Sherry attendait son tour dans la salle d'attente pour être prise en charge. Elle serrait la veste de Claire contre elle, il faisait assez chaud dans le centre de gouvernement, elle l'avait donc retirée. Les images troublantes de cette nuit qu'elle avait passé n'arrêtaient pas de défiler dans sa tête, seule, il était difficile de s'occuper l'esprit.
Un homme prit place à côté d'elle. Sherry était tellement triste de devoir se retrouver seule sans avoir Claire ou Leon avec elle. Elle ne fit pas attention à l'homme jusqu'à qu'il engage subitement la conversation avec elle :
- Est-ce que tout va bien, jeune fille ?
Il avait une voix soyeuse et un peu grave, elle était agréable à entendre, Sherry le pensa aussitôt. Elle ne leva pas la tête vers lui, elle pouvait seulement voir son pantalon noir et ses bottes de la même couleur.
- Pas trop...admit Sherry d'une petite voix
Il hocha la tête d'un air compréhensible. Il remarqua le teint pâle de la petite fille et s'enquit :
- Tu as faim ?
Timide, elle ne se contenta que d'hocher lentement la tête. L'homme sortit une carte bancaire de son trench-coat et lui tendit.
- Tiens, prends ce que tu veux au distributeur. lui dit-il
Sherry regarda l'homme abasourdi.
- Non, je ne peux pas accepter, monsieur... refusa Sherry doucement
- Quelque chose me dit que ça te fera sentir mieux, tu as dû traverser des choses difficiles. répondit-il d'un air compatissant
- Merci, c'est très gentil. Vous voulez aussi quelque chose ? demanda Sherry
- Je ne dirais pas non à un café. avoua-t-il
- D'accord, je reviens tout de suite. promit la fillette
Sherry posa la veste de Claire sur son siège, elle se leva et se dirigea vers le distributeur. En revenant, elle tendit d'abord le café à l'homme et lui rendit aussi sa carte.
- Merci. dit-il
Il sirota prudemment le café chaud. Sherry reprit place à ses côtés, elle rougit embarrassée mais goûta à la barre chocolatée qu'elle avait prise. Le caramel était juste ce qu'elle préférait le plus au monde. La friandise réchauffa son estomac. Elle se sentait tellement mieux.
- C'est délicieux...se complaisa Sherry
L'homme sourit.
- Comment t'appelles-tu ? la questionna-t-il
- Sherry. se présenta-t-elle
- Un très joli prénom et assez rare. Je ne connais qu'une seule personne qui porte ce nom, je suis justement à sa recherche. C'était la fille d'un de mes amis très proche et je veux absolument la prendre avec moi. J'ai malheureusement entendu qu'il était porté disparu. En mémoire à cette si longue amitié que nous avons partagé ensemble, je me dois de la retrouver.
- Comment s'appelle votre ami ?
Il tourna la tête en direction de Sherry, elle soutint son regard caché derrière ses lunettes de soleil.
- William Birkin.
La fillette n'en croyait pas ses oreilles.
- C'est mon père.
- C'est donc toi Sherry. Je ne pensais pas que j'allais tomber accidentellement sur toi. Je suis tellement heureux de ne pas avoir eu du mal à le faire. J'aurais dû m'en douter, tu es aussi adorable et polie que ce que William m'avait dit. prétendit-il
Il en profita pour lui prouver de quoi appuyer ses propos. Il sortit une photo de son portefeuille en cuir noir et lui montra. Dessus, Sherry pouvait voir son père et cet homme habillés en blouse blanche. Il disait la vérité, il connaissait vraiment son père.
- Mais qui êtes-vous ? demanda Sherry de plus en plus curieuse
- Mon nom est Albert Wesker. répondit-il
- Je vous connais, papa me parlait souvent de vous. Vous travaillez ensemble tous les deux, il me disait que vous êtes quelqu'un de très sérieux et impliqué dans votre travail.
Wesker remonta ses lunettes sur son nez et arbora un petit sourire en coin.
- Je suis ravi de te connaître enfin.
Sherry sourit doucement. Elle se rappela subitement de la dure réalité. Wesker remarqua que le visage de fillette s'était décomposé.
- Je suis désolée de vous l'apprendre mais mon papa est...est...bégaya Sherry
Elle n'osa pas dire ce mot, il la faisait beaucoup trop souffrir.
- Je vois. J'aurais préféré ne pas l'apprendre et encore moins de ta part, Sherry. J'imagine très bien ce que tu dois ressentir, j'ai moi aussi perdu mes parents très jeune. Je te promets donc une chose, c'est de te donner tout l'amour, le soutien et l'affection que tu mérites. Laisse-moi, s'il te plaît, réaliser ce souhait qui m'est très cher. Accepterais-tu de vivre avec moi ? proposa Wesker
- Je ne sais pas si j'ai le droit de partir avec vous, Claire et Leon m'ont bien dit de rester ici, pour que je sois en sécurité. hésita Sherry
- Mon petit ange, ils t'ont dit ça parce qu'ils pensaient que tu étais seule au monde. Et ce n'est pas le cas. Je considérais William comme mon frère alors pour moi c'est comme si tu étais ma nièce. Et je voudrais que ma nièce soit auprès de moi, à l'abri. argumenta Wesker
- Je ne veux pas rester là, pas sans Claire et Leon. Mais ils ne peuvent pas être avec moi...dit Sherry tristement en baissant la tête
Wesker dut se forcer une fois encore à jouer les sentimentales, il détestait ça. Il prit prétendument avec douceur la main de Sherry qui le regardait avec les yeux remplis de larmes :
- Je suis là, tu n'es pas toute seule, Sherry. Et je ne t'abandonnerai pas. Je te demande seulement de me faire confiance.
Wesker essuya les larmes de la petite fille avec son pouce ganté, ce qui l'encouragea à se jeter dans ses bras. Il se crispa en acceptant une telle chose mais reprit rapidement son rôle, il caressait d'un air faussement affectueux ses cheveux blonds. Il resta patient jusqu'à qu'elle se calme, Sherry hocha donc lentement la tête à sa proposition.
- Je viens avec vous, je ne veux pas rester là. décida Sherry
Wesker esquissa un sourire sadique qui était dissimulé par leur étreinte. Il avait réussi à tromper la fillette, ce n'était pas si difficile, exactement comme il s'y attendait.
Elle était jeune, innocente et inconsciente du danger de suivre un inconnu, même si c'était la vérité qu'une relation amicale avait existé entre son père et lui.
Il s'éloigna de Sherry et se leva, la petite fille fit de même, elle n'oublia pas d'enfiler la veste de Claire, elle y tenait beaucoup trop pour l'oublier. Wesker la conduisit dehors et l'emmena jusqu'à sa voiture.
Il l'encouragea à monter, lorsqu'elle le fit, il se mit à la place du conducteur. Sherry attacha sa ceinture de sécurité, Wesker démarra et quitta au plus vite le centre.
Personne ne les retrouverait, Sherry était maintenant à lui. Il l'emmena donc dans une de ses nombreuses résidences. La petite fille n'en croyait pas ses yeux de voir à quel point l'homme était fortuné.
Elle n'avait jamais manqué de rien avec ses parents, ils étaient des chercheurs mais il n'étaient pas frivoles et n'aimaient pas voir en grand comme ce Wesker.
- À partir de maintenant, Sherry, tu es ici chez toi. Demande-moi tout ce que tu veux et je te le donnerai. l'informa Wesker
La petite fille hocha la tête en signe d'approbation. Les premières semaines, Sherry était très timide et n'osait pas déranger Wesker, ce qu'il ne trouvait pas accablant. Elle devait guérir de ses blessures émotionnelles. Ce qu'elle avait dû vivre n'était pas du tout évident déjà pour un adulte alors pour une enfant c'était beaucoup plus éprouvant encore.
Wesker ne se priva pas d'utiliser tous les bons moyens pour gagner l'affection de Sherry. Il lui offrit des multitudes de cadeaux, des robes, des jouets, de la nourriture toujours de très bonne qualité et il passait du temps avec elle quand il le pouvait.
Il n'aimait pas avoir des relations humaines et les petites filles n'y faisaient pas exception, la solitude lui convenait parfaitement mais s'il voulait obtenir ce qu'il voulait d'elle, il devait veiller à ce qu'elle n'ait aucun soupçon.
Pour Sherry, c'était une première, ses parents étaient tellement absorbés par leur travail qu'ils n'avaient jamais pris le temps pour ce genre d'attentions.
Elle aimait de plus en plus Wesker, pour elle, il était devenu la figure paternelle qu'elle avait toujours espéré avoir.
Cependant, elle pensait toujours à Claire, elle l'aimait sincèrement et la voyait comme la grande sœur qu'elle n'avait jamais pu avoir. Claire avait tout tenté pour la protéger et elle l'avait fait jusqu'au bout.
Elle désirait terriblement la revoir, elle avait essayé d'en faire part à Wesker mais elle n'y arrivait pas, elle se sentait encore trop timide pour oser demander une chose pareille. Wesker avait déjà tant fait pour elle.
Elle avait fini par raconter ce qui s'était passé quand elle était à Raccoon City à Wesker parce qu'elle en faisait souvent des cauchemars et voulait à tout prix oublier ces horreurs.
Wesker avait dû subir les terreurs nocturnes de la petite fille, lui qui devait déjà supporter de devoir prendre soin d'elle. Il avait à contrecœur accepté de dormir avec elle quand elle avait trop peur.
Ses recherches devaient avancer, il avait pu avoir un aperçu de son état de santé émotionnel maintenant il devait passer à son état physiologique. Il savait pertinemment que Sherry avait un échantillon du virus G dans son organisme. Elle était le sujet d'expérience parfait.
Maintenant qu'il avait la confiance de Sherry, il pouvait aisément lui faire des examens. Wesker œuvra pour amenuiser son cheminement jusqu'à son but. Un jour, quand ils dînèrent ensemble, Wesker engagea une conversation assez spécifique.
- Je veux m'assurer que tu ne présentes aucun problème de santé, je te ferais donc souvent des examens médicaux. Rien de bien méchant. Tu as confiance en moi, Sherry ?
- Oui, je n'ai pas peur si c'est toi qui me les fait, tonton.
Sa réponse suffit à Wesker.
- Bien, nous commencerons le plus tôt possible...acheva-t-il d'une voix monocorde
Les yeux de Sherry relevèrent une fois de plus que son oncle n'avait pas du tout touché à son assiette. Elle trouvait ça de plus en plus étrange.
Elle en avait déduit que son oncle n'était pas très gourmand mais tout de même, il n'avait même pas picoré la moindre miette des mets délicieux qu'il y avait.
Il passait juste son temps à lire ses papiers pour son travail et à échanger quelques mots avec Sherry pendant les repas.
Son père avait raison quand il disait que Wesker était très concentré sur son travail. Sherry voulait qu'il le soit moins, qu'il ne se fatigue pas trop, elle avait donc pris l'habitude de le soulager quand elle le pouvait.
Observatrice, elle avait pu relever tous ces éléments que Wesker appréciait, comme parfois prendre du café bien noir juste avant de longues heures à travailler dans son bureau personnel ou bien écouter des morceaux de musique classique.
Sherry avait gardé la surprise jusque là, elle s'était entraînée secrètement à prendre des cours de piano rien que pour faire plaisir à Wesker. Il était venu le moment pour elle de lui donner ce petit cadeau juste avant qu'il ne retourne se plonger dans ses projets.
- Tonton, j'aimerais te montrer quelque chose. Tu veux bien ?
- Oui, Sherry, mais j'espère que ce n'est pas trop long, je dois remonter dans mon bureau. la prévint-il
- Non, je te le promets et ça va sûrement te plaire et t'aider à évacuer ton stress à cause de ton travail. répondit Sherry allégrement
Wesker fit tout pour retenir un soupir, il savait d'ores et déjà que la petite fille allait lui montrer une fois de plus quelque chose de ridicule. La dernière fois, il avait dû supporter de voir chacune de ses peintures.
Elle était peut-être douée pour son âge, sauf qu'elle était aussi jeune et rêveuse comme n'importe quelle fillette de son âge, elle avait dessiné des paysages fantastiques avec des princesses et des dragons.
Wesker n'accordait aucun intérêt pour l'imagination ou la créativité. Ce qui le mettait plus en colère qu'autre chose, il trouvait ça tellement stupide d'en avoir au lieu de se confronter à la réalité et aux choses concrètes. Il suivit donc à contrecœur Sherry au salon.
- Assis-toi, tonton, tu vas assister à un petit moment de détente.
Wesker l'écouta et regarda sa petite Sherry prendre place sur le siège devant le piano à queue luxueux. Sherry commença donc à jouer un morceau que Wesker reconnut instantanément.
Ses petits doigts glissèrent sur les touches habilement, elle ne fit aucune fausse note et jouait Lettre à Élise, de Beethoven. La mélodie gracieuse s'éleva dans les airs, Wesker en apprécia chaque note, quand Sherry termina, il prit la peine de l'applaudir.
Elle avait donc passé tout son temps à apprendre à jouer du piano, rien que pour lui. Quelqu'un d'autre aurait été profondément touché par son geste, mais pas Wesker, il était complètement insensible aux tendres preuves d'amour que lui adresser Sherry.
Ce n'était pas la première fois qu'elle le faisait et à chaque fois, il prétendait en être heureux, ce qui était assez difficile pour lui et elle n'était pas dupe.
Sherry savait bien au fond d'elle que son oncle n'aimait pas montrer trop ses sentiments et elle l'acceptait. La seule chose qu'elle ignorait c'était son côté manipulateur et mensongère, qu'il n'éprouvait aucun attachement particulier pour elle. Sherry sauta dans les bras de Wesker pour lui faire un câlin, elle s'assit sur ses genoux et garda son étreinte.
- J'ai pensé que ça te ferait plaisir. C'est juste pour toi, tonton.
- Tu n'aurais pas dû, mon petit ange. Tu as dû te donner beaucoup de mal.
Sherry embrassa tendrement la joue de Wesker.
- Ce n'était pas grand-chose. Pour toi, je ferai n'importe quoi.
- N'importe quoi ? souligna Wesker narquoisement
Sherry hocha vivement la tête. La naïveté de la petite fille l'amusait énormément, elle ne se doutait absolument pas de ses intentions cruelles à son égard. Wesker avait souvent imaginé sa réaction quand elle découvrirait tout, elle en serait dévastée.
Le désespoir et la peine de l'enfant n'avait pas cessé de lui donner envie. Il voulait voir ces magnifiques grands yeux bleu océan être remplis de larmes. Il voulait voir ses joues rouges de tristesse et entendre son cœur battre fort dans sa poitrine, alors qu'il la prendrait contre elle et contemplerait tout cela avec pure délectation.
Il n'avait aucun regret à faire souffrir une fillette, à la tromper impitoyablement, il ne se rappelait que de trop ce qu'il avait dû lui-même endurer. Depuis son plus son jeune âge, on le manipulait pour servir les ambitions de Spencer, pas les siennes.
Maintenant, il ferait de même aux autres, il était le plus fort, le plus puissant. Il faisait donc ce qui lui plairait.
- Tonton ? Tonton ? l'appela Sherry en voyant qu'il était perdu dans ses pensées
Wesker en sortit, il reporta complètement son attention sur Sherry.
- Tu étais en train de penser à ton amoureuse. le taquina Sherry
- Tu crois que j'ai une amoureuse, moi ?
- Oui, je t'ai entendu, tu parles souvent au téléphone, ça veut dire que tu en as une. continua Sherry sur le même ton taquin
- Ce n'est que pour le travail, petit cœur. dit Wesker
- Tu devrais enlever tes lunettes, tonton, elle ne va pas aimer de parler à des lunettes. C'est tout ce qu'on voit quand on te regarde. l'embêta Sherry de plus bel
Wesker chatouilla Sherry pour l'embêter à son tour. La petite fille rit aux éclats et tenta de repousser ses mains mais sans succès.
- Non, pas les chatouilles ! protesta Sherry vainement
- Oh que si, tu n'aurais pas dû dire des bêtises. Et tu as critiqué mes lunettes, tu sais que j'y tiens. grogna Wesker
- Excuse-moi, excuse-moi. supplia Sherry tout en riant à en avoir mal aux côtes
Wesker finit par arrêter de la chatouiller. Elle était toujours sur ses genoux.
- Je n'en peux plus...souffla Sherry contre lui
- Justement. Allez, ma chérie, il est temps d'aller dans ta chambre.
- Oui, mais s'il te plaît, tu veux bien me raconter encore une fois comment vous vous êtes rencontrés toi et papa ?
Sherry lui fit ses yeux de chiot qui cherchaient à attendrir, combiné avec ses lèvres boudeuses. Wesker sourit, cette petite fille savait comment obtenir ce qu'elle voulait. Même s'il n'était pas le genre de personnes à se faire avoir facilement... Mais il voulait encore garder sa confiance aveugle, il décida donc de lui céder.
Sherry écouta avec la plus grande attention le récit qu'elle connaissait pourtant par cœur, elle trouvait que la voix de son oncle était apaisante à entendre, elle était aussi douce que le miel.
Et son odeur était ce qu'elle aimait le plus chez lui, il sentait le café et les livres neufs. Elle se sentait si bien quand elle était auprès de lui comme ça. Vers la fin, ses paupières commencèrent à s'alourdir et elle s'endormit sur les genoux de Wesker.
Il soupira doucement, il s'était attendu à ce qu'elle s'endorme sur lui, il devait maintenant la porter jusqu'à son lit. Il souleva le corps léger de la petite fille dans ses bras et l'emmena dans sa chambre à l'étage.
Il la déposa délicatement et la couvrit. S'il s'était attendu que lui, Albert Wesker, joue les parents aimants, Chris Redfield se serait roulé par terre hilare. Cette pensée le fit bouillonner de rage et il voulait faire du mal à Sherry juste maintenant pour entendre sa petite voix fluette crier de douleur.
Il se reprit, il se devait d'être patient, il le ferait, il avait assez attendu comme ça et avait assez perdu son temps avec cette sale morveuse.
Il se perdit en observant le visage paisible et endormi de Sherry, la fillette était mignonne à croquer. Son inconscience face au danger le divertissait beaucoup, elle pensait sincèrement qu'il pouvait être attaché à elle. Quelle naïveté.
Elle n'était qu'un moyen pour lui d'assouvir ses ambitions. Bientôt, elle le saura. Son amour pour lui était bel et bien réel, il le savait et se demandait si elle se battrait contre ses sentiments ou les laisserait la consumer. Elle n'était pas la première à avoir manifester de l'affection à son égard, à chaque fois, il n'avait eu aucun scrupule à l'utiliser pour arriver à ses fins.
Bien qu'elle était la fille de Birkin, cela lui fit penser que c'était au contraire une raison supplémentaire qui prouvait qu'elle lui revenait de droit. Il sortit de ses pensées, Sherry était agitée dans son sommeil et couinait effrayée, certainement en train de revivre les horreurs de Racoon City. Wesker sourit narquoisement :
- Oh mon petit ange, tu n'es pas encore au bout de tes peines. Je te prépare des choses encore plus terribles que ce que tu as pu voir...
Ses yeux rouges brillèrent dans la pénombre de la chambre, il quitta finalement la pièce d'un pas silencieux.
Au bout milieu de la nuit, Sherry se réveilla en sursaut, couverte de sueurs et la respiration haletante.
Son petit cœur battait à tout rompre dans sa cage thoracique. Elle avait rêvé une nouvelle fois quand elle s'était faite enlever par le chef Irons et qu'elle s'était retrouvée dans cet orphelinat effrayant. Elle posa ses pieds au sol et sortit donc de sa chambre, elle appela d'une voix craintive Wesker.
- Tonton, tu es là ? Oncle Albert ?
Il ne lui répondit pas. Il était certainement dans son bureau, elle se décida à le rejoindre pour recevoir du réconfort comme elle le faisait habituellement.
Elle poussa la porte qui grinça, elle trouva le bureau complètement vide. Sherry chercha donc dans toute la maison Wesker, elle paniqua, son oncle avait disparu.
Elle avait l'impression de revivre cette nuit horrifique, ses parents n'étaient plus là, sa mère et son père, elle s'était réveillée aussi pendant la nuit et avait trouvé la maison déserte.
Sa mère l'avait contactée par téléphone et lui avait ordonné d'appeler la police et de rejoindre le poste. Sherry était en larmes, elle voulait simplement être avec sa maman et ne pas être seule.
Sherry chassa du mieux qu'elle le put ces mauvais souvenirs. Elle était maintenant concentrée sur le fait de retrouver Wesker. Elle passa devant la porte du sous-sol, elle était entrouverte.
Elle n'était jamais descendue là-bas, son oncle lui avait interdit, il lui avait dit que c'était bien trop sombre et poussiéreux pour s'y aventurer. Sherry n'avait jamais désobéi à son ordre jusqu'à maintenant, elle ne tenait pas particulièrement à affronter des toiles d'araignées.
Sauf qu'elle remarqua qu'une lumière blanche à incandescence traversait le bas de la porte. Son oncle y était descendu à une heure pareille ? C'était vraiment étrange. Même si elle avait peur d'y descendre, elle se décida à y aller pour vérifier si Wesker y était.
Sherry ouvrit complètement la porte et descendit prudemment les marches. Elle entendit de loin le tonnerre gronder, elle ne s'était même pas aperçue qu'il pleuvait averse dehors tant elle était préoccupée par la disparition de son oncle.
- Tonton ? appela Sherry une nouvelle fois
Toujours pas de réponse, elle continua jusqu'à atteindre une autre porte massive et en métal. Elle l'ouvrit également sans grande difficulté, elle n'était pas fermée. Ce qu'elle découvrit la troubla, elle était dans une immense pièce blanche avec toute sorte de matériaux médicaux, elle était très éclairée à en faire mal aux yeux.
- Un laboratoire...chuchota Sherry
Elle remarqua plus loin son oncle de dos en train de taper sur le clavier d'un ordinateur. Elle en oublia l'étrange situation, elle était tellement heureuse de l'avoir retrouvé.
- Tu t'es réveillée exactement au bon moment, Sherry. dit Wesker sans même se retourner
- Tonton, j'ai eu tellement peur qu'il te soit arrivé quelque chose. s'apaisa la fillette
Sherry se précipita vers lui pour le prendre dans ses bras. Wesker la laissa faire jusqu'à qu'il la repousse en arrière en commençant par être agacé par l'affection étouffante de la petite fille.
Sherry le regarda tristement en comprenant que peut-être, elle le dérangeait dans un travail important.
- Je suis désolée, tonton, je ne voulais pas te déranger mais j'avais peur que...que...
Elle ne finit pas sa phrase en voyant qu'il ne faisait rien pour la rassurer en la prenant contre lui ou en l'embrassant sur le front. Wesker scrutait d'un air complètement insensible Sherry.
- Ton père ne t'a jamais appris qu'il ne fallait pas faire confiance aux étrangers, même s'ils connaissent ta famille...laissa entendre Wesker
- Je ne comprends pas...dit Sherry d'une petite voix
Il lui prit violemment le poignet et commença à serrer dangereusement son étau. Elle était choquée de subir une telle chose venant de sa part, lui qui était si doux avec elle.
- Tu me fais mal ! Tonton, qu'est-ce que tu fais ?! paniqua Sherry
- Ne t'avise plus jamais de m'appeler comme ça. dit Wesker d'un ton sans réplique en la jetant en arrière
La voix glaciale de Wesker fit saigner le cœur de Sherry. Jamais, il ne lui avait parlé d'une façon aussi froide et méchante.
- Pourquoi ? trembla Sherry la voix en larmes
Wesker arbora un sourire mauvais et arrogant, il remonta ses lunettes de soleil sur son nez.
- Oh, Sherry, je ne fais que reprendre ce que je t'ai donné. Tous les cadeaux que je t'ai fait, les attentions particulières que j'avais pour toi et j'en passe. Et maintenant, tu vas m'offrir enfin ce que je veux de toi depuis le tout premier instant. parla Wesker la voix dangereusement teintée de folie incommensurable
Sherry chercha à se sauver, Wesker avait été plus rapide qu'elle, il avait anticipé cette réaction. Elle se débattait contre sa prise, elle poussa des cris perçants et aigus, ce qui irrita fortement Wesker.
- Petite peste ! Tu peux crier autant que tu veux, personne ne peut t'entendre.
- Lâche-moi, lâche-moi ! hurla-t-elle
Sherry continua à pousser des hurlements, Wesker perdit patience et lui asséna une gifle qui la fit taire immédiatement. La joue de Sherry était boursouflée et une ecchymose n'allait pas tarder à apparaître.
Elle avait la main plaquée dessus, complètement sous le choc du changement aussi brusque de l'homme qu'elle appréciait et qu'elle avait considéré comme un parent de substitution.
Elle pleura, versa des flots de larmes, incapable de retenir son chagrin. Elle regardait Wesker profondément blessée d'avoir découvert sa véritable nature. Le monstre souriait de voir la fillette dans cet état, aussi brisée et effrayée. Il voulait faire beaucoup pire.
- Je...Je...suis désolée...dit-elle d'une toute petite voix craintive
Wesker parvint à entendre et à comprendre ce que venait de dire Sherry. Il ne répondit rien.
- J'ai eu peur...continua de se justifier Sherry en gardant la tête baissée
- Tu crois que ça change quelque chose, sans doute ? Tu as quand même essayé de t'enfuir. la coupa Wesker
- Je ne voulais pas...Oncle Albert, je t'aime...s'il te plaît...pardonne-moi...pleura Sherry
- Tu m'aimes, Sherry ? Eh bien, ce n'est pas réciproque...Tu n'es qu'une idiote, comment as-tu pu croire un seul instant que je puisse avoir de l'affection pour toi ? répliqua Wesker cruellement
Ses paroles blessèrent profondément Sherry.
- Ce n'est pas vrai ! se défendit Sherry
Il savait très bien ce qu'elle entendait par là mais demanda quand même pour tirer encore plus du plaisir de la détresse de Sherry.
- Qu'est-ce qui n'est pas vrai ? s'enquit Wesker amusé
- Si tu ne m'aimais pas, tu en aurais eu marre dès le début de t'occuper de moi. assura Sherry
- Oh, crois-moi, ça a bien été le cas. J'en avais tellement assez de tous tes caprices d'enfant que j'étais sur le point de te tuer et de simplement prendre l'échantillon du virus dont j'ai besoin. J'ai dû lutter contre cette envie incessamment. Mais il fallait que je te garde en vie, tu es bien plus utile comme ça.
Voilà que ce cauchemar recommençait, le virus, Umbrella, les expérimentations. Sherry se rappelait de tous les détails encore, Claire et Leon avaient découvert les recherches d'Umbrella sur le virus T relâché sur la population et le virus G synthétisé par son père.
Ce virus qui l'avait transformé en ce monstre hideux et horrible et qui par la suite lui avait implanté l'embryon, l'infectant.
- Tu travailles pour Umbrella, tout comme mon papa l'avait fait...supposa Sherry
- Plus maintenant, je travaille pour mon propre compte, mes ambitions dépassaient largement celles d'Umbrella. J'ai pu leurs prendre tout ce dont il me fallait, je n'ai absolument plus besoin d'eux. informa Wesker
- Tu étais vraiment l'ami de papa, il ne voudrait pas que tu me fasses du mal... Alors pourquoi le fais-tu ? dit Sherry
- Ami ? Un mot bien trop sentimental à mon goût et même excessif. Moi et ton père étions simplement collègues, nous travaillions sur le virus T, sans plus. C'est ton père qui m'a donné ce pouvoir, en quelque sorte. Maintenant qu'il n'est plus là, je pense qu'au contraire il aurait voulu que je m'exerce sur le virus G. En d'autres termes, j'aurais eu même sa bénédiction pour te revendiquer, ma petite Sherry. souligna Wesker cruellement
- Non, ce n'est pas vrai, papa n'aurait jamais accepté que tu m'utilises comme un sujet d'expérience ! Et tu ne m'as pas dit la vraie raison ! contredit Sherry
- J'ai assez répondu à tes questions comme ça, maintenant tu vas m'écouter ou je vais devoir utiliser la force. Et tu sais parfaitement que ça ne me pose aucun problème de le faire. s'impatienta Wesker
- Non ! protesta Sherry en tentant une nouvelle fois de courir
Il lui prit brusquement son avant-bras et la traîna jusqu'à une chaise d'auscultation, il la poussa dessus et referma les sangles sur ses poignets. Elle ne pouvait plus bouger.
- Claire ! Leon ! cria Sherry vainement
- Tu crois vraiment qu'ils peuvent t'entendre d'ici ? Tu es toute seule, Sherry, complètement seule et à ma merci. lui dit Wesker méchamment
- Pitié ! pleura-t-elle
- Arrête de t'agiter, si tu ne veux pas que ça fasse mal. lâcha Wesker d'un ton insensible
