Chapitre 4

Souvent, j'ai l'impression que le Karma est en ma faveur ou alors le destin fait bien les choses pour me faciliter la vie. Edward Cullen se trouve être dans ma classe de biologie et, comble de ma chance, la seule place libre est à ses côtés. Avant d'aller m'installer, je me présente au professeur qui se trouve déjà à son bureau.

« Bella Swan ? Bien sûr. Hum, la seule place est à côté d'Edward mais j'aime faire des binômes équilibrés alors : es-tu douée en biologie ?

Je lance un regard vers Edward et comme je ne pense pas qu'il aie autre chose à faire de sa vie que lire et apprendre, j'imagine qu'il est doué. Je suis nulle mais il n'est pas question de modifier ma chance.

« Plutôt douée, oui.

« Parfait, va donc t'asseoir à côté d'Edward.

« Merci.

Je ne sais pas vraiment de quoi je le remercie, exactement. Probablement de me laisser la possibilité d'avoir des discussions avec Edward sans que Lauren ne puisse me le reprocher. Je m'installe près d'Edward sans le calculer. Si je m'en réfère aux tentatives des autres filles, une approche directe ne fonctionnera pas, je pars donc sur l'indifférence. Pendant que Mr Molina commence son cours, je pense à la façon dont je vais m'y prendre pour manipuler mon voisin. Je sais déjà qu'il aime lire, il va donc falloir que je me procure un ou plusieurs bouquins d'ici demain. J'ai juste mon livre sur la manipulation mais je doute qu'il fasse sensation.

Molina parle toujours du cycle de Krebs, je dois me concentrer pour ne pas faire la bêtise de regarder mon voisin mais je tente quand même de le voir l'air de rien en faisant semblant de regarder par la fenêtre. Le tout est de veiller à ce que mes pupilles restent loin de lui mais me concentrer sur la périphérie de ma vision. Je comprends pourquoi Jess et Lauren ont tenté leur chance mais honnêtement, il n'est qu'un mec assez beau de plus sur cette planète. Rien d'exceptionnel. Après, suis-je une bonne juge ? Je ne suis encore jamais tombée amoureuse. Bon, peut-être que la symétrie de son visage est parfaite, que tout est parfaitement à la bonne taille et à la bonne place. Sa peau a l'air lisse et douce et ne semble avoir aucune imperfection mais je suppose que j'en trouverai si je pouvais regarder mieux.


Eric me retrouve à la pause avec une fille brune au teint légèrement hâlé, elle porte des lunettes ovales sur ses yeux noirs et son sourire révèle des dents blanches bien alignées.

« Bella, je te présente Angéla, elle est la nouvelle "nouvelle". Angéla, voici Bella, qui vient d'arriver tout juste de ce matin.

« C'est ton premier jour, aussi ? M'enquiers-je.

« Pas exactement, mes parents se dépatouillent avec le directeur pour m'inscrire au lycée, en ce moment même, donc ce n'est pas mon premier jour officiel.

« Oh, cool.

« Je me suis demandé si vous aviez un lien, vu que vous êtes apparues le même jour mais Angéla m'a dit ne pas te connaître du tout.

« Effectivement, on ne se connaît pas.

« Est-ce que tu serais libre après les cours ? Me demande Eric. Pour l'article.

Voyons, normalement oui mais je dois trouver une librairie de toute urgence pour Edward.

« Mh, il faut absolument que je trouve une librairie, je n'ai pas amené mes livres avec moi et sans lecture, c'est la cata.

Si Eric glisse mon supposé goût pour la lecture dans l'article, ça m'aiderait dans ma quête.

« D'ailleurs, tu saurais où il y en a une ? Demandé-je.

« Pas à Forks, en tout cas. Je crains que tu doives te rendre à Port Angeles, c'est à une heure d'ici en voiture.

« S'il le faut.

« On pourrait y aller ensemble ? Propose Angéla. J'avais l'intention moi aussi d'aller acheter quelques livres samedi prochain mais puisque t'y vas ce soir. On se tiendra compagnie pour la route.

« Tu m'as dit qu'on pourrait faire l'interview ce soir, proteste Eric.

« Ouais mais ça devait être avec Bella, pour faire d'une pierre deux coups, tu m'as dis, donc... autant reporter, non ?

« Ouais, ok mais ça ne me dérangeait pas de faire l'interview deux fois.

« Si on prend la voiture d'Angéla, tu peux peut-être venir avec nous et profiter des deux heures aller-retour pour remplir ton article, négocié-je.

« Je n'ai pas de voiture, je comptais y aller en bus, fait Angéla.

« Ah. J'ai un pick-up à plateau mais l'avant comporte trois places donc si ça ne vous dérange pas d'être serrés.

« J'appelle mes parents pour demander si c'est bon et je te redis, accepte-t-il.

Il sort son téléphone et s'éloigne. Je commence à marcher, Angéla me suit. J'ai dans l'idée de faire en sorte qu'Eric nous perde de vue pour qu'il se mette à nous chercher partout.

« Tu vivais où avant d'arriver dans cette magnifique petite ville forestière ? Me demande-t-elle.

« À Phœnix, dans l'Arizona et je ne trouve pas que Forks soit une magnifique petite ville, j'ai plus plutôt l'impression qu'elle est mon enfer personnel.

Angéla ricane.

« Je suis sûre que tu dis ça maintenant mais que tu finiras par apprécier la tranquillité des lieux.

« J'en doute, souris-je. Et toi ?

Nous rentrons dans le bâtiment.

« D'Angleterre, m'annonce-t-elle.

Je me disais aussi qu'elle avait un accent un peu différent.

« Ne devrait-on pas attendre Eric ? S'inquiète-t-elle. Il ne va pas savoir où nous trouver.

« C'est le but, m'amusé-je. Tu es en quelle classe ? Enfin, tu seras en quelle année ?

« Première.

« Comme moi, on aura peut-être des cours en commun.

« Ça serait bien, sourit-elle. Vu qu'on est nouvelles toutes les deux, on pourra se soutenir.

Nous croisons Edward qui tient toujours son livre dans sa main. Je repère le titre et découvre qu'il aime plutôt les classiques. Ça me permettra de choisir en conséquence à la librairie ce soir.


Angéla est assise sur les marches à l'entrée du bâtiment quand je sors de cours. Eric ne nous a pas retrouvées à la pause alors je ne sais pas s'il vient ou non.

« Hey, Angie, l'interpellé-je.

Elle se relève, le sourire aux lèvres.

« Tu es prête ? Lui demandé-je.

« Oui mais Eric ne vient pas ?

« Je sais pas, il m'a rien dit. J'imagine qu'il serait là s'il venait. Ça sera une virée entre filles, alors. Tu viens ?

« Mh, tu ne penses pas que ce serait plus sympa de l'attendre et voir s'il vient ou pas ? Me questionne-t-elle en me suivant.

Je vois mon sourire dans le reflet de la vitre du monstre rouge avant de réaliser que je souriais. Je me tourne vers Angéla qui s'est arrêtée près de moi et lui souris.

« S'il voulait venir, il serait là. Quand on veut quelque-chose, on fait en sorte de l'avoir. Non ?

Angie baisse le regard un instant, semblant réfléchir à mes mots puis relève les yeux avec un regard doux.

« Parfois... il n'est pas bon d'obtenir ce qu'on veut.

Je fronce les sourcils en réfléchissant à mon tour puis grimace.

« Je vois pas pourquoi. Je te présente le monstre, c'est lui qui va nous emmener.

Je déverrouille les portes, Angie fait le tour et monte côté passager. Alors que je termine ma marche arrière, Eric frappe à ma vitre. Il me fait un geste d'incompréhension avec ses mains. Je lui souris et lui fait un signe de tête pour qu'il face le tour. Angie se décale pour se placer au centre et Eric grimpe lui aussi. Je n'attends pas qu'il s'attache pour démarrer.

« Vous alliez partir sans moi ? Je ne vous ai pas retrouvées à la pause, vous étiez passées où ?

« On traînait en discutant, on ne s'est pas rendue compte que tu ne nous suivais pas. On pensait que tu ne venais pas, vu que tu ne nous as pas rejoint.

« Ah, et bien si.

« Ouais, je vois ça, souris-je.

« Alors, soupire-t-il. J'ai fait des recherches... sur vous.

« Quand as-tu eu le temps ? Me soucié-je.

« Hum, pendant le dernier cours.

« Ouh, c'est vilain, ça, remarqué-je.

« Et bien, tu peux parler. Tu as été virée de ton ancien lycée pour une fausse alerte à la bombe ?

« C'était un malentendu, Brandon est un crétin, il m'a mal comprise.

« Et il y a plusieurs mois, tu as dégradé le panneau d'accueil du lycée ?

« Ouais, il fallait bien prévenir les citoyens que l'argent du contribuable servait à financer des branleurs.

« C'est la vraie raison de pourquoi tu as fait ça ?

« Oui.

La vraie raison, c'est que c'était amusant. Je lance un rapide coup d'œil sur ma droite, Angie n'est pas très à l'aise. Je pense que sa plus grosse bêtise doit être de ne pas avoir fini ses haricots verts.

« Mais tout ça, c'est du passé, assuré-je. J'étais en pleine crise d'identité, c'était un moyen de combler... un vide.

« Un vide ? Répète Eric.

« Ouais... tu sais... mes parents sont divorcés depuis que j'ai quatre ans et je voyais mon père que deux semaines par an depuis mes 14 ans. J'étais un peu perdue.

C'est encore plus facile de mentir quand on dit la vérité. Le divorce et les visites, c'est vrai mais ma crise d'identité... n'a pas du tout été à cause de l'absence de mon père. À vrai dire, ça ne m'a pas vraiment perturbée qu'il ne soit pas là. J'aime mon père mais il ne m'a pas manqué, tout ce temps. Tout comme maman et Philou ne me manquent pas actuellement. Ce n'est bien sûr pas quelque-chose que je dirais à un journaliste en herbe.

« Tu avais un petit-ami, à Phœnix ?

Non.

« Ouais.

« Vous êtes toujours ensemble ?

« Bien sûr, vive les appels visios.

« Qu'est-ce que tu veux faire plus tard, dans la vie ?

« Épouser un homme riche et ne rien faire de mes journées.

« Sérieux ?

« Des vacances éternelles, murmuré-je.

« Pas de mariage d'amour ?

Je grimace.

« L'amour, c'est pour les idéalistes et les contes de fée.

« Ta vision des choses est... prosaïque, remarque Angie.

« Prosaïque ? Tu inventes des mots ?

« Ta vision manque d'idéal et de poésie.

« Mais on est dans le vrai monde, là, pas dans une poésie.

« Donc... tu n'aimes pas ton petit-ami ? Questionne Eric.

« Je vois pas le rapport.

« Bah... tu dis que l'amour c'est pour les idéalistes et les contes de fées. Tu n'es pas idéaliste et il ne me semble pas que tu sois une princesse donc... tu ne l'aimes pas ?

Bien sûr que je ne l'aime pas, il n'existe pas.

« On est probablement tombé dans la routine.

« Parle-moi de ta famille.

« Et bien, ma mère enchaîne les petits boulots parce qu'elle ne sait pas rester en place. Elle change de loisir toutes les semaines, elle ne finit jamais ce qu'elle commence. Sa cave est remplie de projets inachevés. Elle est... dispersée et volatile. Mon père, c'est Charlie Swan, le chef de la police de Forks. Vous devez tous le connaître déjà... Mike surtout vu qu'il... enfin, vous l'savez déjà... je voyais Charlie pour les vacances jusqu'à mes 14 ans puis deux semaines par an, ensuite. Je pense qu'il ne voulait plus de moi chez lui... 'fin bref. Y a Phil aussi, c'est mon beau-père, ma mère s'est remariée.

« Tu voulais parler de quoi à propos de Mike qui devait bien connaître ton père ?

« Tu l'sais pas ? Merde, je pensais que tout le monde était au courant. C'est peut-être juste des bruits de couloir, j'ai entendu quelqu'un en parler mais je n'ai pas compris le nom du produit qu'il... enfin, laisse tomber, c'est débile, c'est sûrement qu'une rumeur.

Et voilà, ma première petite rumeur est lancée. C'est bon de retrouver le lycée.


Nda : Bella, petite manipulatrice en herbe et menteuse accomplie, a décide de jouer les indifférentes pour se rapprocher d'Edward. Elle ne semble pas sensible à l'aura vampirique. Il y avait déjà un indice dans le dernier chapitre et ici, ça se confirme. Pensez-vous que sa tentative d'approche va fonctionner ?