La sonnerie stridente du portable brisa le silence de la nuit, déjà bien installée. Rachel qui somnolait sur le canapé sursauta et mit quelques secondes à se reconnecter à l'environnement dans lequel elle se trouvait. Dans la pénombre du grand appartement de Paul, elle attrapa son téléphone et ouvrit le message qu'il venait de lui envoyer.
« - Je serais là dans une demi-heure.
Elle esquissa un sourire avant de lui répondre.
- Ok je nous prépare un petit truc à grignoter. »
Rachel se dirigea vers l'immense cuisine et ouvrit le frigo en restant dubitative devant la quantité de nourriture qui s'y trouvait. Elle se sentait toujours aussi mal à l'aise dans cet espace si propre, si luxueux, l'image semblait tellement contradictoire avec ce que Paul véhiculait. Elle savait qu'il ne profitait de ces avantages que par provocation envers son père, une attitude matérialiste comme un affront pour toutes ces années de conflit. La psychologue soupira tout en s'emparant de quelques ingrédients.
Elle ne releva la tête du plan de travail que lorsqu'elle entendit l'ascenseur arriver. Ses mains tremblèrent légèrement et un sentiment bizarre s'empara d'elle, une angoisse sourde qui accéléra son pouls, un questionnement étrange sur l'attitude à adopter face à son compagnon. Ils avaient passé une nuit exceptionnelle et la journée passée avait été si banale que tout d'un coup sa présence entre ces murs et face à Paul semblait irréelle. Il arriva par sa droite, se débarrassant de sa veste et déposant ses clés sur le comptoir, esquissant un sourire, heureux et soulagé qu'elle soit restée pour l'attendre.
« - Salut.
- Salut...ca va ?
- Ouais, j'ai cru que je n'en finirais pas aujourd'hui. Je suis désolé ce n'est pas vraiment la soirée que j'avais prévu.
La jeune femme secoua la tête en reportant son attention sur le plat qu'elle avait entre les mains alors que Paul contournait le plan de travail afin de se positionner derrière elle. Elle semblait nerveuse et gênée, ses joues étaient roses et ses mains tremblaient légèrement. Une attitude tellement éloignée de l'assurance dont elle faisait preuve lors de leurs entrevues en thérapie. Le jeune homme posa ses mains sur sa taille et glissa son nez dans le creux de son cou. L'odeur sucrée de sa peau lui chatouilla les narines, lui rappelant cette bulle de douceur de la veille. Rachel agrippa discrètement le rebord du meuble de la cuisine en ressentant des petits picotements le long de sa colonne vertébrale, une sorte de frisson électrique qui se répandit dans tout son corps. Un sourire éclaira le visage de Paul, bien conscient de l'effet produit par chacun de ses gestes, il déposa un très discret baiser derrière son oreille avant de murmurer.
- Ca sent bon.
- Croque monsieur et de la glace pour le dessert.
Paul se serra davantage contre elle, approfondissant le contact de ses lèvres sur sa peau. Rachel chercha son souffle et se mordit la lèvre pour ne pas gémir de plaisir lorsqu'il repoussa ses cheveux sur le côté.
- Je meurs de faim.
- C'est prêt !
- Je ne t'ai pas réveillé ?
- Non...je ne dormais pas vraiment mais j'ai perdu le fil de ma lecture depuis un bout de temps.
- Je suis désolé d'avoir été si long.
- C'est pas grave.
Elle se retourna entre ses bras rencontrant son regard fatigué puis leva les mains et caressa ses joues comme pour chasser les moments les plus pénibles de sa journée. A son contact il ferma les yeux, profitant de la douceur et du calme qui l'entourait. Quelques secondes plus tard, elle embrassa sa tempe et attrapa sa main pour l'entraîner dans la salle à manger où elle avait dressé la table pour qu'ils puissent profiter d'une vraie pause repas.
… … … …
« - Et vous n'avez aucune piste ?
- Eliott pense à un SDF ou alors c'est une règlement de compte.
Rachel se leva pour débarrasser leurs assiettes suivit de Paul qui attrapa une bouteille d'eau dans le frigo. Ils s'installèrent ensuite sur le canapé, le jeune homme allongea ses jambes sur la table basse, en laissant sa nuque reposer sur le haut du sofa ressentant soudain une intense fatigue. Rachel s'allongea à ses cotés et posa sa tête sur ses cuisses, un sourire étira les lèvres du jeune homme alors qu'il glissait ses doigts dans ses cheveux.
- C'est atroce de se dire qu'il est mort sans que personne ne s'en aperçoive ni famille ni ami...personne qui ne se soit inquiété de son sort.
- Soit il n'avait vraiment personne, soit il n'était pas très réglo.
- Oui...peut-être.
La psychologue ferma les yeux en se laissant bercer par le mouvements de doigts de Paul sur sa tête.
- Merci pour le gâteau au fait.
- De rien...C'était pour te remercier du luxueux sandwich.
Paul se redressa et la regarda attentivement.
- C'est le meilleur traiteur de la ville, je voulais juste que tu apprécies ton déjeuner.
- Oui ça je sais mais le fast food du coin ça aurait été aussi bien.
- Pour attraper une salmonellose ?
Rachel rigola en secouant la tête et Paul grimaça en comprenant les sous-entendus de sa compagne.
- Ca te met mal à l'aise ?
- De quoi ? Le côté gastronomique du casse-croûte ?..Ca va je m'en sors mais mon banquier ne va pas m'autoriser les étoiles Michelin très souvent.
Elle rigola encore un peu avant de glisser ses mains sur les joues de Paul pour le forcer à la regarder.
- Je ne te demande pas de changer quoi que ce soit à ta façon de vivre je te rassure mais sache que tu n'as pas besoin de faire quoi que ce soit d'extravagant pour moi. Ce n'est pas ta Rolex qui m'a séduite c'est toi !
Paul caressa sa joue, prenant conscience de toute l'importance qu'avait pris la jeune femme dans sa vie en quelques semaines seulement et du fait qu'elle n'était absolument pas intéressée par son argent.
- Je te remercie d'être restée.
- Je n'avais rien de prévu.
- Je devais t'inviter à dîner normalement.
- Tu te rattraperas.
Il la regarda intensément en fronçant les sourcils, un peu confus et pas certain des confidences qu'il pouvait lui faire mais visiblement elle semblait bien mieux le connaître que lui-même.
- A quoi tu penses ?
- J'ai discuté avec Joe.
- Sur quoi ?
- Sur nous...enfin non sur moi.
- Comment ça ?
- Je vais me planter.
Le cœur de Rachel s'emballa fortement, émue par l'aveu de son compagnon.
- Tu te poses trop de question...Je te rappelles que c'est moi qui suis censée être la plus inquiète au vue du parcours chaotique qui tu traînes derrière toi...Tu devrais arrêter de te demander ce que tu dois faire...ça viendra tout seul.
Son index caressa délicatement ses lèvres avant qu'elle ne dépose un très léger baiser sur sa bouche. Paul soupira de bien être en glissant sa main dans ses cheveux pour la rapprocher de lui. Il lui rendit son baiser tendrement avant qu'elle ne recule pour s'emparer de sa main en le forçant à se lever. Elle les dirigea vers les escaliers puis sa chambre à coucher où ils s'installèrent côte à côte. Rachel déposa un baiser sur le front de Paul avant de murmurer.
- Fais de beaux rêves inspecteur. »
Elle esquissa un sourire en s'apercevant qu'il s'était déjà endormi.
… … … …
Paul grimaça légèrement en sentant les premiers rayons du soleil s'introduire dans sa chambre. Il se tourna sur le côté et esquissa un sourire en voyant Rachel paisiblement endormie. Doucement il leva la main pour déplacer une mèche de ses cheveux et caressa sa joue. Son cœur trembla lorsqu'il se rendit compte que c'était la première fois qu'il éprouvait autant de sentiments pour quelqu'un. Il était à la fois heureux et inquiet de la tournure des événements. La confusion qu'il éprouvait venait du fait qu'il voulait être à la hauteur de tout ce qu'elle représentait pour lui face aux tumultes de ses journées et des failles qui bardaient ses pensées. La jeune femme était douce, intelligente, posée, réfléchie, naturelle...Elle contrastait tellement avec toutes celles qui avaient partagé sa vie jusqu'à maintenant, son ignorance des règles en matière de relation de couple l'effrayait mais pour la première fois de sa vie il avait envie de vivre les choses autrement.
Le jeune homme secoua la tête pour chasser ses inquiétudes et se leva en s'emparant de quelques affaires propres, il jeta un dernier coup d'œil à sa compagne et s'éclipsa dans la salle de bain pour se détendre sous une longue douche chaude.
Quelques minutes plus tard, la porte s'entrouvrit discrètement. Paul tournait le dos à l'entrée et terminait de se laver les cheveux lorsque Rachel abandonna ses vêtements sur le sol pour le rejoindre sous la douche non sans une petite nervosité. Depuis qu'ils avaient entamé leur liaison, la jeune femme avait un peu perdu de son assurance même si elle essayait de ne rien montrer. Les six ans qu'elle avait vécu aux côtés de Riley n'étaient plus qu'un lointain souvenir et une angoisse sourde pesait sur son estomac. Est-ce que Paul l'attendrait un soir en lui disant que c'était bien mais que ça n'irait pas plus loin ? Est-ce qu'elle tomberait prochainement sur lui au bras d'une de ses conquêtes d'un soir ? Il semblait réellement sincère lorsqu'il lui parlait ou quand il la regardait mais pour combien de temps ? Elle tenait à lui plus qu'elle n'aurait pu l'admettre, voulant absolument tout faire pour qu'il ne se sente ni piégé ni obligé de changer quoi que ce soit à sa façon de vivre mais pouvait-elle aussi accepté son côté désinvolte ?
Le côté Don Juan de son compagnon clignotait dans un coin de sa tête, comme une petite alarme lancinante lui rappelant qu'il avait certainement rencontré des filles plus jolies qu'elle, plus expérimentées, plus extraverties et elle repensa honteusement à Mindy. Chassant momentanément sa nervosité, elle entra dans la douche en faisant sursauter Paul. Son corps frissonna en sentant les gouttelettes d'eau s'écraser sur sa peau et elle esquissa un sourire.
« - Bonjour.
- Salut.
- Tu voulais être tranquille peut-être ?
Il trouvait touchant de la voir si peu sûr d'elle, jouant avec ses doigts, les joues roses d'embarras.
- Et après on dit que c'est moi qui me prend trop la tête.
Paul se baissa légèrement et attrapa les lèvres de Rachel dans un baiser intense. Sa langue joua délicatement avec la sienne et l'angoisse qui la tenaillait quelques secondes plus tôt laissa place à un désir puissant qui se répandit sous sa peau. Elle passa ses bras autour de sa nuque, se grandissant sur ses pieds et colla son corps au sien, captant sa chaleur, retrouvant la puissance de ses muscles. Ses mains glissèrent sur son torse, descendant vers ses hanches alors que sa bouche traçait un sillon de baisers le long de sa mâchoire. Paul ferma les yeux et se laissa guider par la douceur de ses gestes. Rachel s'agenouilla face à lui, glissant sa main le long de son membre, il soupira de bien être en prenant appui sur le mur, puis son cœur s'accéléra lorsque les lèvres de sa compagne glissèrent sur sa peau, l'éraflant légèrement avec ses dents. Le mouvement qu'elle imprima à sa main ainsi qu'à sa bouche fut à la fois un délice et une torture pour Paul, elle décuplait ses sens et augmentait son rythme cardiaque à une vitesse folle. Un gémissement assez franc s'échappa de sa gorge quand la langue de la jeune femme s'enroula autour de lui, remontant sa longueur et happant son extrémité, il trembla fortement suite à la répétition de ses caresses avant de l'attraper par le bras pour la relever face à lui. Ils se regardèrent un bref instant et sans un mot il la souleva dans ses bras pour la coller contre le mur où il l'embrassa intensément en la pénétrant. Rachel se cambra contre lui, serrant davantage ses cuisses autour de sa taille, respirant difficilement tant la chaleur de son corps était forte. Elle glissa sa main dans ses cheveux avant de se réapproprier ses lèvres, tandis que les poussées de son compagnon s'intensifièrent jusqu'à faire vibrer son ventre. A bout de souffle il posa son front contre son épaule et esquissa un sourire contre sa peau.
- C'est très sympa comme début de matinée. »
Ils éclatèrent de rire tout en finissant de se cajoler tendrement.
… … … …
Paul termina d'ajuster son pull avant de croquer dans une tranche de pain recevant au passage une tape sur la main de la part de Rachel.
« - Tu ne peux pas attendre.
- Je meurs de faim.
La jeune femme secoua la tête et termina de préparer les toasts avant de les disposer dans une assiette. Elle attrapa le plat de se dirigea vers la table de la salle à manger où l'inspecteur versait le café dans les tasses. Lorsque Rachel s'installa le jeune homme en profita pour l'embrasser sur le sommet de la tête alors que son portable sonnait lui annonçant l'arriver d'un message. Elle fronça les sourcils en le lisant et soupira.
- Un problème ?
- Non mais j'avais oublié que je devais passer à l'université. On m'a demandé d'être le tuteur d'un élève pour une thèse.
- Tu ne peux pas refuser ?
- Si mais pour être passée par là je sais aussi à quel point c'est difficile de trouver un accompagnant de fin d'étude...je vais essayer de me dégager un créneau.
Un autre sonnerie interrompit leur petit déjeuner, Paul tendit le bras vers son portable en mastiquant sa dernière bouchée de tartine.
- Cardoza ?...Oui...Ok j'arrive...non c'est bon...bye.
L'inspecteur grimaça légèrement et se leva pour se rapprocher de Rachel qui terminait son yaourt.
- Tu dois y aller ?
- Oui on a l'identité du cadavre d'hier.
Il se pencha en avant pour embrasser sa compagne.
- Désolé.
- C'est pas grave comme ça je vais passer à Columbia avant d'aller travailler.
- Tu dînes avec moi ce soir.
Rachel fit une petite moue.
- Je dois aider Estela pour ses courses de Noël, elle s'y prend toujours deux mois à l'avance et en général on finit par aller manger un chili chez Barney...Demain ?
- Je vais au cirque avec Julian.
La jeune femme rigola en se souvenant de la complicité qui liait son compagnon à son filleul.
- Appelles-moi dans la journée, si tu as cinq minutes on se fera un goûter express, je passerais à la pâtisserie en sortant de la fac.
Il l'observa discrètement, sa taille fine mise en valeur par un chemiser blanc, ses longues jambes dans un jean bleu, des bottines beiges et une veste à carreaux, elle avait lâché ses cheveux qui dégageait un doux parfum sucré quand elle bougeait, elle était à peine maquillée et pourtant elle l'attirait plus que sa raison ne pouvait l'éprouver. Il l'a rejoignit dans la cuisine et l'enlaça tendrement en souriant.
- Cinq minutes ça va faire court.
Rachel haussa les sourcils avant d'éclater de rire puis instinctivement elle se hissa sur la pointe des pieds et l'embrassa tendrement, collant son corps au sien, murmurant ensuite à son oreille.
- On se pressera un peu sur la fin.
Elle l'embrassa encore et encore et très vite leur désir se réveilla, Paul se baissa pour la soulever et la déposa sur le plan de travail.
- Je croyais que tu devais y aller.
- Je leur dirais que j'étais coincé dans les bouchons. »
… … … …
« - Le corps brûlé appartient à Andrew Croft 42 ans, libraire, divorcé il y a huit ans, un fils Jackson qui a 16 ans. Letty et Joe sont partis prévenir son ex. Ensuite on a une femme de 20 ans, retrouvée dans le parc, blessée à l'arme blanche et probable traumatisme crânien suite à un coup violent sur le crâne. Elle est actuellement au bloc opératoire, on n'a pas encore trouvé son identité.
- Ok c'est Eliott qui est sur les lieux ?
- Ouais il t'attend depuis une demi-heure.
Paul grimaça face au ton froid de son supérieur.
- Désolé, j'étais coincé dans les bouchons.
Charlie éclata de rire.
- Sors-moi une excuse plus crédible la prochaine fois...
Il se leva de son fauteuil et ouvrit le porte de son bureau en murmurant.
- Ton pull est à l'envers.
L'inspecteur baissa la tête sur son sweet et soupira alors que le capitaine Price lui tapotait l'épaule.
- Faites l'impasse sur le petit déj' la prochaine fois. »
…
Quelques minutes plus tard, le jeune homme arriva sur les lieux de l'agression en plein Central Park alors qu'Eliott était en train de discuter avec plusieurs officiers en faction, en voyant son collègue passer la barrière de sécurité il leva les yeux au ciel.
« - Ben dis donc c'est bien la première fois que tu es en retard pour prendre ton poste...Tu t'es perdu ou quoi ?
- Non c'est les bouchons...J'étais...
- Oh épargnes-moi les détails de ce que tu fais avec Rachel.
- Vous allez me lâcher avec ça !
- Laisses-nous le plaisir de te charrier un peu...ça n'arrive pas souvent.
- Bon tu me fais le topo ?
Eliott rigola légèrement en ouvrant son carnet.
- On n'a pas grand chose malheureusement, une jeune femme de 20 ans probablement originaire du Moyen-Orient, elle a reçu six coups de couteau entre le thorax et l'abdomen et elle a une vilaine plaie au niveau de la tempe gauche. Elle a été transporté à l'hôpital dans un état stable mais aucun médecin ne se prononcera tant qu'elle ne sera pas sortie du bloc.
- Y a des témoins ?
- Aucun, personne n'a rien vu, rien entendu et on ne peut exploiter aucune empreinte étant donné que tout le périmètre en est recouvert et il n'y en a absolument aucune qui se distingue du lot. Par ailleurs les experts n'ont pas retrouvé de sang ni ici ni ailleurs.
Paul haussa les sourcils.
- Elle a été balancé ?
- A priori oui.
- La patrouille du parc n'a pas vu de voiture ?
- Pour l'instant je n'ai pu parler à personne mais le boss disait que le chef du secteur était complètement fêlé et qu'on allait galérer à obtenir une sérieuse coopération.
Le compagnon de Rachel soupira fortement.
- Je vais m'en occuper, il faudrait appeler les postes de police aux alentours pour voir si quelqu'un n'aurait pas signalé sa disparition. »
…
« - Je ne vous demande pas si vous faites correctement votre travail, je vous demande si vous n'auriez pas aperçu des activités suspectes dans le parc ces derniers temps ? Des incidents isolés ou des attroupements ?
Le chef de la patrouille montée se tourna vers Paul en affichant un air sombre et perfide.
- Ecoutez-moi bien, à part les agressions habituelles sans dommage, il n'y a rien vous m'entendez ? Rien du tout...Pas dans mon parc.
Il lui tourna le dos et s'en alla avant même que Paul n'ait pu lui poser d'autres question. Un officier s'approcha de lui avec son cheval et soupira.
- Il est un peu à cran ces derniers temps.
- Pourquoi ?
- Il a peur de se retrouver devant la commission.
- Quel motif ?
- Disons qu'il y a le règlement d'un côté et de l'autre il y a les bourgeois et leurs gosses. Lui, il se retrouve au milieu.
- Est-ce qu'il y a eu un incident en particulier ?
- Il y a une bande qui traîne dans le coin ces derniers temps, des étudiants friqués qui se croient tout permis. Ils picolent, ils balancent des détritus, ils laissent des traces de pneus de leurs grosses cylindrées dans la pelouse, un peu de racket...
- Et votre supérieur il ne dit rien parce que... ?
- Il y a certains avantages à fermer les yeux.
- Des pots de vin ? »
L'officier hocha la tête et se détourna de Paul pour s'en aller.
…
« - On fait fausse route avec ces gosses, ce sont des imbéciles qui s'amusent à terroriser les vieilles dames en leur piquant leur sac ou en tentant d'approcher les jeunes adolescentes mais je ne crois pas à la thèse de la tentative de meurtre...Pour quelle raison ?
Le téléphone résonna et Eliott s'empressa de décrocher, il échangea quelques mots avec son interlocuteur alors que Paul relisait les notes de la journée.
- C'était le labo, précisa son collègue en terminant sa communication. L'étiquette qui ornait la chemise de la fille provient de l'université de Hanford, un petit tour à la fac ça te dis ?
Paul s'empara de ses clés de voiture et se dirigea avec son équipier vers la sortie alors qu'au même moment Rachel arrivait dans le service en entrant littéralement en collision avec son compagnon.
- Désolée.
- Ca va ?
- Euh oui...Salut Eliott.
- Salut.
- Charlie est là, j'ai un truc à lui demander ?
- Dans son bureau.
- Merci.
Elle contourna les deux inspecteurs, visiblement nerveuse et impatiente mais à mi-chemin elle s'arrêta pour faire demi-tour. La jeune femme esquissa un sourire et se hissa sur la pointe des pieds pour déposer un rapide baiser sur la joue de Paul. Celui-ci n'eut pas le loisir de faire le moindre geste ou de dire quoi que ce soit, que sa compagne était déjà repartie vers le fond de la pièce. Eliott regarda son collègue en riant.
- C'est trop mignon.
- La ferme ! »
…
« - S'il vous plaît Charlie vous m'aviez dit que vous m'aideriez.
- Rachel je ne vois pas ce qui te pose problème, il sera ravie de te filer un coup de main.
- Là n'est pas là question.
- Alors c'est quoi ?
- Je ne veux pas que ce soit lui, c'est...non et vous n'avez pas le droit de m'y obliger. Charlie j'ai vraiment besoin de cette accréditation, sans quoi mes semaines de formations tomberont à l'eau.
Le chef de la brigade criminelle soupira en esquissant un sourire en coin. Il trouvait attendrissant le fait de voir Rachel si peu sûr d'elle alors qu'elle avait réussi à clouer le bec au plus coriace de ses inspecteurs. Il attrapa un petit morceau de papier et inscrivit une adresse avant de le tendre à la jeune femme.
- Sois là-bas pour 17h30 je verrais ce que je peux faire pour toi.
- Merci...Je ne veux pas tout mélanger, c'est déjà assez déstabilisant de savoir que tout le service est au courant alors que je ne sais même pas où on va.
- Je comprend mais tu devrais avoir davantage confiance. Il y a peut-être beaucoup de raison pour que ça ne tienne pas la route mais je sais qu'il est capable de bien faire les choses et saches que tout le monde ici n'a que de bonnes intentions envers ce qu'il se passe entre vous, crois-moi.
- C'est gentil de me dire ça merci...mais je ne changerais pas d'avis.
- Oui ça je m'en doute, allez file !
La jeune femme contourna le bureau et déposa un bisou sur la joue du chef avant de sortir rapidement du service pour rejoindre le 5e étage où l'attendaient ces patients. Charlie se laissa aller contre le fauteuil et esquissa un sourire avant de décrocher son téléphone, prévenant ainsi sa femme qu'il serait un peu en retard pour le dîner.
… … … …
« - Nafissa Amir, 23 ans étudiante en journalisme, originaire d'Afghanistan. Elle a une adresse dans Brooklyn.
Paul attrapa le dossier que lui tendait la secrétaire tandis qu'Eliott interrogeait un des professeur présent.
- Est-ce qu'elle avait des amis ?
- Non pas vraiment. Elle vient d'une famille apparemment très conservatrice qui n'approuvait pas sa façon de vivre ni d'envisager l'avenir mais il lui laissait l'opportunité de faire des études le temps que durait le séjour de son père à l'ambassade. Je sais, pour l'avoir vu faire de nombreuses fois, que Nafissa changeait de vêtements en arrivant sur le campus, elle essayait de s'intégrer à la culture américaine.
- Elle avait un petit ami ?
- Je crois que oui mais je n'en suis pas sûr...Je vais vous montrer son casier. »
…
« - Ok alors on a une jeune étudiante d'une vingtaine d'année pratiquement battue à mort et poignardée qui venait de s'attirer les remontrances de la famille entière à cause d'une liaison avec un garçon...C'est du délire.
- Son père nous a presque dit que c'était sa faute ce qui lui été arrivé.
Rachel grimaça légèrement, se tenant légèrement en retrait de l'équipe qui tentait de trouver le motif d'une telle agression. En voyant sa mine ennuyée, Paul soupira.
- Quoi ? T'as une théorie ?
- Non plutôt une certitude ! Elle a apporté la honte sur sa famille.
- Comment ça ?
- Elle couchait avec un homme qui n'était pas son mari. Dans un pays comme le nôtre tous le monde s'en ficherait mais au Moyen-Orient les choses sont différentes. Ses parents et surtout son père ont dû prendre sa liaison comme un affront de sa part. Une sorte de rébellion, croyant qu'elle préférait tourner le dos à leurs traditions pour vivre comme une occidentale.
- Tu crois que son père aurait fait le coup ?
- Possible...
La psychologue regarda les photos de la jeune femme, assez grande, un teint doré, de grands yeux marron, un magnifique sourire, pleine de vie et de rêves. Soudain elle releva la tête vers Eliott.
- Tu n'as pas dit qu'elle avait un frère ?
- Oui mais le père nous a confié qu'il n'était pas le coin sans pour autant nous donner plus de précision.
- Les crimes d'honneurs sont en général commis par la fratrie, ils tuent pour sauver l'honneur de la famille. Le problème c'est que vous ne pourrez rien faire s'il est protéger par son immunité diplomatique.
- Non il a 21 ans, elle a expiré.
Le téléphone du bureau de Paul sonna, interrompant leurs réflexions. L'équipe le vit froncer les sourcils avant de raccrocher.
- Elle morte il y a dix minutes.
Charlie soupira.
- Trouvez-moi le frère et vite.
Les deux inspecteurs se levèrent d'un bond et quand il passa près de Rachel, Paul hésita sur la manière d'aborder leur couple sans faire d'erreur ni en faire trop non plus. La jeune femme perçu son trouble et esquissa un sourire avant de se hisser le pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue.
- Soyez prudent.
Il hocha la tête et sortit du service alors que Charlie rigolait en adressant un clin d'oeil à la jeune femme.
- Y a encore du boulot. »
…
Paul et Eliott arrivèrent en trombes à l'aéroport après être repassés chez les parents de Nafissa et bien que bridée par son mari, la mère de la jeune femme avait alors avoué aux inspecteurs que leur fils était en route vers leur pays natal. Les deux flics traversèrent rapidement le hall en courant avant d'arriver devant la porte d'embarquement correspondante, ils montrèrent leurs plaques aux hôtesses présentes qui les laissèrent passer. Ils découvrirent Jalil au milieu des autres passagers qui, en les voyant, se redressa un sourire aux lèvres.
- Je suis fier de l'avoir tué, elle méritait de mourir, elle a déshonoré notre famille. »
Paul le retourna sans ménagement en lui passant les menottes alors que son coéquipier lui lisait ses droits.
…
« - NON MAIS TU TE FOUS DE MOI ?
- Calmes-toi.
- Ce type était tout à fait conscient de ce qu'il faisait, il ne peut pas plaider la démence c'est n'importe quoi.
- Ce n'est pas à nous d'en juger Paul, le juge Winters a demandé à ce qu'il soit examiné par un psychiatre on verra quelles seront ses conclusions.
Charlie entraîna son inspecteur vers la salle d'interrogatoire où Rachel observait l'entretien de Jalil derrière la vitre sans tain. Joshua Parker, un psychiatre qui travaillait à l'hôpital central avait accepté d'aider la police dans cette affaire à la demande d'Emily qui le connaissait bien car il avait mené son doctorat sur la question des crimes d'honneur il y a plusieurs années.
- Comment ça se passe ?
Rachel tourna la tête vers son compagnon qui discrètement glissa sa main dans son dos, elle esquissa un sourire avant de reporter son attention sur l'interrogatoire.
- Pour l'instant ça ne donne pas grand chose. Ils ont parlé de leur vie à Kaboul, de leur famille en général, de ses études dans la finance et de sa fiancée qui l'attend au pays, un mariage arrangé depuis cinq ans environ.
A l'intérieur de la salle le médecin essayait d'établir une corrélation entre ce qui était arrivé à Nafissa et ce que Jalil savait de la situation.
- En voyant la colère de mon père ça m'a rappelé un souvenir.
- Lequel ?
- J'en ai fait des cauchemars pendant longtemps.
- Quel âge aviez-vous ?
- Huit ans je crois.
- Que c'est-il passé Jalil ?
- Ma tante a trahi son mari. Elle a trahi notre famille, sali notre honneur et ils ont du la punir.
- Comment ça ?
- Ils lui ont tranché la gorge...Mon père m'a obligé à regarder parce qu'il disait qu'un jour ça serait à moi de veiller à l'honneur de la famille.
De l'autre côté de la vitre, Rachel soupira avant de se tourner vers Charlie et Paul.
- Il n'a fait que suivre la règle, on lui a appris à punir les actes immoraux comme l'adultère ou le non respect de la pureté avant le mariage, c'est le rite du passage vers l'âge d'homme, vers l'honneur.
- Est-ce qu'il peut ne pas avoir conscience du mal qu'il a fait à sa sœur ?
- J'en sais rien...il faisait des cauchemars étant petit donc d'une certaine manière il a été hanté parce qu'il c'est passé mais est-ce que ça suffira devant un jury ?
Le portable de Rachel interrompit son explication et elle décrocha rapidement.
- Allo ? Oui...j'arrive.
Elle se tourna vers Charlie en raccrochant.
- Je dois y aller, tenez-moi au courant. »
La jeune femme adressa un clin d'oeil à Paul qui caressa doucement sa joue avant qu'elle ne sorte de la pièce.
… … … …
Charlie raccrocha le téléphone de son bureau avant de regarder les membres de son unité.
« - Le procureur confirme que le témoignage de la mère sera bien recevable devant le jury, il va également demander la prison à perpétuité pour Jalil qui a avoué s'être interposé entre elle et son père mais que celui-ci la obligé à la tuer pour prouver son honneur et sa virilité.
Au même moment la porte s'ouvrit sur Letty qui était essoufflée et très pâle.
- Il y a eu un appel du district 4 : la mère de Nafissa a été retrouvée égorgée au beau milieu du salon et le père a disparu avec toutes ses affaires et vu l'heure, je pense qu'il est déjà en route pour Kaboul.
Eliott se massa le visage avant de s'asseoir, complètement abasourdi par ces dernières révélations, donnant un nouvel aspect à cette affaire déjà si complexe. Paul secoua la tête.
- C'est pas vrai.
Charlie tendit le bras pour s'emparer de sa veste et de ses clés.
- Bon ben il va falloir que je voie le procureur pour lui parler de ça, la presse va s'en donner à cœur joie...Finissez vos rapports et rentrez chez vous, Letty on en est où avec le cadavre brûlé d'Andrew Croft ?
- Il s'agit d'une fausse identité mais les empreintes dentaires ne sont pas encore revenues.
- Ok tiens-moi au courant.
Le chef se détourna de son bureau s'apprêtant à sortir mais il se tourna vers Paul qui le regarda bizarrement.
- Quoi ?
- Tu pourrais me rendre un service ? »
… … … ...
Rachel était assise par terre en tailleur, un énorme livre entre les jambes, une main sur chaque genou et les yeux fermés. Sa respiration était profonde et lente.
« - Fixer son attention sur une énergie positive, aucun élément ne doit entrer dans cette bulle apaisante, pas de nervosité, je suis confiante et sereine et...
La jeune femme grimaça avant de se pencher et de se cogner la tête sur son livre en grognant.
- Cette méditation est complètement débile ! Est-ce que je ressemble à Ganghi ?
- Tu es plus sexy !
La psychologue releva rapidement la tête en sentant son ventre se contracter violemment.
- Oh non !
Paul était resté sur le seuil de la porte, l'observant discrètement, belle et tellement nerveuse visiblement. Avant de partir Charlie lui avait demandé de rejoindre sa compagne au stand de tir sans vraiment lui donner d'explication.
- Où est le chef ?
- Chez le procureur, ils essayent de trouver un compromis pour la presse qui s'apprête à faire la une avec le meurtre de Nafissa et de sa mère.
- Sa mère est morte ?
- Égorgée au milieu du salon et le père est en route pour Kaboul.
Elle grimaça de dégoût.
- Oh c'est pas vrai, et Jalil.
- Prison à perpétuité probablement sauf s'il passe un accord avec le proc' pour des circonstances atténuantes mais c'est un fil très mince.
Rachel grimaça avant de se redresser.
- Charlie aurait du m'envoyer un message pour me dire qu'il ne pouvait pas venir au lieu de...il l'a fait exprès, je suis sûre qu'il l'a fait exprès !
La jeune femme grogna de frustration en se rendant compte qu'elle venait de se faire piéger, elle ferma sèchement son livre avant de le balancer plus loin devant elle. Paul s'approcha doucement avec un sourire aux lèvres, il la trouvait mignonne avec cette petite moue de colère sur le visage. Discrètement il tourna le livre vers lui : comment ne pas rater sa cible ?
- Il l'a fait exprès !
Elle leva les mains pour cacher la couleur rouge qui c'était emparée de ses joues en poussant un gémissement de honte. Paul allait certainement trouver toute cette histoire ridicule. Doucement sans la brusquer, le jeune inspecteur lui frotta le dos en murmurant.
- Tu me racontes ?
- Non...Pas question...
Rachel se leva et réajusta son pull.
- Je vais y aller, Estela m'attend de toute façon, toi tu devrais rentrer aussi tu as eu une longue journée.
Elle commença à avancer mais c'était mal connaître son compagnon qui n'avait pas l'intention de la laisser filer. Il la rattrapa par le bras et la força à lui faire face.
- Tu as dis à Charlie que tu étais libre jusqu'à 20h et que tu avais besoin d'un coup de main. C'est si compliquer de me parler ?
- Te parler, non ? Te dire pourquoi je suis là, oui.
- Pourquoi ?
- Parce qu'il est hors de question que tu t'en mêles étant donné que...
- Que quoi ?
Elle bafouillait, elle hésitait, elle ne savait pas vraiment quels arguments avancer mais toute cette situation était tellement bizarre.
- Tu vas te moquer de moi et je te rappelle que c'est toi qui suis une thérapie comportementale.
Paul éclata de rire.
- Ben pour une fois on peut inverser les rôles...Qu'est-ce que tu fais ici ?
Rachel se mordit la joue avant de souffler.
- D'accord je te racontes mais après on s'en va.
Il leva les mains en guise d'approbation.
- Ok...quand Emily m'a changé de poste, elle m'a vaguement reparlé de mon mémoire de fin d'étude sur les comportements violents ainsi que de mon stage à l'ADX au Colorado, en gros...elle m'a dit que si tout se passait bien avec l'équipe je pourrais éventuellement prétendre à une formation complémentaire dans un ou deux ans au sein du département d'analyse comportementale spécialisé à Washington.
Elle se racla la gorge en baissant la tête, n'osant pas capter son regard de peut-être d'y lire un quelconque jugement.
- Sauf que...Elle ne m'avait pas dit qu'elle compléterait déjà une demande à mon nom, maintenant.
- Tu descends à Washington ?
Elle redressa la tête et vit le froncement de sourcils de Paul.
- Quoi ? Non ! Non, elle leur a envoyé mon dossier mais il s'avère qu'avant de pouvoir intégrer leur service pour un stage je dois d'abord compléter une partie théorique et pratique. En lisant leur feuille de route, j'ai trouvé ça, abordable, faisable et hyper intéressant, j'ai fait toute mes études sur les comportements limites mais ça ne veut pas dire que j'ai fait le tour de la question, d'une certaine manière leur programme m'arrange, je n'ai pas besoin de me déplacer, je peux continuer à travailler ici et à plancher sur mes cours en parallèle, donc facile !
- Mais ?
- Mais outre le partie théorique et pratique il y a...ça !
Elle sortie une feuille de la poche arrière de son jean, qu'elle hésita à lui donner. Paul qui avait d'abord eu une pointe d'angoisse en attendant le nom de Washington s'était finalement rappelé l'importance que Rachel donnait à son travail ainsi qu'à ses recherches, elle aimait particulièrement ce qu'elle faisait, il voyait la fougue et l'intérêt qu'elle portait aux affaires sur lesquelles elle travaillait, l'implication qui était la sienne, il comprenait aisément son envie d'approfondir ses connaissance afin d'améliorer ses prises en charge. Doucement il attrapa le morceau de papier qu'elle lui tendait et commença à lire avant d'esquisser un sourire. Rachel grimaça légèrement.
- Visiblement je ne peux pas prétendre me pointer au FBI sans...ça, sauf que tu te doutes bien que si je travaille derrière un bureau c'est pas pour rien. C'est n'importe quoi !
Paul rigola.
- Quand je les ai appelé pour leur dire que je n'étais pas d'accord, ils m'ont bien sûr répondu que sans ça, je ne pourrais pas valider ma formation, du coup je me suis dit que ce n'était pas grave que j'en avait pas besoin mais...
- T'as envie de la faire quand même.
- Tu imagines le nombre de gens qui rêverait de passer ne serait-ce qu'une seule journée dans le service des profilers du FBI, il y a des étudiants qui tueraient pour avoir une telle opportunité, moi on me la sert sur un plateau, si je dis non maintenant, ça ne se représentera peut-être plus jamais. Le truc c'est que, ils ont besoin de ça parce que faire un stage dans leur service inclus de les accompagner sur le terrain et du coup ça veut dire...
- Port d'arme obligatoire.
- Oui...je me suis faite une raison sauf que...c'est pas...c'est pas pour moi vraiment, c'est n'importe quoi !
L'inspecteur rigola une fois de plus.
- Ne rigoles pas s'il te plaît, Charlie t'as dit combien de fois je l'avais passé cette accréditation ? Je suis pas douée pour ce genre de truc et franchement ça m'intéresse même pas, pourquoi tu crois que j'ai acheté un bouquin ? C'est ça mon truc, les livres par centaines, je suis trop réfléchie, trop littéraire, trop...
Elle soupira fortement en grognant.
- Le problème que c'est que je n'ai plus deux mois pour obtenir mon accréditation sinon Emily devra refaire une demande l'année prochaine sans être sûre que ça aboutira étant donné que je ne serais plus prioritaire du coup...
Elle haussa les épaules en baissant la tête. Ému par cette conversation si intime et personnelle, acceptant de mettre en avant ses difficultés, Paul ressentie une bouffée de compassion lui serrer le ventre et il constata qu'il était encore plus attiré par elle que ce matin comme si finalement à chaque instant ses sentiments prenaient plus d'ampleur. Il s'approcha d'elle et glissa un doigt sous son menton. Doucement il captura ses lèvres et l'embrassa très tendrement. La laissant essoufflée et confuse, il murmura.
- Je sais que tu ne veux pas tout mélanger entre nous, une thérapie, une relation de couple et maintenant ça, c'est déroutant c'est vrai mais il n'y aura aucun jugement.
- Charlie m'avait dit qu'il ne dirait rien.
- Il ne l'a pas fait...c'est toi à l'instant, le boss m'a juste envoyer ici pour le remplacer, il attendait que ce soit toi qui me parle.
- Il t'a envoyé parce qu'il pense que tu es le meilleur pour me donner des conseils.
- Tu crois qu'il a tord ?
- Tu as une formation de sniper chez les Marines...rien à voir avec ça.
Elle lui désigna la lettre qu'il tenait dans les mains.
- Bien sûr que si, quand j'aurais fini de te coacher tu pourras tirer les yeux fermés.
Rachel grimaça.
- C'est pas une bonne idée.
- Habituellement on travaille ensemble sur mes difficultés d'adaptation, c'est à ton tour maintenant. Aie confiance en moi. J'ai envie de partager tout ça avec toi parce que tu fais partie de ma vie et parce que je veux que ça marche entre nous.
La jeune femme colla son front au sien en soupirant.
- D'accord t'as gagné mais tu as une bonne assurance ? »
Paul rigola en l'entraînant vers le comptoir.
… … … ...
« - Excellent mademoiselle Berckley.
- Tu es un bon prof et tu as beaucoup de patience.
Il se rapprocha d'elle et déposa un baiser à l'arrière de sa tête.
- Tu es plus douée que tu ne veux bien le penser...Allez la dernière balle.
Rachel leva les bras mais avant qu'elle n'ait pu entreprendre quoi que ce soit, elle snetit Paul se coller à elle. Il posa une main de chaque côté de son corps, prenant appui sur le comptoir et glissa son nez dans le creux de son oreille, faisant frissonner la jeune femme.
- Tu oublies les règles de sécurité.
- J'aime vivre dangereusement et si tu veux parler de sécurité il faudrait déjà que tu mettes des lunettes de protection.
- Ces espèces de gros trucs en plastiques ? Oh non ça me rappellerait les cours de chimie du lycée.
L'inspecteur rigola et accentua la pression de ses lèvres dans le cou de sa compagne en remontant le long de ses côtes.
- Je ne peux pas tirer comme ça.
- Tu dois savoir tirer dans n'importe quelles circonstances, question de survie.
Doucement il colla son bassin contre elle.
- Tu sais où la cible alors tires.
Ses mains soulevèrent légèrement le pull de sa compagne, caressant son abdomen avant de rencontrer le bouton de son jean. La psychologie esquissa un sourire, ouvrit les yeux et appuya sur la gâchette de son arme. Paul releva la tête au moment où la balle se logeait en plein milieu de l'objectif.
- Je devrais te tenter plus souvent.
Rachel réajusta le cran de sûreté avant de se retourner pour faire face à son compagnon.
- Je dois être chez Estela dans cinq minutes, il va falloir remettre la deuxième partie du cous à plus tard.
- Tu lui diras que tu étais coincée dans les bouchons.
Il la souleva du sol et la posa délicatement sur la table en ouvrant son jean alors que la jeune femme tirait sur le pull de l'inspecteur.
- Ce n'est pas très raisonnable.
- Pourquoi ? Personne ne risque de se pointer ici, c'est la salle privé de Charlie.
- J'avais dit à Estela que je ne serais pas en retard.
- C'est toi qui a dit qu'on se presserait sur la fin.
Elle souleva les hanches afin de dégager son pantalon et captura les lèvres de Paul en souriant.
- Et puis c'est ta faute...tu es terriblement sexy avec une arme à la main.
- D'accord...tu as cinq minutes pour me convaincre.
- Cinq minutes... »
Ils rigolèrent en retirant le reste de leurs vêtements.
… … … …
You're from a whole other world
A different dimension
You open my eyes
And I'm ready to go, lead me into the light
