Bonsoir !
Comme indiqué, ce chapitre et le suivant seront concentrés sur le passé entre Sabo et notre protagoniste. J'ai essayé au mieux d'éviter les incohérences trop aberrantes entre le récit du manga et ces chapitres (et aussi avec le début de l'histoire mais bref).
Bonne lecture à vous !


Chapitre 14

Royaume de Goa, 13 ans auparavant.
Armencia, 7 ans

« Une, deux… Une, deux… Une, deux… relevez la tête, mademoiselle Armencia. »

Armencia apprenait à danser lorsque qu'une porte claqua brusquement, suivi par des cris venant de la duchesse. De là où elle se trouvait, elle pouvait l'entendre sans trop de difficultés.

« Ronan ! Chelly s'est fait agresser ! Et par un enfant de classe plus basse que la nôtre ! Tu dois faire quelque chose ! »

Elle ne put pas entendre la réponse du duc, parlant certainement d'un ton plus calme et, surtout, beaucoup moins fort.

« Notre Chelly ne ferait jamais de mal à qui que ce soit ! C'est un grand sensible, je t'interdis de l'accuser à tort comme tu le fais !
- Mademoiselle Armencia. Reprenons. »

La brune se tourna de nouveau vers son instructeur et, tentant de ne plus se préoccuper des cris incessants de sa mère, elle continua sa leçon.


« Armencia. Nous allons prendre le thé avec des voisins aujourd'hui, annonça le duc.
- Hmpf. S'ils pensent que de l'eau bouillie suffira à pardonner l'acte de leur enfant. » gronda la duchesse

Le duc ne répondit rien et préféra s'occuper de la jeune fille. Après s'être préparés, ils partirent en calèche, malgré le peu de distance séparant les deux résidences.
Une fois arrivés, la mère et le fils furent les premiers à descendre. Armencia se prépara à les suivre mais fut arrêtée un instant par Ronan.

« Armencia. Ton frère va certainement tenter de faire quelques bêtises. Veux-tu bien veiller pour moi à ce qu'il n'arrive rien de grave ? »

La susnommée, un instant confuse, hocha simplement la tête. Le duc lui sourit, caressa sa tête et l'aida à descendre de la calèche. Ils furent ensuite escortés jusqu'à l'intérieur d'un immense manoir.

« Beuh. Notre résidence secondaire est bien plus grande et plus belle, scanda Chelly.
- Voyons, mon chou. Ce n'est pas parce que c'est vrai qu'il faut le dire à voix haute. »

Le majordome fit mine de ne rien entendre et Ronan lui fit un sourire d'excuse.

Dans l'entrée se trouvaient un homme brun, moustachu et chapeau haut de forme et une femme blonde au teint maladif.

Comme l'étiquette l'exigeait, Armencia fit la révérence devant leurs hôtes, en même temps que le reste de sa famille. Elle les entendit ensuite vaguement discuter, se complimentant mutuellement sans réellement le penser. La jeune fille s'ennuyait déjà et se demandait la raison de cette invitation et, surtout, la raison pour laquelle elle devait être présente. Ne faisant pas particulièrement attention, elle mit du temps à remarquer une troisième personne, beaucoup plus en retrait. Il s'agissait d'un jeune garçon blond, vraisemblablement dans la même tranche d'âge qu'elle. Elle dut toutefois le fixer pendant trop longtemps car sa mère, dénommée Didit, le remarqua et attrapa son fils pour le ramener vers l'avant.

« Armencia. Je te présente Sabo. J'espère que vous vous entendrez bien. »

Ledit Sabo garda la tête baissée durant la présentation. Il consentit toutefois à émettre un faible « bonjour » lorsque sa mère toussota bruyamment. Armencia se contenta de sourire poliment comme on le lui avait enseigné.

« Votre fille semble très raffinée.
- Moui. C'est bien tout ce qu'elle sait faire. En réalité, elle m'en fait voir de toutes les couleurs.
- Fufufu, je comprends tout à fait. Nous avons beaucoup de mal à tenir Sabo malgré tout l'effort fourni. Il a pourtant la meilleure des éducations mais il n'en fait toujours qu'à sa tête. Je tenais par ailleurs à m'excuser une nouvelle pour l'acte regrettable de mon fils.
- Hm. Regrettable en effet. »

Didit fut un instant décontenancée par la réaction de la duchesse mais se contenta de rire nerveusement avant d'indiquer à ses invités la direction du petit salon.

Pendant le chemin, Armencia observa autour d'elle, ce que remarqua aisément, cette fois, Outlook III, le père du blond.

« L'architecture t'intéresse-t-elle ? »

Armencia sursauta et se tourna rapidement vers Outlook.

« Hum… Je…
- Armencia a toujours été d'un naturel curieux, répondit le duc pour lui venir en aide.
- Je vois. C'est l'âge en effet. Sabo pourra te faire visiter si tu le souhaites.
- … J'en serai enchantée » répliqua Armencia sans grande conviction.

Tous arrivèrent rapidement dans le petit salon et s'installèrent. Toutefois, avant même d'être servis, Chelly se releva et tira la manche de sa mère.

« Maman ! Je veux jouer dehors !
- Bien sûr, mon chéri. Nos hôtes n'y verront aucun inconvénient, n'est-ce pas ?
- Non, non ! Au contraire ! C'est la période idéale. Il pourra admirer les œuvres de nos jardiniers.
- J'emmène tête blonde avec moi ! »

Et avant que qui que ce soit ne puisse répondre, Chelly attrapa Sabo par le poignet et partit en courant. La mère de Sabo rit une nouvelle fois nerveusement.

« Eh bien. L'incident semble déjà oublié. Les voilà devenus les meilleurs amis.
- Ça ne m'étonne pas. Notre Chelly a toujours eu un cœur en or. Il pardonne très aisément. »

Armencia se retint de pouffer. S'il y avait bien une chose dont elle était sûre, c'était que son frère était un diablotin sadique avec un complexe de supériorité. On était bien loin du cœur en or.

« Hm… Armencia. Les discussions entre adultes risquent de ne pas être à ton goût. Ne veux-tu pas rejoindre ton frère et son nouvel ami ? »

Armencia regarda le duc. La surveillance commençait donc. La jeune fille se releva, s'inclina une nouvelle fois et sortit calmement de la pièce après avoir pris congé. Une fois hors du petit salon, elle se dirigea le plus rapidement possible vers l'extérieur, priant pour que rien de grave ne soit arrivé durant ce petit laps de temps.

Elle trouva bien vite le jardin et put voir le blond au sol et son très cher frère, un couteau à la main.

« Je t'ai dit de m'obéir ! Sinon… !
- Ronan Chelly ! »

Le susnommé sursauta et cacha malhabilement son couteau avant de se retourner. Il vit alors Armencia et soupira de soulagement.

« Armencia ! Me fais pas peur comme ça ! »

Il reprit le couteau et fit un rire mauvais.

« Reste pas là. Les filles, c'est trop sensible. »

La jeune fille soupira discrètement et fit mine de faire la moue.

« Justement. Le garçon devait me faire visiter le manoir. Si tu me l'abîmes, je ne pourrai pas l'utiliser.
- Mais je l'ai eu en premier !
- Je… Je ne suis à personne ! » scanda le blond.

A ces mots, Armencia fusilla le blond du regard avant de l'attraper par le col et de le plaquer à un arbre non loin, ce qui fit sursauter Chelly. Elle pencha ensuite la tête sur le côté.

« Es-tu sûr de ne pas vouloir me le laisser, ''petit-frère'' ? J'ai deux mots à lui dire. »

Chelly les regarda tandis que le blond se débattait mais Armencia resserra sa prise, l'empêchant de bouger. Elle était plus grande en taille que Sabo et, depuis sa naissance, était dotée d'une force plus importante que la moyenne ce qui l'aidait dans ce genre de situation. Si Chelly avait l'avantage en présence de leur mère, Armencia savait qu'il ne tenterait rien directement contre elle s'il n'y avait personne autour d'eux (Sabo ne comptant pas) au risque de le regretter physiquement. Il rangea alors son couteau et frappa dans un caillou avec son pied.

« C'est bon, je te le laisse. Il est pas drôle, lui, de toute façon. »

Puis il partit, certainement pour se trouver une meilleure distraction. Armencia attendit que son frère quitte son champ de vision avant de relâcher la prise sur Sabo. Aussitôt, ce dernier la frappa au niveau du diaphragme ce qui coupa sa respiration et la fit tomber au sol.

« Tu m'as eu par surprise mais je me laisserai plus faire ! Je vais vous mettre la tête au carré en commençant par ton frère ! »

Armencia prit le temps de reprendre son souffle avant de répondre un léger :

« J'espère bien…
- Je… Quoi ?
- Fais lui la tête au carré… ça me fera plus que plaisir. »

La brune prit une profonde inspiration, tentant de faire fit de la douleur et se leva puis s'épousseta avant de continuer en évitant de hausser la voix :

« Sinon… tu peux commencer à te montrer plus malin et faire mine d'aller dans leur sens.
- Je ne me rabaisserai pas comme toi. »

Armencia lui donna une pichenette sur le front ce qui fit protester le blond.

« Ce n'est pas une question de se rabaisser mais de gagner plus de libertés de mouvement en acceptant de faire des compromis.
- … Rêve ! »

Et Sabo partit en courant.

« Hé ! »

Aussitôt, Armencia le suivit. Elle eut toutefois du mal à le rattraper, n'ayant pas encore entièrement repris son souffle et le blond allant anormalement vite mais elle profita d'un arrêt temporaire de sa part pour l'attraper. Toutefois, dans son élan, elle lui rentra dedans et tous deux tombèrent au sol.

« Mais… Comment tu m'as suivi ?
- Comment crois-tu que j'échappe à Chelly quand j'en ai besoin ? »

Sabo se redressa et la regarda, méfiant. La brune, nullement pressée, se contenta de s'asseoir et de regarder autour d'elle. Elle ne connaissait pas l'endroit où ils se trouvaient. Les rues étaient moins larges, moins colorées et les personnes autour portaient des vêtements qu'elle n'avait jamais vu. Elle croisa finalement le regard d'un garde qui sembla étonné.

« Que faites-vous ici ? »

Armencia entendit Sabo pester avant de l'attraper par le bras pour la relever sans ménagement. Il se mit ensuite à courir, la tirant avec elle. La jeune fille entendit au loin le garde mais ils le semèrent très rapidement, Sabo semblant connaître par cœur le dédale de rues qu'il traversait. Ils finirent par s'arrêter dans une ruelle isolée. Sabo, toujours sur le qui-vive, regarda autour de lui afin d'être certain d'avoir pu semer leur poursuivant.

« … Pourquoi t'es-tu mis à courir ?
- Mes parents ont l'habitude que je fasse des escapades et je n'ai pas envie de rentrer si vite. »

Armencia haussa un sourcil à l'entente de cette réponse.

Comment était-il possible de désobéir autant à ses parents ?

Sabo, voyant son air d'incompréhension hocha négativement la tête.

« Tss tss. Il faut décidément tout t'apprendre. »

Et sans rien ajouter, il la traina pour faire un tour de la ville, le blond tenant toujours son bras. Ils ne revinrent au niveau du manoir qu'en début de soirée, alors que le soleil commençait à se coucher.

Armencia devait l'admettre : elle ne s'était jamais autant amusée et ne s'était jamais sentie aussi sereine qu'auprès du jeune garçon. Toutefois, arrivée près du manoir, elle retourna brusquement à la réalité et regarda son état : robe abîmée et pleine de poussières, coiffure défaite et quelques bleus commençant à apparaitre à cause de sa chute et de la poigne forte du blond malgré son jeune âge.

« … Ce n'était absolument pas convenable. Ma mère ne va plus jamais me laisser voir la lumière du jour si je réapparais dans cet état sans motif valable.
- Elle n'avait pourtant pas l'air si sévère tout à l'heure.
- Elle n'est pas sévère envers son Chelly, tu veux dire.
- Ah… Désolé.
- Hm… Si tu l'es vraiment, j'ai bien une idée.
- Laquelle ? »

Pour toute réponse, Armencia se contenta de lui sourire et de le frapper violemment au visage.


« … et pendant cette sortie, Sabo m'a laissé un instant pour nous ramener des rafraichissements mais deux...
- Ils étaient au moins trois…
- … C'est vrai, trois. Donc… Trois hommes sont venus pour tenter de m'enlever. Sabo est arrivé juste à temps pour les en empêcher. Nous sommes partis dès que nous avons vu une ouverture... Mais le pauvre s'est pris des coups par ma faute.
- Hmpf. J'ai à peine senti leurs coups, bougonna Sabo.
- Je suis vraiment désolée… par ma faute… se lamenta faussement Armencia
- Ne t'excuse pas, jeune fille. C'est le rôle de tout gentleman de protéger une lady… Heureusement que notre garçon a appris à se défendre. Tu as eu beaucoup de chance qu'il soit à tes côtés. »

Armencia se contenta de hocher la tête, faussement émue.

La duchesse, quant à elle, faisait mine d'être inquiète tandis que Chelly préférait s'occuper en attendant la fin de l'histoire. Son frère avait au moins le mérite d'être honnête sur ce qui l'intéressait ou non.

« Ma pauvre enfant. Nous devrions rentrer vite pour que tu puisses te prendre un bon bain chaud et te coucher de bonne heure. Tu as eu assez d'aventure pour la journée.
- Bien sûr, mère. »

Les au revoir furent brefs et, alors que la famille du duc se dirigeait vers la sortie, Sabo reprit la parole.

« Armencia ! Tu reviendras ? »

La question étonna à la fois ses parents mais également la jeune fille. Cette dernière lui fit un immense sourire et hocha la tête.

« Si tu le veux bien ! »