PDV KIM
Est-ce qu'un t-shirt à l'effigie de Shining, ça peut être considéré comme un costume d'Halloween ? Je me pose la question, en descendant du pickup de Jared. Ce samedi soir, j'arbore un gilet, un haut représentant un film d'horreur, une jupe effet cuir et mes fidèles converses. Je me suis contentée de laisser mes cheveux au vent et je me suis quelque peu maquillée. L'impression de jouer un rôle me traverse l'esprit, mais ce rôle d'adolescente sociable est excitant. Quant à Jared, il est complètement vêtu de noir et porte un masque de clown effrayant qu'il lève pour révéler son visage. La maison d'Olivia se soulève devant nous, faite de briques et d'une mansarde impressionnante. Une aura chaleureuse et débridée émane de la maison, entre les lumières allumées, les décorations, les bouteilles d'alcool qui traînent sur le porche, la musique entraînante, les jeunes qui dansent ...
- Au moindre problème, tu me fais signe et on s'en va. Me souffle Jared, pour me rassurer, tandis que j'hoche la tête.
Ne sois pas une dégonflée, Kim, c'est toi qui a voulu être là. Olivia, vêtue d'un costume de sorcière, nous accueille avec un immense sourire et des boissons. Elle est plus précisément vêtue d'une fine robe en satin noir, d'un chapeau pointu, de bottines à talons et d'une paire de collants résilles. Ensuite, Paul se dirige à notre encontre, déguisé en zombie. Je le complimente sur son costume. Cependant, Jared lève un sourcil désapprobateur face à notre ami déjà sous l'effet de l'alcool.
- Tu crois que Lexie et ses copines s'habillent comme ça ? Si oui, je veux bien qu'on aille lui rendre visite. Paul se marre au sujet du costume d'Olivia, et son rire communicatif nous entraîne, moi et Jared.
- T'es con. Je marmonne en buvant mon jus d'orange du bout des lèvres.
Une heure plus tard, je me retrouve entre deux filles que je connais depuis l'enfance sans leur avoir réellement adressé la parole, à grignoter des bonbons tout en écoutant leur conversation. J'ai eu le temps de prendre quelques photos, mon appareil est maintenant bien rangé au fond de mon sac. Elles parlent de Leah Clearwater, qui ne sort plus de chez elle depuis cet été ... Depuis que Sam l'a quitté. J'ai l'impression d'avoir passé ces dernières années à fantasmer une adolescence qui pourtant n'a rien de grandiose. Des conversations malveillantes, des boissons alcoolisés en toute illégalité, de la musique bien trop fort ... Pourquoi ai-je insisté pour me rendre ici ? Il y a tellement de monde.
- Et toi, t'en penses quoi Kim ? L'une d'entre elles m'interroge sur les derniers racontards. J'hausse les épaules, nonchalante, et me lève subitement.
- J'en pense que la vie de Leah Clearwater, ça ne nous regarde pas. Si vous vous inquiétez pour elle, allez la voir. Je réponds en m'éloignant pour m'engouffrer dans la foule, à la recherche de Jared.
Malheureusement, mon petit ami a eu la bonne idée d'acheter le même masque que tout le monde. J'aperçois une dizaine de masques semblables sans que jamais ce ne soit lui. Le monde s'agglutine autour de moi, les visages sont si joyeux qu'ils ont l'air de se moquer de moi, la musique résonne encore plus fort, les battements de mon cœur s'accélèrent et je peine à respirer. Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit ... Je compte dans ma tête avant de me figer au milieu de la foule. Quand deux mains m'attrapent les hanches, je cesse de respirer. Je devrais hurler mais j'en suis incapable.
- Un, deux, trois, quatre, cinq ... La voix prononce chacun des chiffres avec douceur. Je tourne la tête et vois qu'il s'agit de Jared. Seul lui connaît cette technique pour me calmer.
Petit à petit, je reprends mon souffle. Cependant, je me refuse à lui montrer que je veux m'en aller car après tout, nous passons une bonne soirée et je ne veux pas avoir l'air de faire un caprice. Un sourire forcé s'empare de mes traits et j'embrasse sa joue.
- Tu te souviens, quand on a fait un pari avant d'aller à la mairie ? Pour faire nos recherches ? Je lui demande sur un ton joueur.
- Évidement. J'avais parié qu'on trouverait rien et toi qu'on trouverait quelque chose sur la sangsue. T'avais gagné. Il me répond sur un ton encore plus joueur, comme si j'allais lui donner un gage indécent.
- C'est ça, donc tu as un gage.
- Et qu'est-ce que c'est ? Tu sais que tu peux tout me demander.
- Emmènes moi loin d'ici, Jared Cameron. Je déclare, la main à son cou, comme si je m'adressais à un chevalier.
*
Une multitude d'étoiles semblent ponctuer le ciel, presque le percer, comme des diamants à l'intensité rare, lorsque le véhicule ralentit en haut d'une falaise. Avant de partir, nous avons piqués de quoi grignoter, c'est à dire des paquets de chips, des bonbons et une pizza. J'étais si gênée, mais Jared dit qu'ils s'en remettront.
- Heureusement que j'avais prévu un plan B. Lance le loup en descendant du pickup.
Le jeune homme se déplace si vite qu'il arrive en l'espace de deux secondes à m'ouvrir la portière après être descendu. Je le remercie et admire le paysage qui s'étend à perte de vue. La falaise surplombe un océan calme, au bleu presque noir dans la noirceur lunaire. Je frisonne, dans mon gilet et ma jupe, mais je voudrais figer cet instant. Un instant de liberté. L'imprévu a tendance à m'angoisser, mais c'est avec plaisir que j'observe Jared s'organiser. Jared sort de sa voiture quelques oreillers et des draps qu'il place à l'arrière du pick up, la cabine arrière faisant au moins deux mètres de longueur, ça nous laisse un large espace dans lequel nous allonger. C'est une bonne idée, de s'allonger à la belle étoile. J'ai retiré mes baskets et lui son masque. Le ciel fait office de toit, et j'ai mal au ventre à force de rire lorsque Jared s'amuse à faire semblant de connaître les constellations pendant qu'on grignote.
- Merci. Je prononce, lovée dans ses bras. Son étreinte se resserre sur ma silhouette, et je n'ai plus froid une seconde. Le silence plane, malgré les bruits de la nuit.
- C'est pas grand chose. Je voudrais tout te donner, par ce que tu mérites tout ce que ce monde a à offrir. Il insiste alors que je lève la tête dans sa direction.
Sa bouche s'empare de la mienne. Ce qu'il ignore, c'est qu'il m'a déjà donné plus que ce dont j'ai osé rêvé. Et peu importe si je dois mourir avant la fin de l'année à cause d'un maudit vampire, ou si je dois me réveiller demain et réaliser que tout cela n'était en fait qu'une merveilleuse chimère ... En cet instant, c'est réel, il est mien et je suis sienne. J'irais même jusqu'à dire que nous sommes le même être qui s'est retrouvé séparé avant de se retrouver, à la manière du mythe de la naissance de l'amour. Les grecques pensaient qu'à l'origine nous étions des êtres composés d'un corps à la fois féminin et masculin, mais que ces êtres avaient fini par être divisés en deux, ayant pour devoir de se retrouver ... Ce qui expliquerait le concept d'âme sœur. Son cœur bat à l'unisson avec le mien. Ma jambe vient entourer sa taille pour que nos corps se rapprochent. Sa main remonte le long de ma cuisse jusqu'à glisser sous ma jupe. Il intensifie le baiser en jouant avec ma langue. Ma main glisse sous son t-shirt et je me délecte de son torse. Il me fait sentir son désir, par sa virilité, contre le bas de mon ventre. Ma bouche quitte la sienne, afin que je puisse retirer mon t-shirt, les joues rouges. Je le fais passer au dessus de ma tête et Jared caresse ma chevelure en bataille. Au détour d'une conversation, j'ai appris que lui aussi, n'avait jamais couché avec quelqu'un.
- T'es sûr ? Me demande le jeune homme, le souffle court.
- Je t'aime. Je chuchote avant de le répéter une seconde fois, plus fort.
*
PDV JARED
Wouah. Je fixais son soutient gorge blanc quand mon imprégnée m'a dit qu'elle m'aimait. Pour la seconde fois.
- Je t'aime tellement que ça me fait mal. Je réponds avant d'embrasser son buste et de retirer mon haut à mon tour.
Je n'ai jamais autant désiré qui que ce soit, quoi que ce soit. Après cela, ça a été une succession de moments de plaisir inoubliable. Son corps comprend le mien, le mien répond au sien, comme des échos. « À moi » mon loup grogne au creux de l'oreille de ma bien aimé. Je l'entends gémir à mes gestes et ce son me satisfait au delà de tout. Au clair de lune, ses hanches entrent en contact avec les miennes, à la manière dont les vagues s'entrechoquent les unes contre les autres. Kim m'appartient. Tout est à sa place.
*
PDV OMNISCIENT
La musique bat son plein, à tel point que les murs semblent trembler. Le contenu des gobelets rouges dégage des effluves d'alcool, les cartons de pizzas s'amoncellent dans la cuisine, des baisers sont échangés dans une chambre à l'étage et les rires envahissent les lieux. Tendre adolescence, à la fois douce et acide, source de mille joies et souffrances. Le jeune Paul est affalé sur un canapé, une bière à la main. Ses yeux se perdent dans le vide, comme s'il était à mille lieux d'ici. Pourtant, il est bien présent, malgré l'inconscience issue de la boisson. En face de lui, les autres adolescents jouent à un célèbre jeu. Action et vérité. Une lumineuse jeune fille divertit ses convives, avec un sourire qui pourrait presque redonner la vie à une fleur qui se meurt. Elle a pour prénom Olivia.
- Embry, action ou vérité ? Elle questionne un de ses amis aux cheveux longs, assit sur le tapis. Il est occupé à manger de la pizza.
- J'ai jamais dit que je jouais. Il se contente d'éviter la question, sur un ton posé.
- Allez ! T'es pas drôle. Action ou vérité ? Olivia répète, trépignant d'impatience que ce soit son tour.
- Action. Embry se décide à répondre.
- Tu m'accompagnes au bal du printemps ? Lui demande l'adolescente, provoquant l'hilarité de certains de leurs amis.
Ainsi, elle fait la moue. Néanmoins, le visage du doux Embry s'illumine. Une jolie fille telle qu'Olivia l'invite à sortir ? Le lycéen a toujours voulu sortir avec elle. Ce n'est pas une occasion à manquer, c'est une chance, pour un garçon aussi timide que lui. Il s'est toujours senti comme à l'écart, comme s'il n'avait pas sa place ici, certainement à cause de son absence de sang Quileute. Après tout, sa mère vient de La Tribune Makah. C'est déjà assez difficile d'être un fils illégitime de père inconnu.
- Je t'accompagnerais avec plaisir. Le brun accepte et elle, réjouie, embrasse le coin de ses lèvres.
- Bref, arrêtes de faire la maligne, c'est ton tour Olivia ! S'exclame une autre adolescente, aux mèches blondes qui parsèment sa chevelure naturellement noire. Elle a une voix haut perchée et une gestuelle agaçante.
- Action. Déclare Olivia, levant les yeux au ciel comme s'il s'agissait d'une évidence.
- Hum ... Vous vous souvenez de la grotte du Mont Olympique, celle près du ruisseau ... Elle fait mine de réfléchir, un doigt sur le menton, avant qu'un autre lycéen ne l'interrompe.
- L'endroit super glauque ? On raconte qu'elle contient des cailloux aussi brillants que des pierres précieuses. Mais c'est sûrement des conneries et on y voit rien là-dedans.
- Tu vas y aller et tu vas nous ramener un petit souvenir. Tranche celle qui lance le défi, un sourire malveillant accroché aux lèvres.
- Hein ? Olivia dit, penaude.
- T'as peur, Olivia ? Je te croyais pas peureuse. Renchérit l'autre adolescente.
- J'ai pas peur mais ça doit être à au moins une heure de route.
- Pas de problème, on te dépose en bas de la montagne et tu montes toute seule.
- C'est une idée stupide. Intervient Embry, sur un ton hésitant.
- T'aimes pas les sensations fortes ? Le goût du frisson ... Un jeune homme encourage Olivia.
- Très bien. Allons y ! Je reviendrais même avec une vidéo de ce qu'il y a dans la grotte, bande de trouillards. La brune finit par accepter, gonflée d'orgueil.
Lorsque la porte claque, Paul grommelle quelque chose concernant la grotte avant de tomber de sommeil. Son rôle est de protéger, mais il a failli à son devoir. Seulement quelques personnes ont accompagné la téméraire jeune fille et la fête se poursuit. Cette nuit là, après qu'une voiture pleine de lycéens éméchés ait quitté la réserve ... L'innocence et la joie de vivre ont quitté le cœur de la ravissante Olivia.
Un chapitre relativement court ... La relation entre nos deux amoureux passent au niveau supérieur. Et la dénommée Olivia se rend dans la grotte de Katherine, à votre avis, que va-t-il se passer ? Aimez vous les points de vue omniscients ? En tout cas, je suis plus que ravie de vous retrouver.
