerait la possible de gratter un peu sur leur peine.
- Et l'intérêt du juge dans cette histoire c'était quoi ?
- Les femmes...C'était ça l'enjeu. »
… … … …
En fin de journée, Rachel passa la porte de son appartement et balança ses clés sur le petit meuble dans l'entée. Elle avait envie d'une bonne douche chaude, d'un repas simple et d'un vieux film mielleux à souhait pour sa soirée. Au moment où elle attrapait une serviette propre et qu'elle enclenchait la douche son téléphone sonna. Elle partie décrocher et se figea d'horreur en entendant le médecin de l'hôpital central lui annoncer que Michèle Bergotti, la serveuse de la boulangerie, dans laquelle elle avait été maintenue en otage, venait de décéder des suites de sa blessure à la jambe. Une fois la conversation terminée, Rachel pleura silencieusement devant un tel gâchis. Son envie de passer une soirée tranquille s'envola au profit d'une envie de sortir et d'évacuer cette tension triste et colérique qui venait de lui tordre le ventre. Elle attrapa un sac dans son placard, ses clés et descendit les escaliers rapidement. Arrivée dans le hall, elle tomba sur sa propriétaire.
« - Toi as passé une mauvaise journée.
- Michèle est morte cet après midi.
Estela soupira.
- Dios mio (mon Dieu), a don de vas ? (où vas tu?)
- J'ai besoin de souffler un peu.
- Appelles-moi si tu as besoin de quoi que ce soit.
- Oui...merci Estela.
- Carino (ma chérie)
Elle l'embrassa sur la joue avant de la laisser partir.
… … … …
« - Ok on a toute la panoplie : le mobile, le moyen et l'opportunité.
- Il nous manque l'assassin.
Letty rigola devant la moue que faisait Elliot. Paul quand à lui désigna le dossier qu'il tenait entre les mains. L'équipe avait découvert pourquoi le juge Varella avait été assassiné et sa veuve ainsi que son entourage proche avait été mis hors de cause mais l'auteur du meurtre restait un mystère.
- La jeune toxico qui a appelé pour signaler le corps, nous a dit qu'elle avait entendu le coup de feu et qu'ensuite quelqu'un était sortie de la voiture.
- En uniforme bleu oui...mais c'est une aiguille dans une botte de foin.
Joe fouillait dans les différents cartons posaient au sol, lorsque soudain il retira une chemise cartonnée. Il l'ouvrit et fronça les sourcils.
- Roger Silver libéré il y a dix jours, il a pris un an pour violences et menace de mort sur son épouse, Tatiana Silver...
L'inspecteur pouffa de rire.
- Devinez quoi !
Ses collègues relevèrent la tête.
- Elle est hôtesse de l'air, compagnie intercontinentale.
Il brandit une photographie de la jeune épouse dans son uniforme...bleu ! Paul s'empara rapidement du dossier et commença à lire les différentes pages alors que Joe regardait sa montre.
- C'est bon rentres chez toi je vais m'en occuper.
Le père de famille grimaça avant de se lever en s'emparant de sa veste.
- Si Jenny n'a pas déjà changé la serrure.
Un rire parcourue l'équipe avant que le jeune homme ne s'échappe des bureaux. Elliot en profita pour subtiliser le dossier des mains de l'inspecteur Cardoza.
- Qu'est-ce que tu fous ?
- Toi aussi rentres chez toi...Letty et moi on est de garde jusqu'à 1h du matin, on va approfondir. De toute façon on ne fera plus grand chose ce soir.
Paul soupira avant de se frotter le visage et de se lever afin de quitter les lieux.
- Appelez-moi si vous avez du nouveau. »
Ses deux collègues lui firent un signe de la main alors qu'il s'éloignait du service.
Il s'engouffra dans la rue froide et animé avec l'idée de rentrer chez lui pour profiter d'un peu de calme et de repos mais finalement ses pas le menèrent dans une toute autre direction. Il arriva en bas de l'immeuble de Rachel et entra dans le hall mais Estela l'arrêta au beau milieu des marches.
« - Elle n'est pas là.
Paul fronça les sourcils.
- Aun no ha regresado ? (elle n'est pas encore rentrée?)
- Si pero recibio malas noticias. (si mais elle a reçu de mauvaises nouvelles)
- De quel genre ?
- La jeune Michèle qui était avec elle dans la boulangerie est décédée cet après-midi.
L'inspecteur ferma les yeux en soupirant.
- Merde...Et elle est où là ?
- Elle avait besoin d'un peu recul...une sorte de parenthèse pour évacuer les frustrations.
- C'est à dire ?
- Es su jardin secreto. (c'est son jardin secret)
- S'il te plaît.
La propriétaire serra les dents, elle ressentait une profonde tendresse pour Rachel, s'inquiétant probablement trop pour elle mais depuis le temps qu'elles partageaient le même immeuble, elle avait appris à deviner les sentiments que la jeune fille n'osait pas partager. Riley avait laissé un grand vide dans sa vie et son père et son frère étaient très loin, Estela représentait donc sa seule famille proche. Elle se faisait un devoir de veiller sur elle. Paul incarnait le cliché trop bien connu du flic charismatique, sûr de lui, un brin mystérieux, écorché et silencieux, qui ne montrait jamais ce qu'il pouvait ressentir, qui jouait avec la limite des interdits, un séducteur qui avec un simple sourire s'attirait plus de femmes qu'il ne lui en fallait réellement. Estela avait peur que Rachel se retrouve avec le cœur brisé mais après les avoir discrètement observé à l'hôpital, l'espagnole avait envie de croire que le jeune inspecteur n'avait que d'honnêtes intentions envers la psychologue et qu'il tenait vraiment à elle.
- Elle est dans un immeuble près de Brooklyn Bridge...755 Leonor Street, le code de la porte d'entrée est le 211-188, deuxième étage...Suis la musique.
Paul descendit quelques marches et embrassa la vieille dame sur la joue.
- Gracias.
Estala rattrapa son bras et le regarda attentivement.
- Ne lui fais pas de mal...Ne lui promets rien si tu ne peux pas t'y tenir.
- Je n'ai pas l'intention de la blesser.
- Je l'espère. »
Elle relâcha son bras et le regarda partir en soupirant avant d'esquisser un léger sourire.
… … … …
Paul gara sa voiture le long du trottoir et se présenta devant un immeuble sombre de quatre étages, situé au fond d'une impasse. Le jeune inspecteur vérifia l'adresse qu'Estela lui avait donné et entra le code sur le petit boîtier situé près de la porte d'entrée. Il s'engouffra dans le hall, juste éclairé par une petite lampe verdâtre au plafond, la plupart des portes et des fenêtres du rez-de-chaussé étaient condamnés et une épaisse couche de poussière recouvrait le carrelage. Avant même de refermer derrière lui, il fut assailli par le son d'une musique classique qui provenait des étages. Il grimpa les marches grinçantes jusqu'au deuxième étage, là où le son était le plus fort. Un petit couloir desservait plusieurs portes fermées mais une faible lueur provenait de l'embrasure du fond vers laquelle il s'avança prudemment. Il se tourna légèrement sur le côté et se retrouva sur le seuil d'une immense pièce composée d'un parquet en bois, d'un mur entièrement recouvert de miroirs et plusieurs barres d'exercices. La salle était plongée dans la pénombre, uniquement éclairée par des centaines de bougies alignées le long des cloisons. Dans le coin le plus reculé il y avait un matelas posé à même le sol et un petit meuble où trônait des photos et des objets de décoration. Une chaîne Hi-Fi se trouvait près d'une fenêtre d'où l'on pouvait apercevoir le Brooklyn Bridge.
Le regard de Paul se promena dans la pièce avant d'accrocher les ombres qui bougeaient sur le sol, projection d'une silhouette plutôt grande, fine et gracile. C'est là qu'il la vit réellement, avec ses longs cheveux bruns ramenés dans un chignon serré, dans un leggings noir et tee-shirt bleu avec au bout des pieds de chaussons de couleur rose. Rachel dansait les yeux fermés, au rythme des notes, elle enchaînait les pas sans y réfléchir, tellement gracieuse, sa gestuelle se reflétait délicatement sur le parquet créant une sorte d'aura autour d'elle, la rendant encore plus magnifique. Le jeune homme fronça les sourcils en sentant son cœur sauter bizarrement dans sa poitrine. Les pointes, les sauts, les tours...tout était tellement parfait, puis la musique diminua, elle relâcha ses bras, souffla fortement avant de lever la tête vers le plafond. Elle détacha ses cheveux qui tombèrent en cascade sur ses épaules et se dirigea vers la radio pour triturer les boutons.
Rachel esquissa un sourire avant de boire une rasade d'eau.
« - T'as l'intention de rester toute la soirée sur le pas de la porte...
Elle se retourna vers l'entrée.
- Ou tu vas te décider à entrer ?
Paul grimaça légèrement, comme pris en faute, il se frotta l'arrière de la tête et s'avança doucement vers le centre de la pièce. Rachel posa sa bouteille et le rejoignit.
- Je ne pensais pas qu'Estela te donnerait l'adresse. Mon père l'appelle une fois par mois pour avoir un compte rendu de ma vie, étant donné que je suis toute seule ici, il l'a chargé de veiller sur moi. Sauf que parfois elle prend ça beaucoup trop à cœur.
Se souvenant des mises en garde de la vieille femme, Paul esquissa un sourire.
- Elle tient beaucoup à toi c'est normal...Mais j'ai usé de mon pouvoir de persuasion.
- T'as pas eu besoin de faire grand chose à mon avis.
Son sourire en coin laissa place à une mine plus grave.
- Elle m'a dit pour Michèle.
Rachel haussa les sourcils.
- Oui...Un immense gâchis tout ça.
- Tu n'es pas responsable.
- Je sais oui mais j'étais coincé avec eux pendant pratiquement toute une journée...C'est juste que c'est un peu dur de savoir que ça c'est terminé de cette façon.
Une petite larme coula sur sa joue en repensant à la détresse de Travis, à la peur de Michèle et à sa propre angoisse. Paul leva le bras et effaça du bout du doigt la trace humide avant de coller son front au sien. Le souvenir de cette journée était encore très présent, quelques heures auparavant ils se trouvaient ensemble dans son appartement avant que tout bascule et qu'ils ne soient pris au piège d'un jeune désespéré. La psychologue secoua légèrement la tête pour chasser sa tristesse.
- Où en est l'affaire du juge ?
- Une histoire de pots de vin et d'avantages en nature.
- Plus intéressant qu'un crime passionnel.
Paul rigola légèrement avant de s'avancer vers elle pour caresser sa joue.
- Je suis désolé d'avoir débarqué ici sans prévenir, je...
- Ne t'en fais pas c'est rien.
- Si Estela m'a dit que c'était ton refuge à toi.
Touchée par son aveu, la psychologue prit un temps avant de parler. Cet immeuble faisait partie de sa vie, il se reliait à tellement de souvenirs, des bons comme des mauvais, à l'instar de ce que pouvait représenter le commissariat pour Paul. Discrètement elle attrapa sa main et l'entraîna vers le meuble situé dans le fond de la pièce. Elle désigna une photo en noir et blanc, représentant une femme, en tutu sur la pointe du pied avec une couronne de fleurs piquée dans les cheveux.
- Ma mère a passé le concours d'entrée à Julliard quand elle avait 18 ans, le jour où elle a reçu sa lettre lui stipulant qu'elle avait réussi, elle a appris qu'elle était enceinte. Elle ne s'est posée aucune question, elle a juste...rangé sa lettre dans un carton et elle ne l'a plus ressortie. Il n'y a jamais eu le moindre regret de sa part, elle nous aimait tellement Tyler et moi que finalement le plus important pour elle se trouvait à Port Townsend.
Rachel montra du doigt un autre cadre représentant sa mère au côté d'une petite fille en tutu rose qui tentait de l'imiter dans sa posture de danse.
- J'avais cinq ans quand mon père a pris cette photo, je voulais tellement lui ressembler. Je la trouvais belle, elle pouvait danser dans la cuisine en faisant le repas du soir ou tout simplement en repassant le linge, toujours avec le sourire, toujours en fredonnant. Ma mère ne m'a jamais imposé aucun de ses choix mais j'avais envie d'être aussi gracieuse alors une jour elle m'a acheté des chaussons...j'avais quatre ans quand elle m'a inscrite à mon premier cours. On passait des heures dans le salon ensemble, on riait, on s'amusait...Et puis elle est morte et par la force des choses la danse c'est éloignée.
Paul observa la mâchoire de Rachel se contracter, sentant la tristesse poindre aux tremblements de sa voix.
- Tyler était bébé, il demandait beaucoup d'attention et mon père était tellement triste. A l'âge de onze ans j'ai pu reprendre des cours mais je suis tombée dans une spirale infernale, ma mère n'était plus là pour me donner des conseils, mon père composait comme il pouvait mais c'était dur, je m'imposais beaucoup de rigueur, trop. J'en suis arrivée à un stade où il n'y avait plus que la danse qui comptait, je me disais que si je ne pouvais pas réussir ça, alors ma mère serait déçu et que ça serait comme la trahir, alors je me suis acharnée, tellement acharnée que ça a finit par mettre ma vie en danger.
Le jeune homme croisa son regard douloureux et doucement il posa sa main dans le creux de son dos pour tenter de la réconforter.
- J'ai fait de l'anorexie mentale pendant deux ans. On a dû m'hospitaliser et mon père m'a interdit de remettre mes ballerines...Ca n'avait rien à voir avec la danse, c'était l'absence de ma mère, les responsabilités à la maison, comment être une sœur et une fille responsable sans devenir une interprétation de la mère manquante ? Ca été dur de trouver le juste milieu. On a du faire beaucoup d'effort tous les trois mais on a fini par y arriver et trouver un certain équilibre familial, chacun a repris son rôle. Et puis un jour mon père est venu me voir et il m'a rendu mes chaussons et à partir de ce moment-là j'ai pris plus de plaisir parce qu'il y avait moins de pression.
- Tu n'as pas tenté le concours d'entrée à Julliard ?
- Non...Ca ne m'intéressait pas...Je danse aujourd'hui sans qu'on m'impose quoique soit et ça me convient très bien. Lorsque j'ai intégré Columbia j'avais quelques créneaux de libre dans mon emploi du temps qui me permettait de prendre des cours du soir. C'était une manière d'approfondir un peu ma technique tout en étant dispensé de galas et autres examens. A ma sortie de l'université, je ne voulais pas arrêter et en me renseignant auprès de l'administration, j'ai découvert que je pouvais poursuivre mes cours sans problème. J'ai un planning de dingue mais j'ai besoin de Julliard pour souffler, décrocher du boulot, ça me permet de me vider la tête...comme lorsque je viens ici.
Paul tourna la tête pour regarder la pièce principale.
- C'est toi qui a aménagé cet endroit ?
Rachel grimaça légèrement.
- C'est Riley.
Elle leva les yeux vers lui, évoquer son ex petit ami n'était un pas une chose facile à faire pour plusieurs raisons d'ailleurs, il avait représentait tellement de chose pour elle, et Paul le comprenait très bien.
- Il a acheté cet immeuble sur ses fonds personnels, c'était un cadeau pour me donner un endroit d'évasion afin de relâcher la pression des études et le fait que ma famille était loin. Quand il a quitté le pays il m'a cédé le titre de propriété.
- Une échappatoire
- Oui...un peu comme toi quand tu échoues au commissariat.
Ils se regardèrent intensément, se souvenant parfaitement de l'une de ses première conversation personnelle qu'ils avaient eu ensemble.
- Je sais qu'entendre parler de Riley ne doit pas être facile pour toi.
- Je ne te demanderais jamais d'ignorer ce que vous avez vécu ensemble, j'ai compris depuis longtemps l'importance qu'il avait pour toi...Le truc c'est que...
Il baissa la tête et grimaça.
- Votre relation a duré six ans et d'après ce que j'ai compris vous étiez très fusionnels. Il connaît tout...de ta vie, de tes envies, ce qui t'angoisse, ce qui te transporte...J'ignorais que tu aimais la danse.
Le cœur de Rachel s'emballa fortement, se rendant compte de l'aveu muet de Paul d'intégrer réellement son quotidien, de se lier à elle et d'apprendre à la connaître. Elle se rapprocha de lui en levant la main afin de caresser sa joue.
- J'adore la danse...j'aime aussi les lasagnes et je raffole des carottes, j'en grignote tous le temps.
Un sourire étira les lèvre du jeune homme.
- Je déteste les navets et je voue un culte sans limite au chocolat noir, à la poire et à l'ananas. J'adore regarder les Simpsons, mon personnage préféré dans les comics c'est Batman, je rêve de dîner avec Georges Clooney depuis que je l'ai vu jouer dans Urgences et même si j'écoute beaucoup de classique, je préfère de loin la country...Avec le chapeau de cow-boy ! Et je n'ai qu'un seul regret c'est de ne jamais avoir assister à un concert des Backstreet Boys parce qu'ils ont bercé toute mon adolescence. Je suis maniaque et organisée, je ne supporte pas l'impolitesse et le côté matérialiste des gens, je me balade volontiers en pleine nature pendant des heures mais j'aime l'effervescence de New York. Je ne regarde pas de films d'horreur mais j'adore les romans avec plein d'hémoglobine et...
Elle attrapa sa main dans la sienne et entremêla leurs doigts.
- Je suis prête à partager pleins d'autres de choses avec toi si tu veux, parce que Riley fait partie du passé et qu'aujourd'hui c'est toi qui compte.
L'inspecteur ancra son regard dans celui de Rachel et il posa discrètement ses mains autour de sa taille.
- Le meilleure épisode des Simpson c'est celui sur l'appareil dentaire de Lisa et la grève à la centrale. Superman c'est le meilleur, il peut voler. Et non tu ne dîneras pas avec Georges désolé.
Rachel éclata de rire.
- Je ne sais pas danser le madison mais en revanche les Backstreet Boys ça peut-être s'arranger...Je sais dire merci et s'il vous plaît...Je déteste l'organisation, l'instinct de flic c'est le bordel mais c'est cool on sera comme le ying et le yang comme ça.
- C'est une façon de voir les choses. »
Doucement Paul se pencha en avant et captura ses lèvres . A travers le mouvement de leurs bouches, Rachel esquissa un sourire laissant éclater cette bulle intense qui les liait l'un à l'autre. Il la rapprocha de lui collant son corps au sien, ressentant une vague de chaleur l'entourer. Elle passa ses bras autour de son cou et s'éleva légèrement sur la pointe des pieds pour être aussi grande que lui. Elle se sentait bien, entouré de ses bras comme un écrin protecteur. A bout de souffle elle recula son visage et capta intensément son regard, la sensation qu'elle avait ressenti il y a quelques jours quand ils se trouvaient dans son appartement lui revint en mémoire et instinctivement un sourire étira ses lèvres. Rachel leva les mains et attrapa les deux pans de sa veste afin de le lui retirer, Paul colla son front au sien et ferma les yeux. Il avait envie d'elle depuis le premier jour où il l'avait rencontré mais il refusait de se laisser déborder par ses sentiments, il voulait prendre son temps et la découvrir entièrement.
« - Est-ce que je t'ai dit à quel point tu es belle ?
Rachel rigola légèrement avant de le regarder.
- Non...tu as dit : extrêmement belle.
Un souvenir récent s'immisça entre eux, celui où il avait attendu qu'elle rentre de son rendez-vous avec Franck il y a quelques temps, celui où il avait été totalement bouleversé en la voyant dans un simple ensemble gris avec les cheveux humides de sa douche.
- C'est vrai.
Il caressa tendrement son nez avec le sien.
- Mais en fait je suis loin du compte...tu es magnifique... Dis-moi comment tu fais ?
- Comment je fais quoi ?
- Tu éclipses toute ma raison, tout ce que j'étais jusqu'à maintenant.
La psychologue se mordit l'intérieur de la joue, elle connaissait le passé de Paul, sa réputation, la façon dont il gérait son quotidien et qui représentait les motifs qui l'avait amené à suivre une thérapie. Elle devait l'aider à apprendre à gérer ses émotions et à accepter des faits douloureux mais son but n'était pas qu'il modifie sa personnalité.
- Je ne veux pas que tu changes quoi que ce soit pour moi Paul.
- Tu mérites mieux que j'aurais pu t'offrir jusqu'à aujourd'hui.
- Tu sais...
Elle baissa les yeux sur leurs mains entrelacées.
- Je me montre assez sûr de moi et de ce que j'ai envie de vivre avec toi ou non mais la vérité c'est que...J'ai peur que ça se termine mal, que tu te lasses et que...je ne finisse par être qu'un nom de plus sur la liste exhaustive de tes conquêtes.
Combien de fois avait-il entendu cette simple phrase : j'aimerais beaucoup qu'on se revoie, et qui signifiait tellement pour la fille et si peu pour lui. Aucune n'avait jamais réussi à le toucher émotionnellement, aucune n'avait pu trouver le point sensible, aucune n'avait présenté la force nécessaire pour le garder, il ne s'était jamais demandé si c'était bien ou mal, si une fille ou une autre pouvait être ravie de faire partie de la liste ou au contraire si elle l'avait regretté. Mais aujourd'hui cette liste représentait un fil rouge qu'il voulait absolument tenir le plus loin possible de Rachel. Elle n'en ferait jamais partie, c'était une certitude catégorique de sa part.
- Je te jure que je ne te ferais pas de mal...si jamais...
Il savait que ça pouvait déraper, qu'il pouvait faire des erreurs qui lui coûterait sa confiance, qu'il pouvait la décevoir et qui mettrait un terme à leurs sentiments si puissants.
- Si jamais tout ça se termine, je te promets que je le ferais en douceur. Je ne veux pas que tu croies que tu es une conquête de plus, tu n'es pas comme toutes les autres et par conséquent j'essayerais de te préserver je te le promets.
Le cœur de Rachel s'emballa et elle captura ses lèvres intensément, un grognement sourd s'échappa de la gorge de Paul alors qu'elle se collait à lui.
- Arrêtes de parler maintenant.
Il esquissa un sourire et leva les mains pour encadrer son visage avant de descendre doucement vers son cou, lui provoquant des frissons jusqu'à ce que ses doigts attrapent le bord de son tee-shirt qu'il souleva pour lui retirer. Ses lèvres dévièrent derrière son oreille où il respira profondément son parfum sucré. Son état d'esprit était tellement différent lors des moments qu'il partageait avec les autres filles, il se foutait de la façon dont il les abordait, il se foutait des préliminaires, certes il les respectait mais il ne s'embarrassait pas de manières romantiques. Mais là...non seulement il tentait de préserver Rachel mais en plus, il cherchait à faire perdurer ces instants, comme pour les graver dans la réalité, ses gestes n'étaient diriger que par la douceur et la bienveillance. Elle le regarda tendrement avant de lui enlever son pull, laissant ses mains caresser son torse musclé. Paul la fit reculer jusqu'au matelas posé au sol et la jeune femme se baissa pour s'asseoir sur le lit, alors qu'il lui murmurait encore une fois à quel point elle était belle. Ses lèvres glissèrent sur son épaule faisant tomber la bretelle de son débardeur, ils se regardèrent et elle attrapa son haut pour le retirer, se retrouvant à moitié nue devant lui. Une rougeur gênante colora ses joues car la dernière fois qu'elle s'était retrouvée dans cette situation c'était avec Riley. Paul lui caressa la joue avant de l'embrasser tendrement, faisant passer toutes ses émotions dans son baiser, la faisant basculer sur le matelas, le jeune homme s'installa au-dessus d'elle, une main posée de chaque côté de sa tête, se soutenant par les bras afin de ne pas l'écraser, son torse entra légèrement en contact avec le sien, provoquant des frissons de part et d'autre. A bout de souffle, Rachel colla son front au sien.
- Dis-moi que tu as coupé ton portable.
- Il est resté dans la voiture. »
A travers leur respiration décousue la psychologue esquissa un sourire avant de l'embrasser à nouveau. Paul sentit le bouton de son jean céder et il se recula afin de laisser courir ses lèvres sur la peau douce de sa compagne : le long de son cou, sa poitrine qu'il cajola très tendrement la faisant gémir, son ventre. Puis il s'installa sur les genoux et leva une de ses jambes afin de défaire le cordon de ses ballerines, une après l'autre faisant glisser le tissu de soie autour de sa cheville, soudain il s'arrêta, esquissa un sourire avant de déposer un léger baiser sur le petit tatouage qu'elle portait sur la malléole gauche : I live as long as i dance (je vis aussi longtemps que je danse). Ils se regardèrent un instant avant que Paul n'attrapa le bord de son legging afin de le faire délicatement glisser le long de ses jambes, il parsema sa peau de tendres baisers avant d'abandonner son propre jean.
Une légère angoisse tordit le ventre de la jeune femme, avec Riley ils s'étaient découvert au fur et à mesure, s'apprenant mutuellement, ils avaient eu six ans pour agrémenter leur intimité mais là, elle avait l'impression de ne plus savoir quoi faire, elle avait peur ne pas être à la hauteur de ce que pouvait attendre Paul. Celui-ci remarqua certainement son trouble car il caressa sa joue avant de l'embrasser.
« - Ca va ?
- Oui...je crois que...je réfléchis un peu trop.
- Il n'y a rien besoin d'analyser tu sais.
Il replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille embrassant sa tempe.
- Je sais.
Elle colla son front au sien et se réappropria ses lèvres alors qu'il lui retirait son dernier vêtement. Elle se serra contre son corps sentant sa chaleur la réchauffer. Fermement il serra sa cuisse contre sa hanche, son bassin s'appuyant contre celui de sa compagne qui se mordit la lèvre en étouffant un gémissement. En la voyant faire Paul caressa sa bouche avec son pouce avant de capturer ses lèvres, sa langue caressant sensuellement la sienne. Il grogna quand Rachel descendit son boxer, griffant légèrement son ventre au passage, électrisant ses sensations. Dans un mouvement fluide elle le força à basculer sur le côté s'installant sur ses jambes, se relevant en dégageant ses cheveux, offerte à lui et tellement belle dans la lueur des bougies. Sa main caressa son membre dans un geste tendre et ferme alors qu'il se redressait pour l'embrasser fiévreusement. Délicatement elle s'installa sur lui dans un soupir libérateur, fermant les yeux pour ressentir cette vibration d'envie au fond d'elle-même, sa tête bascula en arrière et elle se mordit la lèvre pour ne pas se laisser submerger par son plaisir. Elle sentit à peine les mains de Paul caresser ses cuisses et ses hanches, elle percevait de loin les baisers qu'il déposait sur ses seins, en revanche elle sentait sa chaleur au fond de son ventre et la puissance de son torse contre le sien. Elle resserra les jambes autour de lui, ses doigts se perdirent dans ses cheveux et elle chercha ses lèvres au milieu de leur souffle brûlant. Un baiser intense et profond avant de gémir tant l'envie d'aller plus loin était forte. Paul bascula son nez dans ses cheveux, respira à fond avant que la réalité ne le rattrape et qu'il ne recule son visage pour la regarder.
« - Je crois qu'on a oublié quelque chose...
Elle redressa la tête en soufflant doucement pour reprendre une certaine contenance.
- Protection hormonale et Riley était clean.
Rachel ouvrit les yeux pour le regarder alors qu'il esquissait un sourire en lui caressant la joue.
- J'ai jamais pris aucun risque. »
Elle embrassa le bout de son nez et recommença à bouger très lentement.
Le jeune homme posa son front sur son épaule, fronçant les sourcils face à la force qui l'emprisonnait dans une sensation grisante de félicité. Tout ce qu'il ressentait maintenant n'était rien comparé à tout ce qu'il avait connu jusqu'à ce jour. Il la serra davantage contre lui et Rachel laissa échapper plusieurs gémissements, son souffle beaucoup plus rapide se coupa littéralement avant que son corps ne se mette à trembler, ses baiser dévièrent dans son cou qu'il mordilla légèrement alors qu'elle tirait gentiment sur ses cheveux, laissant la vague de plaisir la submerger complètement. Il l'embrassa tendrement avant de la réinstaller sur le dos posant son front sur le sien, reprenant le contrôle de leurs mouvements. La jeune femme glissa ses mains sur son torse brûlant jusqu'à son abdomen et ses fesses qu'elle empoigna doucement accompagnant le roulement de ses hanches.
La nuit fut comblée de baisers et de mots tendres, les libérant d'une émotion trop longtemps contenue à la lumière vacillante des bougies. Une fine pellicule de sueur les recouvrit, ils en avaient oublié de manger, la chaîne Hi-Fi c'était arrêté et les heures défilaient mais ni Paul ni Rachel ne se rendirent de quoi que ce soit d'autre que l'envie insatiable de leurs corps.
